Fed Now - La Révolution Monétaire Mondiale en Marche et la Menace des CBDC | Libre et riche
La réserve fédérale américaine lance un système de paiement en temps réel dans la cadre de la première grande mise à jour depuis les années 1970 !
Il s’agit donc de la plus grande avancée depuis des décennies pour le réseau de transfert d'argent américain désuet.
Ce système permettra ainsi aux Américains de transférer de l'argent par voie électronique en quelques secondes, une avancée significative pour un pays où les chèques papier et les espèces restent populaires tandis que les virements bancaires peuvent prendre plusieurs jours.
Cela signifie que les banques et certaines applications permettront d'envoyer de l'argent à tout moment, même les week-ends et les jours fériés, 365 jours par an, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Cependant, seule une fraction des plus de 4.000 banques aux États-Unis ont souscrit à FedNow comme JPMorgan Chase et Wells Fargo.
En quoi consiste ce système ?
Pourquoi est-il instauré seulement maintenant et quels risques cela suppose sur le système financier et monétaire international ?
FedNow et la compensation bancaire
Chaque fois que l’on parle de Réserve Fédérale et des banques centrales, les théories du complot refont surface.
Avec le système FedNow qui est en développement depuis 2019 et qui vient d’être mis à exécution il y a de cela quelques jours, nombreuses sont les personnes craignant que l’on fasse un pas de plus vers la fin du cash et vers le traçage de toutes les transactions par le gouvernement.
Ces préoccupations sont totalement logiques.
La chose importante à savoir à propos de ce nouveau système, c'est que, dans la pratique, pour l'utiliser il n’y a pas d’application à télécharger ou de manipulation particulière à réaliser.
Il suffit d’avoir un compte bancaire auprès de l'une des banques ayant adhéré à ce système et le FedNow sera automatiquement utilisé.
Il faut savoir que jusqu’à maintenant, à quelques exceptions près, les systèmes de paiement en temps réel n’existent pas vraiment ou sont peu développés, qu’il s’agisse des États-Unis, de la France ou quelque soit le pays, notamment chez les pays développés.
En réalité, lorsque l’on effectue un transfert d’argent de notre compte vers le compte d’une autre personne ou d’une société, il n’y a pas immédiatement de transfert d’argent entre les deux banques et cela peut parfois même prendre plusieurs jours.
Ce que fait la banque A lorsqu’on lui demande de transférer de l’argent à une banque B, c’est non pas envoyer de l’argent mais une promesse numérique.
On parle traditionnellement de IOU qui signifie “I Owe You” ou “Je Te Dois” en français.
Il s’agit donc d’un titre en vertu duquel la banque A prend l’engagement d’envoyer de l’argent à la banque B à la fin de la journée.
Arrivé à ce stade, on peut donc se demander : pourquoi ne pas transférer directement de l’argent plutôt que d’attendre la fin de la journée ?
La réponse peut se résumer en deux mots : “Compensation bancaire”.
La compensation bancaire est le mécanisme par lequel les établissements bancaires se règlent entre eux le solde des opérations réalisées par leurs clients.
De manière très schématique, une fois par jour, les comptes sont fait entre ces deux banques, et seul le solde de toutes les opérations réalisées dans un laps de temps défini est échangé.
Imaginons une situation où trois amis partent en voyage en vacances. Ils se répartissent chacun les achats. L’ami A s’occupe de faire les courses et dépense 100 euros, l’ami B s’occupe d’acheter les billets de transport et dépense 70 euros et, finalement, le dernier ami, l’ami C, se charge de payer les différentes activités que nous allons réaliser et dépense 80 euros.
La somme totale dépensée par les trois amis s’élève donc à 250 euros.
Autrement dit, l’ami A doit rembourser 70 euros et 80 euros aux deux autres amis, soit 150 euros. Le problème c’est qu’au total, les amis B et C lui doivent également 100 euros.
Du coup, au lieu de leur donner les 70 euros à l’un, puis 80 à l’autre et demander aux deux autres qu’ils remboursent ce qu’ils doivent, ils vont plutôt attendre la fin de la journée et faire les comptes.
À la fin de la journée, on se retrouve donc avec la situation suivante :
L’ami A doit 70 euros à B et 80 euros à C, l’ami B doit 100 euros à B et 80 euros à C et l’ami C doit 100 euros à A et 70 euros à B.
A doit donc 150 euros et on lui doit 100 euros, B doit 180 euros et on lui doit 70 euros et C doit 170 euros et on lui doit 80 euros. Si l’on déduit ce que chacun doit avec ce que chacun a payé, le solde est le suivant :
A doit 50 euros, B 110 euros et C 90 euros.
