Poutine VS Occident : Après un an de guerre | La dure Réalité !

Fin janvier, la publication du rapport prévisionnel annuel du Fonds Monétaire International pour 2023 comportait une information qui a surpris: l'institution prévoit désormais que l'économie russe se mettra à croître de 0,3% en 2023. Pour se faire une idée, il s’agit d’un niveau de croissance supérieur à celui de l’Allemagne !

Cela illustre à quel point l’effondrement de l’économie russe n’a pas eu lieu comme l'avait prédit l’OCDE.

Après un an de guerre en Ukraine, comment est-il possible que le FMI lui-même ait changé ses prévisions aussi rapidement ?

Pourquoi les sanctions contre la Russie n'ont-elles pas été à la hauteur des attentes ? Quelles ont été les réelles conséquences économiques sur la Russie et sur les pays occidentaux ?

Une guerre économique

Il y a 1 an, une alliance d'États, dirigée par le G7, a répondu à l'invasion russe de l'Ukraine en déclarant la guerre économique à la Russie.

Le but de ces sanctions était ainsi de paralyser la capacité de Poutine à financer l’effort de guerre.

Or, la machine de guerre de Poutine prépare de nouvelles offensives et l'armée ukrainienne soutenue par le G7 manquerait de ressources.

Une chose est sûre, avant la guerre, il existait une forte dépendance commerciale entre les alliés européens et la Russie.

La base de cette guerre économique a été de rompre les relations économiques entre les deux blocs politiques.

Mais il faut savoir que les pays qui ont le plus à perdre en cas de rupture des relations commerciales sont les pays européens.

De manière très schématique, on pourrait dire en gros que l'Europe dépendait de la Russie pour les matières premières et notamment énergétique sous forme de pétrole et de gaz tandis que, dans le même temps, la Russie dépendait fortement de l'Europe pour les médicaments ainsi que pour les machines de pointe et les microprocesseurs.

Les sanctions européennes

Suite à l’invasion, les alliés ont annoncé deux types de sanctions contre la Russie : des sanctions financières et des sanctions commerciales.

Cela a eu 2 implications : 

  1. D'une part le bloc occidental a dû chercher de nouveaux partenaires alternatifs à la Russie pour assurer son approvisionnement énergétique
  2. D'autre part, la Russie a dû également trouver de nouveaux débouchés  pour ses produits énergétiques, notamment vers les pays qui ne lui ont pas imposé de sanctions

En revanche, à moyen, long terme, nous avons vu que la Russie pourrait également souffrir compte tenu du risque de manquer de machines, de biens d'équipement et de composants.

Or, ces équipements ne sont pas faciles à remplacer et donc, au fur et à mesure que les biens d'équipement russes se détériorent, la productivité interne du pays pourrait finir par en souffrir.

Mais en réalité, bien qu’en théorie il y  a eu une rupture des relations commerciales entre le bloc occidental et la Russie, dans la pratique, bon nombre de ces relations commerciales sont maintenues mais au travers d’intermédiaires.

Par exemple, l'Union Européenne a cessé d'importer du gasoil russe mais, en réalité, ce que fait la Russie c’est qu’elle exporte du pétrole brut vers l'Inde, les raffineries indiennes raffinent ce brut russe en gasoil, gasoil qui finit par être considéré comme d’origine indienne par les européens, comme si tout lien avec la Russie avait soudainement disparus. 

De plus, pour pouvoir gagner sur les deux tableaux, ce qu’a fait la Russie c’est de riposter, à son tour, avec des sanctions commerciales visant le continent européen. 

De cette manière, la crise énergétique russe a provoqué l’envolée des prix de l'énergie en Europe.

Ainsi, la flambée des prix de l'énergie signifiait que, même si la Russie vendait moins de gaz, elle gagnait énormément d’argent.

Cela dit, un défi de taille devait être surmonté, notamment en ce qui concerne l’importation de microprocesseurs indispensables au bon fonctionnement de nos appareils électroniques quotidiens.

1.Pour se faire, une première façon est de procéder au développement de ce que l’on appelle la politique de substitution des importations.

À l’origine, l'objectif d’une telle politique était le rattrapage technologique des pays moins développés grâce à l'utilisation de barrières tarifaires élevées pour permettre la production locale de marchandises qui étaient auparavant importées, cela permettant ainsi de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’étranger.

Aujourd’hui, il s’agit donc d’une politique contrainte qui semble porter ses fruits. 

2. Ainsi, la seconde façon dont la Russie esquive les sanctions commerciales est par le biais d'un fournisseur alternatif. 

Des rapports récents indiquent que les exportations de circuits intégrés en provenance de la Chine et de Hong Kong se sont envolées.

Comme on peut le voir, les importations du Kyrgyzstan, d'Arménie ou du Kazakhstan augmentent au détriment des importations de Russie et de Biélorussie.

Et cela est d’une importance capitale étant donné que ces différents pays d’Asie centrale sont des pays limitrophes avec la Russie et pourraient donc servir d'intermédiaires entre l'Union européenne et la Russie.

L’explication serait que, dans une certaine mesure, ces pays agissent comme des intermédiaires commerciaux entre la Russie et l'Union européenne.

C'est-à-dire que l'Union européenne exporte des machines vers le Kyrgyzstan, ce pays les reconditionne et les exporte ensuite vers la Russie.

La Russie ne les achète pas officiellement à l'Union européenne, mais elle le fait via le Kyrgyzstan, tout comme l’Union européenne n’importe pas du gasoil russe, mais elle le fait via l’Inde.

C’est précisément pour ces différentes raisons, qu’en réalité, la rupture des liens commerciaux entre le bloc occidental et la Russie ne s’est pas avérée si catastrophique que ce à quoi nous nous attendions.

Évidemment, cela ne signifie pas que les sanctions n'ont eu absolument aucun effet.

Comme nous l’avions vu, l’interposition d’intermédiaires, que ce soit l'Inde ou les pays d'Asie centrale, provoque une hausse des coûts.

1 an de conflit : quelles leçons ?

Un an après le début du conflit et après l’imposition de sanctions commerciales qui gagne la guerre économique ?

1. L'inflation:

Les deux économies ont clairement été frappées par une inflation vertigineuse qui tend à se calmer, comme nous avons eu l'occassion de le voir dans un précédent article.

En Russie, l’inflation a doublé : elle est passée de 6,7 % à 13,7 % entre 2021 et 2022.

Au sein de la zone euro, elle a presque quadruplé: elle est passée de 2,59 % en 2021 à 8,38 % en 2022.

2. En ce qui concerne le PIB:

La performance économique de la Russie a pris de court la plupart des analystes occidentaux : la plupart des prévisions ont dû être révisées car elles se sont avérées être fausses. Pour autant, sa croissance a été négative avec une contraction de près de 14%.

Du côté européen, l’économie a moins souffert que prévu notamment grâce à un concours de circonstance au travers du remplissage des stocks de produits énergétiques et d’une météo qui s’est avérée être particulièrement clémente ce qui a permis à la zone euro de croître de 3,5 % soit, une contraction de moins 4,5%.

Ainsi, bien que l’économie russe ait étonnamment surpris la plupart des analystes, le bloc occidental s’en est tout de même mieux sorti. 

3. L'effort de guerre:

Il est clair que les sanctions n'ont pas paralysé la machine de guerre russe ! 

De même, l'arme énergétique de la Russie n'a pas découragé les Européens d'imposer des sanctions à la Russie et de soutenir l'Ukraine, comme les Russes l'avaient espéré.

On peut donc clairement dire qu’au sein de cette catégorie le résultat est plus que mitigé. Même si l'économie russe a été la plus durement touchée, les sanctions occidentales n'ont pas atteint leur objectif ultime d'arrêter la machine de guerre de Poutine.

Les sanctions européennes sur le pétrole russe| Poutine en difficulté?

En décembre 2022, la coalition occidentale a pris la décision d’adopter un énième train de sanctions vis-à-vis de la Russie.

Cette condamnation a pour vocation d’affecter les revenus pétroliers du Kremlin afin de clore au plus vite les actions belliqueuses du pays et le conflit en Ukraine qui dure maintenant depuis près d’un an !

En agissant de la sorte, les pays occidentaux ont donc déclenché le plus grand ensemble de sanctions énergétiques jamais imposées à un seul pays.

Or, deux mois plus tard, beaucoup de personnes semblent penser que le plafonnement des prix est un grand succès, alors qu’une deuxième série de sanctions européennes, sur le gasoil et d'autres produits raffinés, est entrée en vigueur ce dimanche 5 février

Les nouvelles sanctions pourraient-elles enfin s’avérer efficaces ?

Nouvelles sanctions

La politique d'interdiction et de plafonnement des prix du pétrole brut russe de décembre n'a vraisemblablement pas porté ses fruits.

Après une légère accalmie, pendant que les entreprises européennes cherchaient à se conformer au nouveau plafonnement des prix, les expéditions ont repris à un rythme soutenu, non pas vers l'Europe, mais vers la Chine et l'Inde. 

À titre d’exemple, les exportations russes de pétrole brut, c’est-à-dire de pétrole non raffiné, ont atteint en moyenne 3,7 millions de barils par jour au cours des quatre semaines précédant le 29 janvier. 

Or, compte tenu de cette situation, un partisan du plafonnement des prix et des sanctions occidentales dirait que cela prouve l’efficacité des sanctions. 

Beaucoup de personnes mettent en avant l'écart de prix entre, d’une part, le pétrole Brent, qui est la référence mondiale et, d’autre part, le brut russe Oural

Ainsi, aujourd’hui, le pétrole russe est vendu avec une décote d’environ 38%, c’est-à-dire qu’il se vend 38% moins chers que son homologue européen.

Oui mais il y a un problème !

Aujourd’hui, le pétrole russe ne se vend clairement plus via les canaux traditionnels. Alors que les raffineurs et négociants européens avaient l'habitude de publier les prix pratiqués avec leurs partenaires russes, cette pratique n’est pas appliquée par les acteurs asiatiques qui fixent les prix en privé sans les communiquer.

Les données auxquelles nous avons accès aujourd’hui vis-à-vis de la Russie sont certainement inexactes. En effet, les acteurs réalisant des échanges avec la Russie font croire que les prix pratiqués sont faibles.

En tout cas, une chose est sûre, JAMAIS le volume de pétrole brut exporté depuis la Russie n’avait été aussi élevé qu’en janvier 2023.

L'Europe, qui, jusqu’alors, était le plus gros acheteur de pétrole brut russe, a choisi d’adopter des sanctions et de plafonner le prix de différents produits.

Les sanctions européennes concrètement

Il faut savoir que, dans le cas du pétrole, il est capital de bien distinguer: 

Les 3 mesures de plafonnement en vigueur : 

  1. Premier plafond : 60 dollars le baril, appliqué depuis le 5 décembre 2022, vise le pétrole brut.
  2. Deuxième plafond : 100 dollars le baril, appliqué depuis le 5 février 2023, vise les produits raffinés comme le gasoil ou le kérosène. 
  3. Troisième plafond : 45 dollars le baril, appliqué également depuis le 5 février 2023. Il vise les autres produits raffinés comme le fioul ou le mazout. 

Ainsi, les acteurs intervenant sur le marché de l’or noir ont l’interdiction de fournir des services de transport maritime de produits pétroliers vers des pays tiers, une assistance technique, des services de courtage, un financement ou une quelconque aide financière en lien avec le transport maritime de produits pétroliers vers des pays tiers ou vers l’Union Européenne si un des trois types de produits ont été acheté à un niveau suppérieur à un des trois plafonds.

