Finance

Le Pouvoir Effrayant de BlackRock : L'entreprise qui Dirige le Monde !

BlackRock, géant de la gestion d'actifs, est admiré pour sa puissance mais critiqué pour son influence. Fondée par Larry Fink, l'entreprise gère plus de 9 000 milliards de dollars et suscite des débats sur son rôle dans l'économie mondiale.

BlackRock : une entité souvent aimée pour sa puissance et son efficacité, mais tout aussi souvent détestée pour son omniprésence et les polémiques qu'elle engendre.

Le géant mondial de la gestion d'actifs, est un acteur qui ne laisse personne indifférent et dans le monde des affaires et des finances, l’entreprise a suscité de vives réactions, oscillant entre admiration et aversion.

D'un côté, on l'admire pour son impact significatif, sa croissance fulgurante et sa capacité à proposer des solutions de placements toujours plus intéressantes.

De l'autre, on le critique souvent pour son influence démesurée dans l'économie mondiale et son rôle dans certaines controverses financières.

Co-fondée en 1988 aux États-Unis, par Larry Fink, qui a passé 35 ans à en faire le plus grand gestionnaire d'actifs au monde, cette entité qui était jusqu’à très récemment inconnue du grand public, fait régulièrement l’objet de controverses en plus d’être visés par certains manifestants au cours des différentes réformes des retraites.

Souvent présentés comme la main invisible du marché, certains estiment que le pouvoir de BlackRock est effrayant et que l’entité dirige littéralement le monde. L’entreprise est au cœur de tous les fantasmes.

Et son pouvoir inquiète au moins autant que son influence grandissante au sein des banques centrales et des Etats.

En effet, avec Vanguard et State Street, BlackRock possède des actions dans pratiquement toutes les grandes entreprises de la planète.

Qu’en est-il concrètement ?

BlackRock : le géant de l’ombre

Au cœur des mécanismes financiers mondiaux, se dresse BlackRock, une entreprise financière géante dirigée par Larry Fink. Sa présence discrète et omniprésente en a fait une actrice essentielle lors des crises majeures que l'économie mondiale a pu connaître jusqu’à présent.

En effet, la saga de BlackRock commence en 2008, lorsqu’elle joue un rôle central dans le sauvetage d’entités à Wall Street, telles que Bear Stearns, AIG, Fannie Mae ou encore Freddie Mac, au cours de la crise financière. Sans appel d'offres concurrentiel, BlackRock se voit confier la lourde tâche d'analyser et de nettoyer le désordre financier, bien qu'elle soit elle-même un actionnaire principal des banques qu'elle aide à renflouer.

Cet évènement propulse ainsi Larry Fink comme un homme ultra puissant propulsant par la même occasion son entreprise sur le devant de la scène.

12 ans plus tard, c’est-à-dire en 2020, en pleine pandémie de coronavirus, rebelote, la Réserve Fédérale choisit une nouvelle fois de faire appel aux services de BlackRock pour gérer son programme sans précédent d'achat d'obligations d'entreprises.

Une fois de plus, la multinationale s’est retrouvée à renflouer des entreprises dont elle était actionnaire, consolidant ainsi le statut de Larry Fink comme un acteur puissant de l'économie post-pandémique.

Jusqu’à très récemment et pour beaucoup, le nom de BlackRock restait méconnu. Cette discrétion est le fruit de la stratégie de Larry Fink, qui a intentionnellement œuvré dans l'ombre pendant 35 ans pour faire de BlackRock le plus grand gestionnaire d'actifs au monde, avec plus de 9.000 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

Aujourd'hui, l'entreprise gère des actifs variés allant de l’épargne retraite des individus sous forme de fonds de pension, jusqu'aux fonds souverains, en passant par des fonds de dotation universitaires ainsi que l’argent de millions d’investisseurs individuels, notamment au travers d’ETF qui représentent près de 65 pour cent des fonds investit chez le géant de Wall Street.

Pour se faire une idée, aux côtés de Vanguard et State Street, BlackRock possède plus de 80 pour cent de l’industrie des ETF ainsi que de nombreuses sociétés.

Apple, Microsoft, Google, Amazon, Pfizer, Pepsi ou encore Coca-Cola, BlackRock possède des actions dans toutes les entreprises les plus importantes et les plus influentes de la planète.

Pour mettre les choses en perspective, le bilan de la Réserve fédérale américaine n’est aujourd’hui “que” de 8.400 milliards de dollars !

La société est si puissante qu'elle est devenue une véritable machine à fantasmes, souvent qualifiée de "gouvernement fantôme" capable de changer le cours des événements et d'influencer le monde en fonction de ses intérêts.

