fbpx

La crise de 1907, également connue sous le nom de la panique de Knickerbocker, marque le début des grandes crises économiques du 20ème siècle. Cette période tumultueuse, ancrée dans les rouages des systèmes politiques, financiers, sociaux et humains, résonne encore aujourd'hui. À travers cette vidéo, nous plongeons dans les méandres de cette crise mythique pour comprendre ses origines, ses déclencheurs et son impact sur l'histoire économique américaine.

Trusts et Sherman Antitrust Act:

Avant de plonger dans les événements de 1907, il est crucial de comprendre le rôle des trusts et du Sherman Antitrust Act de 1890. Les trusts, coalitions d'entreprises visant à établir des monopoles, étaient monnaie courante au début du 20ème siècle. Le Sherman Antitrust Act avait pour objectif d'entraver ces regroupements afin de préserver la compétitivité. L'arrivée de Theodore Roosevelt au pouvoir a marqué le début de la "trust busting," conduisant à la dissolution de la Northern Securities Company et à la poursuite de 45 trusts en vertu de cette loi.

Tremblement de terre de San Francisco :

Un premier déclencheur majeur de la crise de 1907 fut le séisme dévastateur de San Francisco en 1906. Les conséquences de ce tremblement de terre, couplées à des incendies massifs, ont entraîné une demande massive d'indemnisations, attirant des capitaux du Royaume-Uni et d'Europe. La Banque d'Angleterre, pour protéger ses réserves, a augmenté ses taux d'intérêt, perturbant les flux internationaux.

Les Frères Heinze et la United Copper :

Un autre élément clé de la crise réside dans les activités des frères Heinze et leur entreprise, la United Copper Company. La spéculation excessive et la tentative de manipulation des cours ont conduit à un effondrement du marché boursier. L'interconnexion entre les institutions financières, les trusts, et la réaction en chaîne ont amplifié la panique, entraînant des retraits massifs des banques.

Création de la Réserve fédérale :

La crise de 1907 a eu des conséquences dévastatrices, mais elle a également été le catalyseur de changements significatifs. La création de la Réserve fédérale américaine en 1913, sous l'influence de JP Morgan et Benjamin Strong, a marqué une réponse institutionnelle pour éviter de futures crises. Cette vidéo explore les leçons tirées de cette période tourmentée de l'histoire économique américaine.

Conclusion :

La crise de 1907 demeure une étude de cas essentielle pour comprendre les intrications du système financier et économique. Les erreurs du passé nous rappellent l'importance de régulations adéquates et de mécanismes de contrôle. En analysant ces événements, nous sommes mieux équipés pour anticiper et atténuer les crises futures. Ne sous-estimons jamais le pouvoir d'apprendre de notre histoire économique.

Dans l'ombre de la nuit du 4 au 5 février 2016, une opération complexe et méticuleusement planifiée visait à dérober 951 millions de dollars, soit environ 5% des réserves de change du Bangladesh. Cette tentative de vol soulève des questions cruciales sur la fiabilité du système financier mondial, sa résilience face aux menaces modernes, et les implications que de tels incidents peuvent avoir sur la confiance qui le sous-tend.

Le Contexte de la Chronologie :

La compréhension des événements qui ont conduit à ce vol massif a demandé des années d'investigations et d'analyses cybernétiques. Il est essentiel de noter que les acteurs impliqués ne disposaient pas à l'époque des informations dont nous disposons aujourd'hui. Revenons sur les détails de cette saga, qui met en lumière la sophistication des attaques dans l'ère numérique.

Les Coulisses d'une Transaction Bancaire : Pour appréhender le vol, il est nécessaire de comprendre le fonctionnement d'une transaction bancaire. Une transaction interbancaire repose sur des éléments clés tels que l'initiateur d'ordre, le compte débiteur, le compte créditeur, et le moyen de communication. Dans ce cas, la plateforme cruciale était la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT).

Le Rôle Crucial de SWIFT :

SWIFT, une plateforme mondiale de messagerie interbancaire, relie plus de 11 000 organisations financières dans plus de 200 pays. Bien que souvent confondu avec un réseau de paiement, SWIFT se concentre sur le transfert d'informations. Cette distinction a joué un rôle clé dans le déroulement du vol.

L'Infiltration Discrète : Les pirates ont contourné les défenses de SWIFT en adoptant une approche subtile. À travers des mois d'infiltration, ils ont compromis les ordinateurs de la banque centrale, passant inaperçus jusqu'à atteindre l'ordinateur clé gérant les transactions SWIFT.

Le Jeu des Différences Culturelles et Temporelles : Le vol s'est déroulé sur cinq jours en exploitant habilement les différences culturelles, les fuseaux horaires, et même les jours fériés. Les pirates ont orchestré leurs opérations avec minutie, réalisant des transactions, recevant les fonds, et retirant les sommes avec une précision déconcertante.

L'Échec et les Conséquences :

Malgré leur sophistication, tous les plans des pirates n'ont pas abouti. Une faute d'orthographe dans le nom d'une organisation bénéficiaire a éveillé les soupçons, entraînant le blocage d'une partie des fonds. Cependant, 66 millions de dollars restent irrécupérables à ce jour.

Le Réveil du Système Financier Mondial : Ce vol pose des questions fondamentales sur la fiabilité du système financier mondial, construit sur la confiance. L'attaque ne fut pas seulement contre le Bangladesh mais une menace pour l'intégrité globale du système financier. La nécessité d'une adaptation continue et d'une résilience devient impérative pour préserver cette confiance.

La saga du vol de 951 millions de dollars est bien plus qu'un récit d'intrigues financières. Elle met en lumière les failles potentielles d'un système financier mondial et souligne l'importance de l'adaptabilité et de la sécurité dans un monde numérique en constante évolution. Face à de tels défis, la confiance dans le système financier exige une vigilance permanente et une volonté d'innovation pour garantir son intégrité.

Bien que sa création soit souvent attribuée à une loi signée par le président Woodrow Wilson, les mystères entourant la naissance de LA Banque Centrale la plus puissante au monde : la Réserve Fédérale Américaine, révèlent une tout autre réalité. 