En connaissant ces différents plafonds, il est aisé de comprendre que, si un pays comme la Chine ou l'Inde achètent un baril de gasoil russe, les entreprises européennes ne pourront pas financer le transport du pétrole de la Russie vers l'Inde.

Les pays asiatiques: les nouveaux gagnants

Le problème c’est que les pays européens sont extrêmement dépendants du gasoil. 

Ainsi, pour contourner ces plafonds, la Russie ne vend non plus de pétrole raffiné mais du pétrole brut, notamment à l’Inde qui se charge de le raffiner et de le vendre aux pays européens et aux États-Unis.

La Russie ne peut plus vendre son pétrole brut à l'Union européenne et aux États-Unis mais il lui est toujours possible de l’exporter à des pays tiers.

Il suffit qu’il y ait un intermédiaire au milieu et ça y est, plus aucune restriction ne s’applique et il peut donc librement circuler…

Les raffineurs indiens peuvent donc acheter du pétrole brut russe très bon marché, afin de le transformer en gasoil et ainsi le vendre au prix du marché sans aucun plafonnement puisque le pétrole n’est plus censé être d’origine russe.

Et c’est exactement ce que l’on observe actuellement puisque l’Inde a acheté une quantité record de pétrole russe le mois dernier.

Dans le même temps, l’Inde a expédié l’équivalent de 89.000 barils et 172.000 barils par jour d'essence et de diesel aux États-Unis et en Europe.

Le développement d’un marché parallèle 

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les entreprises occidentales, se sont retirées du commerce, de l'expédition et de l'assurance du pétrole russe. 

A leur place, de nouveaux venus ont aidé à écouler le brut du pays : Hong Kong et Dubaï. 

Jamais une telle situation n’avait été vécue auparavant et le système énergétique mondial devient de plus en plus dispersé, divisé et dangereux.

Le besoin de la Russie pour cette chaîne d'approvisionnement alternative, présente depuis le début de la guerre, est devenue plus pressante après le 5 décembre, lorsqu'un ensemble de sanctions occidentales est entré en vigueur.

Le marché gris

Sauf qu’une nouvelle infrastructure de transport maritime et de financement dans l’ombre s’est développée et ce marché, que l’on appelle le “marché gris”, a eu le temps de croître, bien avant que les nouvelles sanctions soient appliquées.

Des pétroliers en piteux état, vieux d'un demi-siècle, naviguent vers des clients clandestins.

Ils sont renommés et repeints avec pour objectif de mélanger le pétrole russe à d'autres pétroles, afin de brouiller les pistes et ainsi empêcher de tracer l’origine de l’or noir.

Jusqu’à ce que la mesure de plafonnement des prix soit appliquée, la Grèce jouait un rôle déterminant dans la capacité qu’avait la Russie à livrer en pétrole ses partenaires commerciaux. 

La Grèce s’est opposée au plafonnement des prix et aux mesures visant à sanctionner le pétrole russe. Ainsi, nous assistons aujourd’hui à une explosion des ventes de pétroliers d'occasion en provenance du pays hellénique.

Et sur le long terme?

Reste à savoir si les raffineries en Inde ou dans d'autres pays tiers ont une capacité de raffinage suffisante pour remplacer les raffineries russes, européennes et américaines.

Cela semble être le cas puisque la plupart des achats réalisés par l’Inde et la Chine sont directement raffinés et revendus.

Cependant,  dans le cas où la réponse venait à être négative dans les mois à venir, nous pourrions assister à un rétrécissement des volumes de gasoil. 

Les sanctions nuisent aux finances publiques russes, et nous avons eu l’occasion d’en parler dans un précédent article, pour autant, les dommages restent encore relativement faibles.

Cette situation plus que loufoque est révélatrice de la situation dans laquelle nous nous trouvons : nous avons besoin du pétrole russe et nous souhaitons avoir du pétrole russe mais nous ne voulons pas l'acheter directement à la Russie.

Ainsi nous payons le pétrole plus cher à l’Inde qui provient de russie. 

La fin du CASH | La Monnaie Digitale de Banque Centrale est Officielle !

Bientôt, la façon dont nous utilisons notre argent sera complètement bouleversée !

L'argent liquide va disparaître et les gouvernements ainsi que les banques centrales du monde entier veulent que les citoyens cessent d'utiliser le cash pour effectuer leurs transactions et optent pour de la monnaie numérique.

Tout cela sera rendu possible grâce au développement du numérique et notamment la mise en place du dollar numérique, également appelé CBDC (Central Bank Digital Currency). D'ailleurs nous avions déjà abordé le sujet dans un précédent article.

Le Forum de Davos en a fait un sujet de discussion au cours de la précédente réunion qui s’est tenue en janvier de cette année. 

Selon l'Atlantic Council GeoEconomics Center, 114 pays sont à divers stades d'exploration des CBDC. Déjà 11 pays ont émis une CBDC en janvier 2023 dont notamment, la Jamaïque, les Bahamas ou encore le Nigéria.

D’ailleurs, plusieurs tests ont déjà été effectués et, par exemple, en novembre de l’année dernière, la Réserve fédérale terminait la première phase d'un test avec des CBDC qui consistait à effectuer un virement international.

Désormais, il y a un autre test qui est effectué par une fondation appelée le Digital Dollar Project.

L'objectif du test est de pouvoir acheter et vendre des actions en utilisant des dollars numériques au lieu d'utiliser des dollars déposés sur un compte bancaire.

Quels sont les mystères de la fin annoncée du cash et quelles pourraient être les conséquences dans notre vie quotidienne ?

Le combat contre le Cash

Ce graphique illustre à quel point les moyens de paiement utilisés par les citoyens sont similaires selon les pays bien qu’il existe quelques divergences, notamment du côté des pays asiatiques.

En effet, on observe que, globalement, l’utilisation du cash est minoritaire par rapport aux autres moyens de paiement dans l’ensemble des pays. 

La particularité de la Chine et de certains autres pays asiatiques réside dans la réalisation de paiements au travers des téléphones portables.

Il existe une concurrence entre la monnaie dite “moderne” et la monnaie “physique". 

Ce phénomène n'est pas nouveau et l'histoire est remplie d’exemples où une innovation détruit des usages anciens pour les remplacer par des nouveaux. C’est l’économiste autrichien Joseph Schumpeter qui avait théorisé ce phénomène : la “destruction créatrice”.

Les banques centrales et commerciales, les applications mobiles ainsi que les gouvernements poussent petit-à-petit à ce que l'argent physique soit abandonné pour transiter vers une utilisation exclusivement numérique.  

En France, pratiquement tout est fait pour limiter l’utilisation du cash et, par exemple, les paiements entre particuliers ne sont pas limités mais un écrit est nécessaire pour une transaction au-delà de 1.500 euros. Le paiement d’impôts et de taxes est limité à 300 euros et le paiement en espèces d’un particulier à un professionnel est limité à 1.000 euros

Les risques de la fin du cash et l’avènement des CBDC

En fait, cette tentative de bannir l'argent liquide du monde pourrait entraîner l'exclusion totale de millions de personnes de l'économie mondiale étant donné que de nombreuses personnes n’ont toujours pas accès à des comptes bancaires

Une étude réalisée par l'Organisation des Nations Unies a révélé que plus d'un tiers de la population mondiale n'a jamais utilisé Internet, soit 2,7 milliards d’individus.

Autrement dit, il y a clairement un problème de bancarisation pour toutes ces personnes qui se verraient de facto exclues du système de paiement et donc, de l’économie. 

L’élimination du cash nous exposerait à une série de risques :

Risque 1: faillite et perte potentielle de l’argent déposé.

En théorie, en cas de faillite d’une banque, chaque compte bancaire est censé jouir d’une garantie apportée par le FGDR.

Le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution est chargé d’une mission d’intérêt général puisqu’il est l’opérateur de crise du secteur bancaire et financier et protège les avoirs des clients en les indemnisant en cas de défaillance de leur établissement. 

La règle à ce jour, c’est 100.000 euros par déposant et par établissement pour les comptes chèques et livrets et 70.000 euros par client et par établissement pour les titres.

Ce plafond de garantie s’applique quel que soit le nombre de comptes de dépôts ouverts auprès du même établissement bien que dans la pratique, il y avait en novembre 2022 l’équivalent de 2.800 milliards d’euros tout type de dépôts bancaires confondus pour un montant de garantie de dépôts de seulement 5,8 milliards d’euros, soit 0,21 pour cent du montant nécessaire pour couvrir l’ensemble des dépôts …

Et c’est ici que les CBDC (monnaies digitales de banque centrale) pourraient apporter une solution.

En effet, il est plus risqué de détenir de la monnaie auprès d’une banque commerciale qu’une banque centrale

Or, aujourd’hui, la seule solution pour ne plus être créancier d’une banque commerciale c’est de convertir l’argent de ses comptes bancaires en pièces et billets.

Le problème, c’est que les transactions ne peuvent plus être tracées, d’où l’instauration d’une CBDC.

Le problème, c’est qu’avec la fin du cash et l’instauration d’une telle monnaie, il serait, dans les faits, pratiquement impossible de s’extraire du bancaire qui deviendrait, de facto, un monopole de l’État.

Risque 2: la confidentialité et le respect de la vie privée.

La mise en application d’un tel instrument est susceptible de permettre aux autorités de connaître avec un très haut niveau de fiabilité l’ensemble de nos habitudes quotidiennes.

En effet l’objectif est de contrôler l’économie avec précision en évitant l’évasion fiscale. Cette monnaie digitale permettrait de contrôler voire même orienter la consommation des individus…

Les gouvernements auraient directement accès à nos finances personnelles et connaîtraient notre mode de vie. De plus, ils pourraient  appliquer un impôt supplémentaire pour toute épargne jugée comme étant excédentaire afin de pousser à la consommation et à l’accroissement des dépenses pour ainsi stimuler l’économie.

Risque 3: Les potentielles défaillances dans le système bancaire nous empêchant d’accéder à l’argent sur nos comptes.

Si la numérisation de l’économie apporte de nombreux avantages, son accessibilité est liée à notre connectabilité.

Or, en l’absence de connexion internet, en cas de panne ou de cyberattaque, l’accès serait automatiquement limité.

Risque 4: Monnaie fondante, périssable ou l’application d'une taxe sur des montants d’épargne trop importants

Une publication dans le Wall Street Journal, a mis en avant une étude qui démontre que l'utilisation de monnaie électronique nous pousse à dépenser plus d’argent ! En effet, il nous est plus difficile de s’imaginer à quel point le montant de monnaie diminue par rapport au fait de “lâcher” des billets.  Ceci explique en partie pourquoi notre société de consommation est autant développée. C'est pourquoi lorsque nous utilisons de l'argent numérique, nous courons plus de risques de dépenser inutilement et même de dépenser l'argent que nous n'avons pas en utilisant les cartes de crédit parce que le cerveau traite les dépenses différemment.

Corruption des institutions européennes et scandale du Qatargate

Bien que la coupe du monde de foot soit terminée, le Qatar fait encore la Une des journaux mais cette fois-ci pour corruption

Cette petite nation arabe, a certes fait sensation en tant qu’hôte du mondial de football, mais sera désormais au centre de 3 des plus grands scandales mondiaux

De toute évidence, les efforts acharnés de son ambitieux émir pour attirer l'attention du monde ont fonctionné, mais peu favorablement.  Au lieu de cela, le Qatar est désormais en lice pour remporter la Coupe du monde de la corruption.

