La réserve fédérale américaine lance un système de paiement en temps réel dans la cadre de la première grande mise à jour depuis les années 1970 !
Il s’agit donc de la plus grande avancée depuis des décennies pour le réseau de transfert d'argent américain désuet.
Ce système permettra ainsi aux Américains de transférer de l'argent par voie électronique en quelques secondes, une avancée significative pour un pays où les chèques papier et les espèces restent populaires tandis que les virements bancaires peuvent prendre plusieurs jours.
Cela signifie que les banques et certaines applications permettront d'envoyer de l'argent à tout moment, même les week-ends et les jours fériés, 365 jours par an, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Cependant, seule une fraction des plus de 4.000 banques aux États-Unis ont souscrit à FedNow comme JPMorgan Chase et Wells Fargo.
En quoi consiste ce système ?
Pourquoi est-il instauré seulement maintenant et quels risques cela suppose sur le système financier et monétaire international ?
FedNow et la compensation bancaire
Chaque fois que l’on parle de Réserve Fédérale et des banques centrales, les théories du complot refont surface.
Avec le système FedNow qui est en développement depuis 2019 et qui vient d’être mis à exécution il y a de cela quelques jours, nombreuses sont les personnes craignant que l’on fasse un pas de plus vers la fin du cash et vers le traçage de toutes les transactions par le gouvernement.
Ces préoccupations sont totalement logiques.
La chose importante à savoir à propos de ce nouveau système, c'est que, dans la pratique, pour l'utiliser il n’y a pas d’application à télécharger ou de manipulation particulière à réaliser.
Il suffit d’avoir un compte bancaire auprès de l'une des banques ayant adhéré à ce système et le FedNow sera automatiquement utilisé.
Il faut savoir que jusqu’à maintenant, à quelques exceptions près, les systèmes de paiement en temps réel n’existent pas vraiment ou sont peu développés, qu’il s’agisse des États-Unis, de la France ou quelque soit le pays, notamment chez les pays développés.
En réalité, lorsque l’on effectue un transfert d’argent de notre compte vers le compte d’une autre personne ou d’une société, il n’y a pas immédiatement de transfert d’argent entre les deux banques et cela peut parfois même prendre plusieurs jours.
Ce que fait la banque A lorsqu’on lui demande de transférer de l’argent à une banque B, c’est non pas envoyer de l’argent mais une promesse numérique.
On parle traditionnellement de IOU qui signifie “I Owe You” ou “Je Te Dois” en français.
Il s’agit donc d’un titre en vertu duquel la banque A prend l’engagement d’envoyer de l’argent à la banque B à la fin de la journée.
Arrivé à ce stade, on peut donc se demander : pourquoi ne pas transférer directement de l’argent plutôt que d’attendre la fin de la journée ?
La réponse peut se résumer en deux mots : “Compensation bancaire”.
La compensation bancaire est le mécanisme par lequel les établissements bancaires se règlent entre eux le solde des opérations réalisées par leurs clients.
De manière très schématique, une fois par jour, les comptes sont fait entre ces deux banques, et seul le solde de toutes les opérations réalisées dans un laps de temps défini est échangé.
Imaginons une situation où trois amis partent en voyage en vacances. Ils se répartissent chacun les achats. L’ami A s’occupe de faire les courses et dépense 100 euros, l’ami B s’occupe d’acheter les billets de transport et dépense 70 euros et, finalement, le dernier ami, l’ami C, se charge de payer les différentes activités que nous allons réaliser et dépense 80 euros.
La somme totale dépensée par les trois amis s’élève donc à 250 euros.
Autrement dit, l’ami A doit rembourser 70 euros et 80 euros aux deux autres amis, soit 150 euros. Le problème c’est qu’au total, les amis B et C lui doivent également 100 euros.
Du coup, au lieu de leur donner les 70 euros à l’un, puis 80 à l’autre et demander aux deux autres qu’ils remboursent ce qu’ils doivent, ils vont plutôt attendre la fin de la journée et faire les comptes.
À la fin de la journée, on se retrouve donc avec la situation suivante :
L’ami A doit 70 euros à B et 80 euros à C, l’ami B doit 100 euros à B et 80 euros à C et l’ami C doit 100 euros à A et 70 euros à B.
A doit donc 150 euros et on lui doit 100 euros, B doit 180 euros et on lui doit 70 euros et C doit 170 euros et on lui doit 80 euros. Si l’on déduit ce que chacun doit avec ce que chacun a payé, le solde est le suivant :
A doit 50 euros, B 110 euros et C 90 euros.
Étant donné qu’un total de 250 euros a été dépensé par les amis, cela signifie que pour être à l’équilibre et donc que chacun dépense la même quantité d’argent, il suffit de diviser 250 euros par 3, ce qui nous donne 83,33 euros.
Ainsi, on se rend compte que A ne doit rien à personne et, au contraire, il doit être remboursé de 33,33 euros, par B à hauteur de 26,67 euros et par C à hauteur de 6,67 euros.
Une fois les comptes soldés, on se retrouve donc bien avec 83,33 euros.
Évidemment, dans le cadre du système bancaire, le procédé diffère bien que le principe soit le même.
Plutôt que déplacer de l’argent chaque fois qu’une transaction est effectuée, le but est de déplacer seulement les montants nécessaires à la fin de la journée et cherchant à compenser ce qui est dû entre les différentes entités. D’où le terme de compensation bancaire.
Pour l’anecdote, en France, le système de paiement de détail s’appelle CORE pour “COmpensation REtail” et au niveau pan-européen c’est le fameux SEPA, acronyme anglais de “Single Euro Payments Area”.
FedNow : la grande innovation ?!
Compte tenu de ce que l’on vient de voir, on comprend que le système FedNow doit permettre d'effectuer des virements d'argent instantanément.
Pourtant un système similaire existe déjà depuis plus de cinq ans et il est utilisé par de nombreuses entités financières pour effectuer des virements instantanés.
Il s’agit du RTP, initiales de Real Time Paiement.
Or, il y a de cela quelques jours, le 20 juillet dernier, le deuxième système de paiement en temps réel appelé Fed Now est entré en vigueur.
Autrement dit, le RTP et le FedNow font maintenant la même chose, ils envoient de l'argent en temps réel et ne coûtent que quelques centimes par transaction.
Il existe néanmoins deux différences principales.
La première, c’est que FedNow permet le transfert instantané jusqu'à 500 milles dollars ce qui est bien en deçà de la transaction moyenne d'environ 5 millions de dollars sur le principal service de transfert d'argent de la Fed, le Fedwire, qui est utilisé par les banques, les entreprises et les agences gouvernementales.
La seconde différence qui importe bien plus c’est le fait que RTP appartient à “The Clearing House” détenus par une vingtaine des plus grandes banques mondiales, tandis que FedNow a un seul propriétaire : la réserve fédérale.
Autrement dit, si un système de paiement en temps réel existait déjà pourquoi en créer un autre ?
C'est là que naissent les théories du complot sur une monnaie mondiale unique pour contrôler la population étant donné que ce système nous rapprocherait d'une monnaie numérique de banque centrale.
En effet, si ce système a trait au paiement national, il ne manquerait plus qu’un système international.
Or, à l'international, ce projet a un nom : le Project Cedar, qui se trouve désormais en phase 2.
Ce projet a pour vocation d'améliorer les paiements transfrontaliers, notamment au travers des monnaies digitales de banque centrale.
Il faut savoir qu’il existe un problème avec notre système actuel. Lorsque l’on souhaite envoyer de l'argent à l'international, les virements sont très lents et très coûteux.
Cela peut prendre plusieurs jours pour la simple et bonne raison que lors de l'envoi d'un paiement international, ce paiement peut nécessiter non pas une, ni deux mais jusqu'à trois banques intermédiaires pour vérifier cette transaction tout en passant par diverses conversions de devises.
Donc envoyer de l'argent à l'international n'est pas très efficace ni toujours sûr et certainement pas rapide même pour les banques.
Mais après les tests en phase 1 du Project Cedar, les chercheurs ont découvert qu'ils pouvaient réduire le temps d'une transaction de plusieurs jours à moins de 15 secondes et cela ne leur coûterait que quelques centimes rendant ainsi beaucoup plus efficace l'utilisation de ces monnaies numériques de banque centrale.
Or, les États-Unis ne sont pas le seul pays à le faire et pratiquement tout le système bancaire mondial est en concurrence pour développer sa propre CBDC.
En fait, il y a déjà 11 pays qui ont lancé une CBDC !
32 sont en développement et 46 étudient les données.
Autrement dit, de plus de pays s'impliquent et, au total, il y a 130 pays qui représentent 98 pour cent du PIB mondial.
Ce nouveau système, qui n'est en fait pas si nouveau, donne ainsi aux banques centrales et donc au gouvernement énormément de pouvoirs.
Or, si à la fin des années 60, 77% de la population faisait confiance au gouvernement, notamment celui des États-Unis, désormais, seule 20 pour cent de la population lui font confiance, soit une personne sur cinq.
Le fait est que cette confiance qui s'érode dans le temps, notamment en ce qui concerne l’aspect monétaire est de plus en plus légitime, notamment compte tenu de la gestion calamiteuse qui est en faite actuellement.
On peut d’ailleurs remonter aux années 1930, lorsqu’en 1933, l’Executive Order 6102 fut adopté, en vertu duquel l’or des citoyens fut exproprié sous les Roosevelt.
Un exemple similaire et assez récent concerne notamment le gouvernement canadien en 2022.
En effet, suite aux protestations des camionneurs au Canada, paralysant la capitale, qui ne pouvaient pas partir aux États-Unis s'ils ne se faisaient pas vacciner, le gouvernement avait décidé d’adopter des mesures exceptionnelles au travers de la loi sur les mesures d'urgence parmi les mesures figurait le gel des comptes bancaires des manifestants.
Que l’on soit d'accord ou non avec les protestations et les mesures prises, le fait que les comptes bancaires puissent être gelés en cas de désaccord avec le gouvernement est une mesure particulièrement préoccupante.
La réalité, c’est que le système bancaire actuel a déjà le pouvoir de faire tout cela en cas d'activités illégales comme le blanchiment d'argent ou encore le financement du terrorisme.
Donc les banques ont déjà la capacité de geler certains comptes bancaires. Il n’y a rien de nouveau à cela. Ce que nous devrions surveiller en revanche, c'est si le gouvernement essaie d'éliminer d'autres formes de monnaie et notamment l'argent physique.
Une autre chose qui devrait mettre la puce à l'oreille a trait au contrôle et la surveillance de nos transactions financières.
Par exemple, le yuan numérique, qui est la monnaie numérique de la Banque centrale de Chine, a pour caractéristique d’avoir une date d'expiration, ce qui signifie que si la quantité d’argent n’est pas utilisée avant une date prédéfinie, cette somme est susceptible de disparaître.
Bien que cela puisse sembler étrange, en réalité c'est une manière dont dispose le gouvernement pour contrôler l'inflation.
Ainsi, même si l’inflation est multifactoriel, cette dernière peut se produire notamment lorsqu’il y a un excès de dépenses au sein de l’économie alors que, dans le même temps, la production n’est pas suffisamment élastique, c’est-à-dire que l’offre n’arrive pas à s’ajuster aussi rapidement à la demande qui augmente.
