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Les Etats-Unis font arrêter de hauts responsables chinois !

Les Etats-Unis restreignent l’accès de la Chine aux technologies de semi-conducteurs.

La Chine impose des restrictions sur des métaux rares indispensables à la production de semi-conducteurs.

Ces informations sont justes quelques-unes de celles qui ont fait le tour de la sphère économique depuis les années de gouvernance du président Trump jusqu’à aujourd’hui.

Comment et pourquoi sont nées les tensions entre ces deux grandes puissances ? Comment ont-elles évolué ? Où en sommes-nous aujourd’hui et quelles sont les perspectives futures ?

USA-Chine : Je t’aime, moi non plus

Nous n’avons nullement besoin de vous présenter les premières et deuxièmes puissances économiques mondiales. 

Elles occupent les tops des podiums dans tellement de domaines qu’il faudrait une vidéo entière pour cela. La chine est aujourd’hui, le premier exportateur mondial et le deuxième importateur mondial, tandis que les Etats-unis sont pour leur part, le premier importateur et le deuxième exportateur mondial.

Rappelons néanmoins quelques chiffres :

1° D’un côté, nous avons la Chine. Avec une population estimée à 1,4 milliards d’habitants, en décroissance depuis cette année 2023, pour un PIB de près de 18.000 milliards de dollars.

En face nous avons les Etats-Unis, le pays de l’El Dorado, de la malbouffe et des armes. Disposant d’une population de plus de 330 millions d’habitants croissant à un rythme modéré, le pays est la première puissance économique avec un PIB de plus de 25.000 milliards de dollars, l’année.

C’est en 1971, que les Etats-Unis ont reconnu la République Populaire de Chine comme la Chine officielle après avoir longtemps supporté les nationalistes de Taiwan. C’est à partir de cet événement qu’a commencé la longue relation entre les deux pays.

Dans les années 2000, le président Clinton a signé le “US-China Relations Act of 2000” garantissant à la Chine le statut de MFN, initiale de “Most Favored Nation” qui est un statut spécial accordé par un État à un autre dans le commerce international.

Des suites de ce traité, la Chine rejoindra l’Organisation Mondial du Commerce finalisant ainsi son intégration à l’économie mondiale. 

Par la suite, les volumes d’échanges entre les deux nouveaux partenaires n’ont cessé de croître et, en 2006, le volume total d’échange entre les pays s’élevait à plus de 341 milliards de dollars. À ce stade, la Chine surpasse ainsi le Mexique et devient le deuxième plus grand partenaire des États-Unis en termes de volume d'échanges, surpassée uniquement par le Canada.

À partir de cet instant, les relations entre les deux puissances ne cessent de croître et, en 2008, la Chine surpasse le Japon en ce qui concerne sa position de créancier.

Autrement dit, les États-Unis qui étaient jusqu’alors principalement endettés vis-à-vis du Japon deviennent principalement redevables à la Chine et le pays gardera cette position pendant plusieurs années jusqu’en 2018.

Le leader Xi Jinping, à la tête du pays depuis 2012 est venu réformer, tant la sphère politique que celle économique, sociale et commerciale en commençant par centraliser l’ensemble des pouvoirs étatiques. 

Si comme l’indiquait, l’ex secrétaire d’Etat Rex Tillerson :

“Les relations Chine-US sont des relations construites sur la non confrontation, l’absence de conflit, le respect mutuel et la recherche perpétuelle de solutions gagnant-gagnant”,

la balance commerciale entre les deux pays a toujours été largement déficitaire pour les Etats-Unis et plusieurs voix se sont élevées au fil des années pour dénoncer cette inégalité des échanges. 

Il a donc fallu attendre la montée au pouvoir de l’ex-président Donald Trump pour voir des actions concrètes afin de chercher à remédier à ce déficit. 

Le président Trump est entré à la maison blanche en 2017. Or, l’une de ses promesses de campagne était précisément de résoudre la question de cette inégalité des échanges entre les deux pays, Trump qualifiant cette inégalité du plus grand déficit jamais enregistré dans le monde en référence au déficit de l’année 2017 s’élevant à 375 milliards de dollars.

La première mesure ne se fit pas attendre avec une imposition des taxes sur plus 50 milliards de dollars de produits en provenance de Chine. 

Ainsi commença la guerre commerciale moderne entre la Chine et les Etats-Unis. Suite de cette première mesure, les deux pays n’ont cessé de s’imposer de nouvelles restrictions aux fils des mois qui suivront dans le but de faire vaciller l’adversaire. 

La Chine, pour maintenir le statu quo et les Etats-Unis pour pénaliser et freiner l’économie chinoise dans le but de la forcer à augmenter la quantité de ses importations en provenance des Etats-Unis.

Outre les questions d’échanges, les accusations des Etats-Unis envers la Chine comprennent également :

-Le vol de propriétés intellectuelles américaines,

-Les incursions militaires chinoises en mer de chine méridionale,

-L’atteinte au droits humanitaires et,

-La manipulation monétaires.

L’intensification des tensions sino-américaines

C’est en 2019 que le président Trump impose un ban total sur les équipements du géant Huawei qu’il accuse d’espionnage au profit du parti communiste chinois et encourage les pays alliés à faire de même.

Après une augmentation des taxes sur un volume de 200 milliards de dollars de biens chinois, l’administration Trump impose une interdiction aux entreprises US d’utiliser les technologies et équipements étrangers posant une menace nationale, à savoir notamment la 5G du groupe Huawei.

Les Etats-Unis, au travers de l’administration Trump, ont également fait passer le Hong Kong Human Rights and Democracy Act dans le but de supporter les protestations Hongkongaises.

Dans le même temps, la Chine n’est pas restée passive à toutes les offensives américaines et s’est également mise à imposer des taxes sur plusieurs milliards de dollars de produits et équipements de provenance américaine, sanctionnant par la même occasion, plusieurs entreprises américaines sur le territoire chinois.

Finalement, en 2020, un terrain d’entente est trouvé grâce au Phase One Trade Deal, signé en Janvier 2020. Ce deal censé rebalancer les niveaux d’échanges et mettre fin à la guerre économique naissante sera vain.

En effet, les tensions autour de Hongkong font reprendre les hostilités entre les deux pays et l’escalade fut telle que chacun des gouvernements ferma les consulats de l'État adversaire sur son territoire.

Pour couronner le tout, fin 2020, l’administration Trump décide de blacklister une multitude d’entreprises chinoises dont notamment la Semiconductor Manufacturing International Corporation, interdisant par la même occasion les investissements américains dans certaines entreprises chinoises.

La présidence de Joe Biden inaugurée en janvier 2021, n’arrangera en rien cet état de tension. Alors que plusieurs voyaient en son élection un apaisement de ces relations et une relaxation des mesures anti-Chine, c’est tout le contraire qui s’est produit puisque de nombreuses mesures ont été maintenues.

Aux premières heures de l’invasion Russe sur le territoire Ukrainien au premier trimestre 2022, les occidentaux, avec à leur tête les États-Unis, ont engagé une série de sanctions envers la Russie que le gouvernement chinois qualifie de “mesures qui ne feront que faire souffrir plus de personnes”.

La présidence Biden fut également marquée par un rapprochement et un soutien plus marqué des États-Unis envers Taiwan. La Chine condamna d’ailleurs la visite, en août 2022, du porte-parole de la maison blanche, Nancy Pelosi, à Taipei, capitale Taiwanaise et en représaille, le gouvernement de Xi Jinping a décidé de suspendre les communication sino-chinoises sur les questions climatiques et de multiplier les exercices militaires en mer du sud et à proximité de l’île de Taiwan.

Octobre 2022, la restriction la plus contraignante fut actée et signée par le gouvernement américain. Cet acte est venu restreindre les capacités de la Chine quant à sa capacité à acquérir et obtenir des technologies les plus avancées de semi-conducteurs américains. 

Ces restrictions s’imposent non seulement aux entreprises et aux produits américains mais également aux entreprises étrangères utilisant des technologies, logiciels, équipements et brevets américains. 

Le fait est que les états unis accusent la chine d’employer ces technologies pour créer des armes de destructions massives et de continuer les abus des droits humains, faisant notamment référence au cas des Uyghurs. Ces restrictions ont également pour but de freiner les avancées technologiques chinoises en matière d’intelligence artificielle.

D’ailleurs, le fameux Phase One Trade Deal qui visait à trouver un terrain d’entente entre les deux puissances ne fut honoré par la Chine qu’à hauteur de 57 de ses obligations d’augmenter ses importations américaines de 200 milliards de dollars. 

Le covid et les différents chocs d’offre et de demande qui en ont résulté étant la cause évoquée par Pékin. 

Cet évènement relancera ainsi les guerres de restrictions entre les deux parties avec les États-Unis mettant en place certaines des taxes supplémentaires qu’elle avait mises en pause jusqu’alors. 

Aucune phase two ne verra le jour bien que le total des exportations ajoutées entre 2020 et 2022 par rapport aux valeurs de 2019, s'élèvent à 110 milliards de dollars ce qui révèle tout de même le niveau d’interdépendance entre les deux puissances.

Aujourd’hui, ces tensions ne semblent toujours pas s'apaiser !

On se souvient notamment du 4 février dernier, lorsque le Président Biden ordonna l’abattage du ballon dit espion chinois aperçu sur la côte Sud-Est américaine.

Pour couronner le tout, Washington accuse régulièrement Pékin d'espionnage industriel et de menaces à la sécurité nationale. Ce conflit a pris une nouvelle ampleur depuis la pénurie de semi-conducteurs liée à la crise du Covid-19, raison pour laquelle le gouvernement cherche à restreindre l’accès de l’Empire du milieu à ces composants indispensables.

En représailles, le ministre du commerce Chinois a annoncé récemment des restrictions qui prendront effet dès le premier août sur les exportations de deux minéraux rares : le gallium et le germanium.

Pour contexte, ces deux minerais sont indispensables à la production de semi-conducteurs et des batteries et la Chine est responsable de plus de 80 pour cent de la production de terres rares combinées.

Perspectives et place de l’UE

Finalement, un point important a trait à la réduction apparente des échanges Chine-US, notamment des importations chinoises sur le territoire américain.

En effet, comme on peut le voir sur ces différents, on remarque une baisse importante du volume des importations lorsque comparent les chiffres de ce premier semestre par rapport aux années 2022 et 2021.

En effet, le volume total des échanges entre la Chine et les États-Unis s’élèvent à près de 231 milliards de dollars sur les 5 premiers mois de l’année 2023. Ce chiffre impressionnant fait néanmoins remarquer une baisse importante lorsqu’on le compare aux près de 245 milliards de dollars de l’année 2021 et aux 283 milliards de dollars de 2022 sur la même période. 

La baisse des échanges d’une année sur l’autre est donc clairement actée bien qu’il convient d’attendre encore un petit peu avant de tirer des conclusions hâtives dans la mesure où cette baisse pourrait s’expliquer par un dynamisme chinois plus faible que prévu !

Du côté de la place de l’Union Européenne parmi tout ce brouhaha, les Pays-Bas ont, avec les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, annoncé des restrictions sur les technologies les plus avancées de semi-conducteurs. Pour ceux d’entre vous qui se demandent en quoi les Pays-Bas ont quelque chose à voir avec les technologies et en quoi cela pourrait intéresser la Chine : un mot : ASML.

ASML est l'un des leaders mondiaux de la fabrication de machines de photolithographie pour l'industrie des semi-conducteurs qui consiste à graver les circuits intégrés sur des galettes de silicium qui constituent la matière première des industriels des semi-conducteurs. Or, la photolithographie est une étape cruciale, la plus risquée et la plus coûteuse dans le procédé industriel de fabrication des semi-conducteurs.

Le groupe d’une capitalisation de près de 300 milliards de dollars a quasi un monopole sur une des chaînes de fabrication des semi-conducteurs produisant les machines à la pointe de technologie qui permettent la fabrication de semi-conducteurs.

Les restrictions ne sont donc pas juste un vent mais une réelle menace quant aux recherches et développements chinois, la Chine représentant environ 14 pour cent des revenus pour ASML.

Finalement, les relations économiques modernes entre la Chine et les États-Unis ont commencé dans les années 70. L’intégration de la Chine à l’OMS et son statut de MFN l’a fait définitivement entrer dans l’économie globale et depuis, la Chine est devenue la locomotive de croissance du monde. 

Le statut de pays exportateur de l’empire du milieu étant l’industrie du monde et le rôle de consommateur des États-Unis notamment de par le statut du dollar a littéralement condamné les deux puissances à travailler de concert de par l’interdépendance de leur statut. 

La question de l’inégalité de la balance commerciale entre les deux superpuissances a toujours inquiété mais des actions concrètes pour endiguer cela n’ont commencé qu’avec la présidence Trump. 

Aujourd’hui, il semble que la volonté affirmée de la Chine à devenir la nouvelle plaque tournante du monde est la raison des nouvelles sanctions entreprises contre elles. Les États-Unis affrontent par les technologies avancées et la Chine, les terres rares. 

Deux options peuvent résulter de la situation : 

D'un côté, la Chine se voit privée ou du moins restreinte de l’accès aux technologies les plus avancées en matière de semi-conducteur. La chine pourrait également d’après les rumeurs voire ses entreprises être privées des technologie de cloud américain dont Amazon, Google ou Microsoft. 

Les technologies cloud étant le seul moyen de continuer les recherches les plus poussées en l’absence de semi-conducteurs et processeur adaptés. 

Une attaque sur Taiwan serait un moyen pour la Chine de mettre la main sur TSMC avec ses processeurs dernières générations. Néanmoins, il y a peu de chance que les États-Unis restent passifs à cela de par la position stratégique de l'île, certains officiels américains ayant même déclaré que les États-Unis feraient exploser TSMC pour empêcher la mainmise de la Chine sur lesdites tech. 

De cet acte pourrait découler une guerre militaire entre les deux États. 

La seconde option, plus joyeuse, serait que les deux superpuissances arrêtent de vouloir montrer qui a la plus grosse et se remettent à travailler ensemble.

Il y a de cela une semaine, la plus grande entreprise au monde, c’est-à-dire Apple, a dévoilé un nouveau produit, estimé par certains comme révolutionnaire : l’Apple Vision Pro.

Pourtant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’annonce de ce nouveau produit a fait chuter le cours des actions d'Apple en anticipation de sa sortie, réduisant ainsi la valeur de la société de 100 milliards de dollars.

Tout cela, dans un contexte où le Vision Pro est susceptible de changer définitivement nos intéractions humaines en offrant une expérience de réalité augmentée inégalée. 

