Crise Financière et Profonde Récession Libre et riche
Alors que le système financier est actuellement en état de tension, les banques centrales ont annoncé une action coordonnée visant à améliorer la fourniture de liquidités pour stabiliser l’économie financière.
Dans le même temps, afin de faire face au risque de crise financière, la Réserve Fédérale s’est trouvée dans l’obligation d’accroître les liquidités en octroyant l’équivalent de plus de 150 milliards de dollars de prêts d’urgence faisant de nouveau monter la valeur de son bilan qui avait enclenché sa phase de déclin depuis l’année dernière.
Autrement dit, en l’espace de quelques jours, la FED a effacé 4 mois d’efforts de réduction de bilan…
Pourrions-nous voir l’économie et le système financier plonger dans une nouvelle crise ?
Créances douteuses, crises financières et récessions
Bien qu’une récession puisse être à l’origine d'une crise financière, en réalité, une économie est beaucoup plus susceptible de tomber en récession dans le cas où le système financier se retrouve en difficultés avec notamment l'assèchement des liquidités. En effet, un arrêt brutal de l'offre de crédit à l'économie rend tous les secteurs vulnérables…
On le sait, les tensions actuelles ont déjà eu pour conséquence de pousser la FED à réinjecter des liquidités pour assurer la survie du système.
Ainsi, savoir si une crise financière est susceptible de se produire est ce qui pourrait faire basculer cette récession technique en une crise financière et donc une récession qui obligerait à nouveau la Fed à réduire ses taux à zéro.
En règle générale, pour que cela arrive deux grandes catégories de prêts peuvent être à l’origine des créances douteuses.
Les deux catégories de créances
- Les prêts non garantis ne sont liés à aucun actif en particulier.
Cela signifie qu'une banque n'a aucun actif direct à saisir et à vendre si le prêt tourne mal et que le débiteur ne rembourse pas son crédit.
L’exemple le plus parlant est sans aucun doute les prêts à la consommation.
- Les prêts garantis sont généralement les plus fréquents et sont liés à un actif en particulier.
Ici, lorsqu'une banque octroie un prêt sur la base de ce crédit, elle le fait en prenant en échange d’un actif en garantie dont elle est susceptible de prendre le contrôle en cas de non-remboursement du prêt.
L’exemple le plus parlant est sans aucun doute les prêts immobiliers avec la mise en place d’une hypothèque.
Le second type de prêts est bien plus sûr pour une banque. En effet, en cas de non-remboursement, elle a la possibilité de saisir l’actif qui joue le rôle garantie afin de le revendre et ainsi percevoir tout ou partie de l’argent non remboursé.
C’est pour cette raison qu’en règle générale, les prêts adossés à une garantie ont des intérêts plus faibles que les prêts non-garantis.
A noter: les graves crises financières sont rares et n'apparaissent généralement que très rarement !
Paradoxalement, la plupart des crises sont déclenchées par des prêts garantis plutôt que par des prêts non garantis.
Prêts garantis et crises financières
Pour comprendre pourquoi les prêts garantis ont plus tendance à être à l’origine de crises encore faut-il comprendre comment la banque est susceptible d’enregistrer des pertes.
La créance irrécouvrable marque le moment où une banque acte le non-remboursement du prêt. Il s’agit d’un événement où la banque retire le prêt qui avait été concédé car non-remboursé.
Une chose est claire : les crédits à la consommation sont les prêts vis-à-vis desquels les banques enregistrent le plus de défauts de remboursement comme on peut le voir sur ce graphique.
En revanche, hormis quelques pics, les non-remboursements de crédits à la consommation sont fréquents et c’est précisément pour se couvrir contre ce risque que les taux d’intérêt pratiqués sont élevés.
En revanche, contrairement à d'autres types de prêts, les prêts garantis connaissent rarement des épisodes de non-remboursement. Par contre, lorsqu’il y en a, ceux qui explosent, provoquent de nombreux dégâts.
Raison : si avec un prêt non garanti il est assez facile de se rendre compte du défaut de remboursement, dans le cas d’un prêt garanti, ça n’est pas pareil pour 2 raisons:
Non seulement il faut que le débiteur cesse le remboursement de sa dette mais, en plus, encore faut-il qu’en revendant le bien mis en garantie et saisie par la banque, cette dernière ne parvienne pas à récupérer la totalité de la somme due.
Exemple:
Si une personne achète une maison à crédit à 100 euros avec un hypothèque sur le bien et qu’il cesse tout remboursement au bout de quelque temps alors qu’il doit toujours 80 euros à la banque, l’établissement ne perd pas nécessairement de l’argent. Si le marché immobilier a prix de la valeur entre temps et que la banque parvient à revendre le bien à un prix supérieur à 80 euros, alors, cette dernière n’enregistrera aucune perte.
On comprend donc que, pour qu’une crise financière dérive de prêts garantis, la valeur des actifs qui viennent adosser le prêt doit drastiquement être réduite et généralement, il est difficile d’anticiper de telle chute.
Avant 2008, peu d’individus parvenaient à s’imaginer que l’immobilier pouvait chuter par exemple. D’ailleurs, pour anticiper ces risques de pertes, les banques sont censées faire ce que l’on appelle des “provisions” justement, afin d’amortir les pertes.
Ces provisions pour pertes sur prêts peuvent s'accélérer rapidement en cas de crise pouvant créer un vent de panique, comme ce fut le cas à l'approche de la crise des subprimes.
