1.000 milliards de dollars… C’est le montant de dette publique américaine que la Chine détenait il y a de cela encore un an !

L’Empire du milieu qui, durant de nombreuses années, notamment suite à la crise des subprimes de 2008, était considéré comme le plus grand créancier au monde vis-à-vis des États-Unis et qui accumulait d’énormes quantités de dettes américaines, se trouve désormais en deuxième position.
De plus, curieusement, depuis maintenant un an, le pays a très largement réduit son exposition aux titres de dettes de l’oncle Same.
La chute, par rapport au plus haut degré d’exposition du pays, est historique, puisque de l’ordre de 180 milliards de dollars en l’espace d’un an et de plus de 457 milliards de dollars depuis son plus haut niveau atteint en 2013 !

Du coup, compte tenu de cette situation, beaucoup craignent que la possession de dette américaine par la Chine ne donne à la Chine un outil de domination économique et géopolitique sur les États-Unis et certains parlent même de militarisation des avoirs américains en possession chinoise.
Qu’en est-il concrètement ?
Quelles sont les raisons de détenir autant de dettes et la Chine est-elle en position de force vis-à-vis des États-Unis ?
Dette américaine et pression chinoise
L’exposition de la Chine à la dette publique américaine est clairement entrée dans une nouvelle phase et sa disposition à s’y exposer a visiblement pris un virage à 90 degrés.
En effet, comme on peut le voir sur ce graphique, depuis que le 21ème siècle a commencé, la Chine a passé la moitié de son temps à accroître sa position de créancière vis-à-vis de la dette de l’Oncle Sam, tandis que, désormais, ce phénomène s’est retourné.
La Chine ne cesse de réduire son exposition, année après année.

Néanmoins, malgré cette situation, qui ne sera pas sans conséquence, la Chine reste, après le Japon, le pays qui possède le plus d’obligations publiques américaines.

Aussi, forcément, beaucoup craignent que la possession de dette américaine par la Chine ne donne à l’Empire du milieu un outil de domination économique et géopolitique sur les États-Unis.
En effet, une telle situation serait susceptible de mener les États-Unis à se soumettre à la Chine de part l’emprise économique que cette dernière exercerait.
Pourtant, en réalité, cette appréhension découle d'une mauvaise compréhension de la dette souveraine et de la manière dont les États tirent leur pouvoir de leurs relations économiques.
Le fait est que, l’achat de dette souveraine par des pays étrangers est une transaction financière dont la finalité est plus unificatrice que diviseuse, notamment en ce qui concerne les relations bilatérales entre les deux pays.
D’ailleurs, l'achat de dette souveraine par d'autres nations est une pratique courante qui favorise l'ouverture de l'économie mondiale.
En ce sens, même si la Chine exigeait le remboursement des dettes possédées ou se mettait à revendre une partie des dettes détenues, comme elle le fait actuellement, en fait, l'utilisation du crédit comme mesure coercitive n’est pas nécessairement chose facile et la capacité qu’a un créancier à imposer ses conditions à une nation débitrice n’est pas nécessairement automatique, varie grandement selon les nations au cours de l’histoire et, en règle générale, cela n’est faisable que dans les cas où la nation débitrice se trouve en situation de faiblesse.
Or, dans le cas des États-Unis, la dette américaine est un actif extrêmement populaire et très recherché au sein de l'économie mondiale.
Par exemple, entre 2016 et 2017, la Chine a réduit ses avoirs en bons du Trésor américain pour un montant avoisinant les 200 milliards de dollars.

Pourtant, malgré son ampleur, cette vente n'a pas eu d'incidence significative sur l’économie américaine, limitant ainsi les conséquences négatives qu'une telle action pourrait avoir sur la prise de décision outre-atlantique au niveau économique et géopolitique.
On voit d’ailleurs comment, au fur et à mesure que la Chine a réduit son exposition aux titres de dettes publiques américaines, les investisseurs étrangers ainsi que les investisseurs domestiques s’y sont substitués.

Tout cela, sans compter qu’aujourd’hui et en l’état actuel des choses, la Chine doit maintenir d'importantes réserves de dette américaine, pour pouvoir gérer le taux de change du renminbi vis-à-vis du reste des devises internationales.
Si la Chine venait à liquider soudainement ses réserves, le taux de change de sa monnaie augmenterait, rendant les exportations chinoises plus chères sur les marchés étrangers. En tant que tel, les avoirs chinois en dette américaine ne confèrent pas à la Chine une influence économique importante sur les États-Unis.
Sachant cela, et arrivé à ce stade, la question que l’on peut se poser est : de manière générale, pourquoi les pays accumulent des réserves de change ?
Un accroissement du stock des réserves de change
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, tout pays qui commerce ouvertement avec un pays tiers est susceptible d'acheter de la dette souveraine de cet autre pays.
En termes de politique économique, on parle de triangle d’incompatibilité ou triangle de Mundell pour les intimes.
Autrement dit, en vertu de ce principe, un pays doit nécessairement faire face à un trilemme et peut donc influencer librement deux des trois éléments que sont le taux de change, la politique monétaire et la circulation des capitaux.

Selon ce principe, on ne peut donc avoir à la fois la libre circulation des capitaux, la maîtrise de la politique monétaire et un système de changes durablement fixes. En revanche, l’abandon d’une des trois conditions permet la possibilité des deux autres.
Autrement dit :
-Si un pays choisit de contrôler le taux de change de sa devise vis-à-vis du reste des devises internationales et de conduire une politique monétaire autonome, il devra renoncer à la libre circulation des capitaux.
-Si un pays choisit de contrôler le taux de change de sa devise vis-à-vis du reste des devises internationales et de favoriser la libre circulation des capitaux, il devra renoncer à la politique monétaire autonome.
-Finalement, si un pays choisit de favoriser la libre circulation des capitaux et de mener une politique monétaire autonome, il devra renoncer à sa capacité à contrôler le taux de change de sa devise vis-à-vis du reste des devises internationales.
Or, l’influence du taux de change et l’autonomie de la politique monétaire sont des choix de politiques monétaires effectués par la banque centrale d'un pays et la possession de dettes souveraines étrangères fournit aux pays un moyen de poursuivre leurs objectifs économiques de trois manières différentes :
1° Premièrement, tout pays ouvert au commerce et/ou à l'investissement international a besoin d'un certain montant de devises étrangères pour payer des biens étrangers ou réaliser des investissements à l'étranger.
En effet, dans un monde globalisé tel que le nôtre, les gouvernements, les particuliers ainsi que les entreprises, entretiennent des relations commerciales et réalisent au quotidien des échanges de biens et de marchandises.
Parfois, nous exportons, c’est-à-dire que nous vendons des marchandises à des pays étrangers pour une certaine valeur et, d’autres fois, nous importons, c’est-à-dire que nous achetons des marchandises à des pays étrangers pour une certaine valeur également.
La différence entre les exportations et les importations nous donne donc la balance commerciale.