Bien que le développement de ce casque ne soit encore qu’à un stade préliminaire, il a pour ambition d’offrir les meilleures expériences à la fois en terme de réalité virtuelle ainsi qu’en terme de réalité augmentée.

L’engouement pour ce nouveau produit est tel que des entreprises comme Disney se sont empressées de nouer des partenariats avec Apple en croyant fermement que ce produit rendra enfin la réalité virtuelle accessible au grand public. 

Néanmoins, de nombreuses questions restent en suspens et bien que la sortie de l'Apple Vision Pro marque un tournant dans le domaine de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée, toute avancée technologique peut très rapidement tomber au service de penchants dictatoriaux et de contrôles accrus.

Tout cela, sans compter un fait étonnant : le PDG d'Apple, Tim Cook, n'a jamais utilisé le Vision Pro. Cela peut sembler être un simple détail, mais ce comportement n'avait jamais été observé auparavant dans l'histoire d'Apple. 

Pourquoi Tim Cook n'a-t-il pas utilisé le Vision Pro ?

Pourquoi les actions d’Apple ont chuté à l’annonce de ce produit et quelles sont les dérives auxquelles le Vision Pro pourrait mener ?

La puissance d’Apple

Apple, la plus grande entreprise au monde, a présenté la semaine dernière son nouveau produit phare, l'Apple Vision Pro. L’entreprise est aujourd’hui valorisée à près de 2.9000 milliards de dollars, un montant similaire au Produit Intérieur Brut Français.

Évidemment, bien que cela n’ai pas de sens de comparer un stock, c’est-à-dire la capitalisation boursière d’Apple, et un flux, c’est-à-dire le PIB français, cela permet néanmoins de se faire une idée de la valeur de la société.

En effet, seul Microsoft se rapproche d'une capitalisation similaire, avec une valeur boursière de 2.500 milliards de dollars. Toutes les autres entreprises sont nettement moins grandes qu'Apple ou Microsoft. 

Par exemple, la troisième de la liste, Saudi Aramco, a une capitalisation boursière de 2.000 milliards de dollars, tandis que Google et Amazon, qui occupent la quatrième et cinquième place, affichent une capitalisation boursière de 1.600 milliards de dollars et 1.300 milliards de dollars respectivement.

Autrement dit et pour faire simple, Apple est deux fois plus puissante que Amazon ! 

Et la raison est on ne peut plus simple : si Apple est si puissant, c’est parce qu'à travers ses différents appareils, et surtout grâce à l'iPhone, l’entreprise a révolutionné la vie de plusieurs centaines de millions de personnes. 

Par exemple, rien qu’en 2022, plus de 225 millions d'iPhones ont été vendus, soit plus de trois fois la population française.

De plus, malgré le prix élevé de ces appareils, les consommateurs continuent d’en acheter ce qui permet à la marque à la pomme d’accroître ses revenus en provenance de la vente de smartphones qui représente désormais plus de la moitié du chiffre d’affaires de la marque à la pomme.

Cependant, il est important de noter que la valeur boursière d'Apple ne dépend pas tant de ce que l'entreprise a déjà réalisé dans le passé, mais surtout et avant tout des perspectives futures.

Cette question est fondamentale puisque présente dans toutes les entreprises. Chaque produit et/ou chaque service est élaboré au travers d’une réflexion qui est simple, de prime abord : à quel problème répond le produit ou le service en question. 

Plus le problème est grand et la solution est importante, plus l'entreprise peut gagner de l'argent. 

Or, l’une des façons de représenter la capacité qu’a une entreprise à générer des profits se fait au travers de la capitalisation boursière de la société.

En effet, la capitalisation boursière est censée refléter la valeur d’une entreprise qui correspond aux bénéfices futurs qu’une entreprise est capable de générer sur le long terme.

Par conséquent, la grande capitalisation boursière d'Apple à ce jour nous informe de l'ampleur des attentes du marché quant à la capacité d'Apple à continuer à révolutionner et à transformer nos vies à long terme. Ainsi, pour qu'Apple puisse continuer à révolutionner nos vies, elle devra mettre sur le marché de nouveaux appareils offrant de nouvelles fonctionnalités et expériences différentes de ceux déjà lancés. C'est pourquoi l'annonce du nouveau produit qu'Apple prévoit de lancer, l'Apple Vision Pro, a suscité autant d’engouement.

Le potentiel de cet appareil est énorme car s'il parvient à s'intégrer dans notre quotidien, notre façon de travailler et de nous connecter avec les autres pourrait se transformer radicalement. 

C'est pourquoi si l'Apple Vision Pro atteint son objectif de structurer le marché de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée, si des millions, voire des centaines de millions de personnes commencent à utiliser quotidiennement cette technologie et si l'Apple Vision Pro devient la référence de cette nouvelle industrie, la capitalisation boursière déjà énorme d'Apple pourrait encore s’accroître.

Le problème c’est que, lors de la présentation du nouvel appareil, des doutes et des inquiétudes ont émergé parmi les investisseurs.

L'avenir sombre de l'Apple Vision Pro

Depuis sa sortie, il y a de cela une semaine, la vidéo YouTube d'Apple présentant l'Apple Vision Pro a largement dépassé les 50 millions de vues. 

Tout le monde parlait de l'Apple Vision Pro sur les réseaux sociaux et on ne cesse d’en entendre parler actuellement. 

Il semble donc qu'Apple tente simplement de rendre la réalité virtuelle et la réalité augmentée populaire auprès du grand public.

Or, est-ce réellement un problème ? Est-ce que de nombreuses personnes souhaitent réellement que la réalité virtuelle soit omniprésente dans leur quotidien ?

On pourrait penser que la mission d’Apple est d’apporter une solution au problème de la rareté et de l’insatisfaction.

En effet, dans un monde où il n’est pas possible d’avoir tout ce que l’on désire et où le sentiment d’aventure peut parfois être absent, notamment lorsque notre train de vie tourne autour du fameux métro, boulot, dodo, les réalités virtuelles et augmentées pourraient apporter une solution.

De ce fait, si le produit venait à être suffisamment qualitatif, certaines personnes non satisfaites de la réalité de leur quotidien pourrait apporter un changement radical au travers de ce nouveau casque ce qui permettrait de rencontrer de nouvelles personnes, de nouvelles cultures, de nouveaux endroits, de nouveaux souvenirs, plus de jeux, plus de plaisir d'une manière totalement différente à celle expérimentée auparavant.

Plus besoin de se pencher sur son iPhone ou son ordinateur portable, qui ont déjà anéanti la capacité d’attention d’un grand nombre d’entre nous, nous rendant addictes à leurs appareils.

En effet, d’après le baromètre du numérique, en 2022, les français passaient en moyenne 32 heures par semaine devant un écran, ce qui équivaut à environ un tiers de notre temps éveillé.

Avec le Vision Pro, nous n’aurions plus jamais besoin de prendre notre téléphone ou notre ordinateur, nous serions directement connecté à l'univers d’Apple fusionnant de facto le monde réel avec le monde numérique. 

Le problème c’est que, si lors de la présentation la qualité de l'Apple Vision Pro était à la hauteur des attentes du marché, le prix et la date de sortie ne l'étaient pas. 

En effet, l'Apple Vision Pro ne sera disponible qu’à partir du début de l'année 2024 sur le marché américain, au prix de départ de 3.500 dollars. 

En ce sens, réussir à convaincre suffisamment d'acheteurs de payer 3.500 dollars pour ce nouvel appareil, et les convaincre en plus d'acheter chaque année de nouvelles versions de celui-ci, comme cela est le cas avec les iPhones, ne sera pas chose facile pour Apple. 

Il est donc compréhensible que des doutes aient surgi dès l'annonce du prix et de la date de sortie réduisant de 100 milliards de dollars la valeur de la société américaine.

S’il est vrai que 100 milliards de dollars sur une capitalisation boursière total de 2.900 milliards de dollars semble ridicule, puisque ne représente qu’environ 3,5 pour cent de la valeur globale, il convient de rester conscient que ces ordres de grandeur sont tout simplement gigantesques.

C’est comme si en l’espace de quelques heures, des entreprises comme Air Liquide, BNP Paribas, EDF, Danone ou encore Orange, perdaient 100 pour cent de leur valeur boursière.

Cependant, tout comme Apple a réussi à imposer l’Iphone comme le smartphone de référence, le Vision Pro pourrait très bientôt remplacer l’Iphone, devenant ainsi un produit grand public.

En effet, cette nouvelle réalité virtuelle de haute qualité pourrait s’imposer comme une alternative séduisante à notre réalité parfois déprimante, estompant peu à peu nos problèmes du passé. 

Au même titre que le film Ready Player One, la frontière entre le monde réel et le monde numérique deviendrait quasi inexistante, offrant une expérience immersive et addictive. 

Cette promesse d'un monde meilleur et plus captivant créera un buzz mondial et le commun des mortels aura envie de vivre cette expérience pour se sentir normal et profiter des mêmes avantages que le reste des individus.

De plus, dans un contexte où la dépression chez les individus a explosé ces dernières années, le prix à payer pour un tel appareil afin de résoudre ses soucis, pourrait en valoir la peine.

En effet, les états dépressifs caractérisés sont actuellement à des niveaux historiquement élevés, notamment chez les plus jeunes et cette situation s’observe, quelque soit le niveau de diplôme, la situation professionnelle, la perception de sa situation financière ou encore la catégorie d’agglomération des individus.

De ce fait, le besoin de se plonger dans le Vision Pro, sera exacerbé par ce phénomène puisque la plupart de nos amis, des personnes faisant partie de notre communauté ou encore nos célébrités préférées seront présents dans cet univers virtuel. 

Comme nous le constatons avec les appareils électroniques ou les réseaux sociaux, une fois le Vision Pro expérimenté, il deviendra difficile de s’en passer.

Et c’est précisément là que le danger commence réellement.

Les dérives technologiques

Lorsque le Vision Pro aura conquis le grand public et que tout le monde l'adoptera, nous serons incités à rester dans ce monde virtuel. Le Vision Pro nous fera vivre des expériences incroyables, des jeux captivants, des rencontres fascinantes ou encore des films interactifs en 3D et après chaque session le cerveau sera submergé de dopamine, procurant une sensation de bien-être intense. 

Plus personne ne souhaitera quitter cet univers qui permettra au plus grand nombre d’être qui on veut, quand on le veut et afin de faire ce que l’on veut.

Ainsi, au fur et à mesure que de plus en plus de personnes utiliseront ce type d’appareil par peur de manquer de nouvelles expériences, à l'instar de ceux qui se sont précipités sur les smartphones et les ordinateurs, il deviendra presque impossible de se passer de cette technologie.

En outre, si la réalité augmentée présente déjà de nombreux problèmes majeurs, associée à l'IA, la situation devient encore plus inquiétante. 

Les avancées de l’intelligence artificielle sont indéniables et augmentent à une vitesse fulgurante notamment en ce qui concerne la création d'images ou encore le machine learning.

De ce fait, à mesure que ces deux technologies progressent ensemble, nous verrons des environnements et des objets virtuels générés et affichés entièrement dans la réalité augmentée. 

À plus long terme, les implants neuronaux briseront la dernière barrière entre le réel et le virtuel, avec des puces cérébrales comme Neuralink, une des entreprises d'Elon Musk, qui a annoncé la semaine dernière qu'elle avait reçu l'accord des autorités sanitaires américaines pour tester ses implants cérébraux connectés sur des humains.

Cela signifie que des produits comme le Vision Pro réagiront et s'adapteront à vos pensées et à vos émotions en temps réel, ouvrant la porte à de nombreuses possibilités. 

Si nous pouvions créer un paradis, un monde conçu en fonction de nos pensées et de nos désirs les plus profonds, cela ouvrirait également la voie à un contrôle totalitaire sans précédent de la part des gouvernements. 

La Chine qui rayonne pour son respect des droits de l’homme a déjà mis en exergue sa volonté d'exploiter toute nouvelle technologie pour asservir sa population, comme en témoigne son système de crédit social, qui classe les individus en fonction de leurs actions et les surveille à l'aide de caméras de reconnaissance faciale.. 

Ce risque est d’autant plus grand qu’Apple a déjà été pris en flagrant délit d'espionnage en accédant à de nombreuses données au travers de nos iPhones.

En outre, ces nouveaux outils de propagande pourraient être utilisés sans que le public ne se révolte.

À titre d’exemple, selon une enquête réalisée par le Cato Institute, aux États-Unis, près d'un tiers des 18-29 ans sont favorables à l'installation de caméras de surveillance dans chaque foyer par le gouvernement pour réduire les violences domestiques, les abus et autres activités illégales. 

En d'autres termes, près d'un tiers des personnes interrogées pensaient que c'était une bonne idée que le gouvernement les observe en permanence chez elles. 

Une chose est sûre, avec un prix de 3.500 dollars, il est évident qu'Apple cherche à contrôler l'espace de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée en devenant le principal acteur dans ce secteur technologique. 

En prenant la tête de cet environnement, Apple exercera un contrôle beaucoup plus important sur la façon dont les individus reçoivent des informations sur le monde qui les entoure, ce qui peut s’avérer extrêmement rentable, comme en témoignent les réseaux sociaux qui créent des produits extrêmement addictifs pour capter notre attention et qui ont ainsi mis en place le plus grand système de collecte de données au monde.

De la même manière, la capitalisation boursière record d'Apple témoigne de l'immense attente du marché quant à sa capacité à continuer à révolutionner nos vies. Toutefois, l'annonce du nouvel appareil, l'Apple Vision Pro, a suscité des doutes et des inquiétudes parmi les investisseurs en raison de son prix élevé et de sa date de sortie tardive notamment. Si l'Apple Vision Pro parvient à séduire suffisamment d'acheteurs, à structurer le marché de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée et à devenir une référence dans cette industrie, la capitalisation boursière d'Apple pourrait atteindre des niveaux encore plus élevés. 

Seul le temps nous dira si Apple sera à la hauteur de ces attentes optimistes.

1.000 milliards de dollars !

C’est la valeur boursière atteinte la semaine dernière par l'entreprise Nvidia, pourtant relativement peu connue du grand public. 

Cette capitalisation place donc la société, spécialisée dans la conception de microprocesseurs, en cinquième position parmi les entreprises les plus importantes des États-Unis, juste après des géants bien connus comme Apple, Microsoft, Google ou encore Amazon et devant Meta, Tesla ainsi que Berkshire Hathaway.

Cette croissance a fait de Nvidia le premier fabricant de puces à franchir la barre des 1.000 milliards de dollars de valorisation,éclipsant par la même occasion les entreprises concurrentes dans le domaine des semi-conducteurs et rejoignant ainsi les grands noms de la technologie.

La clé de cette ascension spectaculaire se trouve dans deux lettres : IA.

