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Réserves fantômes : Comment la Chine cache des milliards de dollars de réserves ! Libre et riche

C’est un fait indéniable, la Chine a énormément de réserves de change dans ses coffres ! 

Pour être plus précis, la Chine accumule aujourd’hui plus de 3.000 milliards de dollars de réserves.

Sauf qu’en réalité, les chiffres officiels diffèrent grandement des chiffres officieux et notamment de ce que l’on appelle couramment les réserves fantômes qui n'apparaissent pas dans les livres officiels de la Banque populaire de Chine. 

Ces fonds ont été cachés dans les banques d'État et ont largement échappé à toute analyse.

Le fait est que la Chine est si grande que la façon dont elle gère son économie et sa monnaie compte énormément pour le reste du monde. 

Pourtant, au fil du temps, la façon dont elle gère sa monnaie et ses réserves de change est devenue beaucoup moins transparente, créant de nouveaux types de risques pour l'économie mondiale.

Qu’en est-il concrètement ? Qu’est-il en train de se passer et quelles pourraient être les conséquences ? 

La Chine et ses réserves de change

De 2002 à 2012, la banque centrale chinoise était particulièrement active sur le marché des devises.

En effet, durant cette décennie, la Banque Populaire Chinoise intervenait pratiquement tous les jours, en achetant notamment des dollars afin d’empêcher la monnaie chinoise de s’apprécier et pour s'assurer que les exportations du pays pouvaient continuer de se vendre à l’international à des prix très abordables. 

Au cours de cette période, les réserves de change de la Chine ont régulièrement augmenté et il en a été de même pour les avoirs chinois de dettes américaines ou de dettes dites titrisées et émises par des agences implicitement soutenues par le gouvernement de l’Oncle Sam comme Freddie Mac et Fannie Mae par exemple.

À l’époque, les économistes craignaient que l'intervention de la Chine sur le marché des devises ne maintienne le commerce déséquilibré. En effet, ces derniers craignaient que la Chine ne vende ses réserves en dollars dans un moment de tension géopolitique, transformant faisant tomber le monde et notamment les États-Unis dans une crise financière profonde.

Or, une chose amusante s'est produite au cours des dix dernières années : les réserves de la Chine ont cessé d'augmenter. 

En effet, à partir de 2014, les réserves de change déclarées par la banque centrale ont atteint un pic avant de chuter jusqu’en 2016 pour finalement rester stables depuis lors.

Oui mais voilà …

Cette stabilité des réserves déclarées par la Chine est un véritable casse-tête. Malgré tous les discours qu’il est possible d’entendre sur la démondialisation, l'excédent des exportations chinoises est en fait à un niveau record. 

Le véritable excédent du compte courant de la Chine est probablement supérieur aux 400 milliards de dollars que la Chine rapporte officiellement. 

Tout comme la Chine a des "banques fantômes", on parle aussi de “shadow banks”, c’est-à-dire des institutions financières qui agissent comme des banques mais qui ne sont pas soumises à la réglementation des banques, la Chine a ce qu'on pourrait appeler des "réserves fantômes" ou “shadow reserves”. 

Ainsi, au travers de ces deux mécanismes, c’est-à-dire “shadow banks” d’une part et “shadow reserves” de l’autre, tout ce que la Chine fait sur le marché n'apparaît plus dans le bilan de la banque centrale. 

Le problème c’est que ce manque de transparence de la part de la Chine suppose de nombreux problèmes pour le reste du monde. 

La Chine est structurellement si importante au sein de l'économie mondiale que tout ce qu'elle fait, qu’on parvienne à le voir ou pas, fini par avoir un impact énorme sur le reste de la planète. 

L’exemple le plus illustratif est sans aucun doute celui ayant trait à la crise des subprimes en 2008. En effet, à l’époque, la Chine achetait massivement de la dette américaine, ce que l’on observe au travers des surfaces vertes et bleues, ce qui faisait pression à la baisse sur les rendements obligataires poussant les investisseurs privés à se tourner vers des titres toujours plus risqués, contribuant ainsi à créer les conditions qui ont provoqué le choc de 2008. 

Ce n’est qu’après cet événement, que la Chine a décidé de diversifier ses réserves donnant naissance aux nouvelles routes de la soie, à partir de 2013, poussant les banques à adopter de nouvelles politiques visant à aider Pékin à utiliser ses réserves étrangères accumulées. 

Ainsi, alors que les réserves de change peuvent sembler n'intéresser que les économistes, leur gestion et leur utilisation peuvent avoir d'énormes effets dans le monde réel. Ils sont une force économique suffisamment puissante pour qu'un plan d'infrastructure complet, mondial et de plusieurs décennies n'ait été, à certains égards, qu'un effet secondaire d'une décision de 2009 de trouver de nouvelles façons de gérer les réserves étrangères de la Chine.

