Analyse économique

Les Détroits du Monde : Enjeux Géopolitiques et Économiques des Voies Maritimes Stratégiques

Explorez l'importance stratégique des détroits, bien plus que de simples passages maritimes. Leur contrôle influence le commerce mondial et les rapports de puissance. Découvrez leurs enjeux géopolitiques majeurs, de Malacca à Ormuz, et leur impact sur l'économie globale.

Pour les personnes qui nous suivent depuis quelque temps, vous nous avez entendus parler à plusieurs reprises de détroits, comme celui de Malacca ou d’Ormuz.

Néanmoins, nous n’avons jamais abordé ce qu'est réellement le détroit, ni la fonction et l’utilité qu’il revêt, faute de temps  et nous nous sommes contentés de le définir comme un passage maritime.

Pourtant, bien plus que de simples passages maritimes, les détroits revêtent une importance capitale en géopolitique mondiale et sont en réalité de vraies armes de destruction massive en raison de leur rôle stratégique dans le contrôle des voies maritimes et du commerce international. 

Comprendre leur fonctionnement et leur utilité permet ainsi de mieux appréhender les rapports de puissance entre les acteurs mondiaux et les différents conflits qui peuvent parfois surgir.

Qu’est-ce qu’un détroit ? Quelles sont leurs utilités ? Quels sont les détroits les plus importants de notre siècle et quels enjeux soulèvent-ils ?

Une arme de destruction massive : les détroits

Pour faire simple, détroit peut être défini comme une formation géographique, naturelle ou non, connectant deux océans ou deux bassins hydrauliques. La connexion se fait généralement entre deux blocs terrestres qui forment une gorge, créant ainsi la connexion entre les deux bassins.

En explorant plus en détail la définition, nous pouvons distinguer deux principaux aspects. 

1° Le premier, a trait à l’aspect naturel ou non. Un détroit implique des phénomènes terrestres sur de très grandes échelles temporelles. Par conséquent, ce n'est pas un événement que les humains peuvent reproduire à leur guise tout en maîtrisant les conséquences. Cependant, tous les détroits ne sont pas d'origine naturelle et géologique. 

Les détroits d'origine humaine sont généralement appelés canaux, dont les plus célèbres sont les canaux de Suez et de Panama, qui ont tous deux permis de réduire de manière inédite les distances de transport avant l'avènement des chemins de fer et des avions. Néanmoins, pour faciliter l'explication, nous conserverons le terme de détroit, qu'il s'agisse de passages naturels ou de passages artificiels.

2° Le second aspect concerne la connexion entre deux bassins hydrauliques. Cela n’est un secret pour personne, notre planète est majoritairement recouverte d'eau, qu’il s’agisse d’océans ou encore de mers. 

Toutefois, ces étendues d'eau ne sont pas toutes regroupées en un seul point. Certaines peuvent être enfermées à l'intérieur d'un bloc terrestre, réduisant à néant leur possibilité de connexion au reste du réseau maritime. C'est le cas, par exemple, de la mer Caspienne. Ainsi, par exemple, sans le détroit de Gibraltar, la mer Méditerranée serait dans une situation similaire, isolée de l'océan Atlantique et de ses ramifications.

Bien que ces deux points soient primordiaux, d’autres caractéristiques importantes doivent également être soulignées lorsque l’on parle de détroits.

-Premièrement, la navigabilité. Il faut savoir qu’il existe des milliers de passages dans le monde, mais seule une fraction d'entre eux permet la navigation, soit parce qu'ils sont trop étroits pour une circulation sécurisée, soit parce qu'ils ne sont pas assez profonds pour le passage des navires commerciaux ou militaires.

-Deuxièmement, le cadre juridique. Plusieurs lois et cadres juridiques tentent d'encadrer la navigation et le contrôle des détroits au travers de traités internationaux et de lois régionales des pays concernés. Généralement, les traités internationaux prévalent en ce qui concerne la navigabilité des détroits commerciaux, sauf en période de conflit, évidemment, où les pays hôtes peuvent imposer des restrictions.

Pourtant, ce sont d’ailleurs principalement les États côtiers qui régissent la navigabilité, la sécurité et la défense du détroit, mettant souvent l'accent sur la souveraineté nationale plutôt que sur le droit international.

