Si vous pensez que Tesla c’est juste des voitures électriques futuristes, eh bien détrompez-vous.
Derrière l’image high-tech et le patron flamboyant qu’est Elon Musk, l’entreprise a développé des sources de revenus souvent plus rentables que la vente de voitures.
Si le cours de l’entreprise s’est envolé en bourse suite à l’élection de Donald Trump et grâce à l’étroite relation qu’entretiennent désormais Elon Musk et le Président des États-Unis, on va voir comment la marque parvient à gagner de l’argent là où ses concurrents peinent encore, et surtout quels obstacles pourraient bientôt freiner cette success-story.
Tesla, Une Entreprise Différente des Autres Constructeurs
Ça ne fait aucun doute, Tesla se distingue des constructeurs automobiles traditionnels par une approche innovante et audacieuse de la vente et de la distribution de ses véhicules.
Contrairement à des géants comme Ford, Volkswagen ou Toyota, qui s’appuient sur un réseau étendu de concessionnaires indépendants, Tesla a choisi de vendre directement ses voitures aux consommateurs.
Cette stratégie de vente directe, sans intermédiaires, permet à l’entreprise de contrôler l’ensemble de l’expérience client, de la commande en ligne à la livraison.
Les clients peuvent personnaliser et réserver leur véhicule directement sur le site web de Tesla ou dans l’un de ses showrooms, éliminant ainsi la nécessité de passer par un concessionnaire traditionnel.
Cette approche offre une transparence accrue sur les prix et une relation plus directe entre Tesla et ses clients.
Ce modèle de distribution présente plusieurs avantages significatifs puisqu’en éliminant les intermédiaires, Tesla conserve des marges bénéficiaires plus élevées par véhicule vendu.
Par exemple, en 2022, Tesla réalisait un bénéfice net de près de 4 000 dollars par voiture, surpassant largement General Motors, BYD, Toyota et Volkswagen.

Cette performance financière exceptionnelle est en partie attribuable à l’absence de concessionnaires et à une maîtrise rigoureuse des coûts de production.
C’est d’ailleurs ce qui a permis à Tesla de doubler ses ventes en moins de deux ans, dépassant le million de véhicules vendus en 2022, tout en réduisant le prix moyen de ses voitures et en augmentant sa marge nette par véhicule vendu.

En effet, en 2024, Tesla a dégagé un bénéfice net d’environ 4 000 dollars par voiture vendue, selon les dernières données disponibles, bien que ce chiffre soit inférieur aux années précédentes et nous verrons plus tard les raisons de cette baisse.
Parallèlement, le prix moyen d’une Tesla a été divisé par deux, passant de près de 83 000 dollars à 40 500 dollars !

Évidemment, il convient de nuancer ces propos. Cela ne signifie pas nécessairement que les Tesla sont globalement moins chères qu’auparavant, bien que certains modèles aient effectivement vu leur prix baisser.
Ce qui a surtout permis cette dynamique, c’est l’introduction de modèles plus accessibles, comme la Model 3 et la Model Y, qui ont largement contribué à la hausse des ventes du constructeur !
En effet, tandis que les Model S et Model X ont des prix qui dépassent régulièrement les 100 000 dollars selon les options choisies :


Les Model 3 et Y sont bien plus abordables puisque autour des 40 000 à 60 000 dollars :


Cependant, cette stratégie comporte également des défis, le principale étant qu’en l’absence d’un réseau de concessionnaires pour absorber les fluctuations du marché, Tesla doit gérer directement les variations de la demande.
Et donc, forcément, en cas de baisse des ventes, l’entreprise supporte seule les risques financiers et opérationnels associés.
Pour autant, c’est évident, en se concentrant exclusivement sur les véhicules électriques, Tesla a pris une longueur d’avance dans l’électrification du secteur automobile ce qui lui a permis de dominer le marché des véhicules électriques pendant plusieurs années.
Cependant, face à une concurrence croissante, notamment de la part de constructeurs établis et de nouveaux entrants comme BYD, Tesla doit continuellement innover pour maintenir sa position de leader.
D’ailleurs, jusqu’à présent, le constructeur chinois a dépassé Tesla à deux reprises en termes de ventes de voitures électriques : au quatrième trimestre 2023 et au quatrième trimestre 2024.