Étant donné qu’un total de 250 euros a été dépensé par les amis, cela signifie que pour être à l’équilibre et donc que chacun dépense la même quantité d’argent, il suffit de diviser 250 euros par 3, ce qui nous donne 83,33 euros.
Ainsi, on se rend compte que A ne doit rien à personne et, au contraire, il doit être remboursé de 33,33 euros, par B à hauteur de 26,67 euros et par C à hauteur de 6,67 euros.
Une fois les comptes soldés, on se retrouve donc bien avec 83,33 euros.
Évidemment, dans le cadre du système bancaire, le procédé diffère bien que le principe soit le même.
Plutôt que déplacer de l’argent chaque fois qu’une transaction est effectuée, le but est de déplacer seulement les montants nécessaires à la fin de la journée et cherchant à compenser ce qui est dû entre les différentes entités. D’où le terme de compensation bancaire.
Pour l’anecdote, en France, le système de paiement de détail s’appelle CORE pour “COmpensation REtail” et au niveau pan-européen c’est le fameux SEPA, acronyme anglais de “Single Euro Payments Area”.
FedNow : la grande innovation ?!
Compte tenu de ce que l’on vient de voir, on comprend que le système FedNow doit permettre d'effectuer des virements d'argent instantanément.
Pourtant un système similaire existe déjà depuis plus de cinq ans et il est utilisé par de nombreuses entités financières pour effectuer des virements instantanés.
Il s’agit du RTP, initiales de Real Time Paiement.
Or, il y a de cela quelques jours, le 20 juillet dernier, le deuxième système de paiement en temps réel appelé Fed Now est entré en vigueur.
Autrement dit, le RTP et le FedNow font maintenant la même chose, ils envoient de l'argent en temps réel et ne coûtent que quelques centimes par transaction.
Il existe néanmoins deux différences principales.
La première, c’est que FedNow permet le transfert instantané jusqu'à 500 milles dollars ce qui est bien en deçà de la transaction moyenne d'environ 5 millions de dollars sur le principal service de transfert d'argent de la Fed, le Fedwire, qui est utilisé par les banques, les entreprises et les agences gouvernementales.
La seconde différence qui importe bien plus c’est le fait que RTP appartient à “The Clearing House” détenus par une vingtaine des plus grandes banques mondiales, tandis que FedNow a un seul propriétaire : la réserve fédérale.
Autrement dit, si un système de paiement en temps réel existait déjà pourquoi en créer un autre ?
C'est là que naissent les théories du complot sur une monnaie mondiale unique pour contrôler la population étant donné que ce système nous rapprocherait d'une monnaie numérique de banque centrale.
En effet, si ce système a trait au paiement national, il ne manquerait plus qu’un système international.
Or, à l'international, ce projet a un nom : le Project Cedar, qui se trouve désormais en phase 2.
Ce projet a pour vocation d'améliorer les paiements transfrontaliers, notamment au travers des monnaies digitales de banque centrale.
Il faut savoir qu’il existe un problème avec notre système actuel. Lorsque l’on souhaite envoyer de l'argent à l'international, les virements sont très lents et très coûteux.
Cela peut prendre plusieurs jours pour la simple et bonne raison que lors de l'envoi d'un paiement international, ce paiement peut nécessiter non pas une, ni deux mais jusqu'à trois banques intermédiaires pour vérifier cette transaction tout en passant par diverses conversions de devises.
Donc envoyer de l'argent à l'international n'est pas très efficace ni toujours sûr et certainement pas rapide même pour les banques.
Mais après les tests en phase 1 du Project Cedar, les chercheurs ont découvert qu'ils pouvaient réduire le temps d'une transaction de plusieurs jours à moins de 15 secondes et cela ne leur coûterait que quelques centimes rendant ainsi beaucoup plus efficace l'utilisation de ces monnaies numériques de banque centrale.
Or, les États-Unis ne sont pas le seul pays à le faire et pratiquement tout le système bancaire mondial est en concurrence pour développer sa propre CBDC.
En fait, il y a déjà 11 pays qui ont lancé une CBDC !
32 sont en développement et 46 étudient les données.
Autrement dit, de plus de pays s'impliquent et, au total, il y a 130 pays qui représentent 98 pour cent du PIB mondial.
Ce nouveau système, qui n'est en fait pas si nouveau, donne ainsi aux banques centrales et donc au gouvernement énormément de pouvoirs.
Or, si à la fin des années 60, 77% de la population faisait confiance au gouvernement, notamment celui des États-Unis, désormais, seule 20 pour cent de la population lui font confiance, soit une personne sur cinq.
