Depuis son entrée en fonction en décembre 2023, Javier Milei s’est imposé comme une figure incontournable de la scène politique et économique argentine. Avec des réformes audacieuses et souvent qualifiées de radicales, il a entrepris de redresser une économie en crise, marquée par une inflation galopante, des déficits chroniques, et une instabilité monétaire paralysante.
En un an seulement, son mandat a produit des résultats spectaculaires, mais aussi suscité de nombreux débats, tant en Argentine qu’à l’étranger. Son approche, centrée sur la réduction drastique des dépenses publiques et la stabilité budgétaire, a transformé le paysage économique argentin.
À l’aube de son deuxième anniversaire à la présidence, il est temps de dresser un bilan : quels ont été les impacts concrets de ses politiques sur l’économie argentine ? Quels défis restent à relever ?
Et surtout, que peuvent apprendre des pays comme la France de ce “choc fiscal” orchestré par Milei ?
Car, alors que l’Argentine redresse la barre, nos politiques français continuent d’entraîner le pays dans une spirale descendante, sous le poids de leur interventionnisme et de leur incompétence économique.
Il est peut-être temps de s’inspirer du modèle argentin.
Un an de Javier Milei : Le bilan
Un an s’est écoulé depuis la victoire de Javier Milei au second tour des élections présidentielles argentines, moment à partir duquel il est devenu président élu du pays, ayant pris ses fonctions officielles le 10 décembre.
Or, en l’espace d’une seule année, l’Argentine a connu une transformation profonde, marquée par plusieurs faits marquants :
1° Premièrement, la lutte contre l’inflation.
L’inflation galopante était l’un des principaux maux de l’économie argentine à l’arrivée de Javier Milei au pouvoir.
En 2023, le pays subissait une inflation annuelle vertigineuse dépassant les 211%, menaçant de basculer dans une hyperinflation incontrôlable.
Et faisant de l’argentine le second pays enregistrant les plus hauts taux d’inflation au monde :
Milei a rapidement mis en œuvre des politiques monétaires strictes, visant à stopper la spirale inflationniste.
Une de ses premières mesures a été de mettre un terme à l’impression monétaire excessive, qui avait longtemps servi à financer les déficits publics.
Cette décision a permis de freiner la dévaluation continue du peso argentin et de réduire la quantité de monnaie en circulation en réduisant notamment le bilan de la banque centrale.
Les résultats sont impressionnants : en octobre 2024, l’inflation a chuté à 38 % en rythme annuel, soit une moyenne mensuelle inférieure à 3 %.
Cette amélioration, bien qu’encore insuffisante pour garantir une stabilité à long terme, marque une rupture spectaculaire par rapport à l’héritage des gouvernements précédents.
2° Deuxièmement, la réduction des déficits publics : la politique de la motosierra.
Un autre volet crucial des réformes de Javier Milei a été la réduction drastique des déficits publics. Dès son entrée en fonction, il a annoncé son intention de couper les dépenses inutiles et de rétablir l’équilibre budgétaire.
Cette politique, surnommée la “motosierra”, a produit des résultats historiques :
En 2023, l’Argentine affichait un déficit primaire, c’est-à-dire hors paiement des intérêts de la dette, de 2,7 % du PIB. En seulement dix mois, ce déficit a été transformé en un excédent primaire de 1,7 % du PIB.
En intégrant les intérêts de la dette héritée des précédents gouvernements, l’Argentine parvient même à dégager un excédent global de 0,5 % du PIB, une première depuis des décennies.
Cette rigueur budgétaire a eu un impact positif direct sur la solvabilité de l’État argentin en permettant à la fois de réduire la pression sur les finances publiques et de restaurer la confiance des marchés internationaux.
En conséquence, l’État peut désormais emprunter à des taux d’intérêt nettement plus bas, ce qui soulage le poids de la dette à long terme.
