Depuis le début de 2025, quelque chose de très étrange se passe sur les marchés financiers : le prix de l’or atteint des sommets jamais vus.

Au début du mois d’avril, l’once a atteint son plus haut niveau historique se rapprochant des 3200 dollars l’once !
Une hausse de plus de 15 % depuis le début de l’année, du jamais-vu depuis presque 40 ans.

Fait intéressant, les États-Unis ont importé plus de 30 milliards de dollars en lingots d’or. Il s’agit de l’un des montants mensuels d’importation de ce métal précieux les plus importants de toute leur histoire. Qui plus est, la majorité de ces importations provenaient de Suisse, historiquement l’une des principales réserves d’or de la planète.

D’ailleurs, le fait que les États-Unis importent soudainement autant d’or depuis la Suisse a été interprété par de nombreuses personnes comme un signe de crise financière imminente.
Selon cette hypothèse, certains investisseurs américains auraient accès à des informations privilégiées indiquant une crise financière, voire une crise monétaire naissante, contre laquelle on ne pourrait se protéger qu’en détenant de l’or physique.
D’où ces importations massives.
Mais d’où vient cette folie ?
Est-ce vraiment le refuge ultime qu’on nous vend depuis des décennies, ou juste une bulle gonflée par la panique ?
Et surtout, qu’est-ce que ça implique pour vous, que vous soyez investisseur débutant ou simplement curieux de ce qui se passe dans le monde ?
L’Or explose en 2025 !
Commençons par poser les faits:
En janvier 2025, les États-Unis ont importé plus de 30 milliards de dollars de lingots d’or : un des chiffres mensuels les plus élevés de leur histoire.
Et d'où vient cet or ? Principalement de Suisse, un pays qui est depuis des décennies une des plus grosses réserves mondiales de ce métal.

Mais ça ne s’arrête pas là.
Au début du mois d’avril, l’once a atteint son plus haut niveau historique se rapprochant des 3200 dollars l’once !

Sur les 12 derniers mois, la hausse est de plus de 40 %, et depuis le début de l’année 2025, plus de 15 %, soit la plus forte progression depuis 1986.
Pour vous donner une idée, en 1970, une once valait 35 dollars. Aujourd’hui, c’est presque 100 fois plus.

Et si on regarde sur 50 ans, cette courbe suit de près la dette américaine, qui explose maintenant à 35 trillions de dollars – 35 000 milliards. Un lien ? On va y revenir.

Mais ce n’est pas juste une histoire de prix.
La demande est partout, et elle est massive. Prenez les fonds ETF qui suivent l’or : au premier trimestre 2025, ils ont attiré 12,5 milliards de dollars, le plus gros afflux depuis la panique de 2020 avec le Covid.

Sur le marché physique, les stocks aux États-Unis grimpent à des niveaux jamais vus : 44,5 millions d’onces récemment, avec des lingots qui arrivent par tonnes, surtout depuis la Suisse.

Paradoxalement, cela a pour effet de creuser le déficit commercial entre les US et la Suisse : l’effet inverse recherché par Trump avec sa guerre commerciale.

Et pourquoi la Suisse ?
Parce que là-bas, on refond l’or en lingots de 100 onces, le standard des contrats américains, contre 400 onces à Londres.
Les particuliers, eux, ne sont pas en reste : ils achètent des pièces, des barres, tout ce qu’ils peuvent stocker. Et les banques centrales suivent le mouvement.

Mais il y a un détail qui intrigue.
En janvier, le marché des futurs sur l’or, ces contrats qui promettent une livraison à une date future, s’est emballé.
Le prix des futurs dépassait le prix spot, l’or livré tout de suite, de 40 à 50 dollars par once.

D’habitude, cette différence, qu’on appelle le contango, tourne autour de 13-15 dollars, ce qui est normal : elle reflète essentiellement les coûts de stockage, d’assurance et de financement associés à la détention d’or dans le temps..
Là, elle a explosé à des niveaux rares.
Pourquoi ?
Parce que les traders anticipent des opportunités d’arbitrage : ils vendent des contrats futurs à prix élevé, achètent de l’or spot moins cher à l’étranger, le font venir aux États-Unis — souvent via la Suisse pour le refondre — et le stockent.
Une opération rentable : avec un contango de 50 dollars, les gains couvrent largement les frais logistiques et financiers.
Résultat : des importations massives (30 milliards de dollars en un mois) et des stocks physiques en forte hausse.
Et ce n’est pas tout. La demande ne vient pas que des traders, il y a aussi les industriels – le secteur tech, avec l’IA, a augmenté sa consommation d’or de 7 % en 2024 par rapport à 2023.

Les particuliers achètent pour se protéger, les États pour diversifier, bref on a un marché sous pression, où tout le monde veut sa part, mais où personne ne sait vraiment jusqu’où ça ira.
Alors, d’où vient cette frénésie ?
Les raisons de la flambée
Alors, pourquoi l’or grimpe comme ça ?
Tout repose sur la demande.
L’offre, elle, ne change presque pas. Chaque année, les mines sortent 1 à 1,5 % du stock total d’or disponible, des dizaines de milliers de tonnes accumulées depuis l’Antiquité.

