L'accès à la propriété a longtemps été considéré comme un pilier fondamental de la stabilité sociale et économique.
Or, dans le contexte mondial actuel, ce rêve d'acquisition immobilière semble s'éloigner pour de nombreuses personnes. Les coûts croissants, les marchés surchauffés et des politiques foncières complexes rendent désormais le chemin vers la propriété parsemée d'embûches.
Cette évolution interroge sur l'avenir de notre société et les nouvelles formes de logement qui émergeront de cette réalité.
Avons-nous atteint le point de non-retour en matière d'accès à la propriété et la fin de la propriété signifie-t-elle la fin du rêve d'un chez-soi ?
Hausse des taux d’intérêt et crise du logement
L’immobilier est au centre des préoccupations économiques et sociales des Français avec environ 58 pour cent des ménages étant propriétaires de leur résidence principale.
De plus, l’immobilier reste le principal facteur d'épargne et de patrimoine pour les ménages, surtout pour la classe moyenne qui possède peu d'autres actifs.
En d’autres termes, l’immobilier est un marché qui intéresse particulièrement !
Or, cela n’est un secret pour personne, les prix de l’immobilier autour de la planète et notamment en France n’ont cessé d’augmenter ces dernières années !
Sur l’ensemble de la France, les prix ont plus que doublé depuis le début du 21ème siècle et plus précisément de 150 pour cent et à Paris, ils ont presque été multipliés par 4 !
Évidemment, compte tenu de la poussée inflationniste et de l’importance de déflater les prix, c’est-à-dire d’ajuster les graphiques à l’inflation, on se rend compte que la hausse, notamment en France n’a pas été non plus si élevée que ça, du moins depuis 2010 et la crise des subprimes, constat qui reste malgré tout différent du côté parisien.
Par ailleurs, cette hausse des prix aurait pu être moins douloureuse pour les ménages si elle avait été accompagnée par une augmentation similaire des revenus.
Or, cela n’a pas été le cas !
En effet, si l’on regarde la relation entre le prix des logements et le revenu annuel des ménages, entre 1964 et 2000, le prix des logements était relativement stable et suivait l’évolution des revenus des ménages.
Au niveau des loyers, ces derniers, toujours rapportés à l’évolution des revenus des ménages, ont plutôt eu tendance à stagner, ce qui a contribué à la diminution du rendement locatif.
Évidemment, si la baisse des taux historique que nous avons expérimenté au cours de la dernière décennie explique une partie de la hausse du prix des biens immobiliers,
Elle n’est pas le seul et unique facteur puisqu’il est nécessaire également de prendre en compte l’augmentation des durées d’emprunt, ou encore la volonté d’atteindre l’objectif d’une ZAN, acronyme de Zéro Artificialisation Nette des Sols, par le gouvernement, provoquant une restriction dans la construction de biens avec des Plans Locaux d’Urbanisme restrictifs et poussant à la densification des villes.
La logique qui sous-tend la hausse de prix du logement n’est donc pas purement financière et spéculative, entre autres, parce que cette hausse se distribue différemment entre le bâti d’une part et le foncier de l’autre.
Concrètement, les ménages dépensent toujours autant qu’auparavant par rapport à leurs revenus, simplement parce qu'ils occupent des surfaces de plus en plus réduites, ce qui pourrait tout naturellement se poursuivre dans le futur. Il convient donc de raisonner non pas en termes absolus, mais en termes relatifs pour mieux appréhender le marché de l’immobilier.
C’est d’ailleurs précisément pour cette raison que, depuis 1990, le taux de propriétaires n’augmente plus que pour les seniors, certains ménages étant automatiquement et mécaniquement exclus de l’investissement immobilier :
Pris au niveau national, la proportion des ménages propriétaires a tendance à stagner depuis plusieurs années.
D’ailleurs, on observe que la proportion des locataires et propriétaires était plutôt homogène quel que soit le montant de revenu des ménages à l’époque, tandis que désormais, il s’est totalement dégradé en défaveur des revenus les plus faibles qui sont surreprésentés parmi les locataires,
En revanche, le sort des plus jeunes reste à peu près le même, bien que l’on observe une légère paupérisation.
Ainsi les prix de l’immobilier dépendent non seulement de variables “réelles”, telles que les revenus, la démographie ou encore les contraintes pesant sur l’offre comme l’évolution des permis de construire, des normes de construction et du prix des matériaux, mais aussi de variables “financières”, à savoir le taux d’intérêt et les conditions de crédit telles que le montant et pourcentage d’apport personnel, la durée du crédit, les normes d’endettement et ainsi de suite.
Or, le marché du logement français a connu ces dernières décennies à la fois une baisse des taux d’intérêt et un assouplissement des conditions financières.
Comme on peut le voir, le graphique présente la variation du pouvoir d’achat immobilier en termes de mètres carrés depuis 1998 expliquée par trois variables que sont l’évolution du revenu disponible, du taux d’emprunt et des prix de l’immobilier.
On observe que la surface accessible en France a perdu environ 42 mètres carrés à cause de l’envolée des prix qui vient tirer à la baisse le pouvoir d’achat immobilier en termes de mètres carré, mais dont l’effet négatif est partiellement compensé par la hausse du revenu disponible, faisant gagner environ 20 mètres carrés puis, surtout à partir de 2008, par la baisse des taux d’emprunt permettant de gagner environ 16 mètres carrés de pouvoir d’achat.
Ainsi, en termes nets, le pouvoir d’achat immobilier en mètres carrés s’est légèrement réduit, d’environ 6 mètres carrés par rapport à 1998, à cause, ou plutôt grâce, à l'interaction de ces différentes variables.
À cela, il ne faut pas oublier que pour que les primo-accédants puissent aujourd’hui acquérir, à quelques choses près, le même logement qu’en 2000, malgré la hausse des prix, il leur faut augmenter leur durée d’emprunt de 15 à 25 ans, ce qui correspond précisément à l’évolution observée.
Une nuance à apporter toutefois, c’est qu’il est particulièrement difficile d'appréhender l’impact de ce que l’on appelle l’effet qualité. Autrement dit, valoriser à la hausse ou à la baisse l’évolution de la qualité du logement.
En effet, en principe, les logements sont mieux équipés, mieux isolés et plus pratiques d’accès qu’à la fin des années 90 et donc, si en termes de mètres carrés ces évolutions n’ont aucun impact, l’on pourrait considérer qu’en réalité, le pouvoir d’achat s’est amélioré ou s’est au moins stabilisé puisque le confort s’est accrue.
Un accès à la propriété devenu impossible ?
Compte tenu de ce que l’on vient de voir et des tensions existantes, certains signes avant-coureurs viennent mettre en lumière les turbulences présentes au sein du marché immobilier.
En effet, après une augmentation constante du nombre de ventes depuis 1970, avec certaines chutes entre-temps, on observe que le nombre annuel de transactions immobilières de logements anciens est en forte baisse et constitue l’une des chutes les plus brutales après celle de la crise des subprimes de 2008.
À côté de cet indicateur, compte tenu du resserrement des conditions financières, c’est la production de crédit qui est également impactée. Pour se faire une idée, elle a diminué de 50 pour cent, soit une baisse encore plus prononcée que celle observée durant l’automne 2008, au plus profond de la crise financière.
En ce qui concerne le resserrement des conditions d'octroi des crédits immobiliers, il faut bien rester conscient qu’un crédit immobilier se caractérise par trois éléments que sont :
1° Premièrement, le taux d’intérêt, influencé par la politique des banques centrales ainsi que le taux d’usure en France, c’est-à-dire le taux au-dessus duquel les établissements de crédit n’ont pas le droit de prêter et qui se trouve à 5,28 pour cent pour les prêts à taux fixe d’une durée comprise entre 10 et 20 ans et 5,56 pour cent pour les prêts à taux fixe d’une durée supérieure à 20 ans.
2° Deuxièmement, la durée, limitée à 25 ans avec les règles du HCSF, c’est-à-dire le Haut Conseil de Stabilité Financière, avec possibilité de cumuler 2 ans de remboursement différé, portant la durée à 27 ans au lieu de 30 voire 35 ans avant
3° Et finalement, troisièmement, le montant de la mensualité par rapport aux revenus, c’est-à-dire le taux d’endettement limité à 35 pour cent, qui est déterminée par les deux variables précédentes que sont les taux ainsi que la durée, auxquels s’ajoutent frais de dossier, garanties, assurances et autres coûts afférents au prêt immobilier.