Ce cas de figure, qui a été caractéristique de la période de reprise post-pandémique avec un rupture des chaîne d’approvisionnement et un excès de dépense, a eu pour conséquence de faire croître les prix.
Ainsi, en ayant la possibilité de mettre en place une date d'expiration sur l'argent le gouvernement aurait la capacité de mieux contrôler la demande afin de l’ajuster à l’élasticité de l’offre.
Évidemment, l’on passerait d’un système de vol par l’inflation à un système de vol par péremption de l’argent.
Une chose est sûre, avec le système FedNow, trois risques pèseront sur le système selon un rapport de Moody’s.
1° Premièrement, les institutions financières dépendent fortement des frais liés aux paiements par carte de crédit. Mais si les consommateurs et les entreprises commencent à utiliser FedNow au lieu des cartes, ces revenus pourraient se tarir. En 2022, les commerçants ont payé environ 85,6 milliards de dollars en frais de cartes de crédit.
En effet, il faut savoir que lorsque les commerçants acceptent les cartes de crédit, cela implique de payer des frais à la banque pour chaque transaction.
2° Deuxièmement, FedNow permet des mouvements d'argent en temps réel 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Néanmoins, cela suppose des risques notamment en ce qui concerne la sécurité. En effet, avec une utilisation en temps réel, la technologie et le personnel devra évoluer pour surveiller les transactions 24 heures sur 24 afin de se protéger contre les cyberattaques.
Cela portera préjudice aux plus petites banques et institutions qui disposent de moins de ressources.
3° Finalement, des mouvements d'argent plus rapides pourraient également augmenter le risque de panique bancaire. Moody's a noté que les récentes faillites bancaires ont été exacerbées par la rapidité des retraits, qui pourraient se produire encore plus rapidement avec FedNow.
Pour conclure, bien que la réserve fédérale explique que FedNow n’est en aucun cas lié à une monnaie digitale de banque centrale, ni une étape vers l'élimination de toute forme de paiement, y compris en espèces et qu’une telle mesure ne saurait être prise sans l’autorisation d’une loi, de tels risques pourraient ouvrir la porte à l’instauration d’une CBDC.
En outre, qu'on le veuille ou non, les États-Unis se doivent de rester compétitifs vis-à-vis du reste du monde, il n’est plus qu’une question de temps avant que de telles monnaies voient définitivement le jour.
Actuellement, il y a beaucoup de battage médiatique autour de la dédollarisation et de l’instauration d’une supposée monnaie BRICS.
Cette initiative pourrait ainsi remettre en question la prédominance de l'Occident sur ce groupe majeur de nations, ce qui est une source d'inquiétude chez de nombreuses personnes, notamment compte tenu des situations de nature belliqueuse qui se produisent actuellement.
Qu’en est-il concrètement ?
Cette alliance des BRICS est-elle réellement capable d’imposer une telle monnaie ou au contraire ce projet, s’il existe, est-il voué à l’échec ?
La dépendance des BRICS à l’occident
Quoi qu’en disent ses partisans, l’alliance des BRICS est un regroupement de pays avec d’un côté, un moteur de croissance en plein affaiblissement avec la Chine, une poule aux œufs d'or qui n'a pour le moment jamais pondu d'œufs bien qu’un certain potentiel puisse être perceptible du côté de l’Inde, et trois producteurs de matières premières malades en Russie, au Brésil et en Afrique du Sud.
Évidemment, il n'est pas impossible qu'une monnaie BRICS soit mise en place. Mais cela exigerait des sacrifices tellement douloureux que ces pays ne pourraient pas se permettre d’endurer.
De manière générale, il convient de garder à l'esprit qu'il s'agit d'un sujet macroéconomique particulièrement complexe et plusieurs vidéos ont déjà traité ce thème très intéressant.
Le problème, c’est que certains raccourcis sont souvent pris, laissant ainsi libre court à l’idéologie au détriment de la logique économique.
S’il est fréquent d’entendre dire que, généralement un pays qui a un excédent de compte courant, c'est-à-dire qui exporte plus de biens et d'épargne qu'il n'en importe, est une "bonne" chose et, qu’à l’inverse, un déficit, qui importe plus de biens et d'épargne qu'il n'en exporte, est "mauvais", en réalité, rien n’est tout noir, rien n’est tout blanc, surtout au sein d’économises modialisée et interconnectées comme celles dans lesquelles nous vivons aujourd’hui.
Il faut savoir que pour qu’un pays enregistre une balance courante excédentaire, c’est-à-dire qu’elle exporte plus que ce qu’elle n’importe, c’est qu’il y a nécessairement des pays qui enregistrent une balance courante déficitaire, c’est-à-dire qui importent plus que ce qu’ils n’exportent.
Ainsi, si l’ensemble des pays des BRICS affichent des excédents de compte courant, c’est parce que les pays occidentaux, et notamment les États-Unis, se trouvent en situation de déficits de la balance courante.
Il s’agit donc d’un acte d'équilibrage : un excédent quelque part est un déficit ailleurs et vice versa.
Et actuellement, presque tous les BRICS affichent d'énormes excédents de compte courant tandis que les États-Unis ou le Royaume-Uni affichent d'importants déficits du compte courant.
Or, ces excédents indiquent également que les BRICS ont des économies déséquilibrées, dans la mesure où ils ne consomment pas la totalité de ce qu'ils produisent et doivent donc exporter le reste à l'étranger.
En d'autres termes, ces excédents courants nous montrent que les BRICS ont une demande intérieure faible et dépendent des économies occidentales pour importer leur surabondance de biens et d'épargne pour assurer leur croissance.
Ces excédents chroniques des BRICS indiquent ainsi deux choses :
1° Premièrement, les BRICS ont une très faible capacité de consommation en raison des faibles revenus des ménages.
Pour vérifier cela, il suffit de se focaliser sur les dépenses de consommation finale des ménages.
Il y a un énorme écart entre les dépenses de consommation au sein des BRICS et au sein de l’Union Européenne et d’autant plus du côté des États-Unis.
Rien que les dépenses de consommation aux États-Unis s'élèvent à près de 43.000 dollars par tête soit, le double des dépenses finales de consommation de l’ensemble des BRICS réunis.
Les BRICS n'ont tout simplement pas assez de pouvoir d'achat pour absorber la totalité de ce qu'ils produisent et dépendent donc des exportations.
Ainsi, la première leçon à bien intérioriser c’est que, s'il n'y avait pas les déficits occidentaux, ces économies se noieraient dans la déflation et le chômage, car tous leurs biens non consommés resteraient inutilisés faisant pression à la baisser sur la croissance et les prix. Pour le dire clairement : sans les importations occidentales, la croissance de ces pays serait quasi nulle, voire négative et leurs réserves de change seraient presque vides.
2. Deuxièmement, la plupart des pays des BRICS ont des taux d'épargne interne particulièrement élevés par rapport à leur PIB, de l’ordre de 45 pour cent pour la Chine et 30 pour cent pour la Russie ainsi que l’Inde contre seulement 18 pour cent du côté des États-Unis par exemple.
Or, les ménages ne peuvent faire que deux choses avec un revenu : le consommer ou l’épargner.
De ce fait, lorsqu’il y a plus d'épargne, cela signifie que cet excédent doit être exporté pour plus de rendement à l'étranger. En fait, bon nombre des BRICS et des économies émergentes dépendent de cette épargne élevée pour alimenter la croissance de leurs exportations.
En effet, la croissance de l'épargne fournit le capital nécessaire afin de stimuler l'investissement, qui à son tour stimule les gains de productivité et donc les exportations.
C'est ce que la Chine, la Russie, le Brésil et même le Japon ont fait dans une certaine mesure. Ainsi, l'épargne élevée se transforme en moins de consommation intérieure, ce qui crée un excédent courant plus important. Et plus de réserves dans les caisses de l'État.
Et que font-ils de ces réserves en dollars ? Ils achètent de la dette publique américaine, considérée comme sans risque, afin d’obtenir un rendement sur leur épargne et les utilisent également pour maintenir leurs devises faibles par rapport au dollar, veillant ainsi à ce que la croissance des exportations se poursuive.
Le fait est que compte tenu de ce que l’on vient de voir, historiquement, il s'est également avéré très difficile de rééquilibrer une économie à épargne élevée et exportatrice vers une économie axée sur la demande intérieure et le cas le plus illustratif est sans aucun doute celui du Japon.
Le Japon et “l’impossibilité” de modifier un modèle économique
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon jouait clairement le rôle que la Chine joue aujourd’hui. En effet, à l’époque, le pays du soleil levant enregistrait des excédents courants chroniquement importants en se concentrant sur la demande mondiale plutôt que sur la consommation intérieure.
À la fin des années 1980, le Japon était une économie axée sur les exportations, dépassant les 14 pour cent du PIB en 1984.
Le problème, c’est qu’en 1985, sons signés les accords du plaza visant à dévaluer le dollar américain par rapport au yen japonais et au mark allemand dans le but de rééquilibrer les échanges commerciaux et lutter contre les achat compulsif d’actifs américains de la part des japonais.
En effet, dans une telle situation, un dollar plus faible permettait de rendre la production américaine relativement plus compétitive et un yen plus fort signifiait une augmentation des importations au Japon.
Ainsi, le dollar s’est effondré de 40 % par rapport à la monnaie japonaise entre 1985 et 1990 et donc, le yen s’est apprécié d’autant.
Cette flambée du yen a eu un impact considérable sur l'économie japonaise.
Pour commencer, cela a porté préjudice aux exportations nippones, qui se sont mises à chuter la même année.
Cela a également entraîné une augmentation de la dette des ménages puisqu’en seulement 5 ans, celle-ci était passée d’environ 50 pour cent du PIB à près de 70 pour cent étant donné qu’un yen plus fort ne faisait qu’accroître les importations du pays.
Cerise sur le gâteau, ces accords marquèrent également le début du gonflement de la plus grande bulle financière et économique au japon, condamnant le pays à la déflation, la stagnation économique et l’explosion de la dette.
Et c'est précisément là que les choses deviennent intéressantes !
En 1986, voyant les risques potentiels d’une appréciation du yen, le Premier ministre japonais a essayé de faire passer l'économie japonaise d'une économie axée sur les exportations à une économie axée sur la demande interne au travers de la publication du rapport Maekawa du nom de l'ancien directeur de la Banque du Japon.
Pour ce faire, l’économie devait favoriser les dépenses de consommation au détriment de l'épargne et, un yen plus fort devrait stimuler les importations augmentant ainsi le niveau de vie des Japonais.
C'était en tout cas une tentative de la part du Japon de mettre en place un rééquilibrage économique.
Trente ans plus tard, bien que le Japon soit aujourd’hui une économie développée, le miracle japonais n’est plus qu’un lointain souvenir, le pays est en constante stagnation et continue d’enregistrer des excédents courants particulièrement élevés, faisant de lui, le principal créancier des États-Unis.
