Bain de Sang à Venir : La Banque Centrale Européenne au Bord de la FAILLITE ? Libre et riche

Pour la première fois depuis 15 ans, en 2022, la Banque Centrale Européenne n'a réalisé aucun bénéfice !

Compte tenu du resserrement monétaire actuel, les pertes de la BCE se poursuivront au moins jusqu'en 2024/2025 et probablement au-delà…

Qu'est-ce que cela signifie concrètement et quel impact cette situation aura-t-elle sur la zone euro et notre monnaie communautaire ? 

La BCE dans la tourmente ?!

3  chiffres importants: 

  1. 698,8 milliards d’euros : c’est la taille du bilan de la BCE qui a augmenté de 18,7 milliards d’euros par rapport à l’année 2021 
  2. 1,6 milliards d’euros : c’est le montant dans lequel la Banque Centrale Européenne a dû taper pour venir compenser les pertes d’argent qu’elle a engendrée et, finalement, 
  3. 0 euro : c’est le bénéfice de la BCE 

Pour la première fois depuis 15 ans, la Banque Centrale Européenne n'a réalisé aucun bénéfice, mais, en plus, elle a dû taper dans ses réserves pour éviter d’enregistrer des pertes.

Compte tenu de l’évolution actuelle, les analystes prédisent des années de pertes suite au renversement de ses politiques monétaires ultra-accommodantes.

Cela n’est un secret pour personne, les banques centrales ont énormément gonflé leurs bilans au cours des dernières décennies.

Cet outil vise à poursuivre leurs objectifs de stabilité macroéconomique et financière.

Le problème, c’est que, en agissant de la sorte, les banques centrales ont sciées la branche sur laquelle elles étaient assises.

Mais comment se fait-il que la banque centrale, celle qui a pourtant le monopole de l'émission monétaire, subisse des pertes ?

A priori, l’entité n’aurait qu’à faire tourner sa “planche à billets” ?

En réalité, parler de planche à billets n’a pas vraiment de sens…

Le fonctionnement et le rôle de la BCE

Par conséquent, si le but est d’asseoir et renforcer la crédibilité de sa monnaie, la banque centrale ne peut pas émettre librement de la monnaie pour annuler ses pertes.

Du coup, sa situation actuelle n’est en réalité pas si différente de ce qu’il peut arriver à n’importe quelle autre entité : si ses revenus sont supérieurs à ses dépenses, alors elle gagne de l’argent. À l’inversement, si ses revenus sont inférieurs à ses dépenses alors, elle perd de l’argent

En fait, l’activité de la BCE, outre son unique mandat de stabilité des prix en maintenant l’inflation à moyen terme sous et proche des 2%, consiste à toucher des revenus sur ses actifs et reverser une partie de ses revenus en remboursant ses dettes sur son passif. La différence étant le bénéfice.

Le problème, c’est que l’actif de la BCE est rempli de dettes d’États peu rémunératrices mais, dans le même temps, du côté du passif, la BCE doit rembourser des intérêts.

Il faut savoir que lorsque la banque centrale verse des intérêts aux banques commerciales, elle transfère une partie de ses bénéfices au secteur bancaire

Elle ne crée pas de l’argent pour l’occasion contrairement à ce que certains croient !

Elle prend l’argent que les États paient dans le cadre du remboursement de leur dette et en redistribue une partie aux banques. Le surplus faisant office de bénéfices ou de pertes.

Le hic, c’est que la plupart des obligations d'État détenues par la Banque Centrale ont été émises à des taux d'intérêt très bas, souvent même nuls. 

Dans le même temps, la BCE paie un taux d'intérêt de 2,5% sur les réserves bancaires.

En effet, les augmentations récentes des taux d'intérêt ont des implications importantes pour les profits et les pertes des banques centrales. 

Les hausses de taux d'intérêt entraîne également des paiements d'intérêts plus importants par les banques centrales aux banques commerciales. 

Ces paiements d'intérêts pourraient être encore plus importants étant donné que la BCE a annoncé de nouvelles hausses des taux.

