Analyse économique

Crise Bancaire en Chine : Analyse et Impacts Économiques Mondiaux

Plongez au cœur de la crise bancaire chinoise qui secoue actuellement l'économie du pays. Avec la disparition de 40 petites banques en une semaine et une menace de faillite systémique grandissante, découvrez les causes profondes de cette situation et ses impacts potentiels sur les marchés mondiaux.

40 banques !

C’est le nombre d'institutions financières qui ont disparu par absorption en l’espace d’une semaine, en Chine.

Jusqu’à 40% des prêts de certaines petites banques sont en risque de défaut, dans un pays qui compte pas moins de 3 800 petites banques rurales représentant 13% du système bancaire.

Le problème, c’est que la consolidation bancaire est la principale solution envisagée. Une approche particulièrement critiquée, présentée comme un simple camouflage des problèmes dont souffre l’Empire du milieu depuis maintenant plusieurs années.

Qu’est-il en train de se passer ? 

Comment la Chine en est arrivée là ?

Et quels pourraient être les impacts sur les marchés ?

La crise bancaire chinoise

Plus d'un an après la crise bancaire aux États-Unis, une nouvelle crise se déclenche en Chine.

Depuis le début de l'année 2021, le marché boursier chinois est en nette tendance baissière et enregistre une perte de plus de 40 %. 

Face à cette situation, au mois de janvier 2024, le Premier ministre Li Qiang a proposé de soutenir les marchés avec 270 milliards de dollars provenant des comptes offshores d'entreprises publiques.

Aujourd'hui, les petites banques rurales en Chine traversent une crise majeure due principalement à l'accumulation de prêts non performants. Étant fortement exposées au marché immobilier et aux dettes locales, ces banques voient leur avenir devenir incertain.

Pour stabiliser la situation, le régulateur chinois a récemment initié l'absorption de 40 banques, principalement dans la province de Liaoning au nord-est de Pékin, en seulement une semaine. Cela signifie que ces banques vont fusionner avec d'autres ou être rachetées par des entités plus grandes.

Au milieu des années 80, une crise similaire avait éclaté aux États-Unis, menant à l'absorption de 1 000 petites institutions de prêts. Une combinaison de concessions agressives de crédits, de mauvais contrôles des risques et le ralentissement de l’immobilier avaient contribué à l’effondrement ou à la consolidation de plus de 1 000 institutions financières. 

Les plus petites banques chinoises souffrent désormais d’un grand nombre des mêmes maux. Cependant, jamais au cours de cette crise, autant d'institutions avaient fermé aussi rapidement.

Il faut savoir qu’aujourd’hui, il y a 3 800 banques rurales en Chine qui détiennent 55 000 milliards de yuans, soit environ 7 500 milliards de dollars, ce qui représenterait 13 % du système bancaire du pays. Certaines de ces institutions auraient révélé que 40 % de leurs détentions étaient faites de ces prêts risqués.

La Banque de Jiujiang, un prêteur de niveau intermédiaire, a même récemment révélé que ses bénéfices pourraient chuter de 30 % en raison de prêts peu performants, ce qui met en évidence la gravité de la situation. 

La crise bancaire chinoise constitue donc une grave menace pour la stabilité financière du pays. À mesure que les petites banques s’effondrent ou sont absorbées par des banques plus grandes, le risque de faillite systémique augmente. Cette crise, alimentée par les créances douteuses et l'exposition au ralentissement du marché immobilier, risque de miner la stabilité sociale et d'éroder la confiance du public dans les institutions financières et la capacité du gouvernement à gérer l'économie.

Les petites banques les moins performantes menacent déjà la stabilité sociale, principale préoccupation du dirigeant chinois, Xi Jinping.

Du coup, le principal moyen utilisé par la Chine pour traiter le problème consiste tout simplement à les faire disparaître.

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Les origines de la crise bancaire en Chine

Le secteur immobilier chinois est actuellement plongé dans une profonde récession. Les promoteurs immobiliers et les gouvernements locaux, débordés, ont fait défaut sur leurs prêts, créant une cascade d'instabilité financière. Les prix de l’immobilier ont chuté et les projets de construction sont au point mort, mettant encore plus à rude épreuve le système financier.

Cette situation a été exacerbée par les politiques gouvernementales visant à ralentir la spéculation et à stabiliser les prix de l'immobilier. Plusieurs grandes entreprises impliquées dans le secteur de l'immobilité, comme Evergrande, ont ainsi été placées en liquidation judiciaire en raison de leur incapacité à rembourser leurs 300 milliards de dollars de dettes.

La crise du marché immobilier chinois est devenue un frein important à l'économie du pays, avec une baisse des investissements immobiliers de près de 10 % en 2024. 

L'effondrement de la confiance des consommateurs, entraîné par la précarité de l'emploi et les défauts de livraison des projets, a laissé un excédent de propriétés invendues évalué à 4 000 milliards de dollars. 