L’exemple du Japon est particulièrement intéressant dans la mesure où il fait figure d’étude de cas pour la Chine ou l’un des pays des BRICS, s’ils venaient à envisager d’instaurer leur monnaie en tant que monnaie de réserve mondiale puisqu’ils n’auraient également pas d’autre choix que rééquilibrer leurs économies.
Les similitudes entre les deux nations sont d’ailleurs flagrantes, telles que la faiblesse de la consommation intérieure, l'érosion démographique, la dette excessive et les mauvais investissements.
Monnaie BRICS : Vouée à l’échec ?!
Alors que les BRICS seraient sur le point de défier le dollar, à en croire certains démagogues, en réalité, deux gros problèmes se poseraient avec une telle monnaie.
1° Premièrement, dans la mesure où les BRICS enregistrent des excédents de compte courant, cela signifie qu'ils doivent exporter leur excédent à l'étranger vers l'Occident, comme nous venons de le voir.
La raison est relativement simple : on l’a vu, si un pays enregistre un excédent c’est qu’un autre enregistre un déficit. Or, si les BRICS veulent se défaire du dollar, quel pays acceptera d’enregistrer des déficits courants aussi massifs que les États-Unis afin d’acheter les marchandises des BRICS qui ont besoin d’enregistrer d’énormes excédents courants pour croître.
L’une des solutions pourrait être que la Chine accepte d’enregistrer d'énormes déficits afin d’absorber les excédents des pays de l’alliances des BRICS. Or, en l’état actuel des choses, il semble peu probable que la Chine accepte de rééquilibrer sa propre économie afin de subventionner les exportations des BRICS.
C’est en tout cas ce que laissent penser les données puisque, l'excédent du compte courant de l’empire du milieu a atteint, en février 2023, un niveau qui n’avait plus été touché sur les 14 dernières années,
tout comme l'excédent commercial manufacturier de la Chine qui dépasse les 10 pour cent du PIB.
On voit d’ailleurs à quel point s’il est fréquent de dire que la croissance mondiale repose sur la Chine qui joue le rôle d’usine du monde, en réalité, ce sont surtout les États-Unis qui importent et consomment énormément autour de la planète.
Le déficit du compte courant américain, c’est-à-dire ce qu’il importe, est supérieur à celui des autres grands pays déficitaires réunis.
Ce n’est d’ailleurs pas nouveau puisque même avant le Covid-19, le déficit de la balance courante des États-Unis était plus élevée que les 19 pays réunis enregistrant les plus gros déficits après les US.
Cela signifie que les États-Unis à eux seuls créent une demande de biens étrangers à hauteur de près de 1.000 milliards de dollars. Aucun pays n'est capable d’en faire autant …
Si les États-Unis décidaient, du jour au lendemain, d’équilibrer leur budget et de réduire les déficits, les économies des BRICS ressentiraient une baisse considérable de leur croissance et de la liquidité au niveau international.
Évidemment, il n’y a rien de glorieux à cela, dans la mesure où cette consommation excessive se fait sur le dos d’un accroissement de l'endettement.
Toujours est-il que ce sont justement ces déficits américains qui permettent de fournir des quantités faramineuses de dollars américains autour de la planète faisant du billet vert la monnaie de réserve mondiale par excellence, comme j’ai eu l’occasion de l’expliquer dans une précédente vidéo.
En effet, lorsque les États-Unis importent plus qu'ils n'exportent, ils achètent leurs marchandises en dollars. Les vendeurs de marchandises reçoivent donc des dollars qu’ils réutilisent pour les investir dans l’économie et des actifs américains.
Or, la Chine, qui est la plus grande nation excédentaire au monde, n'exporte pas de renminbis en termes nets dans la mesure où le pays exporte plus que ce qu’il n’importe.
Ainsi, si les BRICS veulent éliminer les États-Unis et le dollar, ces derniers devront accepter de payer le prix cher en stoppant leurs excédent de leur balance courante alors même que leur “miracle économique” se base précisément sur le position d’exportateurs au niveau mondial.
2° Deuxièmement, une monnaie BRICS suppose que toutes les économies soient rattachées à une monnaie et à sa politique monétaire.
Avec un tel système, il doit y avoir une économie ou un système d'ancrage afin de maintenir les taux d'intérêt et la liquidité.
Or, historiquement, lorsque des pays veulent former un bloc monétaire, ils se rattachent au pays le plus puissant économiquement avec de faibles taux d'inflation.
Par exemple, lorsque l'euro et la Banque centrale européenne ont été créés, c’est la Bundesbank allemande qui a été prise pour exemple étant donné que l'Allemagne était la locomotive Européenne.
Dans la pratique, cela signifiait que les membres de la zone euro utilisant l'euro devaient respecter les politiques définies par la BCE ce qui a causé de graves problèmes entre l'Allemagne et le reste de la zone euro, mettant en exergue la fragmentation croissante entre les pays du nord et les pays du sud.
L’exemple le plus parlant est sans aucun doute celui de la Grèce lorsque le pays se trouvait en difficulté entre 2010-2012 et qui était littéralement à la merci de la BCE et de l'Allemagne, qui ont accordé des prêts en échange de mesures d'austérité forcées.
Cela signifiait que la Grèce et d'autres pays européens endettés ont été contraints de subir de profondes récessions. Et la poursuite de l'austérité a aggravé la situation, même si l'Allemagne et d'autres continuaient de croître.
Il est donc particulièrement loufoque, pour ne pas dire absurde, d’entendre les détracteurs de l’euro devenir défenseurs d’une monnaie BRICS alors même qu’ils pointent pourtant si justement du doigt les problèmes d’une monnaie commune et d’une politique monétaire unique.
Ainsi, si dans un futur plus qu’hypothétique, une monnaie BRICS était créée, elle serait très probablement basée sur le système monétaire chinois.
Et dans une telle situation, que se passerait-il si la Chine entrait dans un cycle de surchauffe et cherchait à resserrer sa politique monétaire alors même que le Brésil entre en récession ?
Alors que le Brésil voudrait des taux d'intérêt plus bas afin de stimuler son économie, la Chine voudrait des taux plus élevés afin de refroidir son économie ce qui provoquerait inévitablement des conflits entre les pays de l’alliance.
Ainsi, dans la mesure où les pays des BRICS sont extrêmement différents, il est très peu probable que cette monnaie voit le jour sur le court et moyen terme.
Si les concepts de balance des paiements entre les États-Unis et les BRICS ne semblent pas retenir beaucoup l'attention, il est pourtant essentiel de comprendre comment fonctionnent ces mécanismes, sans quoi, tout idée de fin de l’hégémonie du dollar n’est que pure démagogie et idéologie.
Une Réserve fédérale à la traîne qui lutte pour contenir l'inflation, une série de faillites bancaires et désormais une impasse politique sur la capacité du gouvernement à emprunter érodent le pouvoir des États-Unis sur l'économie mondiale et remettent grandement en question le statut de la puissance du dollar au niveau international.
Ajoutons à cela le rejet massif du dollar de la part de certains pays dans les transactions internationales, notamment des BRICS, et nous avons là le cocktail parfait susceptible d’enclencher un déclin inéluctable de la puissance de la monnaie de l’oncle Sam.
Oui...Mais pas forcément …
Pourquoi ?
Le dollar dans une impasse : les signes de la dédollarisation mondiale
Pendant des décennies, le dollar américain a été le roi incontesté des devises mondiales, mais désormais des changements spectaculaires se produisent.
Les avertissements sur le déclin du prestige américain sont partout.
Il ne se passe pratiquement pas un jour sans qu'un pays n'annonce un mouvement progressif pour promouvoir l'utilisation de sa propre monnaie.
La Chine, l'Inde et la Russie, entre autres nations, ont ravivé une conversation de longue date sur la dédollarisation comme moyen d'affirmer leur propre hégémonie, mais aussi comme une assurance contre les sanctions américaines telles que celles utilisées pour punir le président Vladimir Poutine d'avoir envahi l’Ukraine et d’isoler l'Iran après qu'il ait redémarré son programme d'armement nucléaire.
Ceux qui s'opposent avec le plus de véhémence à la politique monétaire américaine du dernier quart de siècle, et ils ont de nombreuses raisons de de s’y opposer, présentent la dédollarisation comme une conséquence inévitable de la dépréciation de la monnaie.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce sujet devient éminemment politique.
Depuis plusieurs semaines, on entend de plus en plus insister sur le fait que le monde se dédollarise et d’ailleurs six signes sont particulièrement révélateurs :
- Premièrement, les BRICS, qui représentent aujourd’hui plus de 40 pour cent de la population mondiale totale et près d'un quart du PIB mondial, travaillent main dans la main pour développer une nouvelle monnaie.
- Deuxièmement, deux des pays BRICS que sont la Chine et le Brésil, ont récemment conclu un accord qui, comme on peut le lire sur le site du gouvernement chinois, vise à :“Permettre à la Chine et au Brésil de mener directement leurs transactions commerciales et financières, en échangeant le renminbi contre du real et vice versa, au lieu de passer par le dollar”.
- Ensuite, troisièmement, les ministres des Finances des pays de l'ASEAN, c’est-à-dire l’association des nations de l'Asie du sud-est, ont discuté des efforts visant à réduire la dépendance à l'égard du dollar américain, de l’euro et du yen japonais.
- Quatrièmement, la Chine a réalisé son premier achat de gaz naturel liquéfié en renminbis avec l’entreprise français Total énergie.
- Cinquièmement, de nombreux pays, et notamment la Chine qui est le principal pays créancier vis-à-vis des États-Unis, ont largement réduit leur exposition au dollar américain en revendant d'énormes quantités de leurs réserves en dollars.
- Finalement, il convient de prendre en compte qu’en ces temps incertains, selon certains analystes, les piliers qui soutiennent le billet vert commencent à montrer des fissures dans la mesure où il devient de plus en plus difficile de considérer les États-Unis comme une économie dynamique et fonctionnant bien avec un système financier profond et solide, soutenu par un processus d'élaboration des politiques robuste avec des freins et contrepoids.
En effet, entre la Réserve fédérale à la traîne qui lutte pour contenir l'inflation, la récente série de faillites bancaires et désormais l’impasse politique sur la capacité du gouvernement à emprunter, il y a de bonnes raisons de vouloir abandonner le billet vert et tout semble indiquer que la dédollarisation a déjà commencé et que le statut hégémonique du dollar ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir …
Le mythe de la dédollarisation
Malgré tout ce que l’on entend sur la dédollarisation, la fin de l’hégémonie du billet vert ou encore le remplacement de la devise de l’oncle Sam par le renminbi chinois ou une devise des BRICS, jusqu'à présent, les données sont loin d'étayer de tels diagnostics ou pronostics.
Il y a de cela quelques jours, les dernières données sur le pourcentages des transactions internationales réalisées en dollars ont été publiées et il s’avère que le billet vert était utilisé dans 42,7 pour cent des cas, soit onze points de pourcentage de plus que les transactions effectuées en euros, la deuxième devise la plus importante aujourd’hui.