À une époque où l'idée même d'une banque centrale était accueillie avec méfiance par le peuple américain, cette institution monétaire centrale a censée être conçue pour atténuer les crises financières, a finalement exacerbé les problèmes qu'elle était censée résoudre.

Forcément, cela a donné lieu à tout un tas de théories parfois farfelus, notamment concernant sa nature, sa prétendue propriété privée ainsi que son rôle au sein du gouvernement. 

Qu’en est-il concrètement ? Quelles sont les idées préconçues sur la Réserve fédérale, quelles sont les ramifications de son influence sur l'économie américaine et mondiale et l’institution est-elle réellement un organisme privé ?

Les Seigneurs qui contrôlent notre argent

Bonjour à toute la communauté et bienvenue pour une nouvelle vidéo, je suis Mathieu de la chaîne Libre&Riche !

Bien que son acte fondateur indique qu’elle a été créée par une loi du 23 décembre 1913 , et promulguée par le président Woodrow Wilson, en réalité, il existe une histoire secrète, concernant la Réserve fédérale et les mystères entourant sa naissance. 

Si aujourd’hui, il est communément admis, bien malheureusement soit dit en passant, qu’une entité monétaire centrale, telle qu’une banque centrale, est quelque chose de normal, si ce n’est d’indispensable, il faut savoir qu’à l’époque, les hommes d'affaires, les entreprises et même le peuple américain lui-même, depuis leur indépendance, ont été réticents à créer des organisations qui servent à renforcer le pouvoir central et notamment celui de l’État.

L'existence d'une banque centrale intervenant afin de réguler les opérations monétaires faisait donc partie du lot des rejets fermes de ceux qui défendaient avec acharnement les principes fédéraux qui ont donné naissance à la nation.

En fait, les États-Unis avaient déjà connu deux précédentes tentatives de création d'une banque centrale. La première d’entre elle eu lieu pendant la présidence de George Washington, en 1791, et malgré la farouche opposition de Thomas Jefferson, la banque a duré 20 ans.

La deuxième tentative fut révoquée par Andrew Jackson qui, en 1836, démantela la banque centrale et mit fin aux aspirations d'avoir une entité qui réglementerait les opérations financières.

Ainsi, les États-Unis étaient particulièrement méfiants vis-à-vis des organisations aux mains du pouvoir central.

Pendant près de 80 ans, le pays de l’oncle Sam s’est retrouvé sans banque centrale, mais les premières années du vingtième siècle ont été marquées par de profondes crises financières, en particulier une grave en 1907.

À partir de cet instant, certains Américains sont devenus persuadés que le pays avait besoin d'une sorte de réforme bancaire et monétaire qui, lorsqu’il serait menacé par des paniques financières, fournirait une bouée de secours afin de sauver l’économie de la récession.

Mais bien sûr, la méfiance des banquiers et des hommes d'affaires devait être vaincue. C'est ainsi que l'histoire secrète de la Réserve fédérale a commencé à se tisser.

Notre histoire commence en 1910. Par une froide journée de décembre, le sénateur Nelson Aldrich, accompagné de six autres personnes, monte dans un wagon de train à New York à destination de Jekyll Island, au large de la Géorgie.

L’excuse était une journée de chasse et toutes les précautions avaient été prises pour éviter d'être repéré par les journalistes, et pour cause. Parmi les six hommes que Nelson Aldrich a rassemblé figuraient des dirigeants de banques, des fonctionnaires et certaines des personnes les plus riches de la planète à l'époque.

À leur arrivée sur l'île, ils ont tenu une réunion de neuf jours qui portait sur rien de moins que la création de la Réserve fédérale américaine dont l’acte fondateur verra le jour le 23 décembre 1913, c’est-à-dire, il y a de cela, bientôt pile 110 ans.

Pourtant, si la FED fut supposément créée pour mettre un terme aux paniques financières, non seulement, elle ne les a pas empêchés, mais, en plus, durant les 80 années précédant sa création, le système bancaire américain avait fonctionné sans recourir à aucun prêteur en dernier ressort, privilégié par l'État.

Cela ne veut pas dire que les institutions financières du pays n'avaient pas connu de crises, mais la plupart de ces crises résultaient de réglementations gouvernementales. 

Par exemple, certaines de ses réglementations visaient à interdire aux banques d’être présentes dans plusieurs États, ce qui les empêchait de diversifier territorialement leur portefeuille d'investissements.

De même, les banques ne pouvaient émettre que des billets en acquérant simultanément des dettes d'État ou fédérales, une restriction qui leur liait les mains pour satisfaire la demande de liquidité de leurs clients et les condamnait à des paniques récurrentes de méfiance.

Cependant, toutes les paniques, y compris la célèbre de 1907, ont été résolues sans qu'aucune intervention d’une quelconque entité centrale ne soit nécessaire.

Ce sont les banquiers eux-mêmes qui étaient chargés de liquider les entités insolvables et de refinancer les autres qui, étant solvables, se trouvaient en situation d'illiquidité.

De cette manière, les entités qui privatisaient les gains, privatisaient également les pertes et assumaient leurs propres responsabilités, à la différence du système actuel où ce sont les citoyens qui finissent par payer pour les erreurs des autres, système dans lequel les gains sont privatisés et les pertes sont socialisées.

Grâce à cela, et malgré l'influence désastreuse des réglementations, les crises économiques antérieures à la FED ont eu une durée moyenne plus courte que celle d'aujourd'hui et les reprises se sont déclenchées avec plus d'intensité.

Évidemment, les banquiers préféraient que le coût du renflouement de leurs pairs imprudents ne leur incombe pas, et qu’il s’agisse plutôt de la société dans son ensemble qui paient les pots cassés.

C'est ainsi que des pressions politiques et des conspirations dans l'ombre ont fini par donner lieu, il y a maintenant plus d’un siècle, à la Réserve fédérale, c'est-à-dire un monopole d'État sur la création d’une monnaie de cours forcé dont le but, on ne peut plus explicite, est de refinancer ces entités financières, qui ont été irresponsables, de ne pas honorer leurs engagements à court terme. 

