L'accès à la propriété a longtemps été considéré comme un pilier fondamental de la stabilité sociale et économique.
Or, dans le contexte mondial actuel, ce rêve d'acquisition immobilière semble s'éloigner pour de nombreuses personnes. Les coûts croissants, les marchés surchauffés et des politiques foncières complexes rendent désormais le chemin vers la propriété parsemée d'embûches.
Cette évolution interroge sur l'avenir de notre société et les nouvelles formes de logement qui émergeront de cette réalité.
Avons-nous atteint le point de non-retour en matière d'accès à la propriété et la fin de la propriété signifie-t-elle la fin du rêve d'un chez-soi ?
Hausse des taux d’intérêt et crise du logement
L’immobilier est au centre des préoccupations économiques et sociales des Français avec environ 58 pour cent des ménages étant propriétaires de leur résidence principale.
De plus, l’immobilier reste le principal facteur d'épargne et de patrimoine pour les ménages, surtout pour la classe moyenne qui possède peu d'autres actifs.
En d’autres termes, l’immobilier est un marché qui intéresse particulièrement !
Or, cela n’est un secret pour personne, les prix de l’immobilier autour de la planète et notamment en France n’ont cessé d’augmenter ces dernières années !
Sur l’ensemble de la France, les prix ont plus que doublé depuis le début du 21ème siècle et plus précisément de 150 pour cent et à Paris, ils ont presque été multipliés par 4 !
Évidemment, compte tenu de la poussée inflationniste et de l’importance de déflater les prix, c’est-à-dire d’ajuster les graphiques à l’inflation, on se rend compte que la hausse, notamment en France n’a pas été non plus si élevée que ça, du moins depuis 2010 et la crise des subprimes, constat qui reste malgré tout différent du côté parisien.
Par ailleurs, cette hausse des prix aurait pu être moins douloureuse pour les ménages si elle avait été accompagnée par une augmentation similaire des revenus.
Or, cela n’a pas été le cas !
En effet, si l’on regarde la relation entre le prix des logements et le revenu annuel des ménages, entre 1964 et 2000, le prix des logements était relativement stable et suivait l’évolution des revenus des ménages.
Au niveau des loyers, ces derniers, toujours rapportés à l’évolution des revenus des ménages, ont plutôt eu tendance à stagner, ce qui a contribué à la diminution du rendement locatif.
Évidemment, si la baisse des taux historique que nous avons expérimenté au cours de la dernière décennie explique une partie de la hausse du prix des biens immobiliers,
Elle n’est pas le seul et unique facteur puisqu’il est nécessaire également de prendre en compte l’augmentation des durées d’emprunt, ou encore la volonté d’atteindre l’objectif d’une ZAN, acronyme de Zéro Artificialisation Nette des Sols, par le gouvernement, provoquant une restriction dans la construction de biens avec des Plans Locaux d’Urbanisme restrictifs et poussant à la densification des villes.
La logique qui sous-tend la hausse de prix du logement n’est donc pas purement financière et spéculative, entre autres, parce que cette hausse se distribue différemment entre le bâti d’une part et le foncier de l’autre.
Concrètement, les ménages dépensent toujours autant qu’auparavant par rapport à leurs revenus, simplement parce qu'ils occupent des surfaces de plus en plus réduites, ce qui pourrait tout naturellement se poursuivre dans le futur. Il convient donc de raisonner non pas en termes absolus, mais en termes relatifs pour mieux appréhender le marché de l’immobilier.
C’est d’ailleurs précisément pour cette raison que, depuis 1990, le taux de propriétaires n’augmente plus que pour les seniors, certains ménages étant automatiquement et mécaniquement exclus de l’investissement immobilier :
Pris au niveau national, la proportion des ménages propriétaires a tendance à stagner depuis plusieurs années.
D’ailleurs, on observe que la proportion des locataires et propriétaires était plutôt homogène quel que soit le montant de revenu des ménages à l’époque, tandis que désormais, il s’est totalement dégradé en défaveur des revenus les plus faibles qui sont surreprésentés parmi les locataires,
En revanche, le sort des plus jeunes reste à peu près le même, bien que l’on observe une légère paupérisation.
Ainsi les prix de l’immobilier dépendent non seulement de variables “réelles”, telles que les revenus, la démographie ou encore les contraintes pesant sur l’offre comme l’évolution des permis de construire, des normes de construction et du prix des matériaux, mais aussi de variables “financières”, à savoir le taux d’intérêt et les conditions de crédit telles que le montant et pourcentage d’apport personnel, la durée du crédit, les normes d’endettement et ainsi de suite.
Or, le marché du logement français a connu ces dernières décennies à la fois une baisse des taux d’intérêt et un assouplissement des conditions financières.
Comme on peut le voir, le graphique présente la variation du pouvoir d’achat immobilier en termes de mètres carrés depuis 1998 expliquée par trois variables que sont l’évolution du revenu disponible, du taux d’emprunt et des prix de l’immobilier.
On observe que la surface accessible en France a perdu environ 42 mètres carrés à cause de l’envolée des prix qui vient tirer à la baisse le pouvoir d’achat immobilier en termes de mètres carré, mais dont l’effet négatif est partiellement compensé par la hausse du revenu disponible, faisant gagner environ 20 mètres carrés puis, surtout à partir de 2008, par la baisse des taux d’emprunt permettant de gagner environ 16 mètres carrés de pouvoir d’achat.
Ainsi, en termes nets, le pouvoir d’achat immobilier en mètres carrés s’est légèrement réduit, d’environ 6 mètres carrés par rapport à 1998, à cause, ou plutôt grâce, à l'interaction de ces différentes variables.
À cela, il ne faut pas oublier que pour que les primo-accédants puissent aujourd’hui acquérir, à quelques choses près, le même logement qu’en 2000, malgré la hausse des prix, il leur faut augmenter leur durée d’emprunt de 15 à 25 ans, ce qui correspond précisément à l’évolution observée.
Une nuance à apporter toutefois, c’est qu’il est particulièrement difficile d'appréhender l’impact de ce que l’on appelle l’effet qualité. Autrement dit, valoriser à la hausse ou à la baisse l’évolution de la qualité du logement.
En effet, en principe, les logements sont mieux équipés, mieux isolés et plus pratiques d’accès qu’à la fin des années 90 et donc, si en termes de mètres carrés ces évolutions n’ont aucun impact, l’on pourrait considérer qu’en réalité, le pouvoir d’achat s’est amélioré ou s’est au moins stabilisé puisque le confort s’est accrue.
Un accès à la propriété devenu impossible ?
Compte tenu de ce que l’on vient de voir et des tensions existantes, certains signes avant-coureurs viennent mettre en lumière les turbulences présentes au sein du marché immobilier.
En effet, après une augmentation constante du nombre de ventes depuis 1970, avec certaines chutes entre-temps, on observe que le nombre annuel de transactions immobilières de logements anciens est en forte baisse et constitue l’une des chutes les plus brutales après celle de la crise des subprimes de 2008.
À côté de cet indicateur, compte tenu du resserrement des conditions financières, c’est la production de crédit qui est également impactée. Pour se faire une idée, elle a diminué de 50 pour cent, soit une baisse encore plus prononcée que celle observée durant l’automne 2008, au plus profond de la crise financière.
En ce qui concerne le resserrement des conditions d'octroi des crédits immobiliers, il faut bien rester conscient qu’un crédit immobilier se caractérise par trois éléments que sont :
1° Premièrement, le taux d’intérêt, influencé par la politique des banques centrales ainsi que le taux d’usure en France, c’est-à-dire le taux au-dessus duquel les établissements de crédit n’ont pas le droit de prêter et qui se trouve à 5,28 pour cent pour les prêts à taux fixe d’une durée comprise entre 10 et 20 ans et 5,56 pour cent pour les prêts à taux fixe d’une durée supérieure à 20 ans.
2° Deuxièmement, la durée, limitée à 25 ans avec les règles du HCSF, c’est-à-dire le Haut Conseil de Stabilité Financière, avec possibilité de cumuler 2 ans de remboursement différé, portant la durée à 27 ans au lieu de 30 voire 35 ans avant
3° Et finalement, troisièmement, le montant de la mensualité par rapport aux revenus, c’est-à-dire le taux d’endettement limité à 35 pour cent, qui est déterminée par les deux variables précédentes que sont les taux ainsi que la durée, auxquels s’ajoutent frais de dossier, garanties, assurances et autres coûts afférents au prêt immobilier.
Par l’intermédiaire de ces trois éléments il est donc possible de déterminer d’une part la somme empruntée, c’est-à-dire la capacité d’emprunt et, d’autre part, la somme acquise par la banque, c’est-à-dire le coût du crédit.
Or, aujourd’hui, avec la remontée des taux, la capacité d’emprunt se dégrade, en même temps que le coût du crédit augmente.
Cela est donc logique puisque, imaginons une personne qui souhaite rembourser l’équivalent de 1.000 euros par mois sur une durée de 25 ans.
les taux d'intérêt étaient à 10 pour cent ce qui était le cas dans les années 80, la capacité d'emprunt dans de telles conditions était de 110.000 euros, tandis que le coût du crédit était de 190.000 euros.
En revanche, avec des taux à 1 pour cent, ce qui était encore le cas début 2022, la capacité d'emprunt dans les mêmes conditions était de 265.000 euros pour un coût du crédit de seulement 35.000 euros.
Autrement dit, par le seul effet de la baisse des taux d’intérêt, le pouvoir d’achat en termes de capacité d’emprunt avait plus que doublé, permettant de payer 140 pour cent plus cher avec exactement le même effort de remboursement tous les mois comme on peut le voir sur ce graphique.
Tout logiquement, au fur et à mesure que les taux montent, le coût du crédit occupe une proportion croissante dans le montant total remboursé à la banque, au détriment du capital, c’est-à-dire de la capacité d’emprunt.
À titre illustratif, dans l’exemple d’un crédit sur 25 ans avec des mensualités de remboursement de 1.000 euros, à partir du moment où le taux se rapprochent de 7 pour cent, le montant du coût du crédit devient égal à la capacité d’emprunt. Autrement dit, à ce stade, l’emprunteur paie autant d’intérêt que de capital.
C’est un peu comme si la personne payait “deux fois” le prix de sa maison pour ainsi dire.
On peut donc représenter graphiquement les capacités d’emprunt et le coût d’un crédit de 1 .000 euros de mensualité en fonction du taux d’intérêt et de la durée d’emprunt.
En l’espace d’un an et demi, avec la remontée des taux passant de 1 pour cent à 5 pour cent, c’est donc un pouvoir d’achat qui chute de plus de 35 pour cent. Les biens valorisés à 265.000 euros devraient chuter à 170.000 euros pour que les emprunteurs de début 2022 puissent acheter les mêmes biens qu’en 2023.
Dans de telles conditions, si la question de l'arbitrage entre achat et location de sa résidence principale ne se posait pas, il y a encore quelques mois, la hausse rapide des taux d'intérêt depuis près d'un an et demi a changé la donne en diminuant drastiquement la capacité d'emprunt des candidats à la propriété.
La conséquence, c’est que l'équation est beaucoup moins évidente aujourd'hui qu'hier. Ainsi, les emprunteurs doivent, pour compenser cette contrainte, soit augmenter leur apport personnel, soit augmenter le montant de leurs mensualités de remboursement, deux variables dont la limite se trouve dans le montant d’épargne de ces derniers et dans leur taux d’endettement limité à 35 pour cent.
Cette conjoncture pourrait ne pas s’améliorer de sitôt compte tenu de la situation actuelle. En effet, il y a un peu plus d'un an, le principal taux directeur de la Banque centrale européenne était à 0 pour cent.
Aujourd'hui, ce même taux se trouve à 4,25 pour cent et, pour couronner le tout, la Banque Centrale Européenne indique elle-même que ce taux d'intérêt est susceptible de continuer à augmenter afin de lutter contre l’inflation qui était devenue incontrôlable et qui continue d’être particulièrement élevée, notamment du côté de la France, avec un rebond sur le mois d’août.
Dans les coulisses du pouvoir chinois, une ombre plane. Le géant économique asiatique fait face à une série de difficultés économiques qui ébranlent son statut de superpuissance montante, tant sur la scène nationale qu'internationale.
Cependant, la réponse de l'administration de Xi Jinping à ces problèmes est intrigante. Plutôt que de faire face aux réalités économiques en publiant des données fidèles à la réalité, les autorités ont choisi l'opacité en cessant simplement de divulguer ces informations cruciales. Les chiffres officiels, déjà controversés, cachent une réalité sombre.
Le modèle économique chinois, autrefois vanté pour son équilibre entre libéralisation et contrôle étatique, montre aujourd'hui des signes de faiblesse.
Les économistes, tant chinois qu'étrangers, avaient depuis longtemps averti que ce modèle était fondamentalement défectueux et que des réformes étaient inévitables.
Cependant, Xi Jinping, occupé à consolider son propre pouvoir, a ignoré ces avertissements, et le temps d'un redressement semble peut-être révolu.
Qu’est-il en train de se passer ? Dans quelle mesure le ralentissement économique chinois pourrait-il influencer la stratégie de Xi Jinping sur la scène internationale et ses ambitions de rivaliser avec les États-Unis ? Le modèle économique chinois connaît-il ses dernières heures ?
Les diplômés universitaires chinois au chômage sont devenus une source d'embarras pour le dirigeant chinois Xi Jinping. Le taux de chômage des jeunes a atteint un niveau record, mettant en évidence les graves difficultés économiques du pays, tant au niveau national qu'à l'étranger.
En août, l’administration du Président Chinois a décidé d’agir et de trouver une solution : le bureau des statistiques a tout simplement décidé de cesser de publier les données.
Certains estiment même que le taux de chômage chez les jeunes âgés de 16 à 24 ans pourrait avoisiner les 50 pour cent, soit plus du double du chiffre officiel.
Mais Xi Jinping ne peut ni cacher les difficultés économiques de la Chine, ni s’en cacher. Les problèmes ne sont pas simplement un malaise post-pandémique ou un détour bientôt oublié dans la marche de la Chine vers le statut de superpuissance.
Le modèle chinois tant vanté, c’est-à-dire un mélange de libéralisation et de contrôle étatique qui a généré la croissance fulgurante du pays, est entré en agonie.
La nouvelle ne devrait pas être une surprise. Les économistes et même les décideurs politiques chinois avertissent depuis des années que le modèle chinois est fondamentalement défectueux et qu’il s’effondrerait inévitablement.
Mais Xi était trop occupé à renforcer son propre pouvoir pour entreprendre les réformes nécessaires pour y remédier. Aujourd’hui, les problèmes sont si profonds et les réparations seraient si coûteuses que le temps d’un redressement est peut-être passé.
Contrairement aux hypothèses de nombreux commentateurs ces dernières années, la Chine ne dépassera sûrement jamais les États-Unis en tant qu'économie dominante mondiale si les tendances actuelles se poursuivent.
Il y a vingt ans, alors que l'économie chinoise ne représentait que 14 pour cent de celle des États-Unis, de nombreux économistes commençaient à spéculer sur le moment où le PIB de la Chine pourrait éclipser celui des États-Unis repoussant la date fatidique de leur prédiction, année après année.
Sauf qu’en réalité, la Chine est désormais en retard et perd du terrain face aux États-Unis.
Une trajectoire descendante de la Chine ne garantit cependant pas nécessairement l’avenir de la puissance mondiale américaine. La Chine pourrait s’avérer être un concurrent moins redoutable qu’on l’imaginait autrefois et offrir un modèle de développement moins attractif pour le reste du monde.
Mais l’échec économique pourrait également renforcer la détermination de Xi Jinping à vaincre la domination américaine en s’enrichissant, du moins par d’autres moyens, peut-être plus déstabilisateurs.
La disparition du modèle chinois est, à bien des égards, due à son immense succès. Lorsque les réformes de libre marché commençaient à peine en Chine, en 1980, le pays était plus pauvre, par habitant, que le Ghana ou le Pakistan.
Aujourd’hui, le PIB de la Chine s’élève à 18.000 milliards de dollars et son économie est capable de concevoir des réseaux de télécommunications 5G et des véhicules électriques.
Le moteur du modèle chinois est l’investissement, et en grande partie : dans les usines, les autoroutes, les aéroports, les centres commerciaux, les tours d’habitation, etc.
La Chine était démunie au début de ses réformes et une grande partie des nouvelles infrastructures était nécessaire. De meilleurs systèmes de transport ont contribué à accroître l’efficacité économique ; de nouveaux logements abritaient des familles migrant des fermes vers les villes à la recherche d'opportunités.
Ces investissements ont fait de la Chine une usine mondiale et ont produit des taux de croissance époustouflants.
Au fil du temps, le pays a développé une économie plus avancée, mais l’État et les entreprises ont néanmoins continué à construire. Le taux de croissance est resté élevé, mais l’économie génère désormais des excès de gaspillage qui nuisent à sa santé.
On estime que la Chine compte entre 23 et 26 millions d'appartements invendus. C'est suffisant pour loger toute la population italienne. Beaucoup de ces appartements ne seront jamais achetés, car ils ont été construits dans des villes dont la population est en déclin.
Du côté de l’'industrie automobile, le pays dispose d'une capacité d'usine inutilisée suffisante pour fabriquer plus de 10 millions de voitures, suffisamment pour renouveler à deux reprises l'ensemble du marché automobile japonais.
D’ailleurs, bien que Pékin se vante de son vaste réseau de chemins de fer à grande vitesse, désormais considéré comme le plus grand au monde, le fait est que la société d'État qui l'exploite a accumulé plus de 800 milliards de dollars de dettes et affiche des pertes substantielles.
Certains décrivent même la situation ferroviaire chinoise comme un “piège de la dette à grande vitesse”.
Le problème, c'est que la Chine continue d’investir au-delà de ce que son économie est réellement capable d’absorber, c’est pourquoi le modèle est voué à l’échec.
En ce sens, en raison de tous ces investissements improductifs, financés en grande partie par de la dette, la dette de la Chine a augmenté beaucoup plus rapidement que son économie.