Cet écart n’avait plus été aussi élevé depuis le premier semestre 2020, lorsque, durant la pandémie, les marchés se sont massivement réfugiés dans le dollars en tant que monnaie de réserve.
En outre, les autres devises sont encore très loin d’atteindre de tels niveaux : la livre dépasse à peine 6 pour cent, le yen 3 pour cent, et le renminbi ainsi que le dollar canadien 2 %.

La plupart des exportations mondiales sont facturées en dollars américains même entre des pays qui n’ont aucun lien avec les US.
Néanmoins, bien que la plupart des commentateurs et autres prédicateurs de la fin du dollar ont pour habitude de mettre en avant l’utilisation de monnaies alternatives pour la réalisation de transactions internationales afin de mettre en exergue une soit disante dédollarisation, en réalité, nous ne devrions même pas prêter attention au pourcentage des transactions effectués.
Non pas que ce nombre soit sans importance, mais simplement parce qu’une monnaie de transaction n’est pas synonyme de monnaie de réserve et inversement, une monnaie de réserve n’est pas synonyme de monnaie de transaction.
Au final, même si la Chine paie le Brésil en renminbi pour ses exportations, rien n'empêche le Brésil, dès qu'il encaisse le renminbi, de le revendre pour placer une partie de ses liquidités en dollars.
Ce qui importe pour un actif de réserve, ce n'est pas tant le flux des paiements entre pays mais le stock que ces économies maintiennent dans leurs bilans.
En fait, de la même manière que ça n’a pas vraiment de sens de comparer le PIB à la bourse ou un revenu à un patrimoine, parler d’une diminution du nombre de transactions en dollars pour en arriver à la conclusion que le dollar en tant que monnaie de réserve touche à sa fin est hors de contexte.
Dans tous les exemples cités, cela revient à comparer un flux avec un stock.
Ce serait comme dire que l’or perd de son attractivité et son rôle d’actif de réserve est en désuétude sous prétexte qu’aujourd’hui, on ne l’utilise plus comme monnaie de transaction.
Il convient donc de bien appréhender une monnaie au travers de deux aspects que sont les transactions d’un côté et la réserve de l’autre.
Ainsi, si en tant que monnaie de transaction, l’on semble observer un semblant de concurrence, en tant que monnaie de réserve, il a encore moins de concurrents sérieux.
Fin de l’année dernière, près de 60% des réserves internationales étaient détenues en dollars tandis que l'euro représentait à peine 20% et 2,9% dans le cas du renminbi chinois.