Alors que le secteur immobilier chinois, qui représentait autrefois 30 % de son PIB, vacille, cela menace non seulement la croissance intérieure, mais a également des implications considérables sur le commerce mondial et les marchés des matières premières.

Pour couronner le tout, les banques ont recours à des sociétés de gestion d’actifs pour se débarrasser des prêts toxiques, créant ainsi un faux sentiment de stabilité financière. 

Ces Asset-Management Companies, aussi connues sous les initiales AMC, achètent donc des créances douteuses au secteur bancaire, ce qui conduit à une accumulation de créances douteuses cachées et désormais, ces institutions financières se retrouvent elles-mêmes en difficulté, l’une d’entre elles avait d’ailleurs bénéficié d’un plan de sauvetage de 6,6 milliards de dollars en 2021.

Il n’en demeure pas moins que l’économie chinoise se trouve dans un état plus que mauvais. 

Des années de croissance alimentée par le crédit facile ont finalement pris fin, avec pour résultat une croissance plus faible en Chine et un impact négatif sur l’économie mondiale. 

Le ralentissement de la croissance de l’économie chinoise exacerbera également ses problèmes bancaires. 

La crise bancaire en Chine a également provoqué une perte de confiance parmi les investisseurs étrangers et domestiques. 

Les capitaux étrangers ont commencé à fuir le pays, 

exacerbant les pressions sur le yuan et augmentant les tensions économiques.

Cela se traduira donc très probablement par des injections massives de liquidités, situation où l’économie et les investisseurs se ruent vers les actifs durables.

Situation qui semble se confirmer puisque la Banque populaire de Chine s'inquiète depuis plusieurs semaines de la formation d'une bulle sur le marché des obligations souveraines du pays. 

Vendredi dernier, elle a annoncé avoir conclu des accords avec plusieurs institutions pour emprunter plusieurs centaines de milliards de renminbi d'obligations à long terme qu'elle pourra revendre sur le marché pour tenter de satisfaire la demande. 

Ces mesures constituent le signal le plus fort de la détermination de la banque centrale à ralentir l'afflux de capitaux des investisseurs inquiets quant à l’état de l’économie chinoise qui se réfugient vers des actifs considérés comme peu risqué que sont les obligations souveraines, faisant chuter les rendements à des niveaux historiquement bas. 

La banque centrale craint que les acheteurs impatients, comme les banques régionales, ne s'attirent des difficultés si les rendements rebondissent brusquement et que la valeur de leurs avoirs chute, ce qui pourrait créer une crise similaire à celle de la Silicon Valley Bank aux États-Unis, l'année dernière.

Les risques futurs

Le plus grand risque pour la Chine est une crise de liquidité systémique. Si de plus en plus de banques commencent à faire défaut, cela pourrait provoquer une panique bancaire généralisée. Les déposants pourraient se précipiter pour retirer leurs fonds, entraînant un effondrement du système bancaire. Une telle crise de liquidité pourrait avoir des répercussions globales, étant donné l'importance de la Chine dans l'économie mondiale.

La crise bancaire en Chine pourrait également déclencher une récession mondiale. La Chine étant l'un des principaux moteurs de la croissance économique mondiale, un ralentissement brutal de son économie aurait des répercussions sur les chaînes d'approvisionnement, les marchés financiers et les échanges commerciaux. Les économies qui dépendent fortement des exportations vers la Chine, comme celles d'Asie du Sud-Est, de l'Australie et même de l'Europe, pourraient en subir les conséquences.

Tout cela, sans compter que fusionner des banques en difficulté ne crée que de plus grosses banques en difficulté ! 

Les autorités sont  d’ores et déjà dépassées. Entre les retards dans la législation sur la stabilité financière, la recapitalisation insuffisante via des obligations spéciales, ou encore le manque de mécanismes pour laisser les banques faire faillite, l'incompétence règne dans la politique économique chinoise et les conséquences pourraient être dévastatrices.

Si certains craignent évidemment un ralentissement de la croissance économique, le risque qui plane a trait surtout et avant tout à un risque de contagion à l'économie mondiale. 

On assiste peut-être au début d'une crise financière majeure. 

On comprend mieux pourquoi les investisseurs retirent leur argent de la Chine depuis maintenant deux ans.

La crise bancaire en Chine est le résultat de décennies de croissance rapide, de surendettement et de réglementation laxiste. 

Ce que nous voyons aujourd'hui n'est que la partie émergée de l'iceberg et les défis à venir sont immenses. Les autorités chinoises doivent naviguer avec précaution pour stabiliser le système financier tout en mettant en place des réformes essentielles. 

Pour le reste du monde, il est crucial de surveiller cette situation de près, car ce qui se passe en Chine ne restera probablement pas confiné à ses frontières.

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