La bourse chinoise enregistre l’une des plus grandes hausses de toute son histoire en se revalorisant de plus de 25% en l’espace d’une semaine.
Sauf qu’en réalité, la Chine se trouve à un tournant historique !
Alors que de nombreux analystes et économistes vante l’Empire du Milieu comme un miracle économique, tout comme le faisaient à l’époque ces mêmes personnes avec l’URSS ou encore le Japon, le pays communiste se trouve pourtant clairement dans une impasse.
Quoi qu’en disent ses défenseurs, la récente envolée boursière chinoise ne fait en réalité que confirmer la fébrilité de l’économie chinoise et son effondrement prochain.
Le Parti face au ralentissement économique
Depuis plusieurs mois, la Chine est confrontée à un ralentissement économique sévère.
En dépit de son statut de deuxième économie mondiale, le pays n’a pas échappé aux effets d’une déflation qui s’est progressivement installée.
Dans ce contexte, le sentiment économique global s’est progressivement dégradé, affectant tant les ménages que les entreprises.
Les premiers signes d’affaiblissement avaient été perceptibles dès 2022, avec une contraction dans les secteurs clés comme l’immobilier et la consommation domestique, renforçant l’inquiétude des investisseurs.
La réponse des autorités chinoises, dans un premier temps, a été relativement modérée et fragmentaire. Les mesures de relance mises en place au début d’année n’ont pas réussi à endiguer efficacement la spirale déflationniste.
Par exemple, bien que certaines réductions des taux d’intérêt aient été introduites, elles sont restées insuffisantes pour stimuler la demande.
De même, les premières tentatives pour soutenir l’immobilier, un secteur essentiel de l’économie chinoise, n’ont pas réussi à stopper la baisse des prix des logements ou à rétablir la confiance des investisseurs.
Cette approche prudente reflétait une hésitation de la part des dirigeants chinois à recourir à des stimuli plus agressifs, craignant que de tels plans n’alourdissent encore davantage la dette publique et n’encouragent des comportements spéculatifs nuisibles à long terme.
Cependant, l’aggravation de la situation a forcé un changement de cap.
En septembre, après avoir observé une dégradation continue de l’économie et un effondrement des marchés financiers, les autorités chinoises ont reconnu qu’une approche plus audacieuse était nécessaire.
Ce tournant s’est matérialisé par une série de mesures d’assouplissement visant à relancer l’activité économique. Ces décisions ont été prises alors que les indicateurs économiques continuaient de se détériorer, la croissance étant bien en deçà de l’objectif annuel de 5 %, et des pressions accrues pesaient sur le secteur immobilier.
Cette volte-face a marqué un moment clé pour les décideurs politiques.
Confrontés à une chute des indices boursiers, à une baisse de la consommation et à un affaiblissement persistant de l’activité manufacturière, les autorités ont choisi de mettre en place un plan de relance beaucoup plus agressif.
Ces mesures plus agressives ne sont cependant pas simplement le reflet d’un ajustement technique. Elles illustrent également un changement stratégique de la part du gouvernement chinois.
Après des mois d’une approche prudente, les autorités ont réalisé que l’économie risquait de sombrer dans une déflation prolongée si des actions significatives n’étaient pas entreprises immédiatement.
Le timing de cette intervention n’est pas non plus anodin, puisqu’elle est intervenue juste avant la fête nationale chinoise du 1er octobre, une période stratégique pour relancer la consommation et l’activité commerciale, notamment avec les vacances de la Semaine d’Or, propices à des dépenses massives.
Cependant, la question demeure : ces mesures seront-elles suffisantes pour stabiliser durablement l’économie chinoise, ou s’agit-il simplement d’une réponse temporaire à un problème plus profond et structurel ?
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La Japonisation de la Chine
Les marchés financiers ont réagi rapidement et fortement à l’annonce des mesures de relance de la Chine, confirmant l’impact immédiat de ce virage économique.
Après une période de déclin prolongé, marquée par la déflation et l’incertitude économique, l’adoption de nouvelles mesures d’assouplissement a suscité une vague d’optimisme chez les investisseurs.
Dès l’annonce des nouvelles politiques économiques par la Banque populaire de Chine, les marchés ont enregistré des hausses spectaculaires.
À Hong Kong, un des centres financiers majeurs d’Asie, l’indice boursier a bondi de 6 % en une seule journée et cet élan ne s’est pas arrêté là : sur l’ensemble de la semaine, les actions chinoises cotées ont affiché une augmentation de plus de 20 %.
Cette hausse fulgurante a permis aux bourses chinoises de récupérer en quelques jours les pertes accumulées sur plusieurs mois.
Bien que l’enthousiasme des marchés soit manifeste, cette remontée spectaculaire reflète surtout l’anticipation d’un besoin de mesures supplémentaires.
Les investisseurs ne considèrent pas ces premiers assouplissements comme suffisants pour sortir durablement l’économie chinoise du piège déflationniste.