D’ailleurs, paradoxalement, lorsque l'invasion de l'Ukraine par la Russie s'est produite, nous avons assisté à un afflux de dollars américains, car considérés comme la monnaie refuge et permettant d’acheter des actifs américains.
D’ailleurs, les actifs américains, comme les actions et les obligations, sont très populaires dans le monde, et les étrangers détiennent une part substantielle de ces mêmes actifs, ce qui crée une demande constante pour le dollar et donc un remplacement potentiel extrêmement difficile.
De plus, bien qu’il soit vrai qu'au cours des 25 dernières années, le poids du dollar dans les réserves totales a chuté, passant de 72 pour cent à 59 pour cent, plusieurs facteurs sont à prendre en compte :

1° Premièrement, la diminution des réserves en dollars s’explique par une diversification du portefeuille des banques centrales.
En effet, ces dernières ont augmenté leur exposition à d’autres devises, notamment l’euro, la livre, le renminbi ainsi que le dollar canadien et le dollar australien.
Autrement dit, cette baisse du poids du dollar dans le réserves de change des banques centrales internationales n'est pas allée de pair avec une appréciation d'une autre monnaie internationale qui viendrait mettre fin à l'hégémonie du dollar américain mais bel et bien de diversifier un portefeuille.

Même l'euro, qui est la deuxième monnaie la plus prisée par les banques centrales, représente à peine 20 pour cent du montant des réserves : un différence de près de 40 points de pourcentage !
Autrement dit, parler d’une dédollarisation en faveur de la devise chinoise comme monnaie de réserve, dans un contexte où le dollar écrase le renminbi en maintenant une distance de 57 points de pourcentage est malhonnête et n’a pas de sens.
Pour garder une certaine logique et conserver les ordres de grandeur, les personnes soutenant ce discours, devraient donc mécaniquement déduire qu’aujourd’hui la dédollarisation se fait en faveur de l’euro, dans un contexte où le différentiel entre le billet vert et le billet bleu est bien moindre.
2° Ensuite, il convient également de prendre en compte le fait que les réserves des banques centrales ne représentent pas nécessairement fidèlement l’état des réserves mondiales.
En effet, les réserves de banques centrales de certains pays affichant régulièrement une balance commerciale excédentaire, ont progressivement été substituées par des réserves de fonds souverains.

3° Finalement, contrairement à ce que de nombreuses personnes pensent, en réalité, la part du dollar dans les réserves n'a en fait pas changé du tout en 2022.
En effet, pour avoir une représentation fidèle de la réalité, il convient d’ajuster les données aux variations de la valorisation du marché obligataire américain liés à la hausse des taux d’intérêt.
De ce fait, dans la mesure où les taux d’intérêt ont bien plus augmenté aux US que dans le reste des pays, mécaniquement, cela donne l’impression qu’il y a eu des ventes massives de réserves en dollars.