Il y a dix ans, la dette totale de la Chine représentait environ deux fois la taille de son économie. Désormais, elle est trois fois plus grande.
Comme l’explique Michael Pettis, l’un des plus grands spécialistes en la matière :
“La Chine détient la part d’investissement dans le PIB la plus élevée au monde. Son endettement connaît également l’une des croissances les plus rapides de l’histoire. Ceux-ci ne sont pas sans rapport. Alors que des investissements croissants sont consacrés à des projets dont les avantages économiques sont inférieurs à leurs coûts économiques, l’alourdissement du fardeau de la dette de la Chine est une conséquence directe de cette part très élevée des investissements. Cependant, étant donné la part disproportionnée des investissements dans l’activité économique, toute réduction de leur part dans le PIB doit exercer une pression à la baisse significative sur la croissance de l’activité économique globale”.
Le souci, c’est que l’aspect politique est venu exacerber le problème de la dette d’un point de vue économique. Le Parti communiste a vanté des taux de croissance élevés comme preuve de sa légitimité et de sa compétence. En effet, durant de nombreuses années, le Parti brandissait cet argument afin d’assurer sa longévité.
Ainsi, lorsque les taux de croissance sont tombés en dessous des objectifs, les autorités ont ouvert les vannes du crédit pour les relancer. Le Fonds monétaire international estime que les gouvernements locaux chinois ont accumulé 9.000 milliards de dollars de dettes au nom du financement de projets d'infrastructure.
Évidemment, les dirigeants chinois savent depuis longtemps que leur stratégie d’investissement comporte des risques. Déjà, en 2007, Wen Jiabao, alors Premier ministre chinois, déclarait :
“Il existe des problèmes structurels dans l'économie chinoise qui entraînent un développement instable, déséquilibré, non coordonné et non durable”.
On voit donc clairement que les décideurs politiques chinois savaient exactement comment résoudre ces problèmes : la Chine devrait se rééquilibrer, ce qui signifie qu’elle devait diminuer sa dépendance à l’égard des investissements et favoriser de nouveaux moteurs de croissance, en particulier la consommation intérieure, qui est extrêmement faible par rapport aux autres grandes économies. Une des manières d’y parvenir serait notamment de libéraliser son secteur financier et de relâcher la mainmise de l’État sur les entreprises privées.
Au début de son mandat, Xi Jinping semblait accepter ces impératifs. En 2013, il avait par exemple approuvé un projet de réforme du Parti communiste qui s’engageait à donner au marché un rôle “décisif” dans l’économie. Mais les réformes n’ont jamais eu lieu étant donné que les promulguer aurait réduit le pouvoir de l’État, et donc le pouvoir du chef du parti lui-même, qui n’était évidemment pas disposé à troquer le contrôle politique contre la croissance économique.
Au contraire, plus Xi Jinping a de pouvoir, plus la mainmise de l’État sur l’économie devient pesante. Le leader chinois s’est appuyé sur la politique industrielle de l’État pour stimuler l’innovation et a imposé des réglementations intrusives dans des secteurs importants, tels que la technologie et l’éducation.
En conséquence, le secteur privé chinois est en retrait. À titre d’exemple, il y a de cela deux ans, les sociétés privées représentaient 55 pour cent de la valeur collective des 100 plus grandes sociétés chinoises cotées en bourse. Désormais, cette part se trouve à 39 pour cent.
En outre, à une époque où la Chine avait cruellement besoin de stimuler sa consommation intérieure, les mesures de confinement draconiennes imposées par la Chine, au cours de la pandémie, ont porté un coup dévastateur à l’économie.
Le modèle chinois a craqué sous la pression et la demande est dorénavant si faible que l’économie a sombré dans la déflation, ce qui, si elle persiste, pourrait décourager davantage les investissements et les dépenses de consommation dont l’économie a besoin pour se relancer.
Si l’immobilier était autrefois un contributeur majeur à la croissance économique et une réserve de richesse pour la classe moyenne, aujourd’hui, les investissements, les ventes et les prix dans ce secteur sont en baisse.
L’exemple le plus parlant est sans aucun doute celui de Evergrande ou encore du plus grand promoteur privé, Country Garden, qui est au bord de la faillite, bien qu’il ait échappé de justesse à un défaut de paiement.
Du point de vue financier, la situation n’est pas non plus toute rose.
S’il y a quelques années, l’un des thèmes d’investissement les plus importants à l’échelle mondiale était la manière dont les marchés financiers chinois devenaient de plus en plus accessibles et attractifs pour les investisseurs internationaux, désormais, la situation pourrait commencer à s’inverse.
La croissance économique, la libéralisation financière et l’inclusion dans un groupe d’indices d’obligations et d’actions influents gérés par des sociétés comme MSCI, Russell et Bloomberg signifiaient que tout le monde prédisait des afflux torrentiels de capitaux à long terme.
Ainsi, au cours du temps, le discours de certains grands rêveurs est passer de “investir en Chine est probablement intelligent” à “ne pas investir en Chine est stupide”.
En conséquence, la Chine a reçu des entrées de capitaux record de 576 milliards de dollars rien qu’en 2020 malgré l’impact débilitant du Covid-19.
Sauf qu’en réalité, ces flux se sont avérés inconstants et les chiffres sont assez stupéfiants.
La combinaison du ralentissement de l’économie chinoise, de la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis, de la relocalisation d’enterprises, de l’effondrement historique du renminbi
ou encore des tensions politiques croissantes, sans compter les craintes que toute invasion chinoise de Taïwan ne déclenche une exclusion du système financier mondial dirigé par les États-Unis, comme ce fut le cas de la Russie, a déclenché un renversement massif de la tendance des flux de capitaux.
Certes, l’économie chinoise n’est pas irréparable, mais la réparer serait coûteux et très douloureux. Le gouvernement devra annuler les créances irrécouvrables, fermer les entreprises zombies et introduire des réformes de marché radicales d’une nature que les décideurs politiques ont jusqu’à présent évitée. Prendre ces mesures relancerait l'économie pour une nouvelle phase de croissance, non pas aux taux élevés du passé, mais à un rythme qui pourrait soutenir le progrès économique du pays.
Le gouvernement chinois n’a toutefois montré aucun intérêt à adopter ces réformes. Diverses autorités ont publié des plans en plusieurs points pour soutenir l’économie qui ne se résument qu’à des ajustements administratifs et à de vagues déclarations. Xi Jinping lui-même a déclaré laisser tomber et préférer faire preuve de patience.
Bien que la Chine ne devrait pas sombrer dans une crise financière semblable à celle des subprimes de 2008, ses perspectives de croissance sont devenues bien moindres et ne lui permettront probablement pas de rattraper les États-Unis, ou même d’en faire un concurrent proche dans les années à venir.
Ainsi, en théorie, les difficultés économiques devraient pousser la Chine à un rapprochement avec les États-Unis, pour empêcher que les relations économiques avec l'Occident ne se détériorent davantage et maintenir l'afflux de technologies et de capitaux étrangers pour aider au développement du pays, mais le leader du parti communiste semble vouloir prendre une direction différente.
Lors du dernier sommet des BRICS, le mois dernier, les membres du forum ont convenu d’ajouter six pays de plus, dont l'Iran et l'Arabie saoudite.
Xi Jinping semble considérer les BRICS comme un contrepoids face à l’Occident.
En d’autres termes, si la Chine ne peut pas dépasser les États-Unis à elle seule, elle pourra peut-être le faire globalement. Mais ce plan pourrait ne pas fonctionner : les économies des six nouveaux membres des BRICS réunis ne sont qu’un peu plus grandes que celles du Royaume-Uni.
La détermination à rivaliser avec les États-Unis est depuis longtemps un élément central du programme économique du parti. Ces dernières années, il a redoublé d’efforts en matière de politiques industrielles, y compris le soutien financier de l’État, spécifiquement conçu pour donner aux entreprises chinoises une longueur d’avance sur leurs rivales américaines dans des secteurs tels que l’intelligence artificielle et les semi-conducteurs.
En mettant l’accent sur “l’autosuffisance”, il a cherché à réduire la vulnérabilité de la Chine aux sanctions américaines en remplaçant les importations étrangères par des alternatives internes et son initiative des routes de la soie, un programme mondial de construction d’infrastructures, a été conçue pour ouvrir des voies de commerce et d’investissement aux entreprises chinoises au-delà de l’Occident.
Tout cela, sans compter que la Chine n’a peut-être même pas la force économique nécessaire pour atteindre tous ces objectifs.
Le pays reste relativement pauvre, avec un PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat et ajusté à l’inflation de 18.000 dollars, soit 2,5 fois moins que celui de la France, qui se trouve à 46.000 dollars, et 3,5 fois moins que celui des États-Unis, qui se trouve à près de 67.000 dollars.
Le ralentissement de l’économie chinoise pourrait affaiblir l’assaut idéologique de Xi Jinping contre l’ordre mondial. Par exemple, la Chine a cherché à démontrer aux pays du Sud que démocratie et développement ne sont pas indissociables et que les autocrates peuvent jouir de la richesse, du respect international et du pouvoir politique.
Ces affirmations sont plus difficiles à faire dans un contexte économique chancelant. Au contraire, les difficultés économiques de la Chine suggèrent que les régimes autoritaires ne peuvent pas à la fois renforcer le contrôle et soutenir le progrès économique et qu'en fin de compte, la réforme politique doit accompagner la réforme économique, un petit peu comme ce qu’il s’était passé avec l’effondrement de l’URSS.
Il est peu probable que le leader du parti communiste chinois accepte cette vérité qui dérange et, au contraire, il poursuivra très probablement son programme anti-occidental avec encore plus d’urgence. S’il ne peut pas se vanter d’une croissance rapide, alors il devra trouver un autre moyen de justifier sa répression auprès de son propre peuple, et une marche pour la primauté mondiale contre les impérialistes américains pourrait faire l’affaire.
Pour cette raison, la faiblesse économique pourrait rendre les dirigeants chinois encore plus dangereux, plus enclins à défendre des causes nationalistes et à se lancer dans des aventures étrangères, comme une mainmise militaire sur Taïwan.
On ne peut qu’espérer que Xi se tournera vers l’histoire et se rendra compte que la puissance d’une nation ne peut être projetée que dans la mesure où sa force économique le permet.
Pour les États-Unis, les malheurs de la Chine présentent à la fois des opportunités et des défis.
D’une part, une croissance chinoise plus faible signifie moins de liquidités pour Pékin pour financer ses nombreuses priorités, allant du développement d’applications d’intelligence artificielle et de fabrication de semi-conducteurs de pointe au renforcement de son armée et au financement de son initiative des routes de la soie.
D’autre part, cela signifie également une diminution des perspectives pour les exportations américaines, aussi petites soient-elles par rapport aux expéditions chinoises vers les États-Unis, et donc un potentiel réduit pour les entreprises américaines actives en Chine, par exemple Apple.
Si nous ne nous intéressons que rarement à l'histoire et la géopolitique de nations autres que les grands noms que nous connaissons déjà, en réalité, ces grands noms comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie ou encore la France ne représentent pas la majorité en termes de situation économique.
Par conséquent, pour saisir le contexte économique mondiale, il est crucial que nous nous intéressons à la situation des pays qualifiés “en voie de développement” et n’ayant pas une grande visibilité sur la scène internationale.
L’un des pays qui aurait grandement dû faire parler de lui est notamment le Sri-Lanka, pays ayant connu successivement, deux grandes guerres internes, une rapide croissance économique et une crise économique et monétaire tout aussi rapide.
Quels sont les événements ayant mené à la crise économique et monétaire du Sri-Lanka ?
Quelles actions auraient pu être réalisées différemment et quels sont les principaux pièges auxquels sont confrontés les pays en voie de développement ?
Histoire tumultueuse et conflictuelle
Jusqu’à très récemment, l’histoire du Sri-Lanka, est surtout et avant tout une histoire marquée par deux grandes guerres civiles.
La première de ces guerres s'est déroulée entre 1987 et 1989 et elle se place dans le contexte mondial de guerre froide. Ce conflit opposa principalement le gouvernement en place et le groupe et parti politique de Janatha Vimukthi Peramuna ou JVP, qualifié de Marxiste Léniniste.
Cette guerre trouve une de ses origines dans le ban par le gouvernement en place du parti JVP des élections présidentielles devant se dérouler, les accusant de vouloir renverser le gouvernement, sans preuve de ces affirmations. Le JVP s’est alors préparé et armé en vue du conflit à venir et s’est lancé dans une campagne massive pour renverser le gouvernement.
Le conflit se termina sur une victoire du gouvernement en place.
La deuxième de ces guerres s'est déroulée en parallèle de la première et s’est officiellement étalée de 1983 à 2009. Le peuple Tamil au travers du groupe de Liberation Tigers of Tamil Eelam ou LTTE ont combattu le gouvernement en place pour obtenir l'indépendance des territoires en vert, suite aux persécutions et les actes de discriminations subies de la part des autres habitants dits Sinhalais.
Ces actes furent facilités par le gouvernement où les Tamil sont notamment très peu représentés. Les assassinats politiques, des attaques sur les dissidents qu’ils soient politiques, ou militaires ou même civils, la destruction de propriété militaires et civils, sont quelques unes des méthodes ayant été employées par les différents belligérants pour mener ces guerres ayant provoqué la mort de plus de 40.000 personnes pour la première et plus de 80.000 pour la seconde.
C’est ainsi que l'année 2001 représente pour le peuple Srilankais, l'année du début des négociations vers la paix, paix qui ne sera véritablement atteinte qu’en 2009, bien que de nombreuses tensions internes subsistent.
Un développement rapide et superficiel
Il faut savoir que le Sri Lanka a vu son PIB passer de 16,33 milliards à 94,49 milliards dollars, entre 2000 et 2019, soit une croissance fulgurante de de près de 10 pour cent par an !
Cependant, cette croissance fut majoritairement financée par de la dette. Dans l’absolu, il n’y a rien de mal à cela dans la mesure où la dette est un important effet de levier, à plus forte raison, à l'échelle d’un pays.
Sauf que dans le cas du Sri-Lanka, cette dette a majoritairement été employée à développer le secteur non-vendable internationalement parlant.
Le pays a grandement développé le secteur éducatif, les services et surtout le secteur des infrastructures, ce qui a permis de générer beaucoup d'emplois tout en rendant la population sri lankaise relativement qualifiée.
Le fait est qu’aucune de ces industries n’est facilement exportable, à plus forte raison pour un pays en voie de développement. Le secteur des infrastructures doit normalement évoluer avec le développement économique dans son ensemble et doit s’adapter à celui-ci.
Se lancer dans une frénésie de construction devrait être limitée au développement économique car, aller au-delà en espérant que les investissements suivent est un pari peu judicieux, susceptible de provoquer de grands dégâts.
D'une part, les infrastructures créées doivent être maintenues, ce qui engendre un coût non négligeable et, d’autre part, la dette contractée doit être remboursée, qu’importe la rentabilité du projet.
Pour couronner le tout, cette frénésie fut stimulée par les facilités de prêts accordés par la Chine dans son initiative des routes de la soie, projet de renaissance de la route de la soie.
Par ailleurs, la balance commerciale du Sri-Lanka est largement déficitaire et ce déficit s’est principalement creusé entre 2002 et 2012.
Évidemment, en soi, une balance déficitaire n'est pas un problème car tous les pays ne peuvent être excédentaires et il s'agit d’un jeu à somme nul.
Le potentiel chômage qui aurait pu résulter de cette balance fut masqué par la frénésie de la construction.
Or, dépendre des importations implique la nécessité de devises étrangères, notamment du dollar, de l’euro ou encore du renminbi car peu de pays, pour ne pas dire aucun, n’a besoin en roupie sri-lankaise.
Pour contexte, lorsqu’un pays a besoin d’une devise étrangère, il peut s’en procurer de trois manières différentes :
1° Le swap de devise en procédant à un échange de sa propre devise contre la devise désirée,
2° L’emprunt auprès d'entités financières de la devise désirée,
3° Ou encore, en exportant suffisamment de marchandises contre la devise désirée.
En règle générale, on considère que l’option des exportations de marchandises est la plus intéressante en termes de risque. En revanche, elle n’est accessible qu’aux pays disposant de nombreuses ressources naturelles comme les pays Arabes ou disposant de grandes unités manufacturières comme la Chine.
Le problème, c’est qu’hormis l’exportation de thé et le tourisme grâce aux sites touristiques et aux belles plages présentes sur le territoire, peu de secteurs sont capables de faire entrer des devises étrangères au Sri-Lanka, ce qui n’est clairement pas suffisant.
Le Sri-Lanka n’avait donc pas d’autres choix que d’opter pour les deux autres options, à savoir, l’endettement et le swap de devises.
Tout d’abord, dans le cas de la dette, le Sri-Lanka a beaucoup emprunté au point que sa dette externe atteigne les 57 milliards de dollars avant 2020 et atteignant près de 120 pour cent du PIB. Le pays a en effet beaucoup bénéficié des prêts issus du programme des routes de la soie mais pas que.
En ce qui concerne le swap de devise, s’exposer au forex revient à s’exposer aux marchés financiers. En effet, vendre sa devise pour en acheter une autre, pousse à la baisse, la valeur de sa propre devise.
Or, un pays dépendant des importations bénéficie grandement d’une monnaie forte contrairement aux pays exportateurs.
De plus, une roupie plus faible rend également plus difficile l’emprunt de devises étrangères. Si par exemple, il est nécessaire de rembourser des dollars, mais que les revenus sont en roupies, et que soudainement la roupie perd de la valeur, alors la dette devient beaucoup plus onéreuse et il devient plus difficile de la rembourser.
En ce sens, vendre sa monnaie sur les marchés pour acquérir des devises étrangères alors même que notre position exportatrice est déficitaire revient en quelque sorte à se tirer une balle dans le pied.
Comme si ce n’était pas suffisant, le taux de change entre le dollar et la roupie était fixé à 1 dollar contre 200 roupies.