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Le business caché de Tesla
Si vous continuez de croire que Tesla est uniquement un constructeur automobile, détrompez-vous !
Tesla ne se contente pas de vendre des voitures électriques. Derrière son image de constructeur automobile innovant, l’entreprise a développé des sources de revenus souvent méconnues du grand public, mais qui jouent un rôle clé dans sa rentabilité. Parmi elles, un business particulièrement lucratif repose sur la vente de crédits carbone.
Dans de nombreux pays, notamment aux États-Unis et en Europe, les constructeurs automobiles sont soumis à des réglementations strictes en matière d’émissions de CO₂.
Ceux qui ne respectent pas ces normes doivent acheter des crédits carbone auprès d’autres entreprises pour compenser leur dépassement.
C’est ici que Tesla tire son épingle du jeu. Étant donné que ses véhicules sont 100 % électriques et donc exempts d’émissions directes, l’entreprise accumule un grand nombre de crédits qu’elle peut ensuite revendre à ses concurrents, notamment des géants comme General Motors, Stellantis ou Ford, qui peinent encore à électrifier massivement leurs gammes.

Ce mécanisme s’est révélé être une véritable mine d’or pour Tesla puisqu’entre 2010 et 2024, l’entreprise a engrangé près de de 13 milliards de dollars grâce à cette activité, un montant qui représente une part significative de ses bénéfices.

Et le plus fascinant, c’est que cet argent représente presque un pur profit, puisque Tesla n’a rien à produire en contrepartie et n’engage aucune charge liée à cette source de revenus, si ce n’est la poursuite de la fabrication de véhicules électriques pour continuer à obtenir ces crédits.
Alors, certes, aujourd’hui, les sources de revenus de l'entreprise proviennent majoritairement de la vente de ses deux véhicules phares que sont la Model 3 et la Model Y, toujours est-il qu’en l’absence de cette source de revenu, son bénéfice se réduirait de près de 40% !
D’ailleurs, pour mieux se rendre compte, la vente de crédits carbone a généré presque autant de revenus pour l’entreprise que la vente combinée de ses modèles haut de gamme, les Model S et Model X !

Ces ventes ont évidemment joué un rôle déterminant, permettant à Tesla d’afficher un bénéfice positif en 2020 pour la première fois de son histoire. Sans les revenus issus de la vente de crédits carbone, son résultat net aurait été négatif, et l’entreprise aurait ainsi continué d’enregistrer des pertes.

Cependant, cet équilibre pourrait être bouleversé à l’avenir.
Deux facteurs majeurs menacent cette manne financière :
D’abord, l’essor des véhicules électriques chez la concurrence. À mesure que d’autres constructeurs développent et vendent davantage de véhicules électriques, leur besoin d’acheter des crédits carbone diminue progressivement. Certains grands groupes comme General Motors, Ford ou Volkswagen accélèrent leur transition, réduisant ainsi leur dépendance aux crédits réglementaires de Tesla.
Ensuite, le retour de Donald Trump à la présidence. Le Président américain, connu pour son scepticisme à l’égard des politiques environnementales, a annoncé son intention de réduire voire d’abolir les objectifs de réduction d’émissions imposés aux constructeurs automobiles.
S’il met effectivement fin aux obligations d’achat de crédits carbone, Tesla perdra une part majeure de ses revenus issus de ce système.

Déjà, Trump a signé un décret révoquant l’objectif fixé sous l’administration Biden selon lequel 50 % des voitures neuves vendues aux États-Unis devaient être électriques d’ici 2035.
Le risque est donc double : moins de demande pour ces crédits, et une possible suppression des réglementations qui les rendent nécessaires.
En 2024, 40% des bénéfices net de Tesla provenaient de ces crédits carbone et donc si ce marché disparaît ou se réduit fortement, l’entreprise devra compenser ce manque à gagner par d’autres segments, notamment ses ventes de véhicules, ses services ou encore son activité dans l’énergie.
De plus, concernant les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine pourraient également peser sur son activité, notamment si Trump applique des tarifs douaniers élevés sur les composants ou les véhicules fabriqués en Chine.
Malgré cette incertitude, Elon Musk semble toujours proche du pouvoir politique américain puisqu'il a consolidé ses liens avec l’administration Trump, et pourrait jouer un rôle clé dans certaines décisions économiques et technologiques. Ironiquement, même si Trump affaiblit les subventions pour les véhicules électriques, Musk lui-même s’est prononcé en faveur de la suppression du crédit d’impôt de 7 500$ à l’achat d’un véhicule électrique, estimant que cela nuirait davantage aux concurrents de Tesla qu’à l’entreprise elle-même.
Si ces changements réglementaires venaient à s’appliquer, l’entreprise pourrait voir son modèle économique fortement modifié.
Mais Tesla ne s’arrête pas là !
Une autre division en forte croissance est celle de l’énergie. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Tesla n’est pas seulement un fabricant de voitures, c’est aussi un acteur majeur dans la génération et le stockage d’énergie et les énergies renouvelables.