-Enfin, la circulation des biens et des personnes. Le commerce est un élément essentiel de notre civilisation depuis de nombreux siècles. 

Beaucoup d'avancées technologiques visent à faciliter le commerce, pour vendre plus et réduire les coûts, et l’importance économique des détroits est particulièrement visible dans le cas de détroits artificiels comme celui de Suez, qui a permis de réduire de moitié le trajet maritime entre Londres et le golfe-persique.

Toujours est-il que Wikipédia recense environ 200 détroits, canaux et passages. Mais, évidemment, comme on peut se l’imaginer, ils n'ont pas tous la même importance. 

C’est pour cela, qu’en réalité, parmi les plus importants d'un point de vue politique, militaire et économique, on peut notamment citer le détroit d’Ormuz, celui de Malacca ainsi que le détroit de Bab-el-Mandeb et le canal de Suez.

Pour se rendre compte de leur importance, on peut par exemple se focaliser sur le processus de fabrication d'un téléphone jusqu'à sa disponibilité dans les points de vente. 

Cela commence avec l'acquisition de produits énergétiques par la Chine depuis l'Arabie saoudite, nécessitant un passage par le détroit d’Ormuz. 

Ces mêmes produits énergétiques, associés à d'autres matières premières venant d'Afrique, traverseront ensuite le détroit de Malacca pour arriver dans les usines de Foxconn en Chine. 

Les iPhone y seront assemblés puis renvoyés par bateau vers l'Europe. Le vaisseau fera un nouveau passage par le détroit de Malacca, accèdera à la mer Rouge grâce au détroit de Bab-el-Mandeb, puis atteindra la mer Méditerranée en traversant le canal de Suez. 

Arrivé en Méditerranée, notre bateau accostera au port de Marseille, puis les produits arriveront dans vos magasins respectifs par porte-conteneurs et autres véhicules.

Le détroit de Malacca et Singapour

Bien évidemment, comment ne pas commencer par le détroit de Malacca. Nous en avons tellement parlé par le passé qu’il était inévitable qu'il figure sur notre liste. Le détroit de Malacca est l’étendue d’eau qui relie, à l'est, l’océan Pacifique à la mer de Chine méridionale et, à l’ouest, l’océan Indien. Le détroit est étroit, avec une largeur variant entre 65 et 250 kilomètres en moyenne, et couvre une longueur d'environ 800 kilomètres. 

Quatre pays ont des côtes ouvertes sur le détroit. Du nord vers le sud, il y a la Thaïlande, l'Indonésie, la Malaisie et Singapour tout au sud. Il est l’un des détroits désignés sous le terme “détroit utilisé pour la navigation internationale”, garantissant la libre circulation des vaisseaux étrangers.

Très tôt l’Homme a manifesté un grand intérêt pour ce détroit. Dès le 7ᵉ siècle, le détroit facilitait le commerce entre l'Inde et la Chine ainsi qu'avec l'ensemble des autres peuples sur la route. Il a été partie prenante des routes des épices et de la soie, et les tentatives d'attaque sur le détroit pour s'en approprier le contrôle sont légion.

L'Asie du Sud-Est est une région qui s'étale principalement verticalement entre les deux super blocs que sont la Chine et l'Australie. La forme et la disposition de cette région rendent très compliqué le passage de l'océan Indien à l'océan Pacifique de part et d'autre de la ligne terrestre. Les détroits, qui sont des sortes d'ouvertures entre les centaines d'îles présentes, sont le miracle qui permet la navigation entre ces deux zones sans avoir à contourner toute l'Australie ou toutes les îles indonésiennes. Bien que la zone dispose de plusieurs détroits, celui de Malacca reste celui qui permet le trajet le plus court entre l'océan Indien et la mer de Chine méridionale.

Il faut savoir que d’après les dernières données, près de 90.000 vaisseaux passent chaque année par le détroit. C'est plus que pour n'importe quel autre détroit que nous verrons aujourd'hui. 

En 2020, le ministère des Transports singapourien a indiqué qu'un tiers du volume mondial des échanges et 80% des exportations de pétrole vers l'Asie de l'Est passent par le détroit, avec comme principaux consommateurs et fournisseurs :

- La Chine, le Japon et l'Indonésie pour les importations de pétrole en provenance de l'Arabie Saoudite, des Émirats Arabes Unis, de l'Iran et de Bahreïn.