Nvidia est désormais huit fois plus grande qu'Intel en termes de capitalisation boursière, alors même qu’Intel génère plus de deux fois le chiffre d'affaires annuel de Nvidia.

L'augmentation du cours de l'action Nvidia, qui a été l'action la plus performante de toutes les entreprises du S&P 500 cette année, a été tout simplement spectaculaire. 

L'IA est en train de ressembler à une bulle boursière, caractérisée par une augmentation rapide et souvent insoutenable des cours des actions, souvent stimulée par une spéculation excessive et un optimisme des investisseurs.

Qu’est-il en train de se passer ?

Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle ère ou au contraire, une nouvelle bulle, similaire à la bulle technologique du début des années 2000, est sur le point d’exploser ?

L’envolée d’un géant technologique

Nvidia, une entreprise spécialisée dans les solutions informatiques accélérées, a récemment connu une augmentation spectaculaire de sa valeur boursière.

L'entreprise est actuellement la cinquième plus grande société du S&P500 et la quatrième plus grande du NASDAQ. Sa récente hausse de 24 pour cent, ajoutant plus de 200 milliards de dollars à sa capitalisation boursière en une seule journée, un phénomène extrêmement rare, a suscité un intérêt accru pour ses actions.

Nvidia, qui célèbre ses 30 ans cette année, n'est évidemment pas une petite nouvelle dans le secteur. 

Reconnue par les passionnés de jeux vidéo depuis plus de deux décennies pour ses puces électroniques et cartes graphiques qui alimentent les jeux et consoles les plus performants, l'explosion de sa valeur en bourse n'est cependant pas due à ce domaine.

Cela ne fait aucun doute, le thème de l'intelligence artificielle porte l'action Nvidia depuis le début de l'année. 

L'envol de son cours boursier est concomitant de l'émergence de ChatGPT : ce dernier a bondi de près de 180 pour cent depuis le début de l’année et, cerise sur le gâteau, le 25 mai dernier, le fabricant de puces électroniques dévoilait des résultats trimestriels bien au-delà des attentes, multipliant ainsi les annonces prometteuses.

Les investisseurs pensent désormais que Nvidia est parfaitement positionnée pour tirer parti de l'essor de l'intelligence artificielle et de l'apparition des robots conversationnels. 

Pour créer ChatGPT, par exemple, OpenAI a utilisé des milliers de puces produites par Nvidia. 

Ainsi, l'élaboration de ces nouveaux modèles d'IA nécessite une puissance de traitement informatique considérable, qui est fournie par de nombreuses puces spécialisées. 

Or, Nvidia domine ce marché prometteur à hauteur de près de 90 pour cent, au plus grand plaisir de ses actionnaires !

L’implication de Jensen Huang, PDG et cofondateur de Nvidia, est d’ailleurs l'un des points forts de la société. Sa détention de 3,5 pour cent de l'entreprise, évaluée à environ 33,5 milliards de dollars, témoigne de son engagement.

Il faut savoir que Nvidia produit, entre autres, des processeurs graphiques, également connus sous le nom de GPU, à la fois pour les consommateurs et les entreprises. 

Sur le marché des consommateurs, ces cartes sont utilisées principalement pour le gaming sur PC et par les créateurs de contenu pour l'édition vidéo. 

Du côté des entreprises, Nvidia propose des GPU plus puissants pour les applications de cloud computing. Les géants technologiques tels que Microsoft, Google et Amazon utilisent d’ailleurs ces puces pour alimenter leurs centres de données massifs dans un contexte où l’entreprise détient près de 90 pour cent des parts de marché, faisant d'elle une quasi-monopole.

L’entreprise se concentre sur différents secteurs, tous intimement liés les uns aux autres, comme les data center, le gaming, la visualisation professionnelle ou encore les véhicules autonomes.

Évidemment, son domaine de compétence va bien au-delà avec notamment l’intelligence artificielle et la science des données, le cloud computing, la réalité virtuelle, la robotique ou encore les calculs de haute performance.

Nvidia a débuté dans le secteur du gaming. En plus de ses processeurs graphiques, l'entreprise propose le Nvidia Shield, une famille de dispositifs Android destinée au streaming et aux jeux vidéo. De plus, GeForce Now, le service de cloud gaming de Nvidia, permet aux utilisateurs de jouer à des jeux PC sur les serveurs Nvidia au lieu de leurs machines locales.

Après les cartes graphiques de gaming, l'entreprise s'est orientée vers les puces pour les datacenter et, en démontrant sa capacité à gérer des charges de travail d'IA massives, l'entreprise a fait des percées rapides.

En effet, ces processeurs ne sont pas seulement utiles pour les jeux. Ils sont également précieux pour le traitement de grandes quantités de données en parallèle, ce qui est utile pour les applications visuelles et l'analyse de grandes quantités de données.

Or, aujourd’hui, l’engouement pour l’intelligence artificielle permet à l’entreprise de se positionner comme un acteur leader.

En effet, les puces de Nvidia sont extrêmement importantes pour le machine learning, l'analyse de données et les applications de haute performance.

La demande en matière d'IA a ainsi donné la possibilité à Nvidia de concentrer son activité sur les datacenter. Cela lui a permis de surmonter le ralentissement de son activité dans le gaming dû à la chute des ventes d'ordinateurs permettant de facto à l’activité secondaire de la société de devenir son principal atout.

Outre l’intelligence artificielle, il convient également de prendre en compte le secteur automobile qui est friand en puces électroniques. Si les voitures intelligentes ne sont encore qu’à leurs balbutiements, elles commencent à occuper une place majeure.

C’est précisément pour cette raison que Nvidia s'est aventurée dans l'industrie automobile permettant aux entreprises de collecter et de traiter d’importants volumes de données, d’entraîner des modèles, d’exécuter des simulations et de développer des véhicules autonomes.

Un autre secteur d’activité, souvent oublié, dans lequel Nvidia s’était concentré, jusqu’à très récemment, est le minage de crypto-monnaies dans la mesure où ses GPU sont largement utilisés pour le minage.

L'essor exponentiel de Nvidia peut d’ailleurs être attribué à l'année 2016, lorsque la société a commencé à se concentrer sur le marché de la cryptographie, en particulier le Bitcoin. 

À l'époque, Nvidia était principalement un fournisseur pour un marché de niche de gamers mais, avec le boom du Bitcoin, les GPU Nvidia sont devenus la solution la plus rentable pour miner diverses crypto-monnaies. 

L’augmentation du prix des cartes graphiques est devenu un des sujets les plus débattus ces dernières années bien que ce phénomène soit multifactoriel est ne peut pas être attribué à un seul événement. 

En effet, plusieurs facteurs ont contribué à cette hausse, notamment les différents confinements liés à la pandémie de Covid-19, qui ont provoqué une augmentation de la demande de matériel informatique pour le télétravail et les loisirs à domicile. Parallèlement, l’essor des cryptomonnaies a également joué un rôle majeur dans la hausse des prix des GPU.

Cette demande accrue de GPU pour le minage avait entraîné une pénurie de cartes graphiques sur le marché, exacerbant ainsi la hausse des prix. 

Néanmoins, depuis le krach des cryptos fin 2022, Nvidia a littéralement retourné sa veste

affirmant, au cours d’une interview au journal The Guardian que les crypto-monnaies n’apportent rien d’utile à la société.

Nvidia a ainsi pris une décision parfaitement logique en se concentrant sur des secteurs offrant un potentiel de croissance plus élevé, tels que l'intelligence artificielle et le gaming. 

En mettant l'accent sur le développement d'outils d’intelligence artificielle tels que ChatGPT et Midjourney, Nvidia se positionne comme un acteur clé de la révolution technologique en cours. 

En rejetant les crypto-monnaies et en critiquant ouvertement leur utilisation, l'entreprise n’a rien à perdre étant donné que l'exploitation minière n'est plus rentable avec leur matériel. 

Par exemple, avec un coût de l'électricité de 17 centimes d'euro par kilowattheure, aucune carte graphique ne peut générer suffisamment de profits : il faudrait plus de 3.682 jours, soit plus de 10 ans, pour rentabiliser une GeForce RTX 4090.

Nvidia a, de ce fait, pleinement compris que la véritable valeur ajoutée de ses produits réside dans des applications plus avancées et bénéfiques, telles que l'IA et les jeux vidéo pour les consommateurs. 

En adoptant cette position, Nvidia a ainsi envoyé un message fort aux marchés et aux consommateurs, démontrant son souci de l'impact et de la valeur de ses produits pour la société. 

Cette stratégie de communication a aussi permis à l'entreprise de recentrer l'attention du public sur ses véritables domaines d'intérêt et d'expertise.

IA et Nvidia : une bulle sur le point d’exploser ?

L'un des aspects les plus impressionnants de Nvidia est sa capacité à résister aux défis du marché. Malgré une baisse de son cours de 50 pour cent l'année dernière due à la récession et à la crainte générale concernant le secteur technologique, Nvidia a déjà rebondi de près de 180 pour cent.

De plus, le cours de l’entreprise a déjà dépassé ses précédents records historiques faisant d’elle la sixième plus grande entreprise du monde, surpassant même Tesla en termes de valorisation boursière. 

Cependant, malgré ces données impressionnantes, des questions demeurent concernant la valorisation élevée de Nvidia. 

La valorisation financière de Nvidia est l'une des plus élevées du secteur technologique. Au cours des 12 derniers mois, Nvidia a enregistré un résultat net de “seulement” 4,3 milliards de dollars, soit deux fois moins que l’entreprise Intel par exemple.

Investir dans Nvidia présente donc à la fois des opportunités et des risques. 

D'un côté, Nvidia est une entreprise technologique de pointe avec une large gamme de produits et services qui ont une demande forte et croissante. Elle est bien positionnée dans des secteurs à forte croissance, tels que l'intelligence artificielle, le cloud computing et les véhicules autonomes. De plus, Nvidia a une réputation de qualité et d'innovation dans le domaine des GPU, ce qui lui confère un avantage concurrentiel significatif.

D'un autre côté, la valeur de l'action Nvidia a déjà augmenté de manière significative au cours des dernières années, ce qui pourrait signifier que l’optimisme et les perspectives de croissances sont déjà intégrées dans le prix de l'action. De plus, comme pour toute entreprise technologique, Nvidia fait face à une concurrence intense, à la rapidité du changement technologique et aux risques réglementaires. 

De plus, la pandémie de 2020 a présenté des défis mais aussi des opportunités pour l’entreprise. En raison des confinements, le nombre de personnes se tournant vers le gaming a considérablement augmenté, créant une demande sans précédent pour les produits de Nvidia. 

La pandémie a donc été un coup de pouce énorme pour Nvidia, qui a vu une croissance massive de ses segments de revenus liés aux jeux vidéo et aux centres de données en 2020 et 2021. La demande de GPU a grimpé en flèche alors que les gamers, les mineurs de crypto-monnaies et les centres de données cherchaient à se procurer autant de puces que possible. 

Cependant, Nvidia a été touchée par plusieurs événements extérieurs désastreux. La réouverture de l'économie a réduit la demande de matériel pour le jeu vidéo et les centres de données. De plus, l'inflation a contraint les consommateurs à consacrer une plus grande part de leurs revenus à des besoins essentiels, réduisant leur revenu disponible pour l'achat de cartes graphiques coûteuses. 

Enfin, la deuxième blockchain la plus importante après Bitcoin, Ethereum, a adopté un modèle de preuve d'enjeu, qui nécessite beaucoup moins de puissance de calcul, ce qui a considérablement réduit la demande de GPU Nvidia pour le minage de crypto-monnaies.

Malgré ces défis, le prix de l'action Nvidia a commencé à augmenter presque aussi rapidement qu'il avait baissé. Cette reprise a coïncidé presque exactement avec la sortie de ChatGPT et à mesure que l'industrie de l'IA se développe, Microsoft, Google, Amazon, IBM et de nombreuses autres entreprises devront acheter davantage de GPU, ce qui bénéficiera à Nvidia.

Il ne fait aucun doute que l’entreprise sera l'un des principaux bénéficiaires de l’intelligence artificielle.

Toujours est-il que l'évolution rapide de l'intelligence artificielle et l'attraction grandissante autour de Chat GPT et d'autres technologies innovantes démontrent des symptômes d'une potentielle bulle. Il suffit parfois qu'une entreprise fasse simplement allusion à l'IA dans une annonce publique pour que ses actions s'envolent.

Certains analystes estiment que le prix de l'action Nvidia est totalement déconnecté de la réalité.

Pour rappel, une bulle spéculative apparaît lorsque les prix des actifs s'envolent excessivement, se détachant de leur valeur réelle. Cependant, ce phénomène ne peut perdurer indéfiniment. À un certain point, la bulle éclate : les prix chutent de manière drastique, engendrant des pertes significatives pour les investisseurs. 

L'histoire est marquée par certaines bulles spéculatives mémorables, comme la tulipomania au 17ème siècle aux Pays-Bas, la crise des subprimes en 2007/2008 ou encore la bulle Internet du début des années 2000.

C’est d’ailleurs ce dernier exemple, qui présente le plus de similarités avec la situation actuelle.

À l’époque, entre 1995 et 2000, les investisseurs étaient captivés par la "nouvelle économie" et le potentiel de croissance engendré par l'expansion d'Internet. Tout le monde se précipitait sur les actions des start-ups innovantes, souvent sans examiner leur rentabilité ou leur modèle économique faisant exploser les cours de ces actions, alimentant une demande factice et une montée auto-perpétuée des prix.

En mars 2000, les investisseurs ont commencé à réaliser que les perspectives de bénéfices des entreprises du secteur étaient surestimées et que leur valorisation boursière n'était pas justifiée. Ils ont alors vendu leurs actions en masse, provoquant un effondrement des cours faisant ainsi éclater la bulle.

Aujourd’hui, il n’est pas osé d’estimer que la valorisation boursière de Nvidia suit le même modèle, tout comme de nombreuses autres entreprises liées au secteur de l’intelligence artificielle le seront probablement au cours des prochains mois et des prochaines années.

D'une part, les marchés américains ont placé d'énormes espoirs dans une nouvelle révolution technologique liée à l'IA, tout comme ils l'ont fait avec Internet il y a 20 ans. En ce qui concerne Nvidia en particulier, la valorisation boursière de l'entreprise est très élevée par rapport à ses bénéfices effectifs. 

Si l’on se focalise sur son PER, initiales de Price Earning Ratio, ou ratio prix/bénéfice en français, qui consiste à diviser le prix d’une action par le bénéfice de l’entreprise, l’indicateur s’est envolé à 203.