Or, cette situation pourrait s’avérer particulièrement préoccupante compte tenu de la situation énergétique de l’Europe comme nous l'avions traité dans un précédent article et notamment de notre future dépendance au GNL (Gaz Naturel Liquéfié).

Pourquoi sommes-nous face à un véritable carnage au sein des institutions européennes ? 

Et comment cette situation pourrait chambouler l’horizon géopolitique et énergétique mondial ?

Qatar : les Rois du GNL

En 1971 le Qatar devient gagne son indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni.

Si sa population n'est composée que de 225.000 habitants, le pays est rempli d’une main-d'œuvre étrangère de 1,5 million d'individus mal payés. Le Qatar est la 4ème nation la plus riche au monde en termes de PIB par habitant en Parité de Pouvoir d’Achat comme on peut le voir sur ce graphique:

La raison d’une telle richesse est simple : le gaz !

La nation désertique est fabuleusement riche car sous son sable se trouvent les 3ème plus grandes  réserves de gaz naturel  et de pétrole au monde.

 A partir des années 70, le pays a exploité ce potentiel devenant ainsi l'un des plus grands exportateurs mondiaux de GNL.

Le Qatar détrône la Russie

Le Qatar est susceptible de devenir le partenaire de choix pour l’approvisionnement des pays européens en ressources énergétiques en substitution de la Russie.

2023 pourrait donc marquer l'essor de nouvelles alliances puisque la guerre en Ukraine et la crise énergétique renversent l’ordre international.

Les Qataris se préparent à commencer à exporter leur gaz vers l'Allemagne pour remplacer celui de Russie et Doha souhaite diversifier ses partenaires commerciaux, en commençant par la Chine

L'Occident sera certainement obligée de fermer les yeux sur ces alliances et/ou violations des droits de l'homme en échange de l'obtention de ressources énergétiques.

Or, ces nouvelles alliances et cette nouvelle potentielle dépendance des pays européens vis-à-vis des Qataris est susceptible de mettre en exergue de multiples scandales et corruptions.

Corruption et Scandale du Qatargate

Une chose est sûre, le scandale du Qatargate n'est pas un cas isolé : l'Union Européenne souffre clairement d’un problème d'ingérence extérieure et de corruption.

Ainsi, bien au Parlement européen qu'à la Commission européenne, nul ne peut recevoir de cadeaux d’une valeur supérieure à 150 euros et 50 euros. Le Qatargate est susceptible de révéler une corruption d’ordre systémique.

Par exemple, le Qatar a construit la plus grande base militaire du Moyen-Orient pour l'armée américaine, qui a été utilisée comme base de départ pour les invasions de l'Irak, de l'Afghanistan et du Koweït.

L'affaire Eva Kaili et des autres eurodéputés

Les affaires ne s’arrêtent pas là puisque pour un membre du parlement européen, Eva Kaili vit ou plutôt vivait comme une star de cinéma. 

La politicienne grecque passait son temps libre sur des yachts dans la mer Egée, dans des discothèques, sortait avec des mannequins comme Naomi Campbell et passait ses vacances dans les Caraïbes avec le célèbre Richard Branson. 

Aujourd’hui, l’ancienne présentatrice TV de 44 ans est dans une prison bruxelloise sous surveillance constante. Elle est accusée par les procureurs belges d’avoir accepté de l’argent et des cadeaux du Qatar et du Maroc contre ses votes dans les prises de décisions parlementaires.  

L’intrigue reste à résoudre : Est-ce que Kaili est innocente ? A-t-elle profité d’un contrôle parlementaire laxiste pour se remplir les poches et profiter d’une vie de luxe ? 

Quelle qu’en soit la réponse, il ne fait aucun doute que le scandale du Qatargate secoue l’Union européenne. 

Mais Kaili n’est pas la seule … Médiapart mais aussi d’autres médias et journalistes, ont révélé qu’un paquet de personnalités sont impliquées dans les affaires du qatargate : politiciens, sportifs et business mans. 

L’affaire révèle le niveau de corruption juste incroyable du Parlement européen et de nos politiciens de manière générale. En effet, l’émirat a dépensé des milliards de dollars pour les stades et les infrastructures logistiques mais également plusieurs millions de dollars pour les membres de l’instance dirigeante de la FIFA ainsi que pour les membres du Parlement européen.

Le parlement est un partenaire de la politique européenne dans de nombreux domaines et il se qualifie comme le champion des droits de l’homme.Pourtant le niveau de corruption semble remettre en question ses dires...

Les procureurs pensent que le Qatar a versé des pots-de-vin pour que les parlementaires soutiennent les projets de l’Émirat afin de poursuivre la construction de ses stades en exploitant une main-d'œuvre pas chère. 

En effet, l’économie du Qatar repose en grande partie sur l’exploitation d’une main-d'œuvre étrangère. Avec la coupe du monde et l’intensification des chantiers, les migrants ont été, semble-t-il, exploités entraînant de nombreux décès

Bien qu’il soit très difficile d’estimer le nombre de morts liés aux chantiers de la Coupe du monde, le journal britannique estime à plus de 6.500 le nombre de décès.

Paradoxalement, le 21 novembre dernier Eva Kaili défendait le Qatar contre les critiques sur son bilan en matière de droits du travail. 

Elle est aujourd’hui derrière les barreaux. Son incarcération a eu lieu le dimanche 11 décembre et la justice fédérale belge enquête sur plusieurs autres eurodéputés. Les policiers ont retrouvé de l’argent liquide chez certains parlementaires et l’on parle de plus d’un million cinq cent mille euros destinés aux eurodéputés. 

Le comportement de ces eurodéputés reflète bien leur mépris général pour la règle de droit et les droits humains

Il faut savoir que le pire dans tout ça, c’est que la plupart des parlementaires sont plus malins que Kaili et utilisent d’autres méthodes moins visibles pour vendre leurs services. 

Dépendance européenne et scandales futurs à répétition

Finalement, il faut savoir que la situation n’est pas prête de s’améliorer étant donné que, contrairement à ce que certaines personnes semblent croire, les tensions sur le gaz ne sont pas prêtes d’être terminées.

Les tensions sur le gaz terminées ?

En effet, certains analystes indiquent que l’euro, représenté par la courbe noire, est revenu à ses niveaux d’avant-guerre, par rapport au dollar. De la même manière que les termes de l'échange, représentés par la courbe bleue, c’est-à-dire les prix des exportations par rapport au prix des importations, se sont améliorés.

Ainsi, ils utilisent ces deux données pour prétendre que le choc énergétique serait terminé.

Or, la réalité est loin d’être aussi simple …

En effet, s’il est vrai que le prix du gaz européen s’est littéralement effondré depuis ses niveaux historiquement élevés d’août 2022.

De manière assez synthétique, une des justifications expliquant la chute des prix du gaz: 

Or, cette situation est un trompe l'œil car la chute des prix du gaz pourrait être considérée comme un signal de fin du choc énergétique.

Un choc énergétique caché

Sauf que ce n’est pas le cas dans la mesure où les importations de gaz par l'Allemagne sont en baisse de 40% par rapport aux niveaux de 2019, ce qui constitue donc bien un choc massif et continu : 

L'industrie allemande, autrefois considérée comme la locomotive européenne, subit un changement massif susceptible de faire entrer en récession les pays européens. C’est la raison pour laquelle, le gaz naturel russe, qui représentait jusqu’alors environ 40% des importations de l'UE doit nécessairement être remplacé

Or, dans le même temps, la crise diplomatique entre le Maroc et l'Algérie a entravé l'approvisionnement des pays du sud de l'Europe. Ainsi, les États-Unis ont contacté le Qatar pour satisfaire la demande européenne.

Dépendance énergétique des pays européens

Ceci rned bien compte du risque de dépendance des pays européens et de notre soumission grandissante au gaz et maintenant au GNL.

En effet, avec l’application des sanctions russes, quels que soient les scénarios envisagés, c’est la composante importation de GNL qui prime afin de remplacer le gaz du Kremlin.

En ce sens, compte tenu de l’influence grandissante du Qatar qui n’hésite pas à faire usage de pratiques douteuses pour influencer les dirigeants et ainsi les rallier à sa cause, il y a fort à parier que les scandales de corruptions ne soient encore qu’à leurs balbutiements …

Les VRAIES Raisons de la Grande Inflation | Un Système Monétaire Voué à l'Effondrement ?!

Qu’il s’agisse aussi bien des États-Unis que de la zone euro, l’inflation semble être en train d’amorcer son reflux.

Cela est donc une bonne nouvelle compte tenu des effets néfastes de la hausse généralisée des prix et de la perte de pouvoir d’achat de la monnaie que nous subissons actuellement, comme nous l’avons vu dans un précédent article

Le problème, c’est que, pratiquement tout ce que l’on a pu vous dire sur le fonctionnement du système monétaire moderne ou encore la création de monnaie est faux !

Or, étant donné que nous utilisons de l'argent tous les jours, comprendre le fonctionnement de notre système monétaire est d’une importance capitale !

Traditionnellement, certains vulgarisateurs expliquent que les banques centrales impriment l'argent que nous utilisons ou encore que les banques utilisent les dépôts de leurs clients et multiplient la quantité d’argent en circulation dans un système bancaire à réserve fractionnaire, ce qui est en réalité totalement faux.

Qu’en est-il concrètement ?

Quelles sont les vraies raisons de la grande inflation des deux dernières années et le système monétaire moderne est-il voué à l’effondrement ?

L’escroquerie du système monétaire moderne ?

Pour la grande majorité des personnes, il ne fait aucun doute, l’origine de l’inflation, qui a débuté en 2020, est d’origine exclusivement monétaire. La “planche à billet” menée par les banques centrales aurait engendré la hausse soudaine des prix des biens et des services à la consommation.

Ce joli raccourci intellectuel n’est pourtant qu’un dogme répété à longueur de journée. 

Mais qu’en est-il concrètement du Quantitative Easing ou Assouplissement Quantitatif en français ?

Pour répondre à cette question, il me semble nécessaire d’examiner comment fonctionne notre système monétaire et comment les différentes formes de monnaie impactent l’économie et les marchés. 

Le fonctionnement du système monétaire:

D’abord, il faut savoir que notre système monétaire fonctionne sur 3 piliers de catégorisation de la monnaie que sont : 

  1. la dénomination,
  2. le mode de création,
  3. le mode de circulation.

À l’intérieur de ces 3 catégories de monnaies, il est possible de créer une matrice selon 3 formes de monnaies différentes que sont : 

  1.  les pièces et les billets,
  2.  la monnaie électronique,
  3. les réserves de la banque centrale.

En partant de ce constat, il est possible de donner la dénomination, le mode de création et le mode de circulation de chacune de ces trois formes de monnaie.

Les pièces et les billets:

En ce qui concerne les pièces et les billets, on parle de monnaie fiduciaire. C’est la banque centrale qui la créée. Cette monnaie circule au sein de l’économie réelle

La monnaie électronique:

En ce qui concerne la monnaie électronique, on parle de monnaie scripturale. Ce sont majoritairement les banques commerciales et certaines entités financières qui la créée et il s’agit de monnaie circulant au sein de l’économie réelle également. Ce type de monnaie existe sous différentes formes dont notamment les comptes courants que l’on possède tous en banque et représente près de 16.000 milliards de dollars, soit 75 pour cent de la masse monétaire totale. 

