Analyse économique

La fulgurante Ascension de la Corée du Sud de Park Chung-Hee au Miracle du fleuve Han

Découvrez le “miracle du fleuve Han” : comment la Corée du Sud est passée d’un pays en ruines à une puissance économique mondiale en 70 ans. Stratégies politiques, rôle des chaebols et défis actuels : plongez au cœur d’une transformation fascinante.

Lorsque l’on pense à la Corée du Sud aujourd’hui, on imagine tout à la fois les gratte-ciel flamboyants de Séoul, le succès mondial de la K-pop, la puissance de son industrie avec les semi-conducteurs, l’automobile et la construction navale ou encore des conglomérats emblématiques tels que Samsung, Hyundai ou LG. 

Pourtant, il y a à peine plus de soixante-dix ans, cette nation était parmi les plus pauvres du monde, ravagée par l’occupation japonaise de 1910 à 1945 et la guerre fratricide de Corée de 1950 à 1953. 

Comment expliquer une telle transformation ? Quelles stratégies économiques et politiques ont propulsé la Corée du Sud du statut de pays en ruines à celui de puissance mondiale ? 

L’histoire de la dictature du général Park Chung-Hee, puis des réformes libérales de la fin du XXᵉ siècle, fournit des clés essentielles pour comprendre ce que l’on connaît sous le nom du “miracle du fleuve Han” !

Cela fait maintenant près d’un mois que je suis à Séoul, en Corée du Sud, et chaque jour est une véritable découverte dans ce pays si avancé et fascinant, qui semble être à des années-lumière devant la France sur bien des aspects. 

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la péninsule coréenne se trouve dans une situation particulièrement complexe. 

Après trente-cinq années d’occupation japonaise, elle est libérée, mais très vite divisée en deux entités, divisée au 38e parallèle : au nord, s’établit un régime communiste soutenu par l’Union soviétique, tandis qu’au sud, c’est un gouvernement pro-occidental, appuyé par les États-Unis, qui se met en place. 

À tel point qu’à l’été 1950, cette situation aboutit à l’éclatement d’un conflit armé majeur : la guerre de Corée, qui dévaste la péninsule jusqu’en juillet 1953, date à laquelle un armistice met fin aux combats sans pour autant instaurer de paix véritable.

La séparation demeure quasi inchangée sur le plan territorial, mais les différences économiques entre le Nord et le Sud deviennent flagrantes. Initialement plus industrialisé grâce à l’héritage de l’occupation japonaise, le Nord passe sous influence soviétique, tandis que le Sud, marqué par une agriculture rudimentaire et des ressources limitées, se reconstruit grâce à l’aide massive des États-Unis et à des réformes qui poseront les bases de son essor futur.

Dans ce contexte, la Corée du Sud connaît une longue période d’instabilité politique et de grande pauvreté. Pour se faire une idée, dans les années 1950, son produit intérieur brut par habitant se situait à un niveau inférieur à celui de pays très défavorisés, comme le Soudan, le Sénégal et même Haïti, et l’agriculture, encore peu mécanisée, dominait l’ensemble de l’appareil de production.

Cette dépendance agricole, couplée à l’instabilité politique, faisait de la Corée du Sud un État fragile, en proie à la corruption et aux fraudes électorales, difficultant sa faculté à s’extirper de la misère. 

Les aides économiques et humanitaires américaines étaient certes substantielles, mais elles se concentraient essentiellement sur le maintien du régime en place et sur la défense militaire contre la menace communiste, plutôt que sur un réel plan de développement industriel et technologique.

Et alors qu’il y a un immense désir de redresser la nation, un groupe de militaires, mené par le général Park Chung-Hee, orchestre un coup d’État, le 16 mai 1961, qui évince le gouvernement en place.

Park Chung-Hee se présente comme l’homme fort capable de sortir la Corée du Sud de son immobilisme, de la moderniser et de l’industrialiser. 

Il s’empare progressivement de la totalité des leviers du pouvoir, introduisant un régime autoritaire, parfois qualifié de dictature militaire, qui s’étendra jusqu’à son assassinat en 1979. 

Cette prise de pouvoir, bien que contraire à tous les idéaux démocratiques, suscite initialement un certain espoir chez nombre de Sud-Coréens, las des pratiques de l’ancien régime. 