3° Troisièmement, la réforme de l’État et la déréglementation.
La réforme structurelle de l’État est l’un des piliers du programme économique de Javier Milei. Convaincu que les excès bureaucratiques et les réglementations excessives étouffent l’économie, Milei a entrepris une simplification massive des normes administratives et économiques.
L’une des mesures phares de cette réforme a été la suppression des contrôles des prix sur les loyers, une réglementation qui avait paradoxalement contribué à augmenter les coûts de logement.
Car quoi qu’en disent les démagogues, la meilleure manière de faire monter les prix, c’est de les contrôler et la meilleure manière de les faire baisser, c’est de les laisser se fixer librement.
En libéralisant ce secteur, le gouvernement a permis une baisse moyenne des loyers de 30 % tout en augmentant l’offre de logements, améliorant ainsi l’accès au logement pour les ménages.
Ces initiatives ne se limitent pas au marché immobilier.
Elles visent également à stimuler la compétitivité des entreprises et à attirer des investissements étrangers, en créant un environnement économique plus favorable.
La suppression des obstacles administratifs et des distorsions de marché permet aux entreprises de se concentrer sur la productivité et l’innovation, jetant ainsi les bases d’une reprise économique durable.
Ces réformes économiques majeures ont posé les fondations d’une stabilisation macroéconomique en Argentine.
Cependant, les impacts ne se limitent pas aux indicateurs fiscaux et monétaires : ils se traduisent également par des changements significatifs sur le plan macroéconomique.
Les impacts macroéconomiques
L’un des changements les plus spectaculaires observés sous la présidence de Javier Milei est la stabilisation du taux de change, autrefois extrêmement volatil.
En 2023, l’écart entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle, appelé “brecha cambiaria”, atteignait 200 %.
Si cette situation peut sembler inhabituelle dans les économies bénéficiant d’une stabilité monétaire, elle est courante dans les pays soumis à des contrôles stricts des capitaux. Ces contrôles entraînent souvent l’existence de deux taux de change distincts :
Un taux officiel, fixé par la Banque centrale, généralement inférieur à la valeur réelle de la devise sur le marché.
Un taux parallèle, ou taux du marché libre, qui reflète davantage la réalité de l’offre et de la demande.
Dans ce contexte, un écart de 200 % signifiait que le dollar se négociait sur le marché parallèle à un prix trois fois supérieur au taux officiel fixé par la Banque centrale.
Cette différence illustre le décalage entre la politique monétaire artificielle de l’État et la réalité économique perçue par les acteurs du marché.
En un an, cet écart a été drastiquement réduit à seulement 2,6%, un niveau qui pourrait supposer la fin du contrôle des capitaux.
Cette réduction reflète la stabilisation monétaire et le retour à une certaine confiance dans le peso argentin, une amélioration en grande partie attribuée à la rigueur fiscale du gouvernement, qui a permis de réduire les déficits et de restaurer la solvabilité de l’État.
En assainissant les finances publiques, Milei a coupé le lien entre impression monétaire et inflation, stabilisant ainsi les attentes des marchés.
2. Réserves de la Banque centrale
La gestion des réserves en devises étrangères a également connu une amélioration significative. En 2023, les réserves brutes de la Banque centrale s’effondraient, atteignant un niveau critique de 20 milliards USD, tandis que les réserves nettes affichaient un solde négatif de -1 milliard USD en raison d’un endettement à court terme en dollars.
Un an plus tard, les réserves brutes ont dépassé les 30 milliards USD, et les réserves nettes négatives ont été réduites de plus de moitié. Cette amélioration est cruciale pour garantir la stabilité économique, car des réserves suffisantes permettent au pays de soutenir sa monnaie, de financer ses importations, et d’honorer ses engagements financiers internationaux.
Ce redressement témoigne de la stratégie disciplinée de la Banque centrale et de la diminution de la fuite des capitaux, autrefois exacerbée par la défiance envers le système monétaire argentin.
