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La réserve fédérale américaine lance un système de paiement en temps réel dans la cadre de la première grande mise à jour depuis les années 1970 !

Il s’agit donc de la plus grande avancée depuis des décennies pour le réseau de transfert d'argent américain désuet.

Ce système permettra ainsi aux Américains de transférer de l'argent par voie électronique en quelques secondes, une avancée significative pour un pays où les chèques papier et les espèces restent populaires tandis que les virements bancaires peuvent prendre plusieurs jours.

Cela signifie que les banques et certaines applications permettront d'envoyer de l'argent à tout moment, même les week-ends et les jours fériés, 365 jours par an, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Cependant, seule une fraction des plus de 4.000 banques aux États-Unis ont souscrit à FedNow comme JPMorgan Chase et Wells Fargo.

En quoi consiste ce système ? 

Pourquoi est-il instauré seulement maintenant et quels risques cela suppose sur le système financier et monétaire international ? 

FedNow et la compensation bancaire

Chaque fois que l’on parle de Réserve Fédérale et des banques centrales, les théories du complot refont surface.

Avec le système FedNow qui est en développement depuis 2019 et qui vient d’être mis à exécution il y a de cela quelques jours, nombreuses sont les personnes craignant que l’on fasse un pas de plus vers la fin du cash et vers le traçage de toutes les transactions par le gouvernement.

Ces préoccupations sont totalement logiques.

La chose importante à savoir à propos de ce nouveau système, c'est que, dans la pratique, pour l'utiliser il n’y a pas d’application à télécharger ou de manipulation particulière à réaliser.

Il suffit d’avoir un compte bancaire auprès de l'une des banques ayant adhéré à ce système et le FedNow sera automatiquement utilisé.

Il faut savoir que jusqu’à maintenant, à quelques exceptions près, les systèmes de paiement en temps réel n’existent pas vraiment ou sont peu développés, qu’il s’agisse des États-Unis, de la France ou quelque soit le pays, notamment chez les pays développés.

En réalité, lorsque l’on effectue un transfert d’argent de notre compte vers le compte d’une autre personne ou d’une société, il n’y a pas immédiatement de transfert d’argent entre les deux banques et cela peut parfois même prendre plusieurs jours.

Ce que fait la banque A lorsqu’on lui demande de transférer de l’argent à une banque B, c’est non pas envoyer de l’argent mais une promesse numérique.

On parle traditionnellement de IOU qui signifie “I Owe You” ou “Je Te Dois” en français.

Il s’agit donc d’un titre en vertu duquel la banque A prend l’engagement d’envoyer de l’argent à la banque B à la fin de la journée.

Arrivé à ce stade, on peut donc se demander : pourquoi ne pas transférer directement de l’argent plutôt que d’attendre la fin de la journée ?

La réponse peut se résumer en deux mots : “Compensation bancaire”.

La compensation bancaire est le mécanisme par lequel les établissements bancaires se règlent entre eux le solde des opérations réalisées par leurs clients.

De manière très schématique, une fois par jour, les comptes sont fait entre ces deux banques, et seul le solde de toutes les opérations réalisées dans un laps de temps défini est échangé. 

Imaginons une situation où trois amis partent en voyage en vacances. Ils se répartissent chacun les achats. L’ami A s’occupe de faire les courses et dépense 100 euros, l’ami B s’occupe d’acheter les billets de transport et dépense 70 euros et, finalement, le dernier ami, l’ami C, se charge de payer les différentes activités que nous allons réaliser et dépense 80 euros.

La somme totale dépensée par les trois amis s’élève donc à 250 euros.

Autrement dit, l’ami A doit rembourser 70 euros et 80 euros aux deux autres amis, soit 150 euros. Le problème c’est qu’au total, les amis B et C lui doivent également 100 euros. 

Du coup, au lieu de leur donner les 70 euros à l’un, puis 80 à l’autre et demander aux deux autres qu’ils remboursent ce qu’ils doivent, ils vont plutôt attendre la fin de la journée et faire les comptes.