Le nouveau gouvernement promet d’éradiquer la pauvreté, de construire une base industrielle solide et de rehausser la fierté nationale.

Dans les premières années de son règne, Park Chung-Hee met en œuvre des politiques radicales visant à transformer la structure économique du pays. 

Il s’inspire en partie de l’exemple japonais de l’ère Meiji, séduit par la manière dont le Japon s’est modernisé à la fin du XIXe siècle, adoptant des techniques occidentales et se dotant de capacités industrielles performantes en un laps de temps relativement court. 

Park considère que la Corée du Sud doit, à son tour, procéder à un rattrapage accéléré, à la fois pour assurer sa souveraineté face à la menace nord-coréenne et pour sortir de la tutelle économique étrangère. 

L’État prend donc en main l’essentiel des leviers d’allocation des ressources !

Contrairement à un modèle purement communiste, où l’État détiendrait directement tous les moyens de production, le gouvernement de Park Chung-Hee maintient des structures privées, tout en exerçant un contrôle étroit sur leurs activités. 

Ce contrôle se manifeste par l’allocation stratégique des ressources, comme les crédits à taux préférentiels et les subventions, accordées uniquement aux secteurs jugés prioritaires pour le développement national. 

Par cette politique de discrimination économique, l’État impose aux entreprises de suivre rigoureusement les objectifs définis par le plan économique national, faisant des grandes industries privées des exécutants de la vision étatique.

Au fil des années 1960, grâce à l’apport de capitaux extérieurs, notamment américains et japonais, et grâce à l’endettement massif du pays, les bases d’une industrialisation se mettent en place.

L’un des piliers de la stratégie de Park Chung-Hee est de tout miser sur la capacité à exporter. En effet, pour un pays relativement pauvre et au marché intérieur limité, la croissance doit reposer sur la conquête de débouchés internationaux. 

Pour cela, il est nécessaire de maintenir des coûts salariaux peu élevés, de dévaluer la monnaie coréenne, le won, afin de rendre les produits exportés plus compétitifs, et de favoriser l’investissement dans des infrastructures portuaires ou routières. 

Les entreprises qui se conforment à ces objectifs reçoivent un soutien financier massif sous forme de taux d’intérêt très bas, de réductions fiscales et d’accès quasi gratuit à des terrains expropriés par l’État. 

En revanche, elles s’exposent à des sanctions sévères si elles n’atteignent pas les performances attendues. Cette logique est souvent décrite comme le “modèle du bâton et de la carotte” : les récompenses sont considérables pour les industriels performants, mais l’État n’hésite pas à punir, parfois par la prison, les dirigeants qui ne respectent pas les directives et qui voudraient détourner l’argent public vers des activités spéculatives ou non productives.

Dans ce cadre, le marché intérieur reste protégé de la concurrence étrangère pour ce qui relève des biens manufacturés, afin de consolider les nouvelles entreprises locales. Les importations, lorsqu’elles sont autorisées, concernent majoritairement des biens d’équipement utiles à l’industrialisation.

Au fil de la décennie 1960, le gouvernement cible davantage les secteurs où il estime que la Corée du Sud peut rapidement acquérir des avantages comparatifs comme le textile. 

Puis, à mesure que la main-d’œuvre acquiert de l’expérience, l’État encourage la montée en gamme : on investit dans la sidérurgie (avec la création de la société POSCO en 1968, dont le financement provient en grande partie des réparations payées par le Japon), dans les chantiers navals (Hyundai Heavy Industries, née au début des années 1970), et dans des projets d’automobiles (Hyundai Motor Company, qui collabore initialement avec des firmes étrangères comme Ford ou Mitsubishi pour apprendre la construction de véhicules). 

Cette montée en puissance touche également l’électronique : Samsung, qui jusque-là se consacrait à des activités commerciales variées, se lance dans les composants électroniques et commence à acquérir des licences à l’étranger pour en maîtriser la technologie.

Ce soutien étatique, couplé à la discipline de la main-d’œuvre coréenne, aboutit assez vite à une forte expansion des exportations. 

Les chiffres sont à cet égard éloquents : alors qu’en 1962 la Corée du Sud affiche un PIB par habitant d’à peine une centaine de dollars, et des exportations dérisoires, les années 1970 voient une croissance annuelle moyenne avoisinant 8 à 9 %.