Malgré tout, cela reste encore difficile à anticiper dans la mesure où, en même temps que les taux d’intérêt sont censés croître, la BCE a mis en place son resserrement quantitatif: le Quantitative Tightening.

Lorsque la BCE réalise des profits, elle les redistribue à ses actionnaires, c’est-à-dire les États à hauteur de leur détention capitalistique. 

C’est l’article 33 des statuts du Système Européen des Banques Centrales, relatifs à la répartition des bénéfices et des pertes nets de la BCE qui dispose que : 

“Le bénéfice net de la BCE est transféré dans l'ordre suivant : 

a) un montant à déterminer par le conseil des gouverneurs, qui ne peut dépasser 20% du bénéfice net, est transféré au fonds de réserve générale dans la limite de 100% du capital ; 

b) le bénéfice net restant est distribué aux détenteurs de parts de la BCE proportionnellement aux parts qu'ils ont libérées”. 

Dans tous les cas, une chose est sûre : on peut clairement dire que le pari de la BCE que les taux d'intérêt resteraient bas se retourne désormais contre elle et elle le reconnaît dans son dernier rapport. 

Ce paradoxe est tout simplement la conséquence des changements de politique monétaire.

Pour autant, pour le moment, il est précipité de crier au catastrophisme compte tenu du matelas de sécurité que l’institution a construit au cours des années précédentes dans le but d’absorber les pertes futures.

Un problème supplémentaire: ces ressources financières ne sont pas nécessairement stables et une valeur sûre à proprement parler dans la mesure où elles sont composées de titres qui peuvent prendre ou perdre de la valeur.

On comprend vite que si la BCE doit venir taper régulièrement dans ce matelas…

Le futur de la zone euro compromise ?

En soit, ces pertes, ne signifient probablement pas l'éclatement de la zone euro, mais elles ne doivent surtout pas être ignorées compte tenu du fait qu’elles pourraient en être l’élément déclencheur.

D'une part, parce qu'elles proviennent en partie d’une politique monétaire très laxiste qui a davantage profité aux pays les plus endettés et les moins solvables et, d’autre part, parce que ce sont désormais, les pays qui ont le moins de dettes et les plus solvables qui en paient le prix.

L’on assiste donc actuellement à la fragmentation entre les pays du nord et les pays du sud, exactement comme nous l’expliquons depuis maintenant près de 2 ans !

Un autre risque est d’ordre politique et à trait à l’indépendance des institutions monétaires. En d’autres termes, si les banques centrales continuent de perdre de l'argent chaque année, les États pourraient devoir injecter du capital supplémentaire au pire moment…

Dans le cas contraire, c’est l'indépendance de ces organismes qui serait remise en question, ce qui pourrait exacerber le poids de l’État au travers de ce que l’on appelle la “fiscale dominance” et donc l’étatisation de la société !

Finalement, il faut bien rester conscient que la capacité d’une banque centrale à opérer normalement même en cas de capital négatif n’est valable que si elle reste crédible aux yeux des marchés financiers et du système bancaire

Comme le reconnaît la Banque des Règlements Internationaux, aussi connue pour être la banque centrale des banques centrales, dans un récent rapport, plusieurs banques centrales ont déjà enregistré de nombreuses pertes. 

Selon la BRI, les banques centrales peuvent atténuer le risque de mauvaise perception grâce à une communication efficace avec les parties prenantes. 

Le problème c’est que la crédibilité de la BCE n’est pas glorieuse… Une plus grande fréquence de communication a plutôt eu tendance à éroder la confiance déposée dans l’institution : 

En cas de mauvaise gestion macroéconomique et de manque de crédibilité de l'État, les pertes peuvent éroder la réputation de la banque centrale.

Cela est d’autant plus problématique que la BCE elle-même a reconnu que “les banques centrales accepteraient volontiers des pertes sur leurs bilans qui entraîneraient en fin de compte des pertes pour le contribuable moyen” …

On peut donc conclure que, s’il est vrai que, techniquement parlant, une banque centrale ne peut pas faire faillite, la monnaie elle, le peut.