À la fin de la journée, on se retrouve donc avec la situation suivante : 

L’ami A doit 70 euros à B et 80 euros à C, l’ami B doit 100 euros à B et 80 euros à C et l’ami C doit 100 euros à A et 70 euros à B.

A doit donc 150 euros et on lui doit 100 euros, B doit 180 euros et on lui doit 70 euros et C doit 170 euros et on lui doit 80 euros. Si l’on déduit ce que chacun doit avec ce que chacun a payé, le solde est le suivant : 

A doit 50 euros, B 110 euros et C 90 euros.

Étant donné qu’un total de 250 euros a été dépensé par les amis, cela signifie que pour être à l’équilibre et donc que chacun dépense la même quantité d’argent, il suffit de diviser 250 euros par 3, ce qui nous donne 83,33 euros.

Ainsi, on se rend compte que A ne doit rien à personne et, au contraire, il doit être remboursé de 33,33 euros, par B à hauteur de 26,67 euros et par C à hauteur de 6,67 euros.

Une fois les comptes soldés, on se retrouve donc bien avec 83,33 euros.

Évidemment, dans le cadre du système bancaire, le procédé diffère bien que le principe soit le même. 

Plutôt que déplacer de l’argent chaque fois qu’une transaction est effectuée, le but est de déplacer seulement les montants nécessaires à la fin de la journée et cherchant à compenser ce qui est dû entre les différentes entités. D’où le terme de compensation bancaire.

Pour l’anecdote, en France, le système de paiement de détail s’appelle CORE pour “COmpensation REtail” et au niveau pan-européen c’est le fameux SEPA, acronyme anglais de “Single Euro Payments Area”.

FedNow : la grande innovation ?!

Compte tenu de ce que l’on vient de voir, on comprend que le système FedNow doit permettre d'effectuer des virements d'argent instantanément. 

Pourtant un système similaire existe déjà depuis plus de cinq ans et il est utilisé par de nombreuses entités financières pour effectuer des virements instantanés.

Il s’agit du RTP, initiales de Real Time Paiement.

Or, il y a de cela quelques jours, le 20 juillet dernier, le deuxième système de paiement en temps réel appelé Fed Now est entré en vigueur.

Autrement dit, le RTP et le FedNow font maintenant la même chose, ils envoient de l'argent en temps réel et ne coûtent que quelques centimes par transaction.

Il existe néanmoins deux différences principales.

La première, c’est que FedNow permet le transfert instantané jusqu'à 500 milles dollars ce qui est bien en deçà de la transaction moyenne d'environ 5 millions de dollars sur le principal service de transfert d'argent de la Fed, le Fedwire, qui est utilisé par les banques, les entreprises et les agences gouvernementales.

La seconde différence qui importe bien plus c’est le fait que RTP appartient à “The Clearing House” détenus par une vingtaine des plus grandes banques mondiales, tandis que FedNow a un seul propriétaire : la réserve fédérale.

Autrement dit, si un système de paiement en temps réel existait déjà pourquoi en créer un autre ?

C'est là que naissent les théories du complot sur une monnaie mondiale unique pour contrôler la population étant donné que ce système nous rapprocherait d'une monnaie numérique de banque centrale.

En effet, si ce système a trait au paiement national, il ne manquerait plus qu’un système international.

Or, à l'international, ce projet a un nom : le Project Cedar, qui se trouve désormais en phase 2.

Ce projet a pour vocation d'améliorer les paiements transfrontaliers, notamment au travers des monnaies digitales de banque centrale.

Il faut savoir qu’il existe un problème avec notre système actuel. Lorsque l’on souhaite envoyer de l'argent à l'international, les virements sont très lents et très coûteux.

Cela peut prendre plusieurs jours pour la simple et bonne raison que  lors de l'envoi d'un paiement international, ce paiement peut nécessiter non pas une, ni deux mais jusqu'à trois banques intermédiaires pour vérifier cette transaction tout en passant par diverses conversions de devises.

Donc envoyer de l'argent à l'international n'est pas très efficace ni toujours sûr et certainement pas rapide même pour les banques.

