Une semaine après avoir présenté la réforme des retraites, les débats font rage et les grèves menacent une énième fois de porter un coup sur l’économie.
La retraite, on en entend parler depuis des années et il s’agit sans aucun doute d’un des sujets qui préoccupent le plus les français.
Qu’en est-il concrètement et quelles sont les alternatives ?
État des lieux du plus grand système pyramidal de l’histoire
Quelle est la différence entre un système pyramidal et le système de retraite par répartition ?
Le système des retraites: une pyramide de Ponzi?
Aucune, si ce n’est que les individus et les entreprises mettant en place ce mode de fonctionnement sont généralement traités d'escrocs tandis que lorsqu’il s’agit de l’État, on parle de régime légitime.
De manière très brève, pour rappel, c’est au début du XXème siècle que Charles Ponzi a mis en place l’une des escroqueries les plus connues de l’histoire : le fameux système pyramidal.
Le mécanisme est relativement simple : des individus donnent de l’argent à une entité qui prétend offrir de bons rendements et ils sont en réalité payés avec l’argent des nouveaux arrivants. À strictement aucun moment l’argent n’est investi mais l’illusion de jolies rentabilité est bien présente. Tant qu’il y a de nouveaux arrivants, c’est-à-dire que l’argent rentre tout va pour le mieux. Tout peut basculer et s’effondre le jour où il y a plus de réclamations de remboursement et/ou plus suffisamment d'entrées d’argent. La seule solution est donc, soit de refiler la patate chaude en stoppant les remboursements momentanément, soit d’accepter l’existence de la fraude en assumant que certains se sont fait berner et ne pourront pas retrouver leur argent.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, strictement personne ne nierait l’existence d’une telle escroquerie dans le cas de Bernard Madoff par exemple, en revanche, peu de personnes oseraient reconnaître l’existence d’une escroquerie lorsqu’il s’agit du système de retraite par répartition.
Les scénarios du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) s'accordent sur un déficit des régimes de retraite jusqu'en 2043 au moins.
Il en résulterait donc un accroissement de l'endettement de 10 points de PIB à la charge des générations futures.
Cet âge de départ à la retraite est un débat qui n’a que très peu de sens puisqu’en théorie, si l’âge légal de départ à la retraite est pour le moment fixé à 62 ans, dans la pratique, cela est partiellement faux.
Du moins, cela était faux pour les personnes nées après 1973 et le sera désormais également pour celles nées à partir de 1968.
Sauf que dans la pratique, pour une personne née après 1973, il y a fort à parier que son âge légal de départ à la retraite soit en réalité déjà fixé à 65 ans en raison de la durée de cotisation !
Voici un tableau récapitulatif du nombre de trimestres de cotisation en fonction de notre âge de naissance et de la nouvelle réforme :
Exemple:
Pour faire simple, une personne qui a aujourd'hui moins de 51 ans, hors cas exceptionnels, doit avoir cotisé 43 ans, c’est-à-dire 172 trimestres, pour partir à la retraite à 62 ans.
Sauf que 62 moins 43 ça donne 19. Donc si cette personne n’a pas commencé à travailler à 19 ans, ou qu’elle a eu des périodes d’arrêt entre temps durant lesquels elle n’a pas cotisé, elle peut d’ores et déjà oublier sa retraite à 62 ans à taux plein.
Pour faire simple, si cette personne a touché, en moyenne, 2.000 euros par mois sur ses 25 meilleures années, le montant de sa retraite s’élèvera à 790 euros, c’est-à-dire, une chute des revenus mensuels de 60,50 pour cent !
Mais ce n’est pas tout, car on ne parle ici que de la retraite “de base” c’est-à-dire de la CNAV acronyme de Caisse Nationale de l’Assurance Vieillesse, il faut également prendre en compte la retraite complémentaire que l’on appelle AGIRC-ARRCO, qui appliquera une décote de 10 pour cent durant 3 ans !
C’est d’ailleurs précisément pour cette raison qu’en réalité l’âge réel de départ à la retraite aujourd’hui en France n’est pas de 62 ans mais de 63 ans.
Système alternatif : la capitalisation
Selon Albert Einstein, les intérêts composés sont la plus grande force de l’univers. Or, c’est le fondement même de la retraite par capitalisation.
Mais concrètement, la retraite par capitalisation pourrait-elle produire une meilleure pension pour tous ?
Imaginons un salarié de 20 ans qui commence à travailler en 2020 avec un salaire net mensuel médian de 2.005 euros avant impôt sur le revenu = 24.060 euros/an.
D’après la calculette du gouvernement, cela signifie que le coût total de l’employeur est de 40.605 euros, ce qui représente près de 41% de charges sur le montant total payé soit, 16.545 euros à l’année.
En partant du principe, peu probable, qu’il n’y a pas d’évolution du salaire dans le temps, cela permettrait à notre salarié de toucher une retraite d’ici 43 ans de 1.481 euros par mois avant impôt sur le revenu.
Ce qu’il en ressort de ce simple exemple c’est que l’on cotise énormément puisque 16.545 euros, soit l’équivalent d’un SMIC, partent en cotisations. Ce salarié travaille donc jusqu’en août pour cotiser, tout ce qui tombe après lui reste réellement dans la poche.
