Berkshire Hathaway !
Ce nom évoque immédiatement Warren Buffett, l’investisseur légendaire.
On l’imagine comme un maître de la Bourse, un génie qui repère les meilleures actions avant tout le monde.
Mais ce que peu de gens savent, c’est que son conglomérat ne repose pas principalement sur l’investissement en actions.
En réalité, son empire fonctionne grâce à un mécanisme bien plus subtil et redoutablement efficace.
Le vrai secret de Berkshire Hathaway ?
L’assurance et surtout, ce que l’on appelle le FLOAT !
Une activité qui lui permet d’accumuler des milliards de dollars presque gratuitement et de les réinvestir avec un effet de levier unique.
Grâce à ce modèle brillant, Warren Buffett a construit l’une des entreprises les plus puissantes de l’histoire, avec une performance qui surpasse le S&P 500 depuis des décennies.
Dans cette vidéo, on va plonger dans les coulisses de Berkshire Hathaway, comprendre comment Buffett a transformé une modeste entreprise textile en un géant financier et révéler le moteur caché derrière son succès.
Vous verrez pourquoi Berkshire Hathaway est bien plus qu’un simple conglomérat d’investissement et comment son modèle économique repose sur une mécanique financière peu connue mais incroyablement puissante.
La Transformation de Berkshire Hathaway
Au milieu du XIXᵉ siècle, Berkshire Hathaway n’était qu’une simple entreprise textile.
Fondée en 1839, elle a traversé les époques en produisant des vêtements et des tissus, mais au fil du temps, l’activité s’est essoufflée.
Les usines tournaient à perte et la société peinait à retrouver sa gloire passée.
Warren Buffett entre en scène en 1965, en rachetant Berkshire Hathaway avec l’idée de faire un bon coup.
Ironiquement, il dira plus tard que c’était l’une de ses plus grosses erreurs d’investissement.
Pourquoi ?
Parce que le textile était un secteur en déclin, et la gestion de Berkshire Hathaway nécessitait d’énormes efforts pour un résultat très incertain.
À vrai dire, Buffett aurait pu revendre les derniers actifs textiles et passer à autre chose, mais une mauvaise négociation l’a piqué au vif : par fierté, il décide de garder l’entreprise et de la développer.
C’est ce qu’il appelle aujourd’hui son “erreur” initiale… mais qui va finalement s’avérer décisive pour la suite.
L’an passé, dans sa célèbre lettre annuelle aux actionnaires, il a d’ailleurs admis son erreur en rendant hommage à son ami et associé disparu, Charlie Munger,

et en déclarant notamment :
“En 1962, il a décidé de se lancer dans la gestion de fonds. Trois ans plus tard, il m’a dit — à juste titre ! — que j’avais fait une bêtise en achetant le contrôle de Berkshire. Mais, m’a-t-il assuré, puisque j’avais déjà fait ce choix, il m’expliquerait comment corriger mon erreur. [...] Néanmoins, en 1965, Charlie m’a rapidement conseillé : “Warren, oublie l’idée d’acheter un jour une autre entreprise comme Berkshire. Mais maintenant que tu contrôles Berkshire, ajoute-lui de formidables entreprises achetées à des prix justes et renonce à l’idée d’acquérir des entreprises moyennes à des prix extraordinaires. En d’autres termes, abandonne tout ce que tu as appris de ton héros, Ben Graham. Cela fonctionne, mais seulement à petite échelle. ” Avec quelques rechutes, j’ai fini par suivre ses recommandations”.

Plutôt que de continuer à perdre de l’argent dans le textile, Buffett opère alors un pivot stratégique majeur.
Il réoriente la société vers des secteurs plus rentables, notamment celui de l’assurance.
Et au fil des acquisitions et des placements judicieux, Berkshire Hathaway se transforme totalement et se met à engranger des bénéfices considérables.
Dans le même temps, le textile s’efface progressivement : la part des revenus provenant de cette activité devient négligeable par rapport à l’essor des compagnies d’assurance et des participations dans d’autres entreprises.
Cette anecdote illustrant l’orgueil de Warren Buffett dévoile sa personnalité : il a refusé de vendre simplement parce qu’il a eu le sentiment d’avoir été dupé lors d’une négociation.
Au lieu de se débarrasser du problème, il a gardé Berkshire Hathaway et en a fait le joyau qu’on connaît aujourd’hui.
Comme quoi, même les plus grands investisseurs commettent des erreurs, mais savent parfois les transformer en opportunités.
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L’Assurance : Le Vrai Business de Berkshire
Arrivé à ce stade, si vous cherchez la véritable source de la puissance financière de Berkshire Hathaway, ne cherchez pas du côté de ses placements boursiers.
Oubliez tout ce que l’on vous a dit sur Warren Buffett !
Le vrai moteur, c’est l’assurance.

