Poutine VS Occident : Après un an de guerre | La dure Réalité !
Fin janvier, la publication du rapport prévisionnel annuel du Fonds Monétaire International pour 2023 comportait une information qui a surpris: l'institution prévoit désormais que l'économie russe se mettra à croître de 0,3% en 2023. Pour se faire une idée, il s’agit d’un niveau de croissance supérieur à celui de l’Allemagne !
Cela illustre à quel point l’effondrement de l’économie russe n’a pas eu lieu comme l'avait prédit l’OCDE.
Après un an de guerre en Ukraine, comment est-il possible que le FMI lui-même ait changé ses prévisions aussi rapidement ?
Pourquoi les sanctions contre la Russie n'ont-elles pas été à la hauteur des attentes ? Quelles ont été les réelles conséquences économiques sur la Russie et sur les pays occidentaux ?
Une guerre économique
Il y a 1 an, une alliance d'États, dirigée par le G7, a répondu à l'invasion russe de l'Ukraine en déclarant la guerre économique à la Russie.
Le but de ces sanctions était ainsi de paralyser la capacité de Poutine à financer l’effort de guerre.
Or, la machine de guerre de Poutine prépare de nouvelles offensives et l'armée ukrainienne soutenue par le G7 manquerait de ressources.
Une chose est sûre, avant la guerre, il existait une forte dépendance commerciale entre les alliés européens et la Russie.
La base de cette guerre économique a été de rompre les relations économiques entre les deux blocs politiques.
Mais il faut savoir que les pays qui ont le plus à perdre en cas de rupture des relations commerciales sont les pays européens.
De manière très schématique, on pourrait dire en gros que l'Europe dépendait de la Russie pour les matières premières et notamment énergétique sous forme de pétrole et de gaz tandis que, dans le même temps, la Russie dépendait fortement de l'Europe pour les médicaments ainsi que pour les machines de pointe et les microprocesseurs.
Les sanctions européennes
Suite à l’invasion, les alliés ont annoncé deux types de sanctions contre la Russie : des sanctions financières et des sanctions commerciales.
Cela a eu 2 implications :
- D'une part le bloc occidental a dû chercher de nouveaux partenaires alternatifs à la Russie pour assurer son approvisionnement énergétique
- D'autre part, la Russie a dû également trouver de nouveaux débouchés pour ses produits énergétiques, notamment vers les pays qui ne lui ont pas imposé de sanctions
En revanche, à moyen, long terme, nous avons vu que la Russie pourrait également souffrir compte tenu du risque de manquer de machines, de biens d'équipement et de composants.
Or, ces équipements ne sont pas faciles à remplacer et donc, au fur et à mesure que les biens d'équipement russes se détériorent, la productivité interne du pays pourrait finir par en souffrir.
Mais en réalité, bien qu’en théorie il y a eu une rupture des relations commerciales entre le bloc occidental et la Russie, dans la pratique, bon nombre de ces relations commerciales sont maintenues mais au travers d’intermédiaires.
Par exemple, l'Union Européenne a cessé d'importer du gasoil russe mais, en réalité, ce que fait la Russie c’est qu’elle exporte du pétrole brut vers l'Inde, les raffineries indiennes raffinent ce brut russe en gasoil, gasoil qui finit par être considéré comme d’origine indienne par les européens, comme si tout lien avec la Russie avait soudainement disparus.
De plus, pour pouvoir gagner sur les deux tableaux, ce qu’a fait la Russie c’est de riposter, à son tour, avec des sanctions commerciales visant le continent européen.
De cette manière, la crise énergétique russe a provoqué l’envolée des prix de l'énergie en Europe.
Ainsi, la flambée des prix de l'énergie signifiait que, même si la Russie vendait moins de gaz, elle gagnait énormément d’argent.
Cela dit, un défi de taille devait être surmonté, notamment en ce qui concerne l’importation de microprocesseurs indispensables au bon fonctionnement de nos appareils électroniques quotidiens.