Mais après les tests en phase 1 du Project Cedar, les chercheurs ont découvert qu'ils pouvaient réduire le temps d'une transaction de plusieurs jours à moins de 15 secondes et cela ne leur coûterait que quelques centimes rendant ainsi beaucoup plus efficace l'utilisation de ces monnaies numériques de banque centrale.

Or, les États-Unis ne sont pas le seul pays à le faire et pratiquement tout le système bancaire mondial est en concurrence pour développer sa propre CBDC. 

En fait, il y a déjà 11 pays qui ont lancé une CBDC ! 

32 sont en développement et 46 étudient les données.

Autrement dit, de plus de pays s'impliquent et, au total, il y a 130 pays qui représentent 98 pour cent du PIB mondial.

Ce nouveau système, qui n'est en fait pas si nouveau, donne ainsi aux banques centrales et donc au gouvernement énormément de pouvoirs.

Or, si à la fin des années 60, 77% de la population faisait confiance au gouvernement, notamment celui des États-Unis, désormais, seule 20 pour cent de la population lui font confiance, soit une personne sur cinq.

Le fait est que cette confiance qui s'érode dans le temps, notamment en ce qui concerne l’aspect monétaire est de plus en plus légitime, notamment compte tenu de la gestion calamiteuse qui est en faite actuellement.

On peut d’ailleurs remonter aux années 1930, lorsqu’en 1933, l’Executive Order 6102 fut adopté, en vertu duquel l’or des citoyens fut exproprié sous les Roosevelt.

Un exemple similaire et assez récent concerne notamment le gouvernement canadien en 2022.

En effet, suite aux protestations des camionneurs au Canada, paralysant la capitale, qui ne pouvaient pas partir aux États-Unis s'ils ne se faisaient pas vacciner, le gouvernement avait décidé d’adopter des mesures exceptionnelles au travers de la loi sur les mesures d'urgence parmi les mesures figurait le gel des comptes bancaires des manifestants.

Que l’on soit d'accord ou non avec les protestations et les mesures prises, le fait que les comptes bancaires puissent être gelés en cas de désaccord avec le gouvernement est une mesure particulièrement préoccupante.

La réalité, c’est que le système bancaire actuel a déjà le pouvoir de faire tout cela en cas d'activités illégales comme le blanchiment d'argent ou encore le financement du terrorisme.

Donc les banques ont déjà la capacité de geler certains comptes bancaires. Il n’y a rien de nouveau à cela. Ce que nous devrions surveiller en revanche, c'est si le gouvernement essaie d'éliminer d'autres formes de monnaie et notamment l'argent physique. 

Une autre chose qui devrait mettre la puce à l'oreille a trait au contrôle et la surveillance de nos transactions financières.

Par exemple, le yuan numérique, qui est la monnaie numérique de la Banque centrale de Chine, a pour caractéristique d’avoir une date d'expiration, ce qui signifie que si la quantité d’argent n’est pas utilisée avant une date prédéfinie, cette somme est susceptible de disparaître.

Bien que cela puisse sembler étrange, en réalité c'est une manière dont dispose le gouvernement pour contrôler l'inflation. 

Ainsi, même si l’inflation est multifactoriel, cette dernière peut se produire notamment lorsqu’il y a un excès de dépenses au sein de l’économie alors que, dans le même temps, la production n’est pas suffisamment élastique, c’est-à-dire que l’offre n’arrive pas à s’ajuster aussi rapidement à la demande qui augmente.

Ce cas de figure, qui a été caractéristique de la période de reprise post-pandémique avec un rupture des chaîne d’approvisionnement et un excès de dépense, a eu pour conséquence de faire croître les prix.

Ainsi, en ayant la possibilité de mettre en place une date d'expiration sur l'argent le gouvernement aurait la capacité de mieux contrôler la demande afin de l’ajuster à l’élasticité de l’offre.

Évidemment, l’on passerait d’un système de vol par l’inflation à un système de vol par péremption de l’argent.

Une chose est sûre, avec le système FedNow, trois risques pèseront sur le système selon un rapport de Moody’s.

