Bien que la coupe du monde de foot soit terminée, le Qatar fait encore la Une des journaux mais cette fois-ci pour corruption.
Cette petite nation arabe, a certes fait sensation en tant qu’hôte du mondial de football, mais sera désormais au centre de 3 des plus grands scandales mondiaux.
De toute évidence, les efforts acharnés de son ambitieux émir pour attirer l'attention du monde ont fonctionné, mais peu favorablement. Au lieu de cela, le Qatar est désormais en lice pour remporter la Coupe du monde de la corruption.
Or, cette situation pourrait s’avérer particulièrement préoccupante compte tenu de la situation énergétique de l’Europe comme nous l'avions traité dans un précédent article et notamment de notre future dépendance au GNL (Gaz Naturel Liquéfié).
Pourquoi sommes-nous face à un véritable carnage au sein des institutions européennes ?
Et comment cette situation pourrait chambouler l’horizon géopolitique et énergétique mondial ?
Qatar : les Rois du GNL
En 1971 le Qatar devient gagne son indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni.
Si sa population n'est composée que de 225.000 habitants, le pays est rempli d’une main-d'œuvre étrangère de 1,5 million d'individus mal payés. Le Qatar est la 4ème nation la plus riche au monde en termes de PIB par habitant en Parité de Pouvoir d’Achat comme on peut le voir sur ce graphique:
La raison d’une telle richesse est simple : le gaz !
La nation désertique est fabuleusement riche car sous son sable se trouvent les 3ème plus grandes réserves de gaz naturel et de pétrole au monde.
A partir des années 70, le pays a exploité ce potentiel devenant ainsi l'un des plus grands exportateurs mondiaux de GNL.
Le Qatar détrône la Russie
Le Qatar est susceptible de devenir le partenaire de choix pour l’approvisionnement des pays européens en ressources énergétiques en substitution de la Russie.
2023 pourrait donc marquer l'essor de nouvelles alliances puisque la guerre en Ukraine et la crise énergétique renversent l’ordre international.
Les Qataris se préparent à commencer à exporter leur gaz vers l'Allemagne pour remplacer celui de Russie et Doha souhaite diversifier ses partenaires commerciaux, en commençant par la Chine.
L'Occident sera certainement obligée de fermer les yeux sur ces alliances et/ou violations des droits de l'homme en échange de l'obtention de ressources énergétiques.
Or, ces nouvelles alliances et cette nouvelle potentielle dépendance des pays européens vis-à-vis des Qataris est susceptible de mettre en exergue de multiples scandales et corruptions.
Corruption et Scandale du Qatargate
Une chose est sûre, le scandale du Qatargate n'est pas un cas isolé : l'Union Européenne souffre clairement d’un problème d'ingérence extérieure et de corruption.
Ainsi, bien au Parlement européen qu'à la Commission européenne, nul ne peut recevoir de cadeaux d’une valeur supérieure à 150 euros et 50 euros. Le Qatargate est susceptible de révéler une corruption d’ordre systémique.
Par exemple, le Qatar a construit la plus grande base militaire du Moyen-Orient pour l'armée américaine, qui a été utilisée comme base de départ pour les invasions de l'Irak, de l'Afghanistan et du Koweït.
L'affaire Eva Kaili et des autres eurodéputés
Les affaires ne s’arrêtent pas là puisque pour un membre du parlement européen, Eva Kaili vit ou plutôt vivait comme une star de cinéma.
La politicienne grecque passait son temps libre sur des yachts dans la mer Egée, dans des discothèques, sortait avec des mannequins comme Naomi Campbell et passait ses vacances dans les Caraïbes avec le célèbre Richard Branson.
Aujourd’hui, l’ancienne présentatrice TV de 44 ans est dans une prison bruxelloise sous surveillance constante. Elle est accusée par les procureurs belges d’avoir accepté de l’argent et des cadeaux du Qatar et du Maroc contre ses votes dans les prises de décisions parlementaires.
L’intrigue reste à résoudre : Est-ce que Kaili est innocente ? A-t-elle profité d’un contrôle parlementaire laxiste pour se remplir les poches et profiter d’une vie de luxe ?
Quelle qu’en soit la réponse, il ne fait aucun doute que le scandale du Qatargate secoue l’Union européenne.
Mais Kaili n’est pas la seule … Médiapart mais aussi d’autres médias et journalistes, ont révélé qu’un paquet de personnalités sont impliquées dans les affaires du qatargate : politiciens, sportifs et business mans.