Si, au cours de ses premiers jours de vie, la FED était plutôt  bien gérée, en l’espace de quelques années seulement, la gouvernance de l’institution centrale fut de plus en plus négligente.

En effet, la FED, qui n’acceptait de venir en aide qu’aux institutions les mieux gérées et avec de solides garanties, s’est mise à concéder des prêts en contrepartie d’un large éventails d’actifs, parfois de moins bonne qualité, notamment dans le but d'inclure de la dette publique à long terme et de faciliter le financement bon marché du Trésor.

Les banques se frottent les mains : elles jouissent enfin d'une offre de crédit garantie et suffisamment élastique pour multiplier allègrement et imprudemment leurs investissements.

Les graines d’un désastre furent semées, et en à peine moins de deux décennies après sa création, la plus grande crise économique de l'histoire frappa les États-Unis. Ainsi, le monopole d'État, créé sous prétexte de stabilisation du système financier du pays, a tout simplement conduit à une faillite complète du système grâce à la folle expansion du crédit qu'il avait lui-même encouragé des années auparavant.

Ainsi, si un tel échec aurait mené à une conclusion radicale au cours du dix-neuvième siècle, c’est-à-dire la fermeture de la Réserve Fédérale, c’est tout le contraire qui fut suivi. Après la Grande Dépression, les élites politiques et bancaires ont continué à s'unir pour continuer à accroître les pouvoirs de cette institution, au point de l'avoir érigée de facto en banque centrale de la planète entière et de l'avoir libérée de son obligation de conversion en or des billets et des dépôts, de manière définitive, notamment après le 15 août 1971 et la fin du système de Bretton Woods.

Une fuite en avant permanente qui nous a conduit par la suite à plusieurs grandes catastrophes macroéconomiques dont, notamment, la stagflation des années 70 ou de la crise de 2008 ou encore la crise inflationniste actuelle, toutes trois alimentées par l’intervention des banques centrales.

En bref : illiquidité bancaire, surendettement public et privé, dépréciation des monnaies, volatilité extrême des taux d'intérêt et, pour couronner le tout, allongement de la durée et de l'intensité des crises économiques.

La FED : entité publique ou privée ?

Arrivé à ce stade, il est fréquent d’entendre que les deux principales banques centrales autour de la planète, que sont la réserve fédérale américaine et la banque centrale européenne, sont privées et donc, qu’un groupe de personnes influentes profiteraient de leur pouvoir en tirer des bénéfices dans l’ombre. 

Ces considérations alimentent ainsi le discours démagogique de nombreux étatistes qui se plaisent à imputer au marché, à la déréglementation et à la liberté des mouvements des capitaux les désastres que nous subissons actuellement. 

Si le marché est mauvais et l'État est bon, si nous avons besoin de plus d'État et moins de marché, si le monde de la finance, et même nos vies, sont dirigés par des groupes et des entreprises privées malveillantes, comment se fait-il que les crises, tant du côté des États-Unis qu'en Europe, soient de la responsabilité de certaines entités qui sont des monopoles publics ?

L’échappatoire trouvée par certains afin de garder intacts leurs préjugés réside dans le fait que la Réserve fédérale américaine, la banque centrale par excellence, est en fait une entité privée. De cette façon, les désastres qui saccagent l’économie sont non pas de la responsabilité des États, mais des hommes d'affaires avides qui contrôlent la FED pour leur propre bénéfice.

Du coup, qu’en est-il concrètement ?

Le fait que, certains indicateurs semblent, en effet, suggérer, voire corroborer, la nature privée de la Réserve Fédérale Américaine. 

En effet, non seulement la FED est formellement indépendante du gouvernement, mais, en plus, la propriété de l’institution monétaire centrale est bien aux 12 banques régionales de la Réserve fédérale, dont les actionnaires sont toutes les banques privées qui sont membres du système de financement de la Fed.

Il faut savoir qu’environ 40 pour cent de toutes les banques américaines sont des banques membres et, par conséquent, des actionnaires de la Réserve Fédérale.

En bref, dans la mesure où la propriété de la FED est privée et sa gestion est indépendante du gouvernement, nous n’avons pas besoin d’arguments supplémentaire pour conclure qu'il s'agit bien d'une banque privée.

Eh bien, en réalité, pas vraiment…

Si l'on souhaite approfondir le sujet et éviter les analyses superficielles, il est indispensable d’étudier trois caractéristiques fondamentales qui régissent la FED que sont la genèse de ses statuts, la sélection de son équipe dirigeante et la nature de son capital social.

1° Concernant la première caractéristique, on sait que toutes les sociétés privées sont régies par des statuts approuvés en assemblée générale des actionnaires dans la limites fixée par la loi. Dans le cas de la réserve fédérale, ce n’est pas tant que ses statuts seraient liés à une réglementation d'État, mais plutôt qu’il s’agit précisément d’une réglementation d'État à part entière, et plus particulièrement la Federal Reserve Act. 

Autrement dit, ce ne sont pas les actionnaires qui s'accordent sur le règlement et les modalités de fonctionnement de l'entreprise, mais plutôt l'État qui contrôle l'ensemble de son fonctionnement. 

Il est donc assez loufoque de qualifier de “propriétaires” des individus qui n'ont strictement aucune capacité à déterminer les modalités d’organisation de leur entreprise. Or, pour pouvoir orienter une institution comme bon nous semble, encore faut-il avoir un pouvoir décisionnel sur celle-ci, ce qui n’est pas le cas des actionnaires de la réserve fédérale.

2° La deuxième caractéristique se trouve dans la sélection de l'équipe dirigeante. Le Conseil des gouverneurs de la Fed, qui est l'organe qui fixe le ratio de réserves obligatoires, les taux directeurs, qui supervise le système bancaire du pays de manière générale et qui établit les réglementations financières les plus diverses, est nommé dans son intégralité par le Président des États-Unis et confirmé par le Sénat. 