En effet, la déflation n’est pas simplement un problème à court terme, mais elle reflète une faiblesse profonde de la demande et une perte de confiance généralisée des consommateurs et des entreprises au sein du pays.
La réduction des taux d’intérêt et l’assouplissement des conditions de crédit sont des signaux positifs, mais ils ne sont que la première étape d’un processus plus long.
L’enthousiasme actuel est alimenté par la promesse que le gouvernement chinois pourrait introduire d’autres outils pour stabiliser les prix des actifs.
En effet, la réponse chinoise face à la dégradation économique ne s’est pas limitée à de simples ajustements mineurs.
Le plan de relance dévoilé par les autorités chinoises est ambitieux et largement structuré autour de plusieurs leviers économiques, principalement centrés sur la politique monétaire et le soutien direct à certains secteurs stratégiques tels que l’immobilier et les marchés financiers.
En raison de l’importance de ces secteurs dans l’économie chinoise, les autorités ont estimé qu’une intervention rapide et ciblée était essentielle pour enrayer la chute et restaurer la confiance.
1° La première pierre angulaire du plan de relance a trait au secteur immobilier et repose sur une série de réductions des taux d’intérêt.
La Banque populaire de Chine a abaissé les taux d’intérêt de référence auquel les réserves des banques sont rémunérées, passant de 1,70% à 1,50%, soit le niveau le plus faible de l’histoire.
En parallèle, la Banque Centrale Chinoise a également réduit les réserves obligatoires que les banques commerciales doivent maintenir.
Le ratio de réserves obligatoires est passé de 10 % à 9,5 %, libérant ainsi une quantité substantielle de liquidités dans le système bancaire, estimé à environ 140 milliards de dollars.
Une autre composante cruciale de ce plan de relance concerne directement le secteur immobilier. Depuis des années, l’immobilier est au cœur de la croissance chinoise, mais il est également devenu une source de vulnérabilité économique.
Les prix des logements ont chuté, les promoteurs se sont retrouvés avec des projets inachevés, et la demande des ménages pour l’achat de biens immobiliers a fortement baissé en raison des perspectives économiques moroses.
Face à cette situation, les autorités ont décidé d’agir en réduisant les coûts d’emprunt immobilier pour les ménages à partir d’octobre, non seulement pour les nouveaux emprunteurs mais aussi et surtout pour les personnes ayant déjà emprunté.
Autrement dit, une personne qui aura emprunté à un taux de 3,30% profiterait désormais d’un taux de 3%.
Au travers de ces différentes mesures, le gouvernement espère ainsi stabiliser le marché immobilier en réduisant ainsi la charge financière de millions de ménages en réduisant également le montant de l’apport à 15%.
Parallèlement et pour couronner le tout, un fonds de stabilisation pourrait être mis en place afin de soutenir directement les prix des logements en injectant des liquidités dans le secteur immobilier, soit en soutenant les entreprises en difficulté, soit en achetant directement des biens immobiliers invendus ou en garantissant l’achèvement des projets immobiliers inachevés.
2° La deuxième mesure du plan de relance a trait au secteur financier et repose sur l’établissement d’un fonds de stabilisation des marchés boursiers afin d’injecter l’équivalent de 70 milliards de dollars.
Ce fonds public est conçu pour intervenir directement en achetant des actions lorsque les marchés traversent des phases de baisse importante, offrant ainsi un soutien aux investisseurs et stabilisant les prix des actifs.
Grâce à ce fonds, les entreprises éligibles pourront utiliser leurs actifs, notamment des obligations, des ETF ou encore des actions, comme garanties à des crédits qui ne pourront être utilisés que pour des investissements sur les marchés boursiers.
Comme si tout cela n’était pas suffisant, la Banque centrale de Chine a également déclaré que ces mesures monétaires et financières ne suffiraient pas et qu’il faudra à l’avenir les compléter par des mesures de stimulations fiscales.
Les conséquences des politiques keynésiennes
Néanmoins, de nombreux économistes restent sceptiques quant à l’efficacité de ces mesures à long terme et certains craignent que ces interventions créent de nouvelles bulles spéculatives en augmentent encore davantage l’endettement public et privé.
La dette totale de la Chine, qui inclut la dette publique, privée et locale, atteint des niveaux alarmants, ce qui pourrait limiter la capacité du pays à poursuivre une relance budgétaire de cette ampleur sur le long terme.
Alors que la Chine s’efforce de surmonter ses défis économiques actuels à travers un vaste plan de relance, les implications à long terme de ces politiques sont sources de préoccupations.
L’ampleur des interventions monétaires et budgétaires, bien qu’elles visent à stabiliser l’économie, soulève des questions sur les effets secondaires potentiels, notamment en ce qui concerne la distorsion des prix des actifs et le risque de surendettement.
En s’engageant dans une voie de relance massive, la Chine pourrait, à long terme, reproduire certains des écueils rencontrés par les économies occidentales, marquées par des politiques keynésiennes excessives et une dépendance à la dette pour soutenir la croissance.