1° Premièrement, les institutions financières dépendent fortement des frais liés aux paiements par carte de crédit. Mais si les consommateurs et les entreprises commencent à utiliser FedNow au lieu des cartes, ces revenus pourraient se tarir. En 2022, les commerçants ont payé environ 85,6 milliards de dollars en frais de cartes de crédit.

En effet, il faut savoir que lorsque les commerçants acceptent les cartes de crédit, cela implique de payer des frais à la banque pour chaque transaction.

2° Deuxièmement, FedNow permet des mouvements d'argent en temps réel 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Néanmoins, cela suppose des risques notamment en ce qui concerne la sécurité. En effet, avec une utilisation en temps réel, la technologie et le personnel devra évoluer pour surveiller les transactions 24 heures sur 24 afin de se protéger contre les cyberattaques. 

Cela portera préjudice aux plus petites banques et institutions qui disposent de moins de ressources. 

3° Finalement, des mouvements d'argent plus rapides pourraient également augmenter le risque de panique bancaire. Moody's a noté que les récentes faillites bancaires ont été exacerbées par la rapidité des retraits, qui pourraient se produire encore plus rapidement avec FedNow.

Pour conclure, bien que la réserve fédérale explique que FedNow n’est en aucun cas lié à une monnaie digitale de banque centrale, ni une étape vers l'élimination de toute forme de paiement, y compris en espèces et qu’une telle mesure ne saurait être prise sans l’autorisation d’une loi, de tels risques pourraient ouvrir la porte à l’instauration d’une CBDC.

En outre, qu'on le veuille ou non, les États-Unis se doivent de rester compétitifs vis-à-vis du reste du monde, il n’est plus qu’une question de temps avant que de telles monnaies voient définitivement le jour.

À mesure que l'économie mondiale se numérise de plus en plus, les pays qui exploitent avec succès les technologies financières de pointe obtiendront un avantage certain.

Face à la concurrence croissante des cryptomonnaies, dont le Bitcoin en particulier, les banques centrales s’empressent de lancer leur Monnaie Numérique de Banque Centrale. 

Les monnaies numériques sont donc sur le point de jouer un rôle particulièrement important dans l'économie future. 

La Chine qui est pionnière en la matière avec la création d’un renminbi numérique ouvre donc la porte à de nouvelles opportunités que la Banque Centrale Européenne n’a pas tardé à saisir puisque l’institution européenne a récemment publié ses dernières avancées sur son euro numérique au travers d’un rapport intitulé : “progrès concernant la phase d’investigation d’un euro numérique”.

Dans ce communiqué, sont expliquées les modalités envisagées pour mettre en place de l’euro numérique, avec une possible instauration dès 2023 ! 

En effet, la conception de l’application et des lois qui encadrent ce nouveau système de paiement touche à sa phase finale ce qui pourrait mener à l’étape suivante dès l’automne 2023.

Ce communiqué fait d’ailleurs également échos à une intervention de Christine Lagarde, Présidente de la BCE, qui s’est faite piégée il y a de cela quelques semaines.

Qu’en est-il concrètement ?

Une MDBC, c’est-à-dire une Monnaie Digitale de Banque Centrale menace-t-elle nos libertés et que peut-on apprendre de l’expérience chinoise et des volontés du Parti ?

L’expérience Chinoise …

Aussi paradoxale que cela puisse paraître, si l’on souhaite se faire une idée de ce à quoi ressemblera le futur numérique, une bonne idée est de regarder ce qui se passe dans l’Empire du Milieu. 

Alors même que le pays a encore un long chemin à parcourir pour atteindre un niveau de développement élevé, en réalité, il y a fort à parier que de nombreuses personnes seraient choquées de voir leur niveau d’avancement technologique.

Il faut remonter 10 ans en arrière, c’est-à-dire à 2013 pour commencer à entrevoir les prémices du Yuan digital bien que c'est en 2017 que les travaux ont commencé à s'accélérer, notamment pour définir l'architecture et la technologie de la monnaie numérique. 