L’impact positif des réformes de Milei se reflète notamment dans la prime de risque de l’Argentine “riesgo país”, un indicateur clé de la confiance des marchés internationaux dans l’économie du pays.
En décembre 2023, la prime de risque argentine atteignait un niveau alarmant de 2 700 points, traduisant une grande méfiance envers la capacité de remboursement de l’État.
En un an, cet indicateur a chuté à moins de 750 points, marquant une réduction spectaculaire de 2 000 points.
Cette amélioration est la plus rapide observée en Amérique latine, et positionne l’Argentine comme un cas d’école en matière de redressement économique.
Cette baisse reflète donc clairement les excédents budgétaires accumulés, qui renforcent la capacité de remboursement de l’État et le retour à la croissance économique, qui laisse entrevoir une augmentation des recettes publiques et une dilution de la dette par rapport à un PIB en progression.
Cette confiance retrouvée s’est traduite par un renouveau des investissements étrangers et une augmentation de la disponibilité de crédits pour le secteur privé, renforçant encore davantage les perspectives de croissance économique.
Ces résultats témoignent des bénéfices tangibles des réformes économiques de Javier Milei.
Cependant, derrière ces succès macroéconomiques se cachent des défis sociaux et structurels majeurs, qui nécessitent une attention particulière pour garantir que les avancées économiques profitent à l’ensemble de la population.
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Les défis persistants
Bien que les réformes de Javier Milei aient permis un assainissement des finances publiques et une stabilisation économique, elles se sont accompagnées d’une période de récession courte mais marquée.
Cette contraction économique, survenue au cours des deux premiers trimestres de 2024, était une conséquence prévisible du retrait brutal des dépenses publiques qui, sous les gouvernements précédents, alimentaient artificiellement la demande.
Cependant, dès juin 2024, des signes de reprise sont apparus.
L’indice de production industrielle a commencé à croître, atteignant en septembre des niveaux presque équivalents à ceux de novembre 2023, avant l’arrivée de Milei au pouvoir.
Ce rebond rapide démontre que l’économie argentine est en train de se réadapter à une demande basée sur des mécanismes de marché plus sains, plutôt que sur des interventions publiques coûteuses.
Malgré les succès économiques enregistrés, la situation sociale reste préoccupante.
La réduction des dépenses publiques et les ajustements fiscaux ont initialement exacerbé la pauvreté, qui touchait 45,2 % de la population en décembre 2023.
En octobre 2024, ce taux a légèrement diminué pour s’établir à 44,6 %. Si cette baisse est encourageante, elle demeure insuffisante pour refléter une amélioration significative du niveau de vie des Argentins.
En revanche, une avancée plus marquée est observée dans la lutte contre la pauvreté extrême, qui est passée de 14,6 % en décembre 2023 à 11,6 % en octobre 2024.
Cela montre que les réformes commencent à porter leurs fruits, bien qu’une grande partie de la population continue de ressentir les effets des compressions budgétaires.
Un défi crucial pour l’avenir sera de garantir un partage équitable des bénéfices économiques, en veillant à ce que la reprise économique contribue à réduire la pauvreté et à améliorer les conditions de vie des couches les plus vulnérables de la population.
Pour autant, l’une des propositions les plus audacieuses de Javier Milei reste la dollarisation complète de l’économie argentine.
Cette réforme, qui consisterait à remplacer le peso par le dollar comme monnaie officielle, vise à offrir une stabilité monétaire durable et à protéger l’économie contre les risques d’inflation et de dépréciation de la monnaie nationale.
Cependant, cette initiative soulève des questions complexes car, si une dollarisation pourrait renforcer la confiance des investisseurs, attirer des capitaux étrangers et stabiliser les prix à long terme, pour réussir, cette transition nécessiterait des réserves en dollars considérables, afin de garantir la liquidité et de financer les échanges économiques.
