Près de 50%, c’est le pourcentage de revalorisation du Bitcoin depuis le début de cette année 2023.
Nous assistons à la résurgence d'un actif dont un grand nombre de personnes avait pourtant prédit la disparition.
D’ailleurs, comme on peut l’observer sur ce graphique (présent sur ce site), le Bitcoin aurait dû mourir plus de 471 fois !
Comment expliquer l’énorme revalorisation du Bitcoin ?
Pourquoi cette hausse pourrait ne pas durer, notamment si l’inflation continue de monter ?
Et à quoi s’attendre d’ici les mois à venir ?
Bitcoin : grand retour … ?
En ce début d’année, le Bitcoin s’est revalorisé de 50% passant d’une valeur d’environ 16.600 dollars à près de 24.600 dollars !
Comme on peut le voir sur ce graphique, tandis que le Bitcoin s'est apprécié de près de 50%, le Nasdaq, a performé de 14 %, le S&P500 d’environ 7 %...
Quelles sont les raisons sous-jacentes ayant conduit à cette très forte revalorisation ?
L’inflation se modère
D'abord, le prix du bitcoin a beaucoup augmenté parce que l'inflation a commencé à se modérer.
Cela semble paradoxal dans la mesure où, le Bitcoin est souvent vendu comme une couverture contre l'inflation. On pourrait donc s'attendre à ce que le bitcoin s’apprécie au gré de l'augmentation des prix des biens et des services.
Or, à en croire l’expérience des deux dernières années, c’est l'exact inverse qui s’est produit.
Lorsque l'inflation a explosé, le Bitcoin s’est effondré ! Maintenant que l'inflation semble ralentir, le Bitcoin s’apprécie.
S’il est vrai qu’à long-terme, cet actif est susceptible de fournir une couverture contre l'inflation, cela n’est clairement pas le cas à court-terme.
Toute classe d’actif est nécessairement en concurrence avec l’ensemble des instruments d’investissement disponibles sur le marché.
En d’autres termes, bien qu'ils ne soient pas forcément des substituts parfait au Bitcoin, certaines classes d’actif offrent d'autres caractéristiques qui peuvent être plus attrayantes que le Bitcoin lui-même.
Pourquoi un scénario inflationniste est susceptible d’impacter négativement le prix du Bitcoin ?
L’environnement inflationniste que nous vivons actuellement a poussé les banques centrales à remonter les taux d'intérêt directeurs et donc cette hausse se répercute également sur le coût de la dette publique des différents États.
Autrement dit, les État se retrouvent à devoir payer plus d’intérêts pour s’endetter. La contrepartie de ce surcoût c’est que les investisseurs perçoivent ainsi une rémunération plus élevée.
Ainsi, si de prime abord, ce comportement de mise en concurrence des actifs et notamment des obligations d’États avec le Bitcoin peut sembler paradoxal, dans la mesure où, a priori, de nombreux investisseurs placent leur argent dans cette cryptomonnaie précisément pour échapper au joug des États, il n’empêche que, la majorité des investisseurs sont, pour ainsi dire, opportunistes et cherchent tout simplement à obtenir la meilleur performance possible.
Le capital investit dans les classes d’actif qui perdent en attractivité va donc avoir tendance à être retiré au travers d’arbitrages afin de le rediriger vers les classes d’actifs qui gagnent en attraction.
Et c’est exactement ce qu’il s’est passé à partir de la fin de l’année 2021 et tout au long de l’année 2022 avec le Bitcoin ainsi que d’autres actifs comme la bourse et notamment les entreprises technologiques.
De ce fait, tout naturellement, lorsque les flux de capitaux sortent d’un actif, ici le Bitcoin, son prix se met à chuter et alors d’autres facteurs à prendre en compte sont susceptibles d’aggraver la chute des prix…
Par exemple, tous les investisseurs qui avaient placé leur argent dans tel ou tel instrument, en faisant usage de l’effet de levier, c’est-à-dire en s’endettant, notamment au travers de produits dérivés, commencent à souffrir des “margin calls” ou appels de marge en français.