Le volume des exportations passe de quelques centaines de millions de dollars à plusieurs milliards en moins d’une quinzaine d’années.

Les conglomérats industriels, qu’on baptisera “chaebols”, commencent à dominer le paysage économique. 

Ces chaebols, tels que Samsung, Hyundai, LG ou Lotte, sont des groupes familiaux dont la structure est tentaculaire : un même conglomérat peut posséder des filiales dans des secteurs aussi variés que la chimie, la métallurgie, l’électronique, les assurances, la banque, l’automobile, le BTP ou encore le commerce de détail.

On voit ainsi apparaître des dynasties familiales exerçant un contrôle sur des pans entiers de la production nationale, tout en étant elles-mêmes fortement redevables à l’État pour l’argent investi dans leur croissance.

Cette industrialisation accélérée s’effectue néanmoins au prix de lourds sacrifices en matière de droits et libertés. Le régime de Park Chung-Hee réprime vigoureusement les syndicats indépendants et ne tolère pas les grèves susceptibles de provoquer une hausse substantielle des salaires. 

Les conditions de travail sont souvent très dures dans les années 1960 et 1970 : longues journées, rareté des congés, obligation de dépasser les quotas de production. 

Les femmes et les jeunes, nombreux à quitter la campagne pour rejoindre les zones industrielles, se retrouvent à travailler dans les usines de textile ou d’électronique pour des salaires bas, mais la plupart y voient tout de même une amélioration par rapport aux conditions agricoles précaires. 

Le gouvernement s’efforce en parallèle d’améliorer la productivité agricole et le développement des village en encourageant des coopératives locales et en fournissant des semences ou engrais subventionnés : cette politique sera symbolisée par le mouvement Saemaul Undong, lancé en 1970, qui consiste à doter les communautés rurales de matériaux de base, tout en les laissant libres d’organiser leurs travaux collectifs.

Les villages qui s’avèrent les plus performants bénéficient ensuite d’un soutien accru, tandis que ceux qui restent inefficaces ou désorganisés se voient privés de ressources supplémentaires. 

Cette approche peut être comparée au principe de “donner une canne à pêche plutôt qu’un poisson” : l’objectif étant d’inciter les villages à devenir autosuffisants et compétitifs en leur offrant des outils et des opportunités plutôt qu’une simple aide ponctuelle. 

Cette méthode combine la discipline imposée d’en haut et la responsabilisation à l’échelle locale, ce qui donnera des résultats notables dans certains endroits, mais n’évitera pas un exode rural massif vers les grands centres urbains, notamment Séoul, Busan et Daegu.

Ce mouvement est désormais reconnu comme un modèle pour les pays en développement. En 2011, le président sud-coréen l’a d’ailleurs institutionnalisé en tant que référence pour l’aide publique au développement coréenne, consolidant son importance dans la coopération internationale.

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Au milieu de la décennie 1970, la Corée du Sud est déjà considérée comme l’un des pays en développement les plus dynamiques, à l’image des autres “tigres asiatiques”. 

Elle surpasse, en rythme de croissance, un grand nombre d’États d’Afrique, du Moyen-Orient et même d’Amérique latine.

Mais l’économie coréenne se caractérise par une forte dépendance envers l’endettement, car la dette extérieure de la Corée du Sud ne cesse de croître à des rythmes exponentiels.

Entre 1961 et 1986, la dette extérieure de la Corée du Sud a connu une augmentation spectaculaire, reflétant la stratégie d’industrialisation rapide et de développement économique adoptée par le pays.

En termes absolus, la dette extérieure est passée de 83 millions de dollars en 1961 à plus de 44 milliards de dollars en 1986, témoignant de l’ampleur des emprunts nécessaires pour financer les grands projets industriels et d’infrastructure, ce qui expose potentiellement le pays à des risques de crise financière en cas de durcissement des conditions de crédit internationales.

Malgré une politique nationale offrant des prêts subventionnés à taux faibles pour financer l’industrialisation, les entreprises étaient fortement incitées à emprunter à l’étranger qui offraient des taux encore plus avantageux, avec un différentiel de 14 % par rapport aux prêts domestiques entre 1966 et 1970.