Par l’intermédiaire de ces trois éléments il est donc possible de déterminer d’une part la somme empruntée, c’est-à-dire la capacité d’emprunt et, d’autre part, la somme acquise par la banque, c’est-à-dire le coût du crédit.
Or, aujourd’hui, avec la remontée des taux, la capacité d’emprunt se dégrade, en même temps que le coût du crédit augmente.
Cela est donc logique puisque, imaginons une personne qui souhaite rembourser l’équivalent de 1.000 euros par mois sur une durée de 25 ans.
les taux d'intérêt étaient à 10 pour cent ce qui était le cas dans les années 80, la capacité d'emprunt dans de telles conditions était de 110.000 euros, tandis que le coût du crédit était de 190.000 euros.
En revanche, avec des taux à 1 pour cent, ce qui était encore le cas début 2022, la capacité d'emprunt dans les mêmes conditions était de 265.000 euros pour un coût du crédit de seulement 35.000 euros.
Autrement dit, par le seul effet de la baisse des taux d’intérêt, le pouvoir d’achat en termes de capacité d’emprunt avait plus que doublé, permettant de payer 140 pour cent plus cher avec exactement le même effort de remboursement tous les mois comme on peut le voir sur ce graphique.
Tout logiquement, au fur et à mesure que les taux montent, le coût du crédit occupe une proportion croissante dans le montant total remboursé à la banque, au détriment du capital, c’est-à-dire de la capacité d’emprunt.
À titre illustratif, dans l’exemple d’un crédit sur 25 ans avec des mensualités de remboursement de 1.000 euros, à partir du moment où le taux se rapprochent de 7 pour cent, le montant du coût du crédit devient égal à la capacité d’emprunt. Autrement dit, à ce stade, l’emprunteur paie autant d’intérêt que de capital.
C’est un peu comme si la personne payait “deux fois” le prix de sa maison pour ainsi dire.
On peut donc représenter graphiquement les capacités d’emprunt et le coût d’un crédit de 1 .000 euros de mensualité en fonction du taux d’intérêt et de la durée d’emprunt.
En l’espace d’un an et demi, avec la remontée des taux passant de 1 pour cent à 5 pour cent, c’est donc un pouvoir d’achat qui chute de plus de 35 pour cent. Les biens valorisés à 265.000 euros devraient chuter à 170.000 euros pour que les emprunteurs de début 2022 puissent acheter les mêmes biens qu’en 2023.
Dans de telles conditions, si la question de l'arbitrage entre achat et location de sa résidence principale ne se posait pas, il y a encore quelques mois, la hausse rapide des taux d'intérêt depuis près d'un an et demi a changé la donne en diminuant drastiquement la capacité d'emprunt des candidats à la propriété.
La conséquence, c’est que l'équation est beaucoup moins évidente aujourd'hui qu'hier. Ainsi, les emprunteurs doivent, pour compenser cette contrainte, soit augmenter leur apport personnel, soit augmenter le montant de leurs mensualités de remboursement, deux variables dont la limite se trouve dans le montant d’épargne de ces derniers et dans leur taux d’endettement limité à 35 pour cent.
Cette conjoncture pourrait ne pas s’améliorer de sitôt compte tenu de la situation actuelle. En effet, il y a un peu plus d'un an, le principal taux directeur de la Banque centrale européenne était à 0 pour cent.
Aujourd'hui, ce même taux se trouve à 4,25 pour cent et, pour couronner le tout, la Banque Centrale Européenne indique elle-même que ce taux d'intérêt est susceptible de continuer à augmenter afin de lutter contre l’inflation qui était devenue incontrôlable et qui continue d’être particulièrement élevée, notamment du côté de la France, avec un rebond sur le mois d’août.
Si nous ne nous intéressons que rarement à l'histoire et la géopolitique de nations autres que les grands noms que nous connaissons déjà, en réalité, ces grands noms comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie ou encore la France ne représentent pas la majorité en termes de situation économique.
Par conséquent, pour saisir le contexte économique mondiale, il est crucial que nous nous intéressons à la situation des pays qualifiés “en voie de développement” et n’ayant pas une grande visibilité sur la scène internationale.
L’un des pays qui aurait grandement dû faire parler de lui est notamment le Sri-Lanka, pays ayant connu successivement, deux grandes guerres internes, une rapide croissance économique et une crise économique et monétaire tout aussi rapide.
Quels sont les événements ayant mené à la crise économique et monétaire du Sri-Lanka ?
Quelles actions auraient pu être réalisées différemment et quels sont les principaux pièges auxquels sont confrontés les pays en voie de développement ?
Histoire tumultueuse et conflictuelle
Jusqu’à très récemment, l’histoire du Sri-Lanka, est surtout et avant tout une histoire marquée par deux grandes guerres civiles.
La première de ces guerres s'est déroulée entre 1987 et 1989 et elle se place dans le contexte mondial de guerre froide. Ce conflit opposa principalement le gouvernement en place et le groupe et parti politique de Janatha Vimukthi Peramuna ou JVP, qualifié de Marxiste Léniniste.
Cette guerre trouve une de ses origines dans le ban par le gouvernement en place du parti JVP des élections présidentielles devant se dérouler, les accusant de vouloir renverser le gouvernement, sans preuve de ces affirmations. Le JVP s’est alors préparé et armé en vue du conflit à venir et s’est lancé dans une campagne massive pour renverser le gouvernement.
Le conflit se termina sur une victoire du gouvernement en place.
La deuxième de ces guerres s'est déroulée en parallèle de la première et s’est officiellement étalée de 1983 à 2009. Le peuple Tamil au travers du groupe de Liberation Tigers of Tamil Eelam ou LTTE ont combattu le gouvernement en place pour obtenir l'indépendance des territoires en vert, suite aux persécutions et les actes de discriminations subies de la part des autres habitants dits Sinhalais.
Ces actes furent facilités par le gouvernement où les Tamil sont notamment très peu représentés. Les assassinats politiques, des attaques sur les dissidents qu’ils soient politiques, ou militaires ou même civils, la destruction de propriété militaires et civils, sont quelques unes des méthodes ayant été employées par les différents belligérants pour mener ces guerres ayant provoqué la mort de plus de 40.000 personnes pour la première et plus de 80.000 pour la seconde.
C’est ainsi que l'année 2001 représente pour le peuple Srilankais, l'année du début des négociations vers la paix, paix qui ne sera véritablement atteinte qu’en 2009, bien que de nombreuses tensions internes subsistent.
Un développement rapide et superficiel
Il faut savoir que le Sri Lanka a vu son PIB passer de 16,33 milliards à 94,49 milliards dollars, entre 2000 et 2019, soit une croissance fulgurante de de près de 10 pour cent par an !
Cependant, cette croissance fut majoritairement financée par de la dette. Dans l’absolu, il n’y a rien de mal à cela dans la mesure où la dette est un important effet de levier, à plus forte raison, à l'échelle d’un pays.
Sauf que dans le cas du Sri-Lanka, cette dette a majoritairement été employée à développer le secteur non-vendable internationalement parlant.
Le pays a grandement développé le secteur éducatif, les services et surtout le secteur des infrastructures, ce qui a permis de générer beaucoup d'emplois tout en rendant la population sri lankaise relativement qualifiée.
Le fait est qu’aucune de ces industries n’est facilement exportable, à plus forte raison pour un pays en voie de développement. Le secteur des infrastructures doit normalement évoluer avec le développement économique dans son ensemble et doit s’adapter à celui-ci.
Se lancer dans une frénésie de construction devrait être limitée au développement économique car, aller au-delà en espérant que les investissements suivent est un pari peu judicieux, susceptible de provoquer de grands dégâts.
D'une part, les infrastructures créées doivent être maintenues, ce qui engendre un coût non négligeable et, d’autre part, la dette contractée doit être remboursée, qu’importe la rentabilité du projet.
Pour couronner le tout, cette frénésie fut stimulée par les facilités de prêts accordés par la Chine dans son initiative des routes de la soie, projet de renaissance de la route de la soie.
