Analyse économique

Trump Redéfinit l’Ordre Monétaire Mondial ? Le Plan Secret qui Fait Trembler Wall Street

Taux US en hausse, dollar en chute, or au sommet : que cache ce paradoxe ? Trump saboterait-il volontairement l’économie pour baisser les taux ? On décrypte cette hypothèse explosive et ses conséquences sur les marchés et votre patrimoine.

Jamais dans l’histoire récente des marchés, un tel paradoxe n’avait suscité autant de questions.

Pourquoi le taux d’intérêt de la dette publique américaine grimpe-t-il… 

alors que le dollar, lui, se déprécie ?

En théorie, c’est l’inverse qui devrait se produire. 

Alors, que se passe-t-il réellement ?

Le dollar et la dette américaine sont-ils en train de perdre leur statut d’actifs de réserve mondiaux ? Est-ce la fin d’un mythe ?

Mais ce n’est pas tout.

Du côté des partisans de Trump, certains avancent une hypothèse aussi audacieuse que controversée :

Et si Donald Trump cherchait délibérément à faire chuter les marchés ?

Non pas par pure provocation… mais dans le but de plonger l’économie en récession, faire baisser les taux, et permettre au Trésor américain d’économiser plusieurs centaines de milliards de dollars en frais d’intérêts.

Un plan secret ? Un délire complotiste ? Ou une stratégie politique habile, cynique et bien ficelée ?

L’étrange comportement de la dette américaine face à l’incertitude

Ce n’est un secret pour personne, la dette publique américaine a traditionnellement été considérée comme un actif sans risque, voire l'actif sans risque par excellence à l'échelle mondiale. 

C'est pourquoi, en période de forte incertitude ou de grave perte de confiance institutionnelle, comme lors d'une crise économique et financière telle que celle de 2008-2009, la demande mondiale de dette publique américaine a généralement tendance à augmenter, ce qui fait pression à la baisse sur le taux d'intérêt de cette dette.

La logique derrière cela est relativement simple : l’offre et la demande.

Si de nombreux investisseurs veulent soudainement se réfugier vers un actif considéré comme peu risqué et acheter beaucoup de dette américaine alors que l’offre n’augmente pas au même rythme, le taux d’intérêt diminue mécaniquement et inversement si personne ne veut acheter de la dette, le taux augmente pour attirer les investisseurs.

Cependant, ces derniers jours, on observe un phénomène très curieux : malgré une incertitude économique, voire institutionnelle, considérablement accrue, la demande de dette publique américaine n'a pas augmenté.

Il suffit de consulter ce graphique sur l'indice d'incertitude des politiques économiques des États-Unis pour le constater. 

À aucun moment au cours des 20 dernières années, pas même pendant la pandémie ou la crise financière de 2008-2009, l'incertitude sur la politique économique n'a atteint des niveaux aussi élevés. 

Cette augmentation de l'incertitude s'est également répercutée sur le marché boursier : l'indice S&P 500 a chuté depuis le 2 avril, lors du fameux “liberation day”, et reste à environ 10 % de son plus haut sommet atteint en février, depuis que Trump enchaîne les annonces sur la guerre commerciale ainsi que ses critiques vis-à-vis du Président de la Réserve Fédérale : Jérôme Powell !

Et donc, forcément, dans un tel contexte de montée de l’incertitude et de chute des marchés boursiers, la demande pour les actifs refuges, comme la dette publique américaine ou l'or est censée croître. 

Or, si on se focalise sur le prix de l'or, la tendance est claire : le prix de l'or a atteint ces derniers jours son niveau le plus élevé de tous les temps.

Logiquement, la demande pour la dette publique américaine, l'actif financier sans risque par excellence jusqu'à présent, aurait également dû croître de manière significative. Mais cela ne s'est pas produit. 

Depuis le 2 avril, les taux d'intérêt de la dette publique américaine n'ont pas baissé, comme on aurait pu s'y attendre, mais ils ont au contraire augmenté, traduisant une baisse de la demande de dette américaine.

Et pour ne rien arranger, alors que le rendement à 10 ans a enregistré sa plus forte hausse hebdomadaire depuis 2001, celui à 30 ans a connu sa plus forte progression depuis 1982 !

Cette situation s’explique de trois manières différentes :

1° La première raison est une perte de qualité institutionnelle et de confiance dans le gouvernement américain. 

Il ne faut pas oublier que la dette publique d'un État est un passif de cet État. Par conséquent, si cet État devient moins fiable ou moins crédible qu'auparavant, les investisseurs ont tendance à éviter ces passifs pour se rediriger vers des passifs plus crédibles.