Ce mécanisme de change fixe implique que la banque centrale du pays ait des réserves en dollar pour acheter ou vendre sa devise sur les marchés. La contrepartie, c'est que cela expose grandement l'économie, notamment en cas de réduction des réserves, de perte de valeur ou d’attaque spéculative.
Et c’est précisément ce qui est arrivé ! Suite à diverses crises, le pays a vu sa devise s’effondrer à partir de 2022.
Parallèlement, l’inflation allait exploser, au point de dépasser les 60 pour cent d’augmentation en 2022 poussant de plus en plus de personnes à se protéger en échangeant leur roupies contre les dollars réduisant encore plus les réserves des banques et faisant d’autant plus pression à la baisse sur la valeur de la devise.
L’apparition des craquements
Le fait est que, le tourisme est un secteur essentiel du pays et, évidemment, la pandémie de covid-19 en 2020 a entraîné la fermeture de nombreuses frontières alors que les attentats de 2019 avaient déjà durement frappé le pays.
Cet attentat suivi de près par les fermetures suite au covid ont carrément détruit le secteur du tourisme et les revenus en découlant.
Un autre secteur ayant été dans la tourmente concerne notamment l’agriculture.
Le secteur agricole s’est toujours porté relativement bien avant 2021 dans la mesure où le pays dispose de plus de 20 pour cent de terres arables et le rendement agricole en 2018 de 3.762 kilogrammes par hectares était supérieur à celui de la région d’Asie du Sud et proche de la moyenne mondiale.
Or, tout a changé à partir de 20021 de part l'ampleur d’une mesure que beaucoup jugent absurde.
En effet, l’ex président Sri-Lankais, Gotabaya Rajapaksa au cours de la campagne électorale présidentielle en 2019 a manifesté son désir de voir l’agriculture Sri-Lankaise effectuer une transition dans les procédés d’agriculture. Il avait promis pousser son pays a une transition vers l’utilisation d’engrais naturels et organiques, justifiant ce désir par la volonté de protéger l'environnement.
Si cet objectif en soi est louable, force est de constater que cela est grandement décorrélé de la réalité. Avant les différentes révolutions agricoles et chimiques, c’est plus de 90 pour cent de la population qui devait s’adonner aux tâches agricoles pour subvenir à leur différents besoins alimentaires. Malgré ce pourcentage, le degré d'autosuffisance était bien inférieur aux niveaux actuels et le niveau des rendements agricoles a carrément explosé grâce aux approches plus scientifiques, permettant ainsi de réduire les ressources terrestres et humaines pour produire une quantité plus importante de biens.
Si nous pouvons remettre en question certaines méthodes d’agriculture chimique, nous ne pouvons ignorer ou minimiser les bienfaits qu’elle a apportés à l'humanité.
Cela étant dit, en 2021, l’ex président avait annoncé une interdiction de l’emploi de fertilisants synthétiques et des pesticides sur l’ensemble du territoire, obligeant de ce fait les fermiers Sri-Lankais à passer du jour au lendemain aux méthodes de fertilisations organiques.
Le Sri Lanka, pays autrefois autosuffisant dans la production de sa principale denrée, allait ainsi perdre cet avantage.
Ce qu’il en ressort, c’est que cette décision se basait principalement sur l'idéologie et les besoins monétaires.
1° Du côté idéologique, la transition s’est actée sous l’influence d’un mouvement de sociétés civiles autonomes, technocrates aux principes spirituels, dont le ministre de l’agriculture était membre.
Si le Sri-Lanka a un score ESG de 99,6 sur 100, score particulièrement élevé, qui a été atteint en prenant une série de mesures anti-économiques et anti-productives, il n’empêche que la population se trouve actuellement dans un état de pauvreté extrême, n’en déplaise aux démagogues qui souhaiteraient que ces mêmes solutions soient massivement adoptées dans les pays développés.
2° Du côté monétaire, le Sri-Lanka est un pays relativement petit tant par sa surface que sa population. Il n’est donc pas étonnant de savoir que le pays dépend beaucoup des importations.
On l’a vu, la roupie sri-lankaise étant particulièrement faible sur la scène internationale, cela signifie que pour payer ses importations, le pays a besoin d’une devise forte comme le dollar.
De plus, étant donné que le pays exporte relativement peu, il doit payer d'énormes intérêts sur ses dettes internationales alors que, parallèlement, le gouvernement avait annoncé une réduction des taxes en 2020 réduisant de facto les recettes publiques, faisant une nouvelle fois pression à la hausse sur son endettement.
La conséquence de cela c’est que le pays n’a pas eu d’autre choix que de venir tapper dans ses réserves pour faire face à ses engagements et les réserves de la banque centrale ont très rapidement baissé entre 2020 et 2022 à la suite des différents achats de roupies sur les marchés pour maintenir le taux de change fixe avec le dollar.
Or, le Sri Lanka ne produit pas ses engrais et pesticides. Le pays doit les importer contre des dollars. De plus, il faut savoir que les achats de synthétiques agricoles sont majoritairement subventionnés par l'Etat.
En outre, la crise du covid-19 ayant fortement perturbé les chaînes d’approvisionnement, cela s’est traduit par une augmentation des prix de différents produits dont les engrais et pesticides.
Ainsi, entre l’obligation de devoir dépenser ses réserves en dollar pour maintenir le taux de change fixe de sa devise et l’obligation de dépenser ses réserves en dollars pour acheter les différents engrais tout en devant rembourser ses emprunts internationaux en dollars ou Renminbi, cela justifierait la rapide baisse du niveau des réserves en devises étrangères du pays.
C’est précisément pour cette raison que beaucoup soupçonnent que l’action du gouvernement d’imposer une interdiction de l’utilisation de pesticides trouverait plutôt son origine dans la volonté de ralentir la chute des réserves du pays.
Une chose est sûre, quelles que soient les raisons, il est assez aisé de s’imaginer les conséquences de cette décision qui ne se sont absolument pas faites attendre.
Perte d’’autosuffisance et descente en enfer
Suite à cette mésaventure, le Sri-Lanka a vu sa production de riz, principale source calorique, baisser de 30 pour cent et le pays fut forcé d’importer du riz pour assurer sa subsistance. Cela est d’autant plus important quand l’on remarque que le pays était autosuffisant et que cette baisse fut constatée seulement quelques mois après l’interdiction.
La production, dans sa totalité, a chuté de près de 50 pour cent par rapport aux chiffres de l'année précédente.
Cela a également eu pour conséquence de faire chuter l’exportation de thé, l’une des seules ressources qui permettait au pays de faire entre des devises fortes.
Les sources officielles affichent une baisse de production de l’ordre de 20 pour cent en à peine quelques mois après le bannissement.
Au final, avec la réduction de sa production agricole, le Sri-Lanka est devenu encore plus dépendant des exportations. En plus de l'énergie et des produits manufacturiers, le pays est à présent obligé d’importer également des ressources vivrières.
À côté de cela, les réserves en devises étrangères ont également fini par atteindre un point bas.
Le pays doit donc importer et n’a littéralement plus d’argent. L’inflation alimentaire a connu des pics à près de 100 pour cent, tout cela, à cause de l’absence de réserve, des rendements agricoles médiocres et une mauvaise gestion gouvernementale.
La dette du pays etait egalement devenue insoutenable à pres de 120 pour cent du PIB et l’absence de reserve rendait le gouvernement incapable d’honorer ses engagements.
La situation est rapidement devenue instable au Sri Lanka et le pays a connu de nombreuses manifestations de la population pour appeler à un départ du gouvernement en place qu’il jugent responsable de toutes ces crises.
La situation instable a rendu les investisseurs étrangers hostiles à prêter davantage et la pays a fini par faire défaut sur une grande partie de ses dettes étrangères, les titres tombant mécaniquement dans la catégorie “junk bonds”, poussant les taux à plus de 30 point de pourcentage.
Cette crise monétaire et économique poussera même la population aux manifestations, finissant même par assiéger le palais présidentiel après la fuite de Rajapaksa laissant un pays en ruine.
Depuis, le gouvernement a fait volte de face sur sa politique d’agriculture organique et le pays a reçu de nombreux prêts pour l’acquisition de fertilisants.
Cette approche semble porter ses fruits au vu de la baisse de l’inflation alimentaire et des projections du département d’agriculture des USA, USDA projetant un rendement en nette croissance approchant les niveaux d’avant crises.
Le niveau de réserves, quant à lui, est reparti à la hausse, en partie grâce au sauvetage du FMI et la chine a également accepté de restructurer la dette contractée par le Sri-Lanka.
Pour ce qui a trait au tourisme, le reprise semble mitigée et la croissance s’est stabilisée depuis avec des niveaux d’inflation divisés par 10.
Bien que sa création soit souvent attribuée à une loi signée par le président Woodrow Wilson, les mystères entourant la naissance de LA Banque Centrale la plus puissante au monde : la Réserve Fédérale Américaine, révèlent une tout autre réalité.
À une époque où l'idée même d'une banque centrale était accueillie avec méfiance par le peuple américain, cette institution monétaire centrale a censée être conçue pour atténuer les crises financières, a finalement exacerbé les problèmes qu'elle était censée résoudre.
Forcément, cela a donné lieu à tout un tas de théories parfois farfelus, notamment concernant sa nature, sa prétendue propriété privée ainsi que son rôle au sein du gouvernement.
Qu’en est-il concrètement ? Quelles sont les idées préconçues sur la Réserve fédérale, quelles sont les ramifications de son influence sur l'économie américaine et mondiale et l’institution est-elle réellement un organisme privé ?
Les Seigneurs qui contrôlent notre argent
Bonjour à toute la communauté et bienvenue pour une nouvelle vidéo, je suis Mathieu de la chaîne Libre&Riche !
Bien que son acte fondateur indique qu’elle a été créée par une loi du 23 décembre 1913 , et promulguée par le président Woodrow Wilson, en réalité, il existe une histoire secrète, concernant la Réserve fédérale et les mystères entourant sa naissance.
Si aujourd’hui, il est communément admis, bien malheureusement soit dit en passant, qu’une entité monétaire centrale, telle qu’une banque centrale, est quelque chose de normal, si ce n’est d’indispensable, il faut savoir qu’à l’époque, les hommes d'affaires, les entreprises et même le peuple américain lui-même, depuis leur indépendance, ont été réticents à créer des organisations qui servent à renforcer le pouvoir central et notamment celui de l’État.
L'existence d'une banque centrale intervenant afin de réguler les opérations monétaires faisait donc partie du lot des rejets fermes de ceux qui défendaient avec acharnement les principes fédéraux qui ont donné naissance à la nation.
En fait, les États-Unis avaient déjà connu deux précédentes tentatives de création d'une banque centrale. La première d’entre elle eu lieu pendant la présidence de George Washington, en 1791, et malgré la farouche opposition de Thomas Jefferson, la banque a duré 20 ans.
La deuxième tentative fut révoquée par Andrew Jackson qui, en 1836, démantela la banque centrale et mit fin aux aspirations d'avoir une entité qui réglementerait les opérations financières.
Ainsi, les États-Unis étaient particulièrement méfiants vis-à-vis des organisations aux mains du pouvoir central.
Pendant près de 80 ans, le pays de l’oncle Sam s’est retrouvé sans banque centrale, mais les premières années du vingtième siècle ont été marquées par de profondes crises financières, en particulier une grave en 1907.
À partir de cet instant, certains Américains sont devenus persuadés que le pays avait besoin d'une sorte de réforme bancaire et monétaire qui, lorsqu’il serait menacé par des paniques financières, fournirait une bouée de secours afin de sauver l’économie de la récession.
Mais bien sûr, la méfiance des banquiers et des hommes d'affaires devait être vaincue. C'est ainsi que l'histoire secrète de la Réserve fédérale a commencé à se tisser.
Notre histoire commence en 1910. Par une froide journée de décembre, le sénateur Nelson Aldrich, accompagné de six autres personnes, monte dans un wagon de train à New York à destination de Jekyll Island, au large de la Géorgie.
L’excuse était une journée de chasse et toutes les précautions avaient été prises pour éviter d'être repéré par les journalistes, et pour cause. Parmi les six hommes que Nelson Aldrich a rassemblé figuraient des dirigeants de banques, des fonctionnaires et certaines des personnes les plus riches de la planète à l'époque.
À leur arrivée sur l'île, ils ont tenu une réunion de neuf jours qui portait sur rien de moins que la création de la Réserve fédérale américaine dont l’acte fondateur verra le jour le 23 décembre 1913, c’est-à-dire, il y a de cela, bientôt pile 110 ans.
Pourtant, si la FED fut supposément créée pour mettre un terme aux paniques financières, non seulement, elle ne les a pas empêchés, mais, en plus, durant les 80 années précédant sa création, le système bancaire américain avait fonctionné sans recourir à aucun prêteur en dernier ressort, privilégié par l'État.
Cela ne veut pas dire que les institutions financières du pays n'avaient pas connu de crises, mais la plupart de ces crises résultaient de réglementations gouvernementales.
Par exemple, certaines de ses réglementations visaient à interdire aux banques d’être présentes dans plusieurs États, ce qui les empêchait de diversifier territorialement leur portefeuille d'investissements.
De même, les banques ne pouvaient émettre que des billets en acquérant simultanément des dettes d'État ou fédérales, une restriction qui leur liait les mains pour satisfaire la demande de liquidité de leurs clients et les condamnait à des paniques récurrentes de méfiance.
Cependant, toutes les paniques, y compris la célèbre de 1907, ont été résolues sans qu'aucune intervention d’une quelconque entité centrale ne soit nécessaire.
Ce sont les banquiers eux-mêmes qui étaient chargés de liquider les entités insolvables et de refinancer les autres qui, étant solvables, se trouvaient en situation d'illiquidité.
De cette manière, les entités qui privatisaient les gains, privatisaient également les pertes et assumaient leurs propres responsabilités, à la différence du système actuel où ce sont les citoyens qui finissent par payer pour les erreurs des autres, système dans lequel les gains sont privatisés et les pertes sont socialisées.
Grâce à cela, et malgré l'influence désastreuse des réglementations, les crises économiques antérieures à la FED ont eu une durée moyenne plus courte que celle d'aujourd'hui et les reprises se sont déclenchées avec plus d'intensité.
Évidemment, les banquiers préféraient que le coût du renflouement de leurs pairs imprudents ne leur incombe pas, et qu’il s’agisse plutôt de la société dans son ensemble qui paient les pots cassés.
C'est ainsi que des pressions politiques et des conspirations dans l'ombre ont fini par donner lieu, il y a maintenant plus d’un siècle, à la Réserve fédérale, c'est-à-dire un monopole d'État sur la création d’une monnaie de cours forcé dont le but, on ne peut plus explicite, est de refinancer ces entités financières, qui ont été irresponsables, de ne pas honorer leurs engagements à court terme.
Si, au cours de ses premiers jours de vie, la FED était plutôt bien gérée, en l’espace de quelques années seulement, la gouvernance de l’institution centrale fut de plus en plus négligente.
En effet, la FED, qui n’acceptait de venir en aide qu’aux institutions les mieux gérées et avec de solides garanties, s’est mise à concéder des prêts en contrepartie d’un large éventails d’actifs, parfois de moins bonne qualité, notamment dans le but d'inclure de la dette publique à long terme et de faciliter le financement bon marché du Trésor.
Les banques se frottent les mains : elles jouissent enfin d'une offre de crédit garantie et suffisamment élastique pour multiplier allègrement et imprudemment leurs investissements.
Les graines d’un désastre furent semées, et en à peine moins de deux décennies après sa création, la plus grande crise économique de l'histoire frappa les États-Unis. Ainsi, le monopole d'État, créé sous prétexte de stabilisation du système financier du pays, a tout simplement conduit à une faillite complète du système grâce à la folle expansion du crédit qu'il avait lui-même encouragé des années auparavant.
Ainsi, si un tel échec aurait mené à une conclusion radicale au cours du dix-neuvième siècle, c’est-à-dire la fermeture de la Réserve Fédérale, c’est tout le contraire qui fut suivi. Après la Grande Dépression, les élites politiques et bancaires ont continué à s'unir pour continuer à accroître les pouvoirs de cette institution, au point de l'avoir érigée de facto en banque centrale de la planète entière et de l'avoir libérée de son obligation de conversion en or des billets et des dépôts, de manière définitive, notamment après le 15 août 1971 et la fin du système de Bretton Woods.
Une fuite en avant permanente qui nous a conduit par la suite à plusieurs grandes catastrophes macroéconomiques dont, notamment, la stagflation des années 70 ou de la crise de 2008 ou encore la crise inflationniste actuelle, toutes trois alimentées par l’intervention des banques centrales.
En bref : illiquidité bancaire, surendettement public et privé, dépréciation des monnaies, volatilité extrême des taux d'intérêt et, pour couronner le tout, allongement de la durée et de l'intensité des crises économiques.
La FED : entité publique ou privée ?
Arrivé à ce stade, il est fréquent d’entendre que les deux principales banques centrales autour de la planète, que sont la réserve fédérale américaine et la banque centrale européenne, sont privées et donc, qu’un groupe de personnes influentes profiteraient de leur pouvoir en tirer des bénéfices dans l’ombre.
Ces considérations alimentent ainsi le discours démagogique de nombreux étatistes qui se plaisent à imputer au marché, à la déréglementation et à la liberté des mouvements des capitaux les désastres que nous subissons actuellement.
Si le marché est mauvais et l'État est bon, si nous avons besoin de plus d'État et moins de marché, si le monde de la finance, et même nos vies, sont dirigés par des groupes et des entreprises privées malveillantes, comment se fait-il que les crises, tant du côté des États-Unis qu'en Europe, soient de la responsabilité de certaines entités qui sont des monopoles publics ?
L’échappatoire trouvée par certains afin de garder intacts leurs préjugés réside dans le fait que la Réserve fédérale américaine, la banque centrale par excellence, est en fait une entité privée. De cette façon, les désastres qui saccagent l’économie sont non pas de la responsabilité des États, mais des hommes d'affaires avides qui contrôlent la FED pour leur propre bénéfice.
Du coup, qu’en est-il concrètement ?
Le fait que, certains indicateurs semblent, en effet, suggérer, voire corroborer, la nature privée de la Réserve Fédérale Américaine.