À cette époque, la popularité croissante du Bitcoin et l’utilisation massive du téléphone comme outil de paiement, en grande partie démocratisé par les plateformes de paiement mobile comme Alipay d'Alibaba et WeChat Pay de Tencent, qui agissent comme des portefeuilles numériques permettant aux utilisateurs d'effectuer des achats dans les magasins, de payer des factures et de transférer des fonds à d'autres personnes, ont probablement joué un rôle prépondérant dans la prise de décision de Pékin de mettre en place une telle monnaie.

Alors que ces plateformes de paiement numériques ont contribué à faciliter les transactions en Chine, elles ont placé une grande partie de l'argent du pays entre les mains de quelques entreprises technologiques qui se partageaient a elles seules plus de 90% des parts du marché. 

Cela avait d’ailleurs poussé le gouverneur de la Banque populaire de Chine à expliquer que ces grandes entreprises posaient “des défis et des risques financiers” dans la mesure où un piratage ou une autre perturbation de leur infrastructure de paiement numérique serait susceptible d’entraîner des graves instabilités économiques. 

Les décideurs politiques craignaient également que les citoyens chinois ne placent leur argent dans des portefeuilles numériques au lieu de comptes bancaires mettant ainsi à rude épreuve la santé et la stabilité bancaire supposant le retrait des dépôts, drainant ainsi l’argent du système bancaire traditionnel.

On retrouve là les trois grands arguments qui sont régulièrement avancés par nos élites occidentales quant à la nécessité d’une instauration d’une monnaie digitale de banque centrale.

Le premier argument a trait notamment à la lutte contre tout type de concurrence monétaire, susceptible de porter atteinte de près ou de loin au monopole des banques centrales en cherchant à entériner toute initiative privée.

L’exemple le plus parlant est sans aucun doute celui du projet de monnaie numérique Libra de Facebook, devenu Diem entre-temps, et finalement abandonné face à l’opposition des autorités politiques comme financières.

Le deuxième argument concerne notamment l’absence de valeur et les risques financiers que supposerait l’adoption d’une crypto-monnaie comme le Bitcoin, tant sur le système financier dans sa globalité que pour les investisseurs particuliers.

Finalement, le troisième argument qui est bien moins explicite a trait à la tourmente bancaire à laquelle nous assistons aujourd’hui depuis maintenant plusieurs mois. En effet, comme on vient de le voir, l’un des objectifs de la Chine avec l’instauration de son Yuan numérique était justement d’éviter à ce que le système bancaire ne soit mis à rude épreuve au travers notamment du retrait des dépôts, drainant ainsi les liquidités du système bancaire traditionnel.

Or, aujourd’hui, nous assistons précisément à ce phénomène qui fait actuellement tomber les banques régionales américaines comme des mouches.

En tout cas, une chose est sûre, c’est que ces différents prétextes ont permis aux autorités chinoises d’imposer des restrictions strictes sur les crypto-monnaies et les initiatives privées puisqu’en 2013, le gouvernement chinois a interdit aux banques d'utiliser le Bitcoin comme monnaie, invoquant des inquiétudes concernant la stabilité financière et la possibilité que le Bitcoin soit utilisé pour des activités illicites et les préoccupations de la Chine ont reçu une attention renouvelée en 2019 avec l'annonce par Facebook de Libra.

Cela a donc permis à la banque centrale chinoise d’émettre des DCEP, initiales de Digital Currency Electronic Payment, auprès des banques commerciales, qui créent ensuite des portefeuilles numériques, que l’on appelle wallets, disponibles sur une application spécifique permettant aux utilisateurs d’effectuer des paiements avec leur Yuan numérique comme ils le feraient avec une carte de crédit ou de paiement traditionnelle.

Aujourd’hui, bien que la Chine ne soit plus pionnière en la matière, dans la mesure où elle n’a pas encore lancée sa monnaie numérique de manière généralisée comme d’autre pays tels que la Jamaïque, les Bahamas ou encore le Nigéria, il y a désormais 114 pays qui se trouvent à différents stades d’avancement alors même qu’avant la pandémie de coronavirus et la hausse des taux d’intérêt qui s’en est suivie, ce chiffre n’était que de 35 pays :

De plus, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la Banque Centrale Européenne serait déjà à un niveau bien plus avancé que ce que l’on pourrait croire.