Par ailleurs, la balance commerciale du Sri-Lanka est largement déficitaire et ce déficit s’est principalement creusé entre 2002 et 2012.
Évidemment, en soi, une balance déficitaire n'est pas un problème car tous les pays ne peuvent être excédentaires et il s'agit d’un jeu à somme nul.
Le potentiel chômage qui aurait pu résulter de cette balance fut masqué par la frénésie de la construction.
Or, dépendre des importations implique la nécessité de devises étrangères, notamment du dollar, de l’euro ou encore du renminbi car peu de pays, pour ne pas dire aucun, n’a besoin en roupie sri-lankaise.
Pour contexte, lorsqu’un pays a besoin d’une devise étrangère, il peut s’en procurer de trois manières différentes :
1° Le swap de devise en procédant à un échange de sa propre devise contre la devise désirée,
2° L’emprunt auprès d'entités financières de la devise désirée,
3° Ou encore, en exportant suffisamment de marchandises contre la devise désirée.
En règle générale, on considère que l’option des exportations de marchandises est la plus intéressante en termes de risque. En revanche, elle n’est accessible qu’aux pays disposant de nombreuses ressources naturelles comme les pays Arabes ou disposant de grandes unités manufacturières comme la Chine.
Le problème, c’est qu’hormis l’exportation de thé et le tourisme grâce aux sites touristiques et aux belles plages présentes sur le territoire, peu de secteurs sont capables de faire entrer des devises étrangères au Sri-Lanka, ce qui n’est clairement pas suffisant.
Le Sri-Lanka n’avait donc pas d’autres choix que d’opter pour les deux autres options, à savoir, l’endettement et le swap de devises.
Tout d’abord, dans le cas de la dette, le Sri-Lanka a beaucoup emprunté au point que sa dette externe atteigne les 57 milliards de dollars avant 2020 et atteignant près de 120 pour cent du PIB. Le pays a en effet beaucoup bénéficié des prêts issus du programme des routes de la soie mais pas que.
En ce qui concerne le swap de devise, s’exposer au forex revient à s’exposer aux marchés financiers. En effet, vendre sa devise pour en acheter une autre, pousse à la baisse, la valeur de sa propre devise.
Or, un pays dépendant des importations bénéficie grandement d’une monnaie forte contrairement aux pays exportateurs.
De plus, une roupie plus faible rend également plus difficile l’emprunt de devises étrangères. Si par exemple, il est nécessaire de rembourser des dollars, mais que les revenus sont en roupies, et que soudainement la roupie perd de la valeur, alors la dette devient beaucoup plus onéreuse et il devient plus difficile de la rembourser.
En ce sens, vendre sa monnaie sur les marchés pour acquérir des devises étrangères alors même que notre position exportatrice est déficitaire revient en quelque sorte à se tirer une balle dans le pied.
Comme si ce n’était pas suffisant, le taux de change entre le dollar et la roupie était fixé à 1 dollar contre 200 roupies.
Ce mécanisme de change fixe implique que la banque centrale du pays ait des réserves en dollar pour acheter ou vendre sa devise sur les marchés. La contrepartie, c'est que cela expose grandement l'économie, notamment en cas de réduction des réserves, de perte de valeur ou d’attaque spéculative.
Et c’est précisément ce qui est arrivé ! Suite à diverses crises, le pays a vu sa devise s’effondrer à partir de 2022.
Parallèlement, l’inflation allait exploser, au point de dépasser les 60 pour cent d’augmentation en 2022 poussant de plus en plus de personnes à se protéger en échangeant leur roupies contre les dollars réduisant encore plus les réserves des banques et faisant d’autant plus pression à la baisse sur la valeur de la devise.
L’apparition des craquements
Le fait est que, le tourisme est un secteur essentiel du pays et, évidemment, la pandémie de covid-19 en 2020 a entraîné la fermeture de nombreuses frontières alors que les attentats de 2019 avaient déjà durement frappé le pays.
Cet attentat suivi de près par les fermetures suite au covid ont carrément détruit le secteur du tourisme et les revenus en découlant.
Un autre secteur ayant été dans la tourmente concerne notamment l’agriculture.
Le secteur agricole s’est toujours porté relativement bien avant 2021 dans la mesure où le pays dispose de plus de 20 pour cent de terres arables et le rendement agricole en 2018 de 3.762 kilogrammes par hectares était supérieur à celui de la région d’Asie du Sud et proche de la moyenne mondiale.
Or, tout a changé à partir de 20021 de part l'ampleur d’une mesure que beaucoup jugent absurde.
En effet, l’ex président Sri-Lankais, Gotabaya Rajapaksa au cours de la campagne électorale présidentielle en 2019 a manifesté son désir de voir l’agriculture Sri-Lankaise effectuer une transition dans les procédés d’agriculture. Il avait promis pousser son pays a une transition vers l’utilisation d’engrais naturels et organiques, justifiant ce désir par la volonté de protéger l'environnement.
Si cet objectif en soi est louable, force est de constater que cela est grandement décorrélé de la réalité. Avant les différentes révolutions agricoles et chimiques, c’est plus de 90 pour cent de la population qui devait s’adonner aux tâches agricoles pour subvenir à leur différents besoins alimentaires. Malgré ce pourcentage, le degré d'autosuffisance était bien inférieur aux niveaux actuels et le niveau des rendements agricoles a carrément explosé grâce aux approches plus scientifiques, permettant ainsi de réduire les ressources terrestres et humaines pour produire une quantité plus importante de biens.
Si nous pouvons remettre en question certaines méthodes d’agriculture chimique, nous ne pouvons ignorer ou minimiser les bienfaits qu’elle a apportés à l'humanité.
Cela étant dit, en 2021, l’ex président avait annoncé une interdiction de l’emploi de fertilisants synthétiques et des pesticides sur l’ensemble du territoire, obligeant de ce fait les fermiers Sri-Lankais à passer du jour au lendemain aux méthodes de fertilisations organiques.
Le Sri Lanka, pays autrefois autosuffisant dans la production de sa principale denrée, allait ainsi perdre cet avantage.
Ce qu’il en ressort, c’est que cette décision se basait principalement sur l'idéologie et les besoins monétaires.
1° Du côté idéologique, la transition s’est actée sous l’influence d’un mouvement de sociétés civiles autonomes, technocrates aux principes spirituels, dont le ministre de l’agriculture était membre.
Si le Sri-Lanka a un score ESG de 99,6 sur 100, score particulièrement élevé, qui a été atteint en prenant une série de mesures anti-économiques et anti-productives, il n’empêche que la population se trouve actuellement dans un état de pauvreté extrême, n’en déplaise aux démagogues qui souhaiteraient que ces mêmes solutions soient massivement adoptées dans les pays développés.
2° Du côté monétaire, le Sri-Lanka est un pays relativement petit tant par sa surface que sa population. Il n’est donc pas étonnant de savoir que le pays dépend beaucoup des importations.
On l’a vu, la roupie sri-lankaise étant particulièrement faible sur la scène internationale, cela signifie que pour payer ses importations, le pays a besoin d’une devise forte comme le dollar.
De plus, étant donné que le pays exporte relativement peu, il doit payer d'énormes intérêts sur ses dettes internationales alors que, parallèlement, le gouvernement avait annoncé une réduction des taxes en 2020 réduisant de facto les recettes publiques, faisant une nouvelle fois pression à la hausse sur son endettement.
La conséquence de cela c’est que le pays n’a pas eu d’autre choix que de venir tapper dans ses réserves pour faire face à ses engagements et les réserves de la banque centrale ont très rapidement baissé entre 2020 et 2022 à la suite des différents achats de roupies sur les marchés pour maintenir le taux de change fixe avec le dollar.
Or, le Sri Lanka ne produit pas ses engrais et pesticides. Le pays doit les importer contre des dollars. De plus, il faut savoir que les achats de synthétiques agricoles sont majoritairement subventionnés par l'Etat.
En outre, la crise du covid-19 ayant fortement perturbé les chaînes d’approvisionnement, cela s’est traduit par une augmentation des prix de différents produits dont les engrais et pesticides.
Ainsi, entre l’obligation de devoir dépenser ses réserves en dollar pour maintenir le taux de change fixe de sa devise et l’obligation de dépenser ses réserves en dollars pour acheter les différents engrais tout en devant rembourser ses emprunts internationaux en dollars ou Renminbi, cela justifierait la rapide baisse du niveau des réserves en devises étrangères du pays.