Actuellement, bien que les réserves aient augmenté, elles restent insuffisantes pour soutenir une telle réforme.
Ce projet est donc suspendu à la capacité du gouvernement de renforcer encore ses réserves de devises étrangères. La dollarisation pourrait être un levier puissant, mais elle représente également un pari risqué sans les garanties nécessaires.
Les défis sociaux et monétaires auxquels fait face l’Argentine montrent que, malgré des progrès impressionnants, la transformation économique du pays est loin d’être achevée.
La consolidation des acquis économiques et la mise en place de politiques inclusives seront essentielles pour garantir une croissance durable et réduire les inégalités.
Ces efforts définiront les prochaines étapes du mandat de Javier Milei et détermineront l’ampleur du redressement argentin.
Les leçons que la France devrait tirer
Une chose est sûre, l’Argentine, sous la présidence de Javier Milei, a démontré qu’une politique économique audacieuse et disciplinée peut produire des résultats spectaculaires, même dans un contexte de crise profonde.
Voici trois leçons clés que la France pourrait tirer du modèle argentin :
Première leçon : rigueur budgétaire : tolérance zéro avec le déficit !
L’Argentine a mis en place une discipline budgétaire stricte, transformant un déficit primaire de 2,7 % du PIB en 2023 en un excédent de 1,7 % en 2024.
Ce “choc fiscal” a permis de stabiliser les finances publiques et de restaurer la confiance des marchés.
À l’inverse, la France n’a jamais connu une seule année d’excédent budgétaire depuis 1974 et les déficits chroniques continuent de creuser la dette publique, augmentant la vulnérabilité économique à long terme.
Deuxième leçon : réduction des dépenses publiques et recentrage de l’État
Milei a opéré une coupe drastique dans les dépenses publiques inutiles, recentrant l’État sur ses fonctions essentielles.
Ce recentrage a permis à l’économie argentine de s’appuyer davantage sur les mécanismes du marché pour générer de la croissance.
Pendant ce temps, la France est un État obèse addicte au gaspillage des deniers du contribuables et la dépense publique représente plus de 57 % du PIB, laissant peu de place à une vraie croissance tirée par le secteur privé.
Troisième leçon : stabilisation monétaire comme prérequis à une croissance durable
L’un des piliers des réformes de Milei a été la stabilisation du peso argentin par une rigueur budgétaire et monétaire.
Cette approche a permis de contenir l’inflation, d’attirer les investisseurs et de redonner de la compétitivité à l’économie.
En comparaison, la France peine à contenir l’inflation et à garantir une stabilité monétaire durable en raison d’une politique budgétaire et monétaire moins cohérente.
Les résultats obtenus en Argentine mettent en lumière les faiblesses structurelles des politiques économiques actuelles en France.
Contrairement au recentrage de l’État opéré en Argentine, la France persiste dans une approche interventionniste, multipliant les subventions, les aides publiques et les réglementations. Si ces politiques peuvent temporairement amortir les chocs économiques, elles freinent l’innovation, augmentent les rigidités structurelles et alourdissent le fardeau fiscal.
Alors que l’Argentine a réussi à réduire son risque-pays et à stabiliser sa dette publique, la France continue d’accumuler une dette nationale dépassant les 3 000 milliards d’euros, avec une inflation qui fragilise le pouvoir d’achat des ménages.
Cette trajectoire, non maîtrisée, menace de limiter les marges de manœuvre budgétaires pour les générations futures et d’affaiblir davantage la compétitivité économique du pays.
L’exemple argentin souligne qu’une gestion rigoureuse des finances publiques, associée à des réformes structurelles audacieuses, peut produire des résultats tangibles en peu de temps.
Si la France ne s’inspire pas de ce modèle et persiste dans sa trajectoire actuelle, elle risque de voir ses déséquilibres économiques s’aggraver, avec des conséquences lourdes pour son avenir.