C’est en tout cas ce qu’il en ressort de la récente intervention de notre chère Présidente Christine Lagarde !

… et les objectifs des décideurs occidentaux

Si, de prime abord et en principe, les monnaies numériques de banque centrale ne devraient pas représenter une menace pour la liberté des citoyens, il est légitime de se poser des questions compte tenu du fait que l’un des premiers États ayant cherché à mettre en place ce type d’instrument ne rayonne certainement pas pour son respect des droits de l’homme.

Néanmoins, cette monnaie numérique pourrait très bien être conçue de manière à ce qu'il y ait une intimité absolue dans son utilisation. 

Autrement dit, cela signifie que la banque centrale émettrice se concentrerait uniquement sur la défense de sa valeur sur les marchés internationaux, mais n'aurait aucune capacité à savoir qui possède cette monnaie numérique à tout moment, les montants alloués au sein des comptes des citoyens et des entreprises, ni quelles transactions sont effectuées avec celle-ci.

Cependant, il ne semble pas que la volonté des banquiers centraux ni même des décideurs politiques aille dans ce sens.

Néanmoins, le fait qu’une confidentialité absolue ne soit pas garantie ne signifie pas, du moins, a priori, que cette confidentialité ne pourrait pas exister dans une plus ou moins grande mesure.

Là encore il y a également des raisons de douter puisque rien ne semble indiquer que cela sera le cas et c’est précisément ce qu’il en ressort de la dernière boulette de notre chère Présidente.

En effet, il y a quelques semaines, Christine Lagarde a été victime d'un prank de la part de deux humoristes qui se sont fait passer pour le Président Ukrainien Volodymyr Zelensky. 

Cet échange qui était censé faire l’objet d’une conversation privée s’est finalement retrouvée sur le net sans le consentement ni la connaissance de la Présidente de la Banque Centrale Européenne.

Or, parmi les différents sujets traités, il était également question d’évoquer l’euro numérique et, comme cela fut le cas avec la Chine, Lagarde donne les mêmes arguments pour aboutir à l’établissement d’une monnaie digitale de banque centrale !

En d'autres termes, ce que Christine Lagarde explique c'est qu’il existe un lien particulièrement étroit entre le contrôle qu’un État exerce sur la monnaie et la souveraineté de ce dernier.

En effet, juridiquement parlant, l’État à proprement parler se caractérise au travers de trois attributs que sont : l’élément géographique, l’élément social et l’élément politique au travers.

Il s’agit donc d’exercer un pouvoir sur un peuple présent au sein d’un territoire, ce qui caractérise donc la souveraineté de ce dernier.

En ce sens, enlever le monopole de la monnaie qui lui est dévoué reviendrait, selon Lagarde, à perdre ce pouvoir ou du moins, une grande partie de ce pouvoir.

Raison pour laquelle l'euro numérique est nécessaire pour pouvoir conserver ce contrôle car toute concurrence monétaire serait en réalité une concurrence de pouvoir et donc d’une liberté accrue pour les citoyens.

Cette intervention met également en exergue sa peur quant à la réduction potentielle du pouvoir des monnaies telles que le dollar et l’euro dont leur présence reste prépondérante tant en ce qui concerne les transactions internationales que les réserve de changes mondiales :

Pour couronner le tout, elle reconnaît de manière explicite que même en cas de refus de la part de la population.

La Présidente de la BCE admet que l’euro-numérique sera une monnaie contrôlée par les autorités monétaires et donc, par voie de conséquences, par les autorités politiques dans la mesure où la Banque Centrale Européenne est une entité publique dont les propriétaires sont les États.

En d'autres termes, au mieux, la Banque centrale européenne envisage la possibilité d’une absence de contrôle sur les petits paiements via l'euro numérique, notamment en ce qui concerne les transactions dont les montants seraient inférieurs à 300 ou 400 euros. 

Au-delà, un contrôle sera exercé et donc, nos transactions seront connues et pourront être gelées si tel venait à être leur souhait. 