Ainsi, c’est le Président des États-Unis, en collaboration avec le Sénat, qui nomme le conseil des gouverneurs, qui contrôle tous les rouages ​​de la politique monétaire de la banque centrale.

Une nouvelle fois, il est difficile d’appeler “entreprise privée” une entité au sein de laquelle aucun des actionnaires n’a le pouvoir de remplacer les administrateurs et de décider de la politique suivie par l'entreprise.

On comprend donc que, le fait que la FED soit indépendante du gouvernement, n’enlève rien au fait que le Conseil des gouverneurs de la Fed, soit nommé par le Président américain. Les dirigeants sont donc nommés par des hommes politiques et non par leurs actionnaires présumés. 

D’ailleurs, comme le reconnaît la FED elle-même sur son site internet :

“Certains observateurs considèrent à tort que la Réserve fédérale est une entité privée parce que les Reserve Banks sont organisées de la même manière que des sociétés privées [...] Les banques commerciales membres du système de la réserve fédérale détiennent des actions dans la Reserve Bank de leur district. Cependant, posséder des actions de la Reserve Bank est assez différent de posséder des actions dans une société privée. Les Reserve Banks ne sont pas exploitées dans un but lucratif et la propriété d'un certain nombre d'actions est, selon la loi, une condition d'adhésion au système. En fait, les Reserve Banks sont tenues par la loi de transférer les bénéfices nets au Trésor américain”.

“Par conséquent, la Réserve fédérale peut être décrite plus précisément comme "indépendante au sein du gouvernement" plutôt que comme "indépendante du gouvernement”.

C'est-à-dire que la FED elle-même reconnaît qu'elle est un organisme d'État, mais indépendant du reste des bureaucrates qui composent l'État. Exactement comme la Banque Centrale Européenne.

3° Finalement, reste enfin à élucider la question de la nature de son capital social. En effet, les plus sceptiques d’entre vous pourraient penser que, certes, ce sont les politiciens qui établissent les règles et nomment les dirigeants de la FED, mais sa nature reste celle d'une société avec des actionnaires privés à 100 pour cent.

Eh bien une nouvelle fois, pas vraiment…

En fait, chaque banque privée membre du système de la Réserve fédérale doit être actionnaire de la banque régionale de son district : les banques ayant une présence nationale ont l'obligation légale d'être membres et donc actionnaires. Concrètement, dès qu'une banque obtient le statut de membre, elle se doit de devenir également “actionnaire”, en détenant une part du capital de la FED régionale où elle est rattachée égale à 6 pour cent de son propre capital.

En outre, bien que les grandes banques, avec un capital social plus important, auront tendance à être les actionnaires majoritaires des banques régionales de la FED, ces dernières ne peuvent même pas influencer la prise de décision dans la mesure où, chaque actionnaire n'a droit qu'à une seule voix quel que soit le nombre d'actions détenues, de sorte qu’une grande banque a le même poids qu’une petite banque.

Mais les particularités ayant trait au capital social de la Réserve Fédérale Américaine ne s'arrêtent pas là. Les actionnaires ne peuvent ni vendre ni utiliser leurs actions en garantie. Autrement dit, leur capital y est nécessairement immobilisé tant qu'ils restent membres du système. 

Une nouvelle fois, parler d’entité privée, un organisme dans lequel, il ne nous est pas possible de disposer des titres de propriété est assez peu logique.

Concrètement, lorsque l’on est actionnaire, trois grands droits nous sont attribués : 

Le premier ayant trait aux droits politiques, c’est-à-dire la capacité à participer aux prises de décisions au sein de la société, sont très limités.

Le deuxième concernant les droits patrimoniaux, c’est-à-dire la possibilité de disposer de ses titres, sont bafoués.

Et finalement, le troisième qui traite des droits financiers, c’est-à-dire toucher des dividendes, est le seul existant, bien que restreint et fixé par la loi à 6 pour cent du montant investit.

Plus précisément, si les bénéfices réalisés par la Réserve Fédérale sont suffisants, les dividendes versés ne peuvent être supérieurs ou inférieurs à 6 pour cent du capital libéré, ce qui est, il est vrai, un dividende particulièrement élevé.

Pour autant, en pratique, cela signifie que seule une infime partie des bénéfices annuels de la FED reviennent à leurs prétendus propriétaires, alors que la totalité devrait leur revenir, s’il s’agissait d’une vraie entreprise privée.

En effet, selon la loi, tous les bénéfices restants vont au Trésor public. 

Ainsi, par exemple, sur les 1.854 milliards de dollars de bénéfices que la Réserve fédérale a obtenu depuis sa constitution, 1.827 milliards de dollars ont été distribués au Trésor et agences étatiques et seulement 27 milliards ont été distribués aux actionnaires, c’est-à-dire les banques.

Autrement dit, le Trésor a absorbé 98,5 pour cent de l’ensemble des bénéfices de la FED depuis sa création.

En bref, la question que l’on peut légitimement se poser est : dans quelle mesure une entité dont les statuts sont de droit étatique, où l'équipe dirigeante est majoritairement désignée par l'État et dont les bénéfices reviennent à près de 99 pour cent à l'État, peut-elle réellement être considérée comme “privée” ?

Dans strictement aucune !

La réalité, c'est que la FED a un actionnaire prédominant dans l'ombre qui est l'État : c'est lui qui écrit les statuts, qui nomme et supervise l'équipe dirigeante et qui empoche pratiquement tous les bénéfices. 

Les actionnaires privés, à savoir les banques membres, n’ont d’actionnaire que le nom, sont obligés de financer avec leur capital la Réserve fédérale en échange de bénéficier de privilèges de refinancement à bas coûts, mais qui ne contrôlent pratiquement rien dans la pratique.

Il s'agit donc plus d'une immobilisation forcée, bien que rémunérée, du capital, qu’un droit de propriété sur le système, au grand dam des démagogues et des prêcheurs d’un grand complot illuminati.