En effet, non seulement la FED est formellement indépendante du gouvernement, mais, en plus, la propriété de l’institution monétaire centrale est bien aux 12 banques régionales de la Réserve fédérale, dont les actionnaires sont toutes les banques privées qui sont membres du système de financement de la Fed.
Il faut savoir qu’environ 40 pour cent de toutes les banques américaines sont des banques membres et, par conséquent, des actionnaires de la Réserve Fédérale.
En bref, dans la mesure où la propriété de la FED est privée et sa gestion est indépendante du gouvernement, nous n’avons pas besoin d’arguments supplémentaire pour conclure qu'il s'agit bien d'une banque privée.
Eh bien, en réalité, pas vraiment…
Si l'on souhaite approfondir le sujet et éviter les analyses superficielles, il est indispensable d’étudier trois caractéristiques fondamentales qui régissent la FED que sont la genèse de ses statuts, la sélection de son équipe dirigeante et la nature de son capital social.
1° Concernant la première caractéristique, on sait que toutes les sociétés privées sont régies par des statuts approuvés en assemblée générale des actionnaires dans la limites fixée par la loi. Dans le cas de la réserve fédérale, ce n’est pas tant que ses statuts seraient liés à une réglementation d'État, mais plutôt qu’il s’agit précisément d’une réglementation d'État à part entière, et plus particulièrement la Federal Reserve Act.
Autrement dit, ce ne sont pas les actionnaires qui s'accordent sur le règlement et les modalités de fonctionnement de l'entreprise, mais plutôt l'État qui contrôle l'ensemble de son fonctionnement.
Il est donc assez loufoque de qualifier de “propriétaires” des individus qui n'ont strictement aucune capacité à déterminer les modalités d’organisation de leur entreprise. Or, pour pouvoir orienter une institution comme bon nous semble, encore faut-il avoir un pouvoir décisionnel sur celle-ci, ce qui n’est pas le cas des actionnaires de la réserve fédérale.
2° La deuxième caractéristique se trouve dans la sélection de l'équipe dirigeante. Le Conseil des gouverneurs de la Fed, qui est l'organe qui fixe le ratio de réserves obligatoires, les taux directeurs, qui supervise le système bancaire du pays de manière générale et qui établit les réglementations financières les plus diverses, est nommé dans son intégralité par le Président des États-Unis et confirmé par le Sénat.
Ainsi, c’est le Président des États-Unis, en collaboration avec le Sénat, qui nomme le conseil des gouverneurs, qui contrôle tous les rouages de la politique monétaire de la banque centrale.
Une nouvelle fois, il est difficile d’appeler “entreprise privée” une entité au sein de laquelle aucun des actionnaires n’a le pouvoir de remplacer les administrateurs et de décider de la politique suivie par l'entreprise.
On comprend donc que, le fait que la FED soit indépendante du gouvernement, n’enlève rien au fait que le Conseil des gouverneurs de la Fed, soit nommé par le Président américain. Les dirigeants sont donc nommés par des hommes politiques et non par leurs actionnaires présumés.
D’ailleurs, comme le reconnaît la FED elle-même sur son site internet :
“Certains observateurs considèrent à tort que la Réserve fédérale est une entité privée parce que les Reserve Banks sont organisées de la même manière que des sociétés privées [...] Les banques commerciales membres du système de la réserve fédérale détiennent des actions dans la Reserve Bank de leur district. Cependant, posséder des actions de la Reserve Bank est assez différent de posséder des actions dans une société privée. Les Reserve Banks ne sont pas exploitées dans un but lucratif et la propriété d'un certain nombre d'actions est, selon la loi, une condition d'adhésion au système. En fait, les Reserve Banks sont tenues par la loi de transférer les bénéfices nets au Trésor américain”.
“Par conséquent, la Réserve fédérale peut être décrite plus précisément comme "indépendante au sein du gouvernement" plutôt que comme "indépendante du gouvernement”.
C'est-à-dire que la FED elle-même reconnaît qu'elle est un organisme d'État, mais indépendant du reste des bureaucrates qui composent l'État. Exactement comme la Banque Centrale Européenne.
3° Finalement, reste enfin à élucider la question de la nature de son capital social. En effet, les plus sceptiques d’entre vous pourraient penser que, certes, ce sont les politiciens qui établissent les règles et nomment les dirigeants de la FED, mais sa nature reste celle d'une société avec des actionnaires privés à 100 pour cent.
Eh bien une nouvelle fois, pas vraiment…
En fait, chaque banque privée membre du système de la Réserve fédérale doit être actionnaire de la banque régionale de son district : les banques ayant une présence nationale ont l'obligation légale d'être membres et donc actionnaires. Concrètement, dès qu'une banque obtient le statut de membre, elle se doit de devenir également “actionnaire”, en détenant une part du capital de la FED régionale où elle est rattachée égale à 6 pour cent de son propre capital.
En outre, bien que les grandes banques, avec un capital social plus important, auront tendance à être les actionnaires majoritaires des banques régionales de la FED, ces dernières ne peuvent même pas influencer la prise de décision dans la mesure où, chaque actionnaire n'a droit qu'à une seule voix quel que soit le nombre d'actions détenues, de sorte qu’une grande banque a le même poids qu’une petite banque.
Mais les particularités ayant trait au capital social de la Réserve Fédérale Américaine ne s'arrêtent pas là. Les actionnaires ne peuvent ni vendre ni utiliser leurs actions en garantie. Autrement dit, leur capital y est nécessairement immobilisé tant qu'ils restent membres du système.
Une nouvelle fois, parler d’entité privée, un organisme dans lequel, il ne nous est pas possible de disposer des titres de propriété est assez peu logique.
Concrètement, lorsque l’on est actionnaire, trois grands droits nous sont attribués :
Le premier ayant trait aux droits politiques, c’est-à-dire la capacité à participer aux prises de décisions au sein de la société, sont très limités.
Le deuxième concernant les droits patrimoniaux, c’est-à-dire la possibilité de disposer de ses titres, sont bafoués.
Et finalement, le troisième qui traite des droits financiers, c’est-à-dire toucher des dividendes, est le seul existant, bien que restreint et fixé par la loi à 6 pour cent du montant investit.
Plus précisément, si les bénéfices réalisés par la Réserve Fédérale sont suffisants, les dividendes versés ne peuvent être supérieurs ou inférieurs à 6 pour cent du capital libéré, ce qui est, il est vrai, un dividende particulièrement élevé.
Pour autant, en pratique, cela signifie que seule une infime partie des bénéfices annuels de la FED reviennent à leurs prétendus propriétaires, alors que la totalité devrait leur revenir, s’il s’agissait d’une vraie entreprise privée.
En effet, selon la loi, tous les bénéfices restants vont au Trésor public.
Ainsi, par exemple, sur les 1.854 milliards de dollars de bénéfices que la Réserve fédérale a obtenu depuis sa constitution, 1.827 milliards de dollars ont été distribués au Trésor et agences étatiques et seulement 27 milliards ont été distribués aux actionnaires, c’est-à-dire les banques.
Autrement dit, le Trésor a absorbé 98,5 pour cent de l’ensemble des bénéfices de la FED depuis sa création.
En bref, la question que l’on peut légitimement se poser est : dans quelle mesure une entité dont les statuts sont de droit étatique, où l'équipe dirigeante est majoritairement désignée par l'État et dont les bénéfices reviennent à près de 99 pour cent à l'État, peut-elle réellement être considérée comme “privée” ?
Dans strictement aucune !
La réalité, c'est que la FED a un actionnaire prédominant dans l'ombre qui est l'État : c'est lui qui écrit les statuts, qui nomme et supervise l'équipe dirigeante et qui empoche pratiquement tous les bénéfices.
Les actionnaires privés, à savoir les banques membres, n’ont d’actionnaire que le nom, sont obligés de financer avec leur capital la Réserve fédérale en échange de bénéficier de privilèges de refinancement à bas coûts, mais qui ne contrôlent pratiquement rien dans la pratique.
Il s'agit donc plus d'une immobilisation forcée, bien que rémunérée, du capital, qu’un droit de propriété sur le système, au grand dam des démagogues et des prêcheurs d’un grand complot illuminati.
En ce qui concerne la Banque Centrale Européenne, strictement aucune ambiguïté ne plane, dans la mesure où les membres du directoire de l’institution sont nommés par les membres du Conseil Européen, Conseil Européen, lui-même constitué des chefs d’État ou de gouvernement des États membre de l’Union Européenne, et que la totalité du capital de la BCE appartient aux banques nationales qui sont en la possession des différents États membres et donc que la totalité des dividendes leur sont attribués.
Venezuela, Norvège, Emirates Arabes Unis et Guatemala.
Voilà une sélection de pays qui ne pourrait pas être plus différente.
Et pourtant…
Il existe bien un lien entre ces différents territoires !
En effet, ce sont tous des pays qui, a un moment ou un autre dans l’histoire contemporaine, ont vu leur économie tourner principalement autour de l’exportation d’un seul et unique produit !
Le pétrole dans le cas des trois premiers et les bananes pour le Guatemala.
Or, cette dépendance économique a été, et continue encore de nos jours, particulièrement désastreuse pour le pays qui tombait dans le piège de ce que l’on appelle aujourd’hui le Dutch Desease, ou maladie hollandaise en français !
En quoi consiste cette maladie économique et financière ?
Qu’est-ce que le Dutch Desease ? Quelles sont ses origines du terme et quels en sont les effets, les conséquences et les différentes subtilités ?
Dutch Desease: les origines
Je suis un phénomène très intéressant de l’économie d’un pays, je prends vie suite à la découverte d’une nouvelle opportunité ou ressources, les conséquences de ma venue peuvent s’avérer désastreuse si les autorités en place ne prennent pas les mesures nécessaires…
Je suis ?
Évidemment, le Dutch Desease !
Le modèle économique qui décrit le phénomène du Dutch disease a été pour la première fois développé par les économistes Max Corden et Peter Neary en 1982.
Dutch disease ou syndrome Hollandais trouve son origine, comme son nom l’indique, aux Pays-Bas.
Si le syndrome a probablement existé aux cours des millénaires de civilisation passés, ce terme est lié à la découverte d’un énorme gisement de gaz naturel en mer du Nord en 1959 par les Pays-Bas ainsi que des différents évènements qui en ont découlé.
Pour l’anecdote, la nouvelle ressource découverte ainsi que son exploitation massive associée à une demande importante a très vite provoqué un afflux massif de capitaux étrangers sur le territoire hollandais.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, si de prime abord, cette évolution semble être positive, en réalité cette découverte a eu de graves répercussions sur d’importants segments de l’économie du pays.
En effet, l’augmentation soudaine et rapide de la valeur de la devise nationale de l’époque, le florin néerlandais, a rendu les exportations non pétrolières néerlandaises plus chères et, par conséquent, moins compétitives.
Le taux de chômage est ainsi passé de 1,1 pour cent à 5,1 pour cent entre 1970 et 1977, avant d’exploser à la hausse, avec une baisse importante de l’emploi dans le secteur manufacturier et la production industrielle du pays s’est mise à stagner entre 1974 et 1984.
Un article du journal The Economist datant de 1977 cite trois composantes comme cause du syndrome hollandais :
1° Premièrement, une devise trop forte. Les exportations de gaz avaient entraîné un afflux de devises étrangères, ce qui avait accru la demande de florin et l'avait ainsi renforcé. Cela avait rendu d'autres secteurs de l'économie moins compétitifs sur les marchés internationaux. En outre, l’extraction du gaz étant une activité avec une intensité capitalistique forte, c’est-à-dire ayant besoin d’un grand nombre d’actifs, malgré les efforts engagés par les responsables pour freiner la croissance du florin hollandais, les coûts de la main d’œuvre interne ont connu une croissance beaucoup plus rapide que les produits importés, comme le montre cette image rendant le florin, de facto, moins compétitifs.
2° Ensuite, deuxièmement, la croissance des coûts industriels : d’abord, la croissance des salaires, comme indiqué, fut largement encouragée par le gouvernement. Les cotisations sociales ont également connu une importante croissance, faisant augmenter le poids de la contribution sur les entreprises. L’implantation de nouvelles normes environnementale et de sécurité sociales dont les applications représentent un coût important, associé aux éléments mentionnés, ont aussi eu pour conséquence de faire augmenter les coûts sur les entreprises.
3° Finalement, l’augmentation des dépenses gouvernementale. Au travers des taxes et des participations dans des entreprises, une grande partie des revenus liés à l’exploitation des nouvelles ressources gazières, est revenue au gouvernement qui n’a pas hésité à dépenser au profit des allocations sociales, les fonds de pensions, les bénéfices chômages, etc. sans pour autant augmenter les allocations aux investissements ce qui aurait garanti un flux constant de capitaux
Dutch Desease : le fonctionnement
Dans un objectif de simplification et pour schématiser, il nous est possible de réduire l’ensemble des activités économiques d’un État à trois éléments, comme décrits par les économistes à l’origine du terme.
Ces éléments sont :
- Les services, que l’on peut associer à la main d’œuvre et au capital humain,
- Le secteur manufacturier, que l’on peut associer au capital monétaire, numérique ou intellectuel,
- Et le secteur en croissance : généralement l’énergie qui est le produit des ressources souterraines, c’est-à-dire le facteur terre.
L’ensemble des entreprises emploient chacun de ces trois variables à différentes échelles selon leur secteur d’activité.
Tandis que dans le cas d’une entreprise pétrolière, minière, agricole ou de gaz naturel, c'est le facteur terre qui défini la limite maximum de productivité, dans le cas d’un groupe hôtelier, typique du secteur de service, c’est avant tout le capital humain qui sera le facteur limitant.
On voit donc que, étant donné que les ressources au sein d’une économie sont de nature rares, l’allocation d’une ressource au sein d’un secteur représente un manque à gagner pour les autres secteurs, de sorte que l’on est plus à même de comprendre pourquoi le Dutch Desease s’avère généralement négatif pour les pays en souffrant.
En effet, traditionnellement, ce qu’il se passe dès lors qu’une nouvelle ressource très demandée est découverte dans un pays, c’est qu’une certaine part des trois principaux facteurs mentionnés précédemment sera redirigée à l’exploration et à l’extraction de cette nouvelle ressource.
En ce qui concerne la devise, lorsqu’un pays devient un exportateur très important d’une certaine ressource, la valeur de sa monnaie a tendance à rapidement croitre.
En effet, pour pouvoir acheter la production du pays exportateur, les pays importateurs vont devoir accroître leur demande de monnaie locale, ce qui va faire pression à la hausse sur cette dernière.
Si une valeur élevée de la monnaie peut, dans un premier temps, sembler être une bonne nouvelle, en réalité, il convient de prendre en compte les différentes conséquences que cela engendre.
Dans un contexte d’échanges internationaux, une devise plus forte a tendance à stimuler les importations, le dollar américain en est le parfait exemple, tandis qu’une devise plus faible a tendance à stimuler les exportations, les exportations, le renminbi chinois étant également un bon exemple.
Aussi, une devise élevée implique un prix à payer plus élevé pour l’importateur, ce qui, à terme, fini par porter préjudice au pays dont la devise s’apprécie.
En effet, d’un côté, il devient moins cher pour notre pays d’importer les ressources dont il a besoin et, de l’autre, le secteur manufacturier interne doit concourir contre le secteur en croissance, le secteur des services et contre les produits étrangers moins cher pour la population. On assiste à ce moment à forte réduction des exportations du pays concernés qui touchera l'ensemble des secteurs.
C’est exactement ce que l’on a observé du côté des Pays-Bas qui, après une forte croissance des exportations dans les années 70, la courbe a fini par chuter.
Pour couronner le tout, en règle générale, tout gouvernement en place veut satisfaire sa population dans le but se faire réélire. Ainsi, la découverte d’une nouvelle ressource, faisant entrer beaucoup de capitaux dans les caisses de l’État, entraine bien souvent, dans le meilleur des cas, une diminution des taxes ou une augmentation massive des dépenses du gouvernement et, dans le pire des cas, notamment dans les pays en voie de développement et dans les régimes dictatoriaux, une cannibalisation des ressources au travers de la corruption par les classes dirigeante et une augmentation des inégalités au sein des classes sociales.
La population verra rarement les bénéfices de l’exploitation de la ressource qui sera exploitée par des entreprises étrangères qui paieront peu de taxes à la suite de pots de vins versés aux représentants officiels.
Dutch Desease : les conséquences
Compte tenu de ce que l’on vient de voir, tant que l’ensemble de ces trois conditions persiste, c’est-à-dire que la demande de la ressource reste forte, le prix de la ressource et en croissance et que les quantités produites persistent, il n’y a priori pas de problème au syndrome hollandais.
En revanche, lorsque les choses se compliquent, le gouvernement doit dès lors se confronter à deux options dont aucune n’est enviable :
Soit, il s’endette massivement et/ou imprime des liquidités pour tenter de maintenir ses dépenses, précipitant le pays dans l’hyper-inflation.
Soit, il ne fait rien et les tensions au sein de la population augmentera compte tenu de la hausse du chômage, la perte de compétitivité de nombreuses industries et l’appauvrissement du pays.
Si à l’échelle individuelle, dépendre d’une seule source revenue, bien que non conseillé, est soutenable, à l’échelle d’un État, dépendre d’une seule ressource revient à s’attacher une corde autour du cou.
Aujourd’hui, de nombreux pays tombent dans ce qu’on appelle aujourd’hui la mort prématurée du secteur manufacturier. En effet, après la découverte d’une nouvelle ressource, ces pays deviennent extrêmement dépendants de celle-ci. Les investissements internationaux dans le pays ont tendance à se concentrer exclusivement dans ce secteur en croissance et en raison de la divergence entre la valeur interne et la valeur internationale de leurs devises, le secteur manufacturier qu’ils auraient voulu développer grâce à la nouvelle ressource meurt avant même d’avoir connu la croissance.
L’exemple du pire est d’ailleurs sans aucun doute le Venezuela !
