Événement historique !
C’est ainsi que l’on pourrait qualifier ce que la France est en train de vivre.
Une situation d'une importance capitale pour l'avenir économique du pays qui, jusqu'à récemment, semblait improbable, voire impensable.
Pourtant, vendredi matin, la France, sixième puissance mondiale, a emprunté à un taux d'intérêt supérieur à celui de la Grèce pour un emprunt à 5 ans,
et à un taux plus élevé que l'Espagne pour une dette à 10 ans.
Des pays qui, il y a une décennie seulement, étaient pourtant qualifiés de PIGS au bord de la faillite !
Oui, vous avez bien entendu : la Grèce, ce pays qui sort à peine de son statut de Junk Bond, offre aujourd'hui de meilleures garanties de remboursement que la France sur les marchés obligataires.
Mais comment en est-on arrivé là ?
Comment un pays avec une économie aussi “robuste” que la nôtre en est venue à payer plus cher pour sa dette que des pays qui, il y a encore quelques années, étaient au bord du gouffre ?
Cette situation, mes chers amis, n'est pas seulement une question de chiffres ou de marchés financiers. Elle reflète un malaise beaucoup plus profond qui touche l'ensemble des finances publiques de notre pays.
Avec un déficit budgétaire estimé à 6% du PIB en 2024, nous vivons actuellement les conséquences d'une gestion déficiente de notre budget national, largement financé par la dette.
Et cette dette, elle-même, est devenue un fardeau.
Pour couronner le tout, plus de 50% de cette dette est détenue par des investisseurs étrangers, ce qui nous rend particulièrement vulnérables aux fluctuations des marchés et aux décisions d'acteurs économiques qui, eux, ne partagent pas forcément nos intérêts nationaux.
Ce que je vais vous expliquer aujourd'hui, c'est pourquoi cette situation est si grave, et surtout, pourquoi elle pourrait nous mener à une crise semblable à celle que la Grèce a traversée il y a à peine une décennie. Une crise qui a coûté à ce pays une austérité drastique, des coupes dans les salaires et les retraites, une hausse massive des impôts et du chômage, et même l'intervention du FMI pour éviter un effondrement total.
Alors, que se passe-t-il vraiment ?
Pourquoi la France, un pays qui se targue de son modèle social et de son leadership en Europe, se retrouve aujourd'hui dans une situation où emprunter devient plus cher que pour des économies historiquement fragiles ?
Quels sont les risques auxquels nous sommes confrontés et, surtout, pourrions-nous éviter le scénario catastrophe grec ?
Pourquoi la France est en difficulté ?
Ce ne devrait plus être un secret pour personne : la situation économique de la France est aujourd'hui sous tension.
La première cause à cela est le déficit budgétaire, qui atteint 6% du PIB en 2024 selon les prévisions du nouveau ministre des Finances.
Ce pourcentage peut sembler abstrait, mais il représente un gouffre dans les comptes de l’État. En d'autres termes, le gouvernement français dépense beaucoup plus qu'il ne génère en recettes fiscales, et pour combler cette différence, il s'endette massivement.
Cette dette accumulée devient rapidement un cercle vicieux. Car le stock total de dette n’est au final, ni plus ni moins, que l’accumulation des déficits passés.
Or, chaque année, une part croissante du budget est consacrée au remboursement des intérêts de cette dette, au détriment d'autres dépenses publiques comme l'éducation, la santé ou les infrastructures.
Le problème, c'est qu’au cours des dernières années, la France, dans sa gigantesque irresponsabilité, n’a pas été capable de tirer profit de la décennie de taux bas pour résorber son immense dette. Et, à l’arrivée du Covid et l’envolée inflationniste, les taux se sont envolés, ce qui n’a fait qu’accroître notre déficit et endettement.
La France, bien que souvent présentée comme un pays libéral, qui en est pourtant à des années-lumière, a le plus grand secteur public du monde avec des dépenses qui représentent près de 60% du PIB !
Plus inquiétant encore, les marchés financiers fixent aussi les taux d'intérêt en fonction du risque perçu. Si la situation économique d'un pays est jugée instable, ou si les investisseurs doutent de la capacité du gouvernement à honorer ses engagements, ils exigeront des taux d’intérêt plus élevés pour compenser ce risque.
Aujourd'hui, la France, qui est pourtant l'une des principales économies de la zone euro, emprunte à des taux supérieurs à ceux de la Grèce,
un pays qui, rappelons-le, a récemment échappé à une crise financière majeure et dont la dette était, jusqu'à récemment, classé dans la catégorie des "junk bonds" par les agences de notation.