En ce qui concerne la Banque Centrale Européenne, strictement aucune ambiguïté ne plane, dans la mesure où les membres du directoire de l’institution sont nommés par les membres du Conseil Européen, Conseil Européen, lui-même constitué des chefs d’État ou de gouvernement des États membre de l’Union Européenne, et que la totalité du capital de la BCE appartient aux banques nationales qui sont en la possession des différents États membres et donc que la totalité des dividendes leur sont attribués.

Les investisseurs se ruent sur les liquidités, craignant une récession plus tard dans l'année... 

D’ailleurs même Warren Buffett qui a récemment présenté les résultats du conglomérat Berkshire Hathaway pour le premier trimestre de 2023 a continué de remplir son coffre fort dont la pile de cash s’élève désormais à 130,6 milliards de dollars !

Ces investisseurs versent, entre autres, des milliards et des milliards de dollars dans des placements équivalents à des liquidités tels que des fonds du marché monétaire.

Or, aussi paradoxal que cela puisse paraître, depuis maintenant plusieurs années, chaque fois que l’on expérimente de nouvelles tensions au sein du système financier, provoquant la faillite de banques et de nombreux problèmes d’ordre économique, ce que l’on appelle couramment les fonds du marché monétaire, ou Money Market Mutual Funds en anglais, font la une des journaux économiques et financiers.

Certains l’ont peut être déjà oublié ou ne le savaient pas, mais lorsque la crise des subprimes a éclaté en 2007, ce sont justement ces fonds du marché monétaire qui se sont retrouvés face à ce que l’on pourrait assimiler à une sorte de panique bancaire.

Aujourd’hui encore, les problèmes que les banques américaines expérimentent en cette année 2023 entretiennent une relation particulièrement étroite avec ce type de fonds et les références dans les journaux spécialisés refont surface.

Or, pour mieux comprendre la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement, il est tout simplement primordial de comprendre le fonctionnement et les caractéristiques de ce type de véhicule !

Qu’en est-il concrètement ?

En quoi ces véhicules sont-ils responsables des tensions financières actuelles et quelles perspectives futures sont envisageables ?

Glass Steagal Act, réglementation Q et MMMF

De manière générale, les fonds du marché monétaire sont une alternative aux dépôts bancaires. Cette alternative bien connue dans le monde financier reste pourtant plus ou moins méconnue du grand public.

De ce fait, par nature, ces fonds sont en concurrence directe avec le secteur bancaire traditionnel, concurrence qui gagne de plus en plus de terrain et semble accaparer des parts de marché toujours plus grandes faisant tomber comme des dominos les banques les moins solides et notamment les banques régionales aux États-Unis.

La question que l’on peut légitimement se poser est donc : pourquoi et comment ces véhicules sont-ils apparus ?

En fait, les fonds du marché monétaire sont devenus à la mode au cours des années 70 comme alternative aux dépôts bancaires traditionnels à cause de l’interdiction des banques de payer des taux d'intérêt élevés dans un environnement inflationniste.

Il faut remonter à ce que l’on a appelé à l’époque, la Réglementation Q qui est une réglementation américaine créée dans le cadre de la loi Glass-Steagal Act en 1933 durant la Grande Dépression. 

Cette réglementation se déclinait sous la forme de deux mesures visant, d’une part, à interdire aux banques de verser des intérêts sur les dépôts à vue de leurs clients, c’est-à-dire les comptes courants traditionnels, et, d’autre part, à plafonner les taux d’intérêt payés sur les dépôts à terme, c’est-à-dire les comptes d’épargne plus ou moins “bloqués”.

Il faut reconnaître que l’environnement qui a suivi la mise en place de cette disposition n’a pas causé immédiatement des problèmes au secteur bancaire. 

En effet, à l’exception de la Seconde Guerre Mondiale, entre le début des années 50 et le début des années 70, l’environnement inflationniste était plutôt stable, permettant aux taux d’intérêt d’être relativement bas ce qui ne portait pas nécessairement atteinte aux banques qui de toute manière se voyaient limitées dans leur capacité à payer des intérêts sur les dépôts de leurs clients.

Cela est assez logique puisqu’en fin de compte, pour qu'un plafonnement de prix puisse poser problème, il faut que le prix du marché soit supérieur au prix plafond, sinon la mesure n'a aucun effet.

Ce serait comme dire, il est interdit de vendre une baguette de pain à plus de 10 euros l’unité alors que, dans la pratique, sauf exception pour le pain de luxe peut-être, aucune boulangerie ne vend du pain à plus de 10 euros la baguette !

Il fallait donc attendre que l’inflation redémarre et que les taux d’intérêt augmentent, afin de lutter contre l’inflation, pour que les méfaits de cette réglementation deviennent perceptibles.

Les problèmes de la réglementation Q sont donc apparus à partir des années 70, années durant lesquelles l’inflation recommençait à atteindre des niveaux à deux chiffres.

Sur le plan économique, les années 70 sont d’ailleurs marquées par l'apparition d’une situation de stagflation, c’est-à-dire une période de stagnation économique et des chiffres d'inflation élevés ce qui, d’un point de vue des théories keynésiennes, était censé être impossible.

Tout comme la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement, la Réserve Fédérale Américaine se trouve ainsi dans l’obligation d’adopter des mesures de politique monétaire restrictive au travers de hausses de taux d'intérêt afin d’endiguer la hausse inflationniste qui ne retombera à des niveaux convenables qu’une dizaine d’année plus tard.

Le problème c’est que, dans le même temps, les citoyens souhaitaient non seulement profiter de cette hausse des taux pour ainsi mieux rémunérer leur épargne, mais aussi et surtout, ils souhaitaient se protéger contre l’inflation.

Néanmoins, étant donné que les banques ne pouvaient pas payer d'intérêts à leurs déposants en raison de la réglementation Q, les épargnants ont commencé à chercher de nouvelles alternatives.

De ce fait, pour y remédier et éviter de perdre des clients, les banques ont mis en place diverses stratégies pour contourner l'interdiction, en offrant des cadeaux à leurs clients, en leur permettant de profiter de services bancaires à faibles coûts, voire gratuitement ou encore, en octroyant des crédits à taux réduits pour les personnes détenant des comptes spécifiques chez ces entités financières.