Cela est logique dans la mesure où, comme je l’ai expliqué à plusieurs reprises, il existe une relation inverse entre la valeur d’une obligation et la variation des taux d’intérêt.
On voit bien comment les achats totaux de dettes américaines au cours de 2022 ont en fait atteint des niveaux records malgré une diminution de la valeur des réserves.
L’absence d’alternative sérieuse
Aujourd’hui et en l’état actuel des choses, il n’est pas osé de reconnaître qu’il n’existe pas d’alternative sérieuse au dollar américain.
La raison est qu'aucune économie, au niveau international, n'est actuellement capable de combiner les trois éléments absolument nécessaires pour faire de sa monnaie une monnaie de réserve que sont : la taille, la solvabilité et la liberté financière d’une économie.
1° S’il est vrai qu’il existe des économies très solvables et libres, comme la Suisse, ces dernières ne sont pas suffisamment grandes, de sorte qu'elles ne peuvent pas fournir au monde l'énorme quantité de monnaies nécessaires.
2° De la même manière, s’il est vrai qu’il existe de très grandes économies solvables, celles-ci ne sont pas libres, comme la Chine, de sorte qu'elles ne peuvent pas fournir au monde un actif monétaire qui puisse être utilisé librement au travers des frontières.
En effet, il serait osé de prendre la Chine comme exemple de paradis de liberté économique.
D’après les deux rapports les plus sérieux sur le sujet, que sont le “Index of Economic Freedom” et le “Economic Freedom of the World”, la Chine est classée en 154ème position sur 176 pays.

Pire encore, si on entre un peu plus dans les détails, le pays obtient la 9ème et 11ème pire note en termes d’ouverture financière et de liberté d'investissement respectivement.
3° Finalement, s’il est vrai qu’il y a des économies relativement grandes et libres, ces dernières souffrent de problèmes de solvabilité, comme cela est le cas avec la zone euro et sa menace d’implosion à tout instant, compte tenu de la disparité entre les différentes économies composant cette union et le risque de fragmentation, notamment entre le nord et le sud, de sorte qu'elles ne peuvent pas fournir au monde un actif monétaire suffisamment fiable.
Le dollar n'a donc tout simplement pas de rival en tant que monnaie mondiale.
Peut-être qu'à l'avenir, si des changements majeurs apparaissent dans certaines économies, notamment au travers de la libéralisation du contrôle des capitaux en Chine ou une unification fiscale au sein de la zone euro, alors, effectivement les États-Unis auront du souci à se faire.
Mais aujourd’hui, cela n’est clairement pas le cas et seul l’aveuglement, la démagogie ou l’idéologie peut faire dire le contraire.
En outre et pour couronner le tout, il ne faut pas oublier qu’il y a aujourd’hui des quantités considérables de dettes libellées en dollars.
La dette extérieure libellée en dollars est tout simplement gigantesque démontrant par la même occasion l’absence de dédollarisation.
Les entités en dehors des États-Unis ont accumulé près de 13.000 milliards de dollars de dette libellée en dollars.

Pour se faire une idée, le bilan de la Réserve fédérale américaine est actuellement estimé à environ 8.500 milliards de dollars,tandis que la masse monétaire totale aux US est de près de 21.000 milliards de dollars.
Autrement dit et pour faire simple, pour casser le système et dédollariser l’économie mondiale, il faudrait désendetter le système d’un montant de 12.000 milliards de dollars.
On le voit, les créances et les dettes mondiales sont beaucoup plus susceptibles d'être réglées en dollars américains que dans d'autres devises :
La réalité, c’est que davantage de pays souhaitent régler des transactions et également financer leurs dettes en dollars plutôt qu'en euros ou quelque soit la monnaie, et la différence est assez importante.

Tout cela suggère donc que le démantèlement de la suprématie du dollar prendrait très, très longtemps si cela se produisait et le rôle du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale ne changera pas de sitôt.
Encore une fois, évidemment, rien n’est éternel.
Si par exemple la Chine continue de croître, et ouvre son économie, et si la polarisation de l'empire américain inquiète davantage sur sa stabilité politique, alors le dollar pourrait, à terme, perdre son statut de monnaie hégémonique.
Pour le moment, et à moins d'une implosion économique et politique aux États-Unis, le dollar conservera son statut pendant un certain temps.
À mesure que l'économie mondiale se numérise de plus en plus, les pays qui exploitent avec succès les technologies financières de pointe obtiendront un avantage certain.
Face à la concurrence croissante des cryptomonnaies, dont le Bitcoin en particulier, les banques centrales s’empressent de lancer leur Monnaie Numérique de Banque Centrale.
Les monnaies numériques sont donc sur le point de jouer un rôle particulièrement important dans l'économie future.
La Chine qui est pionnière en la matière avec la création d’un renminbi numérique ouvre donc la porte à de nouvelles opportunités que la Banque Centrale Européenne n’a pas tardé à saisir puisque l’institution européenne a récemment publié ses dernières avancées sur son euro numérique au travers d’un rapport intitulé : “progrès concernant la phase d’investigation d’un euro numérique”.

Dans ce communiqué, sont expliquées les modalités envisagées pour mettre en place de l’euro numérique, avec une possible instauration dès 2023 !
En effet, la conception de l’application et des lois qui encadrent ce nouveau système de paiement touche à sa phase finale ce qui pourrait mener à l’étape suivante dès l’automne 2023.
Ce communiqué fait d’ailleurs également échos à une intervention de Christine Lagarde, Présidente de la BCE, qui s’est faite piégée il y a de cela quelques semaines.
Qu’en est-il concrètement ?
Une MDBC, c’est-à-dire une Monnaie Digitale de Banque Centrale menace-t-elle nos libertés et que peut-on apprendre de l’expérience chinoise et des volontés du Parti ?
L’expérience Chinoise …
Aussi paradoxale que cela puisse paraître, si l’on souhaite se faire une idée de ce à quoi ressemblera le futur numérique, une bonne idée est de regarder ce qui se passe dans l’Empire du Milieu.
Alors même que le pays a encore un long chemin à parcourir pour atteindre un niveau de développement élevé, en réalité, il y a fort à parier que de nombreuses personnes seraient choquées de voir leur niveau d’avancement technologique.
Il faut remonter 10 ans en arrière, c’est-à-dire à 2013 pour commencer à entrevoir les prémices du Yuan digital bien que c'est en 2017 que les travaux ont commencé à s'accélérer, notamment pour définir l'architecture et la technologie de la monnaie numérique.
À cette époque, la popularité croissante du Bitcoin et l’utilisation massive du téléphone comme outil de paiement, en grande partie démocratisé par les plateformes de paiement mobile comme Alipay d'Alibaba et WeChat Pay de Tencent, qui agissent comme des portefeuilles numériques permettant aux utilisateurs d'effectuer des achats dans les magasins, de payer des factures et de transférer des fonds à d'autres personnes, ont probablement joué un rôle prépondérant dans la prise de décision de Pékin de mettre en place une telle monnaie.

Alors que ces plateformes de paiement numériques ont contribué à faciliter les transactions en Chine, elles ont placé une grande partie de l'argent du pays entre les mains de quelques entreprises technologiques qui se partageaient a elles seules plus de 90% des parts du marché.