En plus des célèbres Geico et General Reinsurance, Berkshire Hathaway détient également Berkshire Hathaway Reinsurance Group, formant ainsi un ensemble de sociétés d’assurance qui engrangent chaque année des milliards de dollars de primes.

Le principe de base est le suivant : lorsqu’une compagnie d’assurance perçoit des primes, elle ne verse pas immédiatement toutes les indemnisations. Une partie de ces fonds reste donc disponible tant qu’aucun sinistre n’a été réglé.
Ce qui distingue Warren Buffett, ce n’est pas seulement sa capacité à investir dans de grandes entreprises ; c’est aussi son accès à des milliards de dollars de liquidités avec un coût du capital quasiment nul.
En effet, ce que peu de personnes savent, c’est que l’activité principale de Berkshire Hathaway est l’assurance !
Autrement dit, il dispose d’argent “gratuit”. Cet effet de levier financier n’était ni le fruit d’une levée de fonds auprès d’investisseurs ni d’un endettement massif, mais provient plutôt d’une source de capital privilégiée : le « float ». Il s’agit d’un concept financier méconnu que toute entreprise peut potentiellement exploiter.
Le « float » s’explique ainsi : une compagnie d’assurance gagne de l’argent de deux façons.
1° D’abord, elle facture des primes mensuelles ou annuelles à ses clients en échange de la couverture d’assurance. Lorsque survient un sinistre, l’assureur espère que le total des primes perçues excède le montant nécessaire pour l’indemniser, dégageant ainsi un « bénéfice de souscription ».
2° Par ailleurs, tant que les clients n’ont pas encore réclamé leurs indemnisations, l’entreprise peut conserver ces liquidités comme fonds de roulement et les investir. C’est grâce à ce mécanisme que les compagnies d’assurance cherchent à générer un rendement, afin de subventionner leurs coûts d’exploitation et, si possible, compenser d’éventuelles pertes de souscription.
Les modèles économiques dans l’assurance sont souvent complexes, car il faut estimer précisément le montant et la probabilité des sinistres futurs.
De plus, la plupart des assureurs classiques subissent une « perte de souscription », les primes n’étant généralement pas suffisantes pour couvrir l’intégralité des sinistres et des dépenses.
Dans cette situation, l’investissement du float devient d’autant plus crucial : la perte de souscription peut être vue comme l’équivalent des « intérêts » qu’on paierait sur une dette ordinaire, et l’objectif consiste alors à obtenir un rendement plus élevé sur le float pour conserver un bénéfice global.
L’exemple de National Indemnity, la compagnie d’assurance acquise par Buffett, illustre parfaitement l’intérêt du float : cette filiale a dégagé des bénéfices de souscription, ce qui signifie que Buffett était littéralement payé pour garder et investir ces capitaux.
Il a ensuite pu employer ces sommes pour acquérir davantage d’entreprises, générant ainsi encore plus de trésorerie.
C’est d’ailleurs pour pour rien que l’on peut lire dans le dernier rapport annuel de l’entreprise que :
“Depuis l’acquisition de notre première compagnie d’assurance en 1967, le float de Berkshire a été multiplié par 8 000, grâce aux opérations, aux acquisitions et à des innovations. Bien qu’il ne figure pas dans nos états financiers, ce float constitue un atout considérable pour Berkshire”.

Pour se faire une idée, en 2023, Berkshire Hathaway disposait de près de 170 milliards de dollars dans ce “réservoir” financier.

Et Warren Buffett reconnaissait lui-même que :
“Notre activité d’assurance dommages et responsabilité civile (« P/C ») est le moteur de la croissance de Berkshire depuis 1967, année où nous avons racheté National Indemnity et sa société sœur, National Fire & Marine, pour 8,6 millions de dollars. Aujourd’hui, National Indemnity est la plus grande compagnie P/C au monde en termes de valeur nette. L’assurance repose sur des promesses, et la capacité de Berkshire à honorer ses engagements est sans égale.
L’une des raisons pour lesquelles nous avons été attirés par le secteur P/C tient à son modèle économique : les assureurs dommages perçoivent les primes à l’avance et versent les indemnisations plus tard. Dans des cas extrêmes, comme l’exposition à l’amiante ou les accidents graves sur le lieu de travail, les paiements peuvent s’étendre sur plusieurs décennies.
Ce modèle « encaisser maintenant, payer plus tard » laisse aux compagnies P/C la détention de sommes importantes — ce que nous appelons le « float » — qui seront finalement reversées à d’autres. Entre-temps, les assureurs peuvent investir ce float à leur profit. Bien que les contrats et les sinistres soient fluctuants, le volume de float détenu par un assureur demeure généralement assez stable par rapport à celui des primes. Ainsi, lorsque notre activité se développe, notre float croît également et il a considérablement augmenté”.