De plus, l’inflation élevée dépassait souvent la dépréciation du won, rendant le coût réel des emprunts extérieurs encore plus attrayant. 

Les banques locales, malgré leur rôle clé, ne pouvaient pas toujours répondre à la forte demande de financement, notamment pour les projets ambitieux nécessitant des devises étrangères pour l’importation d’équipements et de technologies. 

Ainsi, l’endettement extérieur permettait aux entreprises d’accéder à des capitaux abondants et peu coûteux, essentiels pour soutenir la croissance rapide et orientée vers l’exportation de l’économie sud-coréenne.

Par ailleurs, la protection quasi absolue du marché intérieur couplée à l’encouragement forcené des exportations crée une structure économique parfois bancale : les chaebols produisent pour l’étranger, se développent massivement, mais innovent assez peu par rapport à la concurrence mondiale. Ils procèdent souvent par acquisition de licences ou par imitation des technologies venues du Japon ou de l’Occident, sans avoir encore une forte base de recherche interne.

Mais les années 1980 voient déjà un léger infléchissement de la politique économique : le régime autoritaire ne disparaît pas immédiatement suite à l’assassinat de Park Chung-Hee en octobre 1979 par les services secrets coréens, mais il se montre plus sensible aux nécessités d’ouverture commerciale et financière. 

Sous la pression du gouvernement américain, qui cherche à encourager la liberté économique et à freiner les exportations asiatiques trop subventionnées, la Corée est incitée à accepter davantage d’investissements étrangers et à déréglementer certains secteurs. 

Parallèlement, la montée des salaires devient inévitable, car le niveau d’éducation de la population progresse sensiblement et les ouvriers commencent à s’organiser pour revendiquer de meilleures conditions.

Ainsi, les années 1980 constituent une charnière pour l’économie sud-coréenne. 

D’un côté, les chaebols demeurent très puissants et le protectionnisme reste élevé ; de l’autre, l’État comprend que la production de masse à bas coût ne saurait durer éternellement et que le pays doit miser sur l’innovation, la recherche et le développement pour ne pas se retrouver concurrencé par d’autres économies émergentes.

Le gouvernement sud-coréen décide d’encourager la création de centres de recherche, de laboratoires universitaires et de former davantage d’ingénieurs. 

Dans les années 1970, les dépenses en R&D étaient modestes, mais elles ont connu une forte accélération dans les années 1980, stimulées à la fois par l’État et les grands conglomérats. 

Samsung, par exemple, fonde Samsung Electronics Research Institute et s’intéresse de près à la fabrication de circuits intégrés, LG mise sur l’électroménager et les téléviseurs couleur et Hyundai développe ses propres modèles automobiles, moins dépendants de la technologie japonaise. 

Aujourd’hui, la Corée du Sud se classe au quatrième rang mondial des pays les plus innovants et parmi ceux qui déposent le plus de brevets.

Dans le même temps, l’ouverture progressive du marché intérieur permet à des partenaires étrangers de venir investir sur le sol coréen, ce qui contribue à l’introduction de nouvelles méthodes de production et à un échange de savoir-faire.

La transition démocratique de la fin des années 1980 et du début des années 1990, symbolisée par l’élection d’un président civil en 1992, accélère encore cette tendance. 

À la veille de la crise financière asiatique de 1997, la Corée du Sud était considérée comme l’un des pays les plus performants d’Asie, avec un PIB par habitant d’environ 10 000 dollars, une progression fulgurante comparée aux 100 dollars enregistrés trente-cinq ans auparavant.

Les infrastructures (routes, ponts, grands ensembles urbains, réseaux de télécommunication) se sont considérablement développées, notamment dans la région de Séoul, qui abrite désormais près de la moitié de la population du pays dans son agglomération élargie.

Après la crise de 1997, la Corée du Sud se redresse de manière spectaculaire. 

Au début des années 2000, le pays profite d’une conjoncture internationale favorable à l’électronique, à l’automobile et à la construction navale : des marchés où elle a acquis une expertise de longue date. 

Le gouvernement démocratique cherche aussi à promouvoir l’image de la Corée sous un jour plus innovant. La croissance du PIB reprend un rythme soutenu, même si moins fulgurant qu’auparavant, et le PIB par habitant dépasse rapidement 20 000 dollars, plaçant la Corée dans la catégorie des pays à hauts revenus.