- Le Japon, la Chine et la Corée du Sud pour les importations de gaz naturel liquéfié, principalement du Qatar et d'Israël.

- La Chine et le Japon pour les exportations de produits manufacturés vers l'Europe, le reste de l'Asie et l'Afrique.

- La Chine, Taïwan et le Japon pour les importations de produits miniers en provenance de l'Afrique.

Ensuite, en 2016, ce sont 16 millions de barils qui passaient chaque jour par le détroit, volume uniquement surpassé par celui du détroit d'Ormuz.

En effet, jusqu'à récemment, la plus grande part du pétrole consommé par la Chine provenait d'Arabie Saoudite, à l'ouest du détroit. À cela s'ajoutent les exportations de pétrole de l'Iran et d'autres pays du Moyen-Orient. Et tout ce pétrole en transit vers la Chine passe pour 90% d'entre eux par le détroit de Malacca.

Enfin, en ce qui concerne le gaz naturel liquéfié, plus de 90 milliards de mètres cubes y ont transité en 2016.

Le truc, c'est que, le capitalisme et le commerce obligent à toujours pousser plus loin l’optimisation afin de réduire au maximum les coûts accessoires. Ainsi, le blocage temporaire de ce détroit, disons sur un an, qui voit passer 60% des importations et exportations chinoises, a le potentiel d’augmenter le coût des exportations à cause de l'allongement du trajet. 

Cette augmentation pourrait accélérer l'inflation dans les pays les plus dépendants des produits originaires de l'est du détroit, c'est-à-dire l'Afrique et l'Europe. Les pays de l'Est eux-mêmes, majoritairement dépendants sur le plan énergétique, pourraient voir leur coût énergétique augmenter au point de devoir mettre en place des mesures de rationnement.

Or, vous n’êtes pas sans savoir que les tensions entre la Chine et les États-Unis sont en pleine croissance.  Et une des variables contre la Chine dans ce conflit est précisément le détroit de Malacca. 

Pour se faire une idée, le point le plus étroit du détroit, mesurant 2,8 kilomètres, est sous la juridiction de Singapour, qui est un allié des États-Unis, à tel point que l’une de leurs bases militaires y est établie. Autrement dit, un conflit ouvert entre les deux superpuissances conduirait sans aucun doute à un blocus sur le détroit afin d’asphyxier littéralement la Chine en coupant ses importations énergétiques, raison pour laquelle le parti communiste a multiplié les actions pour réduire sa dépendance à ce passage en renforçant notamment ses relations et ses échanges avec la Russie sur le plan énergétique, en créant un pipeline depuis le Kazakhstan et le Turkménistan, ainsi que le développement des nouvelles routes de la soie.

Toujours est-il que, malgré ces actions, la Chine, ainsi que bien d’autres pays, continuent de dépendre de cette étendue d'eau de 65.000 kilomètres carrés coincée entre quatre pays.

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Détroit d’Ormuz et dépendance énergétique

Le deuxième détroit, qui est tout aussi, si ce n’est plus important encore que le précédent, c’est le détroit d’Ormuz. 

Bien qu’il soit moins connu, je vous assure qu’il est tout aussi important. Tous les grands détroits sont généralement liés.

Si bloquer le détroit de Malacca paralyserait grandement la Chine et par conséquent sa production industrielle, bloquer le détroit d’Ormuz mettrait à genoux la production énergétique mondiale, du moins en grande partie.

Avec une largeur variant de 39 kilomètres à son point le plus étroit à 95 kilomètres à son point le plus large, le détroit d’Ormuz sépare au nord, l’Iran et au sud, la péninsule arabique. Les pays de la péninsule immédiatement concernés par le détroit sont, du plus proche au plus éloigné : Oman, les Émirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite, le Qatar, Bahreïn, le Koweït et l’Irak. Les bassins hydrauliques que relient le détroit sont, au nord-ouest, le golfe Persique et au sud-est, le golfe d’Oman, donnant sur la mer d’Arabie, elle-même s’ouvrant sur l’océan Indien.