Pour le dire simplement, ce float représente des fonds que Buffett peut investir dès maintenant, alors que le coût effectif de cet argent ne se manifeste que plus tard, lors du règlement des sinistres.
Pourquoi ce système est-il si génial pour Buffett ?
Eh bien, contrairement à un investisseur classique qui doit soit emprunter de l’argent (et donc payer des intérêts), soit mobiliser son capital propre (et donc engager un risque immédiat), l’assurance offre des liquidités gratuitement.
En plus de cela, l’incidence réelle de ces paiements est décalée dans le temps.
Buffett peut donc placer ces montants considérables dans des entreprises qu’il juge prometteuses, sans avoir à débourser un centime de plus pour obtenir cet argent.
Il dit souvent que “l’assurance est le meilleur business du monde” pour cette raison précise : le float agit comme une avance de fonds permanente, que Berkshire peut faire fructifier avant d’en avoir réellement besoin pour payer d’éventuels sinistres.
Et lorsqu’en plus, la branche d’assurance est suffisamment rentable pour que les indemnisations n’excèdent pas les primes collectées (ou seulement de manière marginale), on se retrouve avec une véritable machine à cash.
Dans certaines années particulièrement réussies, Berkshire parvient même à générer du float sans pertes nettes, démontrant la solidité de ce modèle unique.
En fin de compte, Berkshire Hathaway est bien plus qu’un simple portefeuille d’actions géré par Warren Buffett.
Son véritable moteur réside dans ses activités d’assurance et, surtout, dans l’utilisation du float, cet argent que la compagnie touche à l’avance via les primes et peut ensuite réinvestir de manière rentable.
C’est ce modèle particulier qui confère à Berkshire une telle puissance financière.
De mon point de vue, qu’il s’agisse de Berkshire Hathaway ou de Warren Buffett en général, l’une des leçons les plus importantes à en tirer est que nous faisons tous des erreurs et nous ne devrions pas chercher à les éviter à tout prix.
Bien sûr, si une erreur est prévisible, mieux vaut essayer de l’éviter, mais l’objectif n’est pas de commettre le moins d’erreurs possible ; c’est plutôt d’en tirer un maximum d’enseignements.
Naturellement, cela ne signifie pas qu’il faille faire des erreurs pour le plaisir d’en faire. Si l’on peut apprendre des expériences d’autrui, c’est un formidable tremplin. Pourtant, seuls les insensés imaginent ne jamais se tromper ou réduire drastiquement le nombre d’erreurs possibles.
On peut d’ailleurs citer la stratégie d’Elon Musk, qui valorise l’apprentissage par l’échec, contrairement à la NASA, historiquement plus portée sur l’évitement absolu d’erreurs. Chercher à minimiser les fautes à l’extrême peut mener à l’immobilisme. Il vaut mieux avancer, quitte à se tromper, puis apprendre de ses échecs.
Pour y parvenir, il faut déjà savoir reconnaître et accepter ses erreurs. Aucun entrepreneur ne peut prétendre y échapper, et c’est ce que nous enseigne l’analyse de centaines de parcours. Autrement dit, celui qui veut limiter à tout prix ses faux pas et refuse de voir ses torts est condamné à la médiocrité.
À l’inverse, celui qui les admet et en tire des leçons a toutes les chances de réussir.
Et Warren Buffett, avec Berkshire Hathaway, est sans aucun doute l’un des exemples les plus parlant.
La stratégie de Buffett a toujours été la même : acheter des entreprises de qualité et les conserver sur le très long terme.
Grâce à cette philosophie patiente et méthodique, Berkshire Hathaway est devenu l’un des conglomérats les plus performants, surpassant souvent les indices de référence comme le S&P 500 sur plusieurs décennies.
Reste maintenant une question épineuse : Warren Buffett est-il irremplaçable ?
Son âge avancé soulève inévitablement des interrogations sur l’avenir du groupe après lui.
Certains estiment que la culture et la vision qu’il a instaurées continueront de prospérer sous la houlette de ses successeurs.
D’autres craignent qu’aucun dirigeant ne puisse égaler son flair et sa discipline légendaire en matière d’investissement.