En d’autres termes, devant l'impossibilité d'offrir des taux d'intérêt explicites en raison de la réglementation Q, les banques ont proposé le paiement de taux d'intérêt implicites sous une forme différente à la traditionnelle.

Cependant, ce mode de fonctionnement a ses limites et à la fin des années 1960, avec la hausse de l'inflation et des taux d'intérêt à court terme, les paiements en nature des banques ne suffisaient plus à attirer les fonds des clients. 

Cela a donc eu pour conséquence d’obliger les directeurs de banques à développer de nouvelles solutions et c’est en 1974, que sont créés les NOW accounts, acronyme anglais de “Negotiable Order of Withdrawal”, que l’on pourrait traduire par Compte d'Ordre de Retrait Négociable.

Les comptes NOW sont une forme de dépôt à vue classique mais qui, grâce à l’ingénierie financière, sont passés outre l'interdiction de paiement d'intérêts de la réglementation Q. 

Néanmoins, là encore, l’État est  venu fourrer son nez avec cette fois-ci un plafonnement de la rémunération à 5 pour cent jusqu'en 1986, date à laquelle la plupart des limites de taux d'intérêt ont été supprimées et jusqu’en 2011, date à partir de laquelle la réglementation Q à purement et simplement été abrogée.

Comme on peut le voir sur le graphique à l’écran, tout au long des années 70 et des années 80, le principal taux directeur de la Réserve Fédérale Américaine était supérieur à la limite des 5 pour cent imposée aux comptes NOW.

Autrement dit, l’énième tentative de la part des banques pour attirer les fonds de client était vaine, ce qui a une nouvelle fois poussé l’ingénierie financière guidée par la créativité humaine, toujours en avance sur le régulateur, à créer une alternative à la répression financière imposée par Washington : c'est à ce stade que les fonds du marché monétaire ont gagné en popularité et s’est développé la banque dans l’ombre.

Banques VS MMMF : l’émergence du Shadow Banking

Arrivé à ce stade, on est en mesure de mieux comprendre comment les politiciens ont littéralement détruit les banques traditionnelles et ont contribué au développement de ce que l’on appelle en finance le Shadow Banking ou banque dans l’ombre en français.

En effet, compte tenu du plafonnement des taux d’intérêt, dans un environnement d’inflation galopante, portant préjudice avant tout aux épargnants et donc, par voie de conséquences aux banques, les fonds monétaires sont devenus une alternative aux dépôts bancaires.

Pourtant, il convient de rester conscient que les fonds du marché monétaire ressemblent plus à des fonds d’investissement traditionnels, que l’on appelle OPCVM, pour Organismes de Placement Collectifs à Valeur Mobilières, qu’à des banques classiques. 

Par conséquent, dans la mesure où lorsque l’on place de l’argent dans ce type de véhicule, l’épargnant ne possède pas un compte courant comme cela est le cas avec la banque, il est légitime de considérer qu’il ne s’agit pas d’un substitut parfait aux dépôts bancaires et donc que la concurrence n’est pas totale.

Et pourtant …

En réalité, les fonds du marché monétaire ont des caractéristiques uniques qui les rendent très similaires aux dépôts.

Pour mieux comprendre, il est possible de se focaliser sur la NAV, acronyme anglais de Net Asset Value, ou valeur liquidative en français.

Pour faire simple, la valeur liquidative correspond à la valeur estimée d'un véhicule d’investissement valorisé au prix du marché à un moment précis. 

Autrement dit, comme son nom l’indique, c'est la valeur que l'on obtiendrait si l'on devait liquider le fonds, c’est-à-dire le fermer, en vendant les actifs et en remboursant les dettes pour ensuite récupérer l’argent.

Le résultat est ensuite réparti entre les différents propriétaires du fonds, c’est-à-dire les actionnaires.

On peut donc facilement calculer la NAV au travers de cette formule, ce qui correspond étroitement à ce que l’on appelle valeur comptable pour les entreprises traditionnelles.

La valeur liquidative des fonds est mise à jour périodiquement et dès que la valeur des actifs et des passifs augmente ou diminue, la valeur des actions de ce fonds changera également.

Là encore, on voit que, dans la mesure où la valeur liquidative évolue constamment, un fonds d’investissement ne semble pas être la meilleure alternative aux dépôts bancaires.

En effet, dans le cas des banques traditionnelles la valeur est pour ainsi dire “bloquée”.

Si un individu dépose 1.000 dollars dans une banque, a priori, la valeur nominale du compte bancaire sera toujours de 1.000 dollars et non 950 ou 1.100 dollars.

Et c'est là qu'intervient la particularité des fonds du marché monétaire : leur valeur liquidative est bloquée à 1 dollar. C'est-à-dire que chaque part du fonds commun de placement vaut exactement un dollar. 

Si le fonds commun de placement réalise un profit, la valeur liquidative reste bloquée à 1 dollar et la différence est versée sous forme d'intérêts. 

Si, à l’inverse, le fonds d'investissement enregistre des pertes, tant qu'elles ne sont pas importantes, la valeur liquidative reste bloquée à 1 dollar également. 

Autrement dit, chaque dollar versé à un fonds du marché monétaire vaut exactement un dollar. Ce n'est que lorsque les investissements du fonds les rendent suffisamment mauvais que la parité avec le dollar est rompue : l’expression utilisée en finance pour dire que la NAV casse la parité avec le dollar est “breaking the buck”.

Ainsi, dans la pratique, en “bloquant” la valeur liquidative à 1 dollar, les fonds du marché monétaire sont en concurrence directe avec le système bancaire traditionnel. 

En fin de compte, chaque part du fonds a une valeur bloquée d'un dollar de la même manière qu'un dépôt bancaire a sa valeur “bloquée” en termes de dollars. Si je dépose 1.000 dollars dans un fonds du marché monétaire, je me retrouve avec 1.000 parts d’une valeur unitaire d’un dollar.