Alors, évidemment, plus le prix de l’or grimpe, plus les entreprises minières sont incitées à en extraire davantage afin de profiter de marges plus élevées.
En effet, leurs coûts de production restent relativement stables, tandis que les prix de vente augmentent, ce qui améliore leur rentabilité.
Pour autant, l’offre d’or évolue lentement dans le temps et reste globalement stable.


Bien sûr, la découverte d’un gisement exceptionnel pourrait bouleverser l’équilibre, mais ce genre d’événement est extrêmement rare.
Ainsi, si le prix de l’or bondit de 40 % en un an, ce n’est pas parce que l’offre a changé brutalement, mais bien parce que les acheteurs sont disposés à payer plus cher.
Mais pourquoi ?
Il y a trois gros moteurs, et ils sont liés.
Le premier, c’est les droits de douane de Trump. En janvier 2025, quand il menace d’imposer 25 % de taxes sur tout ce qui entre aux États-Unis, les investisseurs réagissent.

Si l’or importé devient 25 % plus cher demain, autant le faire entrer maintenant, avant que les barrières tombent.
Du coup, la demande de contrats futurs explose.
Pourquoi les futurs ?
Parce que si vous pensez avoir besoin d’or en janvier 2026, vous n’allez pas l’acheter aujourd’hui et payer deux ans de stockage, entrepôts, sécurité, capital bloqué, etc. ça coûte une fortune.
Non, vous prenez un contrat futur qui vous livre l’or plus tard, directement aux États-Unis, sans passer par les tarifs douaniers.

Résultat : le prix des futurs grimpe plus vite que le spot, le contango s’élargit à 40-50 dollars par once, contre 13-15 d’habitude.
Et les traders en profitent : ils vendent ces contrats chers, achètent l’or spot à l’étranger, le font venir et le stockent aux États-Unis.
Une opération sans risque : ils ont déjà l’or en main pour honorer le contrat, et le contango (c’est quand le prix d’un contrat à terme est plus élevé que le prix spot (le prix actuel de l’actif) couvre les frais). En janvier, ça a poussé les importations à 30 milliards de dollars, et ça continue.
Mais ce n’est pas juste une histoire de traders malins. Ce contango énorme, il montre une peur : si les droits de douanes sont totalement appliqués, l’or étranger deviendra hors de prix.
Alors, autant l’importer maintenant et le garder à l’abri aux États-Unis.
Une fois dedans, plus de taxes à payer pour les acheteurs locaux. C’est pour ça que les stocks physiques explosent.
En d’autres termes, la politique de Trump, alors même qu’elle n’était pas encore appliquée, déformait déjà le marché et les signaux prix.


Deuxième moteur : l’incertitude et les taux d’intérêt.
Quand le monde vacille, guerres commerciales, tensions géopolitiques, inflation, les gens veulent du solide. Pas des actions ou des obligations qui reposent sur des promesses futures, mais des actifs qui tiennent dans le temps.


L’or, c’est ça depuis toujours. Et là, ça aide que les taux réels, c’est-à-dire ce que rapportent les placements après inflation, soient au plus bas.
En Europe, ils sont à zéro, voire négatifs et aux États-Unis, ils baissent aussi.
Si la dette publique ne paie rien, pourquoi ne pas acheter de l’or ?
Il ne rapporte pas d’intérêt, mais il ne perd pas sa valeur.
C’est le coût d’opportunité : quand les taux réels sont bas, l’or devient une évidence.
Et les banques centrales enfoncent le clou : elles annoncent des taux faibles, voire négatifs, pour des années.

Pourquoi ? Parce que l’inflation ralentit, et elles baissent les taux nominaux en conséquence ce qui est un terrain idéal pour l’or.

Et puis, il y a une demande privée qui explose. Les investisseurs veulent du liquide, du sûr et pas des actifs risqués dont le rendement dépend de l’avenir, mais quelque chose qui protège leur patrimoine.
L’or, avec sa durabilité et sa densité de valeur, facile à stocker coche toutes les cases.
Troisième moteur : les banques centrales.

Depuis 15 ans, elles achètent plus d’or qu’elles n’en vendent. Mais depuis 2022, c’est une accélération brutale : 1000 tonnes par an, contre 500 avant.


Pourquoi ce virage ?
Tout part de 2022 : les États-Unis et l’Europe gèlent les réserves en dollars et euros de la Russie après l’invasion de l’Ukraine.
Une sanction qui fait réfléchir. Si vos dollars ou euros peuvent être saisis par vos rivaux, ils deviennent un risque.
Du coup, des pays comme la Chine ou la Russie se tournent vers l’or, un actif que personne ne peut confisquer.


