Finance

Obligations : La Grande Opportunité ? Est-ce le Moment d'acheter des Obligations ?

Depuis deux ans, la hausse continue des taux d'intérêt a provoqué une crise immobilière, mais les obligations ont retrouvé leur attractivité. Alors que les banques centrales ont commencé à réduire les taux, les investisseurs se demandent s'il est intéressant d'investir dans ces titres de dette.

Cela n’est un secret pour personne, depuis maintenant près de deux ans les taux d’intérêt n’ont cessé d’augmenter.

À tel point que la crise immobilière s’est faite ressentir, compte tenu de l’asséchement des liquidités et du durcissement des conditions d’octroi de crédits et donc forcément, dans un environnement de resserrement monétaire, le coût de l’endettement s’est accrue.  

La contrepartie de cette situation, c’est qu’avec la hausse des taux pour lutter contre l’inflation, les obligations ont repris des couleurs. Mais en même temps, il semblerait que l’inflation commence à être contrôlée et que les grandes banques centrales décident de baisser de nouveaux les taux d’intérêt à partir du milieu d’année.

Cela se reflète d’ailleurs sur les taux que paie le gouvernement français ou américain, par exemple, pour s’endetter, qui ont très largement baissé sur les deux derniers mois.

Ainsi, aujourd’hui plus que jamais, la question que de nombreux investisseurs se posent est : est-ce le bon moment d’en acheter. Si oui, comment ? Et quels sont les scénarios et les hypothèses qui font penser que c’est le bon moment, ou pas ?

Obligaquoi ?

Bonjour à toute la communauté et bienvenue pour une nouvelle vidéo, je suis Mathieu de la chaîne Libre&Riche !

Les obligations reprennent des couleurs ! 

Après plus d’une décennie de taux bas, les obligations ont progressivement et tout naturellement été boudées par les investisseurs. 

Mais la conjoncture des trois dernières années et la hausse brutale des taux directeurs des banques centrales ont permis de redonner de l’éclat aux obligations.

Et du coup, forcément, de nombreux investisseurs se demandent si c’est le bon moment d’y placer une partie de son argent.

Mais avant de répondre à la question, un petit rappel s’impose. 

En effet, contrairement aux actions qui sont plutôt connues du grand public, les obligations conservent une part de mystère.

Pourtant, ce qu’il faut savoir, c’est que le marché obligataire est l’un des plus grands en termes de taille, plus grande encore que le marché boursier, c’est-à-dire ayant trait aux actions.

En effets, d’après les dernières estimations, tandis qu’en 2022, la capitalisation boursière mondiale totale était de 101.200 milliards de dollars, le marché obligataire, lui, représentait pas moins de 129.800 milliards de dollars !

Une obligation est tout simplement un titre de dette émis par un gouvernement ou une entreprise cotée en bourse. Il s’agit donc d’un titre financier qui peut être échangé sur les marchés financiers.

Ainsi, en vertu de ce contrat, un investisseur prête de l’argent à une entité et, en retour, l'emprunteur s'engage à rembourser le montant du capital à son créancier à une date prédéfinie que l’on appelle maturité. 

Le fait d’émettre une obligation plutôt que des actions a deux grandes particularités, bien qu’il en existe de nombreuses.

La première, c’est qu’avec les obligations, les actionnaires conservent leur pouvoir sur l’entreprise alors qu’avec les actions, les propriétaires sont dilués et doivent partager le pouvoir avec de nouveaux investisseurs : on dit qu’ils sont “dilués”.

La seconde, c’est qu’en cas de faillite de l’entreprise, les investisseurs détenant des obligations seront remboursés en priorité sur les actionnaires qui pourraient potentiellement perdre la totalité de leur investissement.

Ainsi, pour se financer, et au lieu lever des fonds contre ses actions ou de contracter un prêt auprès d’une banque, une entreprise peut émettre par exemple une obligation à 10.000 euros à cinq pourcents avec une maturité de cinq ans.

Si un investisseur achète l’obligation lors de son émission à 10.000 euros, ce montant va dans les poches de l’entreprise.