Concernant la juridiction du passage, le détroit d’Ormuz est classifié selon la Convention des Nations unies sur le droit de la mer comme un "détroit utilisé pour la navigation internationale"

Selon ce traité, le passage est libre pour les navires commerciaux au-delà des eaux territoriales des pays bordant le détroit, c’est-à-dire Oman et l’Iran.

À titre informatif, en 2016, le volume total de pétrole transitant par le détroit était de 18,5 millions de barils par jour, ce qui est le volume le plus élevé parmi tous les détroits. 

Le seul détroit s’en approchant est celui de Malacca, et c'est parce qu'une bonne partie du pétrole issu d’Ormuz y est acheminée ; 80% du pétrole brut selon les données de l’EIA. En 2018, les données indiquent un volume de produits pétroliers de 21 millions de barils par jour, équivalent à 21% de la consommation mondiale et en 2018, pas moins de 116 milliards de mètres cubes de gaz liquéfié ont été transportés par le détroit, ce qui représente 30% du volume total.

Enfin, d’après l’US Energy Information Administration, le nombre moyen de navires traversant le détroit chaque année entre 2015 et 2021 est de 21 000.

Comme vous l'aurez deviné, tous les pays cités sont connus pour être des pays arabes et, plus important, de gros exportateurs de produits énergétiques tels que le pétrole et le gaz naturel. En effet, tous figurent parmi les 15 premiers pays exportateurs de pétrole, et le Qatar est le plus grand exportateur de gaz. 

Or, tous ces pays, à l'exception de l'Arabie Saoudite et de l'Iran, n'ont pas d'accès direct à d'autres bassins hydrauliques. Ils dépendent donc presque exclusivement de ce détroit pour leurs exportations et importations primaires.

Le détroit d’Ormuz est considéré comme le point de passage stratégique le plus important du monde. Les différences ethniques et institutionnelles, principalement entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, ont créé des tensions entre ces derniers et le reste de la péninsule. Tensions qui se sont développées au fil des siècles. 

Le contrôle du détroit pouvant asphyxier l'une ou l'autre des parties, plusieurs conflits ont éclaté dans le passé avec pour objectif la prise du détroit. Téhéran a, à plusieurs reprises, menacé de fermer le passage pour diverses raisons, notamment les ingérences occidentales, et a été tenue responsable de plusieurs attaques dans la zone du golfe Persique.

Certains des pays concernés ont tenté et continuent de tenter de s'affranchir du passage par cette zone sous tension, en construisant notamment des pipelines passant par l'Arabie Saoudite, l'Irak et les Émirats Arabes Unis pour rediriger les matières énergétiques vers la mer Rouge ou vers le golfe d’Oman.

Le problème, c'est que la solution des pipelines, en plus d'être coûteuse à construire et à entretenir, est sujette aux conditions politiques des pays traversés. Malgré cela, cette solution ne substitue pour l'instant qu'une fraction des quantités exportées.

Sachant que 80% des produits pétroliers issus de ce détroit sont acheminés vers les pays d'Asie de l'Est, ce sont ces pays qui sont les plus exposés. Et sachant que toute l'Asie, l'Europe et l'Afrique dépendent, d'une façon ou d'une autre, des exportations chinoises et japonaises, ce sont les deux tiers du globe qui bénéficient du bon fonctionnement du détroit. 

Raison pour laquelle les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont renforcé leur présence militaire dans la zone pour dissuader l'Iran ou tout autre élément perturbateur de toute attaque.

Canal de Suez et Détroit de Bab-el-Mandeb

Pour finir, les deux passages restant, que sont le canal de Suez et son voisin, le détroit de Bab-el-Mandeb, ont un point commun.

En fait, le canal de Suez est un détroit artificiel ! Construit en 1869, il sépare, d'une part, le continent égyptien de sa péninsule du Sinaï et, d'autre part, l'Afrique de l'Asie. Seul l'État égyptien a autorité sur le canal, en plus des traités internationaux. Le canal a une largeur de 312 mètres à son point le plus étroit et s'étend sur 193,3 kilomètres de long.

Le canal de Suez, aujourd'hui entièrement administré par la Suez Canal Authority, un groupe étatique, ouvre l'accès de la mer Rouge à la Méditerranée et, par conséquent, à l'océan Atlantique.