De plus, il est malhonnête de dire que la retraite par capitalisation ne serait pas viable étant donné que sur ces 40.605 euros par an, 8.533 euros, soit plus de 4 mois de revenus mensuels nets partent en cotisation retraite !
Autrement dit, sur 43 ans, cela représente 366.919 euros de cotisation.
Pour comparer avec le système alternatif, qui ne repose donc pas sur un système pyramidal, il convient de se poser la question à savoir, est-ce qu’en cotisant exactement la même somme dans un fonds de retraite par capitalisation, tout comme les fonctionnaires avec PRÉFON c’est-à-dire la Prévoyance de la Fonction publique, ou l’ERAFP, c’est-à-dire l’Établissement de Retraite Additionnelle de la Fonction Publique, il est possible d’obtenir autant, voire plus qu’avec un système pyramidal, instable par nature.
Pour cela, il suffit de partir des mêmes prémisses que vu précédemment, en reprenant tout simplement les performances communiquées par les fonds de pensions de retraites par capitalisation existants pour les fonctionnaires, ici l’ERAFP, conformément au dernier rapport en ligne.
Notre salarié va donc cotiser 8.533 euros par an à la retraite par capitalisation soit, 711 euros par mois.
Cette somme sera placée dans plusieurs classes d’actifs disponibles dont les obligations d’État, les obligations d’entreprises, les actions ou encore l’immobilier,selon différentes zones géographiques.
On observe que depuis 2006, le TRI, c’est-à-dire le Taux de Rentabilité Interne est globalement stable, malgré la crise de 2008 et celle de 2020.
Pour se faire une idée, avec de tels chiffres, au bout de 43 ans, en cotisant 711 euros par mois durant 43 ans, le retraité aurait un montant alloué dans son fonds de pension à plus de 1 million 247.000 euros soit, près de 622 fois son salaire mensuel net.
On pourrait même estimer que, par mesure de précaution, il est préférable de se focaliser sur la performance comptable qui s’élève à 3 % an plutôt que la performance économique afin de tenir compte des engagements et des provisions, c’est-à-dire prendre en compte les retraits futurs et sur-couvrir le fonds afin de faire face à des chutes de marchés et au paiement des pensions des personnes déjà à la retraite et qui ont fini de cotiser avec les mêmes montants de cotisations mensuelles, ce qui porterait la valeur globale du portefeuille à près de 740.000 euros au bout de 43 ans.
Au travers de cette simulation, on comprend donc qu’au bout de 43 ans, notre salarié est en mesure de prétendre à une retraite bien méritée.
Le système par répartition
Dans un système par répartition, il aurait droit à une pension de retraite de 1.481 euros net par mois, soit un taux de remplacement de près de 74% de son salaire de travailleur qui s’établissait à 2.005 euros.
La question est donc de savoir s’il est possible d’espérer autant si ce n’est plus avec le système par capitalisation avec un capital accumulé de plus d’un million d’euros.
En règle générale, la méthode employée par les organismes de retraite consiste à proposer une rente viagère.
Autrement dit, il s’agit de payer une somme tous les ans, sur la base du capital qui reste investi. Il rend donc au pensionné son capital accumulé, moins les frais de gestion, ainsi que les intérêts qu’il continue de produire, sur la durée de vie restante.
Évidemment, il ne connaît pas la durée de vie restante du nouveau retraité, mais avec une dizaine de millions de retraités, la loi des grands nombres permet de connaître avec une très bonne précision la probabilité de décès en fonction de l’âge et du sexe.
2 forces s’opposent : tandis que le capital continue de grossir puisqu’il reste investi, il tend à se réduire par le paiement de la rente viagère.
Or, en l’état actuel des choses, malgré le paiement des prestations, la performance reste de 3 % avec des flux entrants qui sont majoritairement réinvestis, le paiement des prestations ne représentant que 14% des flux de trésoreries sortants.
Autrement dit, il est largement possible, avec ce système, de continuer de percevoir le même montant de pension de retraite que le salaire touché durant sa carrière professionnelle.
Encore une fois, il s’agit ici de consacrer seulement, ces 711 euros par mois de cotisations ne représentent que 21% du montant total payé par l’employeur et qui sont traditionnellement dédiées au paiement des retraites des pensionnaires actuels, tel un système ponzi.
Répartition ou capitalisation?
Il ne fait donc aucun doute que la capitalisation est bien plus performante et morale que la répartition, la fonction publique l’a d’ailleurs bien compris. Malgré tout, les démagogues préfèrent polariser le débat et opter pour les mêmes recettes telles une panacée universelle puisqu’il suffirait de venir exproprier l’équivalent de 2 % de la fortune des 42 milliardaires français pour trouver les 12 milliards d’euros qui correspondent au déficit anticipé du système des retraites.
Ils oublient que leur fortune étant majoritairement composées d’actions, ce système impliquerait de les forcer à vendre, chaque année, 2% de leurs actions, et d'en verser le produit à l'État.
Ce sont ces mêmes personnes qui expliquent à longueur de journée qu’il n’y a aucun problème de financement des retraites et qui décrient par la même occasion le système par capitalisation.