Après la nationalisation des réserves de pétrole dans les années 70, la valeur de la devise a augmenté, encourageant les importations et réduisant les exportations. Le gouvernement n’a pas cherché à diversifier ses investissements et le secteur pétrolier fut cannibalisé par la corruption.
Les entreprises financées par le gouvernement étaient devenues des zombies maintenus artificiellement par le gouvernement qui y injectait des capitaux malgré la mauvaise gestion et l’absence d’obligation de rentabilité.
Les dépenses sociales ont explosé, à tel point que le gouvernement s’est adonné à la dette pour financer des dépenses absurdes et impression monétaire, provoquant une situation hyper-inflationniste.
L’inflation était telle qu’elle a même dépassé les 350.000 pour cent sur un an. Christine Lagarde n’a qu’à bien se tenir…
Évidemment, tous les pays disposant de nombreuses ressources naturelles ne sont pas condamnés à finir comme le Venezuela. L’exemple le plus parlant étant sans aucun doute la Norvège.
Si le parcours du pays n’est pas très différent de celui du Venezuela, la Norvège est pourtant aujourd’hui au sommet des classements en termes de joie de vivre, de PIB, de protection salariale, d’espérance de vie et de facilité de lancer des business.
Tout comme le Venezuela, la Norvège a également découvert en 1969 de nombreux gisements pétrolifères en mer de Norvège. Le PIB du pays est passé de 5 milliards à 65 milliards de dollars entre 1960 et 1980.
L’exploitation des ressources s’est fait au travers de l’entreprise gouvernementale Equinor, anciennement StatOil de sorte que l’ensemble des profits dus à l’exploitation sont allés au gouvernement, tout comme notre précédent exemple.
Tout comme le Venezuela, la Norvège a engagé des dépenses sociales, à la seule différence que les dépenses engagées par le pays furent très réfléchies et tournées vers l’avenir.
Étant conscient, que les revenus issus de l’exploitation pétrolière ne seraient pas éternels, le gouvernement a investi ses gains dans un fond souverain qui est aujourd’hui le plus grand au monde avec près de 1.400 milliards de dollars d’actifs. Les actifs en eux-mêmes ne sont pas accessibles par la population ou même le gouvernement et l’ensemble des fonds sont investis exclusivement en dehors du pays et dans des secteurs autres que le pétrolier servant ainsi de protection.
Seuls les bénéfices issus des investissements sont utilisé pour financer les dépenses sociales comme : l’éducation, la santé, la sécurité sociale, etc.
Pour conclure, comme on vient de le voir dans le cas de la Norvège, la découverte ou l’exploitation d’une nouvelle ressource n’a pas à être une fatalité pour un pays. Après des décennies d’existence et les nombreux exemples ou équivalents du Dutch disease observés au cours de l’histoire, la concentration de ressources et la mauvaise gestion ont très souvent été à l’origine du mal.
La solution pour y lutter peuvent se résumer en deux mots : diversification et gestion. De nombreux pays exportateurs l’ont aujourd’hui compris.
Outre le cas de la Norvège, on peut également citer la Chine dont le secteur manufacturier fait beaucoup plus parler que ses exportations de matières brutes, les Émirats Arabes Unis, le Qatar ou encore l’Arabie Saoudite qui tendent également à augmenter la part du tourisme dans leur économie et à favoriser les investissements étrangers dans les secteurs autres que celui des ressources naturelles en implantant des hubs sans compter leurs fonds souverains chargés d’investir dans des entreprises étrangères.
La découverte d’une ressource en abondance dans un pays est dans un premier temps une très bonne nouvelle. Néanmoins, cela peut très vite se transformer en un désastre économique et social pour un pays en l’absence de diversification et de gestion adaptée.
Le Venezuela est très vite le pays auquel on pense lorsque l’on fait, référence, a un pays détruit par sa propre richesse. Des territoires dépendants principalement d’une ressource unique sont légion, notamment les pays du golfe et des pays d’Afrique. Si certains d’entre eux tentent de se protéger contre la dépendance et ses conséquences, seul l’avenir nous montrera qui a su se protéger suffisamment, car comme le dit si bien Warren Buffett : “c’est lorsque la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent nu …”
La réserve fédérale américaine lance un système de paiement en temps réel dans la cadre de la première grande mise à jour depuis les années 1970 !
Il s’agit donc de la plus grande avancée depuis des décennies pour le réseau de transfert d'argent américain désuet.
Ce système permettra ainsi aux Américains de transférer de l'argent par voie électronique en quelques secondes, une avancée significative pour un pays où les chèques papier et les espèces restent populaires tandis que les virements bancaires peuvent prendre plusieurs jours.
Cela signifie que les banques et certaines applications permettront d'envoyer de l'argent à tout moment, même les week-ends et les jours fériés, 365 jours par an, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Cependant, seule une fraction des plus de 4.000 banques aux États-Unis ont souscrit à FedNow comme JPMorgan Chase et Wells Fargo.
En quoi consiste ce système ?
Pourquoi est-il instauré seulement maintenant et quels risques cela suppose sur le système financier et monétaire international ?
FedNow et la compensation bancaire
Chaque fois que l’on parle de Réserve Fédérale et des banques centrales, les théories du complot refont surface.
Avec le système FedNow qui est en développement depuis 2019 et qui vient d’être mis à exécution il y a de cela quelques jours, nombreuses sont les personnes craignant que l’on fasse un pas de plus vers la fin du cash et vers le traçage de toutes les transactions par le gouvernement.
Ces préoccupations sont totalement logiques.
La chose importante à savoir à propos de ce nouveau système, c'est que, dans la pratique, pour l'utiliser il n’y a pas d’application à télécharger ou de manipulation particulière à réaliser.
Il suffit d’avoir un compte bancaire auprès de l'une des banques ayant adhéré à ce système et le FedNow sera automatiquement utilisé.
Il faut savoir que jusqu’à maintenant, à quelques exceptions près, les systèmes de paiement en temps réel n’existent pas vraiment ou sont peu développés, qu’il s’agisse des États-Unis, de la France ou quelque soit le pays, notamment chez les pays développés.
En réalité, lorsque l’on effectue un transfert d’argent de notre compte vers le compte d’une autre personne ou d’une société, il n’y a pas immédiatement de transfert d’argent entre les deux banques et cela peut parfois même prendre plusieurs jours.
Ce que fait la banque A lorsqu’on lui demande de transférer de l’argent à une banque B, c’est non pas envoyer de l’argent mais une promesse numérique.
On parle traditionnellement de IOU qui signifie “I Owe You” ou “Je Te Dois” en français.
Il s’agit donc d’un titre en vertu duquel la banque A prend l’engagement d’envoyer de l’argent à la banque B à la fin de la journée.
Arrivé à ce stade, on peut donc se demander : pourquoi ne pas transférer directement de l’argent plutôt que d’attendre la fin de la journée ?
La réponse peut se résumer en deux mots : “Compensation bancaire”.
La compensation bancaire est le mécanisme par lequel les établissements bancaires se règlent entre eux le solde des opérations réalisées par leurs clients.
De manière très schématique, une fois par jour, les comptes sont fait entre ces deux banques, et seul le solde de toutes les opérations réalisées dans un laps de temps défini est échangé.
Imaginons une situation où trois amis partent en voyage en vacances. Ils se répartissent chacun les achats. L’ami A s’occupe de faire les courses et dépense 100 euros, l’ami B s’occupe d’acheter les billets de transport et dépense 70 euros et, finalement, le dernier ami, l’ami C, se charge de payer les différentes activités que nous allons réaliser et dépense 80 euros.
La somme totale dépensée par les trois amis s’élève donc à 250 euros.
Autrement dit, l’ami A doit rembourser 70 euros et 80 euros aux deux autres amis, soit 150 euros. Le problème c’est qu’au total, les amis B et C lui doivent également 100 euros.
Du coup, au lieu de leur donner les 70 euros à l’un, puis 80 à l’autre et demander aux deux autres qu’ils remboursent ce qu’ils doivent, ils vont plutôt attendre la fin de la journée et faire les comptes.
À la fin de la journée, on se retrouve donc avec la situation suivante :
L’ami A doit 70 euros à B et 80 euros à C, l’ami B doit 100 euros à B et 80 euros à C et l’ami C doit 100 euros à A et 70 euros à B.
A doit donc 150 euros et on lui doit 100 euros, B doit 180 euros et on lui doit 70 euros et C doit 170 euros et on lui doit 80 euros. Si l’on déduit ce que chacun doit avec ce que chacun a payé, le solde est le suivant :
A doit 50 euros, B 110 euros et C 90 euros.
Étant donné qu’un total de 250 euros a été dépensé par les amis, cela signifie que pour être à l’équilibre et donc que chacun dépense la même quantité d’argent, il suffit de diviser 250 euros par 3, ce qui nous donne 83,33 euros.
Ainsi, on se rend compte que A ne doit rien à personne et, au contraire, il doit être remboursé de 33,33 euros, par B à hauteur de 26,67 euros et par C à hauteur de 6,67 euros.
Une fois les comptes soldés, on se retrouve donc bien avec 83,33 euros.
Évidemment, dans le cadre du système bancaire, le procédé diffère bien que le principe soit le même.
Plutôt que déplacer de l’argent chaque fois qu’une transaction est effectuée, le but est de déplacer seulement les montants nécessaires à la fin de la journée et cherchant à compenser ce qui est dû entre les différentes entités. D’où le terme de compensation bancaire.
Pour l’anecdote, en France, le système de paiement de détail s’appelle CORE pour “COmpensation REtail” et au niveau pan-européen c’est le fameux SEPA, acronyme anglais de “Single Euro Payments Area”.
FedNow : la grande innovation ?!
Compte tenu de ce que l’on vient de voir, on comprend que le système FedNow doit permettre d'effectuer des virements d'argent instantanément.
Pourtant un système similaire existe déjà depuis plus de cinq ans et il est utilisé par de nombreuses entités financières pour effectuer des virements instantanés.
Il s’agit du RTP, initiales de Real Time Paiement.
Or, il y a de cela quelques jours, le 20 juillet dernier, le deuxième système de paiement en temps réel appelé Fed Now est entré en vigueur.
Autrement dit, le RTP et le FedNow font maintenant la même chose, ils envoient de l'argent en temps réel et ne coûtent que quelques centimes par transaction.
Il existe néanmoins deux différences principales.
La première, c’est que FedNow permet le transfert instantané jusqu'à 500 milles dollars ce qui est bien en deçà de la transaction moyenne d'environ 5 millions de dollars sur le principal service de transfert d'argent de la Fed, le Fedwire, qui est utilisé par les banques, les entreprises et les agences gouvernementales.
La seconde différence qui importe bien plus c’est le fait que RTP appartient à “The Clearing House” détenus par une vingtaine des plus grandes banques mondiales, tandis que FedNow a un seul propriétaire : la réserve fédérale.
Autrement dit, si un système de paiement en temps réel existait déjà pourquoi en créer un autre ?
C'est là que naissent les théories du complot sur une monnaie mondiale unique pour contrôler la population étant donné que ce système nous rapprocherait d'une monnaie numérique de banque centrale.
En effet, si ce système a trait au paiement national, il ne manquerait plus qu’un système international.
Or, à l'international, ce projet a un nom : le Project Cedar, qui se trouve désormais en phase 2.
Ce projet a pour vocation d'améliorer les paiements transfrontaliers, notamment au travers des monnaies digitales de banque centrale.
Il faut savoir qu’il existe un problème avec notre système actuel. Lorsque l’on souhaite envoyer de l'argent à l'international, les virements sont très lents et très coûteux.
Cela peut prendre plusieurs jours pour la simple et bonne raison que lors de l'envoi d'un paiement international, ce paiement peut nécessiter non pas une, ni deux mais jusqu'à trois banques intermédiaires pour vérifier cette transaction tout en passant par diverses conversions de devises.
Donc envoyer de l'argent à l'international n'est pas très efficace ni toujours sûr et certainement pas rapide même pour les banques.
Mais après les tests en phase 1 du Project Cedar, les chercheurs ont découvert qu'ils pouvaient réduire le temps d'une transaction de plusieurs jours à moins de 15 secondes et cela ne leur coûterait que quelques centimes rendant ainsi beaucoup plus efficace l'utilisation de ces monnaies numériques de banque centrale.
Or, les États-Unis ne sont pas le seul pays à le faire et pratiquement tout le système bancaire mondial est en concurrence pour développer sa propre CBDC.
En fait, il y a déjà 11 pays qui ont lancé une CBDC !
32 sont en développement et 46 étudient les données.
Autrement dit, de plus de pays s'impliquent et, au total, il y a 130 pays qui représentent 98 pour cent du PIB mondial.
Ce nouveau système, qui n'est en fait pas si nouveau, donne ainsi aux banques centrales et donc au gouvernement énormément de pouvoirs.
Or, si à la fin des années 60, 77% de la population faisait confiance au gouvernement, notamment celui des États-Unis, désormais, seule 20 pour cent de la population lui font confiance, soit une personne sur cinq.
Le fait est que cette confiance qui s'érode dans le temps, notamment en ce qui concerne l’aspect monétaire est de plus en plus légitime, notamment compte tenu de la gestion calamiteuse qui est en faite actuellement.
On peut d’ailleurs remonter aux années 1930, lorsqu’en 1933, l’Executive Order 6102 fut adopté, en vertu duquel l’or des citoyens fut exproprié sous les Roosevelt.
Un exemple similaire et assez récent concerne notamment le gouvernement canadien en 2022.
En effet, suite aux protestations des camionneurs au Canada, paralysant la capitale, qui ne pouvaient pas partir aux États-Unis s'ils ne se faisaient pas vacciner, le gouvernement avait décidé d’adopter des mesures exceptionnelles au travers de la loi sur les mesures d'urgence parmi les mesures figurait le gel des comptes bancaires des manifestants.
Que l’on soit d'accord ou non avec les protestations et les mesures prises, le fait que les comptes bancaires puissent être gelés en cas de désaccord avec le gouvernement est une mesure particulièrement préoccupante.
La réalité, c’est que le système bancaire actuel a déjà le pouvoir de faire tout cela en cas d'activités illégales comme le blanchiment d'argent ou encore le financement du terrorisme.
Donc les banques ont déjà la capacité de geler certains comptes bancaires. Il n’y a rien de nouveau à cela. Ce que nous devrions surveiller en revanche, c'est si le gouvernement essaie d'éliminer d'autres formes de monnaie et notamment l'argent physique.
Une autre chose qui devrait mettre la puce à l'oreille a trait au contrôle et la surveillance de nos transactions financières.
Par exemple, le yuan numérique, qui est la monnaie numérique de la Banque centrale de Chine, a pour caractéristique d’avoir une date d'expiration, ce qui signifie que si la quantité d’argent n’est pas utilisée avant une date prédéfinie, cette somme est susceptible de disparaître.
Bien que cela puisse sembler étrange, en réalité c'est une manière dont dispose le gouvernement pour contrôler l'inflation.
Ainsi, même si l’inflation est multifactoriel, cette dernière peut se produire notamment lorsqu’il y a un excès de dépenses au sein de l’économie alors que, dans le même temps, la production n’est pas suffisamment élastique, c’est-à-dire que l’offre n’arrive pas à s’ajuster aussi rapidement à la demande qui augmente.
Ce cas de figure, qui a été caractéristique de la période de reprise post-pandémique avec un rupture des chaîne d’approvisionnement et un excès de dépense, a eu pour conséquence de faire croître les prix.
Ainsi, en ayant la possibilité de mettre en place une date d'expiration sur l'argent le gouvernement aurait la capacité de mieux contrôler la demande afin de l’ajuster à l’élasticité de l’offre.
Évidemment, l’on passerait d’un système de vol par l’inflation à un système de vol par péremption de l’argent.
Une chose est sûre, avec le système FedNow, trois risques pèseront sur le système selon un rapport de Moody’s.
1° Premièrement, les institutions financières dépendent fortement des frais liés aux paiements par carte de crédit. Mais si les consommateurs et les entreprises commencent à utiliser FedNow au lieu des cartes, ces revenus pourraient se tarir. En 2022, les commerçants ont payé environ 85,6 milliards de dollars en frais de cartes de crédit.
En effet, il faut savoir que lorsque les commerçants acceptent les cartes de crédit, cela implique de payer des frais à la banque pour chaque transaction.
2° Deuxièmement, FedNow permet des mouvements d'argent en temps réel 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Néanmoins, cela suppose des risques notamment en ce qui concerne la sécurité. En effet, avec une utilisation en temps réel, la technologie et le personnel devra évoluer pour surveiller les transactions 24 heures sur 24 afin de se protéger contre les cyberattaques.
Cela portera préjudice aux plus petites banques et institutions qui disposent de moins de ressources.
3° Finalement, des mouvements d'argent plus rapides pourraient également augmenter le risque de panique bancaire. Moody's a noté que les récentes faillites bancaires ont été exacerbées par la rapidité des retraits, qui pourraient se produire encore plus rapidement avec FedNow.
Pour conclure, bien que la réserve fédérale explique que FedNow n’est en aucun cas lié à une monnaie digitale de banque centrale, ni une étape vers l'élimination de toute forme de paiement, y compris en espèces et qu’une telle mesure ne saurait être prise sans l’autorisation d’une loi, de tels risques pourraient ouvrir la porte à l’instauration d’une CBDC.
En outre, qu'on le veuille ou non, les États-Unis se doivent de rester compétitifs vis-à-vis du reste du monde, il n’est plus qu’une question de temps avant que de telles monnaies voient définitivement le jour.
L'économie chinoise se trouve dans une impasse ! Et cela ne devrait pas être une surprise.
La consommation chinoise est en berne, la dette globale est la plus élevée au monde derrière les États-Unis et ne cesse de croître, les risques déflationnistes commencent à se faire sentir, l'investissement des entreprises privées s'érode, le chômage des jeunes atteint des niveaux historiques et comme si cela ne suffisait pas, la croissance chinoise patine et inquiète.
Il est clair que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes et, tandis que de nombreux experts ont vanté la “réouverture” comme une aubaine pour l'économie mondiale, ils ne regardaient clairement pas les graves déséquilibres structurels de la Chine.
