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Récemment, l'ancien Président américain Donald Trump a exprimé sa crainte quant à la soi-disant volonté de la Chine de remplacer le dollar américain. 

En ce moment on ne cesse d’entendre parler de la fin de l’hégémonie du dollar en tant que monnaie de réserve internationale .

Est-elle sur le point d’être remplacée par le renminbi chinois

La nouvelle ère du pétrodollar

Alors que la guerre en Ukraine et les sanctions qui en ont découlé ont eu pour conséquence de soutenir les prix des hydrocarbures, cette situation s’est avérée être une aubaine pour les exportateurs de carburant !

En effet, en temps normal, toute entreprise ou entité peut jouer sur deux aspects pour engranger des bénéfices.

  1. L’aspect volume: il s’agit de vendre de grandes quantités de marchandises
  2. L’aspect prix: il s’agit de vendre cher ses marchandises.

Il est possible de tracer une matrice en fonction de prix et volumes élevés ou faibles.

Il est donc possible de vendre

  • À prix et volume élevé=  situation optimale 
  • À prix élevé et volume faible= situation intermédiaire, 
  • À prix faible et volume élevé= situation intermédiaire
  • À prix faible et volume faible= situation non-optimale.

Dans le cas de pétroliers, ce qui est sûr, c’est qu’avec les sanctions les pays producteurs de pétrole ont profité de prix et de volumes plus élevés.

Jusqu’à récemment, cette situation offrait la possibilité à ces pays d’exporter énormément d’or noir ce qui leur permettait d’enregistrer des excédent commerciaux et donc d’énorme quantité de dollars. 

Or détenir autant de billets n’a pas beaucoup de sens : on dit qu’il y a un coût d’opportunité à laisser dormir de l’argent.

C’est pour cette raison qu’en temps normal, ces pays “recyclent” une partie de ces excédents de dollars sur les marchés de capitaux occidentaux.

Or, actuellement et compte tenu des tensions internationales, tout semble suggérer que cet accord s’effrite... 

En effet, les États du Golfe, attirés par l'Asie et désireux de renouer leurs liens avec Israël et, dernièrement, avec l'Iran, ne se sentent plus obligés de courtiser la Maison Blanche. 

À titre d’exemple, le 2 avril dernier, l'Arabie saoudite et ses alliés ont provoqué la colère de l'Amérique en accentuant les réductions de la production de pétrole brut à près de 2 millions de barils par jour, ce qui a contribué à faire monter les prix.

Dans le passé, la majorité de ces sommes serait allée directement dans les réserves de change des banques centrales sous la forme d’investissements dans de la dette américaine profitant ainsi des envolées de prix de l’or noir pour accroître les reserves.

Le problème, c’est que, si jusqu’à très récemment, le montant total de dette publique américaine détenue par les étrangers ne cessait de croître, désormais, on peut clairement dire qu’une part moins importante de dollars est réinvestit aux États-Unis

Au lieu de cela, une part croissante de ces dollars est utilisée pour poursuivre certains objectifs politiques dans le but de gagner de l'influence au niveau international.

Où sont passés les milliards de dollars ?! 

D’après le journal The Economist, les milliards de dollars non investis dans la dette américaine auraient été utilisés de trois manières :

1.Le remboursement de la dette extérieure, celle-ci a trait à l'ensemble des dettes qui sont dues par un pays, c’est-à-dire l’État, les entreprises et les particuliers, à des prêteurs étrangers.

Entre 2014 et 2016, une surabondance de pétrole alimentée par le boom du schiste américain a fait chuter le prix du pétrole de 120 dollars le baril à 30 dollars, soit, la plus forte baisse de prix de l'histoire moderne. 

De ce fait, pour résister à ces chocs sans précédent, les États du Golfe n’ont pas eu d’autre choix que de venir puiser dans leurs réserves en liquidant certains actifs étrangers et leurs banques centrales ont également vendu une partie de leur réserve de devises étrangères

Mais cela ne suffisait pas car, dans la pratique, ces pays ne peuvent pas vendre la totalité de leurs actifs libellés en dollars, non seulement parce que, quoi qu’en disent ses détracteurs, la place du dollar reste prépondérante dans le commerce mondiale, mais, en plus, il est nécessaire de maintenir des dollars en réserve pour préserver une relative stabilité du taux de change des différentes devises internationales par rapport au billet vert.