Les réserves de banque centrale:

Les réserves sont aussi appelées monnaie de banque centrale étant donné que c’est la banque centrale qui la créée. Elle ne circule non pas au sein de l’économie réelle mais à l’intérieur de l’économie financière.

On comprend donc que: 

L'argent de l'économie réelle est l'argent que nous utilisons : les agents du secteur privé non financier.

Aujourd'hui, l'argent de l'économie réelle est principalement constitué de dépôts bancaires détenus par les citoyens et les entreprises.

Les vraies raisons de la Grande Inflation

Prenons un exemple pour comprendre: 

On peut imaginer une situation où je souhaite acheter une télévision à ma voisine, mais je ne possède pas encore l’argent car je n’ai pas été payé mais je recevrai de l’argent d’ici un mois.

Du coup, il est possible de représenter nos bilans comptables respectifs afin de bien comprendre que ce qu’une banque fait n’est pas une escroquerie. 

Pour rappel, en comptabilité, l’actif est toujours égal au passif. Si à l’actif, la télévision de Céline a une valeur de 100 dollars, son capital, qui apparaît au passif, a donc également une valeur de 100 dollars.

Maintenant, de mon côté, mon bilan est égal à zéro. Je demande donc à ce que Céline me fasse crédit. Désormais, la télévision est intégrée dans mon actif pour une valeur de 100 dollars et mon passif est constitué d’une dette d’un même montant envers Céline qui elle, voit son actif modifié et possède une créance envers moi.

Le problème, c’est que peu de personnes ont confiance en ma capacité de remboursement. Si je ne rembourse pas Céline, son titre de créance n’aura aucune valeur.

C’est précisément pour remédier à ce risque que la banque vient s'intercaler au milieu.

Elle va donc m’octroyer un prêt et donc je ne serai plus endetté envers Céline mais envers la banque.

De cette manière, Céline aura plus de facilité pour utiliser l’argent puisque, a priori, tout le monde accepte le billet d’une banque.

Une banque ne crée donc pas de monnaie de nul part à proprement parler. Cela va de soi car, si les banques pouvaient réellement créer de la monnaie, il leur suffirait de le faire dès qu’elles se trouvent en difficulté afin de ne pas faire faillite. Or une banque peut faire faillite.

Ce que font les banques, c’est créer leurs propres dettes représentées par les comptes bancaires au moment d’octroyer des crédits. L’exemple avec Céline et Mathieu est d’ailleurs parlant et plus que de la création monétaire, il s’agit de substituts monétaires visant à dynamiser les échanges entre les individus.

L'activité de prêt des banques dépend donc à la fois de la solvabilité des emprunteurs, de la rentabilité qu’une institution bancaire tirera d’un prêt ainsi que les contraintes réglementaires.

Les vraies raisons de l’inflation:

Il s’agit non pas tant de la politique monétaire mais de la politique fiscale.

Si le gouvernement dépense plus qu'il ne perçoit d’impôts, les dépenses au sein de l’économie grimpent en flèche. Or, plus cet excès de dépenses sera grand, plus l’offre de biens aura du mal à s’ajuster. Auquel cas, plus de dépenses avec une offre limitée engendre un ajustement par les prix, ici à la hausse = inflation ! 

Le phénomène a été exacerbé avec la pandémie mondiale qui vient couper les chaînes d’approvisionnement.

En fait, les dépenses publiques visant à distribuer des chèques aux citoyens est susceptible de stimuler l’économie et donc l’excès de dépenses.

Pour bien comprendre, imaginons que l’État souhaite dépenser 100 euros pour les redistribuer sous forme de chèques aux citoyens mais qu’il ne possède pas l’argent. En principe, on ne peut pas dépenser plus que ce que l’on possède à moins de s’endetter.

Ici, l’État va émettre des obligations, pour un montant de 100 euros et c’est la banque qui va lui prêter l’argent tout en créditant en même temps les comptes bancaires des citoyens de 100€. 

Or, ici, il y a un problème !

Le bilan de la banque est bien équilibré, par contre, celui de l’État est en déséquilibre, il y a un montant au passif et pas à l’actif. Pourtant, j’ai expliqué qu’un bilan comptable est toujours, en tout temps et en tout lieu, à l’équilibre, c’est-à-dire que l’actif doit être égal au passif.

Un État peut avoir un bilan déséquilibré, c’est-à-dire une position patrimoniale négative.

Lorsque l’État créé du déficit public, il y a création de substituts monétaires sans contrepartie, ou du moins, une contrepartie implicite qui est la capacité théorique à lever de l’impôt.

Plus que la “planche à billets” des banques centrales, c’est l’excès de dépenses des États qui a contribué à l’envolée inflationniste, dans un environnement où la production internationale était quasi à l’arrêt.

C'est exactement ce que nous avons vu en 2020-2021 : des déficits budgétaires massifs et des prêts bancaires garantis par le gouvernement mettant l’économie en surchauffe.

Du coup, qu’en est-il concernant le Quantitative Easing ?

On l’a vu, au travers du Quantitative Easing, les banques centrales créent des réserves bancaires. Or, comme expliqué précédemment, ces réserves bancaires ne circulent pas au sein de l’économie : elles restent cantonnés au secteur financier, c’est-à-dire à l’intérieur de l’économie financière. Pour ce qui est de la monnaie fiduciaire et scripturale elles circulent au sein de l’économie réelle.

Pour comprendre, on peut reprendre l’exemple précédent où l’État dépensait plus que ces recettes afin de faire face à la pandémie de covid.

Jusqu’à maintenant, les bilans respectifs de l’État et de la banque restent inchangés. Désormais, une troisième entité vient s’interposer, il s’agit de la Banque Centrale Européenne. Celle-ci va procéder au rachat de l’obligation possédée par la banque commerciale.

Avec le Quantitative Easing, la Banque centrale modifie la composition de l'actif du bilan de la banque : elle lui enlève l’obligation de 100 euros et lui donne en échange des réserves qu’elle créée pour l’occasion en les inscrivant à son passif

Désormais, la banque a moins d'obligations et plus de réserves : il s’agit d’un swap d’actif

Comme expliqué précédemment et au risque de me répéter, les banques ne prêtent pas les réserves créées par la Banque Centrale à l'économie réelle

Les Banques centrales peuvent-elles créer de la monnaie? 

Une dernière question en suspens réside dans la création de pièces et de billets qui eux circulent effectivement au sein de l’économie et sont créés par la Banque Centrale.

Du coup, on pourrait penser que si les individus se rendent aux guichets automatiques pour retirer de l'argent les banques vont convertir les réserves en espèces permettant aux réserves d’atteindre l'économie réelle !

Et bien … non.

Comme expliqué précédemment, lorsqu'une personne effectue un retrait à un guichet automatique, il s'agit simplement de convertir de l’argent électronique au sein de ses comptes contre de la monnaie scripturale.

Or, la monnaie électronique est créée par la banque commerciale au moment de concéder des crédits. Il y a simplement un échange d’actifs : aucune nouvelle monnaie n’est créée.

Les réserves n'entrent PAS dans l'économie réelle.

En bref, le Quantitative Easing n'imprime jamais de monnaie de l'économie réelle, quel que soit le destinataire, la Banque Centrale peut créer autant de réserves à l’intérieur du système bancaire sans que cela n'affecte particulièrement la volonté des banques de prêter.

L'assouplissement quantitatif vise en réalité à assouplir les conditions financières en faisant baisser les taux d’intérêt et en poussant à la concession de crédits.

Les ménages ne souhaitent pas nécessairement s’endetter et les banques ne souhaitent pas leur prêter car elles risqueraient d’avoir des difficultées financières en prêtant à des personnes peu solvables. On se rend rapidement compte des limites du Quantitativ Easing et des raisons pour lesquelles son efficacité est discutée. 

Concrètement, qu'est-ce qui a changé à partir de 2020 et la venue du covid ? 

Les gouvernements se sont mis à dépenser comme jamais en distribuant de l’argent à tout va. A cela s’ajoute les tensions sur le marché de l’énergie.

Le résultat de l’étude indique qu'environ les deux tiers de l'inflation subie par les États-Unis sur la période 2020-2021 sont attribuables au choc de demande. 

En revanche, le cas de la zone euro est différent, dans la mesure où les auteurs estiment que seule la moitié de l’inflation observée en 2020-2021 est attribuable au choc de demande agrégée. 

En bref, ce sont les excès de politiques keynésiennes aux États-Unis pendant la crise du covid qui ont provoqué la plus grande poussée inflationniste des 40 dernières années.

Évidemment, les chocs d'offre ont aggravé ce phénomène mais l'origine et l'essentiel du phénomène s'expliquent par des stimulations étatiques excessives.

Le cas européen étant plus complexe et s’expliquant par une multitude de phénomènes ayant trait à la fois aux stimulations fiscales, au choc d’offre, au choc énergétique ou encore à la dévaluation du taux de change.

Une Montagne de Dettes... La BRI alerte les investisseurs du monde entier !

Aujourd’hui et ce depuis maintenant plusieurs décennies le dollar est LA devise mondiale de référence. 

En effet, l’analyse objective des données nous montre à quel point cette devise reste une monnaie de réserve internationale pour de nombreux pays et pour les échanges réalisés au sein du commerce mondial. Elle représente près de 60% des réserves internationales d’après le FMI, c’est-à-dire le Fonds Monétaire International.

La contrepartie c’est que système monétaire et de crédit est centré sur le billet vert et donc, par voie de conséquence, la part des dettes internationales, des échanges commerciaux, des classes d'actifs ou encore des volumes d’échanges sur le marché des devises sont libellées en dollars.

Or, curieusement, un phénomène particulièrement intéressant, c’est que l'accès direct à la liquidité en dollars n'est disponible que pour les entités situées aux États-Unis.

Pourtant, dans un système basé sur le crédit et dont le système monétaire est d’une importance capitale pour le bon fonctionnement de l’économie et de nos sociétés, le reste du monde est également incité à tirer parti des dollars américains. 

Le mois dernier, la BRI, la Banque des Règlements Internationaux, a dévoilé qu’il y aurait plus de 65.000 milliards de dollars de dettes cachées dans des banques offshore et des banques dans l’ombre.

La question que l’on peut légitimement se poser est : quelles pourraient être les conséquences de tels montants de dettes cachées ?

Et doit-on s’en inquiéter, plus particulièrement en tant qu’investisseurs ?

Le Roi dollar !

Avant même de commencer, il est fondamental de bien comprendre comment et pourquoi le dollar américain occupe une telle importance au niveau mondial.

La position du dollar en tant que leader international des devises ne fait aucun doute, mais il faut savoir que cela n’a pas toujours été le cas.

Petit historique

En effet, jusqu’à ce qu’éclate la première guerre mondiale, trois devises se partageaient le gâteau des réserves monétaires internationales : la livre sterling, le franc français ainsi que le mark allemand

Or, passé 1950 le dollar les détrône toutes. 

Les raisons de l’hégémonie actuelle et historique du dollar s’explique par le pétrodollar.

Suite à la Seconde Guerre mondiale et les accords de Bretton Woods, le dollar était plus que jamais la monnaie de référence mondiale.

Le dollar est l’instrument qui régit le système économique mondial et il est très difficile pour un pays de s’en sortir s'il n'a pas de dollars. 

Sauf qu’au cours de l’histoire, il y a eu une une période où cette hégémonie a failli prendre fin, c’était le 15 août 1971. Richard Nixon avait annoncé la fin de la convertibilité du dollar. 