En effet, sachant que les actions cotent à 392 dollars et que le bénéfice par action sur les 12 derniers mois est de 1,93 dollar, 392 divisés par 1,93 nous donnent bien 203.

Autrement dit, c’est comme s’il fallait attendre de percevoir 1,93 dollar durant 203 ans pour pouvoir acheter une seule et unique action, ce qui est tout simplement énorme !

Un autre élément incitant à la prudence, c’est que son cours boursier avait déjà profité en 2021 de l'essor des cryptomonnaies avant que ce marché ne se dégonfle, entraînant la même année une baisse de la valeur des actions de Nvidia. 

Cependant, il existe aussi des différences notables avec la crise de 2000 : Nvidia n'est pas une start-up, c'est une entreprise rentable et leader dans son secteur. Ses produits sont déjà utilisés dans de nombreux secteurs comme l'informatique, la robotique, le jeu vidéo ou l'automobile. De nombreux analystes financiers estiment que l'entreprise dispose d'un avantage concurrentiel durable dans le domaine des puces IA, ce qui justifie à leur avis sa valorisation actuelle. 

Toujours est-il que l'évolution du cours boursier de Nvidia ne dépendra pas uniquement de l'entreprise et de sa capacité à garder une longueur d'avance sur ses concurrents. Il dépendra également de la capacité de l'intelligence artificielle générative à réaliser ou non les promesses qu'elle suscite. 

De ce fait, si elle est bien la révolution que certains attendent, il n'y a probablement pas de bulle.

Cependant, malgré la popularité de ChatGPT et d'autres technologies similaires comme Bard ou Midjourney, les applications rentables de cette technologie restent encore incertaines. Et dans la Silicon Valley comme sur les marchés financiers, on peut passer rapidement de l'engouement à la tempête ... 

Dans les années 1990, un scénario similaire s'est produit avec Cisco, un fournisseur d'infrastructure internet. Les analystes avaient prédit une explosion de la demande pour les produits de Cisco en raison de la croissance d’internet. Ils avaient vu juste sur le principe, mais ils avaient largement surestimé l'ampleur de cette demande, ce qui a conduit à la formation d'une bulle autour de l'action Cisco qui n’a jamais retrouvé ses niveaux depuis lors. 

Pour conclure, si Nvidia est bien positionnée pour profiter de l'essor de l'IA générative, il est important de ne pas se laisser emporter par l'enthousiasme. Lorsqu'une action fait l'objet d'un tel battage médiatique, il est souvent sage de prendre du recul. 

À long terme, il y aura une rude concurrence de la part de Google, Intel, IBM, Apple, Alibaba et même de Meta.

BlackRock : une entité souvent aimée pour sa puissance et son efficacité, mais tout aussi souvent détestée pour son omniprésence et les polémiques qu'elle engendre. 

Le géant mondial de la gestion d'actifs, est un acteur qui ne laisse personne indifférent et dans le monde des affaires et des finances, l’entreprise a suscité de vives réactions, oscillant entre admiration et aversion. 

D'un côté, on l'admire pour son impact significatif, sa croissance fulgurante et sa capacité à proposer des solutions de placements toujours plus intéressantes.

De l'autre, on le critique souvent pour son influence démesurée dans l'économie mondiale et son rôle dans certaines controverses financières. 

Co-fondée en 1988 aux États-Unis, par Larry Fink, qui a passé 35 ans à en faire le plus grand gestionnaire d'actifs au monde, cette entité qui était jusqu’à très récemment inconnue du grand public, fait régulièrement l’objet de controverses en plus d’être visés par certains manifestants au cours des différentes réformes des retraites.

Souvent présentés comme la main invisible du marché, certains estiment que le pouvoir de BlackRock est effrayant et que l’entité dirige littéralement le monde. L’entreprise est au cœur de tous les fantasmes. 

Et son pouvoir inquiète au moins autant que son influence grandissante au sein des banques centrales et des Etats. 

En effet, avec Vanguard et State Street, BlackRock possède des actions dans pratiquement toutes les grandes entreprises de la planète.

Qu’en est-il concrètement ?

BlackRock : le géant de l’ombre

Au cœur des mécanismes financiers mondiaux, se dresse BlackRock, une entreprise financière géante dirigée par Larry Fink. Sa présence discrète et omniprésente en a fait une actrice essentielle lors des crises majeures que l'économie mondiale a pu connaître jusqu’à présent. 

En effet, la saga de BlackRock commence en 2008, lorsqu’elle joue un rôle central dans le sauvetage d’entités à Wall Street, telles que Bear Stearns, AIG, Fannie Mae ou encore Freddie Mac, au cours de la crise financière. Sans appel d'offres concurrentiel, BlackRock se voit confier la lourde tâche d'analyser et de nettoyer le désordre financier, bien qu'elle soit elle-même un actionnaire principal des banques qu'elle aide à renflouer. 

Cet évènement propulse ainsi Larry Fink comme un homme ultra puissant propulsant par la même occasion son entreprise sur le devant de la scène.

12 ans plus tard, c’est-à-dire en 2020, en pleine pandémie de coronavirus, rebelote, la Réserve Fédérale choisit une nouvelle fois de faire appel aux services de BlackRock pour gérer son programme sans précédent d'achat d'obligations d'entreprises. 

Une fois de plus, la multinationale s’est retrouvée à renflouer des entreprises dont elle était actionnaire, consolidant ainsi le statut de Larry Fink comme un acteur puissant de l'économie post-pandémique.

Jusqu’à très récemment et pour beaucoup, le nom de BlackRock restait méconnu. Cette discrétion est le fruit de la stratégie de Larry Fink, qui a intentionnellement œuvré dans l'ombre pendant 35 ans pour faire de BlackRock le plus grand gestionnaire d'actifs au monde, avec plus de 9.000 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

Aujourd'hui, l'entreprise gère des actifs variés allant de l’épargne retraite des individus sous forme de fonds de pension, jusqu'aux fonds souverains, en passant par des fonds de dotation universitaires ainsi que l’argent de millions d’investisseurs individuels, notamment au travers d’ETF qui représentent près de 65 pour cent des fonds investit chez le géant de Wall Street.

Pour se faire une idée, aux côtés de Vanguard et State Street, BlackRock possède plus de 80 pour cent de l’industrie des ETF ainsi que de nombreuses sociétés.

Apple, Microsoft, Google, Amazon, Pfizer, Pepsi ou encore Coca-Cola, BlackRock possède des actions dans toutes les entreprises les plus importantes et les plus influentes de la planète.

Pour mettre les choses en perspective, le bilan de la Réserve fédérale américaine n’est aujourd’hui “que” de 8.400 milliards de dollars !

La société est si puissante qu'elle est devenue une véritable machine à fantasmes, souvent qualifiée de "gouvernement fantôme" capable de changer le cours des événements et d'influencer le monde en fonction de ses intérêts.

Pourtant, Larry Fink reste une figure discrète, avec quelques apparitions occasionnelles chez certains médias. La preuve en est, en France, pratiquement personne ne le connaissait et la seule fois où le grand public a vraiment entendu parler de lui, c'était au sujet de la réforme des retraites, en 2019, qu'à en croire les rumeurs, il aurait lui-même piloté.

En tout cas, aujourd'hui, BlackRock est considérée comme l'institution financière la plus influente du monde, la plus grande banque de l'ombre et même l'entreprise qui possède le monde. 

Pourtant, lorsqu’au cours d'une interview avec Bloomberg, il lui était demandé s'il était vrai qu'il était l'homme le plus puissant de la finance, il répondait : “je ne me considère pas comme quelqu’un de puissant".

Ainsi, bien que BlackRock ne puisse pas imposer sa volonté, en tout temps et en tout lieu, il est évident que son influence reste considérable, et est plus forte que jamais. 

À chaque crise, le mastodonte qui pèse près de 10.000 milliards de dollars, en sort plus fort. Un tel niveau de contrôle est sans précédent dans l'histoire, lui conférant une influence significative.

L’ascension d’un géant

Si aujourd’hui, la société de gestion d’actifs est leader dans ce secteur, la voie du succès n'était pas tracée d'avance pour son PDG Larry Fink, bien au contraire.

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Avant de devenir ce qu’il est, Larry Fink a dû démontrer sa valeur et convaincre des clients répartis à travers le monde de lui confier leur argent.

Larry Fink avait 23 ans lorsqu'il a commencé à travailler à Wall Street en 1976. Submergé par les offres des meilleures banques d'investissement, il a choisi First Boston, où il a commencé à exercer dans le trading d’obligations, qui était alors un secteur plutôt tranquille. 

En l’espace de seulement trois ans, il s'est vu confier la direction d'une activité quasi inconnue jusqu’alors : la structuration et le trading de titres adossés à des prêts hypothécaires.

Au cours de la décennie suivante, Fink est devenu une sorte de légende à Wall Street et sera derrière la création du marché de la titrisation de dettes de plusieurs milliers de milliards de dollars transformant le visage de la finance. 

Jusqu’en 2008, ce marché, composé de prêts hypothécaires, de prêts à la consommation ou encore de prêts étudiants, achetés auprès des banques, puis découpés en morceaux, reconditionnés et vendus à des milliers d'investisseurs, contribuera à faire mettre l'économie mondiale à genoux. 

Néanmoins, avant qu'elle ne devienne incontrôlable, la titrisation était considérée comme une innovation incroyable.

Larry Fink était considéré comme un fin stratège et son intérêt pour la politique et son sens stratégique l'ont aidé à acquérir une réputation de véritable génie de l'investissement.

À seulement 31 ans, il est devenu le directeur général le plus jeune de l'histoire de First Boston, où il a contribué à l’augmentation d’environ un milliard de dollars au résultat net de l'entreprise. Son futur était tout tracé : il finirait par diriger la firme.

Sauf qu’en 1986, l'étoile montante s'est effondrée peu de temps après l'un de ses plus grands succès. Son département a perdu l’équivalent de 100 millions de dollars suite à une mauvaise décision : Fink pensait que les taux d'intérêt allaient augmenter alors que la fin des années 80 marquait justement la baisse des taux d’intérêt autour de la planète.

Presque du jour au lendemain, Fink est passé d’une star de Wall Street à plus rien : les gens ont cessé de lui parler dans les couloirs jusqu’à l’exclure purement et simplement, anéantissant sa réputation et provoquant ainsi son départ de l’entreprise.

Alors que cet évènement aurait pu marquer la fin d’une carrière pour un grand nombre de personnes, à 35 ans, Larry Fink s’était juré de ne plus jamais se retrouver dans une situation où il ne maîtriserait pas pleinement les risques qu'il prenait.

Ainsi, en 1988, Larry Fink, Robert Kapito, Susan Wagner, Barbara Novick, Ben Golub, et Keith Anderson créent BlackRock en tant que filiale de gestion d'actifs de BlackStone, qui avait été fondée un an plus tôt par Stephen Schwarzman et Peter Peterson. 

À l'origine, BlackRock était axée sur la gestion du risque et intervenait sur les marchés obligataires jusqu’en 1992, année durant laquelle BlackRock s'est séparée de Blackstone, en partie en raison des désaccords entre Fink et Schwarzman concernant la direction future de l'entreprise. 

BlackRock est ainsi devenue une entreprise indépendante, toujours dirigée par Fink, et a commencé à élargir ses services pour inclure l'ensemble du spectre de la gestion d'actifs.

À l’époque, l’ancien de la First Boston, comprend que les marchés financiers vont connaître une évolution rapide et une mondialisation croissante comprenant par la même occasion que la clé pour se distinguer dans cet environnement concurrentiel était de remporter la bataille de l'échelle, c'est-à-dire de réduire les frais de gestion.

Ainsi, des frais plus faibles allaient forcément attirer plus d’investisseurs, dans un contextes où les marchés financiers commençaient à se démocratiser.

Au cours des décennies suivantes, BlackRock a connu une croissance fulgurante, en partie grâce à une série d'acquisitions stratégiques, dont celle de la division de gestion d'actifs de Merrill Lynch en 2006, et surtout celle de Barclays Global Investors en 2009.

Alors que de nombreux acteurs sont balayés par l'effondrement des marchés, comme Lehman Brothers, Fink saisit l'occasion pour faire des achats parmi les ruines.

Les avantages de ces opérations furent immenses puisque, non seulement elle propulse BlackRock au rang de leader mondial du secteur, mais elle permet également au groupe de mettre la main sur iShares, l'un des principaux spécialistes mondiaux des ETF qui ne sont alors qu’à leurs balbutiements.

BlackRock deviendrait ainsi le roi des ETF, un instrument simple, peu cher et incroyablement efficace qui transforme l’entité en la "machine de guerre" que la plupart décrivent aujourd'hui.

Néanmoins, bien que la taille de BlackRock soit impressionnante, ce qui les distingue réellement de la concurrence, c'est leur plateforme logicielle appelée Aladdin : un superordinateur qu'ils utilisent pour leurs clients.

Aladdin : le vrai pouvoir de BlackRock

Avec 5.000 ordinateurs fonctionnant 24 heures sur 24, supervisés par une équipe d'ingénieurs, de mathématiciens, d'analystes et de programmeurs, la ferme d'ordinateurs de BlackRock surveille en permanence des millions de transactions quotidiennes et examine chaque titre dans les portefeuilles d'investissement afin d’améliorer la gestion des risques.

Aladdin qui l’acronyme anglais de "Asset, Liability, Debt, and Derivative Investment Network" est devenue LA plateforme informatique phare au cœur des opérations de BlackRock et a contribué à faire de la société un leader dans le domaine de la gestion d'actifs.

En effectuant des centaines de millions de calculs chaque semaine, Aladdin peut simuler tous les changements imaginables des taux d'intérêt et les fluctuations des marchés financiers.

BlackRock loue également l'accès à Aladdin à d'autres institutions financières, fournissant ainsi ses services tout en contrôlant les systèmes depuis son siège.

La clairvoyance de Larry Fink a ainsi permis à BlackRock d’être la première société comprenant l'importance de la technologie dans la finance. Au fil des années, Aladdin s'est développé et sa puissance n'a cessé de croître, au point que certains n'hésitent pas à le comparer aujourd'hui à une sorte de Google de la finance ouvrant les portes à BlackRock, jusque dans les ministères. 

Cet outil a ainsi joué un rôle clé, notamment en 2008, alors que le monde traverse une crise financière qui n'avait pas été vue depuis la Grande Dépression nécessitant l’intervention de Washington pour renflouer certaines entités à Wall Street.

En effet, la crise financière de 2008 a vu BlackRock jouer un rôle significatif en tant que conseiller pour plusieurs entités importantes. La Réserve fédérale a ainsi choisi BlackRock pour analyser et gérer plusieurs portefeuilles complexes d'actifs détenus par des institutions financières en difficulté dans ce qui sera connu comme les Maiden Lane Transactions.