Or, il est très rare que l’on exporte autant de marchandises que ce que l’on en importe, c’est-à-dire que l’on se retrouve avec une balance commerciale à l’équilibre.
Lorsque la balance commerciale est excédentaire, cela signifie que exporte plus que ce que l’on importe et, inversement, lorsqu’elle est déficitaire, cela signifie que l’on importe plus que ce que l’on exporte.
Or, pour qu’un pays puisse enregistrer continuellement des déficits commerciaux, comme cela est le cas avec les États-Unis par exemple, encore faut-il que ce pays soit en capacité de s'endetter. Cela signifie qu’un pays ne peut importer plus que ce qu’il n’exporte, c’est-à-dire capter de la valeur étrangère sans le lui en donner en retour, que parce que le pays étranger qui lui envoie ses marchandises accepte de lui faire crédit entre guillemets.

En conséquence, lorsqu’un pays comme la Chine vend plus de marchandises aux États-Unis, sans en recevoir autant, cela revient à lui vendre des biens à crédit, crédit qui se retrouve sous la forme de dollars et/ou de dettes publiques américaines.
De plus, lorsqu'un pays achète des marchandises à l’étranger, il se peut que ce pays ait besoin d’utiliser la devise nationale du pays qui lui échange ses marchandises, raison pour laquelle de nombreux pays conservent en stock des devises étrangères en réserve pour pouvoir réaliser ces dépenses et ainsi ne pas devoir constamment aller échanger leur monnaie sur les marchés internationaux.
Les politiques économiques nationales exigent d’ailleurs souvent des banques centrales qu'elles respectent certains ratios d'adéquation des réserves de change et d'autres réserves, notamment lorsque le pays est endetté vis-à-vis de pays étrangers, ce que l’on appelle la dette extérieure, et afin que ce même pays puisse continuer de rembourser ses dettes, notamment en cas de crise.
Le FMI publie également des lignes directrices pour aider les gouvernements à calculer les niveaux appropriés de réserves de change compte tenu de leurs conditions économiques.
C’est donc pour cette raison que, très souvent, la dette souveraine fait partie des réserves de change du partenaire commerciale.
2° Deuxièmement, il est pertinent de conserver des dettes publiques notamment pour influencer les taux de change et ainsi veiller à la stabilité des prix à l’intérieur d’une économie.
Comme on peut le voir sur ce graphique, durant de nombreuses années et ce, jusqu’en 2005, la Chine fixait le taux de change du renminbi par rapport au dollar. Désormais, cette politique de taux de change fixe a été abandonnée bien que, dans la pratique, la banque centrale influence son cours dans une plus ou moins grande mesure.

Ainsi, une manière de manipuler le taux de change, c’est d’acquérir et de stocker des actifs étrangers qui se rapprochent le plus de la monnaie, telle que de la dette publique.
De telle manière, en cas de choc économique provoquant la dépréciation de la devise nationale, le pays peut peut venir taper dans ses réserves d’actifs pour les revendre sur les marchés mondiaux contre sa propre devise. De cette manière, cela permet de rétablir la stabilité du taux de change prévenant ainsi les risques d’instabilité économique.
3° Finalement, la dette publique de certains pays bien notés étant garantie par le gouvernement, les institutions financières privées et publiques la considèrent comme un actif à faible risque avec une forte probabilité de remboursement bien que certaines obligations d'État soient considérées comme plus risquées que d'autres.
En ce sens, dans la mesure où ces actifs sont peu risqués, ils peuvent s’avérer être des solutions d’investissement de choix plutôt que de garder des dollars qui ne rapportent rien du tout afin justement de recycler les dollars perçus en cas de balance commerciale excédentaire lors des échanges internationaux de marchandises.
Compte tenu de ce que l’on vient de voir, on peut donc se demander : quelles sont les raisons poussant la Chine à acheter autant de dettes américaines ?
L’Oncle Sam sous domination chinoise ?
Aujourd’hui, la Chine détient d'importantes réserves de change, qui se sont accumulées au fil du temps en partie en raison des excédents persistants de la balance commerciale, pour empêcher les entrées de trésorerie provenant du commerce de déstabiliser l'économie nationale.
Les importants avoirs du Trésor américain en Chine en disent donc autant sur la puissance des États-Unis dans l'économie mondiale que les particularités propres à l'économie chinoise.
De manière générale, la dette américaine est un actif recherché puisque relativement sûr et liquide. Ainsi, en tant que monnaie de réserve mondiale et monnaie de transaction internationale, le dollar américain est largement utilisé dans les échanges internationaux.
De ce fait, dans la mesure où les biens commerciaux sont libellés en dollars et en raison de sa forte demande, le billet vert peut facilement être échangé.
Néanmoins, malgré les qualités attrayantes de la dette US, le financement continue de la dette américaine inquiète les économistes, qui craignent qu'un arrêt soudain des flux de capitaux vers les États-Unis ne déclenche une crise intérieure.
Ainsi, la dépendance des États-Unis au financement par emprunt présenterait des défis, non pas à cause d’une interruption de la demande chinoise, mais en cas d’arrêt soudain de la demande de l’ensemble des acteurs, notamment en cas de tension, comme cela est le cas actuellement avec la crise du plafond de la dette.
Plus qu’un instrument de domination, en réalité, la Chine achète donc de la dette américaine pour les mêmes raisons que d'autres pays achètent de la dette américaine, avec néanmoins deux grandes caractéristiques.
1° D'un point de vue régional, les pays asiatiques détiennent un montant inhabituellement élevé de la dette américaine en réponse à la crise financière asiatique de 1997. La crise financière de 1997 a incité les économies asiatiques, dont la Chine, à constituer des réserves de change comme filet de sécurité.
Pendant cette crise, l'Indonésie, la Corée, la Malaisie, les Philippines et la Thaïlande ont vu les investissements étrangers chuter d’environ 12,1 milliards de dollars contre 93 milliards de dollars traditionnellement, ce qui représentait l'équivalent de 11% de leur PIB combiné.

En réponse, certains pays comme la Chine, le Japon, la Corée et les pays d'Asie du Sud-Est ont mis en place d'importants fonds de précaution de réserves de change pour les jours difficiles, qui, pour des raisons de sécurité et de commodité, incluent majoritairement de la dette américaine.
Ces politiques ont d’ailleurs été plus que justifiées après 2008, lorsque les économies asiatiques se sont vantées d'une reprise relativement rapide alors que les économies occidentales mirent des années à se relever.
2° D'un point de vue national cette fois-ci, la Chine achète de la dette américaine en raison de sa position d’usine du monde.
En effet, étant donné que la chine a une balance commerciale excédentaire, c’est-à-dire qu’elle exporte plus que ce qu’elle n’importe, on l’a vu, cela revient à faire crédit aux, notamment aux États-Unis.

Le problème, c’est que les exportateurs chinois qui reçoivent des dollars américains pour leurs marchandises vendues aux États-Unis ont besoin de renminbi pour payer le salaires de leurs travailleurs, acheter des biens nationaux ou encore payer des impôts.