Cela avait d’ailleurs poussé le gouverneur de la Banque populaire de Chine à expliquer que ces grandes entreprises posaient “des défis et des risques financiers” dans la mesure où un piratage ou une autre perturbation de leur infrastructure de paiement numérique serait susceptible d’entraîner des graves instabilités économiques.
Les décideurs politiques craignaient également que les citoyens chinois ne placent leur argent dans des portefeuilles numériques au lieu de comptes bancaires mettant ainsi à rude épreuve la santé et la stabilité bancaire supposant le retrait des dépôts, drainant ainsi l’argent du système bancaire traditionnel.
On retrouve là les trois grands arguments qui sont régulièrement avancés par nos élites occidentales quant à la nécessité d’une instauration d’une monnaie digitale de banque centrale.
Le premier argument a trait notamment à la lutte contre tout type de concurrence monétaire, susceptible de porter atteinte de près ou de loin au monopole des banques centrales en cherchant à entériner toute initiative privée.
L’exemple le plus parlant est sans aucun doute celui du projet de monnaie numérique Libra de Facebook, devenu Diem entre-temps, et finalement abandonné face à l’opposition des autorités politiques comme financières.
Le deuxième argument concerne notamment l’absence de valeur et les risques financiers que supposerait l’adoption d’une crypto-monnaie comme le Bitcoin, tant sur le système financier dans sa globalité que pour les investisseurs particuliers.
Finalement, le troisième argument qui est bien moins explicite a trait à la tourmente bancaire à laquelle nous assistons aujourd’hui depuis maintenant plusieurs mois. En effet, comme on vient de le voir, l’un des objectifs de la Chine avec l’instauration de son Yuan numérique était justement d’éviter à ce que le système bancaire ne soit mis à rude épreuve au travers notamment du retrait des dépôts, drainant ainsi les liquidités du système bancaire traditionnel.
Or, aujourd’hui, nous assistons précisément à ce phénomène qui fait actuellement tomber les banques régionales américaines comme des mouches.
En tout cas, une chose est sûre, c’est que ces différents prétextes ont permis aux autorités chinoises d’imposer des restrictions strictes sur les crypto-monnaies et les initiatives privées puisqu’en 2013, le gouvernement chinois a interdit aux banques d'utiliser le Bitcoin comme monnaie, invoquant des inquiétudes concernant la stabilité financière et la possibilité que le Bitcoin soit utilisé pour des activités illicites et les préoccupations de la Chine ont reçu une attention renouvelée en 2019 avec l'annonce par Facebook de Libra.
Cela a donc permis à la banque centrale chinoise d’émettre des DCEP, initiales de Digital Currency Electronic Payment, auprès des banques commerciales, qui créent ensuite des portefeuilles numériques, que l’on appelle wallets, disponibles sur une application spécifique permettant aux utilisateurs d’effectuer des paiements avec leur Yuan numérique comme ils le feraient avec une carte de crédit ou de paiement traditionnelle.
Aujourd’hui, bien que la Chine ne soit plus pionnière en la matière, dans la mesure où elle n’a pas encore lancée sa monnaie numérique de manière généralisée comme d’autre pays tels que la Jamaïque, les Bahamas ou encore le Nigéria, il y a désormais 114 pays qui se trouvent à différents stades d’avancement alors même qu’avant la pandémie de coronavirus et la hausse des taux d’intérêt qui s’en est suivie, ce chiffre n’était que de 35 pays :


De plus, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la Banque Centrale Européenne serait déjà à un niveau bien plus avancé que ce que l’on pourrait croire.
C’est en tout cas ce qu’il en ressort de la récente intervention de notre chère Présidente Christine Lagarde !
… et les objectifs des décideurs occidentaux
Si, de prime abord et en principe, les monnaies numériques de banque centrale ne devraient pas représenter une menace pour la liberté des citoyens, il est légitime de se poser des questions compte tenu du fait que l’un des premiers États ayant cherché à mettre en place ce type d’instrument ne rayonne certainement pas pour son respect des droits de l’homme.
Néanmoins, cette monnaie numérique pourrait très bien être conçue de manière à ce qu'il y ait une intimité absolue dans son utilisation.
Autrement dit, cela signifie que la banque centrale émettrice se concentrerait uniquement sur la défense de sa valeur sur les marchés internationaux, mais n'aurait aucune capacité à savoir qui possède cette monnaie numérique à tout moment, les montants alloués au sein des comptes des citoyens et des entreprises, ni quelles transactions sont effectuées avec celle-ci.
Cependant, il ne semble pas que la volonté des banquiers centraux ni même des décideurs politiques aille dans ce sens.
Néanmoins, le fait qu’une confidentialité absolue ne soit pas garantie ne signifie pas, du moins, a priori, que cette confidentialité ne pourrait pas exister dans une plus ou moins grande mesure.
Là encore il y a également des raisons de douter puisque rien ne semble indiquer que cela sera le cas et c’est précisément ce qu’il en ressort de la dernière boulette de notre chère Présidente.
En effet, il y a quelques semaines, Christine Lagarde a été victime d'un prank de la part de deux humoristes qui se sont fait passer pour le Président Ukrainien Volodymyr Zelensky.
Cet échange qui était censé faire l’objet d’une conversation privée s’est finalement retrouvée sur le net sans le consentement ni la connaissance de la Présidente de la Banque Centrale Européenne.
Or, parmi les différents sujets traités, il était également question d’évoquer l’euro numérique et, comme cela fut le cas avec la Chine, Lagarde donne les mêmes arguments pour aboutir à l’établissement d’une monnaie digitale de banque centrale !
En d'autres termes, ce que Christine Lagarde explique c'est qu’il existe un lien particulièrement étroit entre le contrôle qu’un État exerce sur la monnaie et la souveraineté de ce dernier.
En effet, juridiquement parlant, l’État à proprement parler se caractérise au travers de trois attributs que sont : l’élément géographique, l’élément social et l’élément politique au travers.
Il s’agit donc d’exercer un pouvoir sur un peuple présent au sein d’un territoire, ce qui caractérise donc la souveraineté de ce dernier.
En ce sens, enlever le monopole de la monnaie qui lui est dévoué reviendrait, selon Lagarde, à perdre ce pouvoir ou du moins, une grande partie de ce pouvoir.
Raison pour laquelle l'euro numérique est nécessaire pour pouvoir conserver ce contrôle car toute concurrence monétaire serait en réalité une concurrence de pouvoir et donc d’une liberté accrue pour les citoyens.
Cette intervention met également en exergue sa peur quant à la réduction potentielle du pouvoir des monnaies telles que le dollar et l’euro dont leur présence reste prépondérante tant en ce qui concerne les transactions internationales que les réserve de changes mondiales :