Pourtant, Larry Fink reste une figure discrète, avec quelques apparitions occasionnelles chez certains médias. La preuve en est, en France, pratiquement personne ne le connaissait et la seule fois où le grand public a vraiment entendu parler de lui, c'était au sujet de la réforme des retraites, en 2019, qu'à en croire les rumeurs, il aurait lui-même piloté.

En tout cas, aujourd'hui, BlackRock est considérée comme l'institution financière la plus influente du monde, la plus grande banque de l'ombre et même l'entreprise qui possède le monde.

Pourtant, lorsqu’au cours d'une interview avec Bloomberg, il lui était demandé s'il était vrai qu'il était l'homme le plus puissant de la finance, il répondait : “je ne me considère pas comme quelqu’un de puissant".

Ainsi, bien que BlackRock ne puisse pas imposer sa volonté, en tout temps et en tout lieu, il est évident que son influence reste considérable, et est plus forte que jamais.

À chaque crise, le mastodonte qui pèse près de 10.000 milliards de dollars, en sort plus fort. Un tel niveau de contrôle est sans précédent dans l'histoire, lui conférant une influence significative.

L’ascension d’un géant

Si aujourd’hui, la société de gestion d’actifs est leader dans ce secteur, la voie du succès n'était pas tracée d'avance pour son PDG Larry Fink, bien au contraire.

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Avant de devenir ce qu’il est, Larry Fink a dû démontrer sa valeur et convaincre des clients répartis à travers le monde de lui confier leur argent.

Larry Fink avait 23 ans lorsqu'il a commencé à travailler à Wall Street en 1976. Submergé par les offres des meilleures banques d'investissement, il a choisi First Boston, où il a commencé à exercer dans le trading d’obligations, qui était alors un secteur plutôt tranquille.

En l’espace de seulement trois ans, il s'est vu confier la direction d'une activité quasi inconnue jusqu’alors : la structuration et le trading de titres adossés à des prêts hypothécaires.

Au cours de la décennie suivante, Fink est devenu une sorte de légende à Wall Street et sera derrière la création du marché de la titrisation de dettes de plusieurs milliers de milliards de dollars transformant le visage de la finance.

Jusqu’en 2008, ce marché, composé de prêts hypothécaires, de prêts à la consommation ou encore de prêts étudiants, achetés auprès des banques, puis découpés en morceaux, reconditionnés et vendus à des milliers d'investisseurs, contribuera à faire mettre l'économie mondiale à genoux.

Néanmoins, avant qu'elle ne devienne incontrôlable, la titrisation était considérée comme une innovation incroyable.

Larry Fink était considéré comme un fin stratège et son intérêt pour la politique et son sens stratégique l'ont aidé à acquérir une réputation de véritable génie de l'investissement.

À seulement 31 ans, il est devenu le directeur général le plus jeune de l'histoire de First Boston, où il a contribué à l’augmentation d’environ un milliard de dollars au résultat net de l'entreprise. Son futur était tout tracé : il finirait par diriger la firme.

Sauf qu’en 1986, l'étoile montante s'est effondrée peu de temps après l'un de ses plus grands succès. Son département a perdu l’équivalent de 100 millions de dollars suite à une mauvaise décision : Fink pensait que les taux d'intérêt allaient augmenter alors que la fin des années 80 marquait justement la baisse des taux d’intérêt autour de la planète.

Presque du jour au lendemain, Fink est passé d’une star de Wall Street à plus rien : les gens ont cessé de lui parler dans les couloirs jusqu’à l’exclure purement et simplement, anéantissant sa réputation et provoquant ainsi son départ de l’entreprise.

Alors que cet évènement aurait pu marquer la fin d’une carrière pour un grand nombre de personnes, à 35 ans, Larry Fink s’était juré de ne plus jamais se retrouver dans une situation où il ne maîtriserait pas pleinement les risques qu'il prenait.

Ainsi, en 1988, Larry Fink, Robert Kapito, Susan Wagner, Barbara Novick, Ben Golub, et Keith Anderson créent BlackRock en tant que filiale de gestion d'actifs de BlackStone, qui avait été fondée un an plus tôt par Stephen Schwarzman et Peter Peterson.

À l'origine, BlackRock était axée sur la gestion du risque et intervenait sur les marchés obligataires jusqu’en 1992, année durant laquelle BlackRock s'est séparée de Blackstone, en partie en raison des désaccords entre Fink et Schwarzman concernant la direction future de l'entreprise.