La Chine, notamment, entasse des tonnes pour diversifier ses réserves et contrer le dollar.


Et ils ne sont pas seuls : d’autres nations, moins alignées sur l’Occident, suivent.

Résultat : une demande officielle qui tire les prix vers le haut.
Mais vous avez peut-être remarqué que le cours de l’or a connu une légère baisse récemment. Rien de dramatique, mais suffisamment pour se poser des questions : pourquoi l’or, qui avait atteint des sommets historiques en frôlant les 3 200 dollars l’once, a-t-il subitement reculé ?
Une des explications plausibles à cette correction modérée, c’est ce qu’on appelle un margin call. Alors qu’est-ce que c’est exactement ? Lorsqu’un investisseur emprunte de l’argent pour investir — ce qu’on appelle un effet de levier — il doit déposer une garantie auprès de son courtier. Mais si les marchés chutent brutalement, et que la valeur de ses actifs diminue, le courtier peut lui demander de remettre de l’argent sur la table pour couvrir les pertes potentielles. C’est ça, un margin call.
Dans ce contexte, beaucoup d’investisseurs étaient en forte plus-value sur l’or, qui avait flambé ces derniers mois. Pour répondre à leurs margin calls sur d’autres actifs en baisse, ils ont tout simplement vendu une partie de leur or, plus facilement monnayable et en bénéfice, pour dégager du cash et reconstituer leurs garanties.
Ce n’est donc pas un désaveu de l’or en tant que valeur refuge, bien au contraire. C’est plutôt un mouvement technique, lié à la mécanique des marchés sous stress. Et si les marchés venaient à se stabiliser dans les jours ou les semaines à venir, il est tout à fait possible que l’or reparte à la hausse, porté par la même dynamique de recherche de sécurité qui l’a fait exploser ces derniers mois.
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Que nous dit le passé ?
Pour comprendre cette ruée, regardons en arrière.
En 1971, Nixon change la donne. Il abandonne l’étalon-or : le dollar n’est plus convertible en or.

En dix ans, l’once passe de 35 à 800 dollars.
Pourquoi ?
Parce que la confiance dans le système s’effondre.
L’inflation explose et atteint 13 % aux États-Unis en 1979, le pétrole flambe avec les chocs pétroliers, et l’or devient le refuge.

Les gens ne croient plus au dollar, et l’or grimpe.
Aujourd’hui, avec une dette US à 35 000 milliards de dollars et des droits de douane qui menacent, on retrouve ce climat de méfiance. L’or à 3 200 dollars, c’est presque un écho de cette époque.

Autre moment clé : la Grande Dépression des années 1930.
En 1933, Roosevelt interdit aux Américains de posséder de l’or privé. Il fixe son prix à 35 dollars l’once par décret, une mesure brutale pour stabiliser une économie en chute libre.

Les gens doivent vendre leur or au gouvernement, sous peine de prison.
Mais dès que les restrictions s’allègent, après la Seconde Guerre mondiale, l’or repart à la hausse.
Pourquoi ?
Parce que les crises réveillent ce métal. Guerres, dettes, inflation : à chaque fois, il prend le relais. En 2025, c’est pareil : incertitude géopolitique, peur d’un dollar faible, et l’or qui explose.
Et puis, il y a des cas plus culturels.
En Inde par exemple, l’or, c’est une tradition millénaire. Les familles en achètent pour les mariages, pour les mauvais jours, bref dès que possible.

Chaque année, ce pays consomme 700 à 800 tonnes, presque un quart de la demande mondiale.

En 2025, avec l’économie globale qui tangue, cette habitude dope encore les prix.
Mais ce n’est pas tout. Pendant les crises passées, comme en 2008, la demande indienne a souvent amplifié les hausses.
Pourquoi ? Parce que l’or, là-bas, c’est une assurance, pas juste un investissement.
Et quand le monde doute, cette assurance devient universelle.
Alors, qu’est-ce que ça veut dire pour vous ?
L’or, on le vend comme un refuge depuis des siècles et c’est vrai : en période de crise, il tient bon.

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L’or physique, lui, c’est autre chose : pièces, lingots, ça rassure, mais ça demande de l’organisation, un coffre, de la sécurité, du temps.
Et la demande est là : les stocks US à 44,5 millions d’onces, les banques centrales à 1000 tonnes par an, les particuliers qui achètent à tour de bras.
Pour conclure, l’explosion de l’or en 2025, avec une once flirtant avec les 3200 dollars, c’est bien plus qu’une simple flambée des prix.
C’est le reflet d’un monde qui doute : des droits de douane de Trump qui secouent les marchés, des taux d’intérêt au ras du sol, et des banques centrales qui empilent les lingots pour se protéger d’un dollar vacillant.
L’histoire nous le rappelle : de Nixon en 1971 à la Grande Dépression, l’or brille toujours quand la confiance s’effrite.
Mais à quel prix pour nous ? Une bulle prête à éclater, ou un refuge qui tiendra bon face à l’incertitude ?