Sauf que, désormais, il existe un gros problème : c'est le risque de tomber dans une récession de bilan.
Et à cause de cette récession de bilan, les récentes baisses de taux d'intérêt en Chine, afin de relancer l’économie, pourraient ne pas fonctionner.
Au lieu de cela, cela ne fera probablement qu'amplifier les déséquilibres actuels.
Le Japon a dû faire face à ce même problème au début des années 1990, tout comme les pays occidentaux après 2008.
La preuve en est, l'assouplissement monétaire qui s’est est suivi, tant du côté nippon que du côté américain et européen, s'est avéré assez inutile pour la croissance et n’a fait que créer des bulles d’actifs.
Désormais, c’est la Chine qui semble suivre cette voie.
Qu’en est-il concrètement ? Qu'est-ce qu'une récession de bilan exactement ? Et quel futur attend la Chine dans les années à venir ?
La récession de bilan
En termes simples, une récession de bilan fait référence à une situation économique dans laquelle le principal problème affectant une économie est le fardeau excessif de la dette des ménages, des entreprises ou des deux.
C'est un concept popularisé par l'économiste Richard Koo et il est lié au concept de déflation de la dette décrit par l'économiste Irving Fisher.
Cette situation s’observe particulièrement dans un contexte économique vis-à-vis duquel sont confrontés les pays coincés dans un phénomène de désendettement, situation durant laquelle les agents procèdent au remboursement de la dette et donc la demande de crédit baisse.
Ce phénomène se caractérise par un changement de comportement du secteur privé vers la thésaurisation, c'est-à-dire le remboursement de la dette plutôt que vers la dépense ou l’investissement, ce qui ralentit l'économie par une réduction de la consommation des ménages ou de l'investissement des entreprises.
À ce stade, l'attention n’est plus tant portée vers les facteurs traditionnels, tels que les taux d'intérêt ou la politique budgétaire du gouvernement mais vers les bilans des particuliers et des entreprises, c’est-à-dire le secteur privé.
En règle générale, ces bilans sont grevés de niveaux d'endettement élevés, résultant souvent d'une bulle spéculative sur l'immobilier ou d'autres actifs qui ont éclaté, et les consommateurs se détournent du crédit.
Le terme bilan découle d'une équation comptable selon laquelle, et comme j’ai eu l’occasion de l’expliquer à maintes reprises, l’actif et toujours, en tout temps et en tout lieu, égal au passif, c’est-à-dire la dette à laquelle s'ajoutent les capitaux propres.
Dans un tel cas de figure, si le prix des actifs tombe en dessous de la valeur de la dette contractée pour les acheter, les capitaux propres doivent être négatifs, ce qui signifie que le consommateur ou l'entreprise devient insolvable.
Autrement dit, jusqu'à ce qu'elle retrouve sa solvabilité, l'entité se concentrera sur le remboursement de la dette ou elle risquera de faire faillite.
On comprend bien que pendant une récession de bilan, la principale préoccupation des ménages et des entreprises est d’assainir leurs bilans en remboursant la dette et en accumulant du cash plutôt qu'en dépensant ou en investissant leur argent.
Cela se traduit donc par une consommation moindre, une diminution des investissements et un manque de production et de demande globale au sein de l'économie.
En conséquence, la croissance économique devient lente voire négative, et le chômage se met à augmenter.
Arrivé à ce stade, cette conjoncture semble certainement familière à un grand nombre d’entre vous !
Et pour cause, la politique monétaire, qui consiste souvent à abaisser les taux d'intérêt pour stimuler le crédit et les dépenses, devient moins efficace dans cette situation parce que l'accent est mis sur la réduction de la dette plutôt que sur la concession de nouveaux crédits.
Cela signifie que si les individus se désendettent, c’est-à-dire qu’ils remboursent leurs dettes, et évitent de nouveaux prêts, les baisses de taux perdent de leur sens.
C’est notamment ce phénomène, que l’on a pu observer aux États-Unis, lors de la crise des subprimes :
Pour autant, on pourrait penser que le fait de rembourser la dette est une bonne chose et cela est vrai, du moins, en règle générale.
Le problème ici, c'est quand tout le monde le fait en même temps.
C'est ce qu'on appelle le sophisme de composition, c'est-à-dire l'erreur de supposer que ce qui est vrai d'un membre d'un groupe est vrai pour le groupe dans son ensemble, ce qui revient à attribuer les propriétés des parties d'un ensemble à l'ensemble lui-même.
Pour mieux comprendre, il s’agit de considérer que, parce que les plumes remplissant un sac de plumes sont légères, alors le sac est léger, les personnes de telle nationalité sont gentils, donc toutes les personnes composant ce pays sont gentils, ou encore, les joueurs de cette équipe sont les meilleurs du championnat, donc il s’agit nécessairement de la meilleure équipe du championnat.
Il en va de même pour la dette. Rembourser sa dette car l’on se trouve dans une situation d’insolvabilité pouvant nous faire tomber en faillite ne signifie pas que rembourser sa dette est forcément et nécessairement une bonne chose.
De ce fait, au fur et à mesure que les individus diminuent leur consommation et leurs investissements pour rembourser leurs dettes, la production et la demande globale dans l'économie chute, ce qui se traduit par une période prolongée d'activité économique morose, de déflation et de faibles taux de croissance.
Pendant ce temps, la faible demande de nouveaux prêts fait encore plus baisser les taux d'intérêt et ainsi de suite.
La Chine entre dans une nouvelle ère
Ainsi, en raison de ce contexte, les baisses de taux d'intérêt en Chine ne feront probablement qu'aggraver ce dilemme.
Selon la théorie économique et monétaire, lorsque la croissance est faible, la baisse des taux d'intérêt devrait stimuler la demande.
L'idée est que les acteurs vont profiter de la baisse des taux d'intérêt pour consommer et investir davantage.
Mais dans le monde réel, cela ne fonctionne pas comme ça dans de nombreux cas : il suffit de regarder le cas du Japon et de l'Europe.
En fait, la réduction des taux d'intérêt aggravera probablement les déséquilibres et il y a deux grandes raisons à cela :
1° Premièrement, l’épargne brute chinoise est particulièrement élevée par rapport à son Produit Intérieur Brut, puisque de 45 pour cent.
Cela signifie que les Chinois épargnent bien plus qu'ils ne dépensent.
La raison est relativement simple et réside dans le modèle économique chinoise qui met l'accent sur les exportations et les entreprises publiques :
La demande des consommateurs reste réprimée, de sorte qu'il existe un important réservoir d'épargne pour alimenter les investissements.
Et bien que cela ait fonctionné lorsque la Chine était largement sous-investie au début des années 2000, elle a maintenant atteint la loi des rendements décroissants.
Cela signifie qu'une grande partie de l'investissement est non rentable et inutile.
C’est d’ailleurs précisément pour cette raison que la plupart des économistes qui pensaient que le PIB de la Chine dépasserait celui des États-Unis au cours de la prochaine ont en réalité assez mal compris le modèle de croissance de la Chine et la manière dont cette croissance est générée.
Ces derniers l’ont mal compris, de la même manière qu’ils l’avaient mal compris lorsqu'ils prédisaient dans les années 60 que le PIB de l’union soviétique dépasserait le PIB américain au cours des deux décennies suivantes, ou lorsqu'ils effectuaient ce même type de projection avec le Japon au cours des années 80.
Leurs estimations ne prenaient pas en compte le fait qu’à mesure que les niveaux d'investissement restaient supérieurs à ce que l'économie pouvait absorber de manière productive, une part de plus en plus grande de la croissance ne pouvait être créée que par la partie de l'économie qui fonctionnait sous des contraintes budgétaires souples.
Cette “croissance”, entre guillemets, qui n'était en réalité que de l'activité et non de la croissance à proprement parler, dans le sens de valeur ajoutée, ne pouvait exister que tant que le gouvernement et le système bancaire étaient disposés et capables de tolérer une augmentation insoutenable de la dette associée à cette activité.
Cela signifie que dès que les niveaux d'endettement deviendraient trop élevés ou une fois que les décideurs politiques décideraient qu'ils devaient s'attaquer à la dette avant qu'elle ne devienne trop élevée et insoutenable, nous verrions une grande partie de la croissance s'inverser.
C'est pourquoi non seulement la croissance se mettrait à ralentir, mais, en plus, elle se mettrait à ralentir beaucoup plus rapidement qu'on ne l'aurait cru possible.
Non seulement revenir à des taux de croissance durables serait quasiment mission impossible, mais, en plus, c’est la stagnation qui guetterait le pays en question.
Cela explique d’ailleurs pourquoi, même si de plus en plus d'économistes s'accordent à dire que la future croissance du PIB chinois sera bien inférieure aux attentes et à leurs prédictions d'antan, ils ne comprennent toujours pas pourquoi.
Ils pensent que la croissance ralentit en raison de changements apportés à des politiques autrefois bonnes ou à cause de problèmes récemment apparus mais, en réalité, tout cela était prévisible compte tenu du modèle de croissance adopté durant de nombreuses années.
Si tel n’était pas le cas, la dette consacrée au financement des investissements ne serait jamais devenue un problème aussi énorme puisque la croissance de la dette aurait été plus que compensée par une croissance du PIB.
Le ratio d’endettement total de la Chine se trouve d’ailleurs à un niveau record, se rapprochant des 300 pour cent du PIB.
Pour mettre cela en perspective, si la croissance économique et les rendements augmentaient en tandem, le ratio de la dette sur PIB n'augmenterait pas.
Cela nous montre que l'économie chinoise est déséquilibrée et doit plutôt se concentrer sur sa propre économie domestique.
2° Deuxièmement, les banques chinoises, déjà sous pression, ont vu leurs marges nettes d'intérêt, ce que l’on appelle la “NIM”, acronyme anglais de “Net Interest Margin”, tomber à des niveaux très bas.
Actuellement, cet indicateur se trouve l’un de ses niveaux les plus bas.
Or, cet indicateur est d’une importance capitale dans la mesure où il reflète la différence entre les revenus d’un prêt et les coûts de ce même prêt.
Le fait est que les banques chinoises ont déjà constaté une augmentation des prêts non performants et Moody's s'attend à ce que ces perspectives pessimistes perdurent.
En ce sens, si en théorie, des taux de dépôt plus bas devraient contribuer à ce que les marges des banques augmentent, dans un environnement caractérisé par une dette toxique croissante et des investissements non rentables, cela peut aggraver les choses.
Cette situation met en exergue quelque chose de plus fondamentalement préoccupant : un parallèle de plus en plus important avec le Japon des années 1990.
Alors que les épargnants sont pénalisés par des rendements plus faibles, leur appétit de dépenser diminue, comme cela s'est produit au Japon.
Cela se reflète notamment au travers de la confiance des ménages qui s'est effondrée l'année dernière au milieu des fermetures dues au Covid-19 et la réouverture soudaine et catastrophique de Xi Jinping en décembre a non seulement déclenché une vague d'infection, mais elle n'a pas fait grand-chose pour raviver ce sentiment de confiance.
Dans ce contexte, la baisse des rendements de l'épargne risque d'avoir l'effet inverse recherché par les décideurs, soit, une baisse de la demande de crédit.
Le danger est que les ménages pensent qu'ils doivent maintenant augmenter leur épargne pour avoir le coussin dont ils ont besoin pour les dépenses futures, y compris la santé et la retraite.
Ce type de concentration sur la constitution d'actifs plutôt que sur les dépenses est précisément ce que l’on appelle récession de bilan, c’est-à-dire la volonté d'épargner/rembourser la dette et la réticence à emprunter/dépenser.
Il est important de noter que la Chine n'a pas les filets de sécurité sociale dont disposent certains pays occidentaux. Ainsi, les individus doivent épargner davantage, et donc moins consommer, pour se préparer à la retraite et aux frais de santé plus tard dans la vie.
Et comme il y a un nombre croissant de Chinois qui prendront leur retraite dans les décennies à venir, cette tendance ne fera qu'augmenter.
La Chine doit donc trouver un moyen de faire deux choses : raviver la confiance des consommateurs et stimuler la demande intérieure.
Ce défi est de taille dans la mesure où les autorités chinoises ont également fait pression pour une baisse des taux sur les prêts immobiliers dans le but de relancer le secteur immobilier, bien que les transactions ainsi que les prix continuent de chuter.
Tout cela, dans un contexte où les promoteurs ne veulent pas investir et les consommateurs ne veulent pas acheter, notamment après la faillite d'Evergrande, l'un des groupes les plus importants et les plus endettés du pays.
Le secteur immobilier chinois commence maintenant à ressembler quelque peu au Japon des années 1990.
La chute du Japon dans la stagnation comportait plusieurs aspects. L'un était une baisse soutenue des valeurs foncières qui a paralysé le secteur financier de ce pays, car la propriété était la principale garantie de crédit dans ce système.
Un autre élément de la détérioration du Japon était la profonde antipathie de Tokyo à reconnaître l'étendue des créances douteuses dans le système, et la pression exercée par les autorités sur les banques pour éviter de forcer les emprunteurs à s'effondrer.
La leçon des décennies perdues du Japon est que sans un nettoyage de la dette en temps opportun et une stimulation de la demande, l'état d'esprit de désendettement pourrait s'enraciner dans le secteur privé et, après un certain point, même des taux d'intérêt nuls ne pourraient plus aider.
Or, les choses semblent aller dans la direction opposée.
À titre d’exemple, le taux de change entre le dollar et le renminbi chinois s’est apprécié de 6 pour cent sur la dernière année.
De plus, il ne faut pas oublier qu’une telle dépréciation revient à taxer le consommateur chinois car elle augmente les coûts des importations et subventionne les exportations. Si la Chine voulait promouvoir une plus grande demande intérieure, elle devait permettre au renminbi de s'apprécier, d'enregistrer des déficits de comptes courants et de restructurer les créances douteuses.
Mais avec de tels déséquilibres structurels, cela s'avérerait politiquement extrêmement difficile et causerait des difficultés économiques à court terme. Ainsi, le risque ici est que la situation actuelle perdure au fur et à mesure que la récession de bilan s’enracine.
Les Etats-Unis font arrêter de hauts responsables chinois !
Les Etats-Unis restreignent l’accès de la Chine aux technologies de semi-conducteurs.
La Chine impose des restrictions sur des métaux rares indispensables à la production de semi-conducteurs.
Ces informations sont justes quelques-unes de celles qui ont fait le tour de la sphère économique depuis les années de gouvernance du président Trump jusqu’à aujourd’hui.
Comment et pourquoi sont nées les tensions entre ces deux grandes puissances ? Comment ont-elles évolué ? Où en sommes-nous aujourd’hui et quelles sont les perspectives futures ?
USA-Chine : Je t’aime, moi non plus
Nous n’avons nullement besoin de vous présenter les premières et deuxièmes puissances économiques mondiales.
Elles occupent les tops des podiums dans tellement de domaines qu’il faudrait une vidéo entière pour cela. La chine est aujourd’hui, le premier exportateur mondial et le deuxième importateur mondial, tandis que les Etats-unis sont pour leur part, le premier importateur et le deuxième exportateur mondial.
Rappelons néanmoins quelques chiffres :
1° D’un côté, nous avons la Chine. Avec une population estimée à 1,4 milliards d’habitants, en décroissance depuis cette année 2023, pour un PIB de près de 18.000 milliards de dollars.
En face nous avons les Etats-Unis, le pays de l’El Dorado, de la malbouffe et des armes. Disposant d’une population de plus de 330 millions d’habitants croissant à un rythme modéré, le pays est la première puissance économique avec un PIB de plus de 25.000 milliards de dollars, l’année.
C’est en 1971, que les Etats-Unis ont reconnu la République Populaire de Chine comme la Chine officielle après avoir longtemps supporté les nationalistes de Taiwan. C’est à partir de cet événement qu’a commencé la longue relation entre les deux pays.
Dans les années 2000, le président Clinton a signé le “US-China Relations Act of 2000” garantissant à la Chine le statut de MFN, initiale de “Most Favored Nation” qui est un statut spécial accordé par un État à un autre dans le commerce international.
Des suites de ce traité, la Chine rejoindra l’Organisation Mondial du Commerce finalisant ainsi son intégration à l’économie mondiale.
Par la suite, les volumes d’échanges entre les deux nouveaux partenaires n’ont cessé de croître et, en 2006, le volume total d’échange entre les pays s’élevait à plus de 341 milliards de dollars. À ce stade, la Chine surpasse ainsi le Mexique et devient le deuxième plus grand partenaire des États-Unis en termes de volume d'échanges, surpassée uniquement par le Canada.
À partir de cet instant, les relations entre les deux puissances ne cessent de croître et, en 2008, la Chine surpasse le Japon en ce qui concerne sa position de créancier.
Autrement dit, les États-Unis qui étaient jusqu’alors principalement endettés vis-à-vis du Japon deviennent principalement redevables à la Chine et le pays gardera cette position pendant plusieurs années jusqu’en 2018.
Le leader Xi Jinping, à la tête du pays depuis 2012 est venu réformer, tant la sphère politique que celle économique, sociale et commerciale en commençant par centraliser l’ensemble des pouvoirs étatiques.
Si comme l’indiquait, l’ex secrétaire d’Etat Rex Tillerson :
“Les relations Chine-US sont des relations construites sur la non confrontation, l’absence de conflit, le respect mutuel et la recherche perpétuelle de solutions gagnant-gagnant”,
la balance commerciale entre les deux pays a toujours été largement déficitaire pour les Etats-Unis et plusieurs voix se sont élevées au fil des années pour dénoncer cette inégalité des échanges.
Il a donc fallu attendre la montée au pouvoir de l’ex-président Donald Trump pour voir des actions concrètes afin de chercher à remédier à ce déficit.
Le président Trump est entré à la maison blanche en 2017. Or, l’une de ses promesses de campagne était précisément de résoudre la question de cette inégalité des échanges entre les deux pays, Trump qualifiant cette inégalité du plus grand déficit jamais enregistré dans le monde en référence au déficit de l’année 2017 s’élevant à 375 milliards de dollars.