L’un des risques majeurs du plan de relance chinois réside dans la distorsion potentielle des prix des actifs. En injectant massivement des liquidités sur les marchés financiers et en encourageant l’achat de biens immobiliers, les autorités chinoises risquent de créer des bulles spéculatives dans certains secteurs de l’économie.
Cela s’est déjà produit dans le passé, en particulier dans le secteur immobilier, où l’afflux massif de capitaux a entraîné une surévaluation des prix des logements et une augmentation incontrôlée de l’endettement des promoteurs immobiliers.
Une telle distorsion des prix des actifs pourrait avoir des conséquences à long terme.
D’une part, elle pourrait inciter les investisseurs à surinvestir dans des secteurs spéculatifs, comme l’immobilier, plutôt que dans des secteurs plus productifs et générateurs de valeur ajoutée.
D’autre part, elle risquerait d’accroître la vulnérabilité du système financier chinois face à une correction brutale des prix des actifs.
Si les prix des actifs en Chine devaient chuter soudainement, cela pourrait déclencher une panique sur les marchés financiers, provoquer des ventes massives et affaiblir encore davantage la confiance des investisseurs et des ménages.
La question de la dette est au cœur des préoccupations économiques de la Chine.
Depuis plus d’une décennie, le pays a alimenté sa croissance à travers une politique d’endettement massif, en particulier dans le secteur immobilier.
Les entreprises publiques et privées, ainsi que les administrations locales, ont accumulé des dettes considérables pour financer des projets d’infrastructure et de développement urbain. Cette stratégie a permis d’accélérer la croissance, mais elle a aussi exposé l’économie à des vulnérabilités importantes.
Aujourd’hui, le niveau d’endettement global de la Chine, qui inclut les dettes des entreprises, des ménages et des gouvernements locaux, se rapproche des 300 % du PIB.
Le plan de relance actuel, bien qu’il vise à stabiliser ce secteur, pourrait accentuer le problème de la dette en incitant à une nouvelle vague de prêts et de crédits, sans résoudre les déséquilibres fondamentaux du marché immobilier.
Les politiques économiques actuelles de la Chine rappellent, à bien des égards, les approches keynésiennes adoptées par les pays occidentaux après la crise financière de 2008.
Le keynésianisme, qui prône l’intervention massive de l’État dans l’économie pour soutenir la demande en période de crise, a permis à de nombreux pays de relancer leur économie après des chocs financiers.
Or, la tentation d’utiliser les ressources de l’État pour résoudre des crises à court terme peut, à long terme, générer de nouveaux déséquilibres économiques. Comme dans les économies occidentales, la Chine pourrait se retrouver piégée dans un cycle où l’endettement devient un outil systématique pour maintenir la croissance, ce qui limite les marges de manœuvre pour réagir face à de nouvelles crises.
Enfin, le risque pour la Chine est de tomber dans une trajectoire de faible croissance, similaire à celle observée dans les économies occidentales après la crise financière.
Si, pour l’instant, le méga-plan de relance monétaire et financière a réussi à redonner le moral aux investisseurs boursiers en Chine, cela ne signifie pas pour autant que toutes ces stimulations seront bénéfiques à long terme.
En effet, encourager la population chinoise à s’endetter pour acheter plus de biens immobiliers ou investir en bourse, ne fera que provoquer une distorsion des prix des actifs, dilapidant l’épargne interne et alourdissant la dette d’une économie qui devient de moins en moins productive.
Ainsi, si certains se sont empressé de crier victoire et à faire la fête à court terme, ils semblent vite oublier que, tôt ou tard, il faudra en payer les frais.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce sont ces mêmes individus qui passent leur temps à critiquer les effets néfastes du quantitative easing et autres politiques d'assouplissement monétaire, tout en louant constamment la supposée discipline budgétaire, économique et financière de la Chine.
En conséquence, il semble que les autorités chinoises commencent à s’inquiéter du rythme de croissance insuffisant de leur économie.
Plus qu’une bonne nouvelle, l’envolée des marchés chinois cache en réalité de biens mauvaises nouvelles …
Mais plutôt que de liquider et mettre un terme aux mauvaises décisions d’investissement accumulées dans le passé en raison de l’usage excessif de l’endettement pour soutenir une bulle immobilière, le Parti semble préférer dissimuler ces problèmes et refiler la patate chaude pour éviter que l’économie ne ralentisse trop à court terme.
Les mauvaises habitudes keynésiennes de l’Occident commencent également à contaminer l’Orient.
Elles l’ont déjà fait dans les années 90 avec le Japon, avec des résultats plus que néfastes et, désormais, c’est au tour de la Chine d’en faire les frais.
Seul l’avenir nous donnera tort ou raison.
Mais une chose est sûre : les prochaines décennies ne seront pas de tout repos pour l’Empire du Milieu et l’histoire nous a largement démontré que les gouvernements qui cherchaient à tout prix à contrôler l’économie, bien qu’ils aient pu à un moment donné rattraper le retard accumulé, finissent tôt ou tard par s'effondrer, révélant leur vrai visage au monde entier.