De ce fait, ils vendent les dollars qu'ils reçoivent par le biais des exportations à la banque centrale chinoise pour obtenir des renminbis.
La conséquence c’est que cette situation augmente l'offre de dollars et augmente la demande de renminbis ce qui provoque une appréciation du taux de change du renminbi par rapport au dollar ce qui est susceptible de porter préjudice au secteur exportateur chinois en rendant les biens chinois plus chers pour les étrangers.
Or, la stratégie de la Chine consiste précisément à maintenir une croissance interne tirée par les exportations, ce qui contribue à créer des emplois et lui permet, grâce à une telle croissance continue, de maintenir l'engagement productif de sa grande population.
Cette intervention de la banque centrale chinois, que l’on appelle politique de “stérilisation”, crée donc une pénurie de dollars américains, ce qui maintient les taux du dollar à la hausse. Par la suite, la Chine “recycle” les dollars sous la forme de dette publique américaine pour obtenir un certain rendement sur ses réserves de change. Autrement dit, elle échange un type de monnaie, les billets de dollars, contre un autre type de monnaie, la dette publique.
Par conséquent, tant que la Chine continuera d'avoir une économie axée sur les exportations avec un énorme excédent commercial avec les États-Unis, elle continuera d'accumuler des dollars américains et de la dette américaine.
Les prêts chinois aux États-Unis, via l'achat de dette américaine, permettent aux États-Unis d'acheter des produits chinois. C'est une situation gagnant-gagnant pour les deux nations, les deux en bénéficiant mutuellement. La Chine obtient un énorme marché pour ses produits et les États-Unis bénéficient des prix économiques des produits chinois.
Au-delà de leur rivalité politique bien connue, les deux nations sont enfermées dans un état d'interdépendance dont elles profitent toutes les deux, et qui est susceptible de perdurer.
Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait croire et aussi paradoxal que celà puisse paraître, le plus grand risque pour les États-Unis, ce n’est pas la vente de titres de dettes publiques de la part de la Chine mais bel et bien d’un arrêt des relations commerciales. Mais en faisant cela, la Chine provoquerait autant de dégâts à l’économie américaine qu’à sa propre économie nationale.
D’ailleurs, comme l’explique l'anthropologue David Graeber, dans son livre intitulé “Dette : 5.000 ans d’histoire”, même “la Chine estime que le fait de détenir autant de bons du Trésor américain la rend dans une certaine mesure redevable aux intérêts américains, plutôt que l'inverse”.
Pour conclure et compte tenu de ce que l’on vient de voir, on est mieux à même de comprendre pourquoi la Chine à réduit son exposition aux titres de dettes américains. Loin de vouloir voir les États-Unis s’effondrer, l’Empire du milieu a simplement suivi une politique monétaire inverse à celle suivie traditionnellement.
En effet, celle-ci consiste simplement à défendre son taux de change selon la conjoncture économique et donc lorsque le renminbi perd trop de valeur, la chine rachète du renminbi en vendant de la dette publique américaine et, inversement, lorsque le renminbi prend trop de valeur, la chine vend sa monnaie et rachète de la dette publique américaine.

Or, depuis 2014, la Chine s’est mise à baisser les taux d’intérêt pour relancer la consommation interne, dans un contexte où, au contraire, les États-Unis suivaient la même année une politique de resserrement monétaire et par la suite de hausse de taux d’intérêt.

Cela portait donc atteinte au taux de change puisque le dollar avait déjà pris beaucoup de valeur, ce qui correspond précisément au moment où l’Empire du Milieu s’est mis à réduire son exposition à la dette publique américaine.

Pour la première fois depuis 15 ans, en 2022, la Banque Centrale Européenne n'a réalisé aucun bénéfice !
Compte tenu du resserrement monétaire actuel, les pertes de la BCE se poursuivront au moins jusqu'en 2024/2025 et probablement au-delà…
Qu'est-ce que cela signifie concrètement et quel impact cette situation aura-t-elle sur la zone euro et notre monnaie communautaire ?
La BCE dans la tourmente ?!
3 chiffres importants:
- 698,8 milliards d’euros : c’est la taille du bilan de la BCE qui a augmenté de 18,7 milliards d’euros par rapport à l’année 2021
- 1,6 milliards d’euros : c’est le montant dans lequel la Banque Centrale Européenne a dû taper pour venir compenser les pertes d’argent qu’elle a engendrée et, finalement,
- 0 euro : c’est le bénéfice de la BCE
Pour la première fois depuis 15 ans, la Banque Centrale Européenne n'a réalisé aucun bénéfice, mais, en plus, elle a dû taper dans ses réserves pour éviter d’enregistrer des pertes.
Compte tenu de l’évolution actuelle, les analystes prédisent des années de pertes suite au renversement de ses politiques monétaires ultra-accommodantes.
Cela n’est un secret pour personne, les banques centrales ont énormément gonflé leurs bilans au cours des dernières décennies.
Cet outil vise à poursuivre leurs objectifs de stabilité macroéconomique et financière.
Le problème, c’est que, en agissant de la sorte, les banques centrales ont sciées la branche sur laquelle elles étaient assises.
Mais comment se fait-il que la banque centrale, celle qui a pourtant le monopole de l'émission monétaire, subisse des pertes ?
A priori, l’entité n’aurait qu’à faire tourner sa “planche à billets” ?
En réalité, parler de planche à billets n’a pas vraiment de sens…
Le fonctionnement et le rôle de la BCE
Par conséquent, si le but est d’asseoir et renforcer la crédibilité de sa monnaie, la banque centrale ne peut pas émettre librement de la monnaie pour annuler ses pertes.
Du coup, sa situation actuelle n’est en réalité pas si différente de ce qu’il peut arriver à n’importe quelle autre entité : si ses revenus sont supérieurs à ses dépenses, alors elle gagne de l’argent. À l’inversement, si ses revenus sont inférieurs à ses dépenses alors, elle perd de l’argent.
En fait, l’activité de la BCE, outre son unique mandat de stabilité des prix en maintenant l’inflation à moyen terme sous et proche des 2%, consiste à toucher des revenus sur ses actifs et reverser une partie de ses revenus en remboursant ses dettes sur son passif. La différence étant le bénéfice.
Le problème, c’est que l’actif de la BCE est rempli de dettes d’États peu rémunératrices mais, dans le même temps, du côté du passif, la BCE doit rembourser des intérêts.
Il faut savoir que lorsque la banque centrale verse des intérêts aux banques commerciales, elle transfère une partie de ses bénéfices au secteur bancaire.
Elle ne crée pas de l’argent pour l’occasion contrairement à ce que certains croient !
Elle prend l’argent que les États paient dans le cadre du remboursement de leur dette et en redistribue une partie aux banques. Le surplus faisant office de bénéfices ou de pertes.
Le hic, c’est que la plupart des obligations d'État détenues par la Banque Centrale ont été émises à des taux d'intérêt très bas, souvent même nuls.