Chaque année et tant qu’il détient l’obligation dans son portefeuille, l’investisseur reçoit un coupon de cinq pourcents, soit 500 euros.

À l’échéance des cinq ans, l’entreprise rembourse le capital de 10.000 euros.

Évidemment, il s’agit du fonctionnement basique d’une obligation, car il peut y avoir plusieurs types d’obligations et d’autres nombreux paramètres à prendre en compte.

À savoir que les obligations ont un jargon qui leur est propre. Entre la valeur nominale, le coupon, la maturité ou encore le prix d’émission, parfois, il peut être difficile de s’y retrouver, d’autant plus que sur le graphique d’une obligation, ce n’est pas un prix qui est affiché, mais un pourcentage, comme on peut le voir sur ce graphique représentant une obligation émise par Mercedes Benz : 

Pour faire simple :

La valeur nominale correspond à tout ou partie du montant prêté. Le coupon est calculé sur cette valeur.

Le coupon correspond au montant des intérêts que l'emprunteur versera aux investisseurs ayant acheté les obligations. Ce terme est une référence aux coupons de papier que l'on devait détacher des obligations physiques lorsqu'elles étaient encore utilisées sous cette forme. Ainsi, en calculant le rapport entre le montant du coupon et le montant nominal, on obtient le taux d'intérêt, c’est-à-dire le rendement. Un coupon de 5 euros pour un montant nominal de 100 euros correspond à un taux de rendement de 5 pour cent.

La maturité, quant à elle, correspond à la période entre l’émission de l’obligation et le remboursement du capital, c’est-à-dire l’échéance.

Et finalement, le prix d'émission est le prix payé par l’investisseur lors de l’émission. Ce prix peut être différent de la valeur nominale. On parle d'une émission “au pair” si les obligations sont émises à la valeur nominale et de prime d’émission si les obligations sont émises à une valeur supérieure ou inférieure à la valeur nominale.

Par exemple, on pourrait avoir le cas d’une entreprise qui émet une obligation à 10.500 euros, mais qu’il ne paie des intérêts non pas sur ces 10.500 euros, mais sur 10.000 euros. Auquel cas, on aurait bien un prix d’émission supérieur à la valeur nominale.

Il faut savoir que le marché des obligations est complexe avec des émetteurs différents et des modalités de remboursement différentes également.

En ce qui concerne les émetteurs, ils sont principalement composés des États et des entreprises.

Lorsqu’un État dépense plus que les recettes qu’il touche, il enregistre un déficit. Et pour financer ce déficit, l’État emprunte sur les marchés en émettant des obligations. La somme des déficits s’accumulant année après année constitue donc notre dette publique qui représente aujourd’hui plus de 3.000 milliards d’euros.

Plus un État est considéré comme solide, plus il peut prétendre à emprunter avec des taux bas. Les OAT françaises ou Obligations Assimilables du Trésor, les Bunds allemands ou encore les Treasury Bonds aux US sont traditionnellement considérés comme plutôt “sûres” par rapports à de la dette argentine, le Sri Lanka ou encore le Pakistan.

Concernant les entreprises, elles peuvent également émettre des obligations, bien qu’elles soient généralement considérées comme plus risquées que les obligations d’État et procurent généralement de meilleurs rendements.

Pour vérifier la solvabilité de l’émetteur, il peut être judicieux de se focaliser les notes attribuées par les agences de notation dont les trois principales sont Moody’s, Fitch et Standard & Poors.

Plus la note est bonne, plus l’émetteur peut prétendre à un taux d’intérêt bas, car, a priori, moins risqué et, inversement, plus la note est mauvaise, plus le taux d’intérêt de l’obligation émise sera important, car, plus risqué.

À cela, on peut également ajouter les modalités de versement des coupons ainsi que les modes de remboursement.

1° Pour ce qui est des modalités de versement des coupons, le taux peut être fixe si le versement est toujours le même, il peut être variable s’il varie en fonction de l’évolution des taux sur le marché par exemple, ou encore être un “coupon zéro”, auquel cas, il n’y a pas de versement de coupon tous les ans. Les coupons sont capitalisés et versés à l’échéance en même temps que le remboursement du capital.