C’est précisément pour cette raison que beaucoup soupçonnent que l’action du gouvernement d’imposer une interdiction de l’utilisation de pesticides trouverait plutôt son origine dans la volonté de ralentir la chute des réserves du pays.
Une chose est sûre, quelles que soient les raisons, il est assez aisé de s’imaginer les conséquences de cette décision qui ne se sont absolument pas faites attendre.
Perte d’’autosuffisance et descente en enfer
Suite à cette mésaventure, le Sri-Lanka a vu sa production de riz, principale source calorique, baisser de 30 pour cent et le pays fut forcé d’importer du riz pour assurer sa subsistance. Cela est d’autant plus important quand l’on remarque que le pays était autosuffisant et que cette baisse fut constatée seulement quelques mois après l’interdiction.
La production, dans sa totalité, a chuté de près de 50 pour cent par rapport aux chiffres de l'année précédente.
Cela a également eu pour conséquence de faire chuter l’exportation de thé, l’une des seules ressources qui permettait au pays de faire entre des devises fortes.
Les sources officielles affichent une baisse de production de l’ordre de 20 pour cent en à peine quelques mois après le bannissement.
Au final, avec la réduction de sa production agricole, le Sri-Lanka est devenu encore plus dépendant des exportations. En plus de l'énergie et des produits manufacturiers, le pays est à présent obligé d’importer également des ressources vivrières.
À côté de cela, les réserves en devises étrangères ont également fini par atteindre un point bas.
Le pays doit donc importer et n’a littéralement plus d’argent. L’inflation alimentaire a connu des pics à près de 100 pour cent, tout cela, à cause de l’absence de réserve, des rendements agricoles médiocres et une mauvaise gestion gouvernementale.
La dette du pays etait egalement devenue insoutenable à pres de 120 pour cent du PIB et l’absence de reserve rendait le gouvernement incapable d’honorer ses engagements.
La situation est rapidement devenue instable au Sri Lanka et le pays a connu de nombreuses manifestations de la population pour appeler à un départ du gouvernement en place qu’il jugent responsable de toutes ces crises.
La situation instable a rendu les investisseurs étrangers hostiles à prêter davantage et la pays a fini par faire défaut sur une grande partie de ses dettes étrangères, les titres tombant mécaniquement dans la catégorie “junk bonds”, poussant les taux à plus de 30 point de pourcentage.
Cette crise monétaire et économique poussera même la population aux manifestations, finissant même par assiéger le palais présidentiel après la fuite de Rajapaksa laissant un pays en ruine.
Depuis, le gouvernement a fait volte de face sur sa politique d’agriculture organique et le pays a reçu de nombreux prêts pour l’acquisition de fertilisants.
Cette approche semble porter ses fruits au vu de la baisse de l’inflation alimentaire et des projections du département d’agriculture des USA, USDA projetant un rendement en nette croissance approchant les niveaux d’avant crises.
Le niveau de réserves, quant à lui, est reparti à la hausse, en partie grâce au sauvetage du FMI et la chine a également accepté de restructurer la dette contractée par le Sri-Lanka.
Pour ce qui a trait au tourisme, le reprise semble mitigée et la croissance s’est stabilisée depuis avec des niveaux d’inflation divisés par 10.
Dans un monde de plus en plus interconnecté et digitalisé, l'intelligence artificielle générative se dresse comme une révolution silencieuse aux potentialités stupéfiantes.
L'intelligence artificielle, cette technologie du futur qui semble déjà conquérir notre présent, promet une transformation sans précédent de notre façon de vivre, de travailler et d'interagir. Elle offre des perspectives éblouissantes, des voitures autonomes aux diagnostics médicaux précoces, en passant par une personnalisation poussée de nos expériences numériques. Mais derrière ce fascinant miroir aux alouettes, se cache une autre réalité, celle des risques que pose l'IA.
En effet, que se passe-t-il lorsque les algorithmes deviennent si complexes qu'ils échappent à la compréhension de leurs créateurs ? Comment naviguer dans un monde où les biais humains peuvent être inconsciemment codés dans nos systèmes automatisés, perpétuant et parfois aggravant les inégalités existantes ? Qu'en est-il de la confidentialité dans un univers où la connaissance de soi peut se réduire à une série de données exploitées par des machines ?
Et que dire des travailleurs de divers secteurs, des cols bleus aux professionnels hautement qualifiés, dont les emplois pourraient être menacés par l'automatisation de plus en plus sophistiquée ?
Les travailleurs du savoir, autrefois considérés comme à l'abri de l'automatisation, voient également leur métier menacé par cette avancée technologique.
L'IA générative, en particulier, apporte des changements radicaux qui promettent d'augmenter la productivité, mais aussi de bouleverser l'organisation du travail telle que nous la connaissons.
Les enjeux sont énormes, les questions cruciales et les réponses encore floues.
Ainsi, en ce moment, tandis que l’IA attise autant les craintes que les rêves, les rapports alertant sur ses dangers fusent et, dans le même temps, certains réclament des moratoires sur son développement, alors que d’autres ont fait le choix de la réglementation
ou de l’interdiction pure et simple,la question de la taxation et de la répartition des profits des entreprises, qui profiteront de l’essor de cette technologie, se pose de plus en plus, dans un contexte où de nombreux métiers sont clairement en danger.
Que l’on soit intrigué, fasciné, voire peut-être même un peu effrayé, une chose est sûre, cette technologie est sur le point de redessiner notre futur.
Qu’en est-il concrètement ?
Pourquoi aucune autre alternative à la solution de la taxation n’est jamais envisagée et à quoi peut-on s’attendre sur le court et moyen-terme ?
Intelligence artificielle : vers la fin du salariat
C’est en 1930, c’est-à-dire il y a de cela près d’un siècle maintenant, que John Maynard Keynes, sans aucun doute, l’un des économistes les plus influents de l’histoire, publiait un essai intitulé “Perspectives économiques pour nos petits-enfants”.
Dans ce court essai, plutôt singulier, il se demandait à quel avenir étaient promises les populations humaines un siècle plus tard. Rares sont les économistes qui se sont prêtés à un exercice de prévisions portant sur un horizon aussi éloigné dans le temps.
Keynes avait la conviction que la Grande Dépression, qui affectait alors les pays industrialisés, ne serait qu'un épisode temporaire, prédisant ainsi que la croissance économique continuerait à un rythme suffisamment solide à long terme pour multiplier par quatre à huit les niveaux de vie dans les pays industrialisés un siècle plus tard.
Ceci grâce à l'accumulation continue de capital et aux avancées technologiques et anticipait par la même occasion une croissance de la productivité dépassant celle des besoins humains, entraînant une réduction drastique du temps de travail nécessaire pour satisfaire ces besoins.
Selon ses prédictions, une semaine de travail de seulement 15 heures en 2030 suffirait pour répondre aux besoins de chacun. En d'autres termes, il envisageait un âge d'abondance pour les pays développés.
Le principal défi pour leurs habitants ne serait plus de savoir comment subvenir à leurs besoins, mais comment utiliser le temps libre généré par la prospérité économique et la technologie : quelle direction pourrait prendre l'individu dans la vie, alors que le travail a structuré son existence pendant des siècles, voire des millénaires ?
Un problème d'ordre économique céderait ainsi la place à une question philosophique : après avoir appris à survivre, l'humanité devrait apprendre à vivre.
Ainsi, bien que cela puisse susciter l’incompréhension voire même révolter certains, en l’état actuel des choses et comparativement à nos ancêtres, il est indéniable que notre niveau de vie s’est amélioré, le nombre d’heures travaillées a été réduit de moitié et dans le même temps, notre productivité s’est envolée :
Il est donc évident que le temps de travail a considérablement diminué au fil des années. On peut même établir une tendance distincte : plus un pays se développe, moins ses habitants travaillent.
En France, par exemple, la durée moyenne de travail annuelle a été réduite de moitié depuis la fin du dix-neuvième siècle passant d'environ 3.000 heures par an à 1.500 heures, aujourd’hui.
Cependant, que ce soit en France ou dans d'autres pays développés, le rythme de réduction du temps de travail a ralenti ces dernières décennies et semble même avoir stagné depuis le début des années 2000.