Dans le même temps, la BCE paie un taux d'intérêt de 2,5% sur les réserves bancaires.
En effet, les augmentations récentes des taux d'intérêt ont des implications importantes pour les profits et les pertes des banques centrales.
Les hausses de taux d'intérêt entraîne également des paiements d'intérêts plus importants par les banques centrales aux banques commerciales.
Ces paiements d'intérêts pourraient être encore plus importants étant donné que la BCE a annoncé de nouvelles hausses des taux.
Malgré tout, cela reste encore difficile à anticiper dans la mesure où, en même temps que les taux d’intérêt sont censés croître, la BCE a mis en place son resserrement quantitatif: le Quantitative Tightening.
Lorsque la BCE réalise des profits, elle les redistribue à ses actionnaires, c’est-à-dire les États à hauteur de leur détention capitalistique.
C’est l’article 33 des statuts du Système Européen des Banques Centrales, relatifs à la répartition des bénéfices et des pertes nets de la BCE qui dispose que :
“Le bénéfice net de la BCE est transféré dans l'ordre suivant :
a) un montant à déterminer par le conseil des gouverneurs, qui ne peut dépasser 20% du bénéfice net, est transféré au fonds de réserve générale dans la limite de 100% du capital ;
b) le bénéfice net restant est distribué aux détenteurs de parts de la BCE proportionnellement aux parts qu'ils ont libérées”.
Dans tous les cas, une chose est sûre : on peut clairement dire que le pari de la BCE que les taux d'intérêt resteraient bas se retourne désormais contre elle et elle le reconnaît dans son dernier rapport.
Ce paradoxe est tout simplement la conséquence des changements de politique monétaire.
Pour autant, pour le moment, il est précipité de crier au catastrophisme compte tenu du matelas de sécurité que l’institution a construit au cours des années précédentes dans le but d’absorber les pertes futures.
Un problème supplémentaire: ces ressources financières ne sont pas nécessairement stables et une valeur sûre à proprement parler dans la mesure où elles sont composées de titres qui peuvent prendre ou perdre de la valeur.
On comprend vite que si la BCE doit venir taper régulièrement dans ce matelas…
Le futur de la zone euro compromise ?
En soit, ces pertes, ne signifient probablement pas l'éclatement de la zone euro, mais elles ne doivent surtout pas être ignorées compte tenu du fait qu’elles pourraient en être l’élément déclencheur.
D'une part, parce qu'elles proviennent en partie d’une politique monétaire très laxiste qui a davantage profité aux pays les plus endettés et les moins solvables et, d’autre part, parce que ce sont désormais, les pays qui ont le moins de dettes et les plus solvables qui en paient le prix.
L’on assiste donc actuellement à la fragmentation entre les pays du nord et les pays du sud, exactement comme nous l’expliquons depuis maintenant près de 2 ans !
Un autre risque est d’ordre politique et à trait à l’indépendance des institutions monétaires. En d’autres termes, si les banques centrales continuent de perdre de l'argent chaque année, les États pourraient devoir injecter du capital supplémentaire au pire moment…
Dans le cas contraire, c’est l'indépendance de ces organismes qui serait remise en question, ce qui pourrait exacerber le poids de l’État au travers de ce que l’on appelle la “fiscale dominance” et donc l’étatisation de la société !
Finalement, il faut bien rester conscient que la capacité d’une banque centrale à opérer normalement même en cas de capital négatif n’est valable que si elle reste crédible aux yeux des marchés financiers et du système bancaire.
Comme le reconnaît la Banque des Règlements Internationaux, aussi connue pour être la banque centrale des banques centrales, dans un récent rapport, plusieurs banques centrales ont déjà enregistré de nombreuses pertes.
Selon la BRI, les banques centrales peuvent atténuer le risque de mauvaise perception grâce à une communication efficace avec les parties prenantes.
Le problème c’est que la crédibilité de la BCE n’est pas glorieuse… Une plus grande fréquence de communication a plutôt eu tendance à éroder la confiance déposée dans l’institution :
En cas de mauvaise gestion macroéconomique et de manque de crédibilité de l'État, les pertes peuvent éroder la réputation de la banque centrale.
Cela est d’autant plus problématique que la BCE elle-même a reconnu que “les banques centrales accepteraient volontiers des pertes sur leurs bilans qui entraîneraient en fin de compte des pertes pour le contribuable moyen” …
On peut donc conclure que, s’il est vrai que, techniquement parlant, une banque centrale ne peut pas faire faillite, la monnaie elle, le peut.
Or, le principal produit que gère une banque centrale est précisément la monnaie et elle a pour vocation de veiller à sa stabilité.
Les risques de défiance vis-à-vis des banques centrales et des monnaies que ces dernières gères sont donc clairement des signes mettant en exergue leur faillite à mener à bien leur mission.
L'économie chinoise se trouve actuellement en difficulté et certains économistes font de sombres prédictions sur l’avenir du pays.
La Chine connaît le pire niveau de croissance depuis 1976 ! De plus, un krach immobilier a commencé comme nous l'avions vu dans un précédent article, et on observe une fuite des investisseurs étrangers du pays.
Qu’est-il en train de se passer ?
Quels sont les défis auxquels l’empire du milieu est soumis ?
Une dictature en difficulté
2022 est une année spéciale : pour la première fois, depuis des décennies, des économies comme les États-Unis ou la zone euro auront connu une croissance économique plus élevée que la Chine.
Depuis des années la Chine enregistrait des taux de croissance de l’ordre de 7 à 10% passant à 3% pour 2022.
Il est totalement justifié que d’affirmer qu’un rythme de croissance de 7 à 10 % année après année n’est pas viable sur le long terme. Cela est tout à fait naturel que, au fur et à mesure qu’un pays se développe, sa capacité à croître se tarit.
Pour autant, compte tenu du niveau actuel de développement économique, le PIB chinois continue d'être plutôt faible.
À titre d’exemple, le Produit Intérieur Brut par tête en PPA et à prix constants de la France et des États-Unis, c’est-à-dire en Parité de Pouvoir d’Achat, sont près de 3 fois et 4 fois plus élevés respectivement que celui de la Chine.
Tout ceci s’explique par la politique zéro covid mise en place par le Parti communiste chinois maintenant l'économie à l'arrêt.
Mais ce serait une erreur que de croire que la seule cause ayant impactée l'économie chinoise en 2022 soit uniquement la politique de covid-zéro.
Même si l’économie chinoise retrouve de hauts niveaux de croissances à court-terme, sur le moyen-terme, le pays va devoir faire face à un grand défi.
Les 3 défis de la Chine
1. Sa dette
Ces dernières années, la Chine a accumulé une quantité de dettes stupéfiantes et en un temps incroyablement court.
Entre 2010 et aujourd’hui, la dette privée chinoise est passée de 10.000 milliards de dollars à 51.900 milliards de dollars, soit une multiplication par 5 !