L’affaire révèle le niveau de corruption juste incroyable du Parlement européen et de nos politiciens de manière générale. En effet, l’émirat a dépensé des milliards de dollars pour les stades et les infrastructures logistiques mais également plusieurs millions de dollars pour les membres de l’instance dirigeante de la FIFA ainsi que pour les membres du Parlement européen.
Le parlement est un partenaire de la politique européenne dans de nombreux domaines et il se qualifie comme le champion des droits de l’homme.Pourtant le niveau de corruption semble remettre en question ses dires...
Les procureurs pensent que le Qatar a versé des pots-de-vin pour que les parlementaires soutiennent les projets de l’Émirat afin de poursuivre la construction de ses stades en exploitant une main-d'œuvre pas chère.
En effet, l’économie du Qatar repose en grande partie sur l’exploitation d’une main-d'œuvre étrangère. Avec la coupe du monde et l’intensification des chantiers, les migrants ont été, semble-t-il, exploités entraînant de nombreux décès.
Bien qu’il soit très difficile d’estimer le nombre de morts liés aux chantiers de la Coupe du monde, le journal britannique estime à plus de 6.500 le nombre de décès.
Paradoxalement, le 21 novembre dernier Eva Kaili défendait le Qatar contre les critiques sur son bilan en matière de droits du travail.
Elle est aujourd’hui derrière les barreaux. Son incarcération a eu lieu le dimanche 11 décembre et la justice fédérale belge enquête sur plusieurs autres eurodéputés. Les policiers ont retrouvé de l’argent liquide chez certains parlementaires et l’on parle de plus d’un million cinq cent mille euros destinés aux eurodéputés.
Le comportement de ces eurodéputés reflète bien leur mépris général pour la règle de droit et les droits humains.
Il faut savoir que le pire dans tout ça, c’est que la plupart des parlementaires sont plus malins que Kaili et utilisent d’autres méthodes moins visibles pour vendre leurs services.
Dépendance européenne et scandales futurs à répétition
Finalement, il faut savoir que la situation n’est pas prête de s’améliorer étant donné que, contrairement à ce que certaines personnes semblent croire, les tensions sur le gaz ne sont pas prêtes d’être terminées.
Les tensions sur le gaz terminées ?
En effet, certains analystes indiquent que l’euro, représenté par la courbe noire, est revenu à ses niveaux d’avant-guerre, par rapport au dollar. De la même manière que les termes de l'échange, représentés par la courbe bleue, c’est-à-dire les prix des exportations par rapport au prix des importations, se sont améliorés.
Ainsi, ils utilisent ces deux données pour prétendre que le choc énergétique serait terminé.
Or, la réalité est loin d’être aussi simple …
En effet, s’il est vrai que le prix du gaz européen s’est littéralement effondré depuis ses niveaux historiquement élevés d’août 2022.
De manière assez synthétique, une des justifications expliquant la chute des prix du gaz:
- Poutine met fin aux flux de gaz via le gazoduc Nord Stream = moins d’offre
- Augmentation des prix= baisse de la demande
- Prix du gaz ont chuté
Or, cette situation est un trompe l'œil car la chute des prix du gaz pourrait être considérée comme un signal de fin du choc énergétique.
Un choc énergétique caché
Sauf que ce n’est pas le cas dans la mesure où les importations de gaz par l'Allemagne sont en baisse de 40% par rapport aux niveaux de 2019, ce qui constitue donc bien un choc massif et continu :
L'industrie allemande, autrefois considérée comme la locomotive européenne, subit un changement massif susceptible de faire entrer en récession les pays européens. C’est la raison pour laquelle, le gaz naturel russe, qui représentait jusqu’alors environ 40% des importations de l'UE doit nécessairement être remplacé.
Or, dans le même temps, la crise diplomatique entre le Maroc et l'Algérie a entravé l'approvisionnement des pays du sud de l'Europe. Ainsi, les États-Unis ont contacté le Qatar pour satisfaire la demande européenne.
Dépendance énergétique des pays européens
Ceci rned bien compte du risque de dépendance des pays européens et de notre soumission grandissante au gaz et maintenant au GNL.
En effet, avec l’application des sanctions russes, quels que soient les scénarios envisagés, c’est la composante importation de GNL qui prime afin de remplacer le gaz du Kremlin.
En ce sens, compte tenu de l’influence grandissante du Qatar qui n’hésite pas à faire usage de pratiques douteuses pour influencer les dirigeants et ainsi les rallier à sa cause, il y a fort à parier que les scandales de corruptions ne soient encore qu’à leurs balbutiements …