Or, le principal produit que gère une banque centrale est précisément la monnaie et elle a pour vocation de veiller à sa stabilité.

Les risques de défiance vis-à-vis des banques centrales et des monnaies que ces dernières gères sont donc clairement des signes mettant en exergue leur faillite à mener à bien leur mission.

La fin du CASH | La Monnaie Digitale de Banque Centrale est Officielle !

Bientôt, la façon dont nous utilisons notre argent sera complètement bouleversée !

L'argent liquide va disparaître et les gouvernements ainsi que les banques centrales du monde entier veulent que les citoyens cessent d'utiliser le cash pour effectuer leurs transactions et optent pour de la monnaie numérique.

Tout cela sera rendu possible grâce au développement du numérique et notamment la mise en place du dollar numérique, également appelé CBDC (Central Bank Digital Currency). D'ailleurs nous avions déjà abordé le sujet dans un précédent article.

Le Forum de Davos en a fait un sujet de discussion au cours de la précédente réunion qui s’est tenue en janvier de cette année. 

Selon l'Atlantic Council GeoEconomics Center, 114 pays sont à divers stades d'exploration des CBDC. Déjà 11 pays ont émis une CBDC en janvier 2023 dont notamment, la Jamaïque, les Bahamas ou encore le Nigéria.

D’ailleurs, plusieurs tests ont déjà été effectués et, par exemple, en novembre de l’année dernière, la Réserve fédérale terminait la première phase d'un test avec des CBDC qui consistait à effectuer un virement international.

Désormais, il y a un autre test qui est effectué par une fondation appelée le Digital Dollar Project.

L'objectif du test est de pouvoir acheter et vendre des actions en utilisant des dollars numériques au lieu d'utiliser des dollars déposés sur un compte bancaire.

Quels sont les mystères de la fin annoncée du cash et quelles pourraient être les conséquences dans notre vie quotidienne ?

Le combat contre le Cash

Ce graphique illustre à quel point les moyens de paiement utilisés par les citoyens sont similaires selon les pays bien qu’il existe quelques divergences, notamment du côté des pays asiatiques.

En effet, on observe que, globalement, l’utilisation du cash est minoritaire par rapport aux autres moyens de paiement dans l’ensemble des pays. 

La particularité de la Chine et de certains autres pays asiatiques réside dans la réalisation de paiements au travers des téléphones portables.

Il existe une concurrence entre la monnaie dite “moderne” et la monnaie “physique". 

Ce phénomène n'est pas nouveau et l'histoire est remplie d’exemples où une innovation détruit des usages anciens pour les remplacer par des nouveaux. C’est l’économiste autrichien Joseph Schumpeter qui avait théorisé ce phénomène : la “destruction créatrice”.

Les banques centrales et commerciales, les applications mobiles ainsi que les gouvernements poussent petit-à-petit à ce que l'argent physique soit abandonné pour transiter vers une utilisation exclusivement numérique.  

En France, pratiquement tout est fait pour limiter l’utilisation du cash et, par exemple, les paiements entre particuliers ne sont pas limités mais un écrit est nécessaire pour une transaction au-delà de 1.500 euros. Le paiement d’impôts et de taxes est limité à 300 euros et le paiement en espèces d’un particulier à un professionnel est limité à 1.000 euros

Les risques de la fin du cash et l’avènement des CBDC

En fait, cette tentative de bannir l'argent liquide du monde pourrait entraîner l'exclusion totale de millions de personnes de l'économie mondiale étant donné que de nombreuses personnes n’ont toujours pas accès à des comptes bancaires

Une étude réalisée par l'Organisation des Nations Unies a révélé que plus d'un tiers de la population mondiale n'a jamais utilisé Internet, soit 2,7 milliards d’individus.

Autrement dit, il y a clairement un problème de bancarisation pour toutes ces personnes qui se verraient de facto exclues du système de paiement et donc, de l’économie. 

L’élimination du cash nous exposerait à une série de risques :

Risque 1: faillite et perte potentielle de l’argent déposé.