Le mécanisme est donc assez similaire avec le fonctionnement d’un compte bancaire.

Comment Washington a détruit les banques traditionnelles

De plus et pour couronner le tout, les particularités spécifiques aux comptes bancaires et aux parts de fonds du marché monétaire font qu’avec la réglementation Q, Washington a littéralement détruit les banques.

En effet, l’argent déposé dans une banque ne nous appartient pas, nous ne possédons non pas un titre de propriété mais une créance vis-à-vis de la banque. Les dépôts d’une banque sont donc une dette que l’entité a vis-à-vis de ses clients et cette dernière s’engage à les rembourser lorsque ces derniers le lui réclame.

Or, dans le cas des parts d’un fond du marché monétaire, il s’agit bel et bien de titres de propriété, que l’on pourrait assimiler à des actions. Il ne s’agit donc pas de titres de dettes.

L’un des avantages des dépôts bancaires aux États-Unis, c’est que, contrairement aux parts des fonds du marchés monétaires, ils sont garantis par le Fonds de Garantie des Dépôts jusqu'à 250.000 dollars, montant qui est de 100.000 euros au sein de la zone euro.

Les parts de fonds monétaires, n'étant pas des dépôts, elles ne sont garanties par aucun organisme public. Si le fonds du marché monétaire investi mal, les investisseurs pourraient perdre toutes leurs économies. 

Néanmoins, fait intéressant, les fonds du marché monétaire qui ont “broke the buck” se comptent sur les doigts d'une main et généralement, même dans une telle situation, les investisseurs ont récupéré la quasi-totalité de leur argent.

Finalement, en ce qui concerne la business model des deux  types d’entités financières, tandis que les banques se trouvent avec un bilan déséquilibré et donc particulièrement risqué, le bilan d’un fonds du marché monétaire est équilibré et, en principe, particulièrement sain.

En effet, les banques investissent à long-terme, sur plusieurs décennies, en se finançant à très court-terme, sur des durées extrêmement courtes.

D’ailleurs, cela s’observe très facilement sur cette représentation du bilan des banques américaines. À titre illustratif, plus de 44 pour cent des investissements des banques sont des investissements sous la forme de prêts majoritairement à long-terme financés par des dépôts à très court-terme.

Les fonds du marché monétaire quant à eux ne sont ni plus ni moins que des fonds d'investissement dont la politique est de placer l’argent des épargnants dans des actifs à très court-terme et présentants très peu de risques de façon à ce que les investisseurs puissent récupérer leur argent en revendant leurs parts du fonds très rapidement et sans enregistrer de perte en capital tout en obtenant un certain rendement sur l’argent placé.

C'est l'une des raisons pour lesquelles ces fonds sont particulièrement stables. De plus, le risque de taux d'intérêt, c’est-à-dire la variation de la valeur des actifs due aux variations des taux d'intérêt, est un risque qui affecte fortement les actifs du secteur bancaire et a un impact très limité sur les actifs des fonds monétaires.

Compte tenu de ce que l’on vient de voir et comme l’illustre ce graphique, les fonds monétaires ont connu une forte croissance peu de temps après leur création accaparant plus de 15 pour cent des parts du marché en l’espace de quelques mois jusqu’à atteindre les 35% en 2001 et 2008.

La baisse des taux qui s’est suivie après la crise des subprimes leur a fait perdre en attractivité, toujours est-il que, désormais, avec la hausse de l’inflation et la remontée des taux d’intérêt, il redevient pertinent d’opter pour ces véhicules de placement et d’ailleurs les encours ne cessent de croître depuis plusieurs mois !

Finalement, on comprend que la situation dans laquelle le système financier se trouve aujourd’hui n’est aucunement dû à un capitalisme sauvage qui serait coupable de vouloir toujours privilégier le profit au détriment d’une prise de risque inconsidérée mais bel et bien à une répression financière et monétaire au travers de la réglementation qui a mis en exergue ses limites à partir des années 70 poussant à l’émergence d’alternatives aux banques.

Cette même réglementation qui est responsable de la création du shadow banking et qui, dans le même temps, cherche désormais à lutter contre ce système dont elle est à l’origine.

Aujourd’hui, ces alternatives, qui étaient presque tombées dans l’oubli, suite à la décennie de taux bas, refont surface et pourraient bien porter le coup de grâce aux banques qui se trouvent en extrême difficulté …

L’enfer est pavé de bonnes intentions et, parfois, il est intéressant d’étudier l’histoire pour mieux comprendre le présent et mieux se positionner vis-à-vis du futur !

Les actions de la banque américaine First Republik Bank, se sont effondrées de 98%

La First Republic Bank devient donc la seconde plus grande faillite de l’histoire des banques américaines après la Silicon Valley Bank

Qu’en est-il concrètement ?Quelles sont les tensions au sein du secteur bancaire ?

Une nouvelle banque en faillite  

Les difficultés financières ne sont pas prêt de toucher à leur fin aux États-Unis tant que les taux d'intérêt resteront à des niveaux aussi élevés.

En effet, les tensions poursuivront leur accumulation au sein du système financier… 

La situation dans laquelle se trouve la First Republik Bank était plus qu’envisageable et prévisible…

Comme on peut le voir sur ce graphique, nous assistons à un phénomène qui ne s’était plus observé depuis près d’un siècle.

Les dépôts bancaires aux États-Unis diminuent à une vitesse jamais enregistrée depuis près de 100 ans.

Cela met donc en exergue la pression à laquelle sont confrontés les établissements de crédits US.

D’ailleurs les derniers résultats financiers de la First Republic Bank étaient catastrophiques: elle perdait des dépôts en quantités massives alors que, dans le même temps, ses actifs, c'est-à-dire ce qu'elle finance en contrepartie de ses dépôts étaient majoritairement des actifs à long terme.

De plus, il faut rester conscient qu’il existe une relation inverse entre les taux d'intérêt et la valeur des actifs, de manière générale et d’autant plus en ce qui concerne les titres de dettes telles que les obligations.