2° Pour ce qui est des modalités de versement des coupons, ils peuvent être in fine, auquel cas, le capital est remboursé en totalité à la fin de l’échéance et seuls les intérêts sont versés pendant la durée de vie de l’obligation, comme dans l’exemple précédent, ils peuvent également être constants, ici, une partie du capital est remboursée chaque année ou encore progressif, auquel cas l’annuité est constante et comporte une partie de remboursement du capital et l’autre partie d’intérêt.

De la même manière, je n’entre pas plus dans les détails, mais il existe un grand nombre de types d’obligations, qu’elles soient convertibles ou remboursables en actions et même ce que l’on appelle des cocos bonds.

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Les risques d’acheter des obligations

Arrivé à ce stade, il convient de comprendre que si les obligations peuvent être une classe d’actif intéressante, elles ne sont pas sans risques. En effet, même si on a dit qu’il convient d’analyser la solvabilité des émetteurs, notamment au travers de la note qui leur est attribuée, afin de se prémunir contre le risque de défaut, c’est-à-dire la probabilité que l’emprunteur fasse faillite, là n’est pas le seul risque et il convient également de s’attarder sur la sensibilité du titre.

En effet, une obligation peut être cotée en bourse dans le but d'être achetée et vendue tout comme des actions. Si son prix varie en fonction de l’offre et de la demande, il dépend surtout des taux d’intérêt sur le marché, eux-mêmes directement liés au taux directeur de la Banque Centrale.

Même si cela peut paraître contre-intuitif, le prix d’une obligation varie en sens inverse des taux d’intérêt sur le marché.

Ainsi, dans le contexte actuel de taux d'intérêt élevés, les titres émis lorsque les taux étaient bas perdent énormément de valeur puisqu’il existe une relation inverse entre les taux d'intérêt et les titres de dettes telles que les obligations.

Concrètement, il y a deux facteurs à prendre en compte : la variation des taux d’intérêt d’une part et la durée de l’actif de l’autre.

En d’autres termes, plus les taux d'intérêt augmentent et plus la durée est longue, plus la valeur d’un actif se détériore.

Pour mieux illustrer mes propos, j’ai représenté sur un graphique la sensibilité d’une obligation pour une augmentation des taux d’un point de pourcentage et selon plusieurs échéances : 

Par exemple, pour une dette à 10 ans, le passage des taux de 4% à 5% fera chuter sa valeur de près de 8% !

Cette même variation d’un point de pourcentage pour une dette à 10 ans aura en revanche un impact plus élevé pour un passage des taux de 0% à 1% !

On voit donc que, plus la durée est élevée et plus la hausse des taux démarre de bas, plus l’impact sur la valeur des obligations sera grand.

Si l’on prend pour référence la situation américaine, les taux sur la dette à 10 ans sont passés d’environ 1% il y a de cela trois ans à environ 4% aujourd’hui. Cela suppose donc une augmentation de 3 points de pourcentage, soit, une chute de près de 24% sur la valeur des obligations américaines à 10 ans.

En guide d’exemple, imaginons la situation dans laquelle on place 100€ placés sur de la dette américaine à 4%. Cela permet d’empocher 4€, soit 104€ à la fin de l’année.

Entre-temps, les taux remontent à 5% et je souhaite revendre mon titre de dette. Sauf que, les investisseurs n’acceptent de me la racheter qu’à minimum 99€ car contre 100€, ils obtiennent 5€ de rendement contre les 4€ de rendement de mon titre.

Pour récupérer mon argent, je n’ai pas d’autre choix que de vendre à 99€ un titre que j’avais acheté à 100€. 

En effet, pour les investisseurs, acheter une obligation à 99€ versant un coupon de 4% revient exactement au même qu’acheter une obligation à 100€ versant un coupon à 5%. 

Dans le premier cas de figure, ils paient 99€ et reçoivent à la fin 4€ d’intérêt auxquels s’ajoutent le 100€ de capital, soit un gain final de 5€. 