L’entreprise commercialise depuis plusieurs années des batteries domestiques Powerwall, des batteries industrielles Megapack, ainsi que des panneaux solaires sous la marque Tesla Solar. À tel point que, cette activité connaît une expansion rapide et affiche une croissance plus forte que celle des voitures.
En 2024, les revenus de sa division énergie ont progressé de 67% par rapport à l’année précédente, passant de 6 milliards de dollars à 10 milliards de dollars, contre une baisse de 7% de la vente de véhicules.

Ces solutions permettent non seulement aux particuliers et aux entreprises de stocker de l’électricité pour leur propre usage, mais elles sont également utilisées à grande échelle par des villes et des compagnies électriques pour stabiliser leur réseau énergétique.
Par exemple, l’Australie du Sud utilise des Megapacks de Tesla pour stocker l’énergie produite par les fermes solaires et éoliennes, ce qui permet d’éviter des coupures de courant et de réduire la dépendance aux énergies fossiles.

À mon sens, c’est cette composante du chiffre d’affaires qu’il conviendra de surveiller de près car les relais de croissance pourraient être exceptionnels !
Pour se faire une idée, Tesla gagne autant d'argent en vendant une seule et unique batterie Megapack qu'en vendant 100 véhicules électriques.

Pas étonnant qu’Elon Musk, suggère souvent que l’activité énergétique de l’entreprise pourrait un jour valoir plus que son activité automobile.

Enfin, un troisième axe de diversification se distingue, en excluant les revenus du leasing, qui ne représentent qu’une infime part du chiffre d’affaires de l’entreprise : les services !

Bien que cette composante du chiffre d’affaires repose sur plusieurs sources de revenus, telles que la vente de véhicules d’occasion, les services après-vente, les abonnements internet, l’assurance, les superchargeurs ou encore le recyclage de composants, une en particulier pourrait marquer une véritable révolution : le software.
Tesla vend une option appelée Full Self-Driving ou FSD pour les intimes, qui est censée offrir une conduite autonome avancée.
Ce logiciel, proposé en option pour 7 500 euros ou sous forme d’abonnement mensuel à 99 dollars aux États-Unis, permet aux véhicules Tesla d’accéder à un mode de pilotage automatique avancé.
Petite parenthèse : je le déconseille vivement à ceux qui envisagent de l’acquérir en France, nos institutions européennes ayant eu la brillante idée de limiter les capacités de la conduite autonome.
Après tout, comme toujours, les États-Unis innovent pendant que l’Europe régule… mais fermons cette parenthèse.
Toutefois, malgré des progrès considérables, le FSD n’est pas encore totalement autonome et reste sous la supervision du conducteur.
Mais le véritable objectif de Tesla avec le FSD n’est pas simplement de vendre cette option une seule fois, mais de transformer ce logiciel en abonnement mensuel, comme un service SaaS (Software as a Service).
Cette approche permettrait à l’entreprise d’obtenir des revenus récurrents, un modèle bien plus rentable sur le long terme que la simple vente de voitures.
Elon Musk a affirmé à plusieurs reprises que le FSD pourrait, à terme, devenir la principale source de revenus de Tesla, notamment si la technologie atteint un niveau de fiabilité suffisant pour être déployée dans des flottes de robotaxis autonomes.
Dans son dernier rapport, l’entreprise souligne d’ailleurs :
“L’année 2025 sera une étape clé dans l’histoire de Tesla, alors que le système FSD (Supervised) continue de progresser rapidement avec pour objectif de surpasser, à terme, les niveaux de sécurité humaine. Cela ouvrira la voie à une version non supervisée du FSD pour nos clients ainsi qu’à l’activité Robotaxi, dont le lancement est prévu plus tard cette année dans certaines régions des États-Unis. Parallèlement, nous poursuivons nos efforts pour introduire le système FSD (Supervised) en Europe et en Chine en 2025.”