En théorie, en cas de faillite d’une banque, chaque compte bancaire est censé jouir d’une garantie apportée par le FGDR.

Le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution est chargé d’une mission d’intérêt général puisqu’il est l’opérateur de crise du secteur bancaire et financier et protège les avoirs des clients en les indemnisant en cas de défaillance de leur établissement. 

La règle à ce jour, c’est 100.000 euros par déposant et par établissement pour les comptes chèques et livrets et 70.000 euros par client et par établissement pour les titres.

Ce plafond de garantie s’applique quel que soit le nombre de comptes de dépôts ouverts auprès du même établissement bien que dans la pratique, il y avait en novembre 2022 l’équivalent de 2.800 milliards d’euros tout type de dépôts bancaires confondus pour un montant de garantie de dépôts de seulement 5,8 milliards d’euros, soit 0,21 pour cent du montant nécessaire pour couvrir l’ensemble des dépôts …

Et c’est ici que les CBDC (monnaies digitales de banque centrale) pourraient apporter une solution.

En effet, il est plus risqué de détenir de la monnaie auprès d’une banque commerciale qu’une banque centrale

Or, aujourd’hui, la seule solution pour ne plus être créancier d’une banque commerciale c’est de convertir l’argent de ses comptes bancaires en pièces et billets.

Le problème, c’est que les transactions ne peuvent plus être tracées, d’où l’instauration d’une CBDC.

Le problème, c’est qu’avec la fin du cash et l’instauration d’une telle monnaie, il serait, dans les faits, pratiquement impossible de s’extraire du bancaire qui deviendrait, de facto, un monopole de l’État.

Risque 2: la confidentialité et le respect de la vie privée.

La mise en application d’un tel instrument est susceptible de permettre aux autorités de connaître avec un très haut niveau de fiabilité l’ensemble de nos habitudes quotidiennes.

En effet l’objectif est de contrôler l’économie avec précision en évitant l’évasion fiscale. Cette monnaie digitale permettrait de contrôler voire même orienter la consommation des individus…

Les gouvernements auraient directement accès à nos finances personnelles et connaîtraient notre mode de vie. De plus, ils pourraient  appliquer un impôt supplémentaire pour toute épargne jugée comme étant excédentaire afin de pousser à la consommation et à l’accroissement des dépenses pour ainsi stimuler l’économie.

Risque 3: Les potentielles défaillances dans le système bancaire nous empêchant d’accéder à l’argent sur nos comptes.

Si la numérisation de l’économie apporte de nombreux avantages, son accessibilité est liée à notre connectabilité.

Or, en l’absence de connexion internet, en cas de panne ou de cyberattaque, l’accès serait automatiquement limité.

Risque 4: Monnaie fondante, périssable ou l’application d'une taxe sur des montants d’épargne trop importants

Une publication dans le Wall Street Journal, a mis en avant une étude qui démontre que l'utilisation de monnaie électronique nous pousse à dépenser plus d’argent ! En effet, il nous est plus difficile de s’imaginer à quel point le montant de monnaie diminue par rapport au fait de “lâcher” des billets.  Ceci explique en partie pourquoi notre société de consommation est autant développée. C'est pourquoi lorsque nous utilisons de l'argent numérique, nous courons plus de risques de dépenser inutilement et même de dépenser l'argent que nous n'avons pas en utilisant les cartes de crédit parce que le cerveau traite les dépenses différemment.

Banques Centrales : le retour de la Planche à Billets ? | Quantitative Easing

Si, traditionnellement, le rôle des banques centrales a été celui de “prêteur en dernier ressort” c’est-à-dire des entités vers lesquelles on peut se tourner pour obtenir des fonds en urgence, après avoir épuisé toutes les autres possibilités. Depuis la grande crise financière de 2008, les banques centrales, sont en quelques sortes devenues des emprunteurs de premier ressort.

Ainsi, après plus d’une décennie de Quantitative Easing et l’adoption de politiques monétaires accommodantes, depuis l’année dernière, ces deux grandes entités, ont choisi de mettre en place le processus inverse : le Quantitative Tightening qui permettrait de lutter contre l’inflation.