En parallèle, la Corée du Sud devient une puissance de plus en plus active sur la scène internationale, y compris dans le domaine de la diplomatie et du soft power. 

Le pays déploie son influence en participant à des missions internationales, en signant des accords de libre-échange et en soutenant l’essor de sa culture, la désormais fameuse Hallyu ou vague coréenne, regroupant la K-pop avec Gangnam Style, les dramas et les séries télévisées avec Squid Game, le cinéma, récompensé aux Oscars avec “Parasite” ou aux festivals internationaux avec “Old Boy”, et la pop culture en général. 

Cet aspect culturel constitue une forme de soft power qui rejaillit sur la notoriété des marques coréennes à l’étranger, favorisant la vente de produits électroniques, de cosmétiques ou d’automobiles coréens. 

Les touristes se rendent également de plus en plus dans le pays, séduits par ce mélange de haute technologie, de traditions confucéennes et de modernité effervescente.

Ce succès contraste profondément avec la trajectoire de son voisin du Nord qui, dans les décennies suivant la guerre de Corée, disposait initialement d’une économie plus prospère que celle du Sud, grâce à son industrialisation héritée de l’occupation japonaise et au soutien de l’Union soviétique.

Aujourd’hui, la Corée du Sud est une puissance économique et culturelle majeure, tandis que la Corée du Nord reste isolée, marquée par une stagnation économique profonde et un régime autoritaire. 

Cette divergence spectaculaire illustre les conséquences des choix politiques et économiques opposés pris par les deux nations après leur séparation.

Cependant, il ne faut pas oublier que la Corée du Sud reste confrontée à des défis majeurs. 

Outre les tensions politiques actuelles, marquées par des déclarations récentes sur la loi martiale et un climat d’instabilité, le pays doit également faire face à des problématiques profondes qui mettent à l’épreuve son modèle socio-économique.

1° 1° Le premier défi se situe sur le plan géopolitique, avec la présence d’une Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire et dirigée par un régime dictatorial imprévisible. 

À cela s’ajoutent les tensions avec la Chine, qui a tout intérêt à préserver l’existence de la Corée du Nord en tant que tampon stratégique, afin d’éviter une réunification sous influence américaine qui placerait un allié des États-Unis directement à sa frontière. Ces dynamiques complexes accentuent l’instabilité régionale et renforcent les enjeux stratégiques pour la Corée du Sud.

2° Le second enjeu est d’ordre social et démographique : la Corée du Sud affiche l’un des taux de fécondité les plus bas au monde, bien en deçà du seuil de renouvellement des générations, avec moins d’un enfant par femme. Certains évoquent même le risque d’une extinction démographique de grande ampleur.

Pour couronner le tout, le taux de suicide en Corée du Sud est l’un des plus élevés de l’OCDE, témoignant d’un malaise profond qui résulte de la culture de la performance et du manque d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. 

Les congés payés, bien que fixés à 15 jours par an, ne sont presque jamais entièrement utilisés, la moyenne étant de seulement 6 jours pris par an.

Bien que la durée légale du travail ait été abaissée à 52 heures par semaine, de nombreux employés continuent de travailler bien au-delà, 

avec une moyenne annuelle de 1 915 heures, parmi les plus élevées des pays de l’OCDE.

Ce modèle, loin d’être soutenable, met en lumière une pression sociale et professionnelle intense qui pèse lourdement sur la population.

3° Sur le plan purement économique, la Corée du Sud a conservé sa vocation exportatrice et son savoir-faire industriel, ce qui lui permet de rivaliser dans les secteurs de haute technologie comme les semi-conducteurs, la construction navale, l’automobile, et l’électronique mais, en dépit de cette réussite industrielle, la question de la résilience du modèle coréen reste posée. 

Les chaebols concentrent une part disproportionnée de la valeur ajoutée, et la mainmise des familles fondatrices sur ces entités colossales soulève des problématiques de gouvernance. 

Par ailleurs, l’État sud-coréen doit gérer des dépenses sociales croissantes, car le vieillissement de la population entraîne un besoin accru de services de santé, de retraites et de soutien aux personnes âgées alors que le pays ne dispose pas historiquement d’un État-providence aussi étoffé que certains pays européens.

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