La première mesure ne se fit pas attendre avec une imposition des taxes sur plus 50 milliards de dollars de produits en provenance de Chine.
Ainsi commença la guerre commerciale moderne entre la Chine et les Etats-Unis. Suite de cette première mesure, les deux pays n’ont cessé de s’imposer de nouvelles restrictions aux fils des mois qui suivront dans le but de faire vaciller l’adversaire.
La Chine, pour maintenir le statu quo et les Etats-Unis pour pénaliser et freiner l’économie chinoise dans le but de la forcer à augmenter la quantité de ses importations en provenance des Etats-Unis.
Outre les questions d’échanges, les accusations des Etats-Unis envers la Chine comprennent également :
-Le vol de propriétés intellectuelles américaines,
-Les incursions militaires chinoises en mer de chine méridionale,
-L’atteinte au droits humanitaires et,
-La manipulation monétaires.
L’intensification des tensions sino-américaines
C’est en 2019 que le président Trump impose un ban total sur les équipements du géant Huawei qu’il accuse d’espionnage au profit du parti communiste chinois et encourage les pays alliés à faire de même.
Après une augmentation des taxes sur un volume de 200 milliards de dollars de biens chinois, l’administration Trump impose une interdiction aux entreprises US d’utiliser les technologies et équipements étrangers posant une menace nationale, à savoir notamment la 5G du groupe Huawei.
Les Etats-Unis, au travers de l’administration Trump, ont également fait passer le Hong Kong Human Rights and Democracy Act dans le but de supporter les protestations Hongkongaises.
Dans le même temps, la Chine n’est pas restée passive à toutes les offensives américaines et s’est également mise à imposer des taxes sur plusieurs milliards de dollars de produits et équipements de provenance américaine, sanctionnant par la même occasion, plusieurs entreprises américaines sur le territoire chinois.
Finalement, en 2020, un terrain d’entente est trouvé grâce au Phase One Trade Deal, signé en Janvier 2020. Ce deal censé rebalancer les niveaux d’échanges et mettre fin à la guerre économique naissante sera vain.
En effet, les tensions autour de Hongkong font reprendre les hostilités entre les deux pays et l’escalade fut telle que chacun des gouvernements ferma les consulats de l'État adversaire sur son territoire.
Pour couronner le tout, fin 2020, l’administration Trump décide de blacklister une multitude d’entreprises chinoises dont notamment la Semiconductor Manufacturing International Corporation, interdisant par la même occasion les investissements américains dans certaines entreprises chinoises.
La présidence de Joe Biden inaugurée en janvier 2021, n’arrangera en rien cet état de tension. Alors que plusieurs voyaient en son élection un apaisement de ces relations et une relaxation des mesures anti-Chine, c’est tout le contraire qui s’est produit puisque de nombreuses mesures ont été maintenues.
Aux premières heures de l’invasion Russe sur le territoire Ukrainien au premier trimestre 2022, les occidentaux, avec à leur tête les États-Unis, ont engagé une série de sanctions envers la Russie que le gouvernement chinois qualifie de “mesures qui ne feront que faire souffrir plus de personnes”.
La présidence Biden fut également marquée par un rapprochement et un soutien plus marqué des États-Unis envers Taiwan. La Chine condamna d’ailleurs la visite, en août 2022, du porte-parole de la maison blanche, Nancy Pelosi, à Taipei, capitale Taiwanaise et en représaille, le gouvernement de Xi Jinping a décidé de suspendre les communication sino-chinoises sur les questions climatiques et de multiplier les exercices militaires en mer du sud et à proximité de l’île de Taiwan.
Octobre 2022, la restriction la plus contraignante fut actée et signée par le gouvernement américain. Cet acte est venu restreindre les capacités de la Chine quant à sa capacité à acquérir et obtenir des technologies les plus avancées de semi-conducteurs américains.
Ces restrictions s’imposent non seulement aux entreprises et aux produits américains mais également aux entreprises étrangères utilisant des technologies, logiciels, équipements et brevets américains.
Le fait est que les états unis accusent la chine d’employer ces technologies pour créer des armes de destructions massives et de continuer les abus des droits humains, faisant notamment référence au cas des Uyghurs. Ces restrictions ont également pour but de freiner les avancées technologiques chinoises en matière d’intelligence artificielle.
D’ailleurs, le fameux Phase One Trade Deal qui visait à trouver un terrain d’entente entre les deux puissances ne fut honoré par la Chine qu’à hauteur de 57 de ses obligations d’augmenter ses importations américaines de 200 milliards de dollars.
Le covid et les différents chocs d’offre et de demande qui en ont résulté étant la cause évoquée par Pékin.
Cet évènement relancera ainsi les guerres de restrictions entre les deux parties avec les États-Unis mettant en place certaines des taxes supplémentaires qu’elle avait mises en pause jusqu’alors.
Aucune phase two ne verra le jour bien que le total des exportations ajoutées entre 2020 et 2022 par rapport aux valeurs de 2019, s'élèvent à 110 milliards de dollars ce qui révèle tout de même le niveau d’interdépendance entre les deux puissances.
Aujourd’hui, ces tensions ne semblent toujours pas s'apaiser !
On se souvient notamment du 4 février dernier, lorsque le Président Biden ordonna l’abattage du ballon dit espion chinois aperçu sur la côte Sud-Est américaine.
Pour couronner le tout, Washington accuse régulièrement Pékin d'espionnage industriel et de menaces à la sécurité nationale. Ce conflit a pris une nouvelle ampleur depuis la pénurie de semi-conducteurs liée à la crise du Covid-19, raison pour laquelle le gouvernement cherche à restreindre l’accès de l’Empire du milieu à ces composants indispensables.
En représailles, le ministre du commerce Chinois a annoncé récemment des restrictions qui prendront effet dès le premier août sur les exportations de deux minéraux rares : le gallium et le germanium.
Pour contexte, ces deux minerais sont indispensables à la production de semi-conducteurs et des batteries et la Chine est responsable de plus de 80 pour cent de la production de terres rares combinées.
Perspectives et place de l’UE
Finalement, un point important a trait à la réduction apparente des échanges Chine-US, notamment des importations chinoises sur le territoire américain.
En effet, comme on peut le voir sur ces différents, on remarque une baisse importante du volume des importations lorsque comparent les chiffres de ce premier semestre par rapport aux années 2022 et 2021.
En effet, le volume total des échanges entre la Chine et les États-Unis s’élèvent à près de 231 milliards de dollars sur les 5 premiers mois de l’année 2023. Ce chiffre impressionnant fait néanmoins remarquer une baisse importante lorsqu’on le compare aux près de 245 milliards de dollars de l’année 2021 et aux 283 milliards de dollars de 2022 sur la même période.
La baisse des échanges d’une année sur l’autre est donc clairement actée bien qu’il convient d’attendre encore un petit peu avant de tirer des conclusions hâtives dans la mesure où cette baisse pourrait s’expliquer par un dynamisme chinois plus faible que prévu !
Du côté de la place de l’Union Européenne parmi tout ce brouhaha, les Pays-Bas ont, avec les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, annoncé des restrictions sur les technologies les plus avancées de semi-conducteurs. Pour ceux d’entre vous qui se demandent en quoi les Pays-Bas ont quelque chose à voir avec les technologies et en quoi cela pourrait intéresser la Chine : un mot : ASML.
ASML est l'un des leaders mondiaux de la fabrication de machines de photolithographie pour l'industrie des semi-conducteurs qui consiste à graver les circuits intégrés sur des galettes de silicium qui constituent la matière première des industriels des semi-conducteurs. Or, la photolithographie est une étape cruciale, la plus risquée et la plus coûteuse dans le procédé industriel de fabrication des semi-conducteurs.
Le groupe d’une capitalisation de près de 300 milliards de dollars a quasi un monopole sur une des chaînes de fabrication des semi-conducteurs produisant les machines à la pointe de technologie qui permettent la fabrication de semi-conducteurs.
Les restrictions ne sont donc pas juste un vent mais une réelle menace quant aux recherches et développements chinois, la Chine représentant environ 14 pour cent des revenus pour ASML.
Finalement, les relations économiques modernes entre la Chine et les États-Unis ont commencé dans les années 70. L’intégration de la Chine à l’OMS et son statut de MFN l’a fait définitivement entrer dans l’économie globale et depuis, la Chine est devenue la locomotive de croissance du monde.
Le statut de pays exportateur de l’empire du milieu étant l’industrie du monde et le rôle de consommateur des États-Unis notamment de par le statut du dollar a littéralement condamné les deux puissances à travailler de concert de par l’interdépendance de leur statut.
La question de l’inégalité de la balance commerciale entre les deux superpuissances a toujours inquiété mais des actions concrètes pour endiguer cela n’ont commencé qu’avec la présidence Trump.
Aujourd’hui, il semble que la volonté affirmée de la Chine à devenir la nouvelle plaque tournante du monde est la raison des nouvelles sanctions entreprises contre elles. Les États-Unis affrontent par les technologies avancées et la Chine, les terres rares.
Deux options peuvent résulter de la situation :
D'un côté, la Chine se voit privée ou du moins restreinte de l’accès aux technologies les plus avancées en matière de semi-conducteur. La chine pourrait également d’après les rumeurs voire ses entreprises être privées des technologie de cloud américain dont Amazon, Google ou Microsoft.
Les technologies cloud étant le seul moyen de continuer les recherches les plus poussées en l’absence de semi-conducteurs et processeur adaptés.
Une attaque sur Taiwan serait un moyen pour la Chine de mettre la main sur TSMC avec ses processeurs dernières générations. Néanmoins, il y a peu de chance que les États-Unis restent passifs à cela de par la position stratégique de l'île, certains officiels américains ayant même déclaré que les États-Unis feraient exploser TSMC pour empêcher la mainmise de la Chine sur lesdites tech.
De cet acte pourrait découler une guerre militaire entre les deux États.
La seconde option, plus joyeuse, serait que les deux superpuissances arrêtent de vouloir montrer qui a la plus grosse et se remettent à travailler ensemble.
Les sanctions économiques imposées à la Russie ont-elles finalement réussi à briser le pays ?
Cette question se pose alors que des sources du Financial Times révèlent que les paiements en espèces, ou plutôt leur absence, auraient joué un rôle central dans la décision du chef du groupe Wagner, Prigozhin, de marcher sur Moscou.
Le dirigeant tchétchène Kadyrov a même publiquement accusé Prigozhin de privilégier ses intérêts commerciaux plutôt que l'intérêt national.
Ainsi, pourquoi le Kremlin a-t-il cessé de payer Prigozhin ? Est-il possible que le pays soit à court d'argent et que les sanctions commencent finalement à briser la Russie ?
Qu’en est-il concrètement ?
L’état réel de l’économie russe
Pour connaître la situation réelle de l'économie russe ainsi que les dommages que les sanctions lui ont causés, de nombreux indicateurs peuvent être analysés.
Évidemment, afin de mieux voir à quel point les sanctions sont susceptibles d’être réellement dommageables, encore faut-il savoir si les données officielles du PIB sont fiables.
Après tout, les chiffres du PIB de la Russie sont communiqués par le gouvernement russe lui-même.
Le même gouvernement qui assurait, il n'y a pas si longtemps, qu'il n'envahirait pas l'Ukraine. Le même gouvernement qui assurait qu'il n'avait aucun lien avec le groupe Wagner en 2021.
Pour autant, avant l'invasion de 2022, les statistiques économiques de la Russie étaient en fait considérées comme assez fiables, et bien plus fiables que les statistiques chinoises par exemple.
Or, passé cette date, les agences statistiques russes ont commencé à mettre un terme à la publication de certains nombre de données susceptibles de nous renseigner sur l'impact des sanctions bien que les chiffres du PIB continuent d’être communiqués.
Sauf que, désormais, de plus en plus d’analystes commencent à se méfier de ces chiffres dans la mesure où il se pourrait que la Russie ait commencé à manipuler ses statistiques afin de cacher le véritable impact des sanctions.
C’est précisément pour cette raison qu’un grand nombre d’économistes et de journalistes ont immédiatement commencé à chercher des données alternatives qui pourraient refléter une réalité différente concernant l’état de l'économie russe.
L’une de ses approches consiste notamment à suivre la pollution des usines russes à l'aide de satellites.
Vu de l'espace, la plupart des industries russes semblaient être en recul d’en moyenne de 6,2 pour cent l'an dernier, alors même que les statistiques officielles faisaient état d'une augmentation de 1,2 pour cent de la production.
Cet écart s’est avéré particulièrement important notamment en ce qui concerne le secteur automobile, où la pollution a chuté de 16 pour cent en 2022, bien que les statistiques officielles semblent indiquer qu'elle est restée relativement stable.
Évidemment, la pollution n'est pas le signal le plus fiable afin de voir l’état réel de l'économie russe.
En effet, pour obtenir une analyse pertinente, il est nécessaire d’examiner plus de données alternatives et ainsi voir si elles étaient corrélées avec le PIB russe avant l'invasion de l'Ukraine en 2022.
Et c'est exactement ce qu'ont fait les économistes de la Banque Centrale Européenne en construisant un indice alternatif pour l'économie russe qui ne s'appuie pas sur les données fournies par l'agence russe des statistiques officielles.
Au lieu de cela, leur indice s'appuie sur une variété de données différentes qui incluent les données sur la pollution mentionnées précédemment ainsi que des données telles que les statistiques sur les dépenses des cartes bancaires des consommateurs, les données d'importation de partenaires commerciaux, les données sur les ventes de maisons, les recherches Google sur le chômage, etc.
Fait intéressant, alors que leur indice suit plutôt bien les données officielles avant l'invasion de 2022, il commence à diverger à partir de décembre 2021 et finit par être totalement différent à partir de février 2022, date de l'invasion, ce qui suggère que l'économie russe a fait entre 0,2 et 2,9 points de pourcentage de moins que ne le prétendent les statistiques officielles.
Cependant, bien que cette recherche soit vraiment intéressante, elle ne prouve pas non plus que la Russie manipule ses statistiques de PIB et ce, pour deux raisons.
1° La première, c’est qu'il ne s'agit pas d'une étude scientifique à proprement parler, c’est-à-dire évaluée par des pairs. De la même manière que cet indicateur devrait être testé dans plusieurs pays pour tester sa fiabilité.
2° La seconde, c’est que l’indice se concentre sur l'économie civile alors que les dépenses de la Russie se sont massivement déplacées vers l'armée en 2022. Il est donc normal qu’une différence soit perceptible à partir de décembre 2021, moment où la russie commençait à déplacer son armée à la frontière de l’ukraine, préparant sont invasion imminente.
Donc, en résumé, bien qu'il y ait de gros signaux d'alarme concernant les données russes, il n’y a, pour le moment, peu voire pas de preuves que les chiffres officiels du PIB sont manipulés ou qu'ils peuvent s'expliquer par un changement radical vers une économie de guerre.
Par conséquent, pour estimer l'impact des sanctions, les données officielles semblent être suffisamment pertinentes.
La question que l’on peut se poser est donc, quel est l’étendu des dommages des sanctions sur l’économie russe.
Les dommages des sanctions sur l’économie russe
Évidemment, il est très difficile de répondre à cette question.
La raison est relativement simple : à la différence des sciences dures, il n’est pas possible d’avoir de groupes de contrôle et savoir ce qu’il se serait passé en l’absence d’invasion.
Pour se faire une idée, les données disponibles suggèrent que malgré les sanctions infligées par les pays alliés de l'Ukraine, les importations russes de marchandises sont pratiquement revenues aux niveaux d'avant l'invasion.
Quand l'invasion russe a commencé le 24 février, 2022 depuis l'Ukraine les pays alliés ont réagi en appliquant une énorme quantité de sanctions économiques de toutes sortes contre la Russie.
Jusqu'à présent ces sanctions ont augmenté les coûts d'approvisionnement des entreprises et des familles russes rendant difficile pour ce pays l'accès à certains composants critiques.
Ils ont réduit les revenus pétroliers et gaziers du gouvernement et ont stoppé les investissements directs étrangers.
Entre janvier et avril de cette année, les revenus pétroliers et gaziers du gouvernement russe ont diminué de près de moitié par rapport à l'année précédente.
Néanmoins il y a un problème : à court terme, l'effet des sanctions semble être beaucoup plus limité, ce qui a amené beaucoup de personnes à tirer des conclusions hâtives.
Malgré tout, à court terme, les sanctions ne semblent pas être aussi efficaces. Les dégâts qu'elles causent semblent limités, du moins beaucoup plus que prévu, et, en tout cas, elles ne semblent pas être utiles pour forcer le Kremlin à mettre fin à cette guerre.
En fait, les importations russes de marchandises sont pratiquement revenues aux niveaux d'avant l'invasion.
Cela s’explique de deux manière différentes et grâce à l’intervention de deux grands types d’acteurs :
D’un côté, il y a ceux qui remplacent purement et simplement les fournisseurs occidentaux et de l’autre, ceux qui jouent le rôle d’intermédiaires entre la Russie et les marchés occidentaux qui lui sont prohibés.
1° La Chine ou la Turquie sont de bon exemple du premier type d’acteurs :
2° Certains pays sont un bon exemple du deuxième type d’acteurs et, le cas le plus emblématique est sans aucun doute celui de l’Arménie.
En effet, en même temps que ses importations de produits européens se sont envolés, ses exportations vers la Russie ont en fait de même :
Ainsi, en l’état actuel des choses, l’on peut simplement affirmer que l’économie russe se trouve actuellement en récession.
Or, pour s’assurer du lien de causalité entre les sanctions et l’existence de cette récession, encore faudrait-il pouvoir savoir quel aurait été l’état de l’économie russe en l’absence de sanctions et/ou d’invasion.
Ainsi, dans la mesure où cela est impossible, la seule manière de se rapprocher de la réalité consiste à effectuer des estimations et, selon ces dernières, la récession en Russie serait plus proche des moins 7 pour cent.
Pour ce faire, trois techniques différentes sont utilisées pour estimer l'impact des sanctions sur l'économie russe.