Comment expliquer cette anomalie ?
Le facteur déterminant ici est la perception du risque. Les investisseurs, notamment étrangers, qui détiennent plus de 50 % de la dette française, jugent que la France présente des signes inquiétants de fragilité économique.
Et cette perception n'est pas infondée.
Le déficit budgétaire élevé n’est qu’une partie du problème. Il s'accompagne d'une dépendance excessive à la dette extérieure. Quand un pays finance sa dette majoritairement par des acteurs étrangers, il devient vulnérable aux fluctuations des marchés internationaux.
Ces acteurs n’ont pas les mêmes priorités que les nationaux et leur confiance peut se dissiper rapidement à la moindre incertitude politique ou économique. C'est exactement ce qui s'est produit en juillet dernier, lorsque les investisseurs japonais ont vendu pour 9,2 milliards d’euros d’obligations françaises, soit un record sur quatre ans.
Ce mouvement de vente massive a été motivé par une inquiétude grandissante quant à l'instabilité politique en France et fait envoler les spreads entre le taux français et allemand à 10 ans.
L’instabilité politique française est un facteur clé de la situation.
La dissolution de l’Assemblée nationale et les tensions internes entre différents partis politiques ont créé un climat d’incertitude. Cela effraie les investisseurs, en particulier ceux comme les Japonais, qui sont historiquement très regardants sur la stabilité politique des pays où ils investissent. Lorsque des doutes apparaissent sur la capacité du gouvernement à mettre en place des réformes structurelles, mécaniquement cela accentue le sentiment de risque sur les marchés.
Le véritable problème est que les réformes nécessaires, notamment la maîtrise des dépenses publiques, sont loin d’être assurées.
Le gouvernement français semble être dans une impasse, incapable de prendre des mesures concrètes pour réduire son déficit et stabiliser sa dette.
Or, si cette situation persiste, la France pourrait se retrouver dans une position similaire à celle de la Grèce au début des années 2010, où les taux d'emprunt avaient explosé sous la pression des marchés, forçant le pays à mettre en place des mesures d’austérité drastiques sous la supervision du FMI.
Ce scénario est d’autant plus inquiétant que la France, contrairement à certains de ses voisins européens comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, a montré peu de volonté à faire des efforts pour maîtriser ses finances publiques. Les dépenses continuent d'augmenter alors que les recettes fiscales ne suivent pas.
Cette absence de rigueur budgétaire envoie un signal négatif aux marchés, qui anticipent des difficultés pour la France à rembourser sa dette si les taux d’intérêt continuent de grimper.
D’un point de vue macroéconomique, cette situation met en lumière la dépendance critique de la France vis-à-vis des financements extérieurs dans un contexte où les banques centrales ont mis un terme au quantitative easing
et où les investisseurs nationaux se sont désintéressées de la dette française depuis déjà plusieurs années, anticipant l’inévitable.
Le problème, c'est que, plus cette dépendance s’accentue, plus la France devient vulnérable à une volatilité des marchés. C’est un signe de perte de contrôle de notre souveraineté financière. Le véritable danger ici est que, si rien n’est fait pour redresser la situation, les coûts d’emprunt pourraient continuer à grimper alors même que la BCE a enclenché une baisse des taux d’intérêt, mettant une pression encore plus forte sur le budget de l’État, et par extension, sur les contribuables français.
Cette crise budgétaire est donc bien plus qu’une simple question de gestion financière. Elle pose la question fondamentale de la capacité de la France à maintenir son modèle économique et social dans un contexte où les marges de manœuvre se réduisent dangereusement.
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Les risques identifiés par les marchés financiers
Au grand dam des démagogues anticapitalistes, les marchés financiers, souvent perçus comme des entités abstraites, jouent un rôle crucial dans la situation budgétaire actuelle de la France. Leur évaluation du risque d’un pays détermine, en partie, les taux d’intérêt auxquels ce pays peut emprunter, ce qui a des conséquences directes sur la gestion de la dette.
Aujourd’hui, plusieurs risques majeurs ont été identifiés par les investisseurs concernant la France, et ces risques sont en grande partie responsables de l’augmentation des taux d’emprunt.
1° Le premier et sans doute le plus important risque pointé par les marchés est le risque politique.
La dissolution récente de l'Assemblée nationale et l'instabilité politique qui en a découlé ont provoqué un choc chez les investisseurs. Ce qui peut sembler être une crise passagère pour les citoyens français est en réalité un signe alarmant pour les investisseurs internationaux, particulièrement ceux comme les Japonais, qui sont très sensibles à la stabilité des pays dans lesquels ils placent leur argent.