1.Pour se faire, une première façon est de procéder au développement de ce que l’on appelle la politique de substitution des importations.
À l’origine, l'objectif d’une telle politique était le rattrapage technologique des pays moins développés grâce à l'utilisation de barrières tarifaires élevées pour permettre la production locale de marchandises qui étaient auparavant importées, cela permettant ainsi de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’étranger.
Aujourd’hui, il s’agit donc d’une politique contrainte qui semble porter ses fruits.
2. Ainsi, la seconde façon dont la Russie esquive les sanctions commerciales est par le biais d'un fournisseur alternatif.
Des rapports récents indiquent que les exportations de circuits intégrés en provenance de la Chine et de Hong Kong se sont envolées.
Comme on peut le voir, les importations du Kyrgyzstan, d'Arménie ou du Kazakhstan augmentent au détriment des importations de Russie et de Biélorussie.
Et cela est d’une importance capitale étant donné que ces différents pays d’Asie centrale sont des pays limitrophes avec la Russie et pourraient donc servir d'intermédiaires entre l'Union européenne et la Russie.
L’explication serait que, dans une certaine mesure, ces pays agissent comme des intermédiaires commerciaux entre la Russie et l'Union européenne.
C'est-à-dire que l'Union européenne exporte des machines vers le Kyrgyzstan, ce pays les reconditionne et les exporte ensuite vers la Russie.
La Russie ne les achète pas officiellement à l'Union européenne, mais elle le fait via le Kyrgyzstan, tout comme l’Union européenne n’importe pas du gasoil russe, mais elle le fait via l’Inde.
C’est précisément pour ces différentes raisons, qu’en réalité, la rupture des liens commerciaux entre le bloc occidental et la Russie ne s’est pas avérée si catastrophique que ce à quoi nous nous attendions.
Évidemment, cela ne signifie pas que les sanctions n'ont eu absolument aucun effet.
Comme nous l’avions vu, l’interposition d’intermédiaires, que ce soit l'Inde ou les pays d'Asie centrale, provoque une hausse des coûts.
1 an de conflit : quelles leçons ?
Un an après le début du conflit et après l’imposition de sanctions commerciales qui gagne la guerre économique ?
1. L'inflation:
Les deux économies ont clairement été frappées par une inflation vertigineuse qui tend à se calmer, comme nous avons eu l'occassion de le voir dans un précédent article.
En Russie, l’inflation a doublé : elle est passée de 6,7 % à 13,7 % entre 2021 et 2022.
Au sein de la zone euro, elle a presque quadruplé: elle est passée de 2,59 % en 2021 à 8,38 % en 2022.
2. En ce qui concerne le PIB:
La performance économique de la Russie a pris de court la plupart des analystes occidentaux : la plupart des prévisions ont dû être révisées car elles se sont avérées être fausses. Pour autant, sa croissance a été négative avec une contraction de près de 14%.
Du côté européen, l’économie a moins souffert que prévu notamment grâce à un concours de circonstance au travers du remplissage des stocks de produits énergétiques et d’une météo qui s’est avérée être particulièrement clémente ce qui a permis à la zone euro de croître de 3,5 % soit, une contraction de moins 4,5%.
Ainsi, bien que l’économie russe ait étonnamment surpris la plupart des analystes, le bloc occidental s’en est tout de même mieux sorti.
3. L'effort de guerre:
Il est clair que les sanctions n'ont pas paralysé la machine de guerre russe !
De même, l'arme énergétique de la Russie n'a pas découragé les Européens d'imposer des sanctions à la Russie et de soutenir l'Ukraine, comme les Russes l'avaient espéré.
On peut donc clairement dire qu’au sein de cette catégorie le résultat est plus que mitigé. Même si l'économie russe a été la plus durement touchée, les sanctions occidentales n'ont pas atteint leur objectif ultime d'arrêter la machine de guerre de Poutine.

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