Dans ce contexte morose, l’unique solution était donc d’emprunter des devises fortes sur les marchés de capitaux occidentaux faisant augmenter la dette externe : 

Ainsi, désormais, certains États pétroliers profitent de la hausse des prix pour réduire leur endettement externe.

2.Deuxièmement, en ce qui concerne le fait de prêter à des pays tiers alliés, début 2022, la banque centrale d'Égypte a reçu 13 milliards de dollars de la part du Qatar, de l’Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis afin de faire face à l’envolée des prix du blé.

Ces dernières années, l'Arabie Saoudite a également autorisé le Pakistan à différer le paiement de milliards de dollars d'achats de pétrole

Cela permet en outre d’accroître l’influence de l’Arabie Saoudite qui conditionne ces prêts et a demandé à l'Égypte et au Pakistan de mettre en œuvre des réformes économiques avant de leur accorder de nouvelles aides. 

3.L’achat d’actifs étrangers: la principale utilisation des réserves de changes et notamment au travers des fonds souverains.

Fonds souverain = fonds d’investissement détenu par un État dans le but d’investir dans des actifs étrangers pour diversifier leur activité économique.

Jusqu’à présent, les banques centrales les grands États pétroliers utilisaient leurs dollars sous la forme d’actifs comme la dette publique américaine

Hormis quelques cas exceptionnels, il n’y avait que le Qatar, qui utilisait ses réserves autrement en rachetant notamment des clubs de foot ou des gratte-ciels.

Aujourd'hui, les réserves de la banque centrale russe sont gelées et depuis 2015, lorsque Mohammed Ben Salman s’est mis à diriger l’Arabie Saoudite, la banque centrale saoudienne a reçu beaucoup moins d'argent que le fonds souverain.

En l’espace de quelques années seulement, les fonds souverains des pays pétroliers ont pris de l'ampleur. Comme les hydrocarbures restent chers et qu'une grande partie des bénéfices futurs leur est destinée, ils pourraient encore prendre de l’importance dans les années à venir. 

Savoir exactement ce que les fonds souverains du Golfe font et comment ils investissent leur argent est très difficile car ils ne publient pas leur stratégie

Il y a néanmoins certains indices qui permettent de comprendre leur fonctionnement !

Les montants qui étaient auparavant conservés sous la forme de réserves de change auprès de la banque centrale sont désormais utilisés par les fonds souverains pour réaliser des investissements.

En ce sens, contrairement à ce que certains ne cessent de répéter à longueur de journée, nous assistons non pas à la fin du pétrodollar mais à sa métamorphose.

La Chine et le renminbi : nouvelle puissance hégémonique ?!

Certains parlent de la fin du dollar au profit du renminbi comme nous l'avion vu dans un précédent article. 

Cet avertissement fait suite à des informations faisant état d'accords entre diverses nations pour utiliser le renminbis notamment pour acheter du pétrole

La Chine commence d’ailleurs à payer son pétrole en renminbi ce qui illustre la mutation du système monétaire international qui serait davantage multipolaire. Cependant, l'importance accrue du renminbi chinois dans le commerce mondial du pétrole reste surestimée

La Chine a d’ailleurs créé sa propre bourse des matières premières à Shanghai en 2018, pour les contrats à terme sur le pétrole réglés en renminbi. Les contrats qui y sont négociés sont libellés uniquement en renminbi chinois, tandis que tous les autres contrats négociés dans le monde sont libellés en dollars américains. Cependant, les sommes échangées à Shanghai restent très faibles.

En effet, même si la totalité du pétrole importé par la Chine était libellé en renminbi, l’Empire du milieu est encore très loin de faire de sa monnaie une réserve mondiale

Tout cela, sans compter, qu’il est extrêmement important de bien distinguer l’utilisation d’une devise en tant que monnaie d’échange et l’utilisation d’une devise en tant que monnaie de réserve.

En 2022, le dollar américain était présent dans 88 % de l’ensemble des transactions l’année dernière!

La part du renminbi quant à elle est passée à 7 %, ce qui en fait la cinquième devise la plus échangée en 2022.

Le billet vert reste donc la monnaie de réserve mondiale en raison de son marché financier ouvert et flexible, de la liberté de circulation des capitaux, de la sécurité des investisseurs et de la sécurité juridique