Les 9 milliards d’euros d’obligations françaises vendues en juillet dernier illustrent la crainte que l’instabilité politique rende difficile, voire impossible, la mise en place de réformes budgétaires nécessaires.
En clair, ils redoutent que la France s’enlise dans une situation où elle accumule de plus en plus de dettes sans jamais prendre les décisions difficiles pour rétablir ses finances.
Le risque que des partis comme la France Insoumise arrivent un jour au pouvoir, ajoute encore plus d’incertitude. En effet, des mouvements politiques qui promettent d’augmenter encore les dépenses publiques sans tenir compte des réalités économiques ne fait qu’accentuer la perception d’un risque budgétaire pour le pays faisant fuir les investisseurs.
L’impact d’un tel scénario serait désastreux pour la France : une fuite massive des capitaux, une hausse encore plus importante des taux d’intérêt, et un accès au financement encore plus difficile.
2° Le second risque identifié est l’incapacité de la France à mettre en œuvre les réformes nécessaires pour redresser ses finances publiques.
Cette incapacité est l’un des principaux points d’inquiétude pour les marchés, car sans réformes, le déficit ne pourra pas être réduit, et la dette continuera de croître de manière incontrôlée.
Un exemple flagrant de cette incapacité est la question des retraites.
Alors que de nombreux pays européens ont déjà pris des mesures drastiques pour réformer leur système de retraite, la France peine à faire accepter des changements pourtant nécessaires.
Pour rappel, la Grèce, pour sortir de sa crise, avait dû imposer des mesures extrêmement difficiles, comme la suppression des 13e et 14e mois des fonctionnaires, et le relèvement de l’âge de départ à la retraite à 65 puis 67 ans.
Parce qu’évidemment, le monde des bisounours n’existe pas et lorsque la réalité frappe, elle y va de toutes ses forces …
L’Italie a pris des mesures similaires, avec un âge de retraite fixé à 67 ans également.
En comparaison, la France reste bloquée à 62 ans, malgré plusieurs tentatives de réforme qui ont toutes été largement contestées.
La situation est similaire pour d’autres réformes structurelles, notamment celles concernant la maîtrise des dépenses publiques.
L’absence d'une véritable stratégie pour contrôler et réduire ces dépenses est un signal très négatif pour les marchés. Les exemples des pays voisins montrent que des réformes budgétaires sont non seulement possibles, mais nécessaires pour éviter une crise.
Sans ces réformes, la France s’expose à une spirale de l’endettement incontrôlée, où les dépenses publiques continuent d’augmenter sans que les recettes fiscales puissent compenser. Cela aggrave encore la perception du risque par les marchés financiers, qui anticipent alors une montée des taux d’intérêt et des difficultés accrues pour la France à honorer ses dettes.
Les conséquences d'une mauvaise gestion des finances publiques
Compte tenu de la situation actuelle de la France, marquée par des risques politiques, une incapacité à mener des réformes structurelles et une absence de maîtrise des dépenses publiques, de nombreuses conséquences sont à entrevoir.
Ce n’est un secret pour plus personne, mais un des premiers et des plus visibles effets d'une mauvaise gestion budgétaire est l’augmentation du coût de la dette publique puisque lorsque les marchés financiers perçoivent un risque accru, ils exigent des taux d'intérêt plus élevés pour prêter de l'argent à un pays.
C'est précisément ce qui arrive aujourd'hui à la France.
Sauf que ça ne s’arrête pas là…
Prenons un exemple concret pour mieux comprendre cette dynamique.
En France, les crédits immobiliers aux particuliers sont étroitement liés à l’AT à 10 ans, c'est-à-dire l’obligation assimilable du Trésor sur une période de dix ans.
Cela signifie que lorsque l’OAT à 10 ans augmente, les taux d’emprunt pour les particuliers augmentent également.
Aujourd'hui, avec des taux d'intérêt dépassant 3 %, le coût de la dette devient un poste budgétaire significatif, pesant lourdement sur les finances publiques.
L'impact de cette hausse des taux est multiple.
D'une part, elle accroît les dépenses de l'État pour rembourser sa dette, ce qui laisse moins de ressources pour financer d'autres secteurs prioritaires comme l'éducation, la santé ou les infrastructures.
D'autre part, cela impacte directement les citoyens, car les taux d'intérêt des crédits immobiliers et autres prêts augmentent également.