Or, les dernières données publiées semblent indiquer que l’inflation est en train de se modérer, comme nous l'avions vu dans un précédent article.

Pourquoi en réalité, les restrictions monétaires actuelles mises en place par les banques centrales ne pourront pas durer ? Pourquoi nous pourrions très probablement assister à un retour à des politiques moins restrictives dès cette année ?

Quantitative Easing et situation monétaire

Tous les jours nous utilisons la monnaie et pourtant le fonctionnement de notre système monétaire est encore profondément incompris. Pourtant, sans maîtriser ces concepts de base, il est impossible de bien appréhender le fonctionnement économique mondial.

Si le nombre de personnes consternées par la taille des bilans des banques centrales à cause des politiques d’assouplissement quantitatifs successifs, en réalité, il convient de rester conscient que ce sont en grande partie les exigences réglementaires post-crise des subprimes de 2008.

Dans le cadre de sa mission de “normalisation” de la politique monétaire, tant la FED que la BCE, ont progressivement annoncé en 2022 qu'elles mettraient fin aux achats nets d’obligations d’États afin de réduire la taille de leur bilan respectif.

Bien que souvent oublié par un grand nombre de personne, l’objectif premier du quantitative easing n’était non pas d’injecter de la monnaie au sein de l’économie, mais bel et bien de baisser davantage les taux d’intérêt afin de stimuler l’activité.

En effet, dans la mesure où il existe une relation inverse entre prix des obligations et taux d’intérêt: 

Ainsi, lorsque la banque centrale achète des obligations, elle ne le fait pas directement auprès de l’État mais auprès d’institutions qui ont elles-mêmes acheté au préalable ces titres de dettes.

La partie "création monétaire" est ce qui rend nerveux un grand nombre de personnes. 

Pourtant, il faut savoir que pour chaque dollar ou euro "créé", la banque centrale achète un équivalent à de la monnaie, ici des obligations d’États.

Autrement dit, il y a un échange d’une forme de monnaie, les obligations d’États, contre une autre forme de monnaie, les réserves de banques centrales.

Ici, deux précisions importantes sont nécessaire : 

Des actifs monétaires similaires

Financièrement parlant, une obligation d’État et un billet de monnaie sont des actifs monétaires similaires dans la mesure où leur valeur reposent tous les deux dans la confiance accordée à un État.

Une multitude de monnaies

Il existe non pas une, deux ou trois formes de monnaie mais une multitude. Toutefois, on distingue 3 types de monnaies :

-Les pièces et les billets : on parle de monnaie fiduciaire. Cette monnaie est créée par la banque centrale. 

-La monnaie électronique: elle se trouve dans nos comptes bancaires, on parle de monnaie scripturale. Cette monnaie est créée par les banques commerciales. 

-Les réserves : on parle de monnaie de banque centrale. Cette monnaie est créée par la banque centrale au moment de racheter notamment de la dette d'État. 

Ainsi, lorsqu’une banque centrale rachète une obligation d’État à une banque, l’obligation achetée se fait en réalité avec des réserves nouvellement créées pour l’occasion et elle les “enferme” entre guillemets, à l’intérieur de son bilan.

Exemple: 

Imaginons un État qui est en déficit public, c’est-à-dire qu’il dépense plus d’argent que ce qu’il n’en gagne. Dans une telle situation, l'État en question va s’endetter sur les marchés en émettant une obligation à 10 ans de 100 euros par exemple.

Il est donc possible de représenter le bilan comptable de l’État avec, pour rappel, un actif qui est toujours égal au passif. 

Au passif, c’est-à-dire au niveau des dettes, l’État émet une obligation de 100 euros et la contrepartie à l’actif est sa capacité théorique à lever de l’impôt afin de rembourser ses dettes.

Ici, on suppose que c’est une banque commerciale qui lui prête de l’argent. Ainsi, le bilan de la banque commerciale sera représenté de la sorte: 

À l’actif apparaît l’obligation et au passif le dépôt d’une même valeur, ici 100 euros.