Lorsque la banque d'investissement Bear Stearns a failli s'effondrer en mars 2008, la Fed a acquis un portefeuille d'actifs hypothécaires de 30 milliards de dollars que Bear Stearns détenait. BlackRock a été engagé pour gérer ce portefeuille, désormais connu sous le nom de Maiden Lane I.

Plus tard, à l'automne 2008, lors du sauvetage de l’assureur AIG par la Réserve fédérale, BlackRock a de nouveau été engagé pour gérer des portefeuilles d'actifs complexes liés à AIG. Ces portefeuilles, connus sous les noms de Maiden Lane II et III, contenaient des actifs d'une valeur de 130 milliards de dollars.

BlackRock a également été retenu par la New York Fed pour gérer son portefeuille de titres hypothécaires d'une valeur de 1,2 trillion de dollars.

Ces actions ont considérablement renforcé la réputation du géant de Wall Street en tant que gestionnaire d'actifs et ont contribué à solidifier sa position en tant que l'une des plus grandes firmes de gestion d'actifs du monde.

Et cela ne s'est pas arrêté là. 

En 2020, en réponse à la crise économique déclenchée par la pandémie de COVID-19, la Réserve fédérale a pris une série de mesures sans précédent pour stabiliser les marchés financiers. Une de ces mesures a été l'achat massif d'obligations d'entreprise, une démarche inhabituelle pour la Fed.

Aussi, pour faciliter ces achats, la Fed a retenu les services de BlackRock qui a été chargée de l'achat et de la gestion de ces obligations pour le compte de la Fed. 

Cette décision a suscité certaines controverses dans la mesure où BlackRock possédait également des obligations d'entreprise dans ses propres portefeuilles de gestion d'actifs.

L’influence réelle de BlackRock

Arrivé à ce stade, il serait évidemment malhonnête de refuser d’admettre que BlackRock ne jouit d’aucune influence au niveau mondial.

Néanmoins, il fréquent d'exagérer son influence ou son pouvoir.

Pour l’anecdote, BlackRock n’est même pas dans le top 50 des plus grandes entreprises américaines. Sa valeur boursière est de 100 milliards de dollars, soit 10 fois que l’argent qu’elle gère et elle vaut 4 fois moins que notre fleuron français LVMH.

L’oréal, Hermès, Dior, Total Energies ou encore Sanofi sont des entreprises qui pèsent plus que BlackRock !

De plus, BlackRock n’est pas une banque contrairement à ce que certaines personnes prétendent. Il s’agit d’un gestionnaire d’actif pour compte de tiers. Autrement dit, les près de 10.000 milliards de dollars que gère l'entité ne lui appartiennent pas et elle ne les investit pas comme bon lui semble afin d’influencer et menacer les gouvernements ou les entreprises.

En d’autres termes, les gestionnaires d’actifs ne sont pas des organisations contrôlées par des personnes louches dont le but est de contrôler le monde : ils n'ont de pouvoir que celui que les millions d’investisseurs leur donnent.

Et c’est effectivement là où les vrais risques surviennent notamment en ce qui concerne le risque de gouvernance en vertu de ce que l’on appelle l'actionnariat commun.

BlackRock, aux côtés de Vanguard et State Street détiennent d'énormes quantités d'actions dans de nombreuses entreprises à travers leurs différents fonds d'investissement. 

Aux États-Unis, la part des trois plus gros investisseurs institutionnels dans les entreprises du S&P 500, est passée de 5 pour cent en 1998 à environ 20 pour cent en 2017. 

Par conséquent, dans la mesure où lorsque l’on est actionnaire, l’on possède des droit financiers, c’est-à-dire le droit de toucher des dividendes, ainsi que des droits politiques, c’est-à-dire le droit de participer aux décisions prises par la société, les géants de Wall Street se sont automatiquement retrouvés dans une situation que l’on appelle de proxy voting ou vote par procuration en français.

Or, la plupart des investisseurs particuliers oublient bien souvent cela et donc, si pour eux, toucher des dividendes est une évidence, ils acceptent volontiers de déléguer leur droit de votes aux gestionnaires d’actifs.

Forcément, cela préoccupe certains responsables quant aux risques que suppose ce système notamment en ce qui concerne : 

1° La concentration des pouvoir : étant donné que BlackRock détient une si grande quantité de droits de vote, il est capable d’influencer les entreprises dans lesquelles il est présent,

2° Les conflits d’intérêt : dans la mesure où dans certaines situations BlackRock pourrait être tenté d'utiliser son pouvoir de vote pour soutenir des politiques qui sont bénéfiques pour lui, mais pas nécessairement pour ses investisseurs,

3° Ou encore la transparence : puisqu’il peut être difficile pour les investisseurs de savoir exactement comment le gestionnaire utilise ses droits de votes,

Néanmoins, il convient de noter que non seulement ces risque ne sont pas inhérents aux seuls gestionnaires d’actifs que sont BlackRock, Vanguard ou State Street et qu’ils s’appliquent donc à n’importe quel gestionnaire, État ou fonds souverain, mais, en plus, les géants de Wall Street ont commencé à donner à leurs investisseurs la possibilité de participer aux assemblées générale et ainsi reprendre le pouvoir de leurs droits politiques au travers du voting choice.

Tout cela, sans compter qu’en l’état actuel des études et des connaissances sur le sujet, aucun consensus ne se dégage sur l'effet global et les conséquences néfastes de l'actionnariat commun sur l'économie.

Les États-Unis feront tout ce qui est en leur pouvoir afin de contrer la Chine : c’est la conclusion à laquelle le gouvernement chinois est arrivé !

De l’autre côté de l’atlantique, à Washington, les dirigeants sont catégoriques sur le fait que la Chine envisage de supplanter les États-Unis en tant que première puissance mondiale.

Voici l’état actuel des pensées des deux superpuissances mondiales qui donne à réfléchir sur cet antagonisme croissant et qui, compte tenu de la montée des tensions, est susceptible de provoquer un véritable conflit.

C’est d’ailleurs pour cette raison que, récemment, Henry Kissinger a tiré la sonnette d’alarme à un moment où les pays du G7 cherchent l’unité face à la menace chinoise.

Qu’en est-il concrètement ?

Quels sont ses avertissements et quels sont les domaines dans lesquels les deux blocs s’affrontent actuellement  ?

L’alerte de Kissinger

Le 27 mai prochain, Henry Kissinger, ancien secrétaire d'État des États-Unis fêtera ses 100 ans. 

Aujourd’hui, on peut clairement dire que strictement personne autour de la planète n'a plus d'expérience dans les affaires internationales et le monde diplomatique que lui. 

D'abord considéré comme un grand spécialiste de la diplomatie du dix-neuvième siècle, avant de devenir conseiller américain à la sécurité nationale et secrétaire d'État, pour finalement devenir consultant auprès de monarques, présidents et premiers ministres durant les 46 dernières années, Henry Kissinger a récemment fait connaître ses inquiétudes quant aux tensions grandissantes entre les différents blocs et notamment les deux superpuissances que sont les États-Unis et la Chine.

En effet, selon lui, les deux parties se sont convaincues mutuellement que chacune d’elle représentait un danger stratégique vis-à-vis de l’autre et que nous serions sur la voie d'une confrontation entre grandes puissances.

L’ancien conseiller américain est alarmé par l'intensification de la concurrence entre la Chine et l'Amérique pour la prééminence technologique et économique. 

Alors que la Russie se rapproche de plus en plus de la Chine et que la guerre fait rage sur le flanc oriental de l'Europe, il craint que l’intelligence artificielle ne soit sur le point de suralimenter la rivalité sino-américaine. 

Partout dans le monde, l'équilibre des forces et la base technologique de la guerre évoluent si rapidement et de tant de manières différentes que les pays ne suivent aucun ordre bien établi sur lequel baser leurs règles. 

Or, en l’absence d’ordre, le recours à la force devient l’une des dernières options. 

Nous serions donc dans une situation classique d'avant-guerre où aucune des parties n'a beaucoup de marge de concession politique et dans laquelle toute perturbation de l'équilibre pourrait entraîner des conséquences catastrophiques.

Bien qu’il soit vilipendé par beaucoup comme un belliciste pour son rôle dans la guerre du Vietnam, Kissinger, auteur du livre “l’ordre du monde”, considère l'évitement des conflits entre les grandes puissances comme le centre de l'œuvre de sa vie. 

Après avoir été témoin du carnage causé par l'Allemagne nazie et avoir subi le meurtre de 13 de ses proches parents au cours de l'Holocauste, il est devenu convaincu que la seule façon d'empêcher un conflit est au travers de la diplomatie, idéalement fortifiée par des valeurs communes.

Autrement dit, le sort de l'humanité dépend de la capacité de l'Amérique et de la Chine à s'entendre et donc, compte tenu des progrès rapides de l’intelligence artificielle, les deux puissances n’auraient plus que 5 à 10 ans pour trouver un terrain d’entente.

Le problème c’est que : 

1° Premièrement, du côté chinois, il est fréquent de penser que l’influence et la puissance américaine est déclinante ce qui permettra à l’empire du milieu de supplanter les US, à la suite d’une évolution historique logique.

En effet, aux yeux des chinois, l’ordre mondial voulu par les États-Unis se fonde sur des règles, mais des règles américaines. 

Or, les dirigeants chinois se sentent insultés par la condescendance occidentale, consistant à accorder des privilèges à la Chine si elle se comporte bien alors que selon l’Empire du milieu, ces privilèges devraient leur revenir de droit, en tant que puissance montante.

2° Deuxièmement, du côté américain, Kissinger met en garde contre une mauvaise interprétation des ambitions de la Chine. 

Si aux yeux de Washington, il est indéniable que la Chine souhaite dominer le monde, la Chine pourrait simplement vouloir retrouver sa puissance d’antan sans pour autant se diriger vers une domination mondiale.

Le retour de la Chine sur la scène mondiale

Il faut savoir qu’historiquement, la Chine était un empire plutôt renfermé sur lui-même.

Le problème, c’est que durant le dix-huitième siècle, les idées du bloc occidental se distinguaient dans une large mesure des idées qui guidaient la pensée chinoise, bien que certaines similitudes au niveau économique pouvaient être mises en avant.

En effet, la Chine se considérait comme le centre culturel de l'univers.

Un point de vue qui se reflète d’ailleurs dans le concept même de l'Empire du Milieu et même le mot chinois pour le mot “Chine”, Zhōngguó, se traduit littéralement par “pays du milieu”, “centre du monde”.

Or, dans le même temps, la Chine considérait la plupart des peuples non chinois comme des “barbares non civilisés” et donc toute relation commerciale envisagée par un pays étranger avec la Chine ne pouvait s’exercer qu’au travers d’un système tributaire.

La base de ce système était l'acceptation de la supériorité culturelle chinoise et une forme de soumission vis-à-vis de l'Empereur.

Le système tributaire fournissait ainsi à la Chine un moyen de réguler le flux de marchandises étrangères à travers les frontières impériales, afin d'identifier les partenaires commerciaux les plus avantageux.

Ce phénomène était exacerbé par le système cantonal qui concentrait tous les échanges sur le port sud de Canton, seul port chinois ouvert au commerce avec les étrangers.

Or, l’Europe du dix-huitième siècle raffolait des produits de luxe chinois et en particulier la soie, la porcelaine ainsi que le thé.

À cette époque, les pays européens et notamment la Grande-Bretagne importaient massivement les marchandises chinoises, entraînant un déséquilibre commercial entre la Chine et la Grande-Bretagne au bénéfice des Chinois.

Dans le même temps, au cours de cette période, 400 millions de Chinois vivent en autosuffisance presque complète dans un immense territoire ce qui fait que la Chine n’a pas besoin de produits européens et n’en réclame pas.

Sauf que, la Grande-Bretagne est un pays grandement influencé par la pensée  mercantiliste qui est une doctrine économique prônant le développement économique d’une nation par le commerce extérieur. 

Selon cette doctrine largement démontée depuis, notamment par Adam Smith, mais pourtant soutenue par de nombreux adeptes encore aujourd’hui, il est nécessaire de toujours plus exporter de marchandises que ce que l’on en importe.

Autrement dit, il est préférable d’avoir une balance commerciale excédentaire en mettant en place notamment des mesures protectionnistes.

Or, comme on vient de le voir, la Chine ne réclamait pas de biens britanniques alors que l'Angleterre raffolait des marchandises chinoises provoquant ainsi une balance commerciale très largement déficitaire en Angleterre.

Le commerce de l’opium fut donc perçu par la Grande-Bretagne comme le moyen idéal pour renverser l'équilibre économique. 

Avantage supplémentaire, leur présence en Inde et la création de la Compagnie des Indes Orientales permit à l'Angleterre de faire exploser l’exportation d'opium vers la Chine afin de rééquilibrer la balance commerciale avant de la rendre excédentaire en sa faveur !

Ce n’est qu’après les interdictions répétées de la Chine quant à l’importation, la fabrication et la consommation de la drogue, provoquant la réaction de l’Angleterre qui voyait comment sa balance commerciale allait une nouvelle fois s’inverser, que les guerres de l’opium furent déclenchées par les puissances occidentales.

Comme le disait si bien Frédéric Bastiat : “si les marchandises ne traversent pas les frontières, les soldats le feront”.

La défaite de la Chine et la chute de l’Empire marquèrent ainsi le début d'une époque connue sous le nom du siècle d'humiliation.

Encore aujourd’hui, il est essentiel de comprendre les raisons des guerres de l'opium pour apprécier l'impact profond qu'elles ont eu sur le destin de la Chine dans la mesure où elles ont servi de catalyseur, marquant le début de la reconquête de sa place légitime sur la scène mondiale.

En ce sens, d’après Henry Kissinger, la peur de la Chine pourrait ne pas être justifiée bien qu’une part de doute subsiste.

En effet, au cours de son histoire, plus que la domination mondiale, l’empire du milieu visait un accroissement total de ses capacités, inspirant l’admiration et le respect.

Dans l'histoire chinoise, la plus grande peur des responsables a d’ailleurs été les bouleversements internes et c’est pour cette raison qu’ils ont régulièrement essayé d'empêcher les étrangers d'entrer et que la Grande Muraille a été construite.

La montée des tensions

Aujourd’hui, la situation dans laquelle se trouve la Chine est loin d’être similaire à celle en vigueur après la guerre de l’opium. Désormais, l’empire du milieu a développé de véritables capacités stratégiques faisant de lui un vrai concurrent vis-à-vis des États-Unis.