Nous sommes donc encore loin de travailler seulement 780 heures par an, soit 15 heures par semaine, comme Keynes l'avait prédit pour 2030. En effet, dans une telle situation, le temps de travail devrait une nouvelle fois être réduit de moitié, ce qui semble être loin de portée.
Pourtant, c’était sans compter l’émergence d’une technologie aussi intéressante qu’effrayante : l’intelligence artificielle !
Aujourd’hui, on ne cesse d’en entendre parler et donc les mises en garde contre les risques que suppose le développement de cette technologie fusent dans tous les sens, notamment en ce qui concerne les pertes d’emplois.
Deux des rapports de recherche les plus cités en ce moment sont d’ailleurs celui de Goldman Sachs et celui de McKinsey, intitulés “Les effets potentiels de l'intelligence artificielle sur la croissance économique”
et “Le potentiel économique de l'IA générative : la prochaine frontière de la productivité” respectivement.
Selon McKinsey, l'intelligence artificielle générative, c’est-à-dire la technologie qui utilise des algorithmes d'apprentissage automatique pour créer des contenus numériques originaux à partir de données existantes, pourrait ajouter jusqu'à 4.400 milliards de dollars de valeur à l'économie chaque année
En ce sens, la contrepartie, c’est que l’IA pourrait avoir un impact sur la plupart des industries, bien que certains secteurs seraient plus impactés que d’autres.
Une chose est sûre, qu’ils s’agisse du rapport de McKinsey ou de Goldman Sachs, les deux s’accordent à dire qu’environ 60 à 70 pour cent des métiers pourront, à terme, être automatisés, remplaçant de facto plusieurs centaines de milliers d’emplois.
Ainsi, forcément, compte tenu des risques que fait peser l’IA sur la perte de revenus potentiels des personnes mises au chômage à cause de la technologie, les oppositions, la réglementation et la volonté de taxer les profits des entreprises bénéficiaires pour les redistribuer, refont surface.
En ce sens, comme toujours, tandis que les États-Unis excellent dans l’innovation, l’Union Européenne brille dans la réglementation en souhaitant adopter la première législation au monde sur l’IA.
Luddisme, taxation et apocalypse
L'un des indicateur phare pour mettre en exergue le niveau de richesse d'un pays par habitant ainsi que le niveau de pauvreté, est sans aucun doute la présence de mécanisation de l'économie, liée à la croissance économique qui est la conséquence d'une accumulation de capital et une amélioration des biens de production par l'intermédiaire d'une complexification des procédés de production.
Pourtant, la croyance d’une paupérisation progressive de la population, au fur et à mesure du développement des technologies, s’enracine déjà dans l’idéologie communiste.
Karl Marx et Friedrich Engels, dans le manifeste communiste, expliquaient que “le perfectionnement constant et toujours plus rapide de la machine, rend la condition de l'ouvrier de plus en plus précaire".
Cette opposition à la croissance et aux nouvelles technologies caractéristiques de l'idéologie luddite, est un courant de pensée vieux de plus de deux siècles qui s'est enraciné à partir de la révolution industrielle anglaise où la progressive mécanisation des moyens de production provoquaient un "chômage technologique".
À l’époque, le mouvement, caractérisé par une opposition aux changements apportés par la Révolution industrielle, en particulier la mécanisation, était perçu comme une menace pour les emplois et les compétences des travailleurs.
Or, à y regarder de plus près, on constate que non seulement le nombre de professions existants de nos jours est bien plus supérieur à celles existantes au cours du dix-neuvième siècle mais, en plus, que les pays les plus robotisés sont également ceux où le taux de chômage est au plus bas comme la Corée du Sud, l’Allemagne, Singapour, le Japon ou encore les Etats-Unis.
D’ailleurs, comme le rappelle Henry Hazlitt dans son livre, “L’économie en une leçon” :
“Si l'introduction de machines par l'intermédiaire d'une croissance économique accrue était réellement synonyme d'un taux de chômage croissant et misère [...], non seulement, il nous faudrait considérer comme calamiteux tout futur progrès technique, mais il faudrait contempler avec horreur les progrès techniques atteint par le passé".
Évidemment, il ne s'agit pas de nier que l'intégration de robots dans les processus de production des entreprises puisse détruire des emplois nets à court-terme. Ce qu'il convient plutôt de rejeter, c'est cet alarmisme ambiant visant à promouvoir l'idée que cette tendance supposera nécessairement une augmentation massive du chômage.
Le fait que les robots détruisent certains emplois ne signifie pas nécessairement que le nombre total d'emplois dans l'économie, en termes nets, va diminuer.
Premièrement, parce que l'intégration de robots dans une entreprise peut contribuer à générer d'autres emplois directement au sein de cette même entreprise, notamment si ce robot ne peut fonctionner qu'en complément d'autres travailleurs.
Deuxièmement, parce que l'intégration de robots peut contribuer à générer d'autres emplois indirectement, notamment si l'introduction de robots détruit des emplois au sein d'une entreprise et augmente les bénéfices et les salaires qui alimentent la demande de nouveaux produits qui n'existent pas encore ou qui sont fabriqués à petite échelle.
En d’autres termes, l’influence finale des robots sur l'emploi dépend soit de la substitution, soit de la complémentarité entre travailleurs et robots.
En tout état de cause, dans les cas où la robotisation et l’intelligence artificielle venait à être destructrice d’emplois en termes nets, la taxation ne semble pas non plus être la solution.
En effet, tant notre système de retraite que les modes de rémunération en cas de chômage se basent sur la répartition. Autrement dit, les travailleurs financent les revenus des retraités ou des personnes en désemploi.
Ainsi, si le nombre de travailleurs avec des salaires suffisamment élevés n'est pas assez conséquent ou si le chômage augmente avec des emplois qui ne sont pas correctement rémunérés, l’on pourrait assister à un phénomène de paupérisation de la part des personnes qui ne profitent pas de l’intelligence artificielle au détriment de ceux qui en tirent profit.
Cette dernière menace est ce qui motive diverses propositions pour augmenter la collecte des recettes de l'État aux dépens de ces robots.
Or, l’ensemble de ces propositions impliquent clairement une augmentation des impôts pesant sur l'économie dans un contexte où les niveaux de taxation se trouvent déjà à des niveaux particulièrement élevés, notamment en France.
Autrement dit, il s'agit d'impôts qui pourraient potentiellement décourager tout type d'investissement : non seulement celui visant à créer des robots remplaçant les travailleurs, mais également celui visant à produire de nouveaux biens de capital qui, de manière complémentaire au travail, augmentent durablement la productivité et donc nos niveaux de vie.
Ainsi, en réalité, en pénalisant la robotisation de notre économie, nous ne ferions que détruire la productivité potentielle de celle-ci puisque si les robots deviennent la forme la plus efficace de production de nombreux biens et services, freiner leur intégration consisterait à remplacer une production efficace par une production inefficiente, avec en plus l'aggravation que si notre économie ne se robotise pas et que d'autres économies étrangères le font, nous serions fortement exclus des flux commerciaux mondiaux.
Ainsi, au lieu de chercher des formules qui tendent à parasiter la richesse que les robots généreront, nous devrions chercher des formules qui, tout en encourageant la robotisation de notre économie, contribuent également au financement des retraites et des personnes susceptibles de perdre des emplois.
Comment ?
En liant nos revenus aux profits des entreprises qui seront les grandes gagnantes de la robotisation.
À terme, dans une économie où les robots deviennent des facteurs de production substituant le travail, les propriétaires de ces robots, c'est-à-dire les investisseurs qui, avec leur épargne, auront contribué à financer la production de ces robots, percevront la totalité de leur valeur ajoutée brute.
De cette manière, les citoyens deviendraient copropriétaires de ces robots.
De plus, cette alternative à la taxation réclamée par certains a deux autres effets qui la rendent bien supérieure à l'imposition.
Le premier, c’est qu'elle ne détruit pas la richesse, mais la stimule. L'accumulation de capital augmente énormément grâce à l’épargne et l’investissement des personnes, de même que la productivité et les salaires augmentent.
Le deuxième, c’est qu'elle nous rend indépendants de l'État et de son appareil redistributif. En effet, le développement technologique, qu'il mette fin ou non à l'emploi, va offrir des outils particulièrement puissant pour le contrôle des personnes, notamment de la part des politiciens et des bureaucrates.