Maintenant, supposons que, grâce au quantitative easing, la banque centrale rachète cette obligation à la banque commerciale. Dans un tel cas de figure, l’obligation apparaît désormais au sein de l’actif du bilan comptable de la banque centrale qui crée des réserves, c’est-à-dire de la monnaie de banque centrale spécialement pour l’occasion.

Désormais, le bilan de la banque commerciale est modifié et à l’actif, au lieu des obligations qu’elle avait acheté à l’État puis revendu à la banque centrale, apparaissent les réserves.

Encore une fois, ici il y a un simple échange d’une forme de monnaie, les obligations d’États, contre une autre forme de monnaie, les réserves de banques centrales.

Cela ne fait aucune différence dans la capacité de la banque à créer du crédit

L’un des déterminants de l’expansion accrue de 2020 réside dans les déficits massifs des différents gouvernements de la planète qui ont stimulé la demande alors même que l’offre était réduite voire bloquée, générant des goulots d'étranglement et donc des hausses de prix massives.

Que la banque détienne des obligations d’État ou des réserves auprès de la banque centrale n'a strictement aucune importance quant à sa prise de décision de prêter davantage ou pas.

L’une des seules différences réside dans le fait qu’en rachetant les obligations dans le cadre du QE, la banque centrale élimine le risque de taux d'intérêt du marché. 

En effet, il existe une relation inverse entre les taux d’intérêt et le prix d’une obligation. Aussi, si les taux venaient à monter, comme cela est le cas actuellement, alors les banques en possession d’obligations d’États verraient la valeur de leur investissement chuter. 

Ainsi, en achetant les obligations, la banque centrale endosse donc le risque de taux et cela est effectivement particulièrement néfaste pour l’économie.

Le risque n’est donc pas tant celui sur lequel la quasi-totalité des néophytes se focalisent, c’est-à-dire celui de la création monétaire, mais bel est de bien de baisse artificielle du risque.

Quantitative Tightening et future situation monétaire

Aujourd’hui, nous nous trouvons donc dans une situation monétaire particulière dans la mesure où elle est caractérisée par l’inverse du QE : le QT, pour Quantitative Tightening.

Ce resserrement quantitatif vise donc à diminuer le bilan des banques centrales et plus précisément d’un montant de 95 milliards de dollars par mois dans le cas de la Réserve Fédérale Américaine.

Aujourd’hui, le problème qui se pose c’est que, si la FED souhaitait faire retomber le montant de son bilan à la même valeur que celle en vigueur avant la crise financière à environ 1.000 milliards de dollars, il faudrait patienter plus de 6 ans et demie avec un rythme de réduction de 95 milliards de dollars par mois.

À première vue, ramener le bilan aux niveaux d’avant crise des subprimes est donc impossible à moins que la contraction ne dépasse les 300 milliards de dollars par mois afin de rester sur un délai de contraction raisonnable d’environ 2 ans.

Le fait est que même si la FED voulait le faire, en fait, elle ne pourrait pas.

En effet, si l’on se focalise sur la composition du bilan de la FED et notamment sur la partie du passif, quatre grandes composantes en ressortent : 

La monnaie physique

La monnaie fiduciaire, représente pas moins de 2.300 milliards de dollars.

Avant la crise des subprimes, les pièces et billets en circulation avaient une valeur supérieure à 800 milliards de dollars et représentaient donc 90 pour cent du bilan de la FED qui était valorisé à l’époque à moins de 900 milliards de dollars.

La diminution de la quantité de pièces et de billets étant extrêmement complexe et n’étant en tout cas pas visée par le resserrement de la politique monétaire, on peut d’ores et déjà conclure que la valeur plancher du bilan de la FED est de minimum 2.300 milliards de dollars !

Le compte du trésor

Il s’agit en quelque sorte du compte bancaire du gouvernement qui est conservé auprès de la banque centrale.