En fait, la situation de la Chine s’explique pour le modèle de croissance sur lequel le pays s'appuie ainsi que les objectifs fixés par le parti.
Ainsi, en 2013, le président chinois Xi Jinping, annonçait la mise en place des “nouvelles routes de la soie”. Ses ambitions économiques, diplomatiques et stratégiques mondiales de la Chine était d'étendre l’influence du pays.
Pour autant, ce rêve de domination internationale n’a rien de nouveau et remonte en réalité à Mao Zedong qui avait pour ambition de redonner la puissance d'antan à la Chine d’ici 2049.
Au début du XXIème siècle, la croissance chinoise permettait au pays de se développer et de sortir de la pauvreté.
Jusqu'en 2007, l'économie chinoise s'est développée principalement grâce à son secteur exportateur qui était en plein essor.
La Chine avait et continue d'avoir un secteur exportateur extrêmement compétitif, notamment en ce qui concerne la vente massive de marchandises.
De son côté, l’Occident finançait l’achat de ces marchandises en grande partie au travers de son endettement.
Par exemple, dans le cas des États-Unis, le pays s'endettait majoritairement envers la Chine.
La Chine dégageait régulièrement un excédent courant, c’est-à-dire qu’il exportait bien plus qu’il n’importait.
Un cercle d’endettement s’était mis en place, avec d’une part les Etats-unis qui s’endettaient en partie vis-à-vis de la Chine et d’autre part, la Chine qui lui vendait ses marchandises.
Le problème c’est qu’en 2007, la crise financière frappe de plein fouet l'Occident et évidemment, la capacité d’endettement de ces pays a diminué. On a donc assisté à un phénomène de désendettement, notamment de la part des agents privés qui cherchaient à liquider leurs actifs afin de rembourser leurs dettes.
De ce fait, les autorités chinoises ont compris à partir de 2008 qu'un changement de cycle s'annonçait : l'Occident n'allait plus acheter les marchandises chinoises en s'endettant.
Ainsi, les autorités chinoises ont décidé de changer la stratégie de croissance du pays: au lieu de focaliser l'activité économique sur les exportations, l’objectif était désormais de donner beaucoup plus d’importance à la consommation intérieure.
2007 a donc marqué la fin de l’énorme croissance chinoise …
La question se posait donc de savoir comment maintenir ces taux de croissance sachant que le moteur de la dette occidentale allait ralentir.
La réponse apportée par les autorités chinoises était de favoriser la consommation intérieure grâce à l'emprunt. Ainsi, la dette privée des ménages et des entreprises chinoises a tout simplement doublé.
La Chine dépend donc de son propre endettement et forcément, il arrive un moment où cela devient particulièrement dangereux. En effet, l'excès de dette a tendance à générer des bulles d'actifs…
Si cet excès de dette finance de mauvais investissements et que ces investissements ne sont pas rentables, il devient difficile de faire face à ses engagements ce qui provoque l’effondrement de l’économie du pays.
2. Son immobilier
La vente de maisons en Chine continue de s’effondrer.
Et ce phénomène se répète avec la production industrielle, avec un recul au deuxième trimestre et une stagnation au quatrième trimestre, trimestres qui coïncident justement avec les périodes durant lesquelles l'économie chinoise s’est refermée en raison des politiques de zéro-covid.
Les ventes de maisons ont plongé sur l’ensemble de l’année, de la même manière que l’indice des prix immobiliers s’est retourné en début d’année dernière, ce qui illustre qu’une crise immobilière profonde est en cours.
C’est pour cette raison que le parti communiste chinois a récemment levé les restrictions qu'il s'imposait lui-même pour limiter la croissance du crédit immobilier.
C'est-à-dire que le parti communiste entend relancer l'investissement immobilier en Chine et ainsi regonfler la bulle immobilière.
La Chine qui se trouve donc dans une impasse n’a pas d’autre choix que de nouveau parier sur l’immobilier comme moyen de relancer une économie affaiblie.
3. Sa démographie
En 2022, la population chinoise a diminué pour la première fois depuis 1960, c’est-à-dire depuis plus de 60 ans !
Pour se faire une idée du phénomène, la population chinoise a diminué de 850.000 personnes par rapport à 2021. Une partie de cette baisse était due aux décès liés au Covid mais la principale raison expliquant cet évènement concerne la baisse du taux de natalité découlant de la politique de l’enfant unique de la Chine.
Le taux de natalité en Chine baisse année après année depuis longtemps et malgré les efforts des autorités pour le relancer, les mesures restent vaines.
A cela s’ajoute:
- Un ratio du sexe asymétrique: un excédent d’hommes et un déficit de femmes.
- Une population vieillissante
- Une fuite du régime autoritaire .
Ainsi, la Chine a sans aucun doute commis sa plus grande erreur stratégique en instaurant la politique de l’enfant unique dans les années 70.
En ce sens, il y a fort à parier que la chine a très probablement déjà atteint son pic de population et que désormais, la démographie chinoise va baisser plus ou moins continuellement année après année.
Or, un pays qui perd de la population suppose moins de dynamiques, moins d'entrepreneurs, moins d’innovation et donc beaucoup moins de potentiel de croissance.
En d’autres termes, si 2022 a été la pire année depuis 1976 pour la Chine, sans compter 2020, on peut sans aucun doute s’attendre à ce que cette date ne marque en réalité que le début d’un déclin en devenir …
Une semaine après avoir présenté la réforme des retraites, les débats font rage et les grèves menacent une énième fois de porter un coup sur l’économie.
La retraite, on en entend parler depuis des années et il s’agit sans aucun doute d’un des sujets qui préoccupent le plus les français.
Qu’en est-il concrètement et quelles sont les alternatives ?
État des lieux du plus grand système pyramidal de l’histoire
Quelle est la différence entre un système pyramidal et le système de retraite par répartition ?
Le système des retraites: une pyramide de Ponzi?
Aucune, si ce n’est que les individus et les entreprises mettant en place ce mode de fonctionnement sont généralement traités d'escrocs tandis que lorsqu’il s’agit de l’État, on parle de régime légitime.
De manière très brève, pour rappel, c’est au début du XXème siècle que Charles Ponzi a mis en place l’une des escroqueries les plus connues de l’histoire : le fameux système pyramidal.
Le mécanisme est relativement simple : des individus donnent de l’argent à une entité qui prétend offrir de bons rendements et ils sont en réalité payés avec l’argent des nouveaux arrivants. À strictement aucun moment l’argent n’est investi mais l’illusion de jolies rentabilité est bien présente. Tant qu’il y a de nouveaux arrivants, c’est-à-dire que l’argent rentre tout va pour le mieux. Tout peut basculer et s’effondre le jour où il y a plus de réclamations de remboursement et/ou plus suffisamment d'entrées d’argent. La seule solution est donc, soit de refiler la patate chaude en stoppant les remboursements momentanément, soit d’accepter l’existence de la fraude en assumant que certains se sont fait berner et ne pourront pas retrouver leur argent.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, strictement personne ne nierait l’existence d’une telle escroquerie dans le cas de Bernard Madoff par exemple, en revanche, peu de personnes oseraient reconnaître l’existence d’une escroquerie lorsqu’il s’agit du système de retraite par répartition.