Concrètement, il y a 2 facteurs à prendre en compte : la variation des taux d’intérêt d’une part et la durée de l’actif de l’autre.

En d’autres termes, plus les taux d'intérêt augmentent et plus la durée est longue, plus la valeur d’un actif se détériore.

Exemple:

Sur ce graphique on peut voir la sensibilité d’une obligation pour une augmentation des taux d’un point de pourcentage et selon plusieurs échéances : 

Par exemple, pour une dette à 10 ans, le passage des taux de 4 à 5% fera chuter sa valeur de près de 8% !

Cette même variation d’un point de pourcentage pour une dette à 10 ans aura en revanche un impact plus élevé pour un passage des taux de 0 à 1 % !

On voit donc que, plus la durée est élevée et plus la hausse des taux démarre de bas, plus l’impact sur la valeur des obligations sera grand.

Si on reprend le graphique précédent appliqué à la situation actuelle, cela suppose une chute de près de 21% sur la valeur des obligations américaines à 10 ans.

Grâce à cet exemple, on comprend que toutes les personnes qui nous disaient, qu’il ne fallait pas s'inquiéter d’une hausse des taux car il y avait de la marge faisaient soit preuve de mauvaise foi, soit démontraient leur incompréhension la plus totale des mécanismes présentés et de la sensibilité d’une obligation.

Ainsi, pour la First Republic Bank, le problème c’est que ses actifs sont principalement des actifs à long-terme.

En ce qui concerne ses comptes financiers du premier trimestre 2023, le bilan est catastrophique. 

Au cours du dernier trimestre de 2022, la First Republic Bank avait plus de 176 milliards de dollars de dépôts et, en l’espace de seulement trois mois,  le montant des dépôts n’était plus que de 104 milliards de dollars. Il y a donc plus de 70 milliards de dollars qui ont été retirés de la banque !

Le problème c’est qu’en réalité la situation est pire que celle que l’on pourrait croire puisque des grandes banques américaines ont cherché à renforcer la liquidité de la First Republic Bank en lui augmentant ses dépôts de 30 milliards de dollars

Ainsi, le montant des dépôts s’est réduit non pas de 70 milliards de dollars mais de 100 milliards de dollars (70+30).

Remarque:

Pour rappel, les banques sont des intermédiaires financiers qui permettent à ce que des individus s’endettent d’un côté, en contrepartie de son propre endettement de l’autre.

Autrement dit, la banque prête de l’argent à une personne, crédit qui apparaît à l’actif de son bilan et, en contrepartie, la banque s’endette, elle doit de l’argent à une autre personne, argent qui apparaît dans les dépôts de la banque c’est-à-dire au passif de son bilan.

On comprend donc que, lorsque la source de financement d’une banque, qui apparaît au son passif de son bilan, diminue d’un montant aussi conséquent, l’entité financière se retrouve face à un dilemme.

First Republic Bank : un dilemme insoutenable ?

La First Republic Bank, se trouve face à un dilemme insoutenable

1° Soit elle décide de remplacer sa source de financement de 70 milliards de dollars bon marché pour une nouvelle source de financement de 70 milliards de dollars plus coûteuse,

2° Soit elle décide purement et simplement de ne pas trouver de nouvelles sources de financement et, auquel cas, elle devra réduire d’autant ses investissements, c’est-à-dire le montant de son actif.

En l’état actuel des choses, il semblerait que la First Republic Bank ait opté pour ces 2 solutions, qui peuvent être complémentaires.

  1. Première solution

En ce qui concerne la première solution, la réduction du montant des dépôts a été compensée d’une part, par des prêts de grandes banques américaines ( la Réserve Fédérale Américaine). 

Ainsi, grâce à cette manœuvre, la First Republic Bank est parvenue à compenser les retraits massifs de dépôts.

Mais ce sauvetage temporaire s’est fait au prix fort puisqu’en cas de tourmente financière et de perte de confiance généralisée, l’entité se retrouve dans l’obligation de remplacer une source de financement bon marché, par une nouvelle source de financement bien plus onéreuse. 

Autrement dit, rien qu’avec ce mode de refinancement à court-terme de 80 milliards de dollars et avec de tels taux d’intérêt, c’est comme si, tous les ans, la First Republic Bank se trouvait dans l’obligation de payer l'équivalent de 4 milliards de dollars d’intérêts.

Autrement dit, rien que le remboursement des intérêts sur 80 milliards de dollars d’emprunt à court-terme effacerait en grande partie les revenus enregistrés par la banque.

Le pire de tout dans cette situation c'est que plus la banque accumule les pertes plus elle se trouvera en difficulté financière et plus elle aura besoin de se refinancer à court-terme et à des taux qui poursuivent leur hausse.

  1. Deuxième solution

La seule façon réaliste de le faire serait donc d’opter pour la seconde solution qui consiste à vendre ses actifs à faible rendement et utiliser le produit pour rembourser le financement à coût élevé. 

C’est d’ailleurs pour cette raison que juste après la publication de ses comptes financiers du premier trimestre 2023, la banque a fait savoir qu’elle entend liquider entre 50 et 100 milliards de dollars d'actifs, soit environ un tiers de son actif total.

Cela n’a évidemment pas rassuré les marchés qui connaissent la situation de la banque américaine et son cours boursier s’est automatiquement mis à chuter brutalement. 

Le problème c’est que, tout comme la Silicon Valley Bank, cette solution n’en est pas une, notamment en cette période de hausse des taux d'intérêt.

En effet, les titres de dettes perdent de la valeur lorsque les taux augmentent et encore plus lorsqu’il s’agit d’actifs à long-terme.

Ainsi, si la First Republic Bank se défaisait d’une partie de ses actifs, elle ne ferait qu’empirer la situation.

De nombreuses banques ont donc encore d'importantes pertes non réalisées et d'importants décalages entre la durée des actifs et des passifs.

De plus, il ne faut pas oublier que des grandes banques ont prêté de très grosses sommes à la First Republic Bank. Ainsi, la fermeture de la First Republic Bank pourrait avoir un effet domino et fragiliser le système bancaire.