Désormais, il y a plusieurs sources de conflit entre les États-Unis et la Chine : les principales étant la guerre commerciale entre les deux pays ainsi que les tensions grandissantes autour de Taïwan, sans compter le nouvel opium de notre siècle qui vient cette fois-ci de Chine : TikTok !

Le fait est que Taïwan est un enjeu stratégique de premier ordre. 

Considérée par Pékin comme une forteresse maritime bloquant son expansion dans le Pacifique, l’île est devenue au fil des ans un enjeu géopolitique au centre des rivalités opposant les États-Unis et le Japon à la Chine. 

Dans les faits, Taïwan fonctionne comme un État souverain à part entière : l’île a son propre gouvernement, sa propre armée, délivre des visas, dispose de douanes et est représentée aux Jeux Olympiques. 

Cependant, cette dernière n’a jamais proclamé son indépendance pour ne pas attiser les tensions avec la Chine qui la considère comme une province rebelle qui finira un jour par rentrer dans le rang.

Selon Kissinger, nous nous trouvons dans une situation similaire à celle d’avant la Première Guerre mondiale où aucune des parties n'a beaucoup de marge de concession politique et où toute perturbation de l'équilibre peut entraîner des conséquences catastrophiques.

Il semble maintenant y avoir une course aux armements qui se développe à travers le détroit de Taïwan, dans laquelle la Chine veut garder ouverte la possibilité d'utiliser la force si nécessaire. 

La Chine veut Taïwan plus que l'Occident n'est disposé à le défendre, et la Chine le sait. Mais une guerre à Taïwan retarderait considérablement l'évolution interne de la Chine. 

Ainsi, bien que la Chine menace de s'emparer de Taïwan par la force depuis que Tchang Kaï-Chek s’était enfuit et avait déplacé son gouvernement à Taipei, devenue capitale de la République de Chine en 1949 après avoir perdu la guerre civile sur le continent, Pékin a longtemps privilégié les pressions politiques.

Malgré tout, bien que l'invasion russe de l'Ukraine ait attiré l'attention sur la menace potentielle planant sur Taïwan, il existe une grande différence entre les deux situations car une guerre chinoise contre Taïwan pourrait également s’avérer être une guerre contre les États-Unis.

Pour recontextualiser les évènements, en 1971, la Résolution 2.758 intitulé “Rétablissement des droits légitimes de la République populaire de Chine à l'Organisation des Nations Unies” est adopté par l'Assemblée Générale des Nations unies, permettant d’intégrer la République populaire de Chine comme membre de l’ONU.

Cette disposition a eu pour conséquence d'expulser purement et simplement les représentants de Taïwan des sièges qu'ils occupaient, semble-t-il, illégalement.

Quant aux États-Unis, ce n’est que 8 ans plus tard, c’est-à-dire en 1979 que Washington a décidé de transférer la reconnaissance diplomatique de Taipei à Pékin, en adoptant par la même occasion le Taiwan Relations Act dont la vocation était “d’aider à maintenir la paix, la sécurité et la stabilité dans le Pacifique occidental et promouvoir la politique étrangère des États-Unis en autorisant la poursuite des relations commerciales, culturelles et autres entre le peuple des États-Unis et le peuple de Taiwan, et pour d'autres fins”.

Sauf qu’il faut lire entre les lignes pour comprendre à la fois l’étendu du problème et pourquoi la situation pourrait s’avérer être plus que problématique.

Si on fait un zoom et on se focalise notamment sur les points numéro 5 et 6 de cette loi, on peut y lire que la politique des États-Unis est notamment de “doter Taïwan d'armes à caractère défensif; et maintenir la capacité des États-Unis à résister à tout recours à la force ou à d'autres formes de coercition qui mettraient en péril la sécurité ou le système social ou économique de la population de Taiwan”.

Si dans le passé, les États-Unis ont maintenu l'ambiguïté à savoir jusqu'où irait cet engagement, dans le but, à la fois de dissuader Pékin d'envisager une intervention militaire et aussi de décourager Taipei d'officialiser son indépendance, l’année dernière, Joe Biden, avait clairement levé cette ambiguïté en s’engageant à intervenir militairement si une telle situation devait avoir lieu.

En outre, les pays du G7, qui se sont réunis ce week-end, ont prononcé leur plus ferme condamnation de la Chine alors que les économies les plus avancées du monde intensifient leur réponse à ce qu'ils appellent la montée des menaces à la sécurité militaire et économique posées par Pékin. 

Critiquant la Chine sur de nombreux points, de sa militarisation de la mer de Chine méridionale à son recours à la coercition économique, les membres du G7 se sont dits sérieusement préoccupés par les événements dans les mers de Chine orientale et méridionale, et s'opposent fermement à toute tentative unilatérale de modifier le statu quo par la force ou la coercition appelant également à une solution pacifique aux tensions dans le détroit de Taiwan.

Évidemment, si un tel conflit venait à avoir lieu, cela ne serait pas sans conséquences, à la fois au niveau des répercussions sur la vie de nombreuses personnes mais aussi au niveau de l’économie mondiale qui ne se porte déjà pas pour le mieux.

De plus, il faut savoir que l’économie de Taïwan est extrêmement importante dans la mesure où une grande partie des équipements électroniques utilisés quotidiennement dans le monde, des téléphones aux ordinateurs portables, en passant par les montres et les consoles de jeux, est alimentée par des semiconducteurs fabriqués à Taïwan.

En guise d’illustration, une seule et unique entreprise taïwanaise, la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company aussi connue sous ses initiales TSMC, détient plus de la moitié du marché mondial des puces informatiques pour environ 56 pour cent et le pays est leader dans ce secteur d’activité, loin devant n’importe quel autre pays, avec 66 pour des parts de marché !

TSMC est une "fonderie", c'est-à-dire une entreprise qui fabrique des puces pour le compte d'autres entreprises spécialisées dans leur conception.

Autrement dit, une prise de contrôle chinoise à Taïwan pourrait donner à Pékin un certain contrôle sur l'une des industries les plus importantes au monde.

En effet, malgré les efforts de la Chine pour développer une industrie des puces, seuls 8 pour cent des semi-conducteurs utilisés en Chine sont produits à l’intérieur du pays. 

Raison pour laquelle TSMC est une entreprise stratégique et certains économistes chinois poussent le parti communiste à prendre possession de l’entreprise si les États-Unis venaient à imposer des sanctions.

C’est d’ailleurs entre autres pour préserver TSMC que l’entreprise a déjà commencé à délocaliser certaines de ses usines aux États-Unis, au Japon et à Singapour.

C’est également pour cette raison que l’année dernière, le Président Chinois, Xi Jinping a prononcé un discours sur le besoin urgent de l’amélioration du système pour réaliser des percées dans les technologies nationales afin de surpasser l'Occident et de renforcer la sécurité nationale.

Selon Xi Jinping, la Chine doit chercher à devenir une puissance technologique et autosuffisante, dirigée par l'État qui ne dépendra plus autant de l’occident.

L'objectif sous-jacent, selon certains analystes, serait de construire une sorte de forteresse en Chine dans le but de réorganiser la deuxième plus grande économie mondiale afin qu'elle puisse fonctionner sur des énergies internes et, si le besoin s'en fait sentir, résister à un conflit militaire. 

Alors que de nombreux américains et pays occidentaux souhaitent découpler leur économie de la Chine, Pékin souhaite également devenir moins dépendant de l'Occident, et en particulier de sa technologie.

La pandémie de coronavirus ne semble être plus qu’un lointain souvenir. 

Et pourtant … 

Alors que ce monde nouveau, qui nous était promis, n’a visiblement toujours pas pointé le bout de son nez, Big Pharma fait de nouveau parler de lui. 

En effet, à l’heure de la publication des résultats financiers des sociétés pour le premier trimestre de cette année 2023, plusieurs données pourraient bien entâcher la réputation de nos sociétés pharmaceutiques préférées. 

Si le système de santé américain rayonne au niveau mondial pour son inefficacité et ses services hors de prix, il est également à l’origine du plus grand secteur pharmaceutique de la planète. 

Un secteur d’activité qui semble avoir profité de la situation connue au cours des dernières années et qui, semble-t-il, n’est pas prêt de terminer. 

Qu’en est-il concrètement ?

Pourquoi le système de santé américain est-il si mauvais ?

Big Pharma refait parler de lui 

La vache à lait de l’industrie pharmaceutique.

C’est ainsi que l’on pourrait définir le marché américain !

En effet, pour se faire une idée, aux États-Unis, les médicaments prescrits sur ordonnance coûtent en moyenne 2,56 fois plus chers que dans d'autres pays, autour de la planète.

C’est ce qu’il en ressort d’une étude intitulée “International Prescription Drug Price Comparisons” et qui vise, comme son nom l’indique, à comparer les prix des médicaments vendus aux États-Unis par rapport aux prix des médicaments vendus dans d’autres pays.

Comme on peut le voir sur ce graphique, quelque soit le pays étudié, en comparaison, les prix des médicaments vendus aux États-Unis sont systématiquement plus élevés que les mêmes médicaments vendus dans d’autres pays.

À titre d’exemple, tandis que les prix des médicaments américains sont 1,7 fois plus élevés qu’au Mexique, ils sont 7,7 fois plus élevés qu’en Turquie.

Lorsque l’on tire une moyenne, on se rend compte qu’ils sont 2,6 fois plus élevés que le reste du monde.

Or, cette différence de prix ne s’explique pas par une qualité différente dans les médicaments administrés et prescrits puisqu’encore une fois, il s’agit de comparer les prix d’exactement les mêmes médicaments.

D’ailleurs, phénomène paradoxal, mais qui vient confirmer ces données, en 2018, les ventes de médicaments aux US totalisaient un montant de 464 milliards de dollars sur un montant total, au niveau mondial, de 795,2 milliards de dollars.

Autrement dit, le marché américain à lui seul, représentait plus de 58 pour cent des ventes réalisées par Big Pharma.

Pourtant, dans le même temps, si l’on se focalise sur l’aspect volume, seules 243 milliards d’unités de médicaments avaient été vendues aux États-Unis pour 1.016 milliards d’unités autour de la planète.

Cela signifie que seulement 24 pour cent du volume provient des US.

En comparaison, le volume de vente au Japon était à peu près similaire puisqu’il était de 21 pour cent, alors même que le marché nippon ne représentait que 9,2 pour cent des ventes réalisées par Big Pharma.

On observe donc un déséquilibre énorme dans le rapport prix / volume aux États-Unis par rapport au reste des pays et aucun ne lui arrive à la cheville.

La conclusion que l’on en retire de ces données c’est que, si les États-Unis n’est pas le pays où les entreprises pharmaceutiques vendent le plus, puisque seules 24 pour cent de leur produits y sont commercialisés, en revanche, il s’agit du pays où elles vendent le plus cher, puisqu’elles réalisent plus de 58 % de leur chiffre d’affaires.

C’est en ce sens que les États-Unis sont clairement la vache à lait de Big Pharma.

Néanmoins, phénomène étrange, alors même que le marché américain est celui qui rapporte le plus aux sociétés pharmaceutiques, ces mêmes sociétés déclarent ne réaliser pratiquement aucun bénéfice sur leurs ventes réalisées aux États-Unis.

Comment Big Pharma se rempli les poches

Les années 2021 et 2022 ont été des années exceptionnellement rentables pour Big Pharma. Il va sans dire que la pandémie de coronavirus et la vente de vaccins ont joué un rôle prépondérant dans cette capacité à engranger d’énormes bénéfices.

Par exemple, Pfizer, qui est sans aucun doute LA société pharmaceutique par excellence, puisque la plus grande au monde, et qui a fait grandement parler d’elle au cours de la période morose que nous avons vécu, d’après la publication de ses derniers résultats, en 2022, le chiffre d’affaire total de l’entreprise s’est élevé à 100 milliards de dollars. Sur ces 100 milliards de dollars, 37,8 milliards de dollars et près de 19 milliards de dollars, soit 56,8 milliards de dollars provenaient du Comirnaty et du Paxlovid respectivement, c’est-à-dire un vaccin et un médicament contre le covid-19.

Autrement dit, plus de 56 pour cent du chiffre d’affaires de l’entreprise était tiré par la vente de médicaments liés au coronavirus.

Si l’on se focalise sur les six plus grandes compagnies pharmaceutiques américaines que sont Pfizer, Johnson & Johnson, Merck, Abbvie, Bristol Myers ainsi qu’Amgen, on observe que sur les 385 milliards de dollars de revenus touchées par Big Pharma, 214 milliards de dollars proviennent des États-Unis, tandis que 171 milliards de dollars proviennent de l’étranger.

Pourtant, dans le même temps, les bénéfices réalisés aux États-Unis ne s'élèvent qu’à 10 milliards de dollars contre 92 milliards de dollars dans le reste du monde.

Autrement dit, curieusement, la plupart des ventes réalisées par Big Pharma se font au pays de l’oncle Sam mais, dans le même temps, les bénéfices proviennent majoritairement du reste du monde.

Ce phénomène est d’autant plus marquant que ce même schéma de faibles bénéfices américains par rapport au chiffre d’affaires américains se répète année après années :

En revanche, au cours de la même période, de nombreuses grandes sociétés pharmaceutiques américaines ont régulièrement déclaré des bénéfices étrangers importants par rapport à leurs revenus étrangers.

Une telle tendance est d'autant plus frappante que, comme vu précédemment, les États-Unis sont bien connus pour avoir les prix des médicaments les plus élevés au monde. 

Par conséquent, il est très curieux que la majeure partie de l'industrie pharmaceutique américaine peine à gagner de l'argent sur ses opérations aux États-Unis alors qu’elle vend au prix fort, tout en faisant état de bénéfices importants dans des pays où les prix sont bien plus bas. 

Du coup, la question que l’on peut se poser est : comment les géants pharmaceutiques font-ils cela ? 

La réponse est on ne peut plus simple !

En fait, Big Pharma a mis en place différentes stratégies permettant d’optimiser ses bénéfices au travers de deux mécanismes : 

1° Le premier mécanisme a trait au transfert de bénéfices.

Il faut savoir que l’économie américaine est de plus en plus une économie du savoir, dans laquelle une grande partie des investissements des entreprises implique des dépenses de propriété intellectuelle plutôt que des dépenses d’équipements ou dans des usines.

Ainsi, si les sociétés pharmaceutiques américaines sont connues dans le monde entier pour leur esprit d'innovation, en réalité, elles ne fabriquent pas leurs produits les plus importants aux États-Unis. 

Au contraire, bon nombre de leurs médicaments protégés par des brevets sont créés en dehors des États-Unis, dans des juridictions à faible fiscalité.

De cette manière, le brevet déposé par la filiale étrangère est ensuite vendu à la société américaine au prix fort ce qui vient, comme par magie, gommer les bénéfices réalisés aux states.