Les “margin calls” ont donc un impact direct sur la capacité qu'ont les intermédiaires financiers à donner la possibilité aux investisseurs d’investir en faisant usage de l’effet de levier.
… ou grand retournement ?!
Aujourd’hui, il semblerait que l’on assiste à une phase de désinflation, c’est-à-dire une modération de l’inflation. Autrement dit, les prix poursuivent leur hausse mais à des taux plus faibles.
La crise inflationniste de 2021 et 2022 surmontée, c'est donc le phénomène inverse qui se produit et le prix du Bitcoin remonte.
En effet, nous serions proche du pic et les investisseurs s’attendent à ce que les banques centrales modèrent la hausse des taux d’intérêt d’ici quelques mois, avant de stopper complètement la hausse et éventuellement les baisser de nouveau car si l'inflation n'est plus une menace, mieux vaut les baisser afin de stimuler l'économie et c’est effectivement ce que l’on observe actuellement.
Or, si ce qui a précisément tué le prix du Bitcoin au cours des deux dernières années était justement la hausse des taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation, une baisse des taux devrait provoquer le processus inverse, augmentant ainsi le prix de la cryptomonnaie.
Le comportement du Bitcoin
En fait, aujourd’hui, le comportement suivi par le Bitcoin ressemble étroitement au comportement affiché par une classe d’actif spécifique que sont les entreprises de croissance et notamment Tesla.
Les entreprises de croissances : entreprises dont la capitalisation boursière ne dépend pas tant des résultats actuels et de la richesse créée en ce moment, mais dans leur capacité à générer de la valeur dans le futur. Elles sont influencées par l’évolution des taux d’intérêt
Ainsi, si cette croyance qui prévaut actuellement sur les marchés se réalise, que la crise inflationniste est déjà terminée et que les banques centrales, commencent à baisser leurs taux d’intérêt, alors le prix du Bitcoin pourrait poursuivre son ascension.
Il convient d’être extrêmement prudent et critique vis-à-vis de cette croyance.
2 raisons d'être prudent
1.Parce qu’il s’agit d'anticipations qui peuvent être erronées… Si les choses n'évoluent pas comme cela était prévu, alors le prix du Bitcoin pourrait de nouveau prendre un sacré coup !
Par exemple, aux États-Unis, en janvier, l’inflation s’est avérée être plus élevée que prévu et, en France, la dernière publication de l’INSEE indique que l’inflation a atteint de nouveaux records historiques comme nous l'avions précisé dans un précédent article.
2.Même si la bataille contre l'inflation venait à être victorieuse, les banques centrales pourraient refuser de baisser les taux.
En effet, si l’économie continue d’être en surchauffe notamment du côté du marché du travail alors, une baisse des taux pourrait ne pas être immédiate.
Par exemple, aux États-Unis le taux de chômage est de 3,4 % et au sein de la zone euro, il est à 6,6 %.
Dans un tel contexte, les banques centrales savent pertinemment que l’inflation peut très vite reprendre…
Dans un tel cas de figure, si les banques centrales ne baissent pas les taux d'intérêt, alors même que l'inflation est maîtrisée, la hausse du prix du Bitcoin pourrait n’être que temporaire.
Par conséquent, il convient d’être prudent concernant le comportement du Bitcoin depuis le début de l’année et considérer cette évolution comme référence pour prédire son évolution future pourrait être profondément erronée.
Pour que le prix du Bitcoin continue de monter, les taux d'intérêt, tant dans la zone euro qu’aux États-Unis, doivent commencer à baisser. Ceci implique donc une inflation maîtrisée.
Or, la désinflation temporaire à laquelle nous assistons depuis la fin de l’année 2022 n’est pas synonyme de maîtrise de l’inflation.
En ce sens, bien que le Bitcoin ait extrêmement bien performé depuis le début de l’année, rien n’a jamais été plus vrai que le fameux adage “les performances passées ne présagent pas des performances futures”.
En revanche, une chose est sûre, toutes les personnes qui, il y a encore de cela quelques mois à peine, prédisaient la mort du Bitcoin ils se sont une énième fois, trompé.