En résumé, si Tesla est souvent perçue comme un fabricant de voitures électriques, son modèle économique repose sur bien plus que cela.
Entre la vente de crédits carbone, le développement des batteries et de l’énergie solaire, et la transformation de son software en abonnement, l’entreprise explore plusieurs leviers de croissance qui pourraient, à terme, dépasser même ses revenus issus de la vente de véhicules.
Et l’exemple de l’énergie est particulièrement révélateur : plusieurs villes et entreprises utilisent déjà les batteries Tesla pour stocker l’énergie solaire, un marché en plein essor qui pourrait, dans les années à venir, devenir un pilier central du business de Tesla.
Les Risques et Défis de Tesla
Pour autant, la concurrence dans le secteur des véhicules électriques s’intensifie, mettant Tesla face à de nouveaux défis majeurs.
En 2015, Tesla était pratiquement le seul acteur sérieux du marché de l’électrique. Aujourd’hui, des constructeurs tels que BYD, Volkswagen, Ford, General Motors et Nio ont investi massivement dans ce secteur, redéfinissant les dynamiques du marché.
Notamment, le constructeur chinois BYD a surpassé Tesla en termes de ventes de véhicules électriques au quatrième trimestre 2023 et au quatrième trimestre 2024, avec plus de 520 000 unités vendues contre 480 000 pour Tesla puis près de 600 000 contre près de 500 000 unités respectivement.

Cette performance est attribuée à une gamme de véhicules diversifiée et à des prix compétitifs. BYD propose des modèles électriques à des tarifs inférieurs à 10 000 dollars, rendant l’électrique accessible à un public plus large.

De plus, les constructeurs chinois intègrent des technologies de batteries avancées, offrant une autonomie accrue et des temps de charge réduits, renforçant ainsi leur attractivité sur le marché mondial.

Face à cette concurrence accrue, Tesla a été contraint de revoir sa stratégie tarifaire.
Depuis 2023, l’entreprise a procédé à plusieurs baisses de prix pour ses modèles phares afin de maintenir sa compétitivité.
Si ces ajustements ont stimulé les ventes, ils ont également entraîné une réduction notable des marges bénéficiaires.
Par exemple, la marge opérationnelle de Tesla est tombée à 7,2% en 2024, contre près de 17% en 2022.

Cette diminution souligne les défis financiers liés à la guerre des prix dans le secteur des véhicules électriques.
Parallèlement, Elon Musk envisage un repositionnement stratégique de Tesla, la transformant d’un simple constructeur automobile en une entreprise axée sur l’intelligence artificielle (IA) et la robotique. Un projet emblématique de cette vision est le robot humanoïde baptisé “Optimus”.
Présenté en 2024, Optimus est conçu pour effectuer des tâches répétitives et dangereuses, avec l’ambition de révolutionner des secteurs tels que la logistique et la fabrication. Bien que ce pari soit audacieux et comporte des risques, Musk estime que l’IA et la robotique pourraient, à terme, générer des revenus surpassant ceux de la vente de véhicules. Il a même suggéré que Tesla pourrait un jour valoir plus qu’Apple et Saudi Aramco réunis grâce à ses avancées en IA.
Aors que la concurrence s’intensifie et que les marges se réduisent, Tesla mise sur l’innovation technologique et la diversification de ses activités pour maintenir sa position de leader dans l’industrie. Les prochains développements dans les domaines de l’IA et de la robotique seront déterminants pour l’avenir de l’entreprise.
Conclusion
Pour conclure, on peut clairement dire que Tesla a su se positionner bien au-delà du simple constructeur de voitures électriques.
Son modèle économique diversifié englobe des secteurs tels que le software, l’énergie et les crédits carbone, contribuant ainsi à sa rentabilité et à son influence sur le marché.
Cependant, l’émergence de concurrents, notamment le chinois BYD, qui a surpassé Tesla en termes de ventes de véhicules électriques et les initiatives de constructeurs traditionnels comme Volkswagen, intensifient la compétition.
De plus, la baisse de la demande dans certains marchés clés et les investissements ambitieux de Tesla dans l’intelligence artificielle et la robotique, avec des projets tels que le robot humanoïde Optimus, représentent des paris audacieux qui pourraient redéfinir l’avenir de l’entreprise.