En effet, si ces outils technologiques peuvent s’avérer être d’une incroyable utilité, les risques de dérives sont grands.
La Chine qui rayonne pour son respect des droits de l’homme, en est d’ailleurs un bon exemple, puisqu’elle a déjà mis en exergue sa volonté d'exploiter toute nouvelle technologie pour asservir sa population, comme en témoigne son système de crédit social, qui classe les individus en fonction de leurs actions et les surveille à l'aide de caméras de reconnaissance faciale.
Ainsi, au travers de la copropriété des robots et de l’intelligence artificielle, moins de personnes dépendraient du bon vouloir de l’État pour survivre, réduisant d’autant son pouvoir.
L’enjeu principal n’est donc pas la perte d’emploi ou les potentiels effets négatifs de la robotisation et de l’intelligence artificielle mais bel et bien l’éducation, la formation et la capacité à s’adapter.
Le problème, c’est qu’aujourd’hui, la grande majorité de la population a grandi dans une société de travailleurs éloignée de l'activité entrepreneuriale et de l'investissement. Celui qui veut atteindre une position économique confortable s'efforce d'obtenir un emploi bien rémunéré et est prêt à étudier pendant 15 à 20 ans, mais néglige ensuite l'organisation de ses finances personnelles.
Autrement dit, la plupart des personnes au sein de la société commet l'erreur fatale de confondre revenu et richesse, c’est-à-dire stock et flux. Les riches ne le sont pas parce qu'ils obtiennent chaque année des revenus très élevés qui leur permettent de dépenser de manière débridée, mais parce qu'ils ont accumulé un patrimoine important et le destinent à l’investissement.
Comme dirait Robert Kiyosaki, il convient de passer d'une situation où l'on travaille pour l'argent, à une situation où l'argent travaille pour nous.
Or, même le système éducatif est dépassé et inefficient, raison pour laquelle les initiatives se développent de plus en plus sur internet au travers des formations en ligne et autre mode d’apprentissage.
Le groupe des BRICS, formé par le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud ne cesse de faire parler d’elle.
Cette organisation intergouvernementale de premier plan au sein de l'économie mondiale est vouée à gagner en notoriété notamment compte tenu de son influence considérable et grandissante.
En effet, à lui seul, le groupe est présent sur une superficie totale de 26,7% de la surface mondiale !

Les BRICS représentent 41,5% de la population globale y est présente et environ un quart de la production économique mondiale y est générée avec un PIB combiné de plus de 26.000 milliards de dollars.

Cela fait donc de cette alliance une vraie puissance économique, dépassant par la même occasion les États-Unis ou l'Union Européenne dans de nombreux indicateurs économiques et sa taille ne cesse de croître.
Pour couronner le tout, en plus de leur croissance économique rapide, les membres des BRICS ont annoncé des plans pour intensifier leurs échanges commerciaux et ont évoqué la possibilité d'introduire une monnaie commune.
Cette initiative pourrait ainsi remettre en question la prédominance de l'Occident sur ce groupe majeur de nations, ce qui est une source d'inquiétude chez de nombreuses personnes, notamment compte tenu des situations de nature belliqueuse qui se produisent actuellement.
Qu’en est-il concrètement ?
Cette alliance des BRICS est-elle réellement capable de terrasser l’occident et quels seront les défis auxquels cette dernière devra faire face aux cours des prochaines décennies ?
BRICS : Menace ou opportunité ?
Initialement, l’alliance des BRICS a été formée par souci de commodité afin de se référer plus rapidement à un groupe de pays, un petit peu comme les PIGS, acronyme anglais de Portugal, Irlande, Grèce et Espagne au cours de la crise de l’euro en 2011.
C’est en 2001 que le terme BRIC est inventé par l’économiste de Goldman Sachs, Jim O'Neill, pour décrire des économies en croissance rapide qui domineraient collectivement l'économie mondiale d'ici 2050, avant d’y rajouter l'Afrique du Sud en 2010 donnant ainsi BRICS.
Ce n’est qu’à partir de 2009 que les pays concernés ont tenu leur premier sommet officiel en Russie et, déjà à l’époque, ces nations envisageaient la nécessité d'une nouvelle monnaie de réserve mondiale stable et prévisible.
En mars 2009, après la crise des subprimes, Zhou Xiaochuan, alors gouverneur de la banque centrale chinoise, évoquait l’idée de la mise en plus d’une monnaie de réserve internationale devant respecter certaines conditions que sont :
“être ancrée à un indice de référence stable et émise selon un ensemble de règles claires avec une offre suffisamment flexible pour permettre un ajustement rapide en fonction de l'évolution de la demande et avec des ajustements déconnectés des conditions économiques et des intérêts souverains d'un seul pays”.
Un an plus tard, l'Afrique du Sud a donc rejoint le groupe, qui a commencé à organiser des sommets annuels pour discuter de divers objectifs économiques.
Parmi les grands projets déployés depuis la formation du groupe, on compte l'établissement de la Nouvelle Banque de Développement, plus connue sous le nom de Banque des BRICS.
Le groupe a aussi mis en place le Contingent Reserve Arrangement, une sorte de filet de sécurité financier qui permettrait aux pays de se soutenir mutuellement en cas de problèmes de balance des paiements.
Cette organisation, similaire au Fonds Monétaire International, investit ainsi dans les économies en développement pour stimuler leur production économique.
Ces initiatives reflètent une volonté de créer des systèmes financiers indépendants du FMI et de la Banque mondiale afin de disposer d’alternatives viables et ainsi faire des BRICS un acteur économique et financier majeur à l'échelle internationale.
Les pays du BRICS ont également discuté de la construction de câbles à fibre optique sous-marins pour connecter directement tous les pays membres et ont même proposé la création des Jeux des BRICS, semblables aux Jeux Olympiques ou aux Jeux du Commonwealth, mais ouverts uniquement aux membres du groupe.
Aujourd'hui, il ne fait aucun doute, l’influence internationale de ce groupement de pays est grandissante, montrant par la même occasion une tendance à l'expansion de sa composition.
En effet, plusieurs pays ont formellement demandé à adhérer au groupe, notamment les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite, l'Iran, l'Égypte, l'Argentine ou encore l'Algérie.
Et d’autres pays, ont exprimé leur intérêt pour une potentielle adhésion.

Cette tendance suggère donc l'émergence de deux blocs économiques distincts à l'échelle mondiale. Ces divergences n’avaient plus été observées depuis la fin de la guerre froide.

Cette expansion potentielle pourrait donner encore plus de poids au groupe des BRICS sur la scène internationale, bien qu’elle pourrait également créer des défis en termes de coordination et de cohérence politique.
Ce développement pourrait être préoccupant, car ces pays n'entretiennent pas les meilleures relations politiques avec le reste du monde. Par exemple, la Russie est actuellement en guerre, un conflit largement critiqué par les États-Unis et ses alliés, tandis que la Chine a clairement exprimé son intention d'envahir Taiwan.
Du coup, forcément, arrivé à ce stade, on peut se demander pourquoi ces pays cherchent à s'éloigner de la dépendance vis-à-vis du reste du monde, et plus précisément de l'Occident et les États-Unis ?
La fin de l’influence occidentale ?
Une conclusion généralement acceptée de tous, c’est que ces nations souhaitent être à l'abri des sanctions et des pressions économiques occidentales, en particulier à la lumière de leurs actions géopolitiques controversées.
En formant un bloc commercial entre eux, ils pourraient potentiellement accéder à de vastes ressources et une main-d'œuvre abondante, ce qui les rendrait moins vulnérables aux pressions économiques extérieures afin de résister à l'isolement économique.
Cette analyse est en fait on ne peut plus logique.
Si les États-Unis ou l'Europe étaient complètement dépendants d'une devise étrangère, il serait logique de rechercher également des alternatives.
La récente déconnexion de la Russie des réseaux de paiement mondiaux est un puissant rappel que les réserves de n'importe quel pays pourraient être gelées et ainsi rendues inutiles si le pays en question venait à agir dans le sens contraire des intérêts des puissances dominantes.
Des initiatives telles que les câbles sous-marins exclusifs aux BRICS sont également justifiées par la révélation que la NSA, ou National Security Agency, des États-Unis interceptait des données via le territoire américain.