Le fait est que cette confiance qui s'érode dans le temps, notamment en ce qui concerne l’aspect monétaire est de plus en plus légitime, notamment compte tenu de la gestion calamiteuse qui est en faite actuellement.
On peut d’ailleurs remonter aux années 1930, lorsqu’en 1933, l’Executive Order 6102 fut adopté, en vertu duquel l’or des citoyens fut exproprié sous les Roosevelt.
Un exemple similaire et assez récent concerne notamment le gouvernement canadien en 2022.
En effet, suite aux protestations des camionneurs au Canada, paralysant la capitale, qui ne pouvaient pas partir aux États-Unis s'ils ne se faisaient pas vacciner, le gouvernement avait décidé d’adopter des mesures exceptionnelles au travers de la loi sur les mesures d'urgence parmi les mesures figurait le gel des comptes bancaires des manifestants.
Que l’on soit d'accord ou non avec les protestations et les mesures prises, le fait que les comptes bancaires puissent être gelés en cas de désaccord avec le gouvernement est une mesure particulièrement préoccupante.
La réalité, c’est que le système bancaire actuel a déjà le pouvoir de faire tout cela en cas d'activités illégales comme le blanchiment d'argent ou encore le financement du terrorisme.
Donc les banques ont déjà la capacité de geler certains comptes bancaires. Il n’y a rien de nouveau à cela. Ce que nous devrions surveiller en revanche, c'est si le gouvernement essaie d'éliminer d'autres formes de monnaie et notamment l'argent physique.
Une autre chose qui devrait mettre la puce à l'oreille a trait au contrôle et la surveillance de nos transactions financières.
Par exemple, le yuan numérique, qui est la monnaie numérique de la Banque centrale de Chine, a pour caractéristique d’avoir une date d'expiration, ce qui signifie que si la quantité d’argent n’est pas utilisée avant une date prédéfinie, cette somme est susceptible de disparaître.
Bien que cela puisse sembler étrange, en réalité c'est une manière dont dispose le gouvernement pour contrôler l'inflation.
Ainsi, même si l’inflation est multifactoriel, cette dernière peut se produire notamment lorsqu’il y a un excès de dépenses au sein de l’économie alors que, dans le même temps, la production n’est pas suffisamment élastique, c’est-à-dire que l’offre n’arrive pas à s’ajuster aussi rapidement à la demande qui augmente.
Ce cas de figure, qui a été caractéristique de la période de reprise post-pandémique avec un rupture des chaîne d’approvisionnement et un excès de dépense, a eu pour conséquence de faire croître les prix.
Ainsi, en ayant la possibilité de mettre en place une date d'expiration sur l'argent le gouvernement aurait la capacité de mieux contrôler la demande afin de l’ajuster à l’élasticité de l’offre.
Évidemment, l’on passerait d’un système de vol par l’inflation à un système de vol par péremption de l’argent.
Une chose est sûre, avec le système FedNow, trois risques pèseront sur le système selon un rapport de Moody’s.
1° Premièrement, les institutions financières dépendent fortement des frais liés aux paiements par carte de crédit. Mais si les consommateurs et les entreprises commencent à utiliser FedNow au lieu des cartes, ces revenus pourraient se tarir. En 2022, les commerçants ont payé environ 85,6 milliards de dollars en frais de cartes de crédit.
En effet, il faut savoir que lorsque les commerçants acceptent les cartes de crédit, cela implique de payer des frais à la banque pour chaque transaction.
2° Deuxièmement, FedNow permet des mouvements d'argent en temps réel 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Néanmoins, cela suppose des risques notamment en ce qui concerne la sécurité. En effet, avec une utilisation en temps réel, la technologie et le personnel devra évoluer pour surveiller les transactions 24 heures sur 24 afin de se protéger contre les cyberattaques.
Cela portera préjudice aux plus petites banques et institutions qui disposent de moins de ressources.
3° Finalement, des mouvements d'argent plus rapides pourraient également augmenter le risque de panique bancaire. Moody's a noté que les récentes faillites bancaires ont été exacerbées par la rapidité des retraits, qui pourraient se produire encore plus rapidement avec FedNow.
Pour conclure, bien que la réserve fédérale explique que FedNow n’est en aucun cas lié à une monnaie digitale de banque centrale, ni une étape vers l'élimination de toute forme de paiement, y compris en espèces et qu’une telle mesure ne saurait être prise sans l’autorisation d’une loi, de tels risques pourraient ouvrir la porte à l’instauration d’une CBDC.
En outre, qu'on le veuille ou non, les États-Unis se doivent de rester compétitifs vis-à-vis du reste du monde, il n’est plus qu’une question de temps avant que de telles monnaies voient définitivement le jour.

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