L'étalon or

Pour rappel, jusqu’à cette date, le dollar était convertible en or, il s’agissait d’un étalon-dollar-or. Cela signifiait que les différentes banques centrales faisant parties de l’accord pouvaient convertir leur réserves de dollars en or comme nous l'avions vu dans un précédent article.

Le problème c’est qu’avec la guerre de Corée, la guerre du Vietnam et l’augmentation des dépenses publiques, la Réserve fédérale a commencé à émettre bien plus de dollars que les réserves d'or qu’elle possédait réellement pour adosser sa valeur à celle du billet vert poussant ainsi Nixon à prendre cette décision et faisant chuter par la même occasion la valeur du dollar.

Or, le fait est que cette décision, censée être temporaire est devenue permanente. 

Le pétrodollar

Pour faire face au risque d'un effondrement du système monétaire mondial avec le dollar comme monnaie de référence, les États-Unis se sont tournés vers les pétrodollars.

C’est donc en 1974 que les États-Unis et l'Arabie saoudite ont convenu que tous les achats de pétrole seraient effectués en dollars. Le pétrole étant le plus grand marché de matières premières de la planète, cela allait donner un avantage considérable au billet vert.

En échange de la facturation du pétrole en dollars, l'Arabie saoudite et d'autres États arabes ont ainsi obtenu l’assurance et la protection des États-Unis.

En plus de ces accords, la mise en place du pétrodollar a placé les pays producteurs de pétrole dans une situation où leur réserves de dollars américains étaient largement excédentaires.

Et forcément, il y a un coût d’opportunité à détenir autant de dollars, raison pour laquelle il fallait que ces pays en fassent quelque chose. Du coup, quoi de mieux que d’utiliser ces mêmes dollars pour les investir aux États-Unis et notamment acheter de la dette publique américaine.

En ce sens, ces accords et la mise en place du Pétrodollar ont donc permis aux États-Unis d'être inondés d'argent et de pétrole bon marché. 

On voit d’ailleurs au travers de ce graphique l’étroite relation entre la capitalisation de marché libellé en devises étrangères et les réserves monétaires mondiales : 

D'énormes montants de dette cachée !

Désormais, on est en mesure de comprendre, les raisons de tels montants de dettes cachées.

Pour commencer, il faut savoir que si par exemple une compagnie d'assurance japonaise souhaite investir dans la dette de l’État américain, c’est-à-dire des obligations du trésor, elle a nécessairement besoin, au préalable, d'un financement en dollar pour réaliser cette transaction, de la même manière qu'une entreprise brésilienne a besoin d'un financement en dollars pour développer ses activités internationales.

Il existe différentes façons d’obtenir des dollars pour développer ces activités : soit l’entité vend un bien ou une marchandise, disons une voiture, contre des dollars, soit l’entité s’endette en dollars et reçoit donc des billets verts.

Or, quand il s’agit de faire usage de dettes, notamment d’émission d’obligations, ces opérations sont comptabilisées on-balance sheet, c’est-à-dire qu’elles apparaissent au bilan comptable de l’entité.

Pour autant, il existe également des moyens d'obtenir des financements en dollar off-balance sheet, c’est-à-dire “hors-bilan”.

Cela se fait notamment au travers de ce que l’on appelle en finance des dérivés de change, principalement sous la forme de swaps de change et de swaps de devises

Ce sont ces différents instruments que la BRI appelle la “dette cachée”.

Le swap de change:

Il se réalise en deux étapes. Par exemple, j’ai des euros, je les utilise pour acheter du dollar à une société américaine à un certain taux de change et je m’engage à racheter mes euros à une date fixée et à un taux de change convenu à l’avance.

Il y a donc deux transactions: une aujourd’hui et une dans le futur.

Le swap de devises:

Le fonctionnement est le même, simplement que l’opération est à plus long terme et il y a également un échange d'intérêts en cours de période entre les deux entités. Le swap de devises est donc à mi-chemin entre le swap de change et le swap de taux.

Sachant cela, la question que l’on peut tout naturellement se poser est : pourquoi la BRI qualifie ces dérivés de change en dollars de “dette cachée” ?

Tout simplement parce que les règles comptables permettent que ces opérations soient hors-bilan et comme l’explique la BRI, “les swaps de change, les contrats à terme et les swaps de devises créent des obligations de paiement à terme en dollars qui n'apparaissent pas dans les bilans et ne figurent pas dans les statistiques standard de la dette”.

Ainsi, la Banque des Règlements Internationaux estime le financement hors-bilan en dollars d’entités se trouvant en dehors des États-Unis à environ 65.000 milliards de dollars, soit environ plus de deux fois celui enregistré au bilan.

Ainsi ces instruments dérivés sont utilisés par les banques et les sociétés non bancaires pour le financement à court terme et pour se couvrir contre le risque de change de leur portefeuille, notamment lorsqu’elles réalisent des transactions internationales.

Ainsi, une augmentation de 1 milliard de dollars du commerce mondial trimestriel sur une période de 6 mois est associée à une augmentation de 660 millions de dollars des positions des entreprises sur les dérivés de change.

En d'autres termes, si une entreprise brésilienne obtient un accès continu à des flux de trésorerie en dollars en raison de ses activités commerciales, l'utilisation de swaps de change sera en fait utilisée pour atténuer les risques d’une fluctuation des taux de change entre le réal brésilien et le dollar par exemple.

Deux grand problèmes : 

  1. Le premier, c’est que les besoins de financement en dollars pour les entités situées en dehors des États-Unis, puisqu’encore une fois, le dollar est utilisé pour réaliser les transactions internationales, signifie qu'un flux continu de nouveaux dollars est nécessaire pour que ce système reste en équilibre.
  2. Le deuxième, c’est qu’il existe un décalage entre les échéances actif/passif.

Ainsi, avec ce système du financement hors bilan des dérivés de change, bien souvent, ce sont des opérations à très court terme et, généralement, non seulement les échéances des swaps de change sont inférieures à un an dans 80 pour cent des cas, mais, en plus, ces swaps de change inférieur à un an en réalité majoritairement composé d’instrument arrivant à échéance dans moins d’une semaine voire même au jour le jour !

La courte échéance des swaps de change rend donc les institutions vulnérables aux restrictions d’accès au refinancement en dollars.

Lorsque les conditions de marché sont bonnes, investir dans des actifs à long terme, des obligations à 10 ans en se refinançant à court-terme, au travers des swaps de change à moins d’un an, n’est pas problématique puisqu’il suffit de “rouler” le swap, c’est-à-dire réaliser de nouveau l’opération lorsque l’instrument arrive à maturité.

Un autre problème...

Le problème c’est qu’en période de forte volatilité et de resserrement des conditions de financement, les liquidités s'assèchent et les problèmes émergent …

Pour le moment, c'est un problème de financement théorique étant donné qu’il s’agit d’un marché liquide et activement négocié qui fournit un financement et une couverture quotidienne pour les institutions financières.

Pour autant, il ne faut pas oublier qu’en septembre 2008, le marché des swaps de change s’était soudainement figé, les investisseurs étrangers se ruant sur les dollars américains, obligeant la Réserve Fédérale Américaine à créer des lignes de swap avec toutes les grandes banques centrales de la planète. Ce fut également le cas en 2020, lors de la crise du covid

Situation catastrophique?

Bien que des dizaines de milliers de milliards de financements hors-bilan en dollars américains peut sembler effrayant, il convient de nuancer l’analyse.

D'abord, parce que le "hors bilan" n’est pas synonyme d’explosion et ce, d’autant plus que l’utilisation de dérivés de change implique l'existence de chambres de compensation, de comptes de marge et la valorisation d’actifs au prix du marché.

Et ensuite, parce qu’une partie de ce financement en dollars neutralise les positions en dollars existantes. Si une entreprise étrangère vend des matières premières en dollars américains, elle atténue le risque en se couvrant de la fluctuation des devises au travers de ces instruments dérivés.

Toujours est-il que le modèle monétaire et financier actuel centré sur le dollars incite les entités étrangères à emprunter en dollars ce qui les assujettis à de nombreuses tensions en plus des symptômes de l’inflation importée.

L'abondance des besoins de financement en dollars pour les entités situées hors des États-Unis signifie qu'un flux continu de nouveaux dollars est nécessaire pour que le système reste en équilibre et dès que ce mécanisme de lubrification s'arrête, le marché se grippe notamment lorsque les échéances entre actifs et passif ne coïncident pas.

Poutine et l'Économie Russe au Bord de la Faillite ?! | Guerre en Ukraine

Il y alors de cela quelques mois, il semblait que la Russie profitait de la situation actuelle et jouissait d'une économie en croissance.

Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine en février, les démocraties alliées à l’Ukraine ont mis en place différentes sanctions. Cependant paradoxalement ces sanctions ont eu pour conséquence de porter préjudice aux pays occidentaux. 

Ainsi, des devises fortes comme l'euro, la livre ou encore le dollar perdaient de la valeur face au rouble.

Il était donc facile de penser que les sanction occidentales étaient inefficaces.

Dans quel état se trouve réellement l’économie Russe et l’efficacité des sanctions est-elle réellement avérée ?

La Russie en puissance ? 

Lancée le 24 février 2022 par Vladimir Poutine, la guerre en Ukraine entraîne la mise en place de sanctions des Etats-Unis et des pays européens. 

Il s’agissait dans un premier temps d’attaquer le secteur financier en gelant les avoirs russes, en empêchant notamment à certaines banques d'accéder au système SWIFT

Cette mesure a provoqué l’effondrement de la bourse de Moscou

Des conséquences néfastes:

Les conséquences étaient perçues, dans un premier temps, comme particulièrement néfastes. 

De nombreux médias avaient qualifié cette mesure d’arme nucléaire financière et dévastatrice pour le système financier russe.

Cependant le système SWIFT n’est qu’un mode de communication automatique, fiable et vérifié au travers duquel les banques échangent des informations relatives aux transactions qui ont lieu entre elles.

Ce n’est donc pas un système pour payer mais pour communiquer et certifier les paiements permettant d’accélérer les transactions réalisées.

En d’autres termes, en coupant l’accès de certaines banques à SWIFT, cela reviendrait à couper leur réseau de communication et donc empêcher la confirmation de transfert de fonds.

C’est donc pour cette raison qu’une telle mesure peut être préjudiciable à l'économie car plus aucune transaction entre des entités en dehors de la Russie vers des entités à l’intérieur de la Russie et inversement ne pourraient être réalisées.

En ce qui concerne la sanction ayant trait au gel des réserves de la banque centrale russe, celle-ci constituait un saut qualitatif dans la dureté des sanctions.

En effet, durant de nombreuses années, et notamment après l’annexion de la Crimée, la Russie avait accumulé un stock d’actifs très important d’un montant équivalent à 630 milliards de dollars. Ceci avait permis à Poutine de couvrir les coûts de l’invasion du territoire ukrainien en puisant dans cette réserve d’actifs.

La Russie ayant arrêté de publier les données détaillées de ses réserves, la seule chose que l’on sait, c’est que le montant total des réserves s’élève désormais à 567 milliards de dollars soit, une chute de 10% !

Ce que peu de personnes savent, c’est que la Russie ne possède pas la totalité de ses actifs dans ses “coffres” entre guillemets, mais auprès d’un dépositaire central qui se trouve dans les différents pays ayant vendu ces actifs à la Russie. Concrètement, en gelant les avoirs, la Banque Centrale Russe ne peut plus accéder aux avoirs étrangers lui ayant infligés les sanctions. 