Les réserves fantômes de la Chine

Arrivé à ce stade, on comprend donc qu’il serait naïf de croire qu’aujourd’hui la Chine se défait de ses réserves de changes ou qu’elles sont stables depuis maintenant près de 10 ans.

Du coup, la question que l’on peut se poser est : comment un pays parvient-il à faire disparaître ses réserves de change ?

Une façon assez simple consiste tout simplement à créer un fonds souverain. Auquel cas, la banque centrale vend ses réserves à une agence gouvernementale qui a pour mandat d'investir dans des actifs hors de la comptabilité prenant en compte les réserves.

Évidemment, la Chine a créé son fonds souverain appelé la China Investment Corporation, ou CIC, en 2007 bien qu’il ne s’agisse pas de sa principale façon de cacher ses réserves.

En effet, la principale façon que la Chine utilise pour cacher ses réserves, c’est son grand système bancaire d'État. 

Il faut savoir que lorsque la République populaire a été instaurée, durant de nombreuses années, il n'y avait pas vraiment de distinction entre la banque centrale d’un côté et les banques d'État de l’autre. L’ensemble des entités faisaient tout simplement partie du gouvernement. 

Ainsi, la Chine utilise trois manières différentes pour ses “shadow reserves” : 

1° La première façon consiste à placer l'argent dans les banques commerciales d'État.

Bien que cette histoire soit souvent oubliée, il existe en fait une étroite relation, notamment au cours des années allant de 2003 à 2008, entre la Banque Centrale Chinoise et les banques commerciales d'État, dont les quatres principales sont la Banque industrielle et commerciale de Chine, la Banque de construction de Chine, la Banque agricole de Chine et la Banque de Chine et qui sont d’ailleurs la quatre banques les plus importantes de la planète.

En fait, en 2003, la Chine a utilisé 45 milliards de dollars de ses propres réserves, une somme particulièrement élevée pour l'époque, afin de recapitaliser la Banque de Chine et, en 2005, la Banque de construction de Chine avait, elle aussi, profité de 15 milliards de dollars de réserves. 

La Banque Centrale Chinoise a également transféré environ 150 milliards de dollars de réserves aux banques commerciales d'État à la fin de 2005 et au cours de l'année 2006. 

Et, finalement, entre 2007 et 2008, la Banque Centrale Chinoise a plus ou moins contraint les banques à détenir 200 milliards de dollars de leurs réserves obligatoires en dollars alors même qu'à l'époque les banques n'avaient pas beaucoup de dépôts en dollars. 

Au total, fin de 2008, le gouvernement chinois disposait d'environ 400 milliards de dollars de réserves “fantômes”. Un montant qui peut sembler faible de prime abord, mais qui représentait tout de même l’équivalent de 10 pour cent du PIB chinoise à l’époque !

2° La deuxième façon consiste à placer de l’argent dans les deux “policy banks”, c’est-à-dire des banques institutionnelles liées au gouvernement.

Après la crise financière mondiale de 2008-2009, la Chine a mis en place une nouvelle stratégie pour utiliser ses réserves de change excédentaires : remettre une partie de ses devises à ses deux “policy banks”, c’est-à-dire la Banque de Développement de Chine et la Banque d’Exportation et d’Importation de Chine, afin qu'elles puissent soutenir l’investissement chinois à l'étranger. 

L'un des premiers signes de ce changement de politique est survenu lorsque la Banque de développement de Chine a commencé à prêter d'énormes sommes pour soutenir une augmentation de la production mondiale de pétrole afin de répondre aux besoins de l'économie chinoise en pleine croissance. 

“Depuis 2009, la Banque de développement de Chine a accordé des lignes de crédit totalisant près de 75 milliards de dollars à des sociétés énergétiques nationales et à des entités gouvernementales au Brésil, en Équateur, en Russie, au Turkménistan et au Venezuela. La compagnie pétrolière d'État russe, par exemple, a obtenu un prêt de 15 milliards de dollars pour développer sa production en Extrême-Orient, et la société russe d'oléoducs a obtenu 10 milliards de dollars pour construire un oléoduc pour amener le pétrole sur le marché. Le Venezuela a obtenu au moins 30 milliards de dollars, tandis que l'Angola a obtenu plus de 20 milliards de dollars”.

Ces deux “policy banks” chinoises ont également accordé des quantités massives de crédits à l’intérieur du pays afin d’acheter des équipements de télécommunications. Cela a contribué à l'expansion mondiale d'entreprises comme Huawei, qui dispose d'une ligne de crédit d'au moins 30 milliards de dollars auprès de la Banque Chinoise de Développement. 