Un fait intéressant, c’est que le début de la pandémie a entraîné une augmentation du provisionnement qui s'est ensuite inversée suite au stimulations budgétaires du gouvernement avant de finalement repartir à la hausse actuellement :
Le fait est qu’une crise financière d'une gravité suffisante arrête le flux de crédit vers les secteurs de l'économie qui ne sont pas touchés ce qui a pour conséquence de nuire également aux secteurs de l'économie auparavant considérés comme sains.
Cela crée une profonde récession dans la mesure où les entreprises saines ne peuvent plus accéder au crédit dans des conditions “normales”, ce qui met les entreprises sous pression provoquant une flambée du chômage et, pratiquement la totalité des secteurs de l'économie sont touchés en même temps ce qui provoque une forte baisse de la confiance, entraînant un arrêt brutal de la consommation.
Cet arrêt brutal de la consommation transforme le ralentissement économique en une grave récession.
En règle générale, la consommation dans une économie développée comme les États-Unis est très stable et croît avec l’augmentation de la population et des salaires.
Pour enregistrer une baisse de la consommation faisant diminuer le PIB, il faut un événement qui porte atteinte à la confiance des ménages et chaque fois que cela se produit, une récession s'ensuit.
Une des seules fois où il y a eu baisse de la consommation sans crise, c’était au début des années 50 :
Faillites bancaires et crise financière
La crise des années 80/90 a également marqué l’une des périodes les plus difficiles pour les banques, période durant laquelle le nombre de faillites bancaires s’était littéralement envolé.
En effet, six des dix plus grandes faillites bancaires américaines se sont produites au cours de ces deux décennies, les quatres autres restantes s’étant produites au cours de 2009 et 2023 avec la Silicon Valley Bank et la Signature Bank.
La raison pour laquelle l’ampleur de la crise des années 80/90 était moindre malgré un grand nombre de faillite réside dans le fait que les problèmes se sont difficilement répandus dans l'ensemble de l'économie jusqu'à ce que l'immobilier commercial à grande échelle soit touché.
Cela s'explique en partie par le rôle proactif de la FDIC, c’est-à-dire la Federal Deposit Insurance Company dont la vocation est de protéger les dépôts des citoyens qui n'ont donc pas perdu d'argent, ce qui a permis d’éviter les phénomènes de contagion.
Prise de mesures suite aux crises historiques
C’est précisément pour cette raison que la FDIC, de concert avec le gouvernement américain et la Réserve Fédérale, sont très rapidement intervenus afin de limiter les dégâts pour accompagner la faillite des deux banques américaines tout en garantissant les dépôts afin de ne pas reproduire les erreurs de 2008.
En effet, il y a 15 ans de cela, le fait d’avoir laisser tomber Lehman Brothers avait précipité la crise.
En outre, à la différence de la crise de 2008, dans les années 80/90, les banques étaient également principalement exposées aux marchés locaux et étaient suffisamment petites pour ne pas avoir le moyen de transmettre la contagion à d'autres banques.
Durant la crise des subprimes en revanche, les banques du monde étaient liées par des titres de créances de plus ou moins bonne qualité et se prêtaient de l’argent entre elles.
Une fois la confiance évaporée, peu de secteurs ont été épargnés par l'arrêt du flux de crédit. En réalité, avant même d’être une crise de liquidité débouchant en une crise financière et donc une crise économique, il s’agissait surtout et avant tout d’une crise de confiance.
La Grande Dépression est survenue pour une raison similaire à la différence près que les prêts hypothécaires étaient remplacés par des dettes sur marge, c’est-à-dire que les garanties adossant les crédits étaient des actions plutôt que de l’immobilier.
On peut donc clairement dire qu’une crise financière précède pratiquement tout le temps les graves récessions. En revanche, l’ampleur de cette récession dépend du phénomène de contagion. Plus la propagation est grande et plus sa capacité à affecter la confiance des banques dans leur capacité à prêter et ainsi maintenir l’économie en bonne santé.
Une fois cette contagion répandue, les conditions sont en place pour un arrêt soudain de l'économie. Dans un tel cas de figure, les provisions des banques augmentent soudainement afin de faire face aux pertes potentielles, les prêts les plus touchés étant ceux qui à priori étaient les plus sûrs car garantis et c’est dans ces circonstances que les pertes peuvent dépasser de loin ce à quoi on pourrait s'attendre.
Le cas du système financier actuel
Il est plus facile de comprendre pourquoi, alors que le système financier est actuellement en état de tension, les banques centrales ont annoncé une action coordonnée visant à améliorer la fourniture de liquidités afin de stabiliser l’économie financière.
C’est aussi pour cette raison que, dans le même temps, afin de faire face au risque de crise financière la Réserve Fédérale s’est trouvé dans l’obligation d’accroître les liquidités en octroyant l’équivalent de plus de 150 milliards de dollars de prêts d’urgence faisant de nouveau monter la valeur de son bilan qui avait enclenché sa phase de déclin depuis l’année dernière, au travers du Quantitative Tightening et afin de lutter contre l’inflation.
Aujourd’hui, plus qu’être exposé à des prêts garantis au secteur privé, les banques sont surtout exposées à des prêts garantis au secteur public.
On peut donc légitimement s’attendre à ce que si une crise financière doit apparaître, celle-ci se concentre sur de la dette publique ou des dettes d’agences publiques du type titrisation de dettes hypothécaires.
Non pas nécessairement une crise dans le sens d'un défaut de paiement de la part des gouvernements mais plutôt dû à la surexposition des banques à ce type de titres qui, à cause de la remontée des taux d’intérêt, se déprécient.

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