Cela freine les investissements privés et l'achat immobilier, étouffant ainsi la croissance économique à long terme.
Ce phénomène est d'autant plus préoccupant que la France ne parvient pas à réduire ses déficits et sa dette.
Face à la hausse du coût de la dette et à l’incapacité de maîtriser les dépenses publiques, le gouvernement n’aura d’autre choix que de se tourner vers les contribuables pour combler le déficit.
Cela signifie que l’augmentation des impôts est presque inévitable. En effet, pour stabiliser les finances publiques, l’État devra trouver des recettes supplémentaires, et la solution la plus directe est souvent de taxer davantage les entreprises et les particuliers.
Et c’est, une nouvelle fois, l’une des mesures phares proposées par le nouveau gouvernement. Car s’il y a bien une chose dans laquelle la France est la plus performante, c’est sans aucun doute dans le fait d’augmenter les impôts, d’en créer et même de rendre permanent ce qui était, à l’origine, présenté comme temporaire.
Mais cela ne se fera pas sans conséquence, car une hausse des impôts pèsera lourdement sur la classe moyenne, déjà fragilisée par la hausse du coût de la vie, l’inflation et la stagnation des salaires.
Car, quoi qu’en disent les politiciens, il est beaucoup facile de venir taper sur une assiette la plus large possible. Au final, ce ne sont pas les plus riches qui paient, mais la classe moyenne qui constitue la majeure partie de la population. L’exemple de la Grèce avec une augmentation de la TVA à 23% est parlant.
Les entreprises seront également touchées, ce qui pourrait freiner l’investissement et limiter la compétitivité de la France sur la scène internationale.
À terme, cela pourrait même mener à une délocalisation accrue des entreprises et à une perte d’attractivité pour les investisseurs étrangers.
Par ailleurs, la nécessité de réduire les dépenses publiques se traduira probablement par une baisse des aides sociales. Des dispositifs fiscaux comme le crédit d’impôt recherche, qui incite les entreprises à innover, ou encore les aides à l’apprentissage et à l’insertion professionnelle, seront les premiers visés.
Le pacte Dutreil, qui favorise la transmission d'entreprises familiales en allégeant la fiscalité, pourrait aussi être supprimé ou revu à la baisse.
Tout cela constitue une menace directe pour l'économie, car ces dispositifs jouent un rôle essentiel dans le soutien à l'innovation, la création d'emplois et le développement des entreprises.
En touchant aux aides et aux avantages fiscaux, l’État risque de provoquer un effet domino, où les entreprises, surtout les PME, auront du mal à se développer ou même à survivre dans un contexte économique déjà tendu.
Cela entraînera mécaniquement une hausse du chômage, une baisse de la consommation et un ralentissement de l’économie globale.
L'une des conséquences d'une mauvaise gestion des finances publiques est également la dégradation du modèle social français.
Ce modèle, souvent considéré comme l’un des plus généreux en Europe, repose sur un financement important des services publics, des aides sociales, des retraites et des prestations de santé. Or, sans maîtrise des dépenses publiques, ce modèle devient de plus en plus insoutenable.
Dans les prochaines années, si aucune réforme n’est menée, la France pourrait être contrainte de revoir à la baisse de nombreux avantages sociaux.
On peut déjà imaginer une hausse de l’âge de la retraite, comme cela a été le cas en Grèce ou en Italie.
Alors que la France reste l’un des rares pays européens où l’âge de départ à la retraite est encore fixé à 62 ans, les autres nations, confrontées à des situations similaires, ont dû relever cet âge à 65, voire 67 ans.
Enfin, la réduction des aides sociales pourrait entraîner une augmentation des inégalités.
Les citoyens les plus vulnérables seraient les premiers à pâtir de ces coupes budgétaires, ce qui pourrait aggraver les tensions sociales et alimenter des mouvements de contestation, à l’instar des Gilets Jaunes.
Un climat social tendu ajouterait encore à l’instabilité politique, ce qui pourrait à nouveau inquiéter les marchés financiers et alimenter le cercle vicieux de la crise budgétaire.
Le coup de massue viendrait d’une ponction de l’épargne. Pour combler le déficit, une partie de l’épargne des ménages pourrait être réquisitionnée, ce qui entraînerait une perte de confiance définitive des citoyens dans le système financier.
La situation que la France traverse actuellement a une origine flagrante : le déni de réalité et l'incapacité à appliquer les réformes.
Or, l’instabilité politique actuelle ne pouvait pas tomber au pire moment.