En outre, l’on peut tout de même se poser des questions quant à la véracité de ses propos dans la mesure où, même des petits montants sont susceptibles d’être surveillés.

En effet, étant donné que les attentats en France ont été financés avec de très petites sommes d'argent, les autorités pourraient finalement considérer qu’il serait dangereux de laisser les citoyens dépenser des sommes aussi modestes que 100, 200 voire 50 euros. 

Autrement dit, par principe de précaution, étant donné que certains usages exceptionnels peuvent donner lui au financement du terrorisme et à d’autres utilisations illicites, il est préférable d’interdire purement et simplement, de contrôler et de limiter les libertés.

En définitive, il semble clair qu'en accord avec cette conversation privée, et non pas une déclaration publique qui pourrait avoir pour vocation de rassurer les auditeurs afin de ne pas les effrayer en mentant sur les réelles intention quant à l’instauration d’un tel instrument, Christine Lagarde reconnaît clairement que le projet de l’euro numérique est un projet qui vise à bafouer la vie privée et où toutes les transactions effectuées seront susceptibles d’être contrôlées.

Bientôt, la façon dont nous utilisons notre argent sera complètement bouleversée !

L'argent liquide va disparaître et les gouvernements ainsi que les banques centrales du monde entier veulent que les citoyens cessent d'utiliser le cash pour effectuer leurs transactions et optent pour de la monnaie numérique.

Tout cela sera rendu possible grâce au développement du numérique et notamment la mise en place du dollar numérique, également appelé CBDC (Central Bank Digital Currency). D'ailleurs nous avions déjà abordé le sujet dans un précédent article.

Le Forum de Davos en a fait un sujet de discussion au cours de la précédente réunion qui s’est tenue en janvier de cette année. 

Selon l'Atlantic Council GeoEconomics Center, 114 pays sont à divers stades d'exploration des CBDC. Déjà 11 pays ont émis une CBDC en janvier 2023 dont notamment, la Jamaïque, les Bahamas ou encore le Nigéria.

D’ailleurs, plusieurs tests ont déjà été effectués et, par exemple, en novembre de l’année dernière, la Réserve fédérale terminait la première phase d'un test avec des CBDC qui consistait à effectuer un virement international.

Désormais, il y a un autre test qui est effectué par une fondation appelée le Digital Dollar Project.

L'objectif du test est de pouvoir acheter et vendre des actions en utilisant des dollars numériques au lieu d'utiliser des dollars déposés sur un compte bancaire.

Quels sont les mystères de la fin annoncée du cash et quelles pourraient être les conséquences dans notre vie quotidienne ?

Le combat contre le Cash

Ce graphique illustre à quel point les moyens de paiement utilisés par les citoyens sont similaires selon les pays bien qu’il existe quelques divergences, notamment du côté des pays asiatiques.

En effet, on observe que, globalement, l’utilisation du cash est minoritaire par rapport aux autres moyens de paiement dans l’ensemble des pays. 

La particularité de la Chine et de certains autres pays asiatiques réside dans la réalisation de paiements au travers des téléphones portables.

Il existe une concurrence entre la monnaie dite “moderne” et la monnaie “physique". 

Ce phénomène n'est pas nouveau et l'histoire est remplie d’exemples où une innovation détruit des usages anciens pour les remplacer par des nouveaux. C’est l’économiste autrichien Joseph Schumpeter qui avait théorisé ce phénomène : la “destruction créatrice”.

Les banques centrales et commerciales, les applications mobiles ainsi que les gouvernements poussent petit-à-petit à ce que l'argent physique soit abandonné pour transiter vers une utilisation exclusivement numérique.  

En France, pratiquement tout est fait pour limiter l’utilisation du cash et, par exemple, les paiements entre particuliers ne sont pas limités mais un écrit est nécessaire pour une transaction au-delà de 1.500 euros. Le paiement d’impôts et de taxes est limité à 300 euros et le paiement en espèces d’un particulier à un professionnel est limité à 1.000 euros

Les risques de la fin du cash et l’avènement des CBDC

En fait, cette tentative de bannir l'argent liquide du monde pourrait entraîner l'exclusion totale de millions de personnes de l'économie mondiale étant donné que de nombreuses personnes n’ont toujours pas accès à des comptes bancaires

Une étude réalisée par l'Organisation des Nations Unies a révélé que plus d'un tiers de la population mondiale n'a jamais utilisé Internet, soit 2,7 milliards d’individus.