Pour être plus précis, les pays occidentaux sont parvenus à geler l’équivalent de 300 milliards de dollars d’actifs russes, c’est-à-dire près de la moitié des réserves de la banque centrale.

Malgré tout, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la chute de 630 milliards de dollars à 567 milliards de dollars n’est pas dû au gel d’une partie des réserves mais au fait que la banque centrale russe est intervenue sur les marchés pour soutenir sa devise qui s’effondrait.

En effet, ce gel n’est pas une expropriation à proprement parler : elle consiste simplement à bloquer l’utilisation d’une partie des réserves.

En tout état de cause, l’objectif initial de ces sanctions était de couper les vivres russes afin d’empêcher Poutine de financer l’effort de guerre.

Au début, il semblait que ces sanctions étaient perçues comme efficaces de la part des investisseurs qui ont cru un instant que l'économie russe entrait en crise, retirant leurs investissements, provoquant la chute du rouble et de la bourse de Moscou. 

La Russie se relève

Cependant, malgré le fait qu'au début les sanctions semblaient fonctionner, au cours de l’année, l'économie s’est semble-t-il récupérée avant de s'améliorer.

Cette amélioration tenait au fait que l’euphorie ambiante avait provoqué une envolée des prix du pétrole atteignant des records

Autrement dit, la Russie a bénéficié jusqu’à maintenant non pas tant d’un effet volume mais d’un effet prix, bien que l’effet volume ne soit pas non plus totalement inexistant puisque la quantité de pétrole exporté est tout de même légèrement plus élevée en 2022 qu’en 2021.

Je m’explique :

Imaginons que la Russie vend traditionnellement 10 barils de pétrole valorisés à 100 euros l’unité. Dans un tel cas de figure, le Kremlin empochait un montant total de 1.000 euros.

En temps normal, pour gagner plus d’argent, il est fréquent de devoir jouer sur l’effet volume, c’est-à-dire d’augmenter le volume, c’est-à-dire le nombre de barils de pétrole vendus pour engranger plus de revenus comme par exemple vendre non plus 10 mais 15 barils à 100 euros l’unité afin de gagner 1.500 euros au lieu de 1.000 euros comme précédemment.

Or, avec les prix des matières premières qui ont explosé, alors même que les importations occidentales étaient censées chuter, la Russie a continué à gagner autant, si ce n’est davantage d’argent grâce à l’effet prix. C’est comme si la Russie ne vendait plus que 8 barils de pétrole mais que le prix à l’unité passait de 100 euros à 200 euros, lui permettant de tout de même augmenter ses revenus, ici à 1.600 euros !

Cette situation ainsi que l’intervention de la banque centrale russe, a donc contribué à ce que l’économie russe continue de percevoir des revenus supplémentaires lui permettant de financer la guerre tout en enregistrant une balance commerciale excédentaire et donc une revalorisation du rouble donnant l’impression d’une économie en superbe santé.

Pour autant, tout cela ne veut évidemment pas dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.  En effet, il existe certaines données qui posent de sérieux problèmes au Kremlin 

La Russie au bord de la faillite ?!

Si pour le moment, il est vrai que les sanctions ne semblent pas produire d’effets négatifs sur l’économie russe, du moins sur le court-terme. En réalité, sur le moyen et long terme, la donne est probablement tout autre et ce, pour trois raisons principales :

1) La chute du prix des matières premières (pétrole et gaz)

Il ne fait aucun doute que la Russie occupe une place privilégiée en ce qui concerne l’exploitation de ressource énergétiques. En effet, elles sont  indispensables au bon fonctionnement de l’économie mondiale. La Russie est le troisième plus grand producteur de pétrole derrière les États-Unis et l’Arabie Saoudite et le deuxième plus grand producteur de gaz naturel derrière les États-Unis.

L’inconvénient c’est que, la Russie s’est très peu diversifiée dans le temps et d’après Rosstat, le secteur des hydrocarbures représente environ 40% de l’économie russe ce qui est énorme.

La Russie souffre donc de ce que l’on appelle la “Dutch Desease”, ou “tragédie des matières premières” qui est un phénomène économique qui relie l'exploitation de ressources naturelles au déclin de l'industrie manufacturière.

C’est ce qui arrive lorsqu’un pays riche de ressources naturelles, ici, entre autres, les hydrocarbures, dépend à l’excès de la santé du secteur qui exploite ces ressources naturelles. Si ce secteur vient à subir un choc quelconque, ce choc aura des répercussions macroéconomiques majeures et ce, d’autant plus lorsqu’elles ne sont pas suffisamment diversifiées.  

La Russie a profité du desserrement des goulots d’étranglement post-covid provoquant l’explosion du prix des différentes ressources energétiques.

Ainsi elle a gagné l’équivalent de plus de 125 milliards d’euros depuis le début du conflit !

Ces énormes revenus ont ainsi permis au gouvernement russe de toucher plus de revenus qu’il n’en dépense générant ainsi un excédent budgétaire. 

Après avoir enregistré un excédent de seulement 55 milliards de roubles, c’est-à-dire environ 80 millions de dollars, désormais, le gouvernement russe s’attend à enregistrer un déficit de 50 milliards de dollars en décembre.

Sans compter que le rebond de novembre est en réalité un trompe l’oeil, car en réalité, ce rebond s’explique par une taxe exceptionnelle payée par Gazprom au Kremlin. 

2 raisons principales expliquent l’accroissement du déficit : 

  1. Les dépenses militaires pour poursuivre le conflit en Ukraine
  2. La chute des prix du pétrole et du gaz ainsi que les volumes expédiés

Autrement dit, non seulement la Russie a perdu de l'argent en raison de la baisse des prix, mais aussi en raison du volume en baisse, sans compter que la Chine et l’Inde qui viennent remplacer partiellement les pays européens en tant que partenaires commerciaux de la Russie, profitent de leur situation de force pour négocier les prix d’achat de gaz et de pétrole.

2) La pénurie de produits

Même si certaines sanctions visaient à nuire la Russie sur le moyen-terme, notamment au travers des embargos, bon nombre des sanctions n'allaient pas avoir d'impact immédiat. 

Cela concerne notamment les semi-conducteurs, qui sont des matériaux utilisés pour fabriquer des puces électroniques. 

Or, les sanctions de 2022 ajoutent une interdiction d’exporter nombre de semi-conducteurs vers la Russie. Ainsi, Taïwan, le plus grand producteur de semi-conducteurs au monde cesse ses exportations. 

Ainsi, face à une pénurie de semi-conducteurs, le gouvernement russe a commencé à acheter ses semi-conducteurs à de plus petites entreprises chinoises, ou illégalement.

Selon le média Kommersant, jusqu'à 40% des composants électroniques importés de Chine étaient défectueux.

Ainsi, pour compenser la pénurie en pièces électroniques, Moscou a importé, des quantités d'appareils d'électroménager afin d’en récupérer les semi-conducteurs.

3) La fuite des cerveaux

Depuis le début de l’invasion, des milliers de travailleurs, qui représentent une part importante du capital humain de la Russie a fui le pays, représentant environ 100.000 employés.

En conclusion, tous ces facteurs contribuent actuellement et continueront d’aggraver l'économie russe. 

Ainsi, si l'économie russe poursuit son déclin, ses efforts pour gagner la guerre pourraient devenir de plus en plus difficiles.

Facebook (Meta) au bord du gouffre | Comment Zuckerberg se réinvente?

Meta, anciennement appelé Facebook, est littéralement en train de s’effondrer en bourse.

À l’heure actuelle, le prix de ses actions est passé de 382 dollars à seulement 89 dollars en l’espace d’un an, c’est-à-dire une chute de près de 77% !

Sa capitalisation boursière, c’est-à-dire la valeur de l'entreprise, est passée de plus de 1.000 milliards de dollars à seulement 238 milliards de dollars, c’est-à-dire une chute de 78%, encore une fois, en l’espace d’une seule année !

Pour couronner le tout, le Président et fondateur du réseau social, Mark Zuckerberg, a vu sa fortune s'effondrer de plus de 100 milliards de dollars depuis septembre 2021.

Comment Facebook en est-elle arrivé là ? À quel futur peut-on s’attendre et quelles pourraient être les conséquences ?

Meta : la chute remarquable d'un des GAFAM

Pour bien comprendre les raisons qui expliquent l’effondrement du prix des actions de Facebook, 3 facteurs peuvent être mis en avant : 

La hausse des taux d'intérêt

Le premier facteur expliquant la dérive de Meta a trait évidemment à la hausse des taux d’intérêt que l’on connaît actuellement autours de la planète.

De manière très simplifiée, un taux d’intérêt est l’équivalent du prix du temps : on parle de préférence temporelle

Autrement dit, en principe, tout le monde préfère avoir un billet de 100 euros dans sa poche aujourd’hui plutôt que dans un an. 

La condition pour accepter de ne pas recevoir ces 100 euros tout de suite, c’est d’obtenir une compensation pour le temps d’attente, disons être rémunéré 5 euros en plus. 

On en déduit donc que, dans ce cas de figure, le prix d’une année est de 5 euros pour attendre de recevoir 100 euros. Cela revient au même qu'un taux d’intérêt de 5 %, puisque 5 divisé par 100.

Prix x (1+taux d'intérêt)

100 x (1+0,05) = 105

Ainsi, pour accepter de ne pas recevoir ces 100 euros tout de suite mais dans un an, il faudra me donner 105 euros.

Si le taux d'intérêt n'est pas compensé alors c’est comme si le billet de 100 euros n’avait que 95 euros de valeur. 

Ainsi lorsque les taux d'intérêt augmentent, le prix du temps devient plus cher ce qui va nécessairement avoir des implications sur la valorisation des entreprises.

Dans le cas de Facebook si l’entreprise prévoyait de gagner 100 dans un an et que les taux d’intérêt se trouve actuellement à 2 %, cela veut dire qu'en actualisant les 100 euros de bénéfices, la valeur de l’entreprise pour dans un an est de 100 euros divisés par 1 plus 0,02, ce qui donne 98 euros.

100/(1+0,02)= 98

Maintenant, s’il s’avère que les taux remontent à par exemple 5 %, alors, même si les gains restent stables, c’est-à-dire que l’entreprise continue de prévoir un gain de 100 euros dans un an, le prix du temps a augmenté : le temps coûte plus cher qu’auparavant.

Dans cette situation, la valeur de l’entreprise passera à 95 euros, puisque 100 divisés par 1 plus 0,05.

100/(1+0,05)= 95

On voit donc que, lorsque les taux d'intérêt augmentent, la valeur boursière de la plupart des entreprises a tendance à baisser car leurs bénéfices futurs sont actualisés de manière plus agressive.

Dans cet exemple théorique, le prix de l’action passe de 98 euros à 95 euros, ce qui suppose une baisse de 3% de la valeur de l’entreprise.

Pour autant, l’entreprise Facebook n’a évidemment pas chuté de seulement 3%, raison pour laquelle il existe également un deuxième facteur expliquant ses déboires.

Vers une récession

Le deuxième facteur a trait aux perspectives d'une récession ou d'un ralentissement économique susceptible de porter atteinte aux revenus du groupe. Nous parlons plus en détail de sujet dans cet article.

En effet, bien que le nombre d’utilisateurs du réseau social continue d’augmenter, et que, globalement, les applications du groupe Meta, font parties des applications les plus téléchargées, le chiffre d’affaires de l’entreprise stagne. En plus de cela, son résultat net a chuté de 36% passant de 29 milliards de dollars à 18,5 milliards de dollars.