Actuellement, le solde est d’environ 400 milliards de dollars et il n'est clairement pas sous le contrôle de la Banque Centrale puisqu’elle ne fait que lui fournir un compte bancaire spécial

De plus, le solde n'est pas affecté par le resserrement de la politique monétaire : sa valeur peut donc aussi bien croître que diminuer. 

Les réserves bancaires

La monnaie de banque centrale que les banques commerciales et d'autres institutions possèdent auprès de la Réserve Fédérale ou de la BCE, pour un montant  3.000 milliards de dollars.

On l’a vu précédemment, lorsque la banque centrale met en place le Quantitative Easing, c’est ce compte qui est crédité en l’échange d’obligations d’État

Ce sont donc précisément ces réserves sur lesquelles la banque centrale exerce un contrôle et qui doivent diminuer au cours du Quantitative Tightening. 

Les opérations Reverse Repo

Les opérations de Reverse Repo, pour Reverse Repurchase Agreement. On parle de mise en pension en français et c’est la situation durant laquelle la Banque Centrale prête des liquidités aux banques sur le très court-terme.  Viennent ensuite les dépôts étrangers ou encore le capital de la banque centrale pour un montant total de 2.800 milliards de dollars dont près de 2.300 milliards rien que pour les opérations de Reverse Repo.

Ainsi, ces quatre composantes sont les principaux éléments constitutifs du passif du bilan de la FED et on peut voir comment il a évolué dans le temps depuis la crise de 2007.

Les limites du QT et le retour de la “planche à billets”

Une donnée à prendre en compte c’est que jusque durant la crise financière de 2008, la FED ne payait pas d'intérêts sur les réserves excédentaires des banques commerciales. En conséquence, les banques commerciales avaient tout intérêt à investir ou utiliser cet argent autrement plutôt que de le faire dormir. 

C’est, entre autres, ce qui a contribué à ce que les institutions financières soient constamment à la recherche d’actifs toujours plus rentables mais aussi toujours plus risqués.

On voit d’ailleurs à quel point ces prêts interbancaires se sont développés à partir des années 90, jusqu’à finalement disparaître presque totalement au moment où le marché interbancaire s’est grippé, les liquidités s'étant asséchées, obligeant les banques à se tourner vers la banque centrale pour éviter un effondrement du système monétaire et financier. 

Or, le mode de financement s’est tout simplement métamorphosé et, désormais, ce sont les réserves qui jouent ce rôle, réserves créées par la Banque Centrale.

Il faut savoir qu’il y a une limite dans le nombre de dettes d’États puisqu’il est nécessaire que ces derniers s’endettent constamment pour que les banques puisses y augmenter leur exposition et ce, d’autant plus, que les dettes arrivant à échéances doivent être renouvelées pour que les banques maintiennent stable leur exposition.

Pour y remédier et ainsi satisfaire les exigences des nouvelles réglementation, une solution se trouvait dans la création de réserves de la part de la Banque Centrale puisque, les réserves sont une forme de monnaie et les dettes d’État le sont également !

La contrepartie c’est que, désormais, ces réserves sont devenues indispensables et certains effets négatifs ont pu être observés lors de la crise Repo de septembre 2019, après que la FED avait démarré son resserrement monétaire en 2017, faisant exploser les taux Repo : 

Une situation complexe

Ainsi, aujourd’hui, si la FED se trouve dans une situation plus que complexe avec deux grandes composantes que sont les réserves et les Reverses Repo.

On peut donc dire que l’énorme bilan des Banques Centrale a surtout permis de maintenir la stabilité du système financier en raison du changement de la réglementation et de la composition du système bancaire. 

Ces facteurs signifient que la contraction totale possible du bilan de la FED est particulièrement limitée et pourrait très probablement prendre fin dès cette année 2023

Le rythme de contraction ralentira probablement plus tôt que prévu et avant le terme auquel la plupart des personnes s’attendent.

Au-delà du Quantitative Easing, la vraie question à se poser est donc : est-ce que l’accumulation de réglementation suite à la crise des subprimes a réellement permis une réduction des risques au sein des marchés ? 

Il est fort probable que, plus qu’une réduction, nous ayons tout simplement assisté à un déplacement du risque.