Dans le deuxième cas de figure, ils paient 100€ et reçoivent 5€ d’intérêt à la fin pour un gain final de 5€ également.

On voit donc comment la hausse des taux provoque une baisse de la valeur de l’obligation.

C’est d’ailleurs précisément pour cette raison que les obligations redeviennent intéressantes dans la mesure où les taux directeurs ont grimpé en flèche depuis 3 ans.

Faut-il en acheter et comment en acheter ?

Arrivé à ce stade, la grande question est : faut-il acheter des obligations et si oui, comment ?

A priori, lorsqu’on lit les médias, on pourrait avoir un avis plutôt négatif. En effet, pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, la performance des obligations du Trésor américain ont baissé durant trois années consécutives. Pour se faire une idée, en 2022, la performance des obligations du Trésor américain a été de moins 17 %, soit, le double par rapport aux pertes de 2008. Pour mettre cela en perspective, il s’agit de la deuxième pire performance annuelle jamais enregistré pour les obligations du Trésor américain. La pire année fut 1788 ! Il y a de cela plus de 2 siècles ! On peut clairement dire que nous vivons une période historique et que les marchés obligataires actuels resteront gravés à jamais comment étant parmi les pires de l’époque moderne.

Pourtant, cela est justement la conséquence de la hausse soudaine des taux d’intérêt et du phénomène de sensibilité expliqué précédemment.

Or, aujourd’hui, le rendement des obligations redevient attractif avec un taux directeur qui s’établit à 4%. Les nouvelles obligations émises affichent des taux intéressants. Mais l’opportunité ne réside pas exclusivement dans le taux. Elle se joue également dans l’évolution potentielle du prix des obligations, car si les taux étaient amenés à baisser, tu l’as compris, le prix des obligations évoluerait à la hausse.

Ainsi, beaucoup d’investisseurs s’intéressent aujourd’hui aux obligations puisque pour eux, il y a une fenêtre de tir si les hypothèses suivantes se révèlent vraies.

Premièrement, les taux directeurs ont été relevés pour juguler l’inflation,

Deuxièmement, les obligations sont aujourd’hui émises à des taux intéressants,

Troisièmement, l’inflation reste élevée, mais paraît maîtrisée et pourrait baisser dans les prochains mois sous l’effet de la politique monétaire,

Quatrièmement, si l’inflation baisse, les Banques Centrales pourraient baisser leurs taux directeurs,

Et donc, finalement, le prix des obligations émises aujourd’hui pourrait grimper.

Dans ce scénario, investir aujourd’hui dans des obligations est une bonne idée. Non seulement les taux distribués par les obligations sont intéressants et, en plus, les obligations elles-mêmes peuvent apporter une plus-value à moyen terme par leur revalorisation. Autrement dit, du deux en un.

Sauf que, ce ne sont que des hypothèses et on n’en sait rien et personne n’est en mesure de prédire le futur, d’autant plus compte tenu des tensions géopolitiques internationales actuelles.

Il n’empêche que les obligations qui ont été boudées ces dernières années redeviennent attractives aux yeux de l’investisseur et pourraient reprendre une bonne place dans leurs portefeuilles puisqu’elles sont également une classe d’actifs généralement moins volatils que les actions.

Étape suivante, il faut savoir qu’investir en direct dans des obligations n’est pas chose facile pour l’investisseur particulier. Les tickets d’entrée pour acheter une obligation sont très élevés. C’est donc un marché essentiellement institutionnel.

Pour investir en obligation, il est possible de passer par les fonds euros de l'assurance-vie, mais dans ce cas, il n’est pas possible de choisir les obligations dans lesquelles on veut investir.

On peut aussi opter pour des fonds d’investissement, qu’il s’agisse de fonds actifs ou d’ETF obligataires.

Finalement, il est aussi possible d’investir en direct grâce à Trade Republic puisque depuis mi-septembre 2023, le courtier permet d’acheter des fractions d’obligations afin de se constituer un portefeuille d’obligation à partir de 10€ !

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