Si rien de cela n’est secret dans la mesure où depuis 2013 avec le lancement des nouvelles routes de la soie, les initiatives sont publiques, ce qui n'est pas aussi bien connu, c'est que les prêts à l'étranger des “policy banks” ont également servi, en fait, à cacher certaines des réserves de la Chine. 

En effet, chaque fois que la Chine prête de l'argent à l’une de ses deux “policy banks”, au niveau de la comptabilité, ces réserves disparaissent des réserves officielles de la Chine.

Le problème, c’est que, suivre les mouvements des “policy banks” est bien plus complexe que de suivre les mouvements effectués par les banques commerciales d’État présentées précédemment.

Ainsi, ces fonds cachés, adossés à des devises sorties des avoirs de réserve de change de la banque centrale chinoise, sont probablement l’une des principales raisons pour lesquelles les réserves déclarées de la Chine sont stables depuis maintenant plusieurs années.

Si, de prime abord, il peut sembler logique de ne pas déclarer ces réserves comme étant les réserves officielles de la Chine, le fait que la Chine ne tienne pas de comptabilité séparée biaise inévitablement les statistiques et l’ampleur réelle des montants détenus.

3° Finalement, la dernière façon utilisée par la Chine pour accroître ses “shadow reserves” consiste à convaincre les banques commerciales d'État d'agir comme la banque centrale.

Ces banques détiennent désormais plus de 1.100 milliards de dollars d'actifs étrangers. 

En outre, une chose étrange à propos de ces dépôts, c’est qu'ils n'agissent pas comme des dépôts normaux. 

En effet, en temps normal, lorsque les taux augmentent, le montant des dépôts à tendance à baisser. C’est ce que l’on observe par exemple aux États-Unis où les taux se sont envolés et, dans le même temps, le volume des dépôts s’est effondré.

En revanche, du côté de la Chine, les volumes de dépôts en dollars ont augmenté lorsque les taux d'intérêt américains étaient inférieurs au taux chinois, et ont récemment baissé même si les taux américains sont désormais supérieurs à ceux de la Chine. 

En d’autres termes, le bilan des banques commerciales d'État ressemble étrangement au bilan d'une banque centrale qui agit sur le marché pour stabiliser la valeur de sa monnaie.

Une chose est sûre, au total, les institutions qui relèvent du gouvernement central chinois ont probablement plus de 6.000 milliards de dollars d'actifs étrangers, soit le double, par rapport aux 3.000 milliards de dollars rapportés par les données officielles. 

Ce total comprend donc à la fois les actifs étrangers des banques commerciales d'État, ceux des banques stratégiques d'État et du Fonds souverain chinois.

Finalement, et pour terminer, on peut légitimement se demander s’il est nécessaire de s'inquiéter !

La réalité, c’est que la Chine est une économie tellement grande et tellement déséquilibrée que toutes ses activités ont un impact mondial démesuré. 

Les réserves fantômes de la Chine sont particulièrement importantes. Plus grandes encore que les réserves officielles du Japon, le deuxième plus grand détenteur de réserves au monde. Plus grandes que les actifs sous gestion du fonds souverain de Norvège, le plus grand fonds souverain au monde.

Il n'est donc pas surprenant que ces réserves massives de changes soient au centre des débats les plus intéressants. La contribution de la Chine au surendettement mondial est fonction du détournement des devises du marché obligataire américain vers les prêts aux infrastructures mondiales. 

Pourtant, les banques chinoises ont accès à tant de dollars que les banques commerciales d'État chinoises en sont venues à jouer un rôle important dans le financement d'autres banques mondiales par le biais d'échanges de devises, ce que la Banque des règlements internationaux appelle la dette cachée, alors même que les “policy banks” faisaient des pays à faible revenus leur terrain de jeu. 

C’est un fait indéniable, la Chine a énormément de réserves de change dans ses coffres ! 
Pour être plus précis, la Chine accumule aujourd’hui plus de 3.000 milliards de dollars de réserves.

La conclusion, c’est que se limiter uniquement aux avoirs de dettes américaines déclarés par la Chine pour en tirer des conclusions, c’est passer à côté de l'essentiel de la présence financière mondiale chinoise. 

L'ampleur de ces réserves cachées, c’est-à-dire les actifs en devises étrangères qui ne sont pas officiellement considérés comme des “réserves”, met également en évidence un fait important qui est souvent oublié au milieu de toutes les discussions sur les problèmes de dette intérieure de la Chine. 

À l'échelle mondiale, la Chine est toujours un créancier massif, et le poids de l'accumulation massive de devises étrangères de la Chine se fait toujours sentir autour de la planète.

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