Dans ce contexte, le désir de canaux de communication privés est compréhensible.
De la même manière, la Nouvelle Banque de Développement, une alternative au FMI contrôlée par les pays BRICS et quelques autres, n'est pas une entité unique, car de nombreuses organisations similaires existent dans le monde.
Toujours est-il que l'existence de cette banque reflète le désir d'indépendance financière par rapport aux normes dictées par l'Occident.
Si ces pays forment un bloc commercial, non seulement des pays comme les États-Unis pourraient perdre une grande partie du commerce mondial, moteur clé de leur croissance économique au cours du siècle dernier, mais les freins économiques à l'agression militaire de pays tiers pourraient également perdre en efficacité.
Un autre aspect important des BRICS concerne leur rôle dans le développement durable. Le groupe a démontré un engagement envers les objectifs de développement durable des Nations Unies et a pris des mesures pour promouvoir les énergies renouvelables et atténuer le changement climatique bien que leur performance dans ces domaines reste mitigée.
De plus, la taille du groupe est colossale avec un PIB combiné de plus de 26.000 milliards de dollars, dépassant l'UE et même les États-Unis.

Une chose est sûre, l'impact des BRICS sur l'économie mondiale est donc déjà significatif et pourrait devenir encore plus important à l'avenir. Le groupe a non seulement contribué à redéfinir le paysage économique mondial, mais il a également remis en question le rôle des institutions financières occidentales traditionnelles.
La réalité du pouvoir des BRICS : Défis et limites
Si les perspectives d'avenir pour le groupe des BRICS sont prometteuses, il ne faut pas perdre de vue qu’elles sont également entachées d'incertitude.
La Chine, en particulier, est en passe de devenir la plus grande économie du monde, et l'Inde n'est pas loin derrière. Toutefois, des problèmes comme la corruption, les inégalités sociales et économiques, et les instabilités politiques continuent d'entraver le développement économique de ces pays.
Tout n’est pas tout noir, tout n’est pas tout blanc et donc le succès du groupe dépendra très largement de la façon dont ses membres parviendront à surmonter ces défis.
Si les BRICS semblent être une entité économique effrayante et puissante, c'est principalement du fait de la Chine qui représente plus de la moitié de la production intérieure brute du groupe.

Cela signifie que l'influence de l’alliance sur l'économie mondiale est fortement liée à la performance économique de la Chine, tout cela, sans compter que les pays du groupe ont des différences significatives tant en termes de culture, de structure économique que de politique intérieure, ce qui pourrait entraver la coopération à long terme.
De plus, bien que les pays du BRICS soient regroupés, ils sont loin d'être de proches alliés, comme en témoignent les conflits militaires entre la Chine et l'Inde. L’exemple le plus parlant est sans aucun doute les relations entre la Chine et l'Inde qui ont été caractérisées par des différends frontaliers, entraînant des conflits militaires à plusieurs reprises. On se souvient notamment des affrontements armés en 2020, le long de la frontière sino-indienne.
Ensuite, malgré la croissance économique rapide des BRICS, plusieurs pays du groupe ont ralenti de manière significative entre 2008, période qui marque le début de la coopération entre ces pays, et aujourd’hui.
Hormis la Chine et l’Inde qui ont vu leur PIB réel par habitant à prix constants augmenter de 7 pour cent et de près de 4,5 % par an respectivement, la croissance russe a été inférieure à 1 pour cent, celle du Brésil n’a été que de 0,3 % et celle de l’afrique du sud s’est contractée de 0,2 %.

Comme on peut le voir, on est assez loin du discours trompeur consistant à opposer la croissance occidentale à la soi-disant croissance florissante et exponentielle des BRICS.
Et ce, d’autant plus que soit par volonté d’influencer les opinions, soit par méconnaissance, cela est omettre ce que l’on appelle l’effet de rattrapage.
Plus un pays atteint la maturité, plus faible devient la croissance lorsque l’on se focalise uniquement sur un taux, c’est-à-dire un pourcentage et donc, on est très vite tenté de penser que la croissance est morte
Mais lorsqu’on fait attention, même une croissance de 2 pour cent sur un PIB de 20.000 milliards de dollars constitue un accroissement de richesse bien plus important qu’une croissance de 7 pour cent sur un PIB de 2.000 milliards de dollars.
De plus, bien que le groupe existe officiellement depuis 14 ans, il n'a pas réussi à apporter de changements significatifs. Les projets de création d'une nouvelle monnaie ont été discutés dès 2009, mais sans réel progrès.
En outre, cette ambition de concurrencer le dollar pourrait ne pas voir le jour avant de nombreuses années et ce, pour des raisons évidentes.
En effet, si le nombre de discussions et l’enthousiasme autour de l'idée de "dédollarisation" et de la formation d'une monnaie des BRICS, suggérant que divers pays se détachent du dollar américain, notamment chez les anti-yankees, en réalité, la faisabilité d'une monnaie des BRICS fait face à d'importants défis en raison de la structure économique et des déséquilibres au sein de cette alliance.
Si tout semble s’être accéléré suite à l’invasion russe de l’Ukraine, le gel des réserves russes et le resserrement de la politique monétaire de la part de la Réserve Fédérale, les avancées pourraient finir par stagner.
En effet, bien que l'idée d'une monnaie des BRICS ne soit pas impossible et séduit de nombreux individus, cela nécessiterait des ajustements économiques et politiques importants que ces pays pourraient ne pas être prêts à assumer.
Les économies des BRICS dépendent fortement des exportations pour leur croissance et se caractérisent par d'importants excédents de compte courant, avec des taux d'épargne intérieure élevés et une faible demande intérieure des consommateurs. Cela signifie qu'ils produisent plus de biens et d'épargne qu'ils ne consomment et doivent exporter l'excédent.
Les États-Unis, en revanche, enregistrent de larges déficits de compte courant, achetant essentiellement plus qu'ils ne produisent. Ce déséquilibre fait que les pays des BRICS dépendent des marchés occidentaux pour leur croissance et accumulent des réserves en dollars américains grâce à leurs exportations.
Ces réserves en dollars sont ensuite utilisées pour acheter des obligations américaines et maintenir leurs devises faibles par rapport au dollar, ce qui contribue à soutenir la croissance des exportations.
Si une monnaie des BRICS venait à émerger, cela nécessiterait que les économies des BRICS passent d'une politique axée sur les exportations à une politique axée sur la demande intérieure.
Il s'agirait d'une transition difficile, comme en témoigne le cas du Japon, qui a connu d'importantes difficultés économiques lorsqu'il a tenté de passer d'une économie axée sur les exportations à une économie davantage orientée sur la demande intérieure après la signature de l'accord du Plaza en 1985, mettant un terme, par la même occasion, au miracle économique japonais.
Ainsi, au-delà de son acronyme, le terme BRICS n’a pas de sens économique utile. Il marie une superpuissance économique en Chine avec une puissance potentielle en Inde et trois exportateurs de matières premières essentiellement en stagnation depuis des décennies.
Loin d'être une zone monétaire optimale, les économies sont radicalement différentes en termes de commerce, de croissance et d'ouverture financière.
La domination et l’influence de la Chine est d’autant plus grande qu'elle est un partenaire commercial clé pour les exportateurs de matières premières, dont les cycles industriels suivent clairement les flux et reflux du cycle de crédit chinois.
C'est évident mais les intérêts stratégiques chinois ne sont pas spécialement alignés avec ceux des autres pays.
Et après l'attaque contre l'Ukraine, l'influence financière de la Chine sur la Russie isolée s'est encore accrue et en cherchant à défier l'hégémonie américaine, les membres non chinois des pays du groupe risquent d'accroître leur dépendance vis-à-vis de Pékin.
Finalement, bien que pour le moment, les taux d’endettement publics et privés de cette alliance restent relativement faibles par rapport au pays développés, il ne faut pas oublier qu’une fois un certain niveau atteint, la dette devient la baguette magique préférée des décideurs politiques contre le ralentissement économique.
La Chine en est d’ailleurs un bon exemple puisqu’elle fait désormais partie des pays les plus endettés de la planète.