Les perturbations géopolitiques provoquées par le gouvernement de Donald Trump, entre les droits de douane, ses revirements incessants, son imprévisibilité et ses tentatives d’ingérence dans la politique monétaire de la Réserve fédérale, nuisent à la crédibilité des États-Unis, et par conséquent à celle de leur dette.

Alliés comme adversaires des États-Unis sont aujourd’hui moins enclins à acheter leur dette, voire davantage tentés de la vendre : les premiers parce qu’ils ne considèrent plus Washington comme un partenaire fiable, les seconds parce qu’ils jugent la puissance américaine plus imprévisible que jamais.

Une situation qui se justifie d'ailleurs par l'évolution observée sur le marché des devises concernant le dollar. 

Fait surprenant : l’euro a gagné près de 15 % face au dollar depuis le début de l’année, alors qu’il était passé sous la parité il y a deux ans. 

Une évolution inhabituelle, d’autant qu’on aurait pu s’attendre à un renforcement du dollar après la hausse des droits de douane imposés par Trump.

En effet, en compliquant l’accès au marché américain par l’augmentation des droits de douane, les exportations vers les États-Unis diminuent, restreignant ainsi l’accès aux dollars pour le reste du monde. Or, avec une demande mondiale relativement stable, cette rareté devrait logiquement pousser le dollar à la hausse.

Or, si la demande mondiale pour la dette américaine a reculé, comme on vient de le voir, alors la demande en dollars a également diminué. Rappelons en effet que le dollar, tout comme les obligations du Trésor, constitue un passif de l’État. 

Dès lors, une baisse de l’appétit pour les passifs américains se traduit logiquement par une moindre demande à la fois pour les bons du Trésor ET pour le dollar. Cela explique à la fois la hausse des taux d’intérêt sur la dette publique américaine et la dépréciation du dollar que l’on observe actuellement.

2° La deuxième raison, concerne l’anticipation de taux d'intérêt futurs plus élevés en raison de la réduction des déficits commerciaux que Donald Trump cherche à obtenir à travers sa guerre commerciale. 

L'un des principaux messages de Trump à ses partenaires commerciaux est que, pour conclure un accord commercial avec les États-Unis, ils doivent garantir l'élimination du déficit commercial bilatéral que les États-Unis ont avec chacun d'eux. 

Or, au-delà de son absurdité économique manifeste, une telle mesure suppose, par définition, qu’en réduisant les déficits commerciaux des États-Unis, on réduit aussi le financement que le reste du monde leur apporte.

N’en déplaise à Donald Trump et à ses partisans, la balance des paiements est, par définition, une égalité comptable, tout comme l’actif et le passif le sont dans une entreprise.

Autrement dit, lorsqu’il affirme vouloir résorber le déficit commercial sous prétexte que cela représenterait un “appauvrissement” des États-Unis, c’est aussi absurde que de prétendre qu’une entreprise devrait augmenter son actif sans toucher à son passif. Malheureusement, ce raisonnement séduit les néophytes, guidés davantage par une vision simpliste et populiste du commerce extérieur ainsi que par l'idéologie que par la compréhension économique réelle.

Donc, si un pays a un déficit de la balance commerciale, c’est-à-dire qu’il importe plus que ce qu’il exporte, comme c’est le cas des États-Unis, il a nécessairement un excédent de la balance des capitaux, c’est-à-dire qu’il reçoit des financements de l’extérieur via l’achat de dettes, des investissements étrangers, et ainsi de suite.

Donc si les États-Unis exportent plus qu’ils n’importent, comme le souhaite Donald Trump, alors, à flux de capitaux constant, cela créerait un déséquilibre via une diminution des entrées de capitaux étrangers.

C’est exactement pareil pour un ménage ou une entreprise : une personne ou une entreprise se finance, soit via des capitaux propres, soit via un financement extérieur, c’est-à-dire de la dette. 

En d’autres termes, si réduire les déficits commerciaux américains revient à diminuer le financement que le reste du monde accorde aux États-Unis, cela implique mécaniquement un afflux de capitaux plus faible. Ce reflux pourrait, à terme, faire chuter la demande mondiale pour la dette publique américaine, entraînant ainsi des taux d’intérêt plus élevés et une dépréciation du dollar.

3° La troisième raison tient à la volonté de Donald Trump de manipuler le taux de change pour dévaluer le dollar afin d’atténuer les effets négatifs de ses droits de douane sur l’économie américaine.