Les scénarios du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) s'accordent sur un déficit des régimes de retraite jusqu'en 2043 au moins.
Il en résulterait donc un accroissement de l'endettement de 10 points de PIB à la charge des générations futures.
Cet âge de départ à la retraite est un débat qui n’a que très peu de sens puisqu’en théorie, si l’âge légal de départ à la retraite est pour le moment fixé à 62 ans, dans la pratique, cela est partiellement faux.
Du moins, cela était faux pour les personnes nées après 1973 et le sera désormais également pour celles nées à partir de 1968.
Sauf que dans la pratique, pour une personne née après 1973, il y a fort à parier que son âge légal de départ à la retraite soit en réalité déjà fixé à 65 ans en raison de la durée de cotisation !
Voici un tableau récapitulatif du nombre de trimestres de cotisation en fonction de notre âge de naissance et de la nouvelle réforme :
Exemple:
Pour faire simple, une personne qui a aujourd'hui moins de 51 ans, hors cas exceptionnels, doit avoir cotisé 43 ans, c’est-à-dire 172 trimestres, pour partir à la retraite à 62 ans.
Sauf que 62 moins 43 ça donne 19. Donc si cette personne n’a pas commencé à travailler à 19 ans, ou qu’elle a eu des périodes d’arrêt entre temps durant lesquels elle n’a pas cotisé, elle peut d’ores et déjà oublier sa retraite à 62 ans à taux plein.
Pour faire simple, si cette personne a touché, en moyenne, 2.000 euros par mois sur ses 25 meilleures années, le montant de sa retraite s’élèvera à 790 euros, c’est-à-dire, une chute des revenus mensuels de 60,50 pour cent !
Mais ce n’est pas tout, car on ne parle ici que de la retraite “de base” c’est-à-dire de la CNAV acronyme de Caisse Nationale de l’Assurance Vieillesse, il faut également prendre en compte la retraite complémentaire que l’on appelle AGIRC-ARRCO, qui appliquera une décote de 10 pour cent durant 3 ans !
C’est d’ailleurs précisément pour cette raison qu’en réalité l’âge réel de départ à la retraite aujourd’hui en France n’est pas de 62 ans mais de 63 ans.
Système alternatif : la capitalisation
Selon Albert Einstein, les intérêts composés sont la plus grande force de l’univers. Or, c’est le fondement même de la retraite par capitalisation.
Mais concrètement, la retraite par capitalisation pourrait-elle produire une meilleure pension pour tous ?
Imaginons un salarié de 20 ans qui commence à travailler en 2020 avec un salaire net mensuel médian de 2.005 euros avant impôt sur le revenu = 24.060 euros/an.
D’après la calculette du gouvernement, cela signifie que le coût total de l’employeur est de 40.605 euros, ce qui représente près de 41% de charges sur le montant total payé soit, 16.545 euros à l’année.
En partant du principe, peu probable, qu’il n’y a pas d’évolution du salaire dans le temps, cela permettrait à notre salarié de toucher une retraite d’ici 43 ans de 1.481 euros par mois avant impôt sur le revenu.
Ce qu’il en ressort de ce simple exemple c’est que l’on cotise énormément puisque 16.545 euros, soit l’équivalent d’un SMIC, partent en cotisations. Ce salarié travaille donc jusqu’en août pour cotiser, tout ce qui tombe après lui reste réellement dans la poche.
De plus, il est malhonnête de dire que la retraite par capitalisation ne serait pas viable étant donné que sur ces 40.605 euros par an, 8.533 euros, soit plus de 4 mois de revenus mensuels nets partent en cotisation retraite !
Autrement dit, sur 43 ans, cela représente 366.919 euros de cotisation.
Pour comparer avec le système alternatif, qui ne repose donc pas sur un système pyramidal, il convient de se poser la question à savoir, est-ce qu’en cotisant exactement la même somme dans un fonds de retraite par capitalisation, tout comme les fonctionnaires avec PRÉFON c’est-à-dire la Prévoyance de la Fonction publique, ou l’ERAFP, c’est-à-dire l’Établissement de Retraite Additionnelle de la Fonction Publique, il est possible d’obtenir autant, voire plus qu’avec un système pyramidal, instable par nature.
Pour cela, il suffit de partir des mêmes prémisses que vu précédemment, en reprenant tout simplement les performances communiquées par les fonds de pensions de retraites par capitalisation existants pour les fonctionnaires, ici l’ERAFP, conformément au dernier rapport en ligne.
Notre salarié va donc cotiser 8.533 euros par an à la retraite par capitalisation soit, 711 euros par mois.
Cette somme sera placée dans plusieurs classes d’actifs disponibles dont les obligations d’État, les obligations d’entreprises, les actions ou encore l’immobilier,selon différentes zones géographiques.
On observe que depuis 2006, le TRI, c’est-à-dire le Taux de Rentabilité Interne est globalement stable, malgré la crise de 2008 et celle de 2020.
Pour se faire une idée, avec de tels chiffres, au bout de 43 ans, en cotisant 711 euros par mois durant 43 ans, le retraité aurait un montant alloué dans son fonds de pension à plus de 1 million 247.000 euros soit, près de 622 fois son salaire mensuel net.
On pourrait même estimer que, par mesure de précaution, il est préférable de se focaliser sur la performance comptable qui s’élève à 3 % an plutôt que la performance économique afin de tenir compte des engagements et des provisions, c’est-à-dire prendre en compte les retraits futurs et sur-couvrir le fonds afin de faire face à des chutes de marchés et au paiement des pensions des personnes déjà à la retraite et qui ont fini de cotiser avec les mêmes montants de cotisations mensuelles, ce qui porterait la valeur globale du portefeuille à près de 740.000 euros au bout de 43 ans.
Au travers de cette simulation, on comprend donc qu’au bout de 43 ans, notre salarié est en mesure de prétendre à une retraite bien méritée.
Le système par répartition
Dans un système par répartition, il aurait droit à une pension de retraite de 1.481 euros net par mois, soit un taux de remplacement de près de 74% de son salaire de travailleur qui s’établissait à 2.005 euros.
La question est donc de savoir s’il est possible d’espérer autant si ce n’est plus avec le système par capitalisation avec un capital accumulé de plus d’un million d’euros.
En règle générale, la méthode employée par les organismes de retraite consiste à proposer une rente viagère.
Autrement dit, il s’agit de payer une somme tous les ans, sur la base du capital qui reste investi. Il rend donc au pensionné son capital accumulé, moins les frais de gestion, ainsi que les intérêts qu’il continue de produire, sur la durée de vie restante.
Évidemment, il ne connaît pas la durée de vie restante du nouveau retraité, mais avec une dizaine de millions de retraités, la loi des grands nombres permet de connaître avec une très bonne précision la probabilité de décès en fonction de l’âge et du sexe.