En plus de ces défis, la question du vieillissement de la population et de la crise démographique se posera également pour l'alliance, considérant l'inversion de la pyramide des âges qui les affecte autant que les pays occidentaux, à l'exception de l'Afrique du Sud.





Il n’est donc pas osé d’affirmer que l’avenir des BRICS reste incertain.
Avec la montée des tensions géopolitiques et les nombreux défis posés, le groupe pourrait être confronté à des pressions croissantes pour réformer ses politiques et améliorer sa gouvernance.
Seul l'avenir nous dira comment cette alliance évoluera et quel sera son impact sur la scène internationale. Quoi qu'il en soit, il est clair que le groupe continuera à jouer un rôle clé dans l'économie mondiale.
Les BRICS derniers savent pertinemment que s’ils ne venaient à ne commercer et à partager des informations et des ressources qu'entre eux, le ralentissement de la croissance économique mondiale serait presque certain. En outre, le repli sur soi pourrait compromettre la mondialisation qui a pourtant été le moteur de leur développement économique rapide.
Les achats d'or de la part des Banques Centrales ont atteint un record historique sur les 55 dernières années. Ce sont les Banques Centrales des pays émergents qui se sont avérées être les principales acquéreuses.
En fait, cette situation reflète parfaitement les tensions géopolitiques internationales !
Depuis la fin de la guerre froide, les États-Unis restent l'hégémonie incontestée, désormais, l’ordre mondial est sur le point d’être bouleversé…
Au cours de l’histoire, nous assistons à l’ascension et le déclin des empires.
La raison de ces prédictions audacieuses est que, lors de sa récente visite en Arabie saoudite, le président chinois, Xi-Jinping, a présenté un nouveau plan qui menace le dollar américain.
De plus, nous assistons au renversement de l’ordre mondial avec un rapprochement un élargissement des BRICS, originellement constitués du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine ainsi que de l’Afrique du Sud.
En quoi consiste concrètement ce nouveau plan pour mettre fin à la domination du dollar et des États-Unis ?
Les BRICS sont-ils sur le point d’imposer un nouvel ordre mondial ?
Le dollar: un privilège exorbitant
3 points sont à retenir du dernier rapport du World Gold Council :
- La quantité d’or achetée par les Banques Centrales en 2022 est de 1.136 tonnes, soit le volume d'achat le plus élevé depuis 1967,
- l'incertitude géopolitique et la forte inflation sont les principales raisons de détenir de l'or,
- les Banques Centrales des pays émergents sont les acheteuses principales.
La raison de ces achats est simple : la volonté de la part des pays émergents de mettre fin au privilège du dollar.
Les 2 privilèges du dollar:
- Les États-Unis peuvent dépenser plus d’argent qu'ils n’en gagnent au niveau international
Ce sont les États-Unis qui émettent des dollars, ils ne manquent donc jamais de cette monnaie. De plus, comme la demande de dollars est importante à l'échelle internationale, les États-Unis peuvent dépenser plus qu'ils ne le pourraient.
- Les États-Unis peuvent infliger d'énormes dégâts à leurs ennemis en les excluant du système financier international qui est basé sur le dollar.
Vouloir mettre fin à la dominance du dollar est une chose, y parvenir en est une autre !
Si les États-Unis y sont parvenus, l’explication se trouve en réalité dans l’établissement d’étroites relations.
Après la seconde guerre mondiale et l’instauration des accords de Bretton Wood l’imposition du dollar comme référence était une évidence. Cependant la fin de la convertibilité du dollar en or à partir de 1971 aurait pu faire chuter le dollar. L’instauration du pétro-dollar est venue contrecarrer la situation.
En effet, en 1979 est née la Commission mixte américano-saoudienne sur la coopération économique.
Avec cet accord, l'Arabie Saoudite s’engageait à vendre son pétrole au reste du monde dans une seule devise: le dollar.
En échange, les Etats-Unis fournissaient une garantie de sécurité à l'Arabie saoudite.
Ainsi, pour exister, chaque nation doit détenir des dollars.
On se souvient d’ailleurs de ce qui est arrivé à Saddam Hussein, après avoir annoncé que l'Irak commencerait à vendre du pétrole en euros.
Les États-Unis ont tout simplement décidé d’envahir l’Irak, afin de renverser Saddam Hussein. Ainsi, trois mois plus tard, le pays recommençait à vendre du pétrole en dollars.
Mais la situation géopolitique internationale pourrait bien faire tourner le vent en faveur d’un bloc émergent : les BRICS.
La fin d’une hégémonie ?!
Comme le reconnaît le FMI, c’est-à-dire le Fonds Monétaire Internationale, la part du dollar dans les réserves internationales baisse depuis le début du siècle.
On observe également une hausse récente et encore modeste du Renminbi.
De plus, on observe depuis maintenant plusieurs années que les BRICS réduisent peu à peu leur exposition au dollar américain au travers de ce que l’on appelle le phénomène de “dédollarisation”. L’objectif est d’augmenter leurs réserves d’or.
Ainsi, on observe clairement la volonté de ces pays de venir réduire l’influence du dollar américain.
Cependant, pour à mettre fin à la puissance du billet vert et rendre plus attrayant le Renminbi ou une monnaie BRICS, trois différents défis devraient être relevés :
- la nouvelle devise devrait pouvoir être utilisée à l'échelle internationale.
- il faudrait pouvoir attirer l’épargne mondiale en actifs libellés dans cette nouvelle devise.
- il faudrait que les pays étrangers puissent facilement obtenir cette devise en la rendant liquide.
Le Renminbi la future monnaie ?
Bien que l’utilisation de la devise chinoise augmente, le dollar américain continue d’être utilisé dans 88 % des transactions.
Dans son discours tenu auprès du Conseil de Coopération du Golfe, Xi Jinping a indiqué sa volonté de promouvoir l’utilisation du Renminbi.
En plus de permettre d’esquiver les sanctions internationales et de rendre le renminbi utilisable au niveau international, puisque la Russie, le Venezuela et l'Iran acceptent déjà les paiements en renminbi, cela porterait un énorme coup au pétrodollar.
En effet, parmi les pays du golf se trouve notamment l’Arabie Saoudite.
Or, actuellement, les relations entre Riyad et les USA sont particulièrement tendues.
Peu de temps après son arrivée au pouvoir, Biden ordonnait la fin de la vente d'armes aux saoudiens.
Sauf que, la Russie a envahi l'Ukraine et les sanctions énergétiques vis-à-vis du Kremlin donnent un coup d’avance à l’Arabie Saoudite.
Ainsi, Biden a vite tourné sa veste.
L’Arabie Saoudite, se trouvant en position de force, a donc tout simplement refusé d'augmenter la production de pétrole.
De plus, l’Arabie Saoudite a désormais la volonté d’adhérer aux BRICS !
Il s’agirait donc d’une réelle opportunité pour mettre fin à l’hégémonie du dollar…
Si le pétrodollar venait à prendre fin, cela permettrait de rendre la monnaie BRICS utilisable au niveau international.
Les points faibles du Renmibi
Bien que rien n’est sûr pour le moment, une chose est certaine, c'est qu’à partir du moment où certains pays commencent à accepter une devise, un cercle vertueux s’installe, et la devise en question commence à être de plus en plus acceptée, ce que l’on appelle couramment “l’effet réseau”.
En revanche, il reste très difficile de placer son argent en Renminbi.
En effet, les banques et les courtiers occidentaux n'offrent pas d'accès aux marchés financiers chinois. De plus, la Chine restreint toujours fortement l'accès à ses marchés financiers pour les étrangers.
C’est d’ailleurs ce qui pourrait limiter la possibilité qu’a l’Arabie Saoudite d’accepter la devise chinoise comme moyen de paiement de l’or noir.
En effet, il est facile à Riyad de réutiliser les dollars reçus.
Malgré tout, cette sensation de sécurité américaine est de plus en plus remise en cause.
De plus, Xi Jinping a clairement fait comprendre qu’il serait disposé à ouvrir davantage les marchés chinois aux pays exportateurs de pétrole du golf.
On peut donc dire que, pour que la Chine puisse promouvoir sa devise ou que la monnaie BRICS gagne en liquidité, il faudrait qu’elle ouvre son marché.
En ce qui concerne l’octroie de prêt, la Chine réalise déjà ce type d’action, notamment dans le cadre des nouvelles routes de la soie.