Contrairement à ce que la théorie économique pourrait suggérer, les droits de douane massifs imposés par Trump n’ont pas renforcé le dollar, mais ont contribué à sa dépréciation en raison d’une baisse de la demande mondiale pour les actifs américains, comme les bons du Trésor.

Désormais, Trump s’attaque à Jerome Powell,

accusé de maintenir des taux d’intérêt trop élevés bien qu’il a dû rassurer les marchés en indiquant sa volonté de ne pas le virer.

En poussant pour une dévaluation, Trump espère limiter les dommages économiques de sa guerre commerciale, mais cette stratégie décourage les investisseurs étrangers.

Ce pari risqué, loin de stabiliser l’économie, aggrave l’incertitude et menace le statut du dollar comme monnaie de réserve mondiale.

On constate ainsi que les propos de plus en plus déconnectés de Donald Trump n’inspirent en rien la confiance des marchés. Ces derniers jours, la dette publique américaine, loin de jouer son rôle traditionnel d’actif refuge, se comporte comme celle d’un pays émergent : en période d’incertitude, son prix chute et son taux s’envole. 

Certes, nous sommes encore loin d’un scénario où le dollar et les obligations américaines cesseraient d’être considérés comme des actifs de réserve mondiaux.

Mais cela n’empêche pas certains partisans de Trump, guidés davantage par l’idéologie que par la lucidité, de défendre bec et ongles ses choix économiques, les présentant comme le fruit d’une stratégie brillante, celle d’un génie incompris que seul l’Histoire saura reconnaître.

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Plan Mar-a-Lago : Trump Génie incompris ?

À en croire les partisans de Donald Trump et les défenseurs des supposés “bénéfices” de sa guerre commerciale, le président mènerait en réalité une stratégie longuement réfléchie, notamment dans le cadre des “accords de mar a lago”.

Inspiré des accords de Plaza de 1985, Trump envisagerait un accord international pour faire baisser la valeur du dollar, afin de réduire le déficit commercial des États-Unis sans compromettre le statut international du billet vert. 

Selon eux, cette phase de turbulences ne serait donc qu’un mal nécessaire, une étape transitoire vers un renouveau économique fondé sur la réindustrialisation et la souveraineté commerciale. 

Dans cette optique, la chute actuelle des marchés boursiers américains serait perçue comme une simple douleur à court terme, destinée à produire des gains durables à long terme.

Certes, l’argument selon lequel il faut accepter de souffrir à court terme pour en tirer des bénéfices à long terme peut, dans certains contextes, se défendre. C’est parfois une démarche responsable, qui consiste à affronter les problèmes structurels pour engager des réformes profondes, comme le fait, par exemple, Javier Milei en Argentine. 

Mais la politique de Donald Trump ne s’inscrit clairement pas dans cette logique. Bien au contraire : le caractère improvisé, désordonné et contre-productif de ses décisions commerciales a été tel qu’il a lui-même dû décréter une pause de 90 jours sur certains droits de douane… preuve s’il en fallait, que ses mesures provoquaient des effets indésirables majeurs, y compris sur l’économie américaine.

Cependant, nombre de partisans de Donald Trump éprouvent un besoin viscéral de croire que leur champion gagne, toujours et en toute circonstance, même lorsque la réalité contredit cette vision. 

Il leur est donc impensable d’admettre que la situation actuelle puisse être défavorable à court terme et donc après l’effondrement des marchés provoqué par le fameux “Liberation Day”, un nouveau discours s’est imposé.

Cette version des faits affirmait que la chute des marchés n’était pas une mauvaise nouvelle, bien au contraire. En réalité, elle permettrait, selon eux, de faire tomber l’économie en récession afin de faire baisser les taux d’intérêt sur la dette publique, réduisant ainsi le coût de financement du Trésor américain.

Il est vrai qu’en 2025, le Trésor américain devra refinancer quelque 9 200 milliards de dollars de dette publique,

et faire face à une charge d’intérêts estimée à environ 952 milliards de dollars :

Dans ce contexte, une baisse de quelques points de pourcentage des taux d’intérêt pourrait effectivement permettre au Trésor de réaliser plusieurs centaines de milliards d’économies d’ici la fin de l’année.

Ainsi, même dans ce scénario, Donald Trump serait en fait un génie, atteignant des objectifs que le commun des mortels est incapable de comprendre grâce à son plan secret.

Donald Trump lui-même avait relayé cette vidéo sur son propre réseau social, Truth Social, confortant ainsi cette version des faits : 

En réalité, cette justification n'a aucun fondement solide, et ce pour plusieurs raisons.