Je m’explique :

Admettons qu’une filiale de Pfizer en Irlande dépose un brevet valorisé à 100 dollars et que l’entreprise réalise un bénéfice de 120 dollars aux États-Unis.

Si rien n’est fait, Pfizer devra payer 21 pour cent d’impôts sur les 120 dollars de bénéfices, soit 25 dollars 20.

En revanche, si Pfizer réalise un transfert de bénéfices, il suffit que la filiale irlandaise vende le droit d’utiliser le brevet à l’entité située aux États-Unis, ce qui vient diminuer de 100 dollars le bénéfice de Pfizer.

Désormais, comme par magie, Pfizer enregistre un bénéfice de 20 dollars aux États-Unis et les 100 dollars restants sont enregistrés en Irlande, pays particulièrement attractif du point de vue fiscal puisque le taux d’imposition des sociétés se trouve à 12,5 pour cent.

De cette manière, Pfizer paiera 21 pour cent d’impôt sur 20 dollars, soit 4 dollars 20, et 12,5 pour cent d’impôts sur les 100 dollars restants, soit 12,5 dollars.

L’impôt total s’élève désormais à 16 dollars 70 contre 25 dollars 20 dans la première situation. Autrement dit, par ce simple mécanisme, l’entreprise a réduit son taux d’imposition de 21 pour cent à moins de 14 pour cent.

On voit donc comment, au travers de cette stratégie, une partie des bénéfices disparaît d’un pays avec des taux de taxation élevés pour réapparaître ailleurs, où la taxation est plus faible. 

C'est le schéma qui ressort d'un examen systématique des rapports financiers annuels des principales sociétés pharmaceutiques américaines cotées. Dans ces rapports, les entreprises détaillent généralement les raisons pour lesquelles leur taux d'imposition réel diffère du taux global de 21 pour cent. 

Ce phénomène est particulièrement répandu dans l'industrie pharmaceutique et des grandes technologies, où les brevets sont les principaux actifs des entreprises ce qui permet de mettre en place très facilement ce petit jeu fiscal.

Alors que les usines et les immeubles de bureaux ont des emplacements spécifiques, la propriété intellectuelle réside à peu près partout où une société déclare résider. Par exemple, si Apple décide d'attribuer une grande partie de sa propriété intellectuelle à sa filiale irlandaise, personne n'est actuellement en mesure de l’en empêcher.

Comble de l’ironie, l’entreprise AbbVie qui est connue pour transférer systématiquement la quasi-totalité des bénéfices de ses médicaments protégés par brevet hors des États-Unis a enregistré une perte de 5 milliards de dollars aux États-Unis en 2022 et, dans le même temps, son bénéfice étranger s’est élevé à 18 milliards de dollars.

D’ailleurs, depuis 2013, cette entreprise enregistre des pertes aux États-Unis et des bénéfices dans le reste du monde alors même que 75% de son chiffre d’affaires est réalisé aux États-Unis.

Pfizer reconnaît d’ailleurs en tout petit dans une note de bas de page, parmis les 159 pages de son rapport annuel que : 

“Au cours de toutes les années, la réduction de notre taux d'imposition effectif est le résultat de la localisation juridictionnelle des bénéfices et est largement due aux taux d'imposition inférieurs dans certaines juridictions, ainsi qu'à la fabrication et à d'autres incitations pour nos filiales à Singapour et, dans une moindre mesure , à Porto Rico”.

2° Ensuite, le second mécanisme a trait à la réduction d’impôt sous l’ère Trump en vertue du Tax Cuts and Jobs Act de 2017.

À la base, cette réduction d'impôt des sociétés sur les bénéfices, de 35 pour cent à 21 pour cent, partait de la prémisse selon laquelle le taux d'imposition, particulièrement élevé aux États-Unis, provoquait des mouvements de capitaux à grande échelle à l'étranger. 

Or, cette fuite des capitaux des entreprises se basait sur des statistiques erronées. 

Il faut savoir que, lorsque l’on parle d'investissements étrangers,  il en existe deux types : les investissements directs étrangers et les investissements non directs, on parle aussi d’investissements de portefeuille.

Tandis que les investissements directs étrangers impliquent le contrôle de filiales étrangères, les investissements de portefeuille impliquent les achats d'actions et d'obligations.

Or, le Fonds Monétaire International estime que près de 40 pour cent des investissements directs étrangers sont en fait des investissements "fantômes" motivés par l'évasion fiscale et qui ne correspondent pas à de l’investissement à proprement parler.

Il n'est donc pas surprenant que la réduction d'impôt n'ait jamais produit le boom des investissements promis. 

De plus, une mauvaise rédaction de la loi fiscale de 2017 concernant le Global Intangible Low-Taxed Income, aussi connu sous son acronyme GILTI, que l’on pourrait traduire par “Revenu incorporel mondial à faible imposition” a fini par inciter les entreprises à déplacer leur production réelle ainsi que les bénéfices déclarés à l'étranger.

Les multinationales américaines déclarent gagner 325 milliards de dollars dans sept juridictions à faible taux d'imposition, que sont les Bermudes, les îles Caïmans, l’Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas, Singapour et la Suisse, et seulement 50 milliards de dollars dans sept des plus grandes économies du monde que sont la Chine, la France, l’Allemagne, l’Inde, l’Italie, le Japon et l’Espagne.

Comble de l’ironie, désormais, les États-Unis importent environ 200 milliards de dollars de produits pharmaceutiques tout en exportant environ 101 milliards de dollars de ces mêmes produits. 

D’ailleurs, si les exportations pharmaceutiques américaines ont augmenté pendant la pandémie, cela s’explique par une augmentation de la production américaine de vaccins contre le covid dans le cadre de contrats passés avec le gouvernement américain qui nécessitaient une production nationale, sans quoi, le déficit commercial en matière de produits pharmaceutiques continuerait de se creuser. 

De ce fait, si l’on exclut les vaccins des données, les États-Unis importent désormais un peu plus de 150 milliards de dollars de produits pharmaceutiques, tout en exportant un peu moins de 60 milliards de dollars : les importations ayant presque doublé depuis l'adoption de la loi fiscale de 2017.

Or, curieusement, comme on peut le voir, les principales sources d'importation sont l'Irlande, la Suisse et Singapour, avec des importations croissantes en provenance de pays comme la Belgique, qui offrent tous des régimes fiscaux spéciaux aux sociétés pharmaceutiques.

On peut donc clairement dire que les États-Unis génèrent l'essentiel du chiffre d’affaires des sociétés pharmaceutiques américaines, en grande partie parce que les Américains paient leurs médicaments aux prix les plus élevés au monde.

Du coup, arrivés à ce stade, on peut tout naturellement se demander pourquoi les prix aux US sont si élevés et pourquoi le système de santé est de si piètre qualité.

En règle générale, on estime que moins de 5 pour cent des personnes parviennent à obtenir juste à toutes les questions de ce test pourtant très simple !

Si vous n’y avez pas encore participé, c’est LE moment !

Le lien se trouve en description de la vidéo et je vous invite à mettre votre score en commentaire par la suite pour comparer les résultats et voir qui parvient à faire un sans faute !

Big Pharma VS Big State

Lorsqu’il s’agit de comparer les systèmes de santé autour de la planète, le cas des États-Unis, en tant que modèle d'inefficience, vient rapidement à l'esprit. 

En effet, les États-Unis ne disposent pas d'un système de santé publique à l'européenne du type Beveridgien, comme en France, où c'est l’État qui est chargé de fournir les services de santé en échange du paiement des impôts, ou du type bismarckien, comment en Allemagne ou en Autriche, où l'État oblige les citoyens à contracter une assurance contrôlée et réglementée.

En ce sens, le soi-disant modèle “privé” américain est souvent décrié. 

Pourtant, il n’en est rien …

Les États-Unis dépensent 18 pour cent de leur PIB dans leur système de santé, soit près du double par rapport à la plupart des pays développés, sans pour autant que la santé américaine soit meilleure.

Au contraire, tous les indicateurs montrent que l’oncle Sam est à la ramasse.

De plus, tout est fait pour faire exploser les prix !

1° Du côté de la demande, contrairement à ce que de nombreuses personnes pensent, en réalité, les Américains ne paient pratiquement rien de leur poche.

Il faut savoir que durant la Seconde Guerre mondiale, le Président Franklin Roosevelt a décidé de geler les salaires, en vertu de la loi de stabilisation de 1942.

À cette époque, les entreprises luttaient pour faire face aux pénuries de main-d'œuvre en temps de guerre et le gel des salaires les a laissées dans une grave impasse : comment attirer ou garder les travailleurs en poste si elles ne pouvaient pas accorder d'augmentations ?

Ainsi, au lieu d'offrir des salaires plus élevés, les entreprises se sont mises à les attirer en leur proposant des assurances santé.

Double avantage, non seulement ces dépenses de la part des entreprises étaient déductibles des bénéfices des entreprises et, en plus, elle n’étaient pas considérées comme une augmentation de salaire, à une époque où le taux de taxation pouvait dépasser les 90 pour cent.

En outre, après la fin de la guerre, les syndicats considéraient l'assurance maladie comme un élément essentiel du contrat de travail généralisant l'assurance à des millions d'Américains. 

Avec la généralisation de ce système, les salariés n’avaient donc plus besoin de dépenser beaucoup d’argent pour leur couverture médicale.

C’est d’ailleurs ce qu’il en ressort des statistiques puisque seuls 10 pour cent des coûts médicaux sortent de leur poche, tandis que 90 pour cent des dépenses de santé passent par deux agents autres que le patient lui-même : les assureurs privés et/ou l'État, au travers de Medicare et Medicaid.

Aujourd’hui, pour 100 dollars dépensés en soins de santé aux États-Unis, globalement, 45 dollars sont payés par les assureurs et entités privées, 45 dollars sont payés par les programmes d'État Medicaid et Medicare, et seulement 10 dollars par le patient de sa propre poche. 

En d'autres termes, les Américains peuvent dépenser 100 dollars en assumant un coût de 10 dollars.

Ainsi, les 90 dollars restants sont payés soit par le gouvernement, soit par l’assurance.

Sauf que, cette socialisation des coûts s’est avérée être contre-productive et fut donc la meilleure manière de faire exploser les prix.

C’est comme si un groupe de 100 personnes se rendant dans un restaurant étoilés se mettait d’accord pour que chaque convive paie un pour cent de l'addition, peu importe ce qu'il mange.

Dans un tel cas de figure, chaque individu aura tendance à commander les plats les plus chers, sachant que, de toute manière, il ne paiera qu’un pour cent de l’addition et l'essentiel des frais sera payé par les 99 personnes restantes.

Eh bien il en va de même en médecine. Cela pousse à l’utilisation des dernières technologies, la consultation de médecins spécialistes et des médicaments les plus chers, sachant que de tortue manière d’autres paieront l’addition.

Le système de santé européen, et notamment français, lui, ne souffre pas de ce problème dans la mesure où c'est le gouvernement qui fixe les dépenses, les coûts et les services médicaux.

Ainsi, au lieu de souffrir d’une augmentation des coûts de santé, nous avons préféré opter pour une dégradation continue de la qualité des services, une pénurie de médecin mal rémunéré et des listes d’attente à ne plus en finir.

Au lieu d’impacter le facteur prix, c’est le facteur qualité qui s’est réduit.

Pour reprendre la métaphore précédente, c’est comme si nous nous rendions dans un restaurant et au moment de choisir, le serveur nous informe que la quantité et la qualité des produits qu’il nous est possible de choisir sont limitées et qu’il faudra patienter un long moment pour être servi.

2° En outre, du côté de l'offre, la concurrence au sein de la profession médicale est extrêmement faible dû à un système similaire au numerus clausus réduisant le nombre de docteurs et rendant ainsi le marché particulièrement concentré : 

De plus, les Américains bénéficient d’un traitement médical qui se caractérise par un recours accru à des médecins spécialistes au détriment de médecins généralistes puisqu’encore une fois, le coût n’est pas assumé par le patient.

Et cela se traduit par une très grande disproportion entre le nombre de spécialistes et le nombre de médecins généralistes.

À cela, convient également de prendre en compte ce que l’on appelle la “médecine défensive” qui s’est développée dans les années 70 à cause de la judiciarisation des soins.

Or, “ce type de médecine est une médecine de l’évitement dans laquelle la préoccupation des médecins consiste davantage à se prémunir contre le risque judiciaire qu’à dispenser des soins appropriés à leurs malades. Elle est aussi une médecine plus coûteuse qui conduit les médecins à prescrire des examens complémentaires le plus souvent inutiles, mais destinés, en cas de problème, à prouver aux juges qu’ils n’ont pas été négligents”.

Cette augmentation brutale des prix rend ainsi l'accès aux soins de santé souvent prohibitif en l'absence d'emploi et les classes les plus basses sont celles qui en subissent les effets : ceux qui sont à l'intérieur du système obtiennent une magnifique couverture au détriment de ceux qui sont à l'extérieur.

On comprend donc que l’explosion des coûts de santé aux USA et l’optimisation des bénéfices par les entreprises pharmaceutiques, comme présenté en début de vidéo, est ainsi devenue une aubaine pour Big Pharma.

Une nouvelle fois, on observe comment le gouvernement de connivence avec le secteur pharmaceutique porte préjudice aux citoyens qui finissent par payer les pots cassés.

Comme toujours, l’enfer est pavé de bonnes intentions …

Au début du mois a eu lieu l’assemblée annuelle des actionnaires de Berkshire Hathaway, le conglomérat de Warren Buffett, à Omaha, dans le Nebraska, aux côtés de son associé Charlie Munger.

L'événement était partout dans les médias et, comme à leur habitude, les deux investisseurs légendaires sont intervenus durant plus de cinq heures devant des dizaines de milliers d'actionnaires répondant par la suite aux questions d’investisseurs présents à cette réunion mythique.

La particularité, c’est qu’aucun des deux hommes ne connaissait à l'avance les questions qui allaient être posées ni même quels sujets seraient abordés, ce qui rendait leurs réponses extrêmement intéressantes et d'autant plus impressionnantes.

En effet, l’actualité étant particulièrement riche, les sujets allaient de la crise bancaire aux tensions entre les États-Unis et la Chine en passant par le risque de récession, l’intelligence artificielle ou encore au statut du dollar en tant que monnaie de réserve internationale et à la dédollarisation actuelle.

Cet événement intervient dans un contexte où, au cours du premier trimestre de 2023, Berkshire Hathaway a vendu pour plus de 13 milliards de dollars d’actions et l’entité a continué de remplir son coffre fort dont la pile de cash s’élève désormais à 130,6 milliards de dollars !