Le même schéma s’observe pour les trois derniers mois avec un chiffre d’affaires qui diminue de 4 % et un résultat net divisé par 2.

L’entreprise explique la chute de ces revenus par un effet de change, c’est-à-dire le fait que le dollar se soit revalorisé par rapport au reste des devises internationales.

Sans cet évènement, Meta explique que leur chiffre d’affaires aurait été de 1,79 milliards de dollars plus élevé.

Malgré tout, l’équipe de direction a également mis en avant  la faible demande publicitaire. Et il faut bien rester conscient que, 98 % des revenus de Facebook proviennent des publicités !

Cela est d’ailleurs également le cas de Google, dont les revenus publicitaires représentent environ 80 % du chiffre d’affaires et dont les actions se sont également cassées la figure compte tenu des incertitudes économiques futures.

Le Métavers en échec

Finalement, le troisième facteur est lié au développement du metavers.

Mark Zuckerberg s’est vu dans l’obligation de se réinventer, de donner un nouveau coup de boost à Facebook compte tenu de la concurrence qui fait rage, notamment avec TikTok, qui est littéralement en train de lui voler des parts de marché.

En effet, si l’on part du principe que le business model de ces différentes plateformes est de capter l’attention des utilisateurs, la concurrence est extrêmement rude puisque si un réseau social parvient à attirer l’attention d’un utilisateur alors ce même utilisateur consomme nécessairement moins de contenu du réseau social concurrent.

Il s’agit d’un business model radicalement différent de celui implémenté par les entreprises qui vendent des biens. Par exemple une personne peut consommer chez différentes entreprises en fonction de son pouvoir d’achat.

Avec les réseaux sociaux, il s’agit de consommer de notre temps d’attention. Or, notre temps est limité, tandis que notre pouvoir d’achat peut-être augmenté !

Ainsi, TikTok vole des parts de marchés de Facebook, sans compter que le réseau social de Zuckerberg devient de plus en plus un réseau pour des personnes d’un certain âge, tandis que TikTok attire des profils de consommateurs bien plus jeunes.

En ce sens, pour éviter de disparaître ou devenir un réseau social d’une faible importance, Zuckerberg a souhaité réinventer l'entreprise à travers le développement du metavers. Or, non seulement ce développement est coûteux mais en plus, il est particulièrement incertain

Ainsi, si comme vu précédemment, le résultat net, de Facebook sur les neuf premiers mois de l'année ont chuté par rapport à l’année dernière, c’est précisément parce que les dépenses ont augmenté !

Comme on peut le voir, les dépenses de recherche et développement se sont envolées de 49 et 45% sur les trois et 9 derniers mois de l’année, respectivement.

Or, ces dépenses, démontre à quel point Facebook a plus que jamais besoin de se réinventer, d’autant plus que, pour le moment, le metaverse ne rapporte aucun bénéfice.

Tout cela vient chambouler complètement le business model originel du réseau dont les sources de revenus étaient jusqu’à présent plutôt stables et prévisibles.

Les différents profils d'investisseurs

S’il est vrai que Mark Zuckerberg n’a pas d’autres choix que de prendre des risques en développant de nouvelles solutions, il ne faut pas oublier qu’il a réalisé un paris qui pourrait lui coûter extrêmement cher !

En effet, il est en train de mélanger au sein d’une même entreprise des profils d’investisseurs totalement différents.

Tous les investisseurs actionnaires de Meta n'ont pas nécessairement la même tolérance au risque : certains sont des investisseurs plutôt conservateurs, c'est-à-dire ils achètent des actions d’entreprises solides, “garantissant” une performance régulière sans prendre trop de risques. D’autres sont des investisseurs téméraires qui parient sur des entreprises naissantes, qui ont besoin de faire leurs preuves.

Et, évidemment, ces deux profils de risque n’ont strictement rien à voir et donc, en principe, ils n’ont aucune raison d’acheter les mêmes actions. Or, avec ce qu’a fait le CEO de Facebook, des actionnaires qui, à la base, sont censés être plutôt conservateurs et avoir un profil prudent, se retrouvent à investir dans une quasi startup

En effet, jusqu’à présent Facebook a généré énormément d’argent et en plus le groupe avait choisi stratégiquement de ne pas verser de dividendes et préférait utiliser une partie de cet argent dans le rachat de ses propres actions.

C’est donc pour cette raison que jusqu’en mars de cette année, Meta possédait près de 40 milliards de dollars dans ses caisses.

Sauf que tout à coup, le CEO de Facebook s’est mis à procéder à un virage à 180 degrés chamboulant totalement le profil de la société qui devient littéralement une startup.

Désormais, Meta n’est plus une entreprise dédiée à toucher des revenus d’annonceurs pour accroître ses bénéfices et donc ceux des actionnaires, mais plutôt une entreprise qui va utiliser une grande partie de ses bénéfices pour développer un projet dont l’issue est incertaine.

D’ailleurs, depuis le début de l’année, le groupe a déjà cramé plus de 10 milliards de dollars, soit un quart de sa trésorerie !

Ainsi, les anciens actionnaires généralement conservateurs, ne souhaitant pas nécessairement prendre autant de risque, se mettent à liquider leurs positions.

Cela ne veut évidemment pas dire que Mark Zuckerberg n'aurait pas dû faire ce pari. Il s’agit là d’une autre question, simplement qu’il aurait probablement été plus intelligent de faire ce que l’on appelle un “spin-off”, c’est-à-dire créer une nouvelle entité issue et séparée d'une entreprise plus grande, dédiée au développement d'une activité nouvelle et innovante.

Cela aurait permis de développer le metavers, sans mélanger les activités qui n’ont strictement rien à voir.

Pour terminer, d’après ce que l’on vient de voir, on en déduit donc que la valeur de toute entreprise, au-delà de ses fluctuations de prix quotidiennes s’explique par 3 éléments :

  1. L’évolution des taux d’intérêt (et qui aujourd’hui augmentent)
  2. Les bénéfices futurs espérés d’une entreprise (qui sont en chute pour le cas de Méta)
  3. La durée d’attente avant la matérialisation des bénéfices qui rajoute en plus une part d’incertitude (dans le cas de meta elle se rallonge encore plus compte tenu du développement du metaverse)

En finance on dit  que la valeur d’une entreprise est équivalente à la somme actualisée de ses flux de revenus futurs. Autrement dit, une action vaut donc ce que nous espérons qu’une entreprise gagnera sous forme de bénéfices à long terme en actualisant ses bénéfices futurs attendus au taux d'intérêt actuel sur le marché.

Ainsi, si les investisseurs s’attendent à ce que les bénéfices futurs d’une entreprise chutent et/ou que les taux d’intérêt montent et/ou que les bénéfices ne se matérialisent qu’au bout de nombreuses années, alors, on observera une baisse de la valeur de l’entreprise.

On parle d’ailleurs de DCF ou Discounted Cash Flow pour se référer à cette méthode d’évaluation et elle est généralement représentée au travers de la formule suivante : Va = Cf/(1+î )^t

Au vu de la formule, on en déduit donc que, plus les bénéfices futurs sont élevés, plus les taux d’intérêt sont bas et plus les bénéfices se matérialisent rapidement, mieux ce sera pour l’entreprise.

Si on reprend la formule précédente :

 Va = Cf/(1+î)^t

Si on remplace les lettres et que l'on prend un taux d'intérêt de 2 à 5 %, pour un bénéfice de 100 euros, et que les bénéfices ne se matérialisent non pas au bout d’un an mais au bout de 10 ans, alors, le cours de l’action ne serait non plus de 95 euros, mais de 61 euros.

Cela signifie que la valeur de l’entreprise chute non plus de 3% comme vu précédemment, mais de 38%.

En général, donc, des taux d'intérêt élevés contribuent à faire baisser les prix des actions en appliquant une actualisation plus forte sur les bénéfices futurs. Plus ces bénéfices futurs espérés sont situés dans une période de temps lointaine, plus la formule d’actualisation impactera à la baisse la valeur des actions.

La Réserve Fédérale Américaine au bord de la faillite | INFLATION

C’est officiel ! Pour la première fois, la Réserve Fédérale Américaine enregistre des pertes d'exploitation d’un montant sans précédent, alors que les taux d'intérêt s'envolent et que la demande d'obligations américaines s'effondre.

Pour se faire une idée, les dernières données publiées par la FED, montrent que la Banque Centrale Américaine a enregistré des pertes dues au Trésor Américain pour un montant de plus de 4 milliards de dollars.

Cette tournure des événements est donc particulièrement brutale mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle n’est pas inattendue, notamment pour une banque centrale qui, durant une décennie, a gagné des milliards de dollars au travers de l’expansion de son bilan après la mise en place du Quantitative Easing (QE) à partir de 2008.

Cela met en évidence le changement radical de l'environnement économique et pourrait créer une situation de tension à un moment même où la FED se trouve déjà sous pression en resserrant sa politique monétaire afin de réduire l'inflation.

Autrement dit, en l’état actuel des choses, la Banque Centrale Américaine gagne moins d’argent sur ses actifs, c’est-à-dire ses investissements, qu'elle n’en dépense sur ses passifs, c’est-à-dire ses dettes.

Une des manières de résoudre ce problème serait donc de ralentir la hausse des taux car, dans le cas contraire, nous assisterions à une situation où la Réserve Fédérale Américaine commencerait réellement à imprimer de l'argent sans aucune contrepartie. Elle ferait donc tourner la fameuse planche à billets. 

Qu’est-il en train de se passer et pourquoi la planche à billets deviendrait une réalité ?

Les Banques Centrales peuvent-elles faire faillite et quelles seraient les conséquences sur le système économique et financier ?

Les Banques Centrales sont-elles au bord de la faillite ?

Pour bien comprendre ce qu’il se passe actuellement, il convient de bien dissocier le stock, c’est-à-dire le patrimoine d’une part et, des flux, c’est-à-dire les revenus de l’autre.

  1. Le stock/ le patrimoine

Le marché obligataire connaît actuellement une période particulièrement mouvementée et probablement une de ses pires années de l’histoire !

Or dans le même temps, aucune institution ne détient autant d'obligations que les banques centrales et notamment les banques centrales américaines, européennes ou encore japonaises, qui ont amassé un portefeuille de titres d'une valeur supérieure à 30.000 milliards de dollars au cours de la dernière décennie.

En finance, l’on dit qu’il existe une relation particulièrement étroite entre d’une part les taux d’intérêt et d’autre part le prix des obligations. Concrètement, lorsque les taux d’intérêt baissent, le prix des obligations montent et, inversement, lorsque les taux montent, comme cela est le cas actuellement, alors le prix des obligations baisse.

C’est la raison pour laquelle on assiste à des chutes brutales du montant des bilans des principales banques centrales comme on peut le voir dans cette analyse.

En effet, cette situation se manifeste au travers de deux phénomènes, que sont, d’une part un effet volume et d’autre part un effet prix.

La hausse des taux actuelle que nous connaissons à donc un effet sur les bilans des banques centrales et notamment sur celui de la FED, c’est-à-dire sur ce que l’on appelle leur stock ou plus simplement leur patrimoine.

Ainsi, la valeur de marché du portefeuille de la Réserve fédérale est inférieure au coût d’acquisition des actifs

Et attention! C’est là qu’il y a une petite subtilité à connaître !

La Réserve Fédérale utilise ses propres règles comptables !