2 forces s’opposent : tandis que le capital continue de grossir puisqu’il reste investi, il tend à se réduire par le paiement de la rente viagère.
Or, en l’état actuel des choses, malgré le paiement des prestations, la performance reste de 3 % avec des flux entrants qui sont majoritairement réinvestis, le paiement des prestations ne représentant que 14% des flux de trésoreries sortants.
Autrement dit, il est largement possible, avec ce système, de continuer de percevoir le même montant de pension de retraite que le salaire touché durant sa carrière professionnelle.
Encore une fois, il s’agit ici de consacrer seulement, ces 711 euros par mois de cotisations ne représentent que 21% du montant total payé par l’employeur et qui sont traditionnellement dédiées au paiement des retraites des pensionnaires actuels, tel un système ponzi.
Répartition ou capitalisation?
Il ne fait donc aucun doute que la capitalisation est bien plus performante et morale que la répartition, la fonction publique l’a d’ailleurs bien compris. Malgré tout, les démagogues préfèrent polariser le débat et opter pour les mêmes recettes telles une panacée universelle puisqu’il suffirait de venir exproprier l’équivalent de 2 % de la fortune des 42 milliardaires français pour trouver les 12 milliards d’euros qui correspondent au déficit anticipé du système des retraites.
Ils oublient que leur fortune étant majoritairement composées d’actions, ce système impliquerait de les forcer à vendre, chaque année, 2% de leurs actions, et d'en verser le produit à l'État.
Ce sont ces mêmes personnes qui expliquent à longueur de journée qu’il n’y a aucun problème de financement des retraites et qui décrient par la même occasion le système par capitalisation.
Le contexte géopolitique international en ce début d’année 2023 joue incontestablement sur les prix du pétrole et donc, par voie de conséquence, sur les prix affichés par les stations-services.
Entre les tensions internationales qui restent grandes, la réouverture de la Chine susceptible de faire monter la demande mondiale de produits pétroliers, l’entrée en vigueur de l’embargo sur le gazole russe ou encore la fin de la ristourne sur le carburant depuis le premier janvier, c’est le portefeuille des automobilistes qui pourrait bien en pâtir.
Comme si cela ne suffisait pas, désormais, c’est la réforme de la retraite qui est susceptible de provoquer une énième grève dans les raffineries.
Pourtant, curieusement, l’on assiste actuellement à un phénomène particulièrement intéressant !
Alors que le prix du baril de pétrole brent, c’est-à-dire le pétrole brut de référence en Europe, a perdu près de 30 % sur les marchés.
Dans le même temps, les prix à la pompe poursuivent leur hausse après un léger repli en cours d’année.
De plus, le prix du gasoil est désormais pratiquement à égalité avec le prix de l’essence alors même que l’essence était censée être vendue à un prix plus élevé.
Qu’est-il en train de se passer ? Quelles sont les explications de telles situations ? Quelles pourraient être les conséquences de l’embargo qui est sur le point d’entrer en vigueur ?
Évolution des prix du pétrole
Afin d’expliquer les différentes situations que nous vivons actuellement, plusieurs données et erreurs de raisonnement peuvent être mises en avant.
En effet, la plupart du temps, les personnes un petit peu versées dans le thème des matières premières, ont tendance à expliquer la fluctuation des prix à la pompe au travers de l’évolution de l’indicateur de référence pour le pétrole Européen qu’est le pétrole brent !
Il s’agit d’un automatisme : si les prix de marché montent alors, tout naturellement, cela doit se répercuter sur les prix affichés par les stations services et inversement si les prix baissent.
Pourtant, ce raisonnement, qui semble logique de prime abord, n’est évidemment pas mécanique…
En effet, si l’on se focalise sur l’évolution du prix du pétrole brent, on se rend compte qu’effectivement, le pétrole a connu un pic au cours de l’été 2022 avec une jolie correction sur les derniers mois de l’année.
Pourtant, ce graphique est trompeur étant donné que, nous, citoyens européens faisant partie de la zone euro, nous utilisons des euros et non des dollars. De ce fait, dans la mesure où les importations se font en grande partie en dollars, comme nous l’avons vu dans un précédent article, la fluctuation des devises, est susceptible d’exacerber la hausse du prix de l’or noir.
En effet, l’euro s’étant cassé la figure et étant tombé sous la parité en 2022, il est logique que les prix du pétrole nous soient revenus plus cher. Aujourd’hui, l’euro s’est bien apprécié, bien qu’il reste légèrement au-dessus de la parité avec le dollar.
Ainsi, alors qu’en 2008, avec 1 €, il m’était possible de recevoir en échange 1,50$, aujourd’hui, avec ce même euro, je ne reçois plus qu’environ 1 $.
On comprend donc que, non, il est faux de penser que les fluctuations du marché vont automatiquement venir impacter les prix à la pompe. Jeter un coup d'œil aux graphiques quotidiennement pour tenter de prédire les prix à la station-essence n’est qu’une analyse partielle de la réalité économique.
Malgré tout, cela n'explique pas la totalité de la hausse des prix des carburants à la pompe.
Non seulement parce que, certes l’euro a repris de la valeur entre temps et le prix du pétrole lui, est en baisse, mais surtout et avant tout parce que la hausse des prix à la pompe est bien plus grande par rapport à la hausse du prix du baril, même en prenant en compte l’appréciation de l’euro.
Les prix à la pompe prêt à s'envoler
On comprend donc qu’il existe évidemment des raisons supplémentaires susceptibles d’expliquer cette différence d’évolution des prix.
Plusieurs raisons expliquent cela :
1) Prix de marché vs prix affichés aux stations
Il convient de rester conscient que, tandis que les prix affichés par les marchés fluctuent tous les jours, les prix affichés par les stations sont plus rigides et fluctuent en moyenne tous les 4 jours d’après la Banque de France.
Il est donc normal d’observer un léger retard d’ajustement des prix. A cela s’ajoute l’évolution du taux de change euro/dollar.
2) Les taxes
Ensuite, il faut savoir que les prix affichés sont TTC c’est-à-dire Toutes Taxes Comprises. Or, cela n’est un secret pour personne, le France est le troisième pays avec les droits d’accises les plus élevés en Europe après le Royaume-Unis et l’Italie.
Le montant de taxes dans un litre de gasoil est en hausse constante, les fluctuations s’expliquant notamment par la TVA : le montant récolté sera d’autant plus grand que les prix augmentent.
Les stations-essences sont en réalité une incroyable manne financière pour l’État ! On paye plus de taxes que de produit lui-même, ce qui représente en fait une imposition supérieure à 100 % !
Après avoir poussé massivement les gens à se détourner de l’essence afin de les inciter à opter pour les moteurs diesel, à partir de 2015, le gouvernement a décidé de diminuer l'avantage consenti au gasoil. Ceci est passé par l’augmentation de la TICPE, c’est-à-dire la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques.