Les Rois de l’investissement

Warren Buffett, le PDG de Berkshire Hathaway, est sans aucun doute le roi de l'investissement, jamais personne ne lui est arrivé à la cheville sur une aussi longue période et il est peu probable qu’une personne n’y parvienne avant un bon bout de temps.

À titre illustratif, la performance annuelle moyenne du portefeuille de l’oracle d’Omaha s’est élevée à 19,8 pour cent contre 9,9 pour cent en ce qui concerne le S&P 500.

Ce qui est d’autant plus fou c’est que Berkshire Hathaway est aujourd’hui la cinquième plus grande société américaine cotée en bourse puisque d’une valeur de plus de 710 milliards de dollars.

Pourtant, en même tant que cette entité s’est révélée être une source de richesse énorme pour ses actionnaires, en réalité, Berkshire Hathaway est considérée par Warren Buffett comme sa plus grande erreur.

En effet, à la base, Berkshire Hathaway trouve son origine dans une entreprise de fabrication de textiles en quasi faillite. C’est en 1962 que Warren Buffett a commencé à acheter des actions de l’entreprise alors même l'activité de textile déclinait et que la situation financière de l'entreprise n'allait pas s'améliorer.

En 1964, alors que Buffett était sur le point de revendre ses participations pour 11,50 dollars l’action, quelques semaines plus tard, celui qui s’était engagé à racheter l’entreprise ne lui proposait plus que 11,37 dollars.

Cette offre inférieure à celle précédemment accordée mis en colère Warren Buffett qui, au lieu de vendre à un prix légèrement inférieur, décida d'acheter davantage d'actions pour prendre le contrôle de l'entreprise et licencier l’ancien patron.

Par la suite, l’entreprise se diversifia dans le secteur des assurances, du transport ferroviaire ou encore de la production et de la distribution d'énergie en plus d’avoir un portefeuille d’actions, avant de définitivement fermer l’activité de textile en 1985 et de faire du conglomérat ce qu’il est aujourd’hui.

C’est en tout cas ce qu’il en ressort de la dernière publication des résultats sur le premier trimestre 2023 car avant même d’être un investisseur, en réalité Warren Buffett est avant tout un entrepreneur !

L’entreprise a déclaré 35,5 milliards de dollars de bénéfices nets, bien que la grande majorité de ces bénéfices proviennent de gains non réalisés dans le portefeuille d'actions de la société. 

Pourtant, malgré les résultats impressionnants, non seulement Berkshire a terminé le trimestre avec 130,6 milliards de dollars de liquidités mais, en plus, Buffett a émis une note de prudence pour les mois à venir. 

De plus, compte tenu du manque d’opportunités et de la baisse constante du rendement des classes d’actifs,Berkshire a dépensé 4,4 milliards de dollars en rachats d'actions au cours du premier trimestre.

Néanmoins, le plus intéressant concerne sans aucun doute les réponses aux questions formulées durant l’intervention de Warren Buffett et Charlie Munger.

Les annonces de Warren Buffett et Charlie Munger

De nombreux sujets ont été traités durant l’intervention des deux investisseurs, bien qu’il est possible d’en mettre quatre en exergue concernant notamment la Chine, la crise bancaire, l’intelligence artificielle ainsi que le statut du dollar en tant que monnaie de réserve internationale.

Les dernières interventions de Warren Buffett et Charlie Munger sont particulièrement révélatrices.

Chine

Premièrement, en ce qui concerne la Chine, dans le cadre des tensions des superpuissances entre les États-Unis et l’Empire du milieu, Buffett et Munger ont prêché la patience et la compréhension : 

On comprend que Munger estime qu’il est bien plus intéressant d’être des partenaires que des ennemis. Cela est d’autant plus vrai que les tensions déstabilisent les marchés et l’économie mondiale.

C’est d’ailleurs pour cette raison que Buffett préfère éviter d’investir en Chine et cherche à garder son argent loin de cette région.

Il s’agit d’un point de vue que je partage à titre personnel et que j’ai à maintes reprises pu répéter au cours de précédentes vidéos, ne serait-ce que parce que lorsque l’on “investi” en Chine ou à Hong-Kong, cela se fait au travers d’instruments spécifiques que sont les EDDV ou Entités à Détenteurs de Droits Variables qui ne confèrent aucune propriété directe réelle des actifs sous-jacents du point de vue juridique aux actionnaires. 

Nous ne sommes donc pas réellement propriétaire de l’entreprise dans laquelle l’on investit.

C’est également pour cette raison que Warren Buffett a vendu la quasi-totalité de ses participations dans l’entreprise TSMC qui est le leader mondial dans l’industrie des semi-conducteurs, basé à Taïwan, compte tenu du risque grandissant entre ce pays et l’empire du milieu.

Buffett confirme donc que la volte-face sur son investissement de 4 milliards de dollars dans TSMC au second semestre 2022 et la vente quasi totale quelques mois plus s’explique par la montée des tensions géopolitiques.

Crise bancaire

Deuxièmement, pour ce qui a trait à la crise bancaire, Buffett et Munger sont clairs : selon eux, les déposants américains n'ont rien à craindre et ils pensent fermement que le gouvernement et la FDIC sauveront l’ensemble des comptes bancaires, même ceux dépassant les 250.000 dollars afin que le public garde confiance vis-à-vis des banques.

En revanche, ils ne sont pas aussi optimistes en ce qui concerne les actionnaires et ils estiment que ces derniers pourraient perdre gros. Cela s’est d’ailleurs confirmé lors de la faillite de la SVB Bank ou encore du Crédit Suisse.

C’est d’ailleurs pour cette raison que la quasi-totalité de leurs participations dans la US Bancorp et la Bank of New York, septième et onzième plus grandes banques américaines, ont été liquidées.

Ainsi, la vente par Warren Buffett de milliards de dollars d'actions américaines indique qu'il anticipe à juste titre une récession américaine dans les mois à venir.

Statut du dollar et hégémonie du billet vert

Pour terminer, et c’est sans aucun doute l’un des sujets qui interpellaient le plus les investisseurs : le statut du dollar et la fin de l’hégémonie du billet vert.

Le dollar américain serait sur le point de perdre son trône en tant que monnaie de réserve mondiale du au phénomène de dé-dollarisation ce qui agite les milieux géopolitiques et économiques ces derniers mois. 

D’ailleurs la personne qui posa la question avait plutôt surpris le public.

En réalité, cette question découle l'avalanche de rumeurs quant à la disparition du dollar américain en tant que monnaie de réserve étant donné que la Russie utilise le renminbi chinois pour son commerce international ainsi que l'Arabie saoudite, allié majeur des États-Unis, qui envisage de facturer en devise chinoise ses exportations de pétrole vers l’Empire du milieu et, de manière générale, les BRICS envisageraient de développer une nouvelle monnaie de réserve, tandis que l'Inde règle certaines transactions en roupies.

D’ailleurs, même la France, au travers de Total Energie, a récemment livré à la Chine du GNL payé en yuan, ce qui était une première.

Actuellement, il n’existe pas d’alternative viable au dollar américain bien qu’une mise en garde soit faite par le milliardaire en ce qui concerne les dépenses massives des gouvernements et des politiques monétaires laxistes.

Fin janvier, la publication du rapport prévisionnel annuel du Fonds Monétaire International pour 2023 comportait une information qui a surpris: l'institution prévoit désormais que l'économie russe se mettra à croître de 0,3% en 2023. Pour se faire une idée, il s’agit d’un niveau de croissance supérieur à celui de l’Allemagne !

Cela illustre à quel point l’effondrement de l’économie russe n’a pas eu lieu comme l'avait prédit l’OCDE.

Après un an de guerre en Ukraine, comment est-il possible que le FMI lui-même ait changé ses prévisions aussi rapidement ?

Pourquoi les sanctions contre la Russie n'ont-elles pas été à la hauteur des attentes ? Quelles ont été les réelles conséquences économiques sur la Russie et sur les pays occidentaux ?

Une guerre économique

Il y a 1 an, une alliance d'États, dirigée par le G7, a répondu à l'invasion russe de l'Ukraine en déclarant la guerre économique à la Russie.

Le but de ces sanctions était ainsi de paralyser la capacité de Poutine à financer l’effort de guerre.

Or, la machine de guerre de Poutine prépare de nouvelles offensives et l'armée ukrainienne soutenue par le G7 manquerait de ressources.

Une chose est sûre, avant la guerre, il existait une forte dépendance commerciale entre les alliés européens et la Russie.

La base de cette guerre économique a été de rompre les relations économiques entre les deux blocs politiques.

Mais il faut savoir que les pays qui ont le plus à perdre en cas de rupture des relations commerciales sont les pays européens.

De manière très schématique, on pourrait dire en gros que l'Europe dépendait de la Russie pour les matières premières et notamment énergétique sous forme de pétrole et de gaz tandis que, dans le même temps, la Russie dépendait fortement de l'Europe pour les médicaments ainsi que pour les machines de pointe et les microprocesseurs.

Les sanctions européennes

Suite à l’invasion, les alliés ont annoncé deux types de sanctions contre la Russie : des sanctions financières et des sanctions commerciales.

Cela a eu 2 implications : 

  1. D'une part le bloc occidental a dû chercher de nouveaux partenaires alternatifs à la Russie pour assurer son approvisionnement énergétique
  2. D'autre part, la Russie a dû également trouver de nouveaux débouchés  pour ses produits énergétiques, notamment vers les pays qui ne lui ont pas imposé de sanctions

En revanche, à moyen, long terme, nous avons vu que la Russie pourrait également souffrir compte tenu du risque de manquer de machines, de biens d'équipement et de composants.

Or, ces équipements ne sont pas faciles à remplacer et donc, au fur et à mesure que les biens d'équipement russes se détériorent, la productivité interne du pays pourrait finir par en souffrir.

Mais en réalité, bien qu’en théorie il y  a eu une rupture des relations commerciales entre le bloc occidental et la Russie, dans la pratique, bon nombre de ces relations commerciales sont maintenues mais au travers d’intermédiaires.

Par exemple, l'Union Européenne a cessé d'importer du gasoil russe mais, en réalité, ce que fait la Russie c’est qu’elle exporte du pétrole brut vers l'Inde, les raffineries indiennes raffinent ce brut russe en gasoil, gasoil qui finit par être considéré comme d’origine indienne par les européens, comme si tout lien avec la Russie avait soudainement disparus. 

De plus, pour pouvoir gagner sur les deux tableaux, ce qu’a fait la Russie c’est de riposter, à son tour, avec des sanctions commerciales visant le continent européen. 

De cette manière, la crise énergétique russe a provoqué l’envolée des prix de l'énergie en Europe.

Ainsi, la flambée des prix de l'énergie signifiait que, même si la Russie vendait moins de gaz, elle gagnait énormément d’argent.

Cela dit, un défi de taille devait être surmonté, notamment en ce qui concerne l’importation de microprocesseurs indispensables au bon fonctionnement de nos appareils électroniques quotidiens.

1.Pour se faire, une première façon est de procéder au développement de ce que l’on appelle la politique de substitution des importations.

À l’origine, l'objectif d’une telle politique était le rattrapage technologique des pays moins développés grâce à l'utilisation de barrières tarifaires élevées pour permettre la production locale de marchandises qui étaient auparavant importées, cela permettant ainsi de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’étranger.

Aujourd’hui, il s’agit donc d’une politique contrainte qui semble porter ses fruits. 

2. Ainsi, la seconde façon dont la Russie esquive les sanctions commerciales est par le biais d'un fournisseur alternatif. 

Des rapports récents indiquent que les exportations de circuits intégrés en provenance de la Chine et de Hong Kong se sont envolées.

Comme on peut le voir, les importations du Kyrgyzstan, d'Arménie ou du Kazakhstan augmentent au détriment des importations de Russie et de Biélorussie.

Et cela est d’une importance capitale étant donné que ces différents pays d’Asie centrale sont des pays limitrophes avec la Russie et pourraient donc servir d'intermédiaires entre l'Union européenne et la Russie.

L’explication serait que, dans une certaine mesure, ces pays agissent comme des intermédiaires commerciaux entre la Russie et l'Union européenne.

C'est-à-dire que l'Union européenne exporte des machines vers le Kyrgyzstan, ce pays les reconditionne et les exporte ensuite vers la Russie.

La Russie ne les achète pas officiellement à l'Union européenne, mais elle le fait via le Kyrgyzstan, tout comme l’Union européenne n’importe pas du gasoil russe, mais elle le fait via l’Inde.

C’est précisément pour ces différentes raisons, qu’en réalité, la rupture des liens commerciaux entre le bloc occidental et la Russie ne s’est pas avérée si catastrophique que ce à quoi nous nous attendions.

Évidemment, cela ne signifie pas que les sanctions n'ont eu absolument aucun effet.

Comme nous l’avions vu, l’interposition d’intermédiaires, que ce soit l'Inde ou les pays d'Asie centrale, provoque une hausse des coûts.

1 an de conflit : quelles leçons ?

Un an après le début du conflit et après l’imposition de sanctions commerciales qui gagne la guerre économique ?

1. L'inflation:

Les deux économies ont clairement été frappées par une inflation vertigineuse qui tend à se calmer, comme nous avons eu l'occassion de le voir dans un précédent article.

En Russie, l’inflation a doublé : elle est passée de 6,7 % à 13,7 % entre 2021 et 2022.

Au sein de la zone euro, elle a presque quadruplé: elle est passée de 2,59 % en 2021 à 8,38 % en 2022.

2. En ce qui concerne le PIB:

La performance économique de la Russie a pris de court la plupart des analystes occidentaux : la plupart des prévisions ont dû être révisées car elles se sont avérées être fausses. Pour autant, sa croissance a été négative avec une contraction de près de 14%.

Du côté européen, l’économie a moins souffert que prévu notamment grâce à un concours de circonstance au travers du remplissage des stocks de produits énergétiques et d’une météo qui s’est avérée être particulièrement clémente ce qui a permis à la zone euro de croître de 3,5 % soit, une contraction de moins 4,5%.

Ainsi, bien que l’économie russe ait étonnamment surpris la plupart des analystes, le bloc occidental s’en est tout de même mieux sorti. 

3. L'effort de guerre:

Il est clair que les sanctions n'ont pas paralysé la machine de guerre russe ! 

De même, l'arme énergétique de la Russie n'a pas découragé les Européens d'imposer des sanctions à la Russie et de soutenir l'Ukraine, comme les Russes l'avaient espéré.

On peut donc clairement dire qu’au sein de cette catégorie le résultat est plus que mitigé. Même si l'économie russe a été la plus durement touchée, les sanctions occidentales n'ont pas atteint leur objectif ultime d'arrêter la machine de guerre de Poutine.