Autrement dit, il y a clairement un problème de bancarisation pour toutes ces personnes qui se verraient de facto exclues du système de paiement et donc, de l’économie. 

L’élimination du cash nous exposerait à une série de risques :

Risque 1: faillite et perte potentielle de l’argent déposé.

En théorie, en cas de faillite d’une banque, chaque compte bancaire est censé jouir d’une garantie apportée par le FGDR.

Le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution est chargé d’une mission d’intérêt général puisqu’il est l’opérateur de crise du secteur bancaire et financier et protège les avoirs des clients en les indemnisant en cas de défaillance de leur établissement. 

La règle à ce jour, c’est 100.000 euros par déposant et par établissement pour les comptes chèques et livrets et 70.000 euros par client et par établissement pour les titres.

Ce plafond de garantie s’applique quel que soit le nombre de comptes de dépôts ouverts auprès du même établissement bien que dans la pratique, il y avait en novembre 2022 l’équivalent de 2.800 milliards d’euros tout type de dépôts bancaires confondus pour un montant de garantie de dépôts de seulement 5,8 milliards d’euros, soit 0,21 pour cent du montant nécessaire pour couvrir l’ensemble des dépôts …

Et c’est ici que les CBDC (monnaies digitales de banque centrale) pourraient apporter une solution.

En effet, il est plus risqué de détenir de la monnaie auprès d’une banque commerciale qu’une banque centrale

Or, aujourd’hui, la seule solution pour ne plus être créancier d’une banque commerciale c’est de convertir l’argent de ses comptes bancaires en pièces et billets.

Le problème, c’est que les transactions ne peuvent plus être tracées, d’où l’instauration d’une CBDC.

Le problème, c’est qu’avec la fin du cash et l’instauration d’une telle monnaie, il serait, dans les faits, pratiquement impossible de s’extraire du bancaire qui deviendrait, de facto, un monopole de l’État.

Risque 2: la confidentialité et le respect de la vie privée.

La mise en application d’un tel instrument est susceptible de permettre aux autorités de connaître avec un très haut niveau de fiabilité l’ensemble de nos habitudes quotidiennes.

En effet l’objectif est de contrôler l’économie avec précision en évitant l’évasion fiscale. Cette monnaie digitale permettrait de contrôler voire même orienter la consommation des individus…

Les gouvernements auraient directement accès à nos finances personnelles et connaîtraient notre mode de vie. De plus, ils pourraient  appliquer un impôt supplémentaire pour toute épargne jugée comme étant excédentaire afin de pousser à la consommation et à l’accroissement des dépenses pour ainsi stimuler l’économie.

Risque 3: Les potentielles défaillances dans le système bancaire nous empêchant d’accéder à l’argent sur nos comptes.

Si la numérisation de l’économie apporte de nombreux avantages, son accessibilité est liée à notre connectabilité.

Or, en l’absence de connexion internet, en cas de panne ou de cyberattaque, l’accès serait automatiquement limité.

Risque 4: Monnaie fondante, périssable ou l’application d'une taxe sur des montants d’épargne trop importants

Une publication dans le Wall Street Journal, a mis en avant une étude qui démontre que l'utilisation de monnaie électronique nous pousse à dépenser plus d’argent ! En effet, il nous est plus difficile de s’imaginer à quel point le montant de monnaie diminue par rapport au fait de “lâcher” des billets.  Ceci explique en partie pourquoi notre société de consommation est autant développée. C'est pourquoi lorsque nous utilisons de l'argent numérique, nous courons plus de risques de dépenser inutilement et même de dépenser l'argent que nous n'avons pas en utilisant les cartes de crédit parce que le cerveau traite les dépenses différemment.