BlackRock est ainsi devenue une entreprise indépendante, toujours dirigée par Fink, et a commencé à élargir ses services pour inclure l'ensemble du spectre de la gestion d'actifs.

À l’époque, l’ancien de la First Boston, comprend que les marchés financiers vont connaître une évolution rapide et une mondialisation croissante comprenant par la même occasion que la clé pour se distinguer dans cet environnement concurrentiel était de remporter la bataille de l'échelle, c'est-à-dire de réduire les frais de gestion.

Ainsi, des frais plus faibles allaient forcément attirer plus d’investisseurs, dans un contextes où les marchés financiers commençaient à se démocratiser.

Au cours des décennies suivantes, BlackRock a connu une croissance fulgurante, en partie grâce à une série d'acquisitions stratégiques, dont celle de la division de gestion d'actifs de Merrill Lynch en 2006, et surtout celle de Barclays Global Investors en 2009.

Alors que de nombreux acteurs sont balayés par l'effondrement des marchés, comme Lehman Brothers, Fink saisit l'occasion pour faire des achats parmi les ruines.

Les avantages de ces opérations furent immenses puisque, non seulement elle propulse BlackRock au rang de leader mondial du secteur, mais elle permet également au groupe de mettre la main sur iShares, l'un des principaux spécialistes mondiaux des ETF qui ne sont alors qu’à leurs balbutiements.

BlackRock deviendrait ainsi le roi des ETF, un instrument simple, peu cher et incroyablement efficace qui transforme l’entité en la "machine de guerre" que la plupart décrivent aujourd'hui.

Néanmoins, bien que la taille de BlackRock soit impressionnante, ce qui les distingue réellement de la concurrence, c'est leur plateforme logicielle appelée Aladdin : un superordinateur qu'ils utilisent pour leurs clients.

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Aladdin : le vrai pouvoir de BlackRock

Avec 5.000 ordinateurs fonctionnant 24 heures sur 24, supervisés par une équipe d'ingénieurs, de mathématiciens, d'analystes et de programmeurs, la ferme d'ordinateurs de BlackRock surveille en permanence des millions de transactions quotidiennes et examine chaque titre dans les portefeuilles d'investissement afin d’améliorer la gestion des risques.

Aladdin qui l’acronyme anglais de "Asset, Liability, Debt, and Derivative Investment Network" est devenue LA plateforme informatique phare au cœur des opérations de BlackRock et a contribué à faire de la société un leader dans le domaine de la gestion d'actifs.

En effectuant des centaines de millions de calculs chaque semaine, Aladdin peut simuler tous les changements imaginables des taux d'intérêt et les fluctuations des marchés financiers.

BlackRock loue également l'accès à Aladdin à d'autres institutions financières, fournissant ainsi ses services tout en contrôlant les systèmes depuis son siège.

La clairvoyance de Larry Fink a ainsi permis à BlackRock d’être la première société comprenant l'importance de la technologie dans la finance. Au fil des années, Aladdin s'est développé et sa puissance n'a cessé de croître, au point que certains n'hésitent pas à le comparer aujourd'hui à une sorte de Google de la finance ouvrant les portes à BlackRock, jusque dans les ministères.

Cet outil a ainsi joué un rôle clé, notamment en 2008, alors que le monde traverse une crise financière qui n'avait pas été vue depuis la Grande Dépression nécessitant l’intervention de Washington pour renflouer certaines entités à Wall Street.

En effet, la crise financière de 2008 a vu BlackRock jouer un rôle significatif en tant que conseiller pour plusieurs entités importantes. La Réserve fédérale a ainsi choisi BlackRock pour analyser et gérer plusieurs portefeuilles complexes d'actifs détenus par des institutions financières en difficulté dans ce qui sera connu comme les Maiden Lane Transactions.

Lorsque la banque d'investissement Bear Stearns a failli s'effondrer en mars 2008, la Fed a acquis un portefeuille d'actifs hypothécaires de 30 milliards de dollars que Bear Stearns détenait. BlackRock a été engagé pour gérer ce portefeuille, désormais connu sous le nom de Maiden Lane I.

Plus tard, à l'automne 2008, lors du sauvetage de l’assureur AIG par la Réserve fédérale, BlackRock a de nouveau été engagé pour gérer des portefeuilles d'actifs complexes liés à AIG. Ces portefeuilles, connus sous les noms de Maiden Lane II et III, contenaient des actifs d'une valeur de 130 milliards de dollars.

BlackRock a également été retenu par la New York Fed pour gérer son portefeuille de titres hypothécaires d'une valeur de 1,2 trillion de dollars.