1° Tout d’abord, faire s’évaporer quelque 5 000 milliards de dollars de capitalisation boursière dans l’espoir d’économiser quelques centaines de milliards par an en charge d’intérêts pendant deux ou trois ans n’a tout simplement aucun sens économique.

2° Ensuite, parce que si l’économie bascule en récession, les recettes fiscales s’effondreront tandis que les dépenses publiques, notamment les allocations chômage, augmenteront mécaniquement, comme c’est le cas à chaque crise, via les fameux stabilisateurs automatiques. Résultat : le déficit budgétaire pourrait se creuser de plusieurs milliers de milliards de dollars… pour une économie de quelques centaines de milliards sur les taux. Une stratégie totalement absurde.

3° Enfin, comme nous l’avons vu en début de vidéo, les taux d’intérêt n’ont pas baissé après l’effondrement des marchés, bien au contraire, ils ont continué à grimper. 

Autrement dit, la prétendue “économie” sur la charge d’intérêts ne s’est tout simplement… pas produite.

Ainsi, à ce jour, le bilan financier de ce soi-disant plan secret, que Trump lui-même évoquait sur son propre réseau social, consistant à faire chuter la Bourse et provoquer une récession pour prétendument économiser quelques centaines de milliards de dollars d’intérêts, s’apparente à un échec cuisant.

C’est justement pour tenter de limiter l’explosion des taux, dans le cadre des hypothétiques “accords de Mar-a-Lago”, que Stephen Miran, conseiller de Trump, propose une solution inédite : échanger les dettes à court terme détenues par les banques centrales contre des obligations perpétuelles américaines. 

Objectif : atténuer la pression sur les taux courts et maîtriser le coût de la dette. Pour garantir la liquidité de ces obligations perpétuelles en cas de besoin, la Réserve fédérale fournirait des swaps de liquidité aux pays partenaires.

Mais cette ingénierie financière s’accompagne d’un levier politique fort : si vous voulez rester dans la “zone dollar”, vous devez accepter ces conditions, faute de quoi Trump brandit la menace de lourds droits de douane.

Et ironie du sort : la seule annonce ayant temporairement rassuré les marchés n’a rien à voir avec un plan secret complexe… mais avec la suspension, pour 90 jours, des droits de douane qu’il avait lui-même imposés, ou encore le fait d’avoir promis “d’être gentil avec la Chine”. Rien de plus. Une volte-face opportune, juste après la débâcle boursière, véritable chef-d’œuvre de manipulation de marché, voire délit d’initié en bonne et due forme.

Et tout cela, dans un contexte où la dette publique américaine représente désormais 120 % du PIB, contre seulement 40 % en 1985. 

Comparer la situation actuelle à celle des accords du Plaza n’a donc… strictement aucun sens.

Alors oui, rendons à César ce qui est à César. 

L’élection de Donald Trump avait, à bien des égards, apporté quelques signaux positifs : une baisse d’impôts bienvenue, un certain dynamisme économique, et des mesures parfois pertinentes, surtout lorsqu’on les compare aux absurdités idéologiques de certains programmes démocrates. 

Mais aujourd’hui, force est de constater que la trajectoire empruntée par Trump a largement dévié. Ses déclarations intempestives, ses croyances économiques fantaisistes et son idéologie de plus en plus déconnectée des réalités ont fini par semer la défiance, y compris chez les investisseurs les plus rationnels. 

Non seulement sa guerre commerciale n’a pas produit les résultats escomptés, mais elle a même contribué à une perte de crédibilité de la dette américaine et à une déstabilisation des marchés. 

Et plutôt que de corriger le tir, l’ancien président préfère s’enfermer dans une rhétorique où chaque défaite est travestie en victoire, où chaque recul est une manœuvre stratégique, où la chute des marchés serait le fruit d’un plan génial que personne ne peut comprendre. 

Mais soyons clairs : non, il n’y a pas de plan secret. Il n’y a pas de stratégie brillante à plusieurs dimensions. Donald Trump ne maîtrise pas la situation. Il ne la comprend tout simplement pas. 

L’économie n’est pas un terrain de jeu pour flatter les égos ou tester des idées hasardeuses. Elle repose sur des équilibres concrets, des anticipations crédibles, et surtout, sur la confiance. 

Et à l’heure actuelle, ce n’est pas Donald Trump qui semble regagner la confiance des marchés. C’est sa capacité à la faire fuir qui, elle, ne laisse plus de place au doute.

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