Pour couronner le tout, elle reconnaît de manière explicite que même en cas de refus de la part de la population.
La Présidente de la BCE admet que l’euro-numérique sera une monnaie contrôlée par les autorités monétaires et donc, par voie de conséquences, par les autorités politiques dans la mesure où la Banque Centrale Européenne est une entité publique dont les propriétaires sont les États.
En d'autres termes, au mieux, la Banque centrale européenne envisage la possibilité d’une absence de contrôle sur les petits paiements via l'euro numérique, notamment en ce qui concerne les transactions dont les montants seraient inférieurs à 300 ou 400 euros.
Au-delà, un contrôle sera exercé et donc, nos transactions seront connues et pourront être gelées si tel venait à être leur souhait.
En outre, l’on peut tout de même se poser des questions quant à la véracité de ses propos dans la mesure où, même des petits montants sont susceptibles d’être surveillés.
En effet, étant donné que les attentats en France ont été financés avec de très petites sommes d'argent, les autorités pourraient finalement considérer qu’il serait dangereux de laisser les citoyens dépenser des sommes aussi modestes que 100, 200 voire 50 euros.
Autrement dit, par principe de précaution, étant donné que certains usages exceptionnels peuvent donner lui au financement du terrorisme et à d’autres utilisations illicites, il est préférable d’interdire purement et simplement, de contrôler et de limiter les libertés.
En définitive, il semble clair qu'en accord avec cette conversation privée, et non pas une déclaration publique qui pourrait avoir pour vocation de rassurer les auditeurs afin de ne pas les effrayer en mentant sur les réelles intention quant à l’instauration d’un tel instrument, Christine Lagarde reconnaît clairement que le projet de l’euro numérique est un projet qui vise à bafouer la vie privée et où toutes les transactions effectuées seront susceptibles d’être contrôlées.
Récemment, l'ancien Président américain Donald Trump a exprimé sa crainte quant à la soi-disant volonté de la Chine de remplacer le dollar américain.
En ce moment on ne cesse d’entendre parler de la fin de l’hégémonie du dollar en tant que monnaie de réserve internationale .
Est-elle sur le point d’être remplacée par le renminbi chinois ?
La nouvelle ère du pétrodollar
Alors que la guerre en Ukraine et les sanctions qui en ont découlé ont eu pour conséquence de soutenir les prix des hydrocarbures, cette situation s’est avérée être une aubaine pour les exportateurs de carburant !
En effet, en temps normal, toute entreprise ou entité peut jouer sur deux aspects pour engranger des bénéfices.
- L’aspect volume: il s’agit de vendre de grandes quantités de marchandises
- L’aspect prix: il s’agit de vendre cher ses marchandises.
Il est possible de tracer une matrice en fonction de prix et volumes élevés ou faibles.
Il est donc possible de vendre :
- À prix et volume élevé= situation optimale
- À prix élevé et volume faible= situation intermédiaire,
- À prix faible et volume élevé= situation intermédiaire
- À prix faible et volume faible= situation non-optimale.
Dans le cas de pétroliers, ce qui est sûr, c’est qu’avec les sanctions les pays producteurs de pétrole ont profité de prix et de volumes plus élevés.
Jusqu’à récemment, cette situation offrait la possibilité à ces pays d’exporter énormément d’or noir ce qui leur permettait d’enregistrer des excédent commerciaux et donc d’énorme quantité de dollars.
Or détenir autant de billets n’a pas beaucoup de sens : on dit qu’il y a un coût d’opportunité à laisser dormir de l’argent.
C’est pour cette raison qu’en temps normal, ces pays “recyclent” une partie de ces excédents de dollars sur les marchés de capitaux occidentaux.
Or, actuellement et compte tenu des tensions internationales, tout semble suggérer que cet accord s’effrite...
En effet, les États du Golfe, attirés par l'Asie et désireux de renouer leurs liens avec Israël et, dernièrement, avec l'Iran, ne se sentent plus obligés de courtiser la Maison Blanche.
À titre d’exemple, le 2 avril dernier, l'Arabie saoudite et ses alliés ont provoqué la colère de l'Amérique en accentuant les réductions de la production de pétrole brut à près de 2 millions de barils par jour, ce qui a contribué à faire monter les prix.
Dans le passé, la majorité de ces sommes serait allée directement dans les réserves de change des banques centrales sous la forme d’investissements dans de la dette américaine profitant ainsi des envolées de prix de l’or noir pour accroître les reserves.
Le problème, c’est que, si jusqu’à très récemment, le montant total de dette publique américaine détenue par les étrangers ne cessait de croître, désormais, on peut clairement dire qu’une part moins importante de dollars est réinvestit aux États-Unis.
Au lieu de cela, une part croissante de ces dollars est utilisée pour poursuivre certains objectifs politiques dans le but de gagner de l'influence au niveau international.
Où sont passés les milliards de dollars ?!
D’après le journal The Economist, les milliards de dollars non investis dans la dette américaine auraient été utilisés de trois manières :
1.Le remboursement de la dette extérieure, celle-ci a trait à l'ensemble des dettes qui sont dues par un pays, c’est-à-dire l’État, les entreprises et les particuliers, à des prêteurs étrangers.
Entre 2014 et 2016, une surabondance de pétrole alimentée par le boom du schiste américain a fait chuter le prix du pétrole de 120 dollars le baril à 30 dollars, soit, la plus forte baisse de prix de l'histoire moderne.
De ce fait, pour résister à ces chocs sans précédent, les États du Golfe n’ont pas eu d’autre choix que de venir puiser dans leurs réserves en liquidant certains actifs étrangers et leurs banques centrales ont également vendu une partie de leur réserve de devises étrangères.
Mais cela ne suffisait pas car, dans la pratique, ces pays ne peuvent pas vendre la totalité de leurs actifs libellés en dollars, non seulement parce que, quoi qu’en disent ses détracteurs, la place du dollar reste prépondérante dans le commerce mondiale, mais, en plus, il est nécessaire de maintenir des dollars en réserve pour préserver une relative stabilité du taux de change des différentes devises internationales par rapport au billet vert.
Dans ce contexte morose, l’unique solution était donc d’emprunter des devises fortes sur les marchés de capitaux occidentaux faisant augmenter la dette externe :
Ainsi, désormais, certains États pétroliers profitent de la hausse des prix pour réduire leur endettement externe.
2.Deuxièmement, en ce qui concerne le fait de prêter à des pays tiers alliés, début 2022, la banque centrale d'Égypte a reçu 13 milliards de dollars de la part du Qatar, de l’Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis afin de faire face à l’envolée des prix du blé.
Ces dernières années, l'Arabie Saoudite a également autorisé le Pakistan à différer le paiement de milliards de dollars d'achats de pétrole.
Cela permet en outre d’accroître l’influence de l’Arabie Saoudite qui conditionne ces prêts et a demandé à l'Égypte et au Pakistan de mettre en œuvre des réformes économiques avant de leur accorder de nouvelles aides.
3.L’achat d’actifs étrangers: la principale utilisation des réserves de changes et notamment au travers des fonds souverains.
Fonds souverain = fonds d’investissement détenu par un État dans le but d’investir dans des actifs étrangers pour diversifier leur activité économique.
Jusqu’à présent, les banques centrales les grands États pétroliers utilisaient leurs dollars sous la forme d’actifs comme la dette publique américaine.
Hormis quelques cas exceptionnels, il n’y avait que le Qatar, qui utilisait ses réserves autrement en rachetant notamment des clubs de foot ou des gratte-ciels.
Aujourd'hui, les réserves de la banque centrale russe sont gelées et depuis 2015, lorsque Mohammed Ben Salman s’est mis à diriger l’Arabie Saoudite, la banque centrale saoudienne a reçu beaucoup moins d'argent que le fonds souverain.
En l’espace de quelques années seulement, les fonds souverains des pays pétroliers ont pris de l'ampleur. Comme les hydrocarbures restent chers et qu'une grande partie des bénéfices futurs leur est destinée, ils pourraient encore prendre de l’importance dans les années à venir.
Savoir exactement ce que les fonds souverains du Golfe font et comment ils investissent leur argent est très difficile car ils ne publient pas leur stratégie…
Il y a néanmoins certains indices qui permettent de comprendre leur fonctionnement !
Les montants qui étaient auparavant conservés sous la forme de réserves de change auprès de la banque centrale sont désormais utilisés par les fonds souverains pour réaliser des investissements.
En ce sens, contrairement à ce que certains ne cessent de répéter à longueur de journée, nous assistons non pas à la fin du pétrodollar mais à sa métamorphose.
La Chine et le renminbi : nouvelle puissance hégémonique ?!
Certains parlent de la fin du dollar au profit du renminbi comme nous l'avion vu dans un précédent article.
Cet avertissement fait suite à des informations faisant état d'accords entre diverses nations pour utiliser le renminbis notamment pour acheter du pétrole.
La Chine commence d’ailleurs à payer son pétrole en renminbi ce qui illustre la mutation du système monétaire international qui serait davantage multipolaire. Cependant, l'importance accrue du renminbi chinois dans le commerce mondial du pétrole reste surestimée.
La Chine a d’ailleurs créé sa propre bourse des matières premières à Shanghai en 2018, pour les contrats à terme sur le pétrole réglés en renminbi. Les contrats qui y sont négociés sont libellés uniquement en renminbi chinois, tandis que tous les autres contrats négociés dans le monde sont libellés en dollars américains. Cependant, les sommes échangées à Shanghai restent très faibles.
En effet, même si la totalité du pétrole importé par la Chine était libellé en renminbi, l’Empire du milieu est encore très loin de faire de sa monnaie une réserve mondiale.
Tout cela, sans compter, qu’il est extrêmement important de bien distinguer l’utilisation d’une devise en tant que monnaie d’échange et l’utilisation d’une devise en tant que monnaie de réserve.
En 2022, le dollar américain était présent dans 88 % de l’ensemble des transactions l’année dernière!
La part du renminbi quant à elle est passée à 7 %, ce qui en fait la cinquième devise la plus échangée en 2022.
Le billet vert reste donc la monnaie de réserve mondiale en raison de son marché financier ouvert et flexible, de la liberté de circulation des capitaux, de la sécurité des investisseurs et de la sécurité juridique.