Devant le furie des gilets jaunes, excédés, l'augmentation de ces taxes a été gelée fin 2018.
Sur ce graphique, les courbes en pointillés rappellent le plan initial d'augmentation. On observe malgré tout une forte diminution de l'avantage du gasoil par rapport au Super sans Plomb et pour l’avenir rien ne nous garantit que le gouvernement ne sera pas tenté de revenir sur ces augmentations.
Il faut savoir que le prix du carburant intègre deux composantes principales : le coût afférent au pétrole lui-même ainsi que la fiscalité.
Le coût du produit pétrolier
Le coût du produit pétrolier est composé du coût d’achat du pétrole brut, du coût du raffinage permettant de transformer le pétrole en carburant et finalement, du coût de stockage, de transport et de distribution.
Fiscalité
Au niveau de la fiscalité, qui est extrêmement lourde, et bien en réalité, lorsque nous passons à la pompe, nous n’achetons pas un seul produit, c’est-à-dire du carburant, mais deux produits.
Nous achetons également des impôts.
Impôts
En effet, la fiscalité est composée de deux taxes :
- la TVA classique qui représente 20%
- la TICPE qui est un montant fixe de 69,02 centimes le litre d’essence et 60,75 centimes le litre de gasoil.
Sauf qu’en plus de cela, on paie également de l’impôt sur de l’impôt, c’est-à-dire de la TVA sur le TICPE !
En d’autres termes, la TVA s’applique non seulement sur le prix du carburant, mais aussi sur celui de la TICPE…
Pour faire simple:
Pour un plein de 50 L de gasoil: le coût total = 95 euros
- dont 35,75 euros concernant les coûts afférents au carburant
- 12,95 euros de coûts de distribution
- 46,30 euros de taxes
Cela représente un joli taux d’imposition de 130 %.
Malgré tout, les prélèvements obligatoires n’ont pas augmenté en 2022 et il y a même eu l’application d’une ristourne afin de limiter les effets négatifs sur le portefeuille des ménages.
La fin de cette ristourne depuis le début d’année explique donc une augmentation des prix à la pompe…
bien que partiellement, étant donné, qu’encore une fois, le prix du brent est aujourd’hui légèrement en-dessous des niveaux des prix affichés durant la période allant de 2011 à 2014.
D’ailleurs, sur une semaine, le gasoil a augmenté de 13 centimes et le super a augmenté de 19 centimes.
3) Les marges brutes de raffinage
Les marges brutes de raffinage correspondent l’écart entre les prix du pétrole brut et les produits raffinés comme l’essence et le gasoil.
Cela semble évident, il ne suffit pas d’extraire du pétrole, encore faut-il le raffiner, c’est-à-dire lui donner une utilité en le transformant en gaz, en essence, en kérosène, en gasoil et ainsi de suite, et ce procédé est réalisé au sein de raffineries.
Or, actuellement, les marges commerciales brutes des raffineries, c’est-à-dire le rapport entre le prix d'achat des produits pétroliers et leur prix de vente, restent à des niveaux particulièrement élevés.
Il faut savoir que la marge engrangée par l’entreprise et le bénéfice éventuel que cette dernière est susceptible de dégager, de nombreuses charges d’exploitations sont à envisager.
Par exemple, les dépenses d’exploitation des raffineries européennes afin d’éliminer le soufre contenu dans le pétrole qu’elle achète ont augmenté en 2022. L'élimination du soufre a pour but de réduire les émissions de dioxyde soufre, des produits pétroliers raffinés afin de respecter les normes européennes.
Les dépenses d’exploitation sont donc d’autant plus vraie du côté européen étant donné que traditionnellement, nous importons majoritairement du pétrole russe dont la teneur en soufre est relativement élevée et pour retirer le soufre, les raffineries utilisent de l’hydrogène.
Or, plus de 95 % de la production d’hydrogène est issue d’énergies fossiles et notamment de gaz naturel au travers du méthane…
Les coûts d’achats des industriels ont été particulièrement élevé compte tenu du fait que les industriels se sont précipités pour remplir leurs stocks de gaz afin de passer l’hiver.
En outre, à l’intérieur de ces marges brutes, il y a également le coût afférent au système du pollueur/payeur et des permis carbone qui restent encore extrêmement élevés après un bref répit l’automne dernier.
4) Le manque de capacité de raffinage mondiale.
En effet, la capacité de raffinage actuelle, autour de la planète, pour produire de l'essence ou du diesel est limitée.
La demande de carburants est très élevée et l’offre de carburants ne peut pas croître aussi vite…
La différence entre le prix du pétrole brut et le prix de l'essence et du diesel se creusent sans pour autant que cela ne se reflète sur les prix du pétrole étant donné que les États-Unis continuent de taper dans leurs réserves stratégiques.
Autrement dit, si ces réserves stratégiques de pétrole n’avaient pas été libérées, le prix du baril serait beaucoup plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui.
Mais évidemment, si l’exploitation de ces réserves stratégiques servent à contenir le prix du baril de pétrole brut, cette mesure ne permet pas de limiter les marges commerciales des raffineries étant donné que tout ce pétrole libéré doit ensuite être raffiné et transformé en carburants.
Si l’offre de pétrole augmente d’un coup, mais que dans le même temps, il n’y a pas suffisamment de raffineries, le pétrole n’est pas transformé et les marges se maintiennent, voire augmentent.
5) Diminution des capacités de raffinage
Cela concerne la diminution des capacités de raffinage ces dernières années.
L’industrie du raffinage a été démantelée et très peu de capitaux ont été réinvestis de telle sorte qu'à mesure que les anciennes raffineries étaient amorties, de nouvelles raffineries n'ont pas été installées.
Ce démantèlement des raffineries est le résultat:
- des coûts qui ont augmenté au travers des réglementations environnementales
- de l’objectif politique d’abanfonner les énergies fossiles d’ici 10-20 ans
Si, politiquement, une date d'expiration de l'industrie pétrolière est fixée à l’avance, alors forcément l'industrie s'arrête d’investir. Ainsi la capacité de raffinage est en déclin
La France doit acquérir à l'étranger du gasoil et trouver des débouchés pour revendre son essence, dont elle ne sait plus quoi faire, les Etats-Unis en achetant de moins en moins !
Les déséquilibres sont tels qu’ils conduisent notamment à importer de l’ordre de 50 pour cent des consommations de gasoil et à exporter autour de 40 pour cent de l’essence produite sur le territoire.
Or, rien n’indique que les prix à la pompe ne continueront pas de monter malgré la chute des prix du baril de pétrole sur les marchés compte tenu de l’entrée en vigueur de nouvelles sanctions le 5 février prochain.
À cette date, il ne sera plus possible d’importer en Europe des produits pétroliers russe transformés, à l’instar du gasoil.
Or, parce que les Européens ont fortement réduit leur capacité de raffinage ces dernières années, nous sommes aujourd’hui très dépendants du gasoil russe, qui sera plus difficile à remplacer.