La première méthode, la plus populaire, utilisée par les économistes pour calculer l'impact probable des sanctions sur l'économie russe consiste à comparer les performances de l'économie russe aux prévisions concernant ses performances avant la guerre et avant l'imposition des sanctions.
Et, étant donné que les analystes s'attendaient en moyenne à ce que l'économie russe rebondisse de l'impact du Covid en 2022 avec une croissance d'environ 5 à 8 pour cent, et que l'économie s’est contractée de 2,1 pour cent en 2022, alors l'implication logique c’est que, les sanctions et la sont à l’origine d’un manque à gagner de 7 à 10 pour cent de PIB.
Selon la Banque de Finlande, qui a synthétisé ce type d'études, l'estimation moyenne est une baisse de 9 pour cent du PIB russe.
Bien sûr, les faiblesses de cette approche est qu'elle ne sépare pas la guerre des sanctions et qu'elle suppose implicitement que ces prédictions originales allaient être exactes.
Heureusement, les chercheurs de la Banque de Finlande ont également résumé une méthode plus scientifique utilisée par les économistes pour étudier l'impact des sanctions sur la Russie, à savoir créer un modèle mathématique de l'économie russe, puis comparer l'impact des sanctions dans deux simulations de ce modèle.
En moyenne, ces études suggèrent que le PIB de la Russie a diminué d'environ 7 pour cent.
Cependant, bien que cette configuration scientifique puisse être de qualité, le gros défaut ici est que ces modèles sont des simplifications grossières de la véritable économie russe et des sanctions qui lui sont imposées.
Ainsi, la dernière méthode d'estimation est celle consistant à évaluer l'impact de la guerre et des sanctions en examinant les données du pétrole.
En effet, dans la mesure où l'économie russe est extrêmement dépendante des prix de l'énergie, qui sont étroitement liés au prix du pétrole, l'ensemble de ses performances économiques était autrefois fortement corrélé aux prix du pétrole.
La croissance du PIB réel en Russie a toujours été étroitement corrélée au prix réel de ses exportations de pétrole. Il existe une forte corrélation positive d’avant-guerre entre les deux variables.
La croissance russe a enregistré de mauvais résultats au cours de la période où les prix du pétrole ont chuté après 2015, mais elle était plus élevée au cours de la période précédente, lorsque les prix du pétrole se situaient généralement en moyenne autour de 80 à 100 dollars le baril et le PIB réel du pays en moyenne autour de 4 pour cent par an.
Ainsi, une croissance de 4 pour cent est une référence brute de la croissance du PIB de la Russie en 2022 si l'invasion n'avait pas eu lieu puisque les prix se trouvaient au-dessus de ce niveau.
Compte tenu de la croissance négative annoncée en 2022 de moins 2,1 pour cent et des prévisions pessimistes pour 2023, ce calcul très simple suggère à nouveau une chute de 7 à 9 pour cent du PIB au début de 2023.
On peut donc dire que la combinaison de ces différentes données montrent que l’état de l’économie russe pourrait être inférieur à ce que laissent croire les données officielles.
Cependant, étant donné que ces estimations sont si incertaines, il convient de les prendre avec des pincettes bien qu’elles soient nécessaires.
D’ailleurs, cela est susceptible d'expliquer pourquoi, après la baisse des prix du pétrole, le gouvernement russe avait de plus en plus de mal à continuer de respecter ses engagements financiers et de payer ses factures.
Poutine a récemment admis avoir payé Wagner environ un milliard de dollars par mois.
L'impact des sanctions pourrait donc expliquer la volonté du Kremlin de réduire les paiements au groupe Wagner débouchant sur la rébellion du groupe paramilitaire.
Bien que les sanctions ne soient pas aussi efficaces qu’espérées, elles semblent bien être à l’origine de certains débordements au sein du pays qui souhaite éviter d'emprunter davantage,
et se tourne désormais vers les grandes entreprises et célèbres oligarques afin de lever des fonds supplémentaires.
Ainsi, il se pourrait bien que Prigozhin et son groupe Wagner étaient l'une de ces entreprises vis-à-vis de laquelle l'État essayait de soutirer de l'argent et réduire les paiements.
Donc, oui, compte tenu des informations limitées dont nous disposons, il se pourrait que les sanctions commencent de plus en plus à jouer un rôle dans le chaos actuel que nous observons en Russie.
Cela étant dit, d'autres explications tout aussi plausibles peuvent être données. En effet, il existe une riche histoire d'exemples où de mauvaises performances de guerre ont conduit à des conflits internes.
Par exemple, il se pourrait très bien que le ministère russe de la Défense ait réduit les paiements de Wagner parce qu'il se sentait menacé par l’importance accrue du groupe paramilitaire.
Cela aurait du sens, étant donné que le groupe wagner avait refusé de signer un contrat avec le ministère de la défense visant à placer le groupe sous son joug et un jour après cette décision, c’est le groupe tchétchènes qui signa ce contrat.
C’est un fait indéniable, la Chine a énormément de réserves de change dans ses coffres !
Pour être plus précis, la Chine accumule aujourd’hui plus de 3.000 milliards de dollars de réserves.
Sauf qu’en réalité, les chiffres officiels diffèrent grandement des chiffres officieux et notamment de ce que l’on appelle couramment les réserves fantômes qui n'apparaissent pas dans les livres officiels de la Banque populaire de Chine.
Ces fonds ont été cachés dans les banques d'État et ont largement échappé à toute analyse.
Le fait est que la Chine est si grande que la façon dont elle gère son économie et sa monnaie compte énormément pour le reste du monde.
Pourtant, au fil du temps, la façon dont elle gère sa monnaie et ses réserves de change est devenue beaucoup moins transparente, créant de nouveaux types de risques pour l'économie mondiale.
Qu’en est-il concrètement ? Qu’est-il en train de se passer et quelles pourraient être les conséquences ?
La Chine et ses réserves de change
De 2002 à 2012, la banque centrale chinoise était particulièrement active sur le marché des devises.
En effet, durant cette décennie, la Banque Populaire Chinoise intervenait pratiquement tous les jours, en achetant notamment des dollars afin d’empêcher la monnaie chinoise de s’apprécier et pour s'assurer que les exportations du pays pouvaient continuer de se vendre à l’international à des prix très abordables.
Au cours de cette période, les réserves de change de la Chine ont régulièrement augmenté et il en a été de même pour les avoirs chinois de dettes américaines ou de dettes dites titrisées et émises par des agences implicitement soutenues par le gouvernement de l’Oncle Sam comme Freddie Mac et Fannie Mae par exemple.
À l’époque, les économistes craignaient que l'intervention de la Chine sur le marché des devises ne maintienne le commerce déséquilibré. En effet, ces derniers craignaient que la Chine ne vende ses réserves en dollars dans un moment de tension géopolitique, transformant faisant tomber le monde et notamment les États-Unis dans une crise financière profonde.
Or, une chose amusante s'est produite au cours des dix dernières années : les réserves de la Chine ont cessé d'augmenter.
En effet, à partir de 2014, les réserves de change déclarées par la banque centrale ont atteint un pic avant de chuter jusqu’en 2016 pour finalement rester stables depuis lors.
Oui mais voilà …
Cette stabilité des réserves déclarées par la Chine est un véritable casse-tête. Malgré tous les discours qu’il est possible d’entendre sur la démondialisation, l'excédent des exportations chinoises est en fait à un niveau record.
Le véritable excédent du compte courant de la Chine est probablement supérieur aux 400 milliards de dollars que la Chine rapporte officiellement.
Tout comme la Chine a des "banques fantômes", on parle aussi de “shadow banks”, c’est-à-dire des institutions financières qui agissent comme des banques mais qui ne sont pas soumises à la réglementation des banques, la Chine a ce qu'on pourrait appeler des "réserves fantômes" ou “shadow reserves”.
Ainsi, au travers de ces deux mécanismes, c’est-à-dire “shadow banks” d’une part et “shadow reserves” de l’autre, tout ce que la Chine fait sur le marché n'apparaît plus dans le bilan de la banque centrale.
Le problème c’est que ce manque de transparence de la part de la Chine suppose de nombreux problèmes pour le reste du monde.
La Chine est structurellement si importante au sein de l'économie mondiale que tout ce qu'elle fait, qu’on parvienne à le voir ou pas, fini par avoir un impact énorme sur le reste de la planète.
L’exemple le plus illustratif est sans aucun doute celui ayant trait à la crise des subprimes en 2008. En effet, à l’époque, la Chine achetait massivement de la dette américaine, ce que l’on observe au travers des surfaces vertes et bleues, ce qui faisait pression à la baisse sur les rendements obligataires poussant les investisseurs privés à se tourner vers des titres toujours plus risqués, contribuant ainsi à créer les conditions qui ont provoqué le choc de 2008.
Ce n’est qu’après cet événement, que la Chine a décidé de diversifier ses réserves donnant naissance aux nouvelles routes de la soie, à partir de 2013, poussant les banques à adopter de nouvelles politiques visant à aider Pékin à utiliser ses réserves étrangères accumulées.
Ainsi, alors que les réserves de change peuvent sembler n'intéresser que les économistes, leur gestion et leur utilisation peuvent avoir d'énormes effets dans le monde réel. Ils sont une force économique suffisamment puissante pour qu'un plan d'infrastructure complet, mondial et de plusieurs décennies n'ait été, à certains égards, qu'un effet secondaire d'une décision de 2009 de trouver de nouvelles façons de gérer les réserves étrangères de la Chine.
Les réserves fantômes de la Chine
Arrivé à ce stade, on comprend donc qu’il serait naïf de croire qu’aujourd’hui la Chine se défait de ses réserves de changes ou qu’elles sont stables depuis maintenant près de 10 ans.
Du coup, la question que l’on peut se poser est : comment un pays parvient-il à faire disparaître ses réserves de change ?
Une façon assez simple consiste tout simplement à créer un fonds souverain. Auquel cas, la banque centrale vend ses réserves à une agence gouvernementale qui a pour mandat d'investir dans des actifs hors de la comptabilité prenant en compte les réserves.
Évidemment, la Chine a créé son fonds souverain appelé la China Investment Corporation, ou CIC, en 2007 bien qu’il ne s’agisse pas de sa principale façon de cacher ses réserves.
En effet, la principale façon que la Chine utilise pour cacher ses réserves, c’est son grand système bancaire d'État.
Il faut savoir que lorsque la République populaire a été instaurée, durant de nombreuses années, il n'y avait pas vraiment de distinction entre la banque centrale d’un côté et les banques d'État de l’autre. L’ensemble des entités faisaient tout simplement partie du gouvernement.
Ainsi, la Chine utilise trois manières différentes pour ses “shadow reserves” :
1° La première façon consiste à placer l'argent dans les banques commerciales d'État.
Bien que cette histoire soit souvent oubliée, il existe en fait une étroite relation, notamment au cours des années allant de 2003 à 2008, entre la Banque Centrale Chinoise et les banques commerciales d'État, dont les quatres principales sont la Banque industrielle et commerciale de Chine, la Banque de construction de Chine, la Banque agricole de Chine et la Banque de Chine et qui sont d’ailleurs la quatre banques les plus importantes de la planète.
En fait, en 2003, la Chine a utilisé 45 milliards de dollars de ses propres réserves, une somme particulièrement élevée pour l'époque, afin de recapitaliser la Banque de Chine et, en 2005, la Banque de construction de Chine avait, elle aussi, profité de 15 milliards de dollars de réserves.
La Banque Centrale Chinoise a également transféré environ 150 milliards de dollars de réserves aux banques commerciales d'État à la fin de 2005 et au cours de l'année 2006.
Et, finalement, entre 2007 et 2008, la Banque Centrale Chinoise a plus ou moins contraint les banques à détenir 200 milliards de dollars de leurs réserves obligatoires en dollars alors même qu'à l'époque les banques n'avaient pas beaucoup de dépôts en dollars.
Au total, fin de 2008, le gouvernement chinois disposait d'environ 400 milliards de dollars de réserves “fantômes”. Un montant qui peut sembler faible de prime abord, mais qui représentait tout de même l’équivalent de 10 pour cent du PIB chinoise à l’époque !
2° La deuxième façon consiste à placer de l’argent dans les deux “policy banks”, c’est-à-dire des banques institutionnelles liées au gouvernement.
Après la crise financière mondiale de 2008-2009, la Chine a mis en place une nouvelle stratégie pour utiliser ses réserves de change excédentaires : remettre une partie de ses devises à ses deux “policy banks”, c’est-à-dire la Banque de Développement de Chine et la Banque d’Exportation et d’Importation de Chine, afin qu'elles puissent soutenir l’investissement chinois à l'étranger.
L'un des premiers signes de ce changement de politique est survenu lorsque la Banque de développement de Chine a commencé à prêter d'énormes sommes pour soutenir une augmentation de la production mondiale de pétrole afin de répondre aux besoins de l'économie chinoise en pleine croissance.
“Depuis 2009, la Banque de développement de Chine a accordé des lignes de crédit totalisant près de 75 milliards de dollars à des sociétés énergétiques nationales et à des entités gouvernementales au Brésil, en Équateur, en Russie, au Turkménistan et au Venezuela. La compagnie pétrolière d'État russe, par exemple, a obtenu un prêt de 15 milliards de dollars pour développer sa production en Extrême-Orient, et la société russe d'oléoducs a obtenu 10 milliards de dollars pour construire un oléoduc pour amener le pétrole sur le marché. Le Venezuela a obtenu au moins 30 milliards de dollars, tandis que l'Angola a obtenu plus de 20 milliards de dollars”.
Ces deux “policy banks” chinoises ont également accordé des quantités massives de crédits à l’intérieur du pays afin d’acheter des équipements de télécommunications. Cela a contribué à l'expansion mondiale d'entreprises comme Huawei, qui dispose d'une ligne de crédit d'au moins 30 milliards de dollars auprès de la Banque Chinoise de Développement.
Si rien de cela n’est secret dans la mesure où depuis 2013 avec le lancement des nouvelles routes de la soie, les initiatives sont publiques, ce qui n'est pas aussi bien connu, c'est que les prêts à l'étranger des “policy banks” ont également servi, en fait, à cacher certaines des réserves de la Chine.
En effet, chaque fois que la Chine prête de l'argent à l’une de ses deux “policy banks”, au niveau de la comptabilité, ces réserves disparaissent des réserves officielles de la Chine.
Le problème, c’est que, suivre les mouvements des “policy banks” est bien plus complexe que de suivre les mouvements effectués par les banques commerciales d’État présentées précédemment.
Ainsi, ces fonds cachés, adossés à des devises sorties des avoirs de réserve de change de la banque centrale chinoise, sont probablement l’une des principales raisons pour lesquelles les réserves déclarées de la Chine sont stables depuis maintenant plusieurs années.
Si, de prime abord, il peut sembler logique de ne pas déclarer ces réserves comme étant les réserves officielles de la Chine, le fait que la Chine ne tienne pas de comptabilité séparée biaise inévitablement les statistiques et l’ampleur réelle des montants détenus.
3° Finalement, la dernière façon utilisée par la Chine pour accroître ses “shadow reserves” consiste à convaincre les banques commerciales d'État d'agir comme la banque centrale.
Ces banques détiennent désormais plus de 1.100 milliards de dollars d'actifs étrangers.
En outre, une chose étrange à propos de ces dépôts, c’est qu'ils n'agissent pas comme des dépôts normaux.
En effet, en temps normal, lorsque les taux augmentent, le montant des dépôts à tendance à baisser. C’est ce que l’on observe par exemple aux États-Unis où les taux se sont envolés et, dans le même temps, le volume des dépôts s’est effondré.
En revanche, du côté de la Chine, les volumes de dépôts en dollars ont augmenté lorsque les taux d'intérêt américains étaient inférieurs au taux chinois, et ont récemment baissé même si les taux américains sont désormais supérieurs à ceux de la Chine.
En d’autres termes, le bilan des banques commerciales d'État ressemble étrangement au bilan d'une banque centrale qui agit sur le marché pour stabiliser la valeur de sa monnaie.
Une chose est sûre, au total, les institutions qui relèvent du gouvernement central chinois ont probablement plus de 6.000 milliards de dollars d'actifs étrangers, soit le double, par rapport aux 3.000 milliards de dollars rapportés par les données officielles.
Ce total comprend donc à la fois les actifs étrangers des banques commerciales d'État, ceux des banques stratégiques d'État et du Fonds souverain chinois.
Finalement, et pour terminer, on peut légitimement se demander s’il est nécessaire de s'inquiéter !
La réalité, c’est que la Chine est une économie tellement grande et tellement déséquilibrée que toutes ses activités ont un impact mondial démesuré.
Les réserves fantômes de la Chine sont particulièrement importantes. Plus grandes encore que les réserves officielles du Japon, le deuxième plus grand détenteur de réserves au monde. Plus grandes que les actifs sous gestion du fonds souverain de Norvège, le plus grand fonds souverain au monde.
Il n'est donc pas surprenant que ces réserves massives de changes soient au centre des débats les plus intéressants. La contribution de la Chine au surendettement mondial est fonction du détournement des devises du marché obligataire américain vers les prêts aux infrastructures mondiales.
Pourtant, les banques chinoises ont accès à tant de dollars que les banques commerciales d'État chinoises en sont venues à jouer un rôle important dans le financement d'autres banques mondiales par le biais d'échanges de devises, ce que la Banque des règlements internationaux appelle la dette cachée, alors même que les “policy banks” faisaient des pays à faible revenus leur terrain de jeu.
La conclusion, c’est que se limiter uniquement aux avoirs de dettes américaines déclarés par la Chine pour en tirer des conclusions, c’est passer à côté de l'essentiel de la présence financière mondiale chinoise.
L'ampleur de ces réserves cachées, c’est-à-dire les actifs en devises étrangères qui ne sont pas officiellement considérés comme des “réserves”, met également en évidence un fait important qui est souvent oublié au milieu de toutes les discussions sur les problèmes de dette intérieure de la Chine.
À l'échelle mondiale, la Chine est toujours un créancier massif, et le poids de l'accumulation massive de devises étrangères de la Chine se fait toujours sentir autour de la planète.