Celle-ci comptabilise, entre autres, les titres qu’elle a acheté, dont notamment les dettes d’États, en amortized cost, c’est-à-dire en coût amorti, plutôt qu'à la fair value, c’est-à-dire la juste valeur/la valeur de marché.

Cela signifie que les gains et les pertes induites par les appréciations ou dépréciations des obligations sur les marchés font monter ou descendre le prix des obligations. Ces dernières sont comptabilisées seulement lorsqu’elles sont vendues

Ce principe comptable permet donc d’enjoliver le bilan de la FED. Dans le cas contraire, la FED devrait enregistrer de nombreuses pertes latentes et cela réduirait sa capacité à resserrer sa politique monétaire en réduisant son bilan.

Ce n’est qu’en fouillant les documents comptables, dans une note de bas de pages qu’il est possible d’observer les pertes latentes.

On peut noter que la FED a enregistré près de 720 milliards de dollars de pertes non réalisées à la fin du deuxième trimestre. On remarque aussi que tandis que le portefeuille est de 8.763 milliards de dollars en “coût amorti”, il n’est plus que de 8.043 milliards de dollars en valeur de marché, une fois les pertes enregistrées !

Cela est d’autant plus surprenant que si l'on considère que le capital total de la Réserve fédérale est de 41 milliards de dollars, les pertes non réalisées du portefeuille de la FED sont suffisamment importantes pour anéantir son capital plus de 17 fois !

Mais, ce n’est pas tout ! En 2011, la Réserve Fédérale a modifié ses règles comptables afin qu'elle ne puisse plus déclarer de réduction de capital, ce qui signifie que, officiellement, elle ne peut pas faire faillite

Au lieu de cela, la banque centrale enregistre la perte comme un élément comptable négatif, connu sous le nom d'actif différé, qu'elle devra ensuite compenser par des bénéfices futurs

Toutes ces manœuvres ne peuvent effacer les faits: la valeur marchande du portefeuille de la FED est nettement inférieure à son coût d'acquisition, ce qui est susceptible de porter atteinte à la crédibilité de l’institution américaine.

  1. L’approche par les flux: qu’en est-il des revenus

En effet, il faut savoir que la Réserve Fédérale, tout comme la BCE, a augmenté ses taux d’intérêt, se trouvant désormais à 3,25 pour cent. 

Or, il faut savoir qu’il n’existe non pas un mais trois taux d’intérêt dont notamment l’IORB rate, acronyme anglais de Interest Rate on Reserve Balances ou taux d'intérêt sur les soldes de réserve en français qui lui, se trouve actuellement à 3,15%

Ce qu’il faut savoir, c’est que les banques détiennent en quelque sorte des comptes bancaires auprès de la banque centrale. 

C’est un petit peu comme nous citoyens qui possédons des comptes bancaires auprès des banques, à l’exception près que, dans ce cas de figure, seules certaines banques et institutions financières ont le droit de détenir des comptes auprès de la Réserve Fédérale et les citoyens en sont exclus : on parle de réserves ou de monnaie de banque centrale.

Ainsi, cet “Interest Rate on Reserve Balances” est un taux d'intérêt que la Réserve Fédérale Américaine paie sur les comptes que les banques détiennent auprès de la banque centrale. 

On comprend donc que, aujourd’hui, la FED doit régulièrement payer les banques pour l’argent qu’elle n’utilise pas, mécanisme dont la vocation est d’inciter les banques à ne pas octroyer trop de crédit. 

Durant la dernière décennie de politique monétaire accommodante au travers de l’assouplissement quantitatif, les banques centrales ont accumulé d’énormes stocks de dettes d'État : ce que l’on appelle les obligations d’États.

Ainsi, en agissant de la sorte et, contrairement à la croyance populaire, les banques centrales n’ont non pas fait tourner la planche à billets, mais fait chuter les taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas. 

Aujourd’hui, on se retrouve donc dans une situation où, les banques centrales, et notamment la FED et la BCE, se retrouvent à devoir payer des intérêts élevés sur les réserves que les banques possèdent dans les comptes des banques centrales. 

En revanche, dans le mêmes temps, parce que les banques centrales ont fait chuter les taux d’intérêt, les intérêts qu’elles perçoivent elles-mêmes de leur stock d’obligation sont extrêmement faibles.

Or, pour procéder au paiement de ses dettes, c’est-à-dire notamment les intérêts qu’elle doit majoritairement aux banques ayant des réserves, elle utilise traditionnellement l’argent qu’elle perçoit comme revenus. Cet argent provient de ses actifs majoritairement constitués d’obligations d’États !

Et c’est précisément à partir de ce moment que les problèmes arrivent puisque la Banque Centrale Américaine gagne moins d’argent sur ses actifs (ses investissements) qu'elle n’en dépense sur ses passifs (ses dettes).

En outre, les obligations achetées par la FED ont une échéance longue et la plupart de ces obligations ont été achetées lorsque les rendements étaient très bas, c’est-à-dire en 2020 et 2021. 

À titre d’exemple, sur les plus de 5,6 milles milliards de dollars d’obligations américaines détenues par la Réserve Fédérale, plus de 2,4 milles milliards de dollars, ont une échéance supérieure à 5 ans.

Dans le même temps, les réserves des banques auprès de la FED ont une échéance allant de seulement 1 jour à 1 semaine et cette dernière doit leur verser du 3,15% !

Il est donc on ne peut plus clair qu'il faudra beaucoup de temps pour que les revenus issus des actifs puissent coïncider avec les dépenses.

En ce sens, en fonction de l'ampleur des hausses des banques centrales au cours de cette fin d’année 2022 et durant l’année 2023, nous pourrions assister à un retour à la normale au fur et à mesure que les flux des actifs coïncident avec les flux des passifs.

En revanche, si les taux venaient à augmenter encore plus rapidement, la situation pourrait très vite empirer.

Un désastre monétaire inévitable: inflation, récession et solutions

Compte tenu de ce que l’on vient de voir, plusieurs questions peuvent se poser :

A) Il existe 3 solutions :

Elle pourrait, soit ralentir le rythme des hausses de taux voire stopper les hausses, soit diminuer la rémunération des réserves que les banques déposent auprès de l’institution voire carrément l’annuler, soit espérer que la récession frappe rapidement et parier pour l'efficacité des mesures prises actuellement afin de faire baisser rapidement l’inflation et ainsi pouvoir à nouveau retourner dans un environnement accommodant.

  1. Le ralentissement des hausses de taux

Si la FED opte pour le ralentissement ou l’arrêt des hausses de taux, elle pourrait parvenir à rééquilibrer les flux de revenus avec les flux de dépenses.

Le problème c’est que, dans un tel cas de figure, cela irait à l’encontre même de l’objectif poursuivi qui est de lutter contre l’inflation au travers du resserrement de la politique monétaire.

  1. Réduction/annulation de la rémunération des banques

Si la FED opte pour la réduction voire l’annulation de la rémunération des réserves, les banques commenceraient à chercher un rendement plus élevé, notamment dans les obligations d’États, entraînant une nouvelle baisse des taux d’intérêt menant au problème précédent.

La raison pour laquelle la FED paie les réserves c’est pour éviter de faire chuter les rendements et améliorer la transmission de sa politique monétaire pour lutter contre l’inflation.

  1. Récession ou inflation? 

Finalement, si la récession frappe, ce qui est le cas actuellement, alors il est probable que l’inflation chute et donc la politique monétaire “se normalise”.

En revanche, dans le cas contraire et si malgré la récession, l’inflation ne baissait pas ou peu, obligeant la FED a poursuivre le resserrement de sa politique monétaire, nous assisterions à une situation provoquant différentes conséquences.

B) Les conséquences 

Il convient de rappeler que les banques centrales sont des institutions assez uniques et elles peuvent, créer de l'argent en illimité et donc ne pas faire faillite.

  1. La planche à billets tourne 

En cas des pertes enregistrées par la Banque Centrale sur une période relativement longue, on arriverait dans une situation atypique où les fonds propres, c’est-à-dire le capital de l’entité, tomberaient en territoire négatif.  

En d’autres termes et pour faire simple, la Réserve Fédérale commencerait à réellement imprimer de l'argent “magique”, c’est-à-dire la planche à billets.

Dans un tel cas de figure, au sens strict du terme, il s’agirait effectivement de planche à billets puisque les pertes de la Banque Centrale seraient financées sans contrepartie.

Il est vrai que ces pertes pourraient être récupérées, mais rien n’est sûr et dans un futur inconnu qui peut s’étaler sur plusieurs décennies selon l’ampleur du choc.

  1. Conséquences d’ordre politique 

Une autre conséquence serait d’ordre politique !

Il faut savoir qu’en temps normal, lorsque la Réserve Fédérale engrange des profits, ces derniers sont reversés au gouvernement américain

Ces transferts permettent donc à l’État de réduire son déficit et donc son endettement. 

Certains élus pourraient donc être amenés à se demander pourquoi, à un moment où la FED a reconnu que sa campagne de hausse des taux mettra certains américains au chômage et causera des difficultés économiques, la Banque Centrale continue de payer des intérêts aux banques, afin d’éviter que cet argent ne circule au sein de l’économie.

  1. La crédibilité de la banque centrale 

Finalement, il faut bien rester conscient que la capacité d’une banque centrale à opérer normalement n’est valable que si elle reste crédible aux yeux des marchés financiers et du système bancaire. 

On peut donc imaginer un scénario où, la situation de fonds propres négatifs se prolongeant dans le temps, leur niveau limiterait la rentabilité à long terme de la banque centrale et deviendrait insuffisant pour compenser les dépenses courantes. Un tel cas de figure obligerait la banque centrale à créer de la monnaie pour couvrir ses dépenses, ce qui affecterait la conduite et le contrôle de sa politique monétaire.

Une solution serait donc que le gouvernement recapitalise l’entité

Un endettement accru du gouvernement serait donc constaté puisque :

En termes de conséquences politiques, cela pourrait exacerber le poids de l’État au travers de ce que l’on appelle la “fiscale dominance” et donc l’étatisation de la société !

Tout cela, dans une des pire situation de récession et d’inflation élevée !

On peut donc conclure que, s’il est vrai que, techniquement parlant, une banque centrale ne peut pas faire faillite, la monnaie elle, le peut.

Or, le principal produit que gère une banque centrale est précisément la monnaie et elle a pour vocation de veiller à sa stabilité.

La loi de Gresham nous indique que “la mauvaise monnaie chasse la bonne”. Autrement dit, dans les situations de forte inflation, les agents fuient devant la monnaie légale au profit de monnaies étrangères ou de biens réels ne faisant qu’accroître la hausse des prix.

Les risques de défiance vis-à-vis des banques centrales et des monnaies sont donc clairement des signes mettant en exergue leur faillite à mener à bien leur mission. C’est d’ailleurs précisément pour cette raison que les partisans de la MMT, de la création monétaire sans contrepartie, c’est-à-dire la planche à billets, ou encore de l’annulation des dettes publiques, conscients de ce risque, optent en ultime recours au contrôle et à la restriction des capitaux et/ou à l’instauration d’une monnaie mondiale.

Une manière de mieux voler les citoyens dans un élan d’hypocrisie et de démagogie afin d’occulter leur penchant totalitaire. Car comme on le dit si bien, l’enfer est pavé de bonnes intentions … Comment se protéger et comment gagner de l'argent en ces temps difficiles? Nous vous conseillons de lire notre dernier article dans lequel nous vous dévoilons 4 façons de gagner de l'argent.