Quant au détroit de Bab-el-Mandeb, connu également sous le nom de "porte des lamentations", il relie la mer Rouge au golfe d'Aden, qui débouche sur l'océan Indien. D'une largeur moyenne de 32 kilomètres, le détroit est bordé par les côtes du Yémen à l'est et celles de Djibouti et de l'Érythrée à l'ouest.

À eux deux, ces détroits permettent la connexion la plus rapide et la plus courte entre l'océan Indien et l'océan Atlantique. Avant l'ouverture du canal de Suez en 1960, la distance entre Londres et la mer d'Arabie était de 20.900 kilomètres, dans la mesure où les navires devaient passer par le sud de l’Afrique, par le cap de bonne espérance.

Désormais, le chemin parcouru est réduit de près de la moitié et n’est plus que de 12.000 kilomètres. 

Ces détroits facilitent le transport vers l'Europe de cargos en provenance d'Asie de l'Est, notamment de Chine, ainsi que ceux venant de la péninsule arabique, économisant ainsi des milliards de dollars chaque année grâce à cette prouesse d'ingénierie.

En ce qui concerne la juridiction, les deux détroits ne sont pas soumis exactement aux mêmes lois internationales. Le détroit de Bab-el-Mandeb est considéré comme des eaux internationales, offrant ainsi aux navires un droit de transit. Quant au canal de Suez, il est considéré comme un "détroit utilisé pour la navigation internationale", garantissant aux navires commerciaux une libre circulation, sous réserve de verser un droit de passage à l'Égypte.

En 2022, plus de 22.000 navires ont traversé le canal de Suez, la moyenne des 50 dernières années étant d'environ 18.000.

En 2016, se sont 6 millions et 5,5 millions de barils de produits pétroliers qui traversaient chaque jour les détroits de Bab-el-Mandeb et de Suez, respectivement, selon l'US Energy Information Administration.

Les détroits de Suez et de Bab-el-Mandeb voient principalement passer, en direction de l'Europe, des produits manufacturés issus des centres industriels chinois et japonais, y compris nos iPhone et des produits pétroliers et gaziers de la péninsule arabique, surtout en direction de l'Europe, particulièrement depuis la crise Ukraine-Russie.

L'autre option viable pour ces trajets serait de contourner l'Afrique, ajoutant près de 10 000 kilomètres au voyage, augmentant ainsi les coûts de transport et, par conséquent, le prix final des produits.

Or, c’est précisément ce qu’il se passe actuellement !

Bien que l'Arabie saoudite dispose de milliers de kilomètres de côtes, aucun n'est directement relié à un océan. Bab-el-Mandeb est essentiellement sous la responsabilité du Yémen. Ainsi, pour maintenir un certain contrôle sur ce point de passager et contrer l'influence iranienne au Yémen, l'Arabie saoudite a massivement financé le gouvernement yéménite depuis 2015, afin d'empêcher la prise de contrôle du détroit par les rebelles Houthis. 

Entre 2014 et 2020, plusieurs navires ont été attaqués par des missiles, des mines et des bateaux suicides en provenance des forces Houthis le long de la mer Rouge.

Mais, aujourd’hui, avec les conflits en Israël et en Palestine, les attaques houthis ne cessent de croître.

Ainsi, le passage par la mer Rouge pourrait être définitivement abandonné si l’on considère les insécurités grandissantes dans la corne de l’Afrique et au Moyen-Orient, faisant augmenter le coût final des produits importés.

Tout cela aurait évidemment pour conséquence de nourrir l’inflation qui semblait pourtant retrouver des niveaux dits normaux.

Conclusion

Pour conclure, jusqu'à très récemment, les détroits de Suez, de Bab-el-Mandeb et de Malacca assuraient le trajet le plus court entre la région Chine-Japon et l'Europe. Mais le changement climatique est sur le point de changer la donne.

En effet, la fonte récente des calottes glaciaires a révélé un nouveau trajet, la Northern Sea Route, passant par le nord de la Sibérie et réduisant de plusieurs kilomètres la distance des trajets mentionnés. Si en hiver, l'utilisation de cette nouvelle route sans brise-glace s'avère impossible, en été, en revanche, le trajet pourrait devenir la nouvelle norme.

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