Ces actions ont considérablement renforcé la réputation du géant de Wall Street en tant que gestionnaire d'actifs et ont contribué à solidifier sa position en tant que l'une des plus grandes firmes de gestion d'actifs du monde.

Et cela ne s'est pas arrêté là.

En 2020, en réponse à la crise économique déclenchée par la pandémie de COVID-19, la Réserve fédérale a pris une série de mesures sans précédent pour stabiliser les marchés financiers. Une de ces mesures a été l'achat massif d'obligations d'entreprise, une démarche inhabituelle pour la Fed.

Aussi, pour faciliter ces achats, la Fed a retenu les services de BlackRock qui a été chargée de l'achat et de la gestion de ces obligations pour le compte de la Fed.

Cette décision a suscité certaines controverses dans la mesure où BlackRock possédait également des obligations d'entreprise dans ses propres portefeuilles de gestion d'actifs.

L’influence réelle de BlackRock

Arrivé à ce stade, il serait évidemment malhonnête de refuser d’admettre que BlackRock ne jouit d’aucune influence au niveau mondial.

Néanmoins, il fréquent d'exagérer son influence ou son pouvoir.

Pour l’anecdote, BlackRock n’est même pas dans le top 50 des plus grandes entreprises américaines. Sa valeur boursière est de 100 milliards de dollars, soit 10 fois que l’argent qu’elle gère et elle vaut 4 fois moins que notre fleuron français LVMH.

L’oréal, Hermès, Dior, Total Energies ou encore Sanofi sont des entreprises qui pèsent plus que BlackRock !

De plus, BlackRock n’est pas une banque contrairement à ce que certaines personnes prétendent. Il s’agit d’un gestionnaire d’actif pour compte de tiers. Autrement dit, les près de 10.000 milliards de dollars que gère l'entité ne lui appartiennent pas et elle ne les investit pas comme bon lui semble afin d’influencer et menacer les gouvernements ou les entreprises.

En d’autres termes, les gestionnaires d’actifs ne sont pas des organisations contrôlées par des personnes louches dont le but est de contrôler le monde : ils n'ont de pouvoir que celui que les millions d’investisseurs leur donnent.

Et c’est effectivement là où les vrais risques surviennent notamment en ce qui concerne le risque de gouvernance en vertu de ce que l’on appelle l'actionnariat commun.

BlackRock, aux côtés de Vanguard et State Street détiennent d'énormes quantités d'actions dans de nombreuses entreprises à travers leurs différents fonds d'investissement.

Aux États-Unis, la part des trois plus gros investisseurs institutionnels dans les entreprises du S&P 500, est passée de 5 pour cent en 1998 à environ 20 pour cent en 2017.

Par conséquent, dans la mesure où lorsque l’on est actionnaire, l’on possède des droit financiers, c’est-à-dire le droit de toucher des dividendes, ainsi que des droits politiques, c’est-à-dire le droit de participer aux décisions prises par la société, les géants de Wall Street se sont automatiquement retrouvés dans une situation que l’on appelle de proxy voting ou vote par procuration en français.

Or, la plupart des investisseurs particuliers oublient bien souvent cela et donc, si pour eux, toucher des dividendes est une évidence, ils acceptent volontiers de déléguer leur droit de votes aux gestionnaires d’actifs.

Forcément, cela préoccupe certains responsables quant aux risques que suppose ce système notamment en ce qui concerne :

1° La concentration des pouvoir : étant donné que BlackRock détient une si grande quantité de droits de vote, il est capable d’influencer les entreprises dans lesquelles il est présent,

2° Les conflits d’intérêt : dans la mesure où dans certaines situations BlackRock pourrait être tenté d'utiliser son pouvoir de vote pour soutenir des politiques qui sont bénéfiques pour lui, mais pas nécessairement pour ses investisseurs,

3° Ou encore la transparence : puisqu’il peut être difficile pour les investisseurs de savoir exactement comment le gestionnaire utilise ses droits de votes,

Néanmoins, il convient de noter que non seulement ces risque ne sont pas inhérents aux seuls gestionnaires d’actifs que sont BlackRock, Vanguard ou State Street et qu’ils s’appliquent donc à n’importe quel gestionnaire, État ou fonds souverain, mais, en plus, les géants de Wall Street ont commencé à donner à leurs investisseurs la possibilité de participer aux assemblées générale et ainsi reprendre le pouvoir de leurs droits politiques au travers du voting choice.

Tout cela, sans compter qu’en l’état actuel des études et des connaissances sur le sujet, aucun consensus ne se dégage sur l'effet global et les